Punaises des baies

Punaises des baies

…Sur l’une des photos du précédent article, dédié à l’élégant graphosome rouge et noir, apparaissait la punaise ci-dessous. Lookez le panachage de ses couleurs, likez ses antennes annelées
bicolores et la pilosité du dessus de son crâne. Oups ! Dire « crâne » ne fait guère savant ! Instruisons-nous gaiement par un peu de vocabulaire ! Les entomologistes appellent pronotum le
« quadrilatère » qui suit le prolongement de la « tête », puis scutellum, ou écusson, le losange jaune verdâtre qui ponctue le milieu du « dos ». Quant à ce qui est de la partie « caudale » « brunâtre-vert caca d’oie », l’on ne dit point « coquille Saint-Jacques renversée », mais, membrane ! Cela ira pour aujourd’hui !
Je vous présente, sans plus tarder, le « pentatome des baies »!
1-pentatomedesbaies-Pascal_Yves_Bernard
Dolycoris baccarum est une piqueuse/suceuse qui affectionne parfois les lieux de nos cueillettes. Lorsqu’elle pullule sur les fraisiers ou framboisiers, toute admiration sera vite oubliée tant
elle souille via ses glandes odoriférantes. Vous en avez dans vos petits fruitiers ? Dommage ! Adieu, confiture de mûres, tartes à la myrtille, gelées de groseilles, délices de cerises, de cassis, sorbet à la phacélie ! Bon, je kiffe : je la garde quand même comme amie !
Contrairement aux bébés coccinelles, ou doryphores, qui subissent une métamorphose dite, complète, et bien que les motifs et couleurs diffèrent, les larves des punaises à bouclier ressemblent aux adultes, format réduit. On parle, vous le savez, de métamorphose incomplète. Pour parvenir au stade « imago », la punaise à bouclier, en grandissant, doit par 5 fois quitter sa carapace étriquée pour un nouvel habit, plus ajusté. Sur cette autre photo, c’est la larve d »un autre espèce qui s’offre à nos regards : dissimulée dans les bractées chargées d’un arbre, elle s’apprête, pour la dernière fois, à changer de peau…
2-punaiseabouclier-Pascal_Yves_Bernard
Si la majorité des punaises à bouclier semblent fréquenter le bon vieux plancher des vaches, en voici une qui aime aller taquiner la lune ! Les bébés punaises dites nébuleuses naissent dans les
arbres : ce sont des « acro-branchées » ! J’ai déniché celle-là après avoir minutieusement inspecté quelques branches accessibles. Sa mère à priori préférait ce charme à mes tilleuls, frênes, noisetiers, et chênes voisins !
Cachée à l’abri des becs de ses prédateurs, chauves-souris et oiseaux, notre amie, démunie provisoirement de toute armure, parait, (ne le trouvez-vous pas ?!), fort appétissante ! Avec son
teint rose-crevette, on la dirait parée pour agrémenter les amuses gueules d’une surimi-partie ! Pour échapper aux appétits des uns et des autres, le temps de se durcir, de « chitiniser », il va lui falloir se tenir coi, croyez-moi ! Prions pour qu’une pluie de grêle, ne s’abatte pas : à ce stade crucial de sa transformation, ça lui serait fatal. Elle se ferait déchiqueter, hacher, telle de la chair de crabe dans un blender…
3-punaiseabouclier-Pascal_Yves_Bernard
Le saviez-vous ? Il existe près de 150 différentes punaises en France, plus de 1300 ont été répertoriées au niveau mondial, leur taille s’échelonne du 1 millimètre à la cuillère à dessert ! Toutes
ne sont pas terrestres, les plus grandes, d’ailleurs sont aquatiques : ce sont les léthocères des lacs nord-américains et chinois, des bestioles qui peuvent infliger des piqûres extrêmement douloureuses. Si vous n’avez pas les moyens d’aller vous baigner ailleurs qu’en France, n’enviez pas ceux qui passent au-dessus de vous en avion : chez nous, vous ne risquez rien !!!
Allez pour ceux qui ignoraient que les punaises muaient, une petite dernière pour la route !!!
4-imago-Pascal_Yves_Bernard
À qui donc peut bien appartenir l’enveloppe évidée abandonnée ci-dessus ?! Allez, j’attends vos réponses, mais attention, les plus farfelues ne seront pas crues !!!

Glaphosome italien

Glaphosome italien

Juin, au jardin, fait le bonheur des yeux !!! Je pourrais, bien sûr, vous parler des milliers d’abeilles qui se gorgent du nectar de nos tilleuls, de ce gloussement d’alerte que fait la fouine, lorsque dans le bûcher, elle prévient ses petits de nos passages, de la communicative liesse des canetons coureurs indiens qui viennent de naître, des 4 blaireaux qui toutes les nuits nous visitent, ou de Sylvio, Helen, Scarlett, nos derniers « réfugiés »… Mais puisque, au refuge de Jojo les insectes sont rois, je vais plutôt vous dresser, durant les prochains mois, plusieurs portraits d’entre ceux-là. Commençons par une pentatomidae : cette punaise à bouclier.
graphosome-italien-1
Rouge zébrée de noir sur le dessus, fardée de pointillés sous le dessous, voici une élégante fort habilement drapée. Ces coloris vifs qui nous enchantent, crient « attention, toxique ! », aux malintentionnés qui souhaiteraient les dévorer…
graphosome-italien
Larves et imagos sont communs, surtout au sud de la Loire, pour peu qu’on ait de quoi les nourrir ! Afin de consommer les sucs énergisants que contiennent les végétaux, le graphosome italien possède pour appareil buccal, un tube, que l’on appelle rostre. Cette pièce comparable à une seringue, ou à une paille, sert à percer, et aspirer… Pour profiter pleinement de la présence de cet hétéroptère, tous les ouvrages de référence vous enverront mirer les sommités florales ensoleillées de vos ombellifères : fenouil, carotte sauvage, angélique, aneth… C’est sur les ombrelles de cette berce, que mon grand-père ramassait naguère pour nourrir ses lapins, que j’ai pu longuement admirer mes petits protégés. La pleine saison, pour cette séance de contemplation bucolique, individuelle ou familiale, c’est maintenant : nos amis visibles entre juin et septembre, seront bientôt rejoints par leur descendance. Les larves se différencient des adultes tant par leur taille que leur couleur : orangée sans zèbrures noires.
Nota Bene : Toutes les punaises, sauf exceptions*, ont la particularité d’envoyer, à qui les dérange, un spray malodorant : ne les prenez pas en main pour mieux les admirer, vous le regretteriez : il est de meilleurs parfums !
* Certaines punaises, libèrent des arômes de jacinthes, de cassis ou de pomme ! Le « gendarme » quant à lui ne libère rien du tout. (C’est normal, me direz-vous : c’est un gendarme !)
lexique / hétéroptère : insecte doté d’une pièce buccale du type piqueur / suceur, de 2 paires d’ailes, et de longues antennes. lexique / pantatomidae : En grec, pente signifie 5, et tomos, section. Insectes dont les antennes ont 5 segments.

Bonjour à tous ! Petit écho de notre refuge LPO !

Bonjour à tous ! Petit écho de notre refuge LPO !

Troglodyte mignon © Marc Solari
Il y a quelques matins encore, les pattes figées dans la neige, transies par le froid, frigorifiées, gelées, de petites pelotes de plumes ébouriffées, parsemées tout autour de la maison, posées à même le sol, s’impatientaient de voir s’ouvrir nos volets. Les merles du meyersbuhl attendaient… Pour quelques uns, sans doute, il s’agissait d’être nourris au plus vite. Ne pas mourir.
J’exagère, penseront certains.
J’exagère ?! En hiver, ai-je appris naguère, un oiseau peut perdre, en une seule nuit glaciale, 10% de son poids. Les dépenses énergétiques nocturnes, perdues, assurent le maintien d’une des plus hautes températures corporelles du monde animal : 40° à 44,4° ! Bien entendu, plus le volume de l’oiseau est réduit, plus le froid pénètre, plus le combat est âpre. Ainsi, si une mouette peut tenir plusieurs jours avec un poisson dans le ventre, une mésange bleue ne pourra se passer de sa becquée quotidienne.
Notre refuge, en hiver, est un camp animalier de migrants, un havre pour réfugiés : des sous-bois environnant, nombreux sont ceux qui nous rejoignent, afin d’obtenir pour pitance, le nécessaire de leur survie. D’aucuns diront : « pas besoin de nourrir, faut laisser faire les choses, c’est la nature ». De telles pensées ne sauraient chez nous germer : nous nous sentons missionnés !
Quelques degrés de plus. Voilà nos mangeoires déjà moins prisées ! Bouvreuils, sittelles, gros becs, verdiers, pinsons, Rouges-gorges (…), se font plus rares, reste surtout les mésanges, les moineaux, quelques bruants et tarins… Nous avions, cette année, qui fréquentaient nos points de nourrissages, près d’une dizaine de mâles bouvreuils. Du jamais vu à nos mangeoires !
Celle qui est installée le long de notre façade nord, cadeau et souvenir de notre ami Jean Marc, qui nous a quitté l’année dernière, a transformé nos fenêtres en chouette écran-télé. Installés dans les fauteuils du salon, bien au chaud, nous savourons, dès que nous le pouvons, le spectacle ! ( Bon en vérité, nous y sommes peu souvent assis : la gestion du refuge ne nous laisse guère ce temps !
Ce sont nos chats, Clarence, Misty et Louve, qui surtout s’y installent : la fenêtre-télé n’a qu’une seule chaîne, mais c’est une chaîne de qualité qu’il ne faut point rater ! )
Le premier papillon citron a enfin montré le bout de ses antennes, les tritons ont rejoint la mare, les pics épeiches martèlent les bois morts, nous avons bu nos premiers verres de sève de bouleau, bref, malgré quelques souffles encore gélifs : c’est mars, tout repart, et là, pause, il me faut vous parler de l’oiseau-poids-mouche qui nous fréquente, il pèse 9 grammes à tout casser, seul le roitelet
le détrône : peluche rondelette, boulette nerveuse, une queue hérissée telle une plume d’indien, le troglodyte mignon figure parmi mes protégés !
Les effectifs de cet oiseau, comme chaque année, auront été sévèrement touchés, tant par le froid, que par nos satanés quinze chats ! Il faut dire, pour leur défense, que lorsqu’un troglodyte se faufile dans le fouillis des taillis, fouine les tas de bois, il facilite la confusion d’avec une petite souris ! Cela, forcément, captive nos bouffeurs de rongeurs !
Fouinant dans les innombrables cavités de nos murets, arpentant le bord des mares à la recherche de quelque insecte à se mettre dans le bec, l’incessante mobilité du troglodyte m’amuse !
Et il chante le bougre, une voix de ténor : forte, claire, surprenante pour un si petit gabarit ! Un fort en gueule aurais-je tendance à dire ! Car, voyez-vous, ce que chante notre ami et qui s’adresse aux camarades qui partageaient, hier encore, son dortoir de survie hivernale*, pourrait bien souvent s’apparenter à : « Ici c’est chez moi ! Je suis le seul tôlier du coin, terrain miné, propriété privée, du balai ! ».
Autant vous le dire : en mars, il « trille » sec !
La saint-Valentin pour le « troglo » ça commence après la sainte-Mathilde. Monsieur, pour les prochaines semaines à venir, sera dorénavant fort occupé à construire, ( place aux amours ! ), il est grand temps de concocter, préparer, ébaucher, l’ossature de plusieurs nids… Après avoir joué les compagnons bâtisseur, notre mâle arpentera son territoire, plus fébrile qu’à l’accoutumée, il
serait sot d’avoir oeuvré en vain : en aucun cas il ne faut louper les dames errantes que Cupidon envoie !
Et le manège commence, il suffit qu’une belle se pointe : ça chante, ça jacasse, ça tente d’attirer la convoitée vers le lit le plus proche ! Il rentre dans le nid, ressort, clame la ritournelle ! Il re-rentre sur un air : ah, tu verras, tu verras, chez moi c’est très sympa… Bref, ça gazouille, ça invective, aussi gouailleur qu’un napolitain noceur ! Et si ce nid-là ne plaît pas ? Pas de problème ma bonne dame ! J’en ai plein d’autres, suivez-moi !!! Et hop, un petit coup d’aile, on passe au pavillon suivant !
Quand l’un des nids enfin convient, madame s’y installe. C’est elle qui terminera la déco. Monsieur est rarement monogame, dans la plupart des cas, cependant que la dulcinée fécondée s’installe, comme il a de l’amour à revendre, des pavillons vides à remplir, il repartira plein d’ardeur se trouver une autre âme soeur. Son grand coeur d’artichaut est aussi fondant qu’un camembert, pour
chacune qui se présente, il s’époumone : I fall in love !
Il arrive parfois que la belle fasse la fine mouche : sur l’ensemble des loges présentées, rien ne sied. En tel cas elle rejoindra le territoire du troglodyte voisin, tout est à recommencer : on revolette et on guette, posté, perché, aux aguets, sifflant tel un vendeur à la sauvette !
Si vous voulez vous amuser en famille, que vous habitiez au bord de la mer ou en montagne, voici un jeu très printanier : sortez, et tentez de retrouver dans l’avifaune
qui vous entoure le seul représentant de la famille troglodytidé ! Je vous joins pour faciliter vos recherches un aperçu de l’oiseau !
Quand les petits seront autonomes, dans quelques mois, une niche non occupée leur sera offerte. J’ai découvert, en automne, l’année dernière, et pour la première fois, l’un de ces dortoirs juvéniles ! Pensant à l’époque tant aux insectes qu’aux chauves-souris, aux mulots, souris, salamandres et tritons, j’avais laissé, à l’ombre de quelques prunelliers et d’un charme, quelques stères de tilleuls bien rangées sur deux rangs, bâchées.
Les troglodytes semblent y avoir trouvé gîte et couvert : c’est là dedans que se logeait la nichée !
Si vous avez un grand terrain, et si tout comme nous, vous souhaitez profiter de la présence sympathique de notre ami, prévoyez quelques niches empierrées, un bucher, de vieilles souches émoussées, laissez pourrir quelques fagots ici et là, puis, à proximité d’un couvert végétal, bien abrité, creusez une cuvette. Ce trou rempli d’un mélange cendreterre-sable servira aux « bains de poussière »…

Clôturons par un « Le saviez vous » ?

Il y a plus petit que le troglodyte que le roitelet : le plus petit oiseau au monde n’est pas plus gros qu’un bourdon !
Le « zunzuncito », le colibri-abeille, ou colibri d’Hélène, pèse moins de 2 grammes et habite l’île de Cuba !
Allez je vous laisse partir à la chasse au troglodytidé !
Rdv au prochain écho ! A très bientôt !!!

* Les troglodytes sont d’ordinaire aussi bagarreurs que le rouge-gorge (lui aussi insectivore), mais ils peuvent avoir recours, afin de survivre à l’hivers, au réchauffement corporel de groupe ! Le record, cité par Tony Soper, dans son livre « the bird table book », serait un essaim de 61 individus, agglutinés dans un nichoir à mésange ! Qui dit mieux !
Les polistes : ces mal aimées, redoutées, qui construisent à ciel ouvert

Les polistes : ces mal aimées, redoutées, qui construisent à ciel ouvert

Allumant la radio de la renault qui me mène au boulot, un speaker me réveille, s’alarme : 80% des insectes ont disparu ! Quelques minutes plus
tard, une mauvaise nouvelle ne venant jamais seule, 2 autres infos sont diffusées qui ombragent ma journée : le glyphosate continuera d’être distribué, et, au nom de l’industrie écologique, une gigantesque mine va être forée, au coeur d’une réserve naturelle préservée du Congo !
Peut-être ne vous surprendrais-je pas en vous disant que la petite aiguille du cadran conceptuel de la « Doomsday Clock »*, inventée par nos savants pour mesurer le temps qui nous sépare de notre fin, n’est plus qu’à 2mn 30 des 12 coups fatidiques ?

« Y’a pas à tortiller, si le bon Dieu nous laisse faire,
il va bientôt faire nuit, Docteur Schweitzer… »

Marmonnant en résonance ma défiance pour ceux qui nous gouvernent à leurs profits, je vais vous parler de l’une de mes amies dont le devenir s’est tout dernièrement, lui aussi, assombri : la pauvre est sans patrie. Elle était, pourtant, il y a un mois encore, la régente d’un joli petit château propret fait de papier mâché. Il s’agit d’une reine : la survivante des guêpes-polistes qui nichaient, cette année, dans notre boîte aux lettres…
– Poliste ? Késkecé ?! M’interroge le père Lucien en dissimulant tant bien que mal, derrière son dos, son pulvérisateur d’arboriculteur-killer, chargé prêt à flinguer…
Les polistes sont apparentées aux « guêpes ». On reconnaît facilement leurs nids : les alvéoles sont apparentes, non revêtues de la membrane grisâtre qui empaquète les castels cartonnés de leurs cousines germaines, saxonnes et vulgaires. Les polistes font partie des guêpes dites paisibles.
En règle générale, nid visible = guêpes non agressives !
Au meyersbuhl nous testons chaque année la non-belligérance naturelle de ces mal aimées, redoutées, qui construisent à ciel ouvert. Aux polistes, j’ajouterais nos dolichovespula qui concoctent à l’air libre, dans les buissons, ou suspendues aux poutres, leurs nids taillés comme des ballons de rugby.
Mes visiteurs, je dois l’avouer, ne voient pas toujours d’un très bon oeil certaines de mes expérimentations : le nid d’au dessus de la fenêtre de la cuisine et celui, encore plus gros, de la niche basse des canards, peuvent paraître farfelus ! Se faufiler à moitié courbé avec quelques centaines de bestioles armées, prêtes à piquer, à un moins d’un mètre du crâne, demande une vraie confiance envers ceux qui prônent la cohabitation !
Le résultat est éloquent : accident = 0.
En revanche, il nous faut bien reconnaître que les nids des guêpes germaines et vulgaires, dissimulés ou enterrés sont dangereux quand mal placés. Il faut voir la hargne qu’ont certaines ! Telles de vieilles infirmières missionnées pour piquer, elles ne vous lâchent – et paf ! – qu’après avoir
bien enfoncé leur aiguille, minuscule, mais ô combien douloureuse, dans la partie, parfois la plus charnue, de votre individu !
Nids cachés = faut se méfier : danger…
Cela étant écrit, adopter le bon réflexe, n’est pas gazer !
Option « balisage »
– Une colonie s’était installée dans une mangeoire fermée destinée, l’hiver, au nourrissage des oiseaux, nous avons balisé la zone, telle une scène de crime, condamnant tout passage de devant le trou d’envol.
Option « éloignement »
– Un nid était confectionné dans un coffre à jouets, près de la porte. Un matin, profitant d’une température qui avoisinait les 8°, grimé en apiculteur, j’ai relogé le nid dans un tonneau, délocalisant l’ensemble derrière un tas de bois, en un lieu plus éloigné, afin que chacun puisse vivre en paix…
2 raisons devraient nous faire opter pour LA préservation à tout prix :
A : les guêpes sont, avant tout, de très bonnes pollinisatrices !
B : et d’incroyables pourfendeuses de mouches : un observateur a relevé qu’un nid de 200 résidents capturerait, par jour, près de 1500 mouches !
Certains parlent carrément, pour des nids plus importants, d’un prélèvement de 3000 à 4000 proies !
Vous ne trouverez aucun insecticide gratuit, aussi actif, si peu nocif !!!
Pour en revenir à mon amie, comme toutes ses consoeurs couronnées jaune et noir, armées d’un aiguillon pour sceptre, la voici orpheline : ses sujets, doucement, se sont tous éteints, endormis, engourdis par le froid… Pour tenter de survivre aux mois à venir, elle s’est enfui de son fabuleux logement cartonné, trop froid, trop calme, trop sinistre, et a rejoint pour lieu d’exil, un grenier, un bûcher, un compost… Au refuge, nous favorisons évidemment la prolifération de tels endroits : n’oublions pas que nos infortunées reines portent au-dedans de leur ventre les « guêpes » quiféconderont nos fleurs, l’année prochaine !
J’ai ramassé à des fins d’ « expos » quelques nids, mais ai gardé, dans la boîte aux lettres, le château de papier délaissé. Au coeur de l’hiver quand vent, glace, et neige, frapperont, relevant mon courrier, je penserais à cette future maman… J’ai jusqu’en mars, à présent, pour bien lui préparer, au potager, au verger, dans les haies, son printemps.
Allez, finissons par un petit « saviez vous que… ». Pour coucher leurs écrits, nos ancêtre usaient de chiffons recyclés ! Mais voilà qu’en 1720, un certain M. Réaumur comprend la confection d’un nid de guêpes : le papier est réalisé à partir de fibres de bois mâchés. La folle histoire de la papeterie moderne est lancée…
À bientôt pour un nouvel écho,
* la Doomsday Clock inventée peu au début de la guerre froide est régulièrement mise à l’heure par les Directeurs du bulletin des scientifiques atomistes de Chicago. Minuit représente bien entendu la fin du monde ! En 1947 nous étions à 7 mn de l’heure fatidique…

Un mauvais rêve…

Un mauvais rêve…

Il était une fois, dans le ciel, un ange mauvais de coeur, un ange qui sans répit semait le trouble autour de lui, chérubin rebelle, querelleur et piaffeur. Ses pairs, usés de devoir supporter son « hyperactivité » malfaisante n’avaient qu’une hâte : retrouver la paix qui était leur, avant que celui ci ne vienne. L’ange félon fut chassé du ciel, jeté sur la terre, et bien mal nous en pris…
Bonimenteur de talent, ce démon aurait pu être avocat, chef de ventes, président, un excellent présentateur de météo à la radio. Mais ce tourmenteur avait d’autres vues.
Il connaissait les hommes, savait tout de leur fragilité au partage, n’ignorait rien des bas instincts de convoitise qui les piégeaient. Comme il souhaitait les gouverner, il s’intéressa de très près à leurs désirs. Il devint politicien. Un très, très grand politicien. Jamais il n’y eut, en vérité, de par le monde, un tel politicien !
Et en très peu de temps, il fut le leader de la terre. Ce mauvais diable – en est il un bon ?! – visita toutes les régions du monde. Il écouta patiemment les attentes des peuples
rencontrés, se plut à exaucer chacune de leurs doléances, se délectant de ce que tout cela pouvait laisser déjà prévoir.
Il privilégiait les meeting, les grands rassemblements.
On y clamait son nom, on le louait, et ça vraiment, il adorait !
Un beau jour, ce fut le tour de l’Alsace et des Vosges, après un long discours, il invita ses convoités sujets à exposer leurs voeux.
Trop heureux d’être écoutés, chacun voulut parler. L’on entendit d’abord les représentants d’un groupe de chasseurs et d’éleveurs. Ils s’étaient entendus, armés de fourches, faux, bâtons, fusils.
Ils s’écrièrent d’une seule voix :
« O prince du monde, débarrasse nous des loups ! Ils menacent nos campagnes ! Ces fléaux de soixante kilos qui hantent nos sommets s’apprêtent à dévaler les sentes de nos vallées. Laisseras tu le sang de nos moutons couler dans nos sillons ? Attendras tu qu’à cette supplique s’ajoute nos colères ? A coup sûr, s’ils subsistent, nous nous retrouverons, tôt ou tard, toi et nous, devant le corps sans vie d’un enfant égorgé, d’une compagne égarée, en partie dévorée… »
L’ange mauvais qu’amusait la tournure des phrasés, flatté par l’appellation choisie, feignit la surdité ! Il se fit par pur plaisir une seconde fois prier, puis les loups furent enlevés de la surface de la terre.
Voyant ce désir exaucé, les éleveurs ajoutèrent vite tout ce qui est puant et non rentable, qui gobe les oeufs, vole les poules, retourne la terre et pâture de façon éhontée ce qui n’est plus à eux depuis qu’existe l’impôt foncier. Renards, fouines, martres, blaireaux, campagnols, sangliers, cervidés, tout cela fut listé pour être exterminé.
Les jardiniers plébiscitèrent cet inespéré génie !
« Anéantit aussi les chats, O roi des rois, il grattent nos plates bandes, ils déterrent nos semences, défèquent sur nos plants leurs matières innommables ! Ils croquent nos mésanges qui de leurs chants joyeux égaient nos beaux jardins ! »
Ainsi fut fait, et l’on ne vit plus l’ombre d’un chat sur terre.
Puis vinrent les arboriculteurs et les buveurs de schnaps :
« Débarrassent nous de ces piaffeurs qui dévorent nos bourgeons, par la même occasion n’ai point pitié des insectes nuisibles, ils rendent malades nos arbres ! Nous t’en prions, Gloire à toi, hosanna… et Alléluia !»
Les mésanges et autres passereaux qui picoraient les arbres, les insectes qui y nichaient, tous furent détruits.
Ah vraiment, l’on acclamait cet enchanteur et sa divine sagesse. Notre usurpateur qui en riait aux larmes était aux anges !
Tous ceux qui se croient allergiques au pollen enchaînèrent :
« Nous t’en prions, O divin maître, enlève aussi les arbres, les fleurs et les plantes afin qu’enfin nous puissions librement respirer le bon air frais des Vosges ! »
Tout ce qui poussait et qui était végétal, arbres et plantes, fut déplanté, réduit, broyé en fine poussière de bois.
Cela continua, des jours, des semaines, des mois.
Chacun s’exprima et l’on ne cessait plus de psalmodier des louanges à l’attention de l’ange !
Alors vint un matin où n’ayant plus d’animaux, de minéraux ou de végétaux sur quoi se satisfaire, les hommes se retournèrent les uns contre les autres. Les riches se débarrassèrent des pauvres qui leur coûtaient trop cher à entretenir ! Les affamés appelèrent l’extermination des nantis qui se gardaient bien de partager le meilleur de leur pain. Les anti-écologistes se débarrassèrent des antinucléaires, et vice versa. L’on continua de s’anéantir mutuellement, dans la joie et la bonne humeur, chacun se débarrassa de son voisin !
Un matin, s’éveillant sous une aube sans lune, ni soleil, l’un dérangeant les dormeurs, l’autre les noceurs, un homme s’éveilla de lui même : il n’y avait plus ni de coq, ni de réveille matin.
Cet homme découvrit qu’il était seul sur la terre ! Elle lévitait dans un ciel désespérément vide, elle ne tournoyait plus dans l’espace. Elle était devenue un gros caillou tout nu, tout gris, figé.
« Salut Petit Prince ! » s’inclina, moqueur, le démon, vers ce dernier sujet. L’ange regardait satisfait ce qui restait de ce beau joyau qu’avait été autrefois la terre. Quel travail ! Quel bel ouvrage ! Quelle réussite ! De la jolie planète bleue dentelée de nuages qui tournoyait naguère, il ne restait plus rien. Le grand muséum d’histoire naturelle que le bon Dieu avait si généreusement conçu et offert aux hommes, n’était plus !
« Je n’ai plus grand chose à faire ici ! » rigola goguenard l’ange déchu. Quittant l’homme et son globe, il alla rôder ailleurs voir s’il n’était autre lieu planétaire à dévaster. Satan prit congé.
L’homme le regarda disparaître. A présent qu’il était abandonné, il pleura sur son triste sort. Devait il s’arracher les cheveux, se labourer les joues ? Se couvrir de sacs de cendre ? Se lamenter ?
L’homme s’agenouilla, scruta au dedans de sa mémoire, médita sur le mot lamenter. Ce mot lui évoquait quelque chose… Un mur ! C’est ça ! Le mur des lamentations Il se souvint vaguement qu’il y avait eu un vrai Dieu et un livre ! Que disait donc ce livre ?  Si au moins il pouvait se souvenir d’un phrasé ! Peut être qu’un
seul phrasé suffirait à le sauver ?!
« Petit prince ! » l’ avait appelé le Diable… Alors il se souvint !
Levant haut les paumes de ses mains vers l’espace, il s’écria :
«…Dessine moi un mouton !!! »
Vous connaissez le reste de l’histoire…
« Apprivoise moi », dit le Renard,
ce proche parent du loup !

« I make a dream ! », c'était la nuit dernière …

« I make a dream ! », c'était la nuit dernière …

Nous discutions placides, assis l’un à côté de l’autre, tels deux bons apôtres. Nous devisions tranquilles, sur tout et sur rien, le coeur fraternel, l’esprit étourdi, le cadavre du côte de bourg 2002 qui gisait à nos pieds n’y était pas étranger.
Il me parlait de sa lourde charge d’élu. Je lui causais nature. Etonnament familiers, l’oeil brillant, le sourire « chérubin », bras dessus, bras dessous, nous nous extasions charmés de tout ce que la lune belle, blonde, ronde, nous laissait deviner ! Je profitai de cette promiscuité pour l’entretenir d’une visite qui m’avait quelque peu attristé, la veille…
« J’ai un Pic Mar qui est venu me voir hier soir. Baluchon sur l’épaule, le bougre pleurait.
– Tu en fais une tête ! L’ai-je accueilli. C’est pourtant jours de fête !
– Pas pour moi. Hélas ! M’a répondu l’oiseau. Pour assurer ma survie il me faut un minimum de 20 bons gros chênes à l’hectare, tu le sais, et cela sur une bonne surface. Eh bien, je n’aurais bientôt plus de toit, les hommes vont raser le petit bois qui me logeait ; j’ai vu les marques sur les troncs…
Je suis venu te faire, mon vieux, mes adieux. Je vais m’exiler sur les pans escarpés du cirque glaciaire de la Wormsa, rejeté sur ces rochers, tel Prométhée, par les vagues de la vie et l’insouciance des hommes… Les hommes… Pfuitt… Thalassa ! Uschuaia ! Ils s’apitoient quand l’écran plat montre les dégâts d’une Huqsvarna dans la forêt amazonienne mais qu’une Stihl, ici, «déforeste », point de larmoiement… Pourtant quelle catastrophe ! Le bilan pour la faune est celui d’une guerre : l’on y compte les migrants et les tués, des familles entières anéanties par la douleur, l’appauvrissement soudain, brutal, total… »
Je l’ai retenu, tu penses bien ! Et lui ai fait boire un élixir qui n’a pas son pareil pour requinquer l’âme froide quand le vent souffle mauvais ! Nous avons causé, le reste de la nuit, de ce jour où une espèce de vieux curé, un capucin, s’était assis au pied du merisier, près du jardin ! L’ensoutané portait un pin’s, (deux grosses lèvres rouges barrées d’un « Jésus love révolution »), il nous avait conté, à sa façon, l’histoire du petit roi de Bethléem qui portait en son sein le secret de la paix : « Je vous donne un commandement nouveau, aimez vous les uns les autres ! ».
Tu connais l’histoire ! Les meneurs politiques et religieux querelleurs de cette époque, englués dans leurs petites traditions, ne souhaitèrent point changer, ne souhaitèrent point s’aimer. Ils continuèrent d’amasser fortunes, savoirs, pouvoirs, bercés par les aspirations de leurs coeurs mal inspirés. L’enfant en grandissant devint gênant, ils s’en débarrassèrent, le crucifièrent… (Bon, je sais, les biblistes trouveront ce résumé réducteur !).
Le message, avait ajouté notre curé, restait toujours d’actualité : le christ reviendrait, avec amour, instaurer, par la force, ce que les hommes s’obstinaient à ne point vouloir faire, la paix sur la terre ! Dieu nous laissait cependant du temps pour flêchir du genou : Dieu est patient.
Les animaux des sous bois et forêts ayant entendu cela s’en étaient écriés « hosanna !!! », et depuis attendaient…
Imaginez, vous qui me lisez, doux et humbles de coeur ! Une humanité sauvée du désamour ! Les jardins du monde peuplés de colocataires raisonnables, attentionnés !!! Des êtres humains occupés à s’aimer plutôt qu’à se voler, s’envier, se calomnier, se méfier, se défier, s’écraser ! Une humanité libre, égalitaire, fraternelle, (votre vieux rêve républicain ) !
En attendant ces beaux jours, sur les 176 types d’oiseaux actuellement nicheurs en Alsace, 39,8% sont inscrits sur la Liste rouge des espèces menacées ( soit 70), et 17 ont définitivement disparus : mon ami pic Mar a peur que si le retour de Jésus tarde, son tour ne vienne…
« Maranatha ! » S’écria mon comparse, l’élu, en se frappant très fort la cuisse ! « Je suis un homme de foi ! Tu diras à ton ami Pic Mar que désormais sur mon ban, lorsque les tronçonneuses chanteront, il sera laissé ici et là, les vieux chênes nécessaires pour manger, assez d’arbres morts sur pied pour nidifier ! J’en fait un devoir de mémoire : nous préserverons pour les générations futures les beautés du bon Dieu, cochon qui s’en dédit !»
Alléluia !!! Le coeur en joie, je traiterai dans le prochain écho des besoins existentiels du picidé bigarré au béret rouge ! Bonne Happy End 2015 à tous !
Votre mustélidé farfelu et dévoué.