Le "Sortie Nature 2015" est arrivé !

Le Sorties Nature 2015 est arrivé! Il est offert à tous les membres d’Alsace Nature (qui le recevront très bientôt),
mais vous pouvez aussi le commander, il contient plus de 300 sorties tout au long de l’année et ne coûte que 4,50€.
Il vous suffit de nous envoyer un chèque à l’ordre d’Alsace Nature (4,50 € + 2,75 € pour les frais de port) et de l’adresser au : 8, rue Adèle Riton 67000 Strasbourg. Vous pouvez également passer dans nos locaux pour le récupérer (même adresse).
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L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Mars 2015

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Mars 2015

chers lecteurs,

j’ai bien peur de m’être laissé un tantinet emporté lors de mon précédent envoi en faisant de l’hermine une tueuse de volaille ! A la date de ce jour, nul ne s’en étant ému, je le clame fort, à la manière du poète Jean Cocteau, grand ami des chats, l’erreur était intentionnelle !

« L’hermine, Dracula des poulaillers ? Vilenie, ineptie, pur ragot !!! »

C’est parti ! Je démarre cet écho au galop !

Certes l’hermine tout comme la belette, le putois et la martre partagent très certainement la même excitation face à un nid de proies terrorisées mais en ce qui concerne les carnages qui décimeraient dit on des poulaillers entiers, n’accusons pas trop vite mes quatre cousins, cousines : ils n’y sont généralement pour rien !

Ces brigandages, rares, je le souligne au passage, fruit, la plupart du temps, de la négligence de l’éleveur qui aura omis de fermer une porte ou colmater un trou, ne seraient en effet point l’œuvre, n’en doutons pas, de ceux là.

Cette confusion commence donc par une énigme digne d’un « cluedo » version LPO :

Mais qui a cassé les têtes des poules de Mme Pervenche ?

Allons, réfléchissons, comptons, recensons… Oublions le fringuant colonel Moutarde, la troublante Melle Rose et ce bon gros placide docteur Olive ! L’assassin était armé, non d’un chandelier, d’une crosse de revolver ou d’une clef à molette mais bel et bien d’une mâchoire puissante de mustélidé !!!

Si ce n’est ni la martre, ni la belette, ni l’hermine, ni Jojo, qui nous reste t’il ? Le putois ?!

Suivant l’éclat sherlockholmesque de mon encre qui de sa loupe nous emmène vers l’ombre furtive longiforme qui un peu plus loin, là bas, jamais bien loin de l’habitat humain, s’effile, se faufile, se profile, se défile, permettez moi de vous enluminer l’artiste :

Pleins phares sur la « martre citadine », ma frangine, Dame Fouine !

C’était élémentaire mon cher Watson !

A ma droite, 1,3 kg pour les dames ! A ma gauche, 2kg2 pour les messieurs !

Nous sommes loin des 60 gr de la belette et des 300 gr de papa hermine !

1er point, concentrons nous, comment distinguer une bonne fois pour toute la martre de la fouine ?!

Elles se ressemblent tant qu’il n’existe qu’un seul terme en alsacien pour désigner les deux et monsieur Linné lui même, célébrissime naturaliste, ne les différenciait point !

La fouine porte une bavette blanche divisée le plus souvent en deux sur le haut des pattes avant.

La martre à une bavette plus jaunâtre, elle s’arrondit voir s’achève triangulairement sur le torse.

La fouine à un nez couleur chair, la martre à une truffe couleur « chien ».

Le pelage de la fouine est brun grisâtre, celui de la martre vire vers le noir.

Les oreilles de la martre bordées d’un liseré clair sont un peu plus grandes que celles de la fouine.

Les callosités plantaires chez la fouine sont presque nues, elles sont plus poilues chez la martre.

Enfin, et surtout, la martre habite essentiellement en forêt, la fouine bien que parfaitement adaptée pour la vie sauvage sylvicole voir montagnarde est nettement plus anthropophile : elle apprécie la compagnie de l’homme qui lui procure, le plus souvent sans le savoir, le gîte et le couvert !

D’octobre à mai la fouine sera discrète. Elle passerait rarement, s’accordent mes sources suisses et wallonnes, plus de deux jours au même endroit et utiliserait sur un territoire plutôt spacieux une bonne dizaine de niches. Nous en avons repéré trois  au refuge du meyersbuhl : remise à foin, cabanon non utilisé et sous pente de l’ancienne soue à cochon. Tout juste peut on deviner son passage au vu des marqueurs territoriaux qu’elle laisse en évidence pour qui veut bien chercher : de petites crottes torsadées, crossées tel le bâton d’un évêque.

De mai à août, c’est une toute autre paire de manche ! Entre le rut, les mises bas, les premiers pas des petits, les cavalcades, les bousculades, les empoignades, pour qui vit avec la fouine à ses côtés l’animation nocturne est garantie ! La cohabitation est d’ailleurs chaudement recommandée pour les insomniaques qui la nuit au lit s’ennuient !

Le spectacle n’est accessibles que pour quelques privilégiés, la fouine n’étant guère invasive.

Cette bonne mère règne en moyenne sur l’équivalent surfacique de 40 stades de football, tantôt beaucoup plus, tantôt beaucoup moins, c’est selon l’abondance de ce que l’on y trouve à se mettre sous le croc. Les territoires d’individus de même sexe ne se superposant pas, votre maison, votre grenier, votre cabanon de jardin, seront l’exclusivité d’un ou deux individus pendant plus de la moitié de l’année, comme l’hermine, le domaine d’un mâle englobant les surfaces d’une ou plusieurs femelles…

Le Groupement d’Étude et de Protection des Mammifères d’Alsace comptabilise 1 individu au km2.

Une étude luxembourgeoise quand à elle révélerait qu’en milieu urbain l’on compterait 2 fouines par tranche de 1000 habitants soit, je le rajoute pour tous les automobilistes qui craignent de se faire dévorer quelques câbles, 1 fouine pour plusieurs centaines de voitures.

Ça vous est arrivé ? Ne hurlez pas trop vite comme le font certains : «  mais qu’ai je fais au bon Dieu pour mériter cela !… ». Il n’est point, lui, le concepteur de la durite au maïs !

Seul un génie humain pouvait inventer cela !

Les véhicules endommagés seraient plutôt du type « nomade » précisent mes feuillets, ils « dormiraient » hors garage et seraient estimés à 1%  seulement ! C’est peu… Il y a beaucoup plus de risques, croyez moi, de se faire vandaliser twingo, punto et polo, par un vandale à deux pattes que par un jeune mustélidé qui mâchonne pour goûter tout ce qui passe à sa portée !

La plupart du temps, en vérité, la fouine se contentera de pisser sur vos pneus histoire de masquer les effluves publicitaires d’un concurrent éventuel !

Nous sommes début mars, les effectifs de fouines sur vos possessions foncières vont doubler, tripler   voir peut être quadrupler, l’accouplement qui a eu lieu en juillet et août dernier va en effet porter ses fruits, les ovules vont s’implanter dans l’utérus et commencer leur développement embryonnaire. Deux à trois petits naîtront d’ici à peine un mois.

Nous attendons au meyersbuhl l’heureux événement des naissances avec impatience ! La mise bas à lieu le plus souvent entre deux palettes, sous le foin d’Ophélie, notre douairière jersiaise, qui vient de souffler sur ses 17 bougies !

Les piles de bois environnantes font d’excellentes aires de jeux et c’est très amusant d’entendre nos galopins se poursuivre. Ces petits fouineurs sont plutôt tapageurs ! Ça court, ça joue, ça glousse et ça pousse de rigolos trémolos ! Quand entre deux rondins la tête de maman Fouine, toute excitée, émerge et nous décèle, un seul sifflement strident suffit à stopper le chahut de la marmaille :

– « Chut, garnements ! Le silence, sachez le, seul, est gage de notre invisibilité ! »

Point très important si vous voulez réussir, sur votre propriété, votre colocation : n’oubliez surtout pas de mettre à la disposition de notre amie, à l’écart du domicile familial, quelques abris tranquilles voués à la néo-natalité. Si par malheur, oublieux que vous êtes, vous avez laissé sous votre toit notre maman fouine accoucher… oups ! A moins que vous n’ayez le sens olfactif d’une bébé chouette effraie habituée dès le plus jeune âge au matelas de fientes superposées la cohabitation va bientôt vous imposer une contrainte je le crains non souhaitée !

La fouine a la mauvaise habitude d’épandre dès la fin mai autour de son logis un arôme indélicat, un parfum nauséabond. Disons le tout de go, ça va bientôt sentir chez vous le cadavre qui fermente, la charogne qui se meut agitée par la masse grouillante d’asticots affamés !

Explication !

Les jeunes nés mi mars début avril vont en très peu de temps passer du lait maternel à un solide plus carné : souris, mulots, rats, oiseaux ramenés à domicile…

Le fait est que la fouine n’est point fée du logis. Inutile de l’inviter à débarrasser la table, faire la vaisselle, passer le coup de balais, épousseter, dépoussiérer, javeliser. Parlez lui, ménage, St Marc, O Cédar, M. Propre, elle vous répondra : « Je sais pas ! Connaît pas ! Comprend pas tout ça ! »

Je compatis. J’ai moi même  actuellement l’un de mes terriers secondaires occupé par un locataire peu soigneux : Émile Goupil ! Ces deux là, s’ils poétisaient ensemble, ferait rimer cuisine avec latrines. Le fruit de leur digestion n’est généralement éloigné que de quelques décimètres des restes de leurs repas. En matière de compostage et de TLB, ce sont des ignares ! Ah ils ne l’ont pas volés leur étiquette de « puants » !

(TLB = toilettes à litières bio-maîtrisée, si ça ne vous évoque rien rendez vous au prochain écho !)

Bon, je vous rassure, cette situation olfactive catastrophique ne va, en ce qui vous concerne, point durer ! Primo, en été, le régime alimentaire des martes foinas est en partie composé de fruits et de baies, secundo, en septembre la progéniture de maman fouine sera envoyée dans le vaste monde à la découverte de nouveaux horizons selon un principe digne d’un marin breton : les voyages forment la jeunesse ! Chacun devra conquérir son lot de terres et ce ne sera pas une mince affaire…

Avant de vous servir la louche finale qui vous amènera vers la fin de cette missive, je souhaiterais vous lire ce qui suit, j’en ai fais lecture aux habitants des forêts et sous bois, cela les a ravi.

« En forêt et en milieu rural la fouine agit comme élément intégral de l’écosystème. En tant que consommateur de souris et de rats, on peut, sans hésitation, la considérer comme espèce bénéfique pour l’agriculture. Ceci est une des raisons pour lesquelles la fouine n’est plus chassable

Considérant la destruction des habitats naturels et les efforts du Ministère de l’Environnement d’enrayer cette tendance et de mettre fin aux extinctions d’espèces, on devrait saluer le fait qu’un animal aussi sympathique que la fouine constitue toujours un élément intégral de notre environnement… »

C’était en 2007, déclaration d’un ministre européen qui paraissait écologiquement à la hauteur !

Ce n’était bien malheureusement pas un français, nos énarques bons enfants y prônent une écologie boursière plutôt tendance, semblerait il, « Bayer-Monsanto » !

Ce n’est pas Dupont de Nemours, deuxième marche du podium sur le marché mondial du panneau solaire, qui nous dira le contraire !!!

Du FIN fond de la vallée de Munster,

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Février 2015

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Février 2015

Cependant que les marchands mondialistes semblent préparer nos jeunes tambours à de funestes usages, loin d’épouser ces controverses dignes de Beckett dont on nous saoule à fortes louches (« Charlie or not Charlie »), dans le sillage de tous les retirés du monde qui au tumulte de l’irritabilité urbaine préfèrent la paix des « déserts », ma plume est heureuse de te servir, cher lecteur, une petite cuillère du distillat « homéopathique » de ses dernières élucubrations,

Bonjour à tous !

Pour continuer cette année déjà bien entamée, bravons l’enneigement et mettons nous à l’affût du boulimique campagnol. Ou trouverons nous ce ravageur redouté des amateurs de potagers ?

Si tu as, cher ami qui me lit, une bâche noire pliée en quatre posée au sol près de ton carré de topinambours, bingo, dégages la, inutile de le chercher plus loin ! Tu dénicheras sous cette épaisse couverture, reliés par un tas de galeries, des greniers remplis de tubercules délicatement dépiautés ! C’est le garde manger de notre gourmand à grandes quenottes !

Oui je sais, l’on à peine à croire que c’est là l’œuvre de rongeurs tellement c’est propret : pas la moindre trace de dent, les topinambours épluchés semblent fin prêts à être cuits et consommés !

Certains de nos aïeux devant cet ouvrage en conclurent d’ailleurs que c’était l’œuvre, non de rats ou de souris, mais très certainement de petits lutins très serviables qui habitaient dans des trous les dessous de la terre ! Ah les farceurs ! J’ignore si c’est ainsi que naquirent les trolles en Alsace mais c’ est certainement par l’une de ces facéties que prirent formes les korrigans au pays des bigoudènes, du cidre et du chouchen !

Examinons attentivement les alentours de notre bunker alimentaire.

Peut être trouverons nous au travers des traces que nous révèle le gel matinal les petites empreintes griffues à cinq doigts de celle qui de Brest à Nantes ornent les écus, les drapeaux et les blasons bretons.

Voici un écrit consacré à ma cousine l’hermine, la plus blanche de tous les mustélidés en cette période de l’année.

Que l’on ai rangé longtemps parmi les puants et nuisibles celle que les romains nommaient « rat d’Arménie » montre bien l’acuité de taupe qu’ont pour la création nos grands parents, arrières petits fillots d’Adam, père de Cain, saint patron des mauvais larrons.

En matière de gestion naturelle trop nombreux sont ceux qui, en bon désamoureurs, n’ont pour vision du monde que le bout du nez de la lunette qui équipe le canon de leur fusil !

Bon, il est vrai que l’hermine européenne, contrairement à sa frangine nord américaine beaucoup plus petite, se concocte de joyeux repas mitonnés à base de lièvres et de lapins or tu sais que les accrocs de la winchester ne sont guère partageurs : ils n’aiment point que l’on touche à ce qu’ils prédestinent pour la gibecière !

Le bon Dieu, créateur perspicace, à pour sa part imaginé et conçu l’hermine à des fins très utiles.

Ce symbole de la pureté qui octroya à mes ancêtres le dicton « »Kentoc’h mervel eget bezañ saotret », « plutôt mourir que d’être souillé ! », consomme mulots et souris, quelques petits oiseaux, accessoirement des musaraignes, taupes, invertébrés et reptiles, mais c’est dans les rangs des campagnols qu’elle puise l’essentiel de ses menus.

Règle de calcul étayant ces propos et prouvant la nécessité de préserver coûte que coûte la bestiole :

Une hermine adulte pèse en moyenne entre 200 gr et 360 gr, elle consommerait quotidiennement entre 70 et 230 gr de pâté carné soit l’équivalent de 3 à 8 campagnols par jour.

Le jardinier bio aura vite fait l’addition, la présence d’une hermine autour du potager représentera 1000 à 3000 rongeurs en moins par an !

Question : Comment inviter une hermine à venir camper près des carottes et panais ?

Règle de trois : Laisses faire la nature, bannis produits chimiques/raticides, plantes des haies !

Tous les milieux ou presque conviennent à notre amie pourvu que ce soit froid ou tempéré. Ne l’envoies pas se faire voir chez les grecs, elle ne s’y plairait pas : le régime crétois ne lui sied point ! Elle évitera les zones de cultures dépourvues de haies et les forêts denses mais appréciera champs, pierriers, prairies, lisières forestières, corridors écologiques, fossés, friches broussailleuses, vergers, parcs boisés et comme le muscardin, la proximité des ruisseaux ou d’un étang.

Contrairement au blaireau ou au loup qui vivent en clan, l’hermine est une solitaire qui n’aime pas la collocation et se complaît, seule, sur de larges espaces. Elle est représentatives des jeunes couples modernes qui vivent éloignés des luminaires évangéliques et devrait plaire aux inadaptés de la cellule familiale originelle : en dehors des devoirs conjugaux, c’est chacun chez soi !

Les mâles beaucoup plus gros que les femelles ont un territoire plus grand.

Madame n’a qu’une portée par an avec un taux de mortalité très fort.

Les effectifs seraient plutôt en baisse, l’on compte de 1 à 10 individus pour 100 hectares selon les ressources disponibles et l’état des biotopes.

Les territoires des individus du même sexe ne se chevauchent pas et les individus de sexes différents ont tendance à s’éviter mutuellement dans les zones de chevauchement : cher ami jardinier, si tu as engrillagé tes laitues et petits pois sur l’une de ces zones ne t’étonne point de voir chez toi les campagnols danser la carmagnole ! Une hermine sur cet espace si l’on suit ce qui est écrit sous entendrait « campagne de rut ! », période où l’animal a d’autres préoccupations, crois moi, que les simples plaisirs de l’estomac !!!

C’est toujours très rigolo de voir l’hermine en pleine action (de chasse j’entends !). Ça se faufile avec vivacité le long des sentiers, des fossés, des murets, des buissons. Chaque trou est inspecté et entre deux cavités, en position de lemming, droite comme un i, l’hermine inspecte à vue ! Si elle te vois et que tu ne te meus point, comme elle est curieuse et si tu es d’un naturel chanceux, elle s’approchera au plus près, venant, disparaissant, en poussant parfois des petits cris stridents intrigués…

L’hermine femelle peut, telle une belette, poursuivre ses proies sous terre. (Le mâle est trop gros !) Hors période de disette, lorsque l’hermine tombe sur tout un nid, elle pourra avoir tendance à s’emballer et à zigouiller tout ce qui bouge ce qui lui valu dans nos campagnes une triste réputation de monstre sanguinaire.

L’hermine fut longtemps considérée comme une buveuse de sang : la Dracula des poulaillers et clapiers !

Parlons métabolisme : le rythme cardiaque au repos de l’hermine est de 6 battements seconde et son rythme respiratoire atteint 100 ventilations par minute. Lorsqu’elle se retrouve par mégarde de la part de l’éleveur dans un cheptel de poules, les cris de paniques et la débandade générale lui cause une vive excitation. Lorsqu’elle s’excite, elle s’emballe, lorsqu’elle s’emballe, elle « crise », lorsqu’elle crise, madame pète les plombs : c’est le carnage !

En chaque hermine, mes agneaux, sommeille un Hannibal Lecter !

Au meyersbuhl nous avons appris à nos dépends qu’il est quasi impossible de lui porter secours. Le stress est tel qu’elle enchaîne incident cardiaque sur incident cardiaque et fini par vous claquer entre les doigts sans que vous puissiez rien n’y faire.

Intervenir auprès d’un adulte sans anesthésiant est peine perdue.

Le transfert vers un centre de soins semble tout aussi fatal.

Longévité et prédation :

Bien que les doyennes soufflent parfois leur 7 bougies, l’espérance de vie chez l’hermine n’est que d’un an et demie. L’hermine est prédatée par le hibou grand duc, les renards, les campagnes de dératisation et bien évidemment la chasse !

De quelle couleur est la peau tant convoitée ? L’hermine, on le sait, n’est pas blanche toute l’année.

Elle connaît deux périodes de mue. De mars à juin elle perd son pelage d’hiver et passe du blanc au brun. De septembre à Octobre, elle vire du brun au blanc. La mue du printemps débute par la tête et se termine par le ventre, inversement pour la mue d’automne, ça débute par le ventre et ça s’achève par la tête. A noter que toutes les hermines ne deviennent pas toutes blanches en hiver ! Selon la géolocalisation, l’altitude, le climat, certaines hermines restent brunes, d’autres prennent une robe fauve tacheté… En règle générale, plus on irait au sud, plus ce serait brun, plus on irait au nord, plus ce serait blanc ! La mue peut se faire en deux à trois jours !

L’ hermine ornait autrefois les robes des rois et des religieux. Elle bordure encore parfois celle des juges, des avocats, des magistrats chaleureusement orientés vers du poil plus synthétique. Les romains ont défilés interpellant leur pape pour que sur sa cape elle soit supprimée…

Cette fourrure aujourd’hui est essentiellement destinée aujourd’hui au marché de la mode et du luxe. Un marché qui ne connaît pas la crise si l’on en croit les déclarations d’ Herman Jansen, ex-exportateur canadien de fourrures de la baie d’Hudson.

Combien de cadavres d’animaux faut il pour réaliser un manteau de star capricieuse ?

Renards polaires : 15 à 24
Renards roux : près de 20
Ratons laveurs : 27 à 30
Loups : 3 à 10
Lynx : 12 à 15
Agneaux : plus de 30
Coyotes : une quinzaine
Loutres : 20 à 30
Opossum : près de 50
Visons : 30 à 80
Hermines : 150 à 240 !

Devant l’abondance et la richesse des tissus qui nous entourent ce commerce là ne devrait plus exister.

L’on ne chasse pas en France l’hermine pour sa peau. En France l’on chasse pour le plaisir. En France, la chasse est le sport le plus pratiqué après le football ! La France est le pays européens qui compte le plus de chasseurs ! Cocorico ! Cela nous fait 2 chasseurs au kilomètre carré !

Les évangiles chantent : « je vous donnerai un cœur de chair ! ». Pour pouvoir chasser, il faut justement se revêtir d’un cœur de pierre. Le chasseur en vérité ne serait il pas finalement, cher frère, chère sœur, un mutilé de l’amour ? Un « désamoureur » volontaire ? Les animaux de la forêt et des sous bois, eux en sont persuadés : chasser n’est pas réguler, chasser c’est tuer.

L’homme vaut mieux que cela.

Pour finir une info hors propos « tout sourire ».

En étalant devant moi plusieurs calendriers, j’ai constaté plusieurs dates pour la pleine lune de ce mois et cela vous aura très certainement échappé ! La plupart citaient mardi dernier, quelques uns mercredi. Le calendrier de la communauté des communes de la vallée de Munster frisait le décalage interstellaire : « La pleine lune ? C’était jeudi !!! ».

Je vous en serre cinq ! Fait à Sondernach le dimanche 08 février 2015

votre courtaud potto black and white,

L’écho des terriers de Jojo le blaireau – Janvier 2015

L’écho des terriers de Jojo le blaireau – Janvier 2015

Avant d’aborder ci dessous ma dernière note facétieuse, laissez moi vous souhaiter une « chouette » année 2015 !

« Chouette…» ?! Notifiez le sur vos agendas nature si ce n’est déjà fait, il y aura courant mars outre le sauvetage habituel des amphibiens, un événementiel devenu bisannuel chez les amis des oiseaux : une nuit consacrée aux ailes de la nuit, chats-huant, chevêche et autre effraie ! Nous en reparlerons !

Je vous le signale (et c’est un scoop qui ravira les naturalistes de la vallée), le hibou grand duc ferait peut être un come-back au pied des Vosges ! Il s’est fait entendre au Meyersbuhl il y a quelques nuits…

Sans plus tarder, par des rires ou sourires,

tout de go démarrons cet écho !

Le 23 décembre 2014 a lancé l’intoxication rituelle et cultuelle des organes digestifs. J’espère que vous vous en remettrez avant que n’adviennent les prochaines galettes de l’épiphanie !

Bien que la tendance soit à plus de frugalité, il nous est difficile d’échapper aux repas bien gras, copieusement arrosés de népenthès sucrés, d’alcoolats mielleux, de crémant et champagne. Même les plus pauvres d’entre nous quand ils le peuvent s’y adonnent : on bouffe, on s’empiffre, on se goinfre, on s’esquinte estomac, rate et foie, s’échangeant entre deux rots de contentement, un toast et trois truffes, de sempiternels cadeaux, de « joyeux noël », de merveilleux vœux de santé et de prospérité ! Dindes, saumons, esturgeons s’abstiennent bien évidemment de tout commentaire…

Cependant que les microbiens échanges qui sous le gui de la saint sylvestre auront rosi les joues de nos adolescents timides et essaimés les germes des dérèglements gastriques à venir, pimpant et guilleret hier encore, l’épicéa étoilé perdra demain inéluctablement de sa verve. Ses clins d’œils radieux cesseront d’enluminer le coin de votre salon. Au pied de son tronc, aiguilles, papiers, chaussettes, chérubins, boules et santons ne seront plus qu’un monticule à trier, à brûler, à ranger dans un casier cartonné du grenier jusqu’aux prochaines étrennes.

Votre Mistigri fait la gueule car cela dit en passant il n’avait jamais vu de si sympathique «arbre à chats » !

N’oubliez pas d’applaudir, chers ex-convives, les publicitaires du merchandising qui nous ont savamment orchestrés ces agapes pendant plus de deux mois. Ils ourdissent fort bien !

Entre les chapons, les œufs de lompes, le caviar, les rennes et la hotte du Père Noël ou de Saint Nicolas, il auront presque fait oublier à certains qu’il était pour d’autres une nativité à célébrer : il y a deux mille ans un sauveur nous naissait, désargenté, au sein d’un peuple opprimé, dans un pays militairement conquis.

Un enfant dans la paille sous le souffle d’un âne qui détenait en son sein le saint secret de la paix : « aimez vous les uns les autres ». Y’a du job !

De la Palestine à la Guinée, autres victimes, autres enjeux, autres occupants, cependant que les soldes de janvier et les prochaines hausses des prix sont d’ores et déjà ici annoncées, des parents réitèrent là bas sur les pas de Joseph et Marie le drame de la pauvreté, le drame de l’exclusion. Joyeux noël à tous.

Très, très loin de ce qui se joue sur le google-hearth-monopoly et la folie des hommes, enfoui et lové dans le creux de son arbre, blotti dessous l’étoffe douce de la queue touffue qui lui sert de couette, un rongeur échappe totalement aux étranges débordements de nos évanescences.

Il échappe au métronome du CAC 40.

Il échappe aux « néo-cultes » qu’imposent les villes-lumières.

Il semble échapper à l’histoire.

Le loir roupille.

Les pétards du jours de l’an fussent ils dans nos villages des plus bruyants l’ont à peine dérangé. 5° de température, 5 pulsations cardiaques toutes les soixante secondes, 2 respirations espacées de plusieurs minutes, l’on n’émerge pas de cet état paradisiaque d’un clignement de paupière sans préalablement réactiver la chaudière interne ! Il faut du temps.

Comme ses cousins lérots et muscardins, notre ami ne se réveillera véritablement qu’en mars-avril quand frère printemps houspillera ce : « debout les gars réveillez vous ! Il va falloir en mettre un coup ! » qui met la nature en émoi.

Dans les précédents échos nous avons vu que les hibernants n’abordaient pas ce retrait temporel à la légère. Le loir, qui ne pèse en été qu’entre 70 et 180 gr, affiche sur la balance en septembre jusqu’à 400 gr !

Les 5-7 petits qui naîtront en juin, ne pèseront que 2 gr ! Ils devront en moins de douze semaines gonfler leur poids de plus de 150 fois pour passer le cap de l’hiver ! Faines, noix, glands, châtaignes fourniront, nous l’avons lu, les huiles lipidiques nécessaires.

Un loir qui ne sommeille c’est joli, agile, enjoué et sacrément intrépide surtout lorsqu’il s’est habitué à votre frimousse !

Si comme Pascal et Viviane, vivant dans un champ d’arbres au pied d’une montagne, vous rêvez d’une cohabitation territoriale sympathique, ne rejetez pas ce conseil : plutôt que de tous vivre sous le même toit, optez pour « un logement chacun » !

Loir et lérot dans les soupentes sont souvent gages de dégâts ! Isolation bouffée, nuitées agrémentées de cavalcades dans les greniers, paquets de biscuits, cartons de fruits, entamés, éventrés, souillés…

Comment parvenir en six points au contentement de chacun ?

Vous veillerez à ne point toucher aux vieux arbres (chêne, châtaignier, hêtre, noyer…).

Vous favoriserez la présence des cavités naturelles.

Vous ne tronçonnerez pas les arbres morts.

Vous laisserez de hautes souches se dégrader naturellement.

Vous n’hésiterez pas à rajouter ici et là quelques abris artificiels et des haies dotées de noisetiers !

Important ! Le port d’une clochette pour tout ce qui ronronne sur vos genoux est fortement recommandé !

Si malgré les installations énumérées ci dessus vous vous faites toujours grignoter votre demeure, pas de panique ! En aucun cas ne faites intervenir les pourvoyeurs de raticides. Essayez plutôt ce qui suit…

Les gliridés ont l’odorat fort développé, l’astuce consistera donc à leur chatouiller le pif par des onguents répulsifs tels poivre, menthol, vinaigre, bâtons d’encens, eucalyptol, aminosol…

Ne souhaitant point me brouillez avez les pompiers qui me lisent, vous éviterez l’usage du gas-oil, de l’essence et de toute mise à feu du lieu de « non partage » !

Le piégeage et délogement territorial est fortement proscrit par les spécialistes. Ce qui est valable chez l’homme l’est aussi au pays des plus petits, l’expatrié apatride est le plus souvent condamné à être impitoyablement chassé, pourchassé, prédaté.

Certains tentent de se débarrasser chez leurs voisins de leur loir comme ils le font de leurs souris. Surprise ! Il semblerait que le loir rayonne de façon large. Aux pays des helvètes, des observateurs ont relevés qu’à moins de 10 km, ce croqueur de fruits secs retrouverait facilement son chemin !

Bon, n’oubliez pas que le loir est naturellement sylvicole. S’il occupe votre cabane c’est parce qu’elle se situe sur son territoire (évalué à 3-4 hectares). Tant que vous ne serez pas trop pollueur notre ami de votre présence sera ravi, il est très partageur de ce qui ne lui appartient point. Vous pouvez l’avoir chez vous 10 ans ! Facilement apprivoisable, rare, il est protégé par les conventions européennes. Si toutefois vraiment vous n’en pouvez plus, faites moi en un joli paquet enrubanné, je n’en ferais qu’une bouchée, parole de mustélidé !

Comme vos ancêtres les romains, je raffole du loir au gland !

Ils sont fous ces romains !

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Décembre 2014

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Décembre 2014

Je vous l’avait annoncé le mois dernier, l’écho de ce mois est consacré au lérot.

Celui que l’on appelle couramment le rat bayard, le rabaillet, le rat dormeur, le rat des vergers, le rat fruitier, le loir des greniers, la souris des chênes fait parti des cinq hibernants que nous hébergeons à notre altitude.

Blaireau, Muscardin, Loir, Lérot, Chiroptère sont les 4 autres.

Le forestier lérot, blanc-gris-café-au-lait, est facilement reconnaissable : sa queue se termine par un pinceau bicolore et il ne sort jamais sans son bandeau de fantômette sur la tête. On prête à cet agile animal la capacité de courir à la verticale le long des murs. Plus montagnard que ses cousins, loirs et muscardins, il affectionne le bon vieux plancher des vaches et sera rarement vu en train de jouer à Tarzan dans les cimes des arbres.

Mesurant près de 20 à 30 centimètre queue comprise pour un poids oscillant entre 60 gr au printemps jusqu’à des records de 200 gr avant l’hiver, c’est un adorable rongeur. Comme vous le dirait très certainement mon tonton Breton : «On lui donnerait le bon dieu sans confessions ! »

Un grand dormeur devant l’éternel !

Le lérot, comme tout bon gliridé qui se respecte, dort le jour vit plutôt la nuit. Cet « Alexandre le bienheureux » passe, figurez vous, jusqu’à plus de la moitié de l’année au lit.

Il pousse le vice à hiberner parfois en plein été !

Moins de 12° Celsius vous l’enverra illico presto au dodo.

Son rythme cardiaque passe, quand il dort ainsi, de 300 pulsations à 2 battements minutes. Vertigineusement sa température corporelle quand à elle chute à 5°Celsius !

Si ça c’est pas de l’économie d’énergie !

Le long sommeil de ce fainéant sera ponctué de courts réveils, c’est une question de survie, l’on ne peux sommeiller six mois impunément en continu sans se détériorer. Contre le pourrissement des cellules par manque d’oxygénation, rien ne vaut un peu d’action ! Si vous localisez ce ronfleur pendant sa léthargie ne soyez pas surpris de ne point le voir réagir à votre présence : monsieur dort à poings fermés comme déconnecté. Il lui faudra parfois plusieurs minutes pour se « réactiver », autant pour se « ré-endormir » !

Accessoirement durant ces « insomnies » répétitives il grignotera un peu, il fera fonctionner ses voies urinaires, se dégorgera les sphincters.

Dans quatre mois, en mars, après un bon toilettage printanier et quelques séances de prise de poids on l’entendra sonner la charge de la reproduction de l’espèce. Le lérot est bruyant ! Il grince, chuinte, claque des dents, caquète, siffle, murmure et ses cris sont perçants ! Lorsqu’il court dans les greniers on le dirait de bottes chaussé !

Les jeunes « garden dormouse » comme les appellent nos voisins outre-manche sont précoces, adultes à la 10ème semaine, ils ont l’aptitude requise pour gonfler la densité de leur territoire dès le quatrième mois ! Damoiseau et damoiselle courtisent très jeune !

Compter une à deux portées par an selon votre localisation, 2 à 7 petits par « livraison » dès le début de l’été prochain !

(En Alsace ce sont les cigognes qui acheminent les paquets, c’est bien connu !)

Le lérot peut se confectionner un cercle de mousses et d’herbes pour nid d’été.

Sachez toutefois qu’il squatte plus facilement qu’il ne construit et toute cavité fera l’affaire : arbre creux, tas de bois, cabane de jardin, boite aux lettres, nichoir à oiseaux, vieux murs…

Au refuge, l’endroit le plus insolite où j’ai trouvé l’un de ces joyeux drilles était une bassine stockée sous abris au jardin. Ce farceur dormait entre deux replis de couvertures sur lesquels notre chat papoose avait lui même ses habitudes !

Il est mignon, il est charmant, mais attention, c’est un brigand !

Notre ami fait parti de ces rongeurs qui possèdent, outre les incisives des grignoteurs, les dents pointues d’un carnivore ! Contrairement au Muscardin, plus poète, qui privilégie les fleurs, les bourgeons, les fruits et les baies, le lérot gnaque volontiers dans la barbaque de dame musaraigne !

Grenouilles, oiseaux, escargots, insectes, souris figureront massivement sur la liste des besoins établie par son coach en diététique ! La matière carnée qu’il se met sous ses 20 dents représenterait jusqu’à 80% de son nécessaire alimentaire ! On le dit même carrément cannibale lorsqu’il s’agit de se débarrasser de la dépouille d’un rival !

Dans la chaîne des je te mange – tu me manges notre ami sera lui même apprécié par les chats, les fouines, les effraies et les hulottes.

Un lérot farci à la groseille ? Hum ! Un régal ! « Le pt’it Jésus en culotte de velours !» vous dicterait là encore mon bretonnant tonton s’il était un chat-huant !

Contrairement à son cousin le muscardin, elyomis quercinus aime cohabiter avec les petits fillots d’Adam.

L’habitat de l’être humain est, pour lui, une bénédiction du bon Dieu tant que n’est pas passé par là l’épouvantable pourvoyeur de mort à rat.

Si vous avez autour de chez vous 2, 3 hectares de disponibles, excellent, c’est pile poil ce qu’il lui faut !

Outre les sous toitures, véritable paradis de la literie, greniers et buffet, recèlent de trésors ! On y trouve à manger, à sucer, à croquer, des pommes par ci, des poires par là, des confitures, des céréales et des biscuits !

Le top des top c’est la chocolaterie, la confiserie, la pâtisserie de renom !

Une fois qu’il s’y est installé, difficile, croyez moi, de l’en déloger !

Saches le, cher ami touriste, nous sommes bien achalandé dans la vallée !

Entre Grimmer le chocolatier de Wintzenheim et Willy le patissier de Munster, nul ne saurait ignorer l’incontournable Marie qui sévit à Turckheim et Whir au val pour le plus grand bonheur de nos papilles !

Ah ! Ces lieux évocateurs ne font pas rêver que les lérots j’en fais le pari !

Tenez, j’en ai moi même le cœur tout chaviré !

Notez qu’en hibernant d’Octobre à Avril, les lérots loupent un tas de friandises que nous concoctent ces maestros du cacao et du rouleau à patisser entre Novembre à Pâques !

Enfin, ne nous égarons pas revenons au lérot…

Je n’insiste pas vous l’avez compris, si vous voulez accueillir chez vous ce petit colocataire que le bon Dieu nous a confié, il vous est conseillé de maîtriser l’espace gîte et couvert.

Bref veillez à bien isoler votre grenier et tenez fermé sous clé toutes vos bonnes denrées !

Au besoin installez lui dehors comme nous dortoir et mangeoire.

J’aurais encore tout plein de choses à vous narrer sur ce bandit masqué grand amateur de graines de tournesol et de miel mais l’aube point et il nous faut nous quitter. Je vous rassure ce n’est qu’un au revoir mes frères, je reviendrai dans deux, trois semaines pour le dernier écho de l’année il sera consacré comme prévu au gliridé qui nous reste à aborder : le loir !

Sachez qu’il me fut compliqué de vous écrire la bafouille de ce mois !

Essayez de taper un texte avec deux petits monstres qui vous griffouillent, vous mordouillent, vous mâchouillent, vous léchouillent et courent sur les touches de votre clavier comme les doigts de Jerry Lee Lewis sur les notes d’un piano :

la tache n’est pas aisée !

« Louve et Miss T » sont les petites victimes d’une « Cruella » des temps modernes, anthroposophique mystique ébranlée, qui pour gagner de l’argent asservissait leur mère en vendant ses portées.

Une bien pauvre chatte en vérité.

L’infâme femme déménageant dans un espace inadapté ayant cessée sa lucrative activité s’est empressée le mois dernier de déposer l’exploitée devenue inutile à la SPA de Colmar.

Les bébés invendus quand à eux ( y figurait Louve et Miss T) ont été abandonnés, largués, semés en Forêt tel les cailloux du petit poucet.

Les habitants de la Forêt, les animaux des sous bois, Cruella, te le scandent avec moi : « Houuu ! Honte à toi ».

Le mot de la fin ?

Malgré les dégâts que le lérot peut faire dans notre laine de verre, Il nous faudrait être dératiseur ou bien mal embouchés pour ne point réussir à aimer sa jolie frimousse, sa mignonne trogne.

Signé : Jojo, le zazou zorro des sous bois

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Octobre 2014

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Octobre 2014

Peu le connaisse et rares sont ceux qui l’ont vu.

Pour surprendre sa silhouette fugitive il faut, sinon de la persévérance, surtout beaucoup de chance ! Caché dans son territoire de ronces, le micro-mammifère de cet écho est aussi difficile à localiser que l’insaisissable dahu. On suspecterait presque cette superbe boule rousse aux yeux noirs d’homophobie tant elle se fait discrète, elle vit la nuit, dort le jour et tel un Gremlin craint la pluie !

(Pendant que vous cherchez le nom de l’animal je m’étale!)

« Mais qu’est ce qu’au juste qu’un Gremlin ?! » Pour ceux qui l’ignorent, le Gremlin, animal fantasmagorique est à l’origine non une peluche cinématographique mais une farceuse créature inventée par les brittichs et utilisée pendant la 2nde guerre mondiale afin de justifier les incidents dont étaient victimes les pilotes de la Royal Air Force ! Ce lutin des airs était accusé, tenez vous bien, de détériorer les voilures, de casser les moteurs… Ceci expliquant peut être cela, il est bon de savoir qu’en cette période tourmentée, l’aéronautique expérimentait via des bombardements d’infrasons quelques variantes du fameux rayon de NicolasTesla, père spirituel des Jack Cover, Vladimir Vernadsky et Alexander Davydov à venir (ensemencements de nuages, Haarp, canon à nanoparticules…). Avion et pilote partaient en pleine forme puis s’en revenaient sur le tarmac un tantinet disloqués, mécaniquement pour l’un, psychologiquement pour l’autre…

Trèfle de plaisanterie, fermons la parenthèse et passons au héros du jour, passons au muscardin. Le muscardin, joyeux lutin, splendide sylphe, elfe bellissime, est un amour de bestiole, une merveille du bon Dieu, tous les passionnés l’ayant approchés en conviendront,

Cet écho lui est consacré au travers d’un grand jeu titré : Chassons la noisette et les autres trésors du « rat d’or » !
Pour y participer, n’oubliez pas à l’issue de ce courriel de faire un petit tour sur le site associatif régional qui vous concerne – le GEPMA pour l’Alsace – le CMNF pour le nord pas de calais – le GMA pour l’Auvergne – la LPO PACA pour la Provence Alpes Cotes d’Azur – le GMB pour ma fratrie Bretonne…Les mammalogistes y échangent volontiers leurs savoirs, ils comptent sur une remontée d’info. Les « trésors » trouvés sur le terrain par les «joueurs participants» permettent d’infirmer, confirmer, peaufiner les données cartographiques connues !

Principe du jeu :

Il s’agit de chercher les deux indices de présence que laisse derrière lui notre ami : les nids et les noisettes rongées.

1er indice (pas facile à trouver) : Les nids…

Le muscardin utilise trois sortes de nids : le nid d’hivers, le nid de maternité et le nid d’été, nous allons nous intéresser aux deux derniers. Actuellement cachés dans les branchages tels des oeufs de pâques, ils n’attendent que vous ! Vous pouvez les ramasser, ils ne seront plus utilisés, ils sont voués à être détruits par les intempéries…

Si le nid déniché est une balle de 8cm de diamètre de fibres végétales tissées, il s’agit d’un studio de célibataire. Il y en aura généralement trois ou quatre autres pas très loin. On trouve ces nids généralement à moins de cinq mètres de hauteur.

Si le nid fait près de quinze centimètres de diamètre, il s’agit d’un nid de maternité ou nid d’élevage, belle trouvaille ! Ce nid abritait cet été une maman et ses petits. Il

arrive parfois que plusieurs mamans réunissent leurs progénitures sous la bienveillance d’une gardienne allaitante agréée.

(Ainsi le muscardin avant l’homme inventa t-il la crèche ?!)

Adepte de la transition énergétique : (il mériterait d’en être l’emblème !)

Lorsqu’une tête blonde contemple le nid d’un muscardin pour la première fois, une question claironne fort et claire : Mais où est donc l’entrée ? L’adulte plus discrètement pour ne pas avoir l’air sot se le demandera à lui même ! Réponse : le muscardin, écologiquement bien élevé, qu’il entre ou qu’il sorte, derrière lui referme toujours la porte !

Nid de muscardin ou nid de rat des moissons ?

L’on peut parfois confondre, en plaine, le nid du muscardin avec celui du rat des moissons. Le nid du muscardin sera posé sur des branchettes, celui du rat sera enchevêtré sur son support. Le rat des moissons affectionne les zones franchement humides type rives d’étangs, berges inondables, roselières… En cas de doute consulter une association naturaliste locale !

Où chercher ?

Il vous faut idéalement un massif de ronciers ou une zone d’herbacées bien touffu, impénétrable, fait d’ arbustif ensoleillé. Prunelliers, aubépines, églantiers, clématite des haies, houblon, chèvrefeuille, noisetiers, sorbiers, sureaux, merisiers, chênes, noyers, charmes ou bouleaux réjouiront de leur présence notre tom pouce.

Les épineux le protégeront des prédateurs, les arbres crevassés de plus de 30 ans pourvoiront à l’apport protéinique d’insectes nécessaire au printemps, les mûres nourriront sa marmaille en été, les huiles des fruits secs seront en septembre engrangées dans les sacs à gras internes prévus pour l’hibernation. Les plantes lianes fourniront quand à elles nid et système d’alarme…

Notre ami use de l’enchevêtrement des ronces et chèvrefeuille comme d’un avertisseur silencieux. La moindre intrusion déclenche la vibration qui l’alertant, le fait disparaître par une pincée subtile de poudre d’escampette ! Le muscardin se nourrit tour à tour au fil des mois d’insectes, de bourgeons, de feuilles, de fleurs, de baies, de graines. Certains l’ont surpris à prélever quelques morceaux d’écorce et de champignons, quelques lampées de sève.

Voilà qui nous fait aborder le 2nd indice : Les restes de repas !

(Plus facile à trouver, c’est donc par là qu’il vous faut commencer !)

En Alsace, les fins limiers du GEPMA se proposent de recueillir les sachets de noisettes grignotées et ainsi d’identifier pour vous qui à mangé quoi ! Un flyers explicatif est à votre disposition sur leur site.)

Bien que le fruit de l’arbrisseau symbolique des sourciers ne soit pas le met préféré de notre furtif compagnon qui lui préférera les faines et les noix, la noisette plus commune, plus aisée à trouver, est vitale. L’allevanarius fournie en effet la majeure partie de la graisse qui permettra en dix jours de faire peut être face aux sept mois d’hibernation qui attendent ce grand ronfleur. (J’utilise le mot peut être car le taux de mortalité durant cette longue période frise en certains endroits les 70 – 80%).

Bref pour le muscardinus allevanarius, sciurus allevanarius, mus allevanarius, glis allevanarius, myoxus allevanarius – nos savants ont eu beaucoup de mal comme vous pouvez le lire à s’entendre sur une dénomination commune ! – l’important, vous l’aurez compris, ce n’est ni la rose, ni le lilas…

Pour trouver le deuxième indice, il faut donc vous rendre au pied du bosquet de noisetiers le plus proche. Rayon d’action : 70 mètres autour du nid. Ce bosquet doit impérativement être accessible par les airs. Notre équilibriste est un « accroc-branche » né. Les prédateurs-fins-gourmets qui l’attendent au sol sont nombreux : fouines, chats, martres, hermines, renards, sangliers, blaireaux ! Ronciers ou noisetiers isolés au beau milieu d’un pré ne seront guère prisés par notre gliridé.

Au pied des coudriers (autre nom de l’arbre à « nutella »), quelques akènes vertes ou brunes vidées de leur nutriment témoigneront de son passage. La façon de percer l’écorce est typique. L’arrondi du trou est net, les bords légèrement obliques sont lissés comme passés au papier de verre, diamètre huit millimètres. Mulots et campagnols laissent des marques d’incisives râpeuses plus visibles et les contours du trou sont irréguliers. (Vous trouverez sur le net de nombreuses photos étayant mes propos…)

Afin de vous préparer au jeu qu vous concocte Jojo pour animer goûters d’anniversaire et après midi récréatives début d’année prochaine, voici deux, trois informations supplémentaires…

Sachez que le muscardin met prêt de 20 minutes pour se délecter d’une noisette et qu’un nouveau né pèse entre 1 et 2 grammes.

Le rat d’or est grisâtre la première année, sa somptueuse teinte dorée lui étant octroyée pour son premier anniversaire, à la sortie de son premier hivers.

Les muscardins plutôt « cool raoul » en matière de sociabilité deviennent territoriaux en période de reproduction pour les mâles, en période de maternité pour les femelles.

L’on compte, selon la localisation, une à deux portée par an de 4 à 5 petits.

Le muscardin peut vivre cinq ans.

2 années de mauvais temps peuvent suffire à décimer la population d’un site.

Le muscardin est européen, il est présent du sud de la Grande Bretagne jusqu’en Russie, il trouve sa limite nord en Suède et sa limite sud aux abords méditerranéens.

En dehors de l’Angleterre il ne serait pas insulaire et il n’est pas présent en Corse.

La densité du muscardin en France s’affiche avec 1 à 2 individus pour 1 hectare contre 1 à 3 en Lituanie, 1 à 4 en Suisse, 8 à 10 en Angleterre, le record étant de 15 individus à l’hectare, ce qui reste ridicule pour un si petit rongeur.

Le muscardin aime le Nord Est qu’il préfère au reste de la France ! Kikiriki !

Au vu des observations relevées, bien qu’on le retrouve jusqu’à 1350 m sur les crêtes vosgiennes, il semblerait que les effectifs du muscardin en Alsace faiblissent au dessus de 400/500 m. (Notons qu’à partir de cette altitude c’est peut être le nombre de « recenseurs » qui fait défaut !) Son record ? 1980 m ! C’était en macédoine.

Le muscardin est un grand dormeur…

15 heures de sommeil minimum chaque jour entre avril et septembre, voilà de quoi faire rêver les plus fatigués d’entre nous ! (Ce n’est peut être pas pour sa couleur que le célèbre naturaliste Buffon le nommait, lui, le « ratdort » !!!)

En octobre, notre « copain » intensifie ses phases de couette chaude : plus de 20 heures de gros dodo contre moins de quatre heures de repas continu. Dès que le poids de 40 grammes sera atteint son horloge interne sonnera le « dring » de la mise au pieu. Dans un nid fait de feuilles et de mousses, sous les racines superficielles d’un arbre ou dans une excavation du sol, cependant que les grues cendrées passeront dans le ciel, notre ami pour de longs mois s’endormira, copiant la belle au bois dormant !

Il aime la ouate moite…

Il est noté que sur le territoire du Muscardin, un ruissellement ou un cours d’eau est souvent présent. Le nid d’hiver doit être un tantinet humide ne pas être mouillé, en aucun cas trop sec, c’est un gage de survie. Pendant son hibernation notre ami ne boit pas, il lui faut donc de la fraîcheur pour ne point déshydrater.

Il est mini-mini !

Quinze centimètres à tout casser, c’est le plus petit de nos 3 gliridés.

Vous retrouverez ses deux copains, le lérot dans l’écho de novembre, le loir dans celui de décembre.

Le muscardin pratique l’autotomie !

Pour échapper à ses prédateurs, le muscardin abandonne à ses poursuivants une partie de son corps, à savoir les trois quart du fourreau qui lui entoure la queue. Un muscardin à la queue nue comme un rat n’est pas un pestiféré, c’est juste un rescapé qui l’a échappé belle !

Le muscardin est hydrophobe !

Les populations de Muscardins se raréfient là où les hivers sont doux et surtout les étés trop détrempés ! Les muscardins contrairement à d’autres rongeurs, tel mulots ou souris qui ont un pelage plus adapté, n’aiment pas l’eau. Pluies, bruines, overdoses d’humidité peuvent lui être fatales. Les récentes déclarations des climatologues ne font du fait pas leur bonheur car, pluies, bruines, humidité, c’est exactement le prévisionnel annoncé pour les étés à venir…

Le muscardin n’est pas toujours ce pierrot de la lune, artiste funambule exclusivement nocturne que l’on voudrait nous faire croire !

Délaissant sa tranche horaire habituelle 22h – 04h, il sort parfois deux, trois heures, en plein jour, lorsqu’il a plu toute la nuit ou qu’il a fait trop froid. (Notamment fin septembre début octobre !)

Avis aux amateurs ! Des études ont montré que tout verger, tout jardin de 20 à 30 ares, bien agencé et intelligemment entretenu, peut devenir un écosystème favorable au muscardin, animal bio-indicateur d’un espace faunistique riche : une haie où vit le muscardin abriterait plus de 1500 espèces, rongeurs, insectes, oiseaux…!

J’aurais encore énormément de chose à vous dire sur mon petit copain mais il se fait tard, le marchand de sable m’alourdissant les paupières, il me faut d’un long bâillement vous quitter sur un dernier rappel et deux petits points !

Rappel : le muscardin est protégé par la convention de Berne, il est strictement défendu de détruire son habitat !

1er petit point ! En jouant au jeu du mois et en envoyant vos trouvailles aux antennes régionales de France Nature Environnement, vous aiderez peut être à contrer les projets invasifs des bétonneurs végétalivores qui détériorent notre décor : là où est le muscardin : « il ne faut pas toucher » !

2nd petit point et ce sera la mot de la fin : courrez dès à présent vers les sous bois buissonnants. Peut être est il un malagnou près de chez vous !!!

* malagnou : nom donné en patois au muscardin par nos amis suisses romands…