Le Lynx Boréal est une espèce de félin facilement reconnaissable. Comme tous les Lynx, ses oreilles triangulaires sont surmontées d’une touffe de poils noirs qui mesurent jusqu’à 4,5 cm de long. Le revers des oreilles est marqué par une tâche blanche. Des rayures verticales lui barrent le front, et une marque noire par du coin externe de l’œil jusqu’aux joues. Il possède aussi un collier de poils long autour du cou. Le Lynx Boréal n’a que 28 dents au lieu des 30 habituelles chez les félins. Sa queue, courte, se termine par un manchon noir. Ses pattes sont longues et les pieds volumineux en comparaison du reste du corps. Cela lui permet de se déplacer plus facilement dans la neige. La couleur de sa fourrure est la plus variable du genre Lynx. Elle varie du blanc crème au brun foncé, avec plus ou moins de tâches noires sur le corps, qui peuvent être pleines ou en rosettes. Il à une fourrure particulièrement dense, notamment sur le dos où la concentration de poils atteint 9000 poils/cm² contre 4600 sur le ventre.
Le Lynx Boréal est deux fois plus gros que les trois autres espèces de lynx. Il pèse de 9 à 35 kg et mesure de 65 à 75 cm au garrot. Sa longueur est de 77 à 135 cm. Les mâles sont en moyenne un quart plus gros que les femelles.
Le temps de gestation est de 63 à 68 jours, les portées sont composées de un à quatre jeunes qui quitterons leurs mère vers dix mois. La maturité sexuelle est atteinte à 30 mois pour les mâles et 20 à 24 mois pour les femelles. Un Lynx peut vivre jusqu’à 15 ans.
Le Lynx Boréal est un prédateur solitaire, actif du crépuscule au lever du soleil. Le territoire du mâle recouvre celui d’une ou plusieurs femelles. Le lynx mâle est intolérant envers les autres mâles traversant son territoire, mais ce sont les femelles qui restent les plus vindicatives entre elles. Les territoires comportent cependant des « zones neutres » où il est possible de circuler sans qu’il y ait affrontement ; il s’agit fréquemment des limites du territoire.
Chaque adulte a un territoire de 11 à 100 km² selon l’abondance des proies. Lorsqu’elles sont rares, le territoire est plus grand. Il préfère les zones forestières avec des sous-bois denses et couverts. Le Lynx Boréal est le seul Lynx à s’attaquer préférentiellement aux petits ongulés comme le chevreuil ou le chamois. C’est un superprédateur, qui consomme d’autres prédateurs, notamment le renard roux.
Son aire vitale est de plus en plus morcelée par la fragmentation forestière et plus généralement par le réseau routier (60 % environ des causes de mortalités connue de cet animal dans les Vosges et le Jura sont dues au collision avec des véhicules.)
Le Lynx Boréal est une espèce dont l’aire de répartition française est principalement cantonnée au Jura. Ce noyau de population jurassien, avec ses prolongations sur le versant suisse, est le plus dynamique d’Europe occidentale. Elle colonise lentement, via la Suisse, une zone d’habitat favorables d’environ 200 km² située sur les premiers contreforts du Jura alsacien.
Dans la massif vosgien, les Lynx réintroduits entre 1983 et 1993 n’ont pas trouvé les conditions optimales au développement d’une population pérenne.
En Alsace, le félin est classé « En Danger critique » sur la nouvelle Liste rouge régionale et est considéré, comme étant « En danger » à l’échelle nationale. Même si les conditions d’habitats sont favorables à l’espèce et que les ressources alimentaires existent en effectifs importants, le petit noyau d’animaux fondateurs de la population vosgienne (dix individus) isolé géographiquement, a très vite été exposé à des facteurs de mortalité d’origine humaines (collision, braconnage, etc..)
La conservation du Lynx implique de maintenir ou de restaurer des continuités naturelles suffisamment vastes pour permettre des échanges entre les massifs, notamment dans le Jura et les Vosges.