C’est avec colère et dégoût que nous avons découvert dans le Journal officiel du 30 janvier 2016 le décret validant le contrat de concession pour la construction et l’exploitation du Grand contournement ouest de Strasbourg (GCO). Réactions de France Nature Environnement et Alsace Nature.

GCO : la défense de l’intérêt privé prime sur l’intérêt public

Après deux ans de travail souterrain, sans aucune communication, ni sur le cahier des charges de cette autoroute à péage ni sur les conditions d’attribution de la concession au géant du BTP Vinci, l’Etat donne les clés de cet ouvrage destructeur et inutile à une multinationale dont le seul objet est de faire fructifier son investissement de 700 millions d’euros, et ce, pour 54 ans.

FNE et Alsace Nature ainsi que leurs associations fédérées regrettent amèrement le choix des pouvoirs publics de persévérer dans la mauvaise voie. Ces derniers préfèrent une vieille vision du tout routier plutôt que de développer les  alternatives à la voiture individuelle pour les déplacements domicile/travail autour de Strasbourg. Au lieu de créer une voie dédiée sur l’A351 pour le Transport en Site Propre de l’Ouest strasbourgeois ou encore de sortir des cartons les projets d’extension de tramway vers l’ouest et le nord de la ville, les pouvoirs publics se fourrent dans une impasse en créant une nouvelle autoroute, en supprimant l’écotaxe…

Pourtant, les solutions à la pollution atmosphérique, au sacrifice de 300 hectares de terres agricoles, à la destruction de la biodiversité, au cauchemar des automobilistes coincés dans les bouchons aux heures de pointe, existent. Nous les avons maintes fois développées, avec, à nos côtés, des associations d’usagers des transports collectifs, des agriculteurs, des élus et des riverains des vingt communes impactées.

Malgré de multiples appels au débat public et ces propositions concrètes, les pouvoirs publics ont choisi l’autisme et l’affairisme. Adieu cohérence politique. Ici, ils ont pris fait et cause pour le lobby du BTP, au détriment des citoyens.

Une démocratie du « cause toujours… »

Face à ce mépris, nous ne baisserons pas les bras. Lors de l’ouverture de la troisième conférence environnementale (en 2014) et au lendemain de la mort du jeune Rémi Fraisse sur le site de Sivens, le chef de l’Etat avait assuré que le débat public « est la seule manière de garantir dans la transparence et la responsabilité, aussi bien la préservation de la nature que les poursuites de nos projets de développement économique ». Il donnait six mois alors au gouvernement pour dresser les conditions de ce renouveau du dialogue démocratique tout en simplifiant les procédures.

Ces « simplifications »désormais menées ne désignent en réalité qu’une vaste dérèglementation qui bafoue les mesures de protection de la nature, les droits sociaux et les procédures démocratiques chèrement acquis. Pas dupes, les citoyens attendent toujours le débat démocratique qui aurait dû être le préambule à tout changement.

Le choix fait aujourd’hui, sur ce projet vieux de plus de 40 ans qui fait l’objet d’une vive contestation, va à l’encontre des belles paroles de François Hollande. Imposer ainsi la violence d’Etat et le mépris du citoyen à la place de la démocratie n’est pas selon nous la meilleure des solutions.

Pour Denez L’Hostis, président de FNE « Alors que tous les acteurs régionaux de la société civile ont réussi à animer un véritable débat démocratique expliquant l’inutilité totale du projet de GCO, les responsables politiques continuent à promouvoir les projets routiers des années 1960. Quand donc des solutions adaptées au 21ème siècle, dans la droite ligne de la COP 21, donnant plus de place aux transports collectifs seront elles enfin mises en place ? »

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