Ces derniers jours, l’Alsace, et d’autres régions, ont subi de gros dégâts suite à des orages et des pluies torrentielles. La boue et autres matériaux ont envahi routes, villages, maisons. Comme tout le monde, nous déplorons tous ces sinistres et ces malheurs provoqués chez les victimes.
Mais aujourd’hui il est temps d’analyser les causes de ces désastres et d’en rechercher les responsabilités.
Car il n’y a pas de fatalité. On peut évoquer la fréquence grandissante de ces phénomènes qui nous ramène aux changements climatiques, on peut parler de la brutalité de ces intempéries mais de mémoire d’homme, il y a toujours eu de violents orages et pluies.
La cause principale, mainte fois évoquée après chaque épisode, et vite remise aux oubliettes, est l’artificialisation des sols, la disparition des zones humides et inondables remplacées par des constructions, des routes, des chemins bétonnés, des parkings, des cours pavées, etc., ne permettant plus aucune infiltration. L’eau n’a qu’un seul exutoire, celui de couler vers l’aval.
Mais cette artificialisation concerne aussi, et surtout même, les immenses terres agricoles qui entourent les villages. Accueillant majoritairement de la monoculture, le sol très rapidement gorgé d’eau, car dépourvu de tout couvert végétal et de son système racinaire facilitant l’infiltration dans les couches inférieures, se comporte comme une surface imperméable et engendre les coulées de boue. Notons au passage que cette boue est la partie utile des champs et chaque lessivage engendre une perte de fertilité.
Ces torrents de boue ne trouvent aucun obstacle sur leur passage, plus une haie, plus un bosquet ou un arbre, pas même un pré, qui pourrait entraver leur progression. Tous ces dispositifs, que cultivaient nos ancêtres avec soins, n’ont plus leur place dans notre agriculture industrielle. Saurons-nous les rétablir pour limiter les risques et les dégâts mais aussi pour diversifier notre nature et nos paysages ?
Enfin, notre aménagement du territoire ne prend que trop rarement en compte les risques de phénomènes naturels extrêmes. Les reliefs sont modifiés, les écoulements naturels perturbés, les zones humides sacrifiées.
Alors non, il ne s’agit en aucun cas de catastrophes naturelles car tous les outils pour éviter ces coulées de boues sont à notre disposition et faciles à mettre en œuvre. Il faut simplement faire preuve de volonté pour prendre ce problème à bras-le-corps.
Comme d’habitude, la collectivité prendra en charge la réparation des dégâts au travers des aides publiques ou des primes d’assurances. Nos alertes, nos demandes, nos préconisations pourraient faire économiser beaucoup d’argent public, tout en embellissant notre environnement.
A l’heure de l’adaptation au changement climatique, il est temps d’agir.
Vidéo France Télévisions – 09/06/2018
Vidéo France Télévisions – 05/06/2018
Vidéo BFM TV – 04/06/2018 – Dans le Haut-Rhin, une coulée de boue inonde l’A36 après les orages
Vidéo France 3 Grand Est – 01/06/2018 – Truchtersheim : coulée de boue et dégâts importants
C’est d’une telle évidence que seul l’éducation peut encore changer les conscience. Merci à vous de vous mobiliser de cette manière en tant que sentinelles….
Bonjour,
Vous dénoncez un problème qui est connu depuis plusieurs années.
Ce que je crains, c’est que les agriculteurs notamment qui ont supprimer ces haies pour essentiellement agrandir leur parcelle et toucher les aides à la surface. En cause l’agriculture productiviste et extensives. Et bien maintenant toucherons des aides pour replanter des hais, un comble! S’il faut replanter des haies il faut replanter les espèces végétales locales (que nos oiseaux ont besoin) et non des haies décoratives avec comme je l’ai vue dans les Vosges des Forsythia par exemple.
Ce n’est pas compliqué pour agir. Au prochain schéma d’urbanisme les citoyens impactés demandent des « servitudes érosion » au conseil municipal. Avec 0,5% des surfaces agricoles (bien situés et suite à étude)ré enherbés (avec des haies aussi) le phénomène diminue de plus de la moitié sinon davantage. Avec 1% c’est encore plus parfait. Et le conseil municipal peut effectivement (par la loi) réaliser cette protection de l’urbain contre une agriculture qui ne veut pas assumer ses faites.
Le bon sens manque fortement dans la gestion de nos espaces naturels. Les agriculteurs oui, mais aussi tous ceux qui ont poussé à ce type d’agriculture, nos élus qui s’asseyent sur l’environnement ont leur part de responsabilité, tout comme les citoyens préférant le minéral et les graminés dans un jardin qui ne leur demandera pas de travail. Il existe une association « Haies vives d’Alsace » qui fait
un excellent travail…