A l’heure précise où certains se félicitent, et remercient le Gouvernement de l’opportunité laissée au peuple de pouvoir s’exprimer dans le cadre du « Grand Débat National », les arbres continuent de tomber et le terrassement progresse sur le chantier du projet de Grand Contournement Ouest (GCO), la décision d’enfouir les 42 000 tonnes de déchets toxiques à StocaMine est arbitrairement prise d’en haut, des centaines de projets néfastes et fortement contestés par la population poursuivent leur petit bonhomme de chemin, en Alsace et ailleurs… Et si finalement le temps ne s’était pas suspendu pour laisser place au débat qui nous a été promis ?
Alors que le président de la République a précisé « je veux que cette consultation soit organisée en toute indépendance et soit encadrée par toutes les garanties de loyauté et de transparence » nous constatons amèrement, que les enjeux majeurs sont une fois de plus simplement omis. Pour commencer, le pilotage est réalisé par les membres du Gouvernement : exit l’indépendance. Ensuite, l’état des lieux n’est pas objectif et aucun sujet n’est réellement mis en pause le temps de recueillir les avis de nos chers concitoyens : auf wiedersehen la loyauté. Pour finir, dans la fiche de cadrage relative à la transition écologique, la formulation des questions n’est ni ouverte ni neutre : ciao transparence… Donc pour résumer, nous serions aujourd’hui exceptionnellement sollicités dans le cadre du Grand Débat National pour exprimer nos requêtes au gouvernement, mais surtout pas celles qui ont été écartées d’office du débat et de toutes manières sans ralentir la course effrénée des projets et réformes, qui en toute logique devraient attendre les conclusions de cette grande consultation… Et ce n’est là que la partie immergée de l’iceberg (qui en attendant, fond inexorablement, du fait des graves manquements de nos politiques, quels qu’ils soient, du Champion de la Terre jusqu’au niveau le plus local, devant le plus grand défi de notre époque : le dérèglement climatique !). Qui connait les modalités de réponses du gouvernement ? Vont-ils piocher dans la Grande Boite à dée Nationale ce qui leur semble juste et nécessaire pour l’humanité ? Malheureusement on ne connait que trop bien cette mélodie : c’est celle du « Cause toujours », où à la fin les mêmes décident pour les autres en faisant croire que le « débat » a trouvé consensus.
Ce Vaste Enfumage National suscite une certaine défiance chez une partie de la population, que nous partageons au sein de notre association. Mais comment une fédération comme Alsace Nature, qui rassemble avec son mouvement France Nature Environnement plusieurs centaines de milliers de sympathisants au niveau national, peut s’abstenir de participer à une telle consultation ? qui d’autre porterait la voix de la transition écologique sur notre territoire ? les risques de régression ne sont-ils pas trop forts ?
Alsace Nature a vu passer des gouvernements qui font, d’autres qui défont, les suivants qui font et qui défont dans la même année… toujours avec des manières de faire innovantes et pleines de promesses, pour au final piétiner toujours pareillement la représentativité citoyenne, augmenter les inégalités ou toutes autres formes d’injustices, au détriment des plus faibles, de l’environnement… et surtout du bon sens.
Sans garanties de bonne volonté de la part de l’Etat, Alsace Nature ne servira donc pas de faire-valoir dans le Grand Débat National, ni en tant qu’organisateur, ni en tant que participant. Avant tout positionnement de notre part et pour retrouver confiance dans toutes les formes d’instances de consultation du public, nous attendons un geste qui soit à la hauteur de ce qui est annoncé dans ce Grand Débat. Cela passe pour nous par la suspension des projets en cours très impactant pour l’environnement, et qui ont fait l’objet d’une expression citoyenne forte contre leur mise en œuvre, notamment un moratoire sur les projets de GCO et d’enfouissement à Stocamine. Nous attendons donc un message positif et tangible avant toute forme d’engagement et n’encourageons pas à répondre dans le cadre trop réducteur du formulaire mis à disposition.
Toutefois, nous nous engageons à poursuivre sans relâche les missions que nous confèrent nos statuts et plus que jamais à défendre l’environnement dans tous les lieux et à toute les occasions où notre voix pourra être entendue comme c’est le cas depuis près de 55 ans.
La situation planétaire et les enjeux qui sont face à nous, ne trouveront de solution que dans un sursaut démocratique et un changement profond de notre société. Les associations y sont prêtes et elles se tiennent à disposition, à ce dessein, de tous ceux qui souhaiteront prendre réellement en main le destin de l’homme sur cette planète.
Pour votre information : la nature, la biodiversité ont été quasi totalement absentes de la belle Marche pour le Climat à Mulhouse, et totalement absentes des soirées Grand Débat bien fréquentées sur le thème de la Transition énergétique, aussi bien à Riedisheim qu’à Mulhouse. Le fossé persiste, de mon point de vue, entre préoccupations environnementalistes d’une majorité de citoyens déconnectés de la nature, et préoccupations naturalistes…
Je suis tout à fait en phase avec ce qui est dit dans le communiqué et attends des réponses courageuses et fortes de nos dirigeants.
Bravo. Très bonne analyse. Non à cette mascarade de grand blabla parfaitement malhonnête. Le temps du dialogue avec un pouvoir qui utilise la violence policière et judiciaire contre toute forme de contestation est révolu. Seule l’action massive de la population peut faire avancer nos dossiers : GCO, Stocamine, nucléaire, pesticides,…
Yves Holl
Je rejoins plelnement les éléments de ce texte.
Cependant, en ce qui concerne les conclusions:
– je pense aussi judicieux qu’ AN s’abstienne de participer à ce « débat-bidon », mais en le faisant vigoureusement savoir ua grand piblic, de façon répétée, et en en précisant les raisons.
– par contre, j’encourageais plutôt les particuliers (membres AN) à participer à titre perso, en insistant dans leurs commentaires sur l’exigence de prendre enfin les mesures de préservation de la nature indispensables, et critiquant l’absence de questionnement direct à ce sujet, avec cas concrets. A plusieurs des questions, on peut répondre en biaisant la question, voire y répondant à côté;
Mais il faut éviter que le gouvernement ne puisse prétendre que celles soumises au débat aient obtenu un consensus, un écho quasi unanime, en cachant que les questions importantes n’ont tout simplement pas été posées.
Bjour, comme Madame Macron Brigitte vient de demander qu’on se réconcilie, je propose qu’elle demande immédiatement au Préfet du Bas-Rhin d’arrêter les travaux du GCO dont il avait autorisé illégalement le démarrage. Je n’avais pas fini mon texte que mon téléphone a été immédiatement coupé. Est-ce cela le début de la réconciliation ?
Je partage l’indignation exprimée ci-dessus et l’avis de ne pas rentrer dans le jeu truqué de ce gouvernement. Toutefois, certains maires ont mis à disposition des « cahiers de doléance » où chacun peut s’exprimer comme il le veut. Personnellement, j’ai même rempli ma propre liste de doléances que j’ai déposé à ma mairie. On m’a assuré qu’on la ferait remonter au « référent » de notre région. Augmenter le bruit du mécontentement, cela soulage à défaut d’autre chose !
Les avis du public seront « lus » par des ordinateurs qui classeront par leur fréquence les mots employés . Inutile donc de rédiger des pages réfléchies et argumentées .Il suffit de placer les mots qui nous semblent essentiels en une phrase rapide .