Voilà plusieurs semaines que tout le monde traque la sortie du « fameux » rapport. C’est chose faite puisque le Préfet le présentera à la presse cet après-midi en présence du Président de la Région, du Président du Conseil Général et du Maire de Strasbourg.
Les associations clairement opposées à la poursuite du GCO resteront sur le trottoir… sans doute pour ne pas gâcher cette « belle fête ». Que penser de cet empressement à faire de grandes annonces alors que le rapport n’a pas encore été diffusé aux acteurs locaux ? Le rapport Duron, intitulé Mobilité 21, qui renvoyait le projet du GCO après 2030, n’a pas eu les mêmes honneurs… Dans un système qui se prétend démocratique, nous attendons que ce rapport soit présenté dans les instances délibératives des collectivités concernées et débattu avant toute décision. L’implication de l’ensemble des protagonistes en amont de ces délibérations est une absolue nécessité. Nous regrettons fortement que le rapport n’ait pas été présenté en priorité aux acteurs qui ont été auditionnés par les deux ingénieurs avant d’être rendu public de manière unilatérale. Cela montre bien la manière dont fonctionne cette oligarchie du béton.
Pour autant, c’est bien un non évènement auquel nous assistons puisque les conclusions de ce rapport étaient écrites dès le départ et la rencontre avec les dits experts n’a fait que confirmer nos craintes sur le sujet. Il faut faire un barreau routier Nord-Sud, qu’on va tenter de euphémiser. Mais du béton reste du béton, quel que soit son enrobage. Il n’est pas étonnant que des ingénieurs des Ponts proposent de construire des routes. D’ailleurs, ceux-ci l’ont même dit lors des entrevues : leur mission n’est pas d’analyser le contexte économique et/ou environnemental mais uniquement le volet transport.
Drôle d’attitude dans ces temps de rigueur que de faire des préconisations d’une telle importance sans prendre en compte le coté budgétaire et que dire de la non analyse des enjeux naturalistes et environnementaux. Nous avions dénoncé cette carence dès le 9 septembre 2013 par lettre au Ministre de l’écologie. Stéphane Giraud, Directeur d’Alsace Nature précise « la France reste sous le coup d’une condamnation pour non respect de ses engagements européens dans la conservation du Grand Hamster, le dossier est ouvert auprès de la convention de Berne et une pétition est toujours en cours au sein du parlement européen. Tout cela pourrait conduire à aggraver la situation de l’Etat français en matière de contentieux européen. De plus, la seule réponse apportée par l’Etat et les collectivités à ce sujet est de parler de compensation. D’ailleurs, si celle-ci fonctionnait, il y a longtemps que la situation du Hamster serait meilleure en France. C’est un leurre pour ne pas dire un mensonge ».
Ainsi, l’objectif de ce rapport et des préconisations que dressent les experts est clairement établi : assurer un axe Nord-Sud à l’échelle nationale et européenne pour le transit routier de marchandise. Nous sommes bien loin des publicités et beaux discours parlant du bien-être des strasbourgeois.
Maurice Wintz, Président Régional d’Alsace Nature complète « Nous constatons que dans un même mouvement le gouvernement et l’opposition remettent en question l’écotaxe et relancent le GCO. Quelle belle unité dans la fuite en avant ! On ne peut pas faire mine de s’inquiéter du changement climatique et poursuivre des politiques de ce type. »
Au final, la relance du GCO est très révélatrice de l’incapacité de notre société à se remettre en cause, malgré les alertes de plus en plus nombreuses ressenties des crises à venir. Le GCO pourra devenir le symbole de la cécité de nos dirigeants, et surtout des petits calculs à court terme, des intérêts des groupes de pression « économiques » et des politiques qui leur sont inféodés.
Alsace Nature se questionne sur la bonne méthode pour être entendu actuellement : faut il bruler des portiques ? Porter des bonnets rouges ? Créer des barrages routiers ? Occuper des terrains ?
Documents complémentaires :
• GCO : il vous en donne davantage…
• Affiche StrassWars
• Affiche Hamster GCO
Sorti par la porte en Juin 2012 il revient par la fenêtre en novembre 2013… juste après l’abandon de l’écotaxe censée rééquilibrer le trafic sur l’actuelle autoroute A35 à hauteur de Strasbourg. Deux reculs très proches, et dans le mauvais sens !
Le changement de nom de change rien au fait qu’une autoroute traversera le Kochersberg et consommera inutilement des terres. Quant à re-qualifier l’actuelle A35 en rocade c’est un leurre : le contournement ne détournera qu’une faible partie du trafic, et pour le restant la transformation de l’actuelle A35 en rocade urbaine risque fort de provoquer une sacrée pagaille surtout si la circulation pendulaire ou entre le nord et le sud de Strasbourg n’est pas substantiellement réduite.
Ces revirements, cette inaction depuis des années pour réguler le transit sur l’A35 laissent le sentiment amer d’avoir laissé pourrir la situation, ce jusqu’à ce que les usagers (particuliers ou professionnels) excédés par les bouchons, finissent par réclamer le GCO. Des usagers certes bien endoctrinés par la Région, le MEDEF et la CCI pour lesquels le GCO est le prérequis avant toute autre mesure. De plus l’instauration d’une taxe sur le transit, rattachée au projet écotaxe a été bien mal expliqué, paru comme un impôt supplémentaire et dans sa forme aurait peut-être autant sinon plus pénalisé les transporteurs locaux que le grand transit.
A en croire les articles régionaux de ces dernières 24 heures, essentiellement pro-GCO il semblerait que la contestation soit affaiblie et l’opposition pratiquement éteinte. Il n’en est sans doute rien. Il reste à espérer que les élus et habitants impactés par le tracé, majoritairement opposés au contournement, sauront se faire entendre. Les alternatives ont-elles été bien expliquées, les propositions alternatives suffisamment connues ? Le rapport des deux experts remis hier mériterait une contre-étude dans le style de celle du cabinet allemand TTK en 2006 (rapport TTK).
En alternatives pour désengorger l’A35 je retiens quelques propositions :
– laisser à la file de droite son caractère de file de droite et ne pas la transformer en file de sortie (ce qui implique des croisements accidentogènes entre ceux qui se rabattent à gauche pour filer et les sortants). Exemple les sorties vers Kehl ou Elsau. Si rétrécissement il faut supprimer la file la plus à gauche à la place.
– en cas d’établissement de la taxe, moduler son montant selon l’heure (plus chère aux heures de pointe) et le gabarit du camion, voire son origine (taxe moindre pour les camions Français)
– garder à l’actuelle A35 son caractère de voie de transit en séparant les flux radiaux et pendulaires, comme préconisé par le rapport TTK.
Et bien sur encourager le vélo, étendre le réseau de bus et tram (rendre les tarifs et les fréquences plus incitatifs), développer les plans de déplacement d’entreprise, le covoiturage, le ferroutage pour les longues distances (ce qui supposerait toutefois moins de grèves et un renforcement des moyens côté SNCF et RFF)