La presse régionale s’est fait l’écho récemment de la création d’un « Collectif pour la compétitivité de l’économie alsacienne » composé notamment du Medef, des entreprises du transport, de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Alsace Nature constate que, malgré une dénomination passe partout, l’objectif de ce Collectif est clair : raboter le plus possible les mesures en faveur de l’environnement au nom de la sacro-sainte compétitivité. Où l’on constate une fois de plus comment les discours vertueux sur la transition écologique s’évaporent dès lors qu’il s’agit d’en assumer les implications concrètes.
Alsace Nature est consternée par cette attitude qui témoigne d’une remarquable obstination à ne pas prendre en compte la gravité et l’urgence des défis écologiques auxquels notre société est confrontée. Ces acteurs, qui se présentent volontiers comme responsables et rationnels, n’ont-ils pas lu le dernier rapport du GIEC qui nous donne en gros trois ans pour modifier radicalement notre modèle socio-économique ? Ces acteurs ne voient-ils pas que leurs plus fortes contraintes viennent d’une concurrence exacerbée dans un contexte mondialisé, et non pas des mesures environnementales qui protègent in fine leur cadre de vie et leur santé ?
Ils comprendront, peut-être trop tard, avec l’intensification des dérèglements climatiques et écologiques provoqués par le modèle économique actuel, que la nature, elle, ne négocie pas.
Les crises sanitaires et géopolitiques que nous sommes en train de vivre montrent pourtant la vulnérabilité de notre système, notamment quant à nos besoins matériels de subsistance (énergie, alimentation). Les réponses à ces vulnérabilités multiples ne sont pas dans une fuite en avant vers la compétitivité, mais dans une relocalisation, écologiquement et socialement soutenable, des productions essentielles. Or, dans ce contexte, les mesures environnementales n’ont jamais empêché de produire des biens essentiels, bien au contraire. Dans le domaine alimentaire par exemple, une agriculture écologique rend parfaitement compatible production et biodiversité, à l’inverse de l’agriculture industrielle dominante, destructrice et polluante. Ce sont bien la bétonisation pour des infrastructures inutiles, la pollution de l’eau et des sols par des décennies d’industrie et d’agriculture productivistes qui handicapent la production, pas les mesures environnementales.
Alsace Nature considère que la responsabilité sociale du monde économique est de s’engager enfin dans une transition écologique réelle et non pas de lutter contre des mesures d’intérêt collectif indispensables. Que cette transition comporte de nombreuses difficultés et de défis pour beaucoup d’acteurs, personne n’en doute. Alsace Nature est prête, dans le cadre d’un dialogue sincère, à s’impliquer dans la recherche de solutions, et soutient les efforts des collectivités dans ce sens.