CHASSE – Schéma Départemental de Gestion Cynégétique du Haut-Rhin
LA BIODIVERSITÉ EN ALSACE SACRIFIÉE SUR L’AUTEL DE LA CHASSE ?
Alors que le Gouvernement prépare une série de textes en faveur de la chasse, au détriment de la nature (après une première série de cadeaux aux chasseurs, notamment la réduction de 400 à 200 euros/an du prix du permis national) le Conseil national de la chasse et de la faune sauvage (CNCFS) composé majoritairement de représentants du monde de la chasse, de l’agriculture et de l’Etat, a donné le 2 juillet 2019, un avis favorable à la plupart de ces mesures.
Le 13 août s’est tenue dans le Haut-Rhin, la Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage (CDCFS) dont la composition est sensiblement la même. A l’issue de cette réunion qui a adopté le Schéma Départemental de Gestion Cynégétique du Haut-Rhin 2019-2025 par 16 voix contre 8, document approuvé dès le lendemain par arrêté préfectoral, nous pouvons considérer le 13 août 2019 comme un jour de deuil pour la biodiversité alsacienne.
A la lumière des résultats catastrophiques affichés par la version 2014-2019, certains indices laissaient entrevoir une évolution positive dans la version finale de ce nouveau schéma.
Malheureusement, une série de volte-face surprenantes a conduit à l’approbation d’un texte totalement inadapté aux enjeux.
Les lois mises en place au cours des dernières années accordent au monde de la chasse de nombreuses prérogatives qui débordent du cadre de la gestion du gibier ; le schéma présenté n’assume pas la contrepartie de ces responsabilités.
Les errements dans la gestion des grands herbivores (chevreuil, cerf, chamois) conditionnent toute la gestion forestière, aussi bien les forêts de production que les forêts multifonctionnelles ou les réserves naturelles. Les chasseurs ne peuvent pas se cacher derrière leur petit doigt et rejeter leurs obligations envers les autres volets de la biodiversité. La régénération naturelle de la forêt, actée de haute lutte lorsqu’il a fallu tirer les conséquences de la tempête de 1999, ne fonctionne pratiquement plus, car tout finit sous la dent des cervidés; si bien qu’aujourd’hui on ne parle plus que d’engrillagements et de plantations d’essences exotiques pour renouveler la forêt mise à mal, en plus, par le changement climatique.
Si l’on rajoute le volet des dégâts, jamais vus, commis aux prairies de montagne par les sangliers depuis que l’agrainage s’est généralisé, il semblait évident que supprimer l’essentiel des distributions de maïs en zone de montagne était la seule mesure radicale à la hauteur des enjeux. Malheureusement, avec la version finale du schéma, le nourrissage pourra continuer sous un autre nom, dans des quantités peu différentes les premières années, avec parfois un nombre de postes d’agrainage plus élevé et des règles complexes ne permettant aucun contrôle efficace par les agents chargés de la police de la chasse. La réduction progressive annoncée, même si elle était scrupuleusement appliquée, mettra encore les nerfs des éleveurs de montagne à rude épreuve.
Et si l’on ne parle pudiquement que du sanglier à propos de la distribution de maïs, il est notoire que les cerfs sont également consommateurs.
Nos espoirs de voir la chasse enfin redevenir une gestion de la faune sauvage et non la poursuite de l’élevage de certaines espèces de gibiers choisies, sont une nouvelle fois déçus.
En tant que fédération regroupant des dizaines d’associations de protection de la nature, Alsace-Nature est prête à travailler avec les chasseurs car ils ont, comme les grands prédateurs, un rôle à jouer pour rétablir la biodiversité dans notre région, mais pour y parvenir, la démarche qui a conduit à la rédaction de ce document n’est pas la bonne.
Ce schéma a été élaboré par les chasseurs, pour les chasseurs, sans concertation avec les associations représentatives de protection de la nature et sous couvert de « scientifiques » soigneusement sélectionnés et aux références parfois douteuses. » Il est, par conséquent, très éloigné de certains objectifs énoncés dans le rapport de présentation, à savoir organiser une chasse durable, économiquement viable, socialement équitable et écologiquement responsable…
Hormis les points de gouvernance sur lesquels nous ne reviendrons pas, le refus même du débat sur un jour sans chasse par semaine, pourtant très demandé par le grand public, représente un signe d’intransigeance de nature à heurter une partie considérable des autres usagers des milieux naturels.
En ce qui concerne la recherche de solutions que l’urgence impose à tous les partenaires, nous demandons la mise en place d’un suivi rigoureux et transparent de l’évolution de la situation, tel que suggéré par Monsieur le Directeur Départemental des Territoires lors de cette réunion, et que tout état des lieux ne manifestant pas une réelle amélioration soit considéré comme un élément d’alerte entrainant une réponse immédiate !
Nous demandons au Gouvernement de prendre enfin la mesure de l’effondrement de la biodiversité attesté par les scientifiques et de revoir la composition et le fonctionnement du CNFCS et des CDCFS, chambres d’enregistrement des doléances cynégétiques.
LA CRISE DE LA BIODIVERSITÉ, C’EST MAINTENANT,
LES REMÈDES, C’EST TOUT DE SUITE !