mercredi 3 Sep 2025 | A la une, Energies Climat, Nucléaire, Pollutions et santé, Réseaux Thématiques
[Communiqué du réseau Sortir du nucléaire et des associations en lutte contre le projet Cigeo]
Texte d’appel de la manif :
C’est après-demain que le monstre Cigéo va se mettre en mouvement et qu’il sera alors difficile de l’entraver tandis qu’il avalera forêts et champs et se terrera ensuite profondément dans le sol pour y accumuler son butin toxique, celui de décennies d’une industrie nucléaire qui n’a su quoi faire de ses déchets radioactifs les plus toxiques et mortels.
C’est demain qu’il projette de dérouler ses routes, ses rails et ses lignes électriques dans le paysage meusien, qu’il dévorerait le Bois Lejuc pour en faire un amas de terre au cœur duquel s’élèveront les cheminées qui recracheront les effluves des profondeurs radioactives. Demain aussi qu’il prévoit de transformer une vaste étendue des terres agricoles en un camp retranché de béton, ferrailles et machineries destiné à accueillir les colis empoisonnés avant de les expédier dans les souterrains.
Mais c’est bien aujourd’hui que ces tréfonds et les terres situées à l’aplomb, en surface, sont menacés d’expropriation et que l’étau se resserre doucement sur les habitant⋅es, qui résistent. Notamment l’ancienne Gare de Luméville-en-Ornois située sur le tracé de la future voie d’acheminement des wagons irradiés.
A contrario du désert que le monstre Cigéo crée autour de lui, la lutte a su faire exister localement une diversité d’autres conceptions de l’avenir, projeter des futurs désirables pour les habitant.e.s et des générations d’opposant.es venues manifester là et s’installer dans les villages environnants, y multiplier les lieux et projets de vie collectifs.
Au croisement de tous ces lieux et ces enjeux, la lutte est devenue indissociable de « la Gare », sa riche histoire militante et foisonnante enracinée profondément en elle. Énumérer tous les moments forts, profondément beaux comme terriblement tristes qui ont imprégné là chaque infime recoin ne rendrait pas encore justice à tout ce que plusieurs générations de lutte contre Cigéo, et antinucléaire au-delà d’elle, doivent à cet endroit. L’expulser, c’est expulser nos souvenirs, la défendre c’est venir les défendre !
Que ce soient les vestiges du néolithique déjà figés dans les fondations bétonnées du laboratoire actuel ou les vestiges que des milliers de générations futures laisseraient à ce territoire si on leur en laissait la possibilité, ou encore la spoliation de l’héritage des vies présentes, c’est tout à la fois le passé, le présent et le futur que le monstre vorace Cigéo exproprie et confisque pour une éternité.
Dans un monde qui, 80 ans après l’horreur d’Hiroshima et Nagasaki, s’arme et brandit à nouveau la terrifiante menace des armes nucléaires, dans un monde qui voudrait faire fleurir des centrales au cœur d’un chaos d’inconséquence belliciste et vénale, dans ce monde-là l’éternité est un bien lourd gage laissé à l’humanité.
C’est pourquoi nous invitons celles et ceux qui viendront demain, qui étaient là hier et qui le peuvent aujourd’hui à manifester toutes ensemble à Bure le 20 septembre, contre Cigéo, contre le nucléaire, pour un autre avenir !
Reprenons l’imaginaire à l’Andra, l’avenir au nucléaire, et laissons leur la projection d’un triste lendemain, indésirable pour les Générations futures, tandis que notre imagination et notre créativité convoqueront la manifestation antinucléaire du futur !
Programme :
Vendredi 14h : ouverture du camp ;
- Des logements en dur seront aussi prévus pour cell⋅eux qui ont besoin d’un vrai lit (un formulaire sera lancé bientôt). En attendant, vous pouvez déjà contacter hebergementbure@riseup.net pour faire part de vos besoins spécifiques en terme d’hébergement.
Samedi matin : des caravanes à vélo parcourront les villages alentours. Si vous êtes déjà sur place, il sera possible de les rejoindre. Nous aurons quelques vélos à disposition. Plus d’info à venir ;
Samedi midi : à Mandres-en-Barrois autour du lieu collectif l’Augustine : il y aura des repas servis par l’excellente cantine des Schmurtz, mais pour toutes celles et ceux qui arriveront à midi, il est préférable d’apporter tout de même votre pique-nique ;
Samedi à 14h : à Mandres-en-Barrois : début de la manifestation ; qui devrait durer environ 4h en comptant les animations tout au long du parcours (sur des chemins carrossables) ;
Samedi vers 19h : repas servis au camp ;
Samedi 21h : concerts à l’Ancienne Gare de Luméville vers 21h ;
Dimanche à 10h30 : assemblée sur les suites de la lutte ;
Dimanche à 14h : ballade découverte de la Vallée de l’Ornain ;
Dimanche soir : un repas sera servi et il sera possible de rester encore une nuit sur le camps. Au-delà, il faudra penser à rejoindre Septembre Infini ;
Lundi et mardi : démontage ! Les coups de main sont les bienvenus !
Venir sur place :
Pour venir à la manif du 20/09 en bus depuis Paris, Lyon, des villes d’Alsace, de la Loire et de Suisse c’est ici : Et s’il y en a pas depuis chez toi, n’hésite pas à en organiser un ! Ou à contacter le groupe anti-nucléaire de ton coin pour le pousser à le faire.
Vous pouvez aussi organiser un bus pour faciliter les départs collectifs jusqu’à Bure. Et si vous le faites, merci de le signaler à l’organisation (à cette adresse : manifbure@riseup.net) et d’envoyer les indications de votre trajet (départ, arrêts, horaires, tarif) afin que plusieurs bus ne soient pas organisés à peu de distance. L’organisation se chargera de partager l’information du convoi sur son site pour aider à la réservation.
Hébergement :
Plutôt 🛌 ou ⛺️ ? Un camp est prévu sur le champ d’un camarade paysan mais si tu as des besoins spécifiques, tu peux remplir ce formulaire
Bambinerie🧸 :
Contre le projet cigéo, une garderie pour que les parents restent militant⋅es !
Disposant de matériels divertissants pour tous les âges, nous voulons assurer aux enfants présents en marge de la manif, un lieu paisible et accueillant. Les parents pourront ainsi déposer leurs enfants le temps qu’ils ont besoin pour honorer leur militantisme ou rester parmi nous s’il préfèrent. Une garderie autogérée sera ainsi organisée le temps de la manif’ du futur contre la poubelle nucléaire à Bure.
Tu peux retrouver toutes les infos pratiques de l’événement ici
Pour aider à la préparation de la manifestation vous pouvez :
➡️ commander (gratuitement) affiches, tracts et autocollants de l’événement, à diffuser partout autour de chez vous cet été et en septembre en faisant votre demande par ici.
📣 signer et faire signer le texte d’appel – que vous soyez une organisation, un collectif ou une personne – en remplissant ce formulaire
👐 être bénévole pour filer un coup de main en remplissant ce formulaire
💫 aider financièrement l’organisation via un don. Organiser une manifestation réussie et accueillir tout le monde dans les meilleures conditions a évidemment un cout, vous pouvez participer financièrement à la bonne tenue de cet événement en participant à la cagnotte en ligne
Pour suivre toutes les actu autour de la préparation de la manif, vous pouvez :
💻️ retrouvez toutes les info sur le site internet de la manif par ici
✉️ vous inscrire à la lettre d’info hebdomadaire, en envoyant un mail à cette adresse : bloquonscigeo-subscribe@lists.riseup.net (Vous recevrez aussitôt un mail de confirmation à valider)
📲 et vous abonnez aux réseaux sociaux de l’orga :
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- Facebook : @bureacuire2
- Instagram : @bure_a_cuire
- X : @BUREaCuire
- Bluesky : @bureacuire.bsky.social
Et si vous avez envie de faire un séjour prolongé dans la Meuse, vous pouvez aussi participer au septembre infini à la gare de Luméville 😉
Contact organisation :
manifbure@riseup.net
mercredi 3 Sep 2025 | A la une, Agriculture et Alimentation, Aménagement du territoire, Déchets, Eau et zones humides, Energies Climat, Forêt, Nature, Réseaux Thématiques
Entamée en juin 2024, la réflexion de la Commission européenne sur la simplification et la rationalisation de la législation environnementale fait l’objet d’une discrète concertation, en plein cœur de l’été 2025. Cette réflexion est pourtant loin d’être anodine.
Nous avons jusqu’au 10 septembre pour soutenir un droit européen protecteur de l’environnement. France Nature Environnement vous explique les enjeux et comment faire entendre votre voix !
Je réponds facilement à la consultation
Parce que 35 % des PME se disent confrontées à des procédures administratives ou juridiques complexes (Eurobaromètre 2024 des PME), la Commission européenne passe actuellement en revue toute la législation environnementale pour trouver les moyens d’en réduire la «lourdeur». Sans réduire les objectifs environnementaux, évidemment ! Pourtant, lorsque la recherche d’efficacité du droit fait rimer simplification avec rationalisation, accélération ou suppression d’obligation d’information, l’on peut entendre moindre protection de l’environnement.
La nature, une alliée de notre économie
La nature est indispensable à notre économie et à notre vie.
44% de la valeur ajoutée brute créée par l’économie française dépend fortement du capital naturel, c’est-à-dire des écosystèmes et de leurs fonctions écologiques. C’est la Direction générale du Trésor qui le dit ! La règlementation environnementale est donc autant là pour protéger notre santé que notre société.
Mal protéger la nature, ça nous coûte cher.
Car au-delà du PIB, c’est notre niveau de vie tout entier qui souffre des choix politiques allant à l’encontre du droit environnemental. En 2025, la Commission a publié un rapport faisant l’évaluation du coût de la mauvaise mise en œuvre du droit environnemental existant. Le constat est sans appel : décès prématurés, frais sanitaires, actions de dépollution, perte de productivité, dégâts matériels… L’Union européenne perd 180Mds€/an parce qu’elle manque à ses obligations de correctement protéger la nature.
Désormais, en plus de mal appliquer le droit, on veut le supprimer ! La prochaine facture risque d’être salée.
Que risquons-nous ?
Cédant aux sirènes du populisme et des intérêts économiques privés (ignorants de leurs propres dépendances aux services gratuits rendus par la nature), la Commission prépare un texte de simplification du droit environnemental. Dans le jargon politique, simplification est souvent synonyme de régression.
Dans ce nouveau paquet dit « omnibus » (qui permet de toucher à de nombreux textes en parallèle), la Commission met en péril toutes les avancées écologiques de ces dernières années, obtenues parfois après des décennies de batailles et de militantisme : restauration de la nature, surveillance des substances polluantes, évaluations des incidences environnementales, lutte contre la déforestation…
Après une année entière à soutenir des textes rétrogrades, le message est clair : la Commission prête son oreille à ceux qui valorisent leurs profits au-dessus de notre santé et de notre avenir.
Mais nous aussi nous tendons l’oreille, et nous leur répondrons !
Comment agir ?
La Commission a placé ses pions quand tout le monde avait le dos tourné, en lançant une concertation au plein cœur de l’été.
Vous avez jusqu’au 10 septembre pour vous mobiliser, et lui rappeler qu’une économie saine ne peut pas exister sans une planète en bonne santé !
Utilisez le formulaire ci-dessous pour lui envoyer un message, et dire clairement à vos représentant·es politiques que vous vous opposez à l’affaiblissement et à la suppression des lois sur la nature.
Grâce à cet outil, vous pouvez générer facilement un texte avec des arguments à personnaliser et envoyer.
Veuillez noter que votre contribution sera publiée sur le site web de la Commission.
Je réponds facilement à la consultation
jeudi 3 Avr 2025 | A la une, Forêt, GL Nambsheim, GL Ried Centre Alsace, Nature, Rhin et Milieux alluviaux
Une centaine de personnes se sont réunies à Marckolsheim le 15 février dernier, près de la forêt du Rhin. Alsace Nature organisait un moment de commémoration pour les 50 ans de la lutte contre la destruction de la forêt et l’implantation d’une usine chimique de fabrication de stéarates de plomb.
En septembre 1974, des militants écologistes, des habitants, des paysans, des élus ont occupé le terrain pour éviter l’implantation de cette usine très polluante, prélude à la destruction de plusieurs centaines d’ha de forêt rhénane. Fin février 1975, le terrain occupé a été évacué par les opposants eux-mêmes. En effet, l’Etat venait de renoncer au projet d’implantation des Chemische Werke München (CWM), et même de Bayer, dans la forêt du Rhin.
De l’autre côté du fleuve, la lutte contre le projet de centrale nucléaire de Whyl sera aussi un succès. Sous la pression militante, l’Etat produira en 1978 un Plan (partiel) de protection des forêts du Rhin qui restera lettre morte. Pire, au début des années 1980, le site prévu pour les CWM sera finalement transformé en un immense site (40 ha) de stockage de voitures pour l’entreprise GEFCO. En 1990, nouvelle poussée d’industrialisation avec le projet Jungbunzlauer, une usine de fabrication d’acide citrique. La mobilisation sera forte mais n’empêchera pas l’implantation de l’usine au nord de GEFCO sur une surface d’environ 20 ha. Mais les manifestants obtiendront la protection définitive des forêts alluviales rhénanes restantes, y compris celles encore classées en zones industrielles (sauf la forêt de Nambsheim). C’est ce qu’on appellera “les accords de Marckolsheim”.
Ce 15 février 2025, sur le site de cette ancienne “ZAD”, anciens opposants, habitants de Marckolsheim et militants d’aujourd’hui se sont réunis pour célébrer l’anniversaire de cette victoire populaire contre l’industrialisation et la destruction des milieux naturels. Plusieurs personnes ayant participé à l’occupation, “les anciens de Marcko”, ont pris la parole pour témoigner de la lutte. L’occasion de rappeler le rôle qu’ont joué ces mobilisations dans la mise en place des programmes de restauration actuels et l’importance toujours actuelle de l’engagement associatif et de la désobéissance citoyenne.
Maurice Wintz, ancien président d’Alsace Nature, (qui n’était pas présent en 1975) évoque l’évolution du regard sur les forêts rhénanes. Il rend hommage aux femmes et hommes qui ont bravé les autorités, le froid, la boue et les sarcasmes pour porter une autre vision du monde. “Les événements de Marckolsheim montrent que les engagements citoyens sont efficaces et nécessaires. C’est cette occupation, et les manifestations qui ont suivi, qui ont conduit à transformer le regard sur les forêts rhénanes, qui sont passées du statut de réserve foncière à industrialiser à celui de patrimoine écologique à protéger et à restaurer. “. Marckolsheim témoigne du changement de regard, porté notamment par les « nouveaux mouvements sociaux », quant aux enjeux démocratiques et écologiques dans le contexte d’un modèle social marqué par le productivisme.
Badois et alsaciens, de part et d’autre du Rhin, ont unis leurs forces face à cette problématique commune, partageant alors leurs similitudes culturelles, 30 après la fin de la guerre. Axel Mayer, ancien directeur de l’association allemande Bund, témoigne : “Nous avons occupé la place à l’époque. Nous, les Allemands, nous vous avons soutenus, vous les Français. Plus tard, à Wyhl, vous nous avez aidés. C’était froid, boueux, sale, fatigant, laborieux, romantique, beau et important. La lutte et l’occupation illégale ont payé. Ces succès ne sont pas tombés du ciel. Cela a valu la peine de se battre”.
“Les femmes ont joué un rôle primordial dans les luttes contre l’installation de la CWM. Des mères de familles, des grands-mères, fichus sur la tête, occupaient le site, parfois en tricotant,” raconte Andrée Buchmann, étudiante à l’époque et aujourd’hui membre du parti écologiste. Le terrain a été défendu par des paysans, des étudiants, des personnes âgées, des enfants, des ouvriers, des universitaires, des artistes. La lutte contre la CWM a fédéré des alsaciens de tous horizons.
Au micro d’Alsace Nature, Raymond Schirmer raconte comment l’engagement dans la lutte était un vecteur d’épanouissement. Il souligne aussi que la non-violence était le mot d’ordre des deux luttes de Marckolsheim et de Wyhl. Pour lui, la mémoire des événements de Marckolsheim doit être une mémoire vivante, et saisie comme un exemple de désobéissance civile effective et joyeuse. Une leçon face aux défis actuels.
Marckolsheim, c’est aussi un bouillonnement artistique/culturel. Au sein de la Frendschaft’s Huss, la maison de l’amitié, construite en dur sur le site, on joue de la musique et on partage des poèmes en français, en allemand et en alémanique. 50 ans plus tard, le groupe entonne le chant Wacht am Rhein au son de la guitare de Roland Burkhart.
Antoine Waechter, qui a été, avec Solange Fernex, l’un des premiers à franchir les barrières pour occuper le chantier rend compte du contexte politique de l’époque et d’une conjonction d’événements et de prise de position de personnalités (l’évêque de Strasbourg, le préfet, le président du Port Autonome…) qui ont finalement joué en faveur des occupants.
Armand Peter évoque à son tour la belle convergence, dans les années 1970, entre les culturels alsaciens et le mouvement écologique en gestation. André Weckmann, auteur de poèmes en dialecte dont la Fahrt nach Wyhl, ou les musiciens comme Edouard Bauer, François Brumbt ou Sylvie Reff sont engagés dans la lutte. Les événements de Marckolsheim ont lancé des dynamiques culturelles, militantes écologistes et politiques en Alsace à cette période.
Jean de Barry, quant à lui, met cette lutte en perspective en articulant les processus d’industrialisation centralisés et destructeurs et les résistances locales et légitimes de défense des lieux de vie.
Pour finir, Aline Martin a lu Aliénation de André Weckman, ainsi que Fahrt nach Wyhl.
A la suite des témoignages, le groupe s’est baladé dans la forêt rhénane, aujourd’hui préservée pour observer les pertes et les perspectives de restauration. Le milieu a perdu son fonctionnement naturel, lié aux divagations du fleuve, au moment de la canalisation du Rhin. Si les espèces végétales pionnières sont moins présentes, ce milieu forestier humide garde un grand intérêt écologique. Une richesse pour l’Alsace, dont nous devons la préservation aux mobilisations de la population.
Revue de presse :