Poulailler dans le Kochersberg : le groupe local d’Alsace Nature réagit à l’enquête publique

Poulailler dans le Kochersberg : le groupe local d’Alsace Nature réagit à l’enquête publique

Le groupe local Alsace Nature Kochersberg est intervenu, par un courrier du 26 février 2021,  à l’enquête publique concernant l’extension d’un élevage de poules pondeuses plein air par l’EARL LUX à SCHNERSHEIM. Deux représentants du groupe local ont également rencontré le commissaire enquêteur pour préciser la position d’Alsace Nature.

 

Commentaires d’Alsace Nature

Le projet de poules pondeuses soumis à enquête publique prévoit la construction d’un second poulailler de 46 000 poules avec un parcours de 18,7 ha. Sur le papier, on peut se dire que l’approche est plutôt intéressante. Néanmoins, dans les faits, des bâtiments de 46 000 poules pour une production prétendument en plein air sont une mauvaise option. Il est souhaitable que cette dérive vers l’économie d’échelle s’arrête. L’abandon des cages-batteries est certes une bonne décision, qui est nécessaire, mais il est extrêmement dommage de choisir, au moment des nouveaux investissements, des systèmes qui sont loin d’avoir les qualités que l’on peut attendre en termes de bien-être animal, d’environnement et même socialement.

Nous allons tenter de montrer en quoi ce système pose des problèmes de notre point de vue sur ces différents points.

 

Sur le problème de la taille du bâtiment

46 000 poules sont manifestement de trop. Le bâtiment est trop large (22 m), cette grande largeur avec 2 rangées en étage rend compliqué l’accès des poules jusqu’aux trappes. A noter que dans le manuel suisse[1] qui sert à définir la densité maximale des poules pour chaque type de volière autorisé en Suisse, la totalité des exemples de calcul se base sur une largeur de bâtiment de 12 m ; ce n’est pas sans raison !  Et le jardin d’hiver y est la norme. On ne peut que regretter son absence dans ce projet. En effet, un jardin d’hiver contribue au bien-être des poules en leur permettant l’accès à un espace d’air frais et de lumière du jour.

 

Sur l’aménagement du parcours

Du côté Nord, les trappes du projet s’ouvrent sur un alignement d’arbres distant d’environ 14 m (cf. annexe 2). Il serait opportun de prévoir des haies plus proches du bâtiment pour faciliter la sortie des poules. Les haies auront également une croissance plus rapide que des arbres plantés récemment.

Du côté Sud, l’alignement d’arbres se trouvent à plus de 40 m du bâtiment en raison d’obstacles pour les poules en face de leurs trappes : bâtiment de fabrication d’aliment et son silo sur plus de 40 m de long d’un côté, hangar à fientes sur près de 20 m de l’autre côté. Les poules risquent de se concentrer à proximité du bâtiment et la charge en nitrates sur un périmètre restreint sera très élevée.

Une faible conviction pour cette sortie au plein air se révèle aussi par les phrases suivantes (sous A.2.4.) : des plantations seront organisées pour compléter les plantations existantes (arbres fruitiers par exemple). L’entretien du parcours se fera à l’aide d’un broyeur ou d’une faucheuse.

L’enjeu sur 18.7 ha aurait vraiment mérité des précisions ! Les poules ont besoin d’un couvert végétal pour oser sortir. C’est au niveau de la végétalisation que se joue en partie la crédibilité du système et le côté sincère ou trompeur de l’allégation « plein air » – cette allégation qui permet d’obtenir un meilleur prix de l’œuf. Les consommateurs tiennent au plein air, et il est malheureux d’observer actuellement un peu partout (y compris dans le Bas-Rhin) un engouement vers du pseudo-plein air, où le parcours est utilisé par quelques pourcents seulement des poules présentes, alors que pourtant tous les œufs sont étiquetés « plein air ». Et très peu de poules seront suffisamment téméraires pour explorer la totalité du parcours de 18.7 ha jusqu’à la clôture ! Le parcours sera donc fauché… parce que les poules impacteront assez peu la végétation, vu qu’elles ne sortent pas loin. Or une fois que le terrain est fauché, il apporte encore moins d’abri aux poules…  Mais il est évidemment plus simple de faucher s’il n’y a pas ou peu d’arbres ni d’arbustes autour desquelles il faut tourner en étant assis dans le tracteur. Tant pis pour les poules.

La biodiversité ou le climat (agroforesterie…), visiblement, n’ont pas mérité d’engagement très poussé. En effet, la plantation de nombreux arbres (sur le principe de l’agroforesterie) permettrait non seulement de créer un climat plus favorable aux poules (notamment en période de chaleur), mais serait également favorable à la biodiversité de manière générale.

 

Sur la densité de poules dans le bâtiment

La densité maximale autorisée est de 9 poules/m² de surface utilisable. Il aurait été correct d’indiquer comment est calculée et respectée cette densité pour le bâtiment de surface utile de 2574 m², quelles sont les surfaces comptabilisées au titre des étages des volières. La présentation de la volière de marque Fienhage en annexe 3 ne le dit pas. Pourtant les services vétérinaires doivent le savoir pour vérifier la conformité de l’installation. Ont-ils les données ? Et pourquoi n’a-t-on pas le droit de le savoir en amont ?

 

Sur le modèle économique

Le présent projet comprend des pondoirs collectifs où les œufs roulent automatiquement vers la bande de transport, et confirme ainsi son caractère industriel, au détriment de l’environnement et du bien-être des poules. Les œufs seront collectés par la firme BURELAND, basée à Brumath (67), très grosse structure du secteur.

Ce projet illustre à nouveau la politique des pouvoirs publics (et d’une partie du monde agricole) cherchant la compétitivité à tout prix, en mettant la pression sur les prix agricoles, avec les dérives que l’on observe, plutôt qu’une politique localisée et du juste prix.

Pourtant, on pourrait imaginer mieux. 15 élevages à 3 000 poules pourraient intelligemment remplacer ce projet, en apportant des revenus complémentaires à 15 familles d’agriculteurs, avec une ambition d’excellence cette fois-ci crédible. Ils pourraient en 15 endroits enrichir le paysage avec un parcours en arbres et arbustes, et agrémenter les promenades des familles, autour des villages.  Et vendre des œufs en direct, avec la plus-value du bien-être dans le terroir.

Ne serait-il pas jouable et souhaitable de relocaliser le conditionnement dans les élevages et la commercialisation dans les terroirs ?

 

Certains éléments du dossier suggèrent qu’il manque un conseil et une volonté déterminés pour assurer de bonnes conditions d’élevage et un « plein air » franc et sincère. En conclusion, Alsace Nature propose de revoir ce projet, au minimum en scindant les bâtiments en plusieurs unités plus petites de manière à permettre une meilleure gestion de l’environnement et un meilleur confort pour les animaux. Il serait également bienvenu de prévoir des plantations conséquentes d’arbustes et d’arbres.

[1] file:///C:/Users/annev/AppData/Local/Temp/1_(1)_f_FI_Kurzbeschreibungen_Haltungssysteme_Legehennen.pdf

 

Enquête publique sur le Plan Local d’urbanisme intercommunal (PLUi) du Kochersberg

Enquête publique sur le Plan Local d’urbanisme intercommunal (PLUi) du Kochersberg

 

  • Comment participer à l’enquête publique

Pour participer à l’enquête publique, avant le vendredi 5 juillet à 17 h :

– par mail à l’adresse suivante : plui@kochersberg.fr
L’objet du message devra comporter la mention « élaboration PLUi Kochersberg Ackerland, Enquête publique : observations à l’attention de la commission d’enquête »

– sur le registre dématérialisé accessible à l’adresse suivante : www.registredemat.fr/kochersberg

 

  • Exemples d’arguments à utiliser lors de votre participation à l’enquête

Ci-dessous des suggestions d’interventions à l’enquête publique. Vous pouvez piocher en fonction de vos centres d’intérêt et de votre sensibilité. L’important est de participer, il y a peu de contributions pour l’instant ! Or, le PLUi concerne notre avenir à tous.

N’hésitez pas à utiliser et adapter les textes ci-dessous.

Soutien à la réduction des enveloppes constructibles

Je soutiens la volonté clairement affichée de réduire les enveloppes dédiées à l’extension urbaine. La réduction est significative et devra inciter à l’émergence de solutions urbanistiques et architecturales plus économes en foncier. Dans cette logique, je propose que les zones retirées des anciennes zones constructibles soient prioritairement affectées, quand cela est possible et fait sens, à la renaturation de ceintures vertes et d’espaces de nature à proximité des villages.

 

Réduire les espaces agricoles constructibles

Le Kochersberg est marqué par une forte place de l’agriculture (90 % de la surface totale). Selon mon point de vue il est primordial de concilier habitat et agriculture. Il faut donner aux agriculteurs les moyens de vivre convenablement et aux autres habitants un cadre de vie préservé.

C’est donc avec surprise que je découvre les plans de zonage de certains villages dont les zones AC (Constructions avec élevage) semblent disproportionnées et ne tiennent absolument pas compte des orientations de départ.

Quelques exemples :
– Kuttolsheim : zone Ac de 70 hectares environ soit près de 10% du ban communal (avec une zone à cheval sur la Souffel dont on veut rétablir un semblant de qualité d’eau sans parler de la faune et de flore)
– Fessenheim : zone Ac de près de 120ha
– Gougenheim/Rohr/Gimbrett : zones Ac de près de 170ha

Bien sur de nombreuses communes sont beaucoup moins gourmandes.

De plus il ne semble pas que l’on se soit inquiété du positionnement de ces zones par rapport aux nuisances olfactives générées par les vents dominants ni des pollutions visuelles.

Comment comprendre que les zones dévolues à l’habitat soient restreintes (bravo) argumenté notamment par rapport à la valeur agricole des terres (en terme de culture) alors que dans le même temps on ouvre des zones immenses aux constructions agricoles.

Le PLUI fait manifestement le grand écart en libérant ces zones Ac et en même temps veut :
– préserver des terres agricoles exceptionnelles
– préserver le cadre de vie des habitants
– éviter le mitage des paysages
– prendre en compte les risques et les nuisances

Le PLUI est un outil au service de toute la population est ne doit pas comporter en son sein les germes ou prémices de problèmes ou de litiges à venir. Ce PLUI doit être équilibré et permettre à chacun de vivre, de travailler et d’évoluer dans le respect de l’autre. C’est de votre responsabilité pour les générations futures.

 

Des transports collectifs insuffisants

Le constat montre bien le déficit de modes de déplacements alternatifs à la voiture dans la Communauté de Communes Kochersberg-Ackerland (CCKA). Ce manque pose de réels problèmes en ce qui concerne les déplacements pendulaires vers l’extérieur du territoire et en particulier vers l’EMS, principal bassin d’emploi pour les habitants de la CCKA. Pour les déplacements intra-territoire le constat est identique.

Avec les 5000 habitants supplémentaires d’ici 15 ans prévus par le PLUi, il devient urgent de développer une vraie politique d’offre de transports en communs. Une telle augmentation significative de la population de notre territoire oblige à traiter sérieusement le problème des transports et des déplacements :

– En améliorant significativement le cadencement matin et soir aux heures de pointe mais aussi le restant de la journée pour remédier aux trop longues plages creuses,

– En élargissant les plages horaires, notamment en soirée afin de permettre des retours beaucoup plus tardifs en provenance de l’EMS (sorties culturelles, sportives, …).

Le transport collectif ne peut être attractif que dès qu’il est réellement disponible. Dans nos communes, il est difficile, voire impossible, de se déplacer sans être bloqué en raison d’une tranche horaire non desservie ou même absente (très peu de communes sont accessibles par la CTBR après 19h45).

Il faudrait en particulier un transport en site propre vers Strasbourg et donc un emplacement réservé dédié dans le PLUi ce qui n’est pas le cas.

 

Un effort à faire en faveur des pistes cyclables

Nous demandons un investissement conséquent pour de vrais pistes cyclables sécurisées et si possible ombragées pour relier différents villages et par là-même accéder aux différentes activités. Et surtout, un aménagement vers le bourg centre de Truchtersheim qui regroupe de nombreux équipements (Médiathèque, école de musique, médecins, kinés, pharmacie, salle des fêtes, …) et commerces.

Il est anormal que les citoyens, et surtout les jeunes, n’aient pas d’autre choix que la voiture pour pouvoir profiter des activités proposées.

Ces pistes, pour être efficaces et pratiques, ne sont pas forcément à calquer sur le tracé des routes existantes, mais pourraient emprunter des chemins communaux à travers champs et permettre des liaisons plus directes et moins accidentées. De telles pistes arborées seraient aussi un atout pour le paysage. Cela suppose une concertation avec le monde agricole pour assurer une bonne cohabitation des deux pratiques.

 

Davantage d’ambition pour restaurer la biodiversité

Le constat fait dans le diagnostic montre que l’état de la nature est très préoccupant dans le Kochersberg. Les épisodes de canicule montrent l’impérieuse nécessité de planter massivement des arbres pour atténuer leurs effets négatifs. Le PLUi devrait marquer cette volonté par des orientations volontaristes.

Je propose que, compte tenu de la faiblesse des surfaces de zones arborées (boisements et haies), tous les boisements et haies existants soient classés en Espace Boisé Classé , ce qui n’empêche pas leur exploitation raisonnée, mais garantit leur statut. Ensuite, je propose que les surfaces des haies, boisements et prairies à reconstituer soient significativement augmentées afin de garantir une connexion écologique continue entre les milieux encore existants.

Télécharger les arguments – pdf

 

  • Invitation à une réunion publique

L’élaboration du Plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) du Kochersberg-Ackerland est  entrée dans la phase de consultation du public, avec l’enquête publique qui a lieu du 3 juin au 5 juillet 2019.

https://www.kochersberg.fr/Actualites/ComCom/Avis_d_enquete_publiqueLa Communauté des communes du Kochersberg, qui a élaboré le PLUi, a retenu un certain nombre d’orientations qui vont marquer l’évolution de notre territoire pour les 10-15 prochaines années. Ce projet de PLUi concerne tous les citoyens et devrait nous mobiliser à l’occasion de cette enquête publique. Pour plus d’informations : https://www.kochersberg.fr/Actualites/ComCom/Avis_d_enquete_publique

Le Groupe local d’Alsace Nature a étudié le projet de PLUi.  Si nous constatons qu’il contient des éléments positifs, comme une relative maîtrise de l’urbanisation, il révèle également des faiblesses en matière de déplacements et de biodiversité notamment.

  • Vous trouverez en lien ci-dessous le courrier et l’avis d’Alsace Nature qui ont été adressés à la Communauté de communes sur la base du projet de PLUi arrêté, avant enquête publique. Vous pourrez vous en inspirer pour intervenir à l’enquête publique.

voir le courrier d’Alsace Nature Kochersberg : PLUi-Koch-arrêté_avis_+GL-AN+Koch_1904_def

  • Une réunion publique aura lieu le jeudi 20 juin à 20h à Pfettisheim

(nouvelle salle communale – route de Berstett – à l’arrière du complexe sportif).

Si vous pouvez/souhaitez distribuer des tracts dans votre commune pour annoncer cette réunion publique, merci de nous  contacter : kochersberg@alsacenature.org

 

Conférence-débat : Fertilité des sols du Kochersberg – 15 sept. 2017

Conférence-débat : Fertilité des sols du Kochersberg – 15 sept. 2017

Conférence – Débat  :
« ATOUTS ET FAIBLESSES DES SOLS DU KOCHERSBERG POUR LA FERTILITÉ DES TERRES »

ATTENTION : Cette conférence remplace celle de Claude Bourguignon initialement prévue
Les pratiques agricoles ont beaucoup évolué ces 50 dernières années. Quelles en sont les impacts sur la qualité des sols ? Les sols du Kochersberg sont-ils encore si fertiles ?
C’est à ces questions que les intervenants tenteront de répondre, ainsi qu’aux questions du public à l’issue de la conférence.
Intervenants :
Christophe BARBOT, conseiller Chambre d’Agriculture
Marie-Frédérique BACQUE et Maurice WINTZ, Alsace Nature
Entrée libre – plateau
 
 
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