Hamster : changer de modèle agricole !

A l’occasion de la consultation sur le Plan National d’Action (PNA) Hamster, Anne Vonesch, secrétaire régionale d’Alsace Nature, livre une critique sévère et argumentée de ce plan en ce qui concerne son volet agricole.
Ce plan national d’action pour le hamster  s’engage à dépenser des sommes considérables sans poser le problème de fond du système agricole en cause.
Le hamster est un indicateur de la qualité d’un écosystème agricole. Or l’écosystème agricole de la plaine fertile d’Alsace est en crise dans différents domaines, aussi sérieux et inquiétants les uns que les autres :
–       La perte en matière organique des sols
–       La pollution de l’eau par les nitrates et pesticides
–       La pollution de l’air par les pesticides
–       La progression de la chrysomèle du maïs
–       La dégringolade de la biodiversité
–       La banalisation des paysages
–       Une pression foncière sévère, qui fait entre autre que tout le monde hurle à l’unisson contre l’artificialisation des terres – sauf lorsqu’on cherche à freiner l’urbanisation au nom du hamster !
Le PNA offrait une opportunité pour soutenir un changement de paradigme en termes d’agronomie et de biodiversité, impactant positivement le cadre de vie et l’attractivité du territoire. Il est possible d’utiliser les moyens disponibles intelligemment pour répondre à l’ensemble des problèmes listés ci-dessus, tout en fournissant un biotope viable au hamster. Les discussions avec les agriculteurs et la lecture de diverses études me font en effet penser que la réponse aux problèmes du hamster est liée :
–       A un sol couvert tout au long de l’année
–       Aux rotations pertinentes pour le hamster, lui apportant de la nourriture
–       A l’enrichissement en humus et au travail superficiel du sol
–       A l’absence de pesticides
–       A la connectivité des parcelles favorables
Tout en réintroduisant des haies, arbres, bandes enherbées, ripisylves…  pour l’ensemble de la biodiversité.
Or ces méthodes agronomiques sont préconisées voire obligatoires en agriculture biologique, mais aussi en agriculture écologiquement intensive, deux approches qui, projetés sur l’avenir, se rejoignent.
Une action prioritaire serait donc de mettre en place une incitation déterminée  en faveur des conversions en agriculture biologique dans les zones à hamster. Il existe une forte demande pour les céréales biologiques. Pour les agriculteurs qui ne veulent pas passer en agriculture biologique, l’adoption de méthodes relevant de l’agriculture écologiquement intensive est une alternative valable, tout en renonçant pour l’essentiel aux pesticides selon les méthodes élaborées par l’INRA.
Une telle approche permet en même temps de répondre aux problèmes de pesticides et de la pollution de l’eau, de l’air et des sols, de la fertilité des sols, de la chrysomèle. Les efforts pour la biodiversité peuvent bénéficier à l’ensemble de la faune et à la qualité du paysage. L’abandon des pesticides me semble essentiel pour la protection du hamster, et il vaut mieux ne pas attendre l’ultime preuve de cet impact.
Il me semble inacceptable d’utiliser 27 % de cette manne financière pour élever et lâcher des hamsters. Il y a sans doute un sens pédagogique à ce que les scientifiques éleveurs apprennent à tirer les leçons des échecs de la production en cages batteries. Toutefois ceci n’est pas forcément l’objectif prioritaire du PNA.
Il se trouve que l’obstacle à la diversification oh combien nécessaire des rotations, est la forte attractivité économique du maïs grâce à la demande industrielle, associée au fait que, de plus, il nécessite assez peu de travail.
L’élément clé pour rendre viables et attractives des rotations et combinaisons de cultures favorables au hamster est donc la construction des filières correspondantes.  La mise en place de filières doit donc être en première ligne du PNA, et avancée en très haute priorité. Or seulement 100 000 € sont attribués à cet objectif ! Les filières peuvent être de deux types :
–      Cultures favorables au hamster : luzerne, blés anciens à récolte tardive…
–      Produits étiquetés et valorisés comme étant favorables au hamster, indicateur d’un agro-éco-système sain et durable. Cela pourrait concerner des produits comme le pain, la bière, du muesli… et, en fait, aussi les filières animales à base de cultures favorables à la biodiversité.
Il est donc nécessaire et urgent de corriger les priorités du présent plan, et ceci au nom de la cohérence et de la transversalité et de la bonne utilisation de l’argent public.

Anne Vonesch

Secrétaire régionale d’Alsace Nature

Au secours, le GCO revient !

Au secours, le GCO revient !

Vous l’avez certainement remarqué, le GCO n’est pas encore complètement enterré. D’un point de vue formel, la Déclaration d’Utilité Publique (DUP), qui permet la réalisation des travaux, court jusqu’en 2018. Cela signifie que le projet peut être relancé à tout moment, au gré d’un changement de majorité politique… ou de la soumission des équipes décisionnaires actuelles à une pression de plus en plus forte. Les « pro-GCO » l’ont bien compris puisque depuis quelques semaines, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) et un certain nombre d’élus multiplient les interventions pour arracher une remise  en question de la courageuse décision d’abandon du projet. Et cela semble commencer à fonctionner puisque la majorité actuelle semble déjà vaciller dans ses certitudes…
De notre côté, nous restons convaincus que le GCO est un mauvais projet et que son abandon peut enfin ouvrir la porte à des alternatives sérieuses, à la hauteur des enjeux écologiques et sociaux qui sont posés. Car, enfin, il ne s’agit pas seulement de la seule question de cette autoroute spécifique, mais bien du nécessaire changement structurel que nous devons enclencher le plus rapidement possible. Nous entrons dans une période nouvelle, de pénurie et de cherté de l’énergie, qui demande un investissement massif dans les modes de déplacement alternatifs à la voiture. Or, on ne peut vouloir à la fois développer les transports collectifs et construire des routes : il faut choisir !
Abandonner le GCO, c’est ouvrir la voie à ces alternatives[1]. Vouloir le construire à tout prix, c’est, qu’on le veuille ou non, freiner ces alternatives.
Ne laissons pas les lobbies et les visions à court terme obérer notre avenir. Nous avons déjà payé suffisamment cher cette manière de faire, quand, par exemple, les autorités publiques ont démantelé une bonne partie du réseau ferré secondaire qui serait bien utile aujourd’hui[2].
Alors, arrêtons de débattre sans fin du GCO, mais débattons, c’est nécessaire, des solutions alternatives, car l’avenir se situe dans cette voie et pas dans l’archaïsme autoroutier.
 

Maurice Wintz

Président d’Alsace Nature



1 Au-delà des projets « lourds » comme le TSPO ou le tram- train, des améliorations sont envisageables, notamment dans le secteur au nord-ouest de Strasbourg, aujourd’hui très mal desservi comme par exemple des parkings-relais, une augmentation conséquente de la desserte en car, des couloirs réservés. Quand on laisse la place à l’imagination…
[2] Déjà en 1992, Alsace Nature avait pointé ces erreurs dans sa brochure « Transports et environnement en Alsace »… sans être écoutée.