[Tribune et pétition] Stoppons la construction du Grand contournement ouest de Strasbourg !

[Tribune et pétition] Stoppons la construction du Grand contournement ouest de Strasbourg !

Pour engager le combat à sauvegarder notre planète et enrayer le processus de la sixième extinction massive de la biodiversité, et le changement climatique, les mots d’intention ne suffisent plus. Arrêter les travaux du GCO et stopper le projet est l’acte sur le terrain que doit prendre l’Etat pour envoyer un signal fort qu’il a enfin compris l’urgence dans laquelle nous sommes. Dans une tribune signée notamment par la députée Martine Wonner, également médecin psychiatre, des médecins et scientifiques exhortent le Président de la République à prendre ses responsabilités en stoppant le Contournement Ouest de Strasbourg, un projet à l’inverse des principes que la France doit promouvoir au prochain G7 qu’elle accueille fin août.
« Le projet de construction du Grand contournement ouest de Strasbourg (GCO) en Alsace est la triste et révoltante illustration de ce modèle qui conduit à notre perte : toujours plus d’artificialisation des sols, toujours plus de camions pour transporter toujours plus de marchandises, de et vers toujours plus loin pour toujours moins de zones agricoles, toujours moins de biodiversité, toujours moins de circuits courts raisonnés et raisonnables. »

 

Retrouver le texte de la tribune ici :

L’état de la nature dans le monde est si alarmant que la survie même de l’humanité est en jeu. Ce constat est partagé et décrit depuis des années par de nombreux scientifiques. L’inaction n’est plus possible, elle serait mortifère. Nous sommes face au plus grand défi que l’homme n’ait jamais eu à relever. Il y a urgence. Notre responsabilité est engagée : citoyennes et citoyens, responsables politiques, industriels, scientifiques.
 
Comment imaginer que notre génération puisse porter la responsabilité, la culpabilité de la sixième extinction de masse ? Après une dégradation massive de la biodiversité qui a pour origine une consommation exponentielle débutée le siècle dernier, nos modes de consommation sont uniquement motivés par le besoin de satisfaire des intérêts particuliers dans une société où le bonheur serait proportionnel à nos possessions. Or ce consumérisme nous surcharge de biens matériels par l’exploitation des ressources naturelles aux dépens de la biodiversité. Nous passons à côté de l’essentiel depuis trop longtemps : il est temps d’appeler à un véritable éveil social. Seul un changement profond de nos modèles de production et de consommation permettra d’éviter ce déclin de notre environnement qui nous est vital.
 
Le projet de construction du Grand contournement ouest de Strasbourg (GCO) en Alsace est la triste et révoltante illustration de ce modèle qui conduit à notre perte : toujours plus d’artificialisation des sols, toujours plus de camions pour transporter toujours plus de marchandises, de et vers toujours plus loin pour toujours moins de zones agricoles, toujours moins de biodiversité, toujours moins de circuits courts raisonnés et raisonnables. Cette sixième extinction massive de la biodiversité, et le changement climatique dont nos activités sont la cause, sont précipités par des projets comme celui du GCO dont les impacts sur les espèces et les écosystèmes seront désastreux et non compensables. Nous détruisons ainsi notre propre support de vie de telle sorte que 60% des milieux naturels ont été dégradés au cours des cinquante dernières années sur la planète.
 
Le modèle basé sur le développement des infrastructures de transport, telles les autoroutes, sur une urbanisation croissante et sur l’exploitation des ressources, n’est plus applicable, ni défendable. Si nous poursuivons dans cette voie, l’impact des activités humaines sur les milieux d’ici à 2050 fera disparaître 25 à 50% des espèces. L’effondrement même de la civilisation devient plausible. La vulnérabilité de la société est entière et nous devons avoir conscience des conséquences sur nos vies et surtout celles de nos enfants, par l’altération de nos moyens de subsistance, de notre santé, de notre économie, de nos cultures.
 
Monsieur le Président, au lendemain du G7 et de la publication du rapport du groupe d’experts de l’ONU sur la biodiversité, vous avez annoncé une série de mesures pour la préservation de cette biodiversité. Vous l’avez compris, «ce qui est en jeu est la possibilité même d’avoir une Terre habitable», ce «qui appelle à l’action». Ces actions concrètes doivent être couplées à une ambition législative ambitieuse et sincère. Il est à ce titre fondamental d’asseoir le pouvoir et les compétences de l’Autorité environnementale. Reconnaissons à cette instance toute l’importance qui lui est due notamment par le respect des avis rendus. Car au regard de l’exigence de transparence exprimée par les citoyens, ces expertises sur les évaluations des impacts des grands projets et programmes sur l’environnement sont indispensables. Le sens des responsabilités doit nous conduire à prendre les justes décisions : STOPPONS le projet du GCO qui va à l’encontre de cette ambition écologique et donnons-nous les moyens de proposer un modèle viable aux générations futures.
 
Liste des premiers signataires : Martine Wonner médecin psychiatre, députée du Bas-Rhin, Fabrice Scheurer chercheur au CNRS, physicien, Dietmar Weinmann chercheur au CNRS, physicien, Bernard Carriere physicien, professeur émérite de l’Université de Strasbourg, Yves Holl professeur des Universités retraité, Strasbourg, Anne-Véronique Auzet géographe spécialiste des sols, professeure de l’Université de Strasbourg, Odile Petit, DR CNRS, équipe d’éthologie cognitive et sociale UMR 7247 CNRS-INRA-Université de Tours-IFCE, Dominique Bourg professeur, Université de Lausanne (UNIL), IGD/FGSE, Matthieu Picher ingénieur de Recherche en sciences physique à l’IPCMS, Pascal Maillard professeur agrégé, Université de Strasbourg, Sheila Sandon mathématicienne, chargée de recherche au CNRS, Institut de recherche mathématique avancée de l’Université de Strasbourg, Florence Lecomte chargée de recherche à l’Institut de recherche mathématique avancée CNRS et Université de Strasbourg, Nathalie Wach enseignant-chercheur, Université de Strasbourg, Patricia Zander maître de Conférences Géographie/aménagement – HDR, Brice Martin maître de Conférence Géographie, coordinateur du programme ANR DFG TRANSRISK.

 

  • Cette tribune a été publiée le 28 juin 2019 sous le titre : « Stoppons le projet de construction du Grand contournement ouest de Strasbourg ! »
Voir l’article ici : https://www.liberation.fr/debats/2019/06/28/stoppons-le-projet-de-construction-du-grand-contournement-ouest-de-strasbourg_1736866  
 
 
  • Elle est actuellement relayée sous forme de pétition
Stocamine : Course contre la montre

Stocamine : Course contre la montre

Alors que le ministre de l’Écologie a commandé un rapport de faisabilité d’un déstockage complémentaire, les travaux de confinement de Stocamine ont débuté.

Selon un article paru dans l’Alsace et les DNA du 27 juin 2019, il y a urgence car le toit d’une partie de la mine est en train de s’effondrer.

« Il y a pourtant urgence au regard de la détérioration de la situation minière. L’avenir du site est suspendu à une décision politique qui ne sera pas prise avant la rédaction d’un rapport de faisabilité technique et financière demandée par le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy. Une étude dont les résultats ne seront pas connus avant l’année prochaine (…)

En attendant un énième rapport, le rafistolage continue au fond de la mine avec le boulonnage et le cerclage des parois, mais aussi la mise en place de grillages sur parfois plusieurs mètres, voire plusieurs dizaines de mètres, afin d’éviter les effondrements. »

Voir l’article sur le site des DNA, Stocamine ou la course contre le temps : https://c.dna.fr/economie/2019/07/05/stocamine-ou-la-course-contre-le-temps

 

En réaction, 2 anciens salariés de Stocamine et membres du collectif Destocamine donnent leur point de vue :

COMMUNIQUE DE PRESSE EN RÉPONSE A L’ARTICLE PARU DANS L’ALSACE LE 27 JUIN 2019
Communiqué d’un ancien mineur, agent de maîtrise, responsable des travaux au fond de la mine Amélie, Joseph Else et d’un ancien travailleur de Stocamine chargé du stockage des déchets au fond de la mine Joseph Else.

« Cette situation (où le dramatique le dispute au ridicule) est le résultat du travail de l’exploitant et de l’administration qui le contrôle.
En effet, depuis l’incendie du bloc 15 il y a 17 ans, que de temps perdu et d’argent public gaspillé.
Il est scandaleux pour nous de découvrir qu’un groupe d’anciens camarades est descendu sans la présence de membres de la Commission de Suivi des travaux de déstockage, qui n’a ni été informée et encore moins convoquée.
A la création du site STOCAMINE de nombreux mineurs ont accepté de stocker les déchets et d’affronter le risque chimique tout comme d’autres mineurs ont accepté et réalisé le déstockage des déchets mercuriels en l’occurrence et qui sont prêts demain à continuer ce travail.
La conclusion des sages, en soi, est respectable, mais nous y opposons l’absence de considération de la protection de la nappe phréatique et surtout l’avenir des générations futures. En croyant protéger les mineurs d’un accident, ils acceptent l’empoisonnement de leur descendance.
Pour information : Messieurs HAMERLA et LAPP sont consultants DREAL et ne sont plus délégués mineurs. Ils dénoncent le risque de tenue des terrains alors qu’ils les ont eux-mêmes creusés quand ils étaient salariés des MDPA et que les responsables d’alors ont décidé pour des raisons de meilleure pureté de sel de déneigement de creuser des blocs deux mètres plus bas que prévus. Lors d’une réunion à la Préfecture, j’ai dit à l’exploitant que ce changement de niveau du toit de moins de 23 mètres (toit très solide) à moins 25 mètres se fait au détriment de la sécurité. Ce sont ces deux mètres, comme le montre l’image numéro trois, du reportage du 27.06.2019, qui représentent le plus grand danger pour le déstockage.
Concernant l’ennoyage : N’oublions pas que durant l’exploitation minière, l’eau d’infiltration des puits a été journellement pompée au jour. Depuis l’arrêt de l’exploitation de la potasse et le remblayage des puits, il n’y a plus de pompage.
Nous savons, et les experts sont unanimes, que les vides miniers seront ennoyés bien avant que les terrains ne soient compactés. D’ailleurs les MDPA viennent de réaliser un deuxième puits de contrôle de l’ennoyage à Pulversheim puisque le premier puits de contrôle de Richwiller ne donne pas les résultats escomptés.
Le temps joue contre nous. Il s’agit d’une course contre la montre qui profite au « fossoyeur des générations futures ».
Cette situation nécessite de la part des Autorités de l’État une déclaration de SITUATION D’URGENCE afin de RACCOURCIR LES DÉLAIS ADMINISTRATIFS ET PERMETTRE LE DÉSTOCKAGE IMMÉDIAT DE CE POISON MORTEL.
Que ceux qui n’acceptent pas d’assumer ce devoir rendent leur tablier.
Pour le Collectif DESTOCAMINE : Jean-Pierre HECHT et Étienne CHAMIK,

 

 

26 juin 2019 : Procès de l’inaction climatique à Strasbourg

26 juin 2019 : Procès de l’inaction climatique à Strasbourg

Le 26 juin, trois activistes ANV Action non-violente COP21/GCOnonmerci comparaîtront devant le tribunal pour avoir décroché le portrait du président Macron dans la mairie de Kolbsheim.

En laissant une place vide sur le mur la mairie, ils illustraient le vide de la politique climatique de notre gouvernement notamment en ciblant l’une des communes victimes du projet de grand contournement ouest de Strasbourg.

Le 26 juin sera donc l’occasion d’une double opération.

➡️ Une opération de soutien pour Lucille, Michaël et Sylvain, inculpés dans un contexte de répression grandissant des mouvements sociaux

➡️ Une opération de visibilité pour la campagne nationale de décrochage de portraits dans un contexte d’urgence climatique toujours plus alarmant

Nous vous invitons à :

• Venir devant le Tribunal de Grand Instance, le mercredi 26 juin entre 8h et 12h (TGI, 1 quai Finkmatt Strasbourg)

Partager cet évènement et en parler autour de vous https://www.facebook.com/events/326196501418819/

Participer à son organisation en devenant bénévole ! Inscription (obligatoire) via le lien ci-dessous ⬇️

https://framaforms.org/formulaire-benevole-proces-des-decrocheurs-du-26-juin-a-strasbourg-1559078842?

 

Ils étaient + de 500 personnes mobilisées le 28 mai pour soutenir les militants jugés à Bourg en Bresse,

SOYONS AUSSI TRES NOMBREUX A STRASBOURG le 26 juin !!

 

Stocamine : le TA rejette le déstockage

Stocamine : le TA rejette le déstockage

 

Comme cela était prévisible suite au rapport de la rapporteuse publique, le tribunal administratif de Strasbourg a rejeté les demandes d’Alsace Nature et des collectivités territoriales qui souhaitaient le déstockage total des déchets.

Le TA a motivé sa décision rendu publique le 5 juin 2019, par le fait que :

  • Concernant le moyen de l’insuffisance d’étude d’impact soulevé par Alsace Nature

« Il résulte de tout ce qui précède que le moyen tiré des insuffisances du dossier de demande d’autorisation, et, en particulier de l’étude d’impact figurant au bilan écologique de ce dossier, doit être écarté. L’arrêté litigieux n’a dès lors pas été pris en méconnaissance des dispositions du code de l’environnement citées aux points 8 et 9. »

  • S’agissant de la compatibilité de l’autorisation avec les schémas d’aménagement et de gestion des eaux du bassin Rhin Meuse et Ill Nappe Rhin :

« Alors que la requérante ne précise pas l’incompatibilité dont elle se prévaut et que l’éventualité d’une pollution de la nappe n’est pas envisagée avant un délai de mille ans, l’arrêté attaqué ne peut être regardé comme étant incompatible avec l’objectif de préservation et de reconquête de la qualité de la nappe rhénane du schéma d’aménagement et de gestion des eaux N° 1701939-1702675-1703732-1705267 23 Ill Nappe Rhin ni avec le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux du bassin Rhin Meuse, dont l’échéance est fixée en 2027. »

 

article de l’Alsace : https://www.lalsace.fr/actualite/2019/06/05/stocamine-le-tribunal-administratif-de-strasbourg-rejette-tous-les-recours?

« Alors que le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, a demandé une étude technique et financière de faisabilité de la poursuite du déstockage partiel des 41500 tonnes de déchets enfouis à Wittelsheim, cette décision conforte les MDPA, maison-mère et actionnaire unique de Stocamine, dans la réalisation des études et tests de mise en œuvre de barrage en vue d’un confinement définitif. »

 

article de Libération du 6 juin 2019 : https://www.liberation.fr/france/2019/06/06/stocamine-une-calamite-environnementale-a-duree-indeterminee_1732114?

« Il y a trois ans, une extraction de 93% des déchets mercuriels présents en profondeur a été réalisée par une entreprise allemande, faisant espérer aux défenseurs de l’environnement un début potentiel des actions de déstockage.

En 2018, les opposants ont cru apercevoir une nouvelle lueur d’espoir avec la décision de Nicolas Hulot, alors ministre de la Transition écologique et solidaire, de réaliser une étude de faisabilité du déstockage total. Et son successeur François de Rugy, après avoir fait marche arrière, a finalement annoncé être ouvert à l’étude de nouvelles extractions partielles. Mais la décision, mercredi, du tribunal administratif de Strasbourg de rejeter les recours portés par des associations comme Alsace Nature mais aussi des institutions (le conseil départemental du Haut-Rhin, la région Grand Est, la mairie de Wittelsheim, etc.), plombe de nouveau les attentes dans anti-Stocamine. » (…)

« Pour l’heure, l’enfouissement définitif des déchets semble donc suivre son cours. Des bouchons en béton sont d’ores et déjà en cours d’expérimentation afin d’organiser le confinement des déchets sous le sol. «Toutes les études montrent que le béton ne tiendra pas et que les produits entreront en contact avec la nappe phréatique à un moment donné», assure Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature, persuadé que le coût du déstockage total joue dans les décisions de l’Etat. »

(…) Mais les défenseurs de l’environnement ne comptent pas pour autant baisser les bras en attentant ce scénario. «On a deux mois pour aller à l’appel, explique Stéphane Giraud, d’Alsace Nature. Il faut qu’on mobilise toutes nos ressources d’ici là.»

Stocamine : la rapporteure publique demande le rejet des arguments d’Alsace Nature et des autres requérants

Stocamine : la rapporteure publique demande le rejet des arguments d’Alsace Nature et des autres requérants

Mercredi 15 mai 2019, se tenait, au tribunal administratif de Strasbourg, l’audience sur le recours porté par Alsace Nature, la région Alsace, le département du Haut-Rhin, et une association de consommateurs, contre l’arrêté préfectoral qui prescrit l’enfouissement définitif de déchets ultimes à Wittenheim.

Ces déchets placés dans une ancienne mine de potasse par StocaMine menacent la plus grande nappe phréatique d’Europe qui alimente 7 millions de personnes en eau potable.

La rapporteure publique a proposé ce mercredi au tribunal administratif de Strasbourg de rejeter les requêtes formulées par les requérants.

Selon le journal l’Alsace, « Elle a d’abord justifié le rejet des requêtes des trois collectivités publiques au motif que celle déposée par Wittenheim était « tardive » et que le Département et la Région n’avaient pas d’intérêt à agir dans le dossier. Elle a par ailleurs écarté les uns après les autres les arguments avancés par Alsace Nature sur les insuffisances supposées des études d’impact. Les avocats de la Région et du Département ont défendu l’intérêt à agir des deux collectivités dans la mesure où elles ont des compétences en matière de déchets et d’eau. »

voir l’article de l’Alsace publié le 16 mai 2019 : https://www.lalsace.fr/actualite/2019/05/15/stocamine-les-requetes-contre-l-arret-prefectoral-enterrees

Maitre Zind, avocat d’Alsace Nature, insiste lui sur les « insuffisances substantielles » dans le dossier et « la remise en cause du principe de réversibilité ».  (voir vidéo ci-dessous)

Yann Flory, du collectif Destocamine, réagit à la sortie du tribunal : « Ce qui m’a frappé durant cette audience, c’est qu’on a un procès État contre collectivités, État contre population, État contre patrimoine naturel, en l’occurrence la nappe phréatique... »

Le décision a été mise en délibéré le 5 juin prochain.

 

Participez à l’élaboration du règlement local de publicité intercommunal (RLPi) de l’Eurométropole de Strasbourg

Participez à l’élaboration du règlement local de publicité intercommunal (RLPi) de l’Eurométropole de Strasbourg

L’EuroMétropole de Strasbourg a ouvert une enquête publique pour recueillir l’avis de ses habitants entre le 15 mars et le 15 avril au sujet du Règlement Local de Publicité intercommunal (RLPi). Il vient s’ajouter en annexe du Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi) adopté en 2016 et actuellement en cours de révision.

Cette enquête publique constitue l’étape préalable à l’adoption du RLPi par les élus du conseil de l’Eurométropole, éventuellement amendé en fonction des observations des commissaires enquêteurs. Par ailleurs, il y a une certaine urgence, puisque la plupart des règlements locaux arrivent à expiration en juillet 2020, ce qui placerait les territoires sous le régime d’une la réglementation nationale moins contraignante.

Alsace Nature a d’ailleurs pu rencontrer en juin 2018 le chargé de mission dédié à l’élaboration du RLPi, et regrette que toutes ses préconisations n’aient pas été suivies. Et c’est là que tous ensemble, par nos observations et critiques, nous avons le pouvoir de faire changer les choses.

1] RLPi et notions de base

La notion de publicité recouvre 3 notions distinctes que délimite clairement le texte

  • Les publicités, soit toute inscription, forme ou image destinée à informer le public ou à attirer son attention
  • Les enseignes, soit toute inscription, forme ou image apposée sur un immeuble et relative à une activité qui s’y exerce
  • Les pré-enseignes, soit toute inscription, forme ou image signalant la proximité d’un immeuble où s’exerce une activité déterminée et installée sur une parcelle avoisinante (sans que cette distance ne soit précisée). Elles ne sont pas réellement abordées, puisque dans les agglomération, leur réglementation rejoint celle de la publicité.

La publicité en France est régie par le code de l’environnement, duquel découle le Règlement National de la Publicité. Le code de la route contient aussi quelques dispositions précisant les modalités d’affichage au bord des routes et de certains axes.  La plupart des dispositions se trouvent ainsi dans l’article L581 du code de l’environnement.

Le RLPi permet d’harmoniser les règles entre les 33 communes membres, puisque seules 11 d’entre elles s’étaient dotées d’un RLP, les autres dépendaient donc de la réglementation nationale de la publicité pour laquelle le préfet dispose du pouvoir de police. Une disparité source d’inégalité entre les communes capables de réguler la publicité et celles qui ne le pouvaient pas.

En effet, l’élaboration d’un RLP dépend comme nous l’indiquions en introduction du PLU. Or, c’est désormais l’EMS qui dispose de la compétence sur l’élaboration du PLU, le RLP s’applique donc désormais à l’échelle intercommunale.

Une telle mise à niveau des situations permet également d’éviter le report des publicités vers des communes plus favorables à leur installation. Le rapport souligne ainsi de nombreuses installations sauvages et/ou illégales dans des zones naturelles ou hors agglomération.

D’ailleurs, depuis l’élaboration du RLP de Strasbourg, les dispositions de régulation de la publicité se sont renforcées, notamment dans le code de l’environnement, tandis que de nouveaux formats ont fait leur apparition, en particulier les panneaux numériques.

Par contre, il ne faut pas s’attendre à une régularisation rapide, le code de l’environnement prévoyant un délai de 6 ans pour s’adapter aux RLP, sous réserve évidemment que les supports aient été conformes à la réglementation antérieure.

Alsace nature regrette enfin que le texte ne reprenne pas en annexe la situation actuelle dans chaque commune quant à la taxe locale de publicité extérieure, qui fixe les revenus que les collectivités tirent de ces revenus, ni n’établisse de simulation sur les conséquences que ce texte pourrait avoir sur leurs revenus.

2] Le contenu du RLPi

Après une brève explication du contexte et des enjeux du RLPi, ainsi qu’une analyse rapide des différents textes en vigueur, souvent copié sur celui de Strasbourg, le Règlement expose des cas soit de bonnes pratiques ou de situations exceptionnelles qui deviendront dérogatoires dans le futur RLPi – notamment pour des raisons patrimoniales ou économiques – mais aussi de trop nombreuses infractions impunies tant aux RLP qu’à la réglementation nationale.

En agglomération, la plupart des problèmes concerne par exemple la densité des publicités, leur hauteur ou leur proportion par rapport au bâtiment, leur présence sur un mur non aveugle ou en entrée de ville, voire leur conception en lettres non découpées pour les toitures.

Avant même d’entrer dans le coeur du sujet, le diagnostic pose la question épineuse de la capacité d’application de la police de l’affichage par les communes, considérant que même Strasbourg n’échappe pas à ces infractions. A fortiori, l’échelon intercommunal ne devrait pas être plus à même d’y pourvoir.

Sans enfoncer le clou, rappelons néanmoins que d’après l’article 40 du code de procédure pénale, “Toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République et de transmettre à ce magistrat tous les renseignements, procès-verbaux et actes qui y sont relatifs.” L’importance de certaines infractions laisse croire dans certains cas à une certaine forme de complaisance. Et ce d’autant plus qu’en vertu de l’article L581-40 alinéa 6 du code de l’environnement, cette tâche pourrait être confiée à des ASVP.

Le texte définit ensuite 6 zones d’application différenciée du RLPi, puis explique les modalités d’affichage de chaque zone, en prenant le soin d’expliquer les raisons derrière ces différences, avant de figurer par des cartes les délimitations respectives des zones.

On peut d’ailleurs regretter l’absence de tableau synthétique pour chaque zone.

Enfin, plus de 300 pages sont consacrées aux délibérations des communes membres acceptant le texte actuel, condition préalable et indispensable à l’ouverture de l’enquête publique. Il n’y a pas d’intérêt à les résumer.

3] Analyse détaillée

Le RLPi divise le territoire en 6 zones

  • l’hypercentre de Strasbourg (ce qui exclut donc la Robertsau, le Port du Rhin, Koenigshoffen, Cronenbourg, la Montagne Verte,  le Neudorf, la Meinau, le Neuhof)
  • Les centres villes des communes périphériques
  • Les axes structurants (hors autoroutes)
  • Les zones d’activité et commerciales (notamment le Port du Rhin, la Vigie, la zone de Vendenheim, etc.)
  • Les quartiers résidentiels hors Strasbourg
  • les quartiers résidentiels de Strasbourg (tous ceux exclus de la zone 1)

L’aéroport d’Entzheim reste assujetti à la RNP et la publicité reste interdite sur les autoroutes, comme le prévoit également la RNP.

Niveau mesures générales, notons l’interdiction de la publicité sur les clôtures et la restriction pour les pré-enseignes, l’interdiction des panneaux numériques clignotants et de défilement des images, l’interdiction générale des panneaux aux abords des cours d’eau, ainsi que quelques mesures architecturales et urbanistiques.  Nous remarquons aussi la volonté de réduire la publicité par collage d’affiche pour privilégier la solution – plus esthétique mais énergivore – du caisson vitré.

Un report sur la publicité éclairée qui se traduit aussi par l’encadrement des panneaux numériques, qui devront néanmoins présenter une résolution minimale de 400 x 400 pixels.

Une mention particulière pour la lutte contre la pollution lumineuse nocturne. En effet, là où la législation prévoit une extinction des enseignes entre 1h et 6h, l’eurométropole souhaite faire passer cette interdiction à 8h, soit entre 23h et 7h, hormis quelques dérogations liées à des activités tardives ou matinales.

Par contre, la publicité est reportée sur le domaine ferroviaire avec la possibilité d’un panneau tous les 150m, ce qui pourrait conduire à une véritable prolifération.

Sans rentrer dans les détails de chaque zone,  que vous pourrez retrouver synthétisée dans ce document le RLPi propose

  • pour la zone 1, un quasi-moratoire sur la publicité (hormis chevalet, bâche de chantier et mobilier urbain) et une régulation stricte des enseignes, avec interdiction des enseignes numériques.
  • Pour la zone 2, les mesures sont presques aussi fortes, voire vont plus loin en interdisant par exemple les publicités sur les toits.
  • pour la zone 3, une forte régulation sur les parties accueillant du résidentiel individuel ou le petit collectif, tandis que les parties avec gros collectifs (plus de 100m de long) peuvent accueillir plus de supports publicitaires. Les panneaux peuvent être numériques et les enseignes empiéter plus sur la rue. De manière générale, ces zones sont assez souples, tout en encadrant strictement les possibilités offertes.
  • pour la zone 4, tout en laissant le champ libre à la publicité – zone commerciale oblige –  le texte apporte de vraies solutions salutaires au chaos publicitaire qu’étaient devenues ces zones, où les commerces se faisaient la guerre à coup de panneaux plus hauts, plus grands ou plus criards que les autres.
  • la zone 5 reprend avec plus de liberté les dispositions de la zone 2
  • la zone 6 reprend les dispositions de la zone 3, en les restreignant

Hormis les dispositifs exceptionnels de grande taille, les pré-enseignes et enseignes temporaires, ainsi que les bâches de chantier, aucune publicité ne peut dépasser les 8m², ce qui constitue un engagement fort contre les panneaux dits 4×3 que nous nous devons de souligner.

Globalement, ce texte paraît apporter de notables avancées par rapport à la législation nationale, se voulant plus actif en matière de régulation des nuisances et de l’empiétement sur l’espace public. Alsace Nature tient donc à féliciter l’EMS pour cette prise en compte de l’impact de la publicité sur la vie de tous les jours.

4] Critique

Néanmoins, à trop vouloir concilier développement économique et bien-être, ce texte nous paraît insuffisant sur certains points.

A l’heure d’un nécessaire changement dans notre manière d’appréhender la conception de l’espace public, laisser se développer des dispositifs publicitaires éclairés et/ou numériques, qui plus est sans considérer leur extinction nocturne comme allant de soi, nous semble une aberration. Une réduction d’un facteur 4 de nos émissions de gaz à effets de serre passe par une régulation de la consommation d’énergie. A défaut, nous souhaiterions que soit au moins envisagé leur extinction nocturne après la dernière desserte de l’arrêt concerné. Encourager de tels supports relève d’un insupportable gaspillage d’énergie, sous le prétexte fallacieux d’une meilleure rentabilité financière de ces dispositifs.

De même, un changement radical dans notre mode de vie suppose aussi de renoncer au consumérisme qui définit notre société depuis plus de 50 ans, c’est à dire de stopper les incitations à suivre des modes, au changement fréquent de véhicule, de vêtements, de matériel électronique, etc. (liste non exhaustive). Et ce d’autant plus que cette tendance à l’obsolescence anticipée se traduit par l’explosion récente des plateforme logistiques et des trajets en camion, ce qui a des effets notables sur la biodiversité.

C’est pourquoi une forte restriction de la publicité pourrait s’avérer nécessaire.  Seules les enseignes et pré-enseignes devraient être tolérées, dans les limites plutôt équilibrées que propose le texte.

Tous ces panneaux seraient bien mieux employés à promouvoir des initiatives associatives ou solidaires, à partager des connaissances participant de l’éducation à l’environnement ou à la citoyenneté, voire carrément à être remplacées par des zones rendues à la nature. Quitte à occuper la chaussée, autant déminéraliser et y mettre un parterre de fleurs mellifères, un bac à légumes partagés, une haie, etc.

En outre, Alsace Nature regrette le choix fait de laisser libre l’installation d’enseignes sur toit dans une zone pourtant classée UNESCO, où il est notoire que les règles d’invisibilité des supports ne sont jamais respectés, sans que les responsables aient jamais été inquiétés, ce qui constitue un régime d’impunité institutionnalisé au profit de l’attractivité économique du territoire.

Toujours dans cette optique patrimoniale, la licence laissée aux bâches de chantier nous semble dommageable, dans le sens où le fort impact visuel que peut avoir des publicités aux superficies considérables paraît incompatible avec la préservation d’un centre historique exceptionnel et la lutte contre les nuisances visuelles. La même remarque pourrait s’appliquer sur les enseignes perpendiculaires des hôtels, courant souvent sur toute la hauteur de bâtiments sis dans de petites rues, ce qui gâche les perspectives sans que leur utilité soit réellement prouvée.

Un dernier point sur les chevalets, qui sont très largement tolérés, bien que soumis à certaines restrictions pouvant conduire à leur interdiction totale dans certaines rues étroites. Leur plus-value par rapport aux enseignes ne semble pas énorme par rapport aux nuisances qu’ils pourraient susciter si chaque commerçant se mettait en tête d’en installer un devant sa vitrine.

Nous sommes conscients que la publicité constitue une source de revenus importants, tant par la taxe locale sur la publicité extérieure que par les autorisations d’occupation de l’espace publique. Par exemple, d’après le chargé de mission dédié, la concession JCDecaux rapporte 1 millions d’euros pour les mobiliers urbains dits abribus, qui présentent en outre le double avantage d’offrir un abri aux voyageurs.

Ainsi, pour les personnes ne souhaitant pas la diminution de la place de la publicité, nous suggérons de demander un moratoire sur la publicité tant au sol ou murale que installée dans le mobilier urbain à proximité des espaces naturels, tants parcs que cours d’eau, ce qui n’est pas prévu dans le texte actuel. (l’interdiction près des cours d’eau ne vaut pas pour le mobilier urbain)

5] Proposition de contribution

Nous souhaitons naturellement que tous les habitants de l’Eurométropole puissent participer à l’enquête publique, et vous invitons à reprendre notre analyse pour étayer votre propos.

Afin d’éviter la répétition des mêmes éléments de langage, qui décrédibilisent notre propos auprès des commissaires enquêteurs, nous avons en effet fait le choix de ne pas vous proposer de paragraphe à copier/coller pour ce faire.

 

Ce qui nous semble important en tout et constituera notre propre contribution, c’est de :

 

  • féliciter l’EMS pour son travail d’harmonisation vers le haut des standards publicitaires du territoire
  • soutenir les avancées du texte sur la pollution lumineuse nocturne et les lumières clignotantes, ainsi que sur le passage des panneaux de 12m² vers des panneaux de 8m² maximum.
  • soutenir l’interdiction générale près des cours d’eau, qui est appréciable dans le cadre de l’élaboration des trames vertes et bleues, y compris sur le mobilier urbain.
  • refuser les supports publicitaires sur le domaine ferroviaire
  • dénoncer l’encouragement tacite au développement des panneaux numériques aux conséquences désastreuses pour la transition énergétique ou au moins de demander leur extinction nocturne
  • demander une réflexion sur le rôle de la publicité dans nos rues (mobilier urbain, bâches, enseignes perpendiculaires disproportionnées, chevalets, etc.) et donc dans nos modes de vie
  • demander une véritable mise en oeuvre du RLPi, en particulier par le renforcement de la police de l’affichage

 

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