Bonjour à tous ! Je tenterai d’être bref !
Mes précédents échos vantaient la bardane et la bourrache indoeuropéennes, achevons cette trilogie florale par une simple venue
d’ailleurs !
Plantons le décor : C’est presque l’automne, le poêle est encore chaud, il est 22:00, dans la chaumière tout le monde dort.
Les ronflements des uns évoquent quelques cisaillements de bois, les bruissements des autres, de vieilles locomotives usées !
Sous la bruine légère et la lune voilée, là dehors, quelques noctambules s’activent…
La famille Blaireau au grand complet fouine dans le compost, émettant des petits grognements de satisfaction, un peu plus loin,
un renard couine de dépit. L’arrivée familiale aux abords de la mare a fait fuir les seize canards colverts qui, du fait, s’en sont allés dans
un caquètement de mécontentement.
Dans le jardin, les bractées buissonnantes de notre belle américaine agitent à la brise ,comme de légers « mouchoirs », leurs fleurs
âprement parfumées. Jusqu’au petit matin, la « primevère de la nuit » tentera de nous faire croire que c’est encore l’été.
Papillons et insectes, pour peu que les températures soient douces, voletteront, se grisant, puisant, prisant, leur manne quotidienne.
Voici,mes amis, du haut de ses 2 mètres, l’onagre bisanuelle !
Appelée herbes aux ânes, herbe de Saint Antoine ou belle du soir, l’onagre est native des colonies du « nouveau monde ». Elle aurait
débarquée au seizième siècle, selon la légende, en Hollande. Les marins, à cette époque, lestaient leurs fonds de cale par des
ballasts de terre qu’ils charriaient au port, débarquant au passage les passagères clandestines que cette terre en son sein couvait :
des semences !
En 400 ans, l’onagre aura colonisée la quasi totalité de la vieille Europe (près de 150.000 graines par plante, ça aide !).
Certains jardiniers l’exècrent et la considèrent comme une plante invasive. Ils la rangent, de ce fait, aux côtés de la berce du
Caucase, de la renouée du japon, de la balsamine de l’Himalaya.
(Notez le : ces trois plantes sont présentent au refuge aux seules fins d’enseigner : venez les découvrir et si vous les retrouvez
ailleurs, arrachez les !)
Produite et commercialisée pour son huile riche en acides gammalinoléniques, l’onagre serait plutôt « tendance »! Sa production de
graines mondiale annuelle actuelle dépasserait les 4 000 tonnes, soit plus de 20 fois ce qu’elle était il y a 20 ans.
Au temps de nos arrières grand-mères, cette merveille du bon Dieu avait d’autres emplois que le traitement de l’eczéma ou de l’arthrite
rhumatoïde ! Si l’on s’en servait pour soigner la gueule de bois, les troubles menstruels et apprivoiser les animaux sauvages, on la
cultivait surtout à des fins alimentaires, d’où son surnom de « jambon du jardinier » ! Dans sa récolte des racines automnales,
Pascal, sur les pas de nos arrières grands-mères et des indiens des grands lacs, en fera lui aussi un usage gustatif. Notons que les
objiwés, chippewas, pawnees, hurons et iroquois, utilisaient les feuilles en cataplasme pour soigner blessures et contusions.
L’onagre est bisannuelle. On la mange cru en juillet, cuite en septembre, elle se prépare à la manière des salsifis et scorsonères.
On lui prête une saveur proche des panais ou rutabaga.
C’est une plante à suivre : des tests sont en cours afin de démontrer son efficacité contre la sclérose en plaque.
Semences et plants sont au Vordermeyersbuhl à votre disposition !
A très bientôt pour un prochain écho !
Les prochains échos seront consacrés aux pics mars, pics épeiches, pics verts, pics noirs et aux arbres morts, véritables palaces
forestiers.
Rendez vous à ne pas manquer pour les habitants de la vallée :
Le 09 octobre à 20:00 à Munster, projection d’un documentaire sur le blaireau, « le terrassier de la nuit », et intervention de Gérard
Hommay du Gepma (Groupement d’Etude et de Protection des Mammifères d’Alsace)