Jusque dans les années 80, il semblait normal de rejeter directement et impunément des produits chimiques (acides, mercure…) dans les cours d’eau et d’enterrer le reste dans les nombreux trous résultant des exploitations de granulats ! L’État complice ou pour le moins myope, ne voyait rien…
Stocamine devait être un progrès, un stockage sécurisé, contrôlé, réversible…
l’État s’était engagé et avait affirmé par la voix d’un ingénieur des Mines que l’incendie, l’inondation et les affaissements des galeries étaient impossibles et que de toute façon il serait toujours possible de récupérer les produits… en cas de problème. Nous connaissons la suite….
L’État a failli !
A cette époque, à notre demande d’assainir les décharges historiques et les sols pollués, un haut fonctionnaire, à la sortie d’une réunion nous a répondu « assainir l’Alsace coûterait le prix d’un porte-avions !….
La France a eu son porte-avions et l’Alsace a gardé ses déchets !
Lorsque l’État est juge et partie et n’est pas capable de respecter ses propres règles, il sape ses propres fondements. Si en plus, il ne respecte pas ses engagements, sa parole, et participe à la diffusion de contre-vérités, c’est la Démocratie qui vacille !
L’Alsace a un trésor, sa nappe phréatique. Elle nous abreuve et alimente toutes les activités économiques. Avec une valeur de 0.1 cts/l elle vaudrait 35 milliards d’euros, mais en réalité elle est inestimable !
Le Comité de Bassin, l’Agence de l’Eau, les collectivités, les industriels, les agriculteurs, tous les usagers et bénéficiaires ont pris conscience de son importance. Il s’agit de la transmettre en bon état chimique et quantitatif et d’arriver à ce bon état avant 2027 échéance de la DCE. L’objectif étant une eau potable SANS TRAITEMENTS !
Chacun s’est engagé à faire sa part…il serait incompréhensible que l’État ne fasse pas la sienne et continue de jouer la montre !
Nous ne sommes pas ici pour marchander, mais pour demander à l’État le déstockage maximal sur le site de Stocamine et le déstockage total et l’assainissement de tous les dépôts ayant ou pouvant avoir à moyen ou à long terme un impact sur notre ressource en eau ! Ce n’est pas une question de moyens, mais une question de volonté politique. Même si la destination des déchets est une vraie question, nous préférons 1000 fois des déchets stockés en surface ou subsurface à la situation actuelle. Il va sans dire qu’il faut également assurer la sécurité des personnels. Notre système étatico-industriel a produit ces déchets, c’est à lui de les assumer, et pas aux générations futures !
Nous le devons à nos petits-enfants, arrière-petits-enfants…
Il y a un an, le 16 janvier 2020, l’année s’ouvrait sur la découverte de la dépouille d’un Lynx sur la commune de Fellering. Les causes de la mort étaient vites identifiées : tir par balle !
La longue liste des individus de cette espèce protégée détruits par arme à feu venait donc une nouvelle fois de s’allonger. On se souvient de la mobilisation spontanée et citoyenne qu’avait provoqué cette découverte, on se souvient des propos de la procureure de la République de Mulhouse retranscrit dans un article de France 3 Alsace« Une enquête judiciaire a été ouverte. L’autopsie a démontré qu’il était mort d’une balle dans la tête. C’est un acte de braconnage grave commis contre une espèce protégée, dans une
réserve naturelle, constituant une infraction pénale réprimée par un article du code de l’environnement » .
Dès lors, Alsace Nature ne comprend pas le silence qui depuis s’est installé autour de l’enquête judiciaire. Tous les moyens ont-ils été mis en œuvre pour trouver le ou les responsables ? Devant de tels délais peut-on encore parler de réponse pénale adaptée et dissuasive ?
A l’heure où conjointement la Ministre de l’écologie et le Garde des sceaux imaginent des nouvelles mesures pour « accélérer » les procédures (en écartant les parties civiles au passage) force est de constater que l’appareil judiciaire semble être un goulet d’étranglement dans le domaine de la protection de l’environnement.
Par ailleurs, au-delà de la réponse pénale, la préoccupation première est bel et bien celle de la conservation de l’espèce dans le massif des Vosges. La réponse de l’État qui était attendue au travers du Plan National d’Actions a refroidi les attentes des citoyens et des associations de protection de la nature. Aucun renforcement n’est programmé. Par inaction, l’État signe la disparition du Lynx dans le massif vosgien et donne raison aux braconniers qui poursuivent leur travail de destruction à l’image de ce qui vient d’avoir lieu en Franche-Comté.
Les destructions illégales ont suffisamment fait de dégât et la population vosgienne est à l’asphyxie aujourd’hui. Plus que des sommets mondiaux sur la biodiversité, les associations et les citoyens attendent des actes concrets et tangibles.
Nous demandons à Madame la Ministre de mettre tout en œuvre pour que le remplacement des animaux détruits soient opérés sur le massif des Vosges dans les plus brefs délais et à Madame la Procureure de mettre l’ensemble des moyens nécessaires (service d’investigation, moyens techniques et matériels,…) à l’aboutissement de la procédure pour apporter une réponse dissuasive aux actes de braconnage et de destruction d’espèces protégées.
Les consultations en cours sur l’avenir de nos forêts qui sont menées actuellement visent entre autres à ouvrir la porte à des plantations d’essences venues des quatre coins du monde, au prétexte d’adaptation des forêts au changement climatique.
Ces plantations (appelées « diversification des essences » ou « migration assistée »), financées dans le cadre du Plan de relance de l’État, peuvent représenter jusqu’à 3 % de la surface des forêts domaniales (soit plus de 2 200 ha) et sont susceptibles d’intervenir rapidement.
Alsace Nature s’inscrit en faux contre cette logique qui mérite pour le moins de pouvoir être mise en question et réclame un large débat fondé sur des observations et des expérimentations sans a priori.
Monsieur Descartes disait que le bon sens est la chose au monde la mieux répartie ; sans contester de façon générale la nécessité d’expérimentations reposant sur des protocoles scientifiques rigoureux, nous sommes obligés de constater que l’absence d’études sert parfois de prétexte pour nier l’évidence, les budgets étant réservés aux travaux qui vont dans le sens souhaité par leurs financeurs.
Sur des centaines d’hectares de la montagne vosgienne, des agriculteurs sont soutenus financièrement depuis des décennies pour défricher des espaces regagnés par la forêt suite à la déprise agricole de l’après-guerre et pour couper les arbres et arbustes qui poussent sur les pâturages. Une enquête rapide auprès des signataires des contrats « espaces ouverts » donne bien l’impression qu’il y a encore beaucoup d’arbres capables de pousser tout seuls.
Ce qui s’appelle enfrichement dans un pâturage abandonné s’appelle régénération naturelle dans la forêt d’à côté.
Même si beaucoup de bouleversements ont faussé la donne depuis la tempête de 1999, c’est sur l’étude de ce processus naturel qu’Alsace Nature souhaite que l’on s’appuie prioritairement pour préparer l’avenir de nos forêts.
Or on a l’impression que la politique de plantation et replantation lancée actuellement sans vrai débat contradictoire est une course de vitesse pour imposer un fait accompli avant que les premières conclusions liées à la régénération naturelle ne soient validées.
Que demande au contraire Alsace Nature en termes de recherche scientifique ?
Qu’en prenant en compte la diversité de stations forestières, soient mises en place, dans tous types de forêts, des surfaces d’observation de taille suffisante pour que les résultats puissent être validés ; que ces surfaces soient partagées pour moitié en enclos-exclos, c’est-à-dire qu’en protégeant une partie des zones expérimentales contre l’accès des grands herbivores, on puisse avoir une idée précise de l’influence du gibier sur le fonctionnement de la régénération naturelle et la diversité biologique produite.
Par ailleurs, Alsace Nature demande aux financeurs publics un juste équilibre entre les fonds dédiés à la recherche sur la régénération naturelle et les autres solutions proposées ; nous considérons que les aides dédiées hâtivement à la plantation de toutes sortes d’essences exogènes faussent totalement le débat. Une telle politique ne pourrait selon nous être activée que par défaut, lorsque toutes les autres solutions auraient échoué. Et après avoir démontré son innocuité en termes d’effets écologiques et de risques sanitaires et génétiques.
Enfin, Alsace-Nature n’oublie pas plus que d’autres le rôle économique de la forêt, mais se permet de rappeler que tout le monde peut se tromper, et qu’il est difficile de prévoir les évolutions des besoins et usages du bois à moyen terme. Beaucoup des champs d’épicéas hors station qui tombent aujourd’hui sous la faux du réchauffement climatique ont été plantés avec l’aide financière du Fonds Forestier ; s’il y a encore dans certaines forêts des hêtres non destinés au sciage, ils y ont été maintenus dans les belles années du pétrole pas cher malgré l’idée dominante que l’on n’aurait plus jamais besoin de bois de chauffage et le douglas lui-même, produit vedette aujourd’hui, avait été introduit pour stabiliser les peuplements d’épicéas et n’était guère côté en scierie jusqu’il y a quelques années.
Qui peut donc savoir, dans une forêt mélangée issue de la régénération naturelle, quels seront les produits recherchés dans seulement cinquante ans ?
Le chantier du GCO n’en finit pas de dérouler son ruban mortifère à travers les forêts et cultures de l’ouest de Strasbourg. On pouvait penser, compte tenu de l’intense opposition qu’il a suscitée, et des discours quasi unanimes sur l’importance de la crise écologique, que ce serait un des derniers projets destructeurs que l’Alsace pouvait se permettre. Quelle illusion !
Il suffira de quelques exemples, liste non exhaustive, pour montrer que le modèle économique prédateur d’écosystèmes continue à fonctionner comme avant. A Monswiller, au nom du développement industriel, on prévoit le défrichement de près de 34 ha de forêt qui avaient pourtant été classés comme forêt de protection pour compenser un défrichement précédent. A Neuve-Eglise, environ 3 ha de prairies hébergeant une des dernières populations alsaciennes d’un papillon protégé au niveau européen seraient sacrifiés pour y installer un entrepôt de logistique. Près de Lorentzen, Châtenois, Rothau, ou Entzheim des projets routiers menacent des milieux pour certains rares et précieux. A Ottmarsheim sur la bande rhénane, les dernières forêts naturelles et pelouses sèches relictuelles du secteur sont envisagées pour l’installation d’un champ de panneaux photovoltaïques. Les Vosges sont transformées en piste de karting géante et en terrain de jeu avec des projets tels que via ferrata ou pistes nocturnes. Enfin, cerise sur le gâteau, en Centre Alsace, il est sérieusement envisagé d’ouvrir plus de 200 ha à l’urbanisation pour installer hôtels et zones de loisirs…
Pourtant, aux dires de leurs promoteurs, qui sont souvent des collectivités publiques masquant des intérêts privés, tous ces projets s’inscriraient parfaitement dans la transition écologique. Alsace Nature a du mal à voir, sur le terrain, en quoi ces destructions seraient plus vertueuses que celles contre lesquelles elle se bat depuis cinq décennies. Ce n’est pas parce qu’on embellit son emballage que le poison qu’il contient devient inoffensif ! Certes, ces projets mobilisent des bureaux d’études et produisent des quantités d’études d’impact, mais au final le résultat est le même : les milieux sont détruits. Dans la séquence « Eviter Réduire Compenser » prévue dans la loi, la phase d’évitement est la plupart du temps escamotée, sauf oppositions citoyennes déterminées, car le modèle de croissance est incompatible avec le renoncement. Pour le système productiviste, il est toujours plus intéressant de produire et vendre de l’énergie par exemple, y compris en détruisant des milieux naturels au nom des énergies renouvelables, que d’en faire diminuer la consommation. Quant aux mesures compensatoires, elles sont utilisées aujourd’hui comme justificatif de n’importe quel projet en omettant de s’interroger sur sa finalité. De plus, ces compensations, pour les rares qui sont mises en place et qui fonctionnent, ne font au mieux que maintenir un statu quo qui correspond justement à la crise écologique majeure que nous connaissons actuellement.
Pour Alsace Nature, il est plus qu’urgent de changer de modèle, et d’arrêter l’hypocrisie actuelle. Depuis trois décennies, dans l’esprit des décideurs politico-économiques, le développement durable, la croissance verte, l’économie circulaire et maintenant la transition écologique n’ont été majoritairement qu’un moyen de faire perdurer un système foncièrement destructeur et inégalitaire.
Si les collectivités publiques, et particulièrement la future Collectivité Européenne d’Alsace, prennent la crise écologique et sociale au sérieux, il est temps qu’elles écoutent et soutiennent massivement les initiatives sincères portées par des milliers de citoyens engagés et qu’elles rompent avec les pratiques dominantes actuelles. De nouveaux exécutifs municipaux ont émergé, certains semblent vouloir s’engager dans une transition écologique réelle. Alsace Nature espère que ces initiatives seront soutenues et reproduites plutôt que combattues et elle est prête à contribuer à leur développement.
Lorsqu’un agriculteur achète et manipule un bidon de pesticides il voit une étiquette destinée à l’informer des dangers. Cette information est très codifiée, selon des règles européennes. Elle est exprimée par des codes commençant par H suivi de chiffres et d’une « phrase de danger » plus explicite, comme vous pouvez le voir sur l’exemple ci-dessous. C’est à ces phrases de danger que nous allons nous intéresser. Que vaut cette information ? Est-elle sincère et suffisante ?
Pour trouver des réponses, Anne Vonesch, avec l’aide d’Alain Bertrand, de Michèle Weisheit et de Michèle Grosjean du groupe local Bruche aval, a analysé les effets chroniques sur la santé de 89 substances pesticides (sur un total de 199) achetées en 2017 dans le secteur du code postal 67120.
Bref, c’est du concret et du local ! L’analyse consistait à comparer les dangers annoncés par les phrases de danger officielles européennes/nationales (exemple ci-dessus), aux effets à long terme sur la santé répertoriés dans deux autres bases de données, l’une anglaise, l’autre canadienne. L’écart est considérable ; c’est le résultat de tout ce travail. Par exemple, 8 % de substances actives sont cancérigènes officiellement selon les étiquettes, mais 48 % au total présentent un risque cancérigène dès lors qu’on intègre les données venant des deux autres sites. Jamais les phrases de danger officielles ne mentionnent un effet toxique sur le foie, jamais une perturbation endocrinienne.
Découvrez la suite… et apprenez pourquoi, après le dernier avis de l’ANSES datant de cet avril, le gouvernement devrait prendre son courage entre deux mains et respecter son propre arrêté du 27 décembre 2019, à savoir : imposer une distance minimale incompressible par rapport aux riverains de 20 m pour les 126 perturbateurs endocriniens listés par l’ANSES. Tout en accélérant la sortie des pesticides, notamment avec les outils de la PAC.
Cette enquête vous introduit aussi dans l’usine à gaz des règlementations et dans le « mythe de l’usage sûr » des pesticides. Et les riverains ? Qu’ils applaudissent les paysans bio en achetant leurs produits !
Dans le cadre d’un projet de restauration de la Trame Verte porté par Alsace Nature, un piège photographique avait été installé sur le ban communal de Schiltigheim.
Vendredi 1er mai vers 6h40, en pleine période de confinement où la majorité d’entre nous étions cantonnés dans nos appartements ou maisons, une caméra placée au bord de l’Ill nous livrait une énorme surprise !
Un Chamois broutant tranquillement des rejets de saule sur la berge.
Habituellement observé dans les zones de montagne, que venait faire ce Chamois en plaine ? Une petite excursion touristique ? Un rêve de voyage jusqu’en Forêt Noire ?
Nous n’en savons rien et ne le saurons sans doute jamais !
Une chose est sûre cependant, dès que la pression que nous faisons subir à nos milieux naturels se relâche c’est l’occasion de faire de très belles observations des espèces qui y vivent. Un chamois à Schiltigheim, une famille de belettes à Saint-Louis (https://tinyurl.com/y9gd5ohc)…
Le travail que mène Alsace Nature avec les communes de Schiltigheim, Bischheim, Hoenheim, Lingolsheim, Ostwald et Holtzheim pour reconstituer des trames vertes et bleues permettant la libre circulation des espèces n’a jamais été autant d’actualité.
Mais ce travail ne suffira pas si il n’est pas accompagné de la bienveillance de tous. En cette période de déconfinement nous ne pouvons qu’appeler nos semblables à rester discrets et prudents dans leurs balades quotidiennes.
Un beau clin d’oeil de la nature que l’apparition de ce Chamois dans une commune qui s’est engagée dès l’année dernière dans cette démarche environnementale à nos cotés.