[Communiqué] Plein-air-de-façade pour poules pondeuses

[Communiqué] Plein-air-de-façade pour poules pondeuses

Il faut réformer les procédures d’autorisation des élevages industriels.

Les cages-batteries devraient toutes être converties en élevages en plein air. Ce serait trop beau. Et ce serait encore mieux en l’absence de dérives.

En Alsace du Nord, 40 000 poules dites en plein air accèdent à l’essentiel de leur parcours… par une passerelle ! L’immense parcours présente quelques non conformités. Ni le législateur ni le consommateur ne peuvent se satisfaire d’un plein-air-de-façade qui bénéficie au mieux à un très petit nombre de poules (les plus téméraires), sans tenir suffisamment compte de la nature des poules.

Hélas, la procédure d’autorisation environnementale ne se prononce pas sur la protection animale. Les autorités pourtant compétentes ne semblent pas savoir si l’installation et l’étiquetage ‘plein air’ des œufs sont conformes, et demandent des instructions. Pourtant l’installation fonctionne avec l’accord du Préfet. Elle a été subventionnée. La distorsion de concurrence et la pression sur les prix sont dommageables pour les élevages qui pratiquent du plein air plus sincère.

Alsace Nature constate : les procédures d’autorisation et d’enregistrement des élevages industriels ont besoin d’être réformées.

DOSSIER

Plein-air-de-façade pour poules pondeuses. Comment des Préfets autorisent la dérive. Ce que la Région Grand Est soutient avec 1,35 M € et 99 999,89 €.

Télécharger le dossier – PDF

 

Règles non respectées pour des oeufs de poules élevées en plein air

Comment de tels élevages industriels peuvent-ils encore exister au 21 ième siècle ? Comment la souffrance de millions d'animaux peut-elle être tolérée par nos institutions ?Voici quelques éléments de réponse qui montrent à quel point les autorités ne font pas le nécessaire, y compris pour réprimer des fraudes graves, pour améliorer les conditions d'élevage des animaux.En Alsace comme ailleurs, des tricheries existent en ce qui concerne le bien-être animal et les consommateurs sont trompés.

Publiée par Alsace Nature sur Vendredi 15 février 2019

[Communiqué] Grand débat et bien-être animal : moins de mépris et plus d’efficacité !

[Communiqué] Grand débat et bien-être animal : moins de mépris et plus d’efficacité !

Un succès et des attentes

En novembre 2017, un colloque sur le bien-être des animaux d’élevage avait été organisé à Obernai par l’Etat  dans le cadre de la Conférence du Rhin supérieur qui est une instance transfrontalière tripartite (FR, DE, CH). C’était un beau succès, avec un fort intérêt tant de la part des professionnels que des ONG, et des échanges qui mettaient bien le doigt sur les besoins.

Exclusion des ONG

Les propositions du colloque étaient sensées remonter au Ministère et peut-être même à Bruxelles ! et surtout, il devait y avoir une suite. Hélas, cette suite prometteuse s’est faite attendre. Les ONG qui pourtant avaient contribué dans un esprit très constructif, en insistant sur l’indispensable viabilité économique du bien-être animal, ont été exclues (pas les agriculteurs !) des éventuelles discussions au sein de la Conférence du Rhin supérieur.

Evincement des questions prioritaires identifiées et sensibles

Résultat : une nouvelle journée sur le bien-être animal a lieu hier en Allemagne le 26 février 2019, consacrée uniquement à l’attache des vaches. Cette journée a été préparée sans associer les ONG. Le thème choisi préoccupe surtout les Allemands, qui semblent être confrontés à une demande de la part de la distribution de ne plus garder les vaches à l’attache.

Que deviennent les autres questions prioritaires identifiées en 2017 ? Aujourd’hui, les truies passent encore couramment plusieurs mois par an dans une cage où elles ne peuvent même pas se retourner. Chez les petits veaux les bourgeons des cornes sont brûlés au fer chaud générant une douleur extrême, alors qu’une anesthésie locale est parfaitement faisable, l’éleveur pouvant se faire accompagner par son vétérinaire. Les porcelets, ruminants et chapons sont castrés à vif. Les critères pour les aides de la Politique Agricole Commune dans la Région Grand Est comme ailleurs permettent de financer le meilleur et le pire en termes de systèmes d’élevage.

Moins de mépris et plus d’efficacité !

Comment les ONG pourraient-elles cautionner cette débandade face aux problèmes à prendre en charge?  En pleine phase de Grand Débat National, Alsace Nature met le doigt sur ce qui ressemble à un mélange de mépris et d’inefficacité de la part des pouvoirs publics et demande une réforme au niveau de la méthode, et de l’efficacité quant aux résultats sur le terrain. Assez de temps perdu !

[Découverte de la semaine] La Chevêche d’Athéna (Athene noctua)

[Découverte de la semaine] La Chevêche d’Athéna (Athene noctua)

Chevêche d'Athena / Chouette Chevêche - Athene noctua.

Vous la reconnaissez ? Voici l’animal totem de la déesse de la sagesse, Athéna. Avec ses 22 centimètres, la Chevêche d’Athéna fait partie des rapaces les plus petits de France. C’est un peu plus petit qu’un pigeon. Anciennement nommée Chouette chevêche, on compte 13 sous-espèces qui vivent tant en Europe Centrale et occidentale qu’en Asie, en Somalie ou au Moyen-Orient. Il n’est pas significativement possible de différencier la femelle du mâle à leur plumage, mais ce dernier est généralement plus petit. Vingt-deux chants différents composent son vocabulaire. Certains ressemblent étrangement à des miaulements de chaton. —> Écoutez-le !

Elle est sédentaire et territoriale. Très active au crépuscule, en journée, elle se positionne, sur des piquets, des bottes de foin ou des fils téléphoniques. Elle observe. À l’affût. Tantôt redressée, tantôt ramassée sur elle-même. Elle mange de 50 à 80 grammes de nourriture par jour pour un poids de seulement 200 grammes. Son régime alimentaire change en fonction des saisons. Que ce soit des petits mammifères, des insectes, des lombrics, et même d’autres oiseaux, elle capture ses proies au sol. Comme elle avale ses proies tout entières, son organisme doit faire une sélection durant la digestion. C’est pourquoi elle « vomit » des « pelotes de réjection ». Ce sont des boules de quelques centimètres contenant les matières non-comestibles : os, poils, carapaces etc.

Le mâle et la femelle vivent en couple, même en dehors de la période de nidification. Ils sont généralement unis toute leur vie, durant 10 à 15 ans. Ils fréquentent les mêmes reposoirs, rejoignent la même cavité et parcourent leur territoire ensemble. Les pontes ont lieu de mi-avril à mi-mai. La femelle pond 3 à 5 œufs dans une cavité, un œuf tous les deux jours, puis les couve environ 28 jours. Le mâle lui apportera de la nourriture pendant qu’elle couve. Après l’éclosion, les poussins restent au nid pendant 30 à 35 jours. Les jeunes quittent le nid, sans savoir voler. Pendant 5 semaines, ils resteront à proximité, au sol, nourris par les deux parents. La majeure partie des juvéniles s’installeront à moins de 10 km de leur lieu de naissance !

Publiée en juin 2017 dans la revue scientifique Folia Zoologie, une étude de l’académie des sciences de République tchèque apporte la preuve du déclin de cette petite chouette en Europe de l’Ouest. En seulement vingt ans, le nombre de Chevêche d’Athéna a diminué de 40 % en Slovaquie et de 90 % en République tchèque ! En Alsace, la Chevêche d’Athéna est considérée comme une espèce « vulnérable ».

Tony Wills-2

Avec plusieurs couples dans la plupart des villages. Elle était commune à l’Alsace jusque dans les années 50. Progressivement, l’abandon des pâturages au bénéfice de l’élevage du bétail en « stabulation », (dans un espace restreint et clos), le désintérêt de produire des fruits locaux et l’urbanisation, ont fait disparaître son biotope naturel : les vergers traditionnels de haute tige. Et avec eux, disparaissent ses proies et ses nichoirs ! Et ce n’est pas tout. Les produits phytosanitaires utilisés par l’agriculture conventionnelle sont responsables de la disparition des insectes dont elle se nourrit. Enfin, les poteaux téléphoniques creux et les cheminées où elle reste coincée ainsi que les collisions avec les voitures, sont des causes de mortalité non-négligeables ! Et pas seulement pour cette espèce. Malheureusement la liste et bien longue et elles se noie aussi dans les abreuvoirs métalliques et le taux d’éclosion des œufs est abaissé par l’ingestion de métaux lourds et d’hydrocarbures par les animaux à la base de la chaîne alimentaire…

Depuis une dizaine d’années en Alsace, la situation s’est améliorée grâce aux actions de sauvegardes. Comme la pose de nichoirs spécifiques par les bénévoles de la LPO, et la plantation d’arbres fruitiers. La succession d’hivers plus doux en raison du réchauffement climatique peut aussi avoir aidé ses populations. Les communes de Benfeld et du Rhin en association avec la Maison de la Nature du Ried, la Fédération des Producteurs de Fruits du Bas-Rhin et la Ligue de Protection des Oiseaux Alsace, mènent aussi depuis 2011 « l’Opération Vergers » dans le but de maintenir et développer les vergers dans nos paysages !

Vous souhaitez créer, développer, vous former ou vous occuper d’un verger local ?
Rendez-vous sur http://vergers-benfeld-rhin.fr
Pour le plus grand bien de la petite chouette, des insectes, des abeilles et de nos papilles !

 

.MD

Crédit photo : Tony Wills et Arturo Nikolai
Sources :
– ODONAT – livre rouge des espèces menacées en Alsace
– IUCN – International Union for Conservation of Nature
– INPN – Inventaire National du Patrimoine Naturel
– LPO – Ligue de protection des oiseaux Alsace et France
– Folia zoologica. Roč. 66, No. 2 (2017), pp. 106-116 ISSN 0139-7893
– Vergers-benfeld-rhin.fr
– bio-scene.org

[Découverte de la semaine] Le Branchipe de Grube (Eubranchipus grubii)

[Découverte de la semaine] Le Branchipe de Grube (Eubranchipus grubii)

Sans titre - 1_Plan de travail 1

Dans la famille des drôles d’animaux, voici Eubranchipus grubii, ou Le Branchipe de Grube ! C’est typiquement le genre de rareté que l’on ne croise pas souvent, à moins de regarder à la loupe dans une mare temporaire au milieu d’une forêt de feuillus ou d’avoir un ami aquariophile qui collectionne les petits crustacés d’eau douce. Si vous connaissez les triops, ils font partie de la même classe.

Tout petit, E.grubii mesure de 12 à 33 mm et nage sur le dos ! Il n’a pas de carapace, possède deux yeux, onze paires de pattes et la femelle se reconnait à son sac contenant les œufs en maturation. C’est un Branchiopode. Ce qui veut dire que ce sont ses pattes, qui lui servent autant à nager qu’à respirer, comme les branchies des poissons ! Elles servent aussi à filtrer l’eau et à ramener le plancton à sa bouche. Si la filtration est son mode principal d’alimentation, il est aussi capable de grignoter des têtards morts, des œufs d’amphibiens, etc.

Elle nage sur de dos

Elle nage sur de dos

E.grubii vit sur terre depuis près de 500 millions d’années. Il est actuellement présent en Europe centrale et septentrionale ainsi qu’au nord de l’Asie. On peut le retrouver en Alsace et en Lorraine. Il y est considéré comme une espèce « quasi menacée ». Ce qui veut dire qu’il est proche du seuil des espèces vulnérables, selon les critères d’évaluation de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En Alsace, la première observation de ce petit animal eut lieu en 1930 entre Meistratzheim et Valff. Aujourd’hui, l’espèce est répertoriée dans plusd’une quinzaine de sites, essentiellement dans le Bas-Rhin. La flaque d’eau sur la photo se trouve dans le Ried Nord. Elle est connue pour abriter E.grubii depuis plus d’un demi-siècle !
uyfg
9632665870_496a5a1969_o

Sa tête avec les deux antennes et un de ses deux yeux.

Il est typique des mares de sous-bois, alimentées par l’affleurement de la nappe phréatique et dont le fond est recouvert de feuilles mortes. Le milieu doit être régulièrement mis en eau. Mais pas nécessairement tous les ans. En effet, dans le fond d‘une mare asséchée, les œufs attendent, parfois pendant des années, leur éclosion. Comme des graines, ils résistent au gel et à la sécheresse. L’éclosion est synchronisée à la fin de l’hiver. Sous la glace, la hausse du taux de CO2 présent dans l’eau déclenche la naissance des larves. Elles auront alors tout l’hiver puis le printemps pour évoluer, effectuer 40 mues, devenir adultes et s’accoupler. La femelle pond ensuite une dizaine « d’œufs de résistance » qui tombent au fond de l’eau. Les adultes mourront à la fin du printemps, car la mare finira par s’assécher ou devenir trop chaude pour eux. Les œufs, parfois dispersés par le vent ou les oiseaux, attendront le retour de l’hiver, de l’eau, de la glace et du CO2. Et le cycle se poursuit.
Le sac contenant les œufs en maturation.

Le sac contenant les œufs en maturation.

Les substances chimiques, comme les nitrates, ou un plancton trop rare nuisent à sa survie. En Alsace, les sites forestiers ne semblent pas particulièrement menacés, mais les populations actuelles devront être surveillées, notamment à cause du changement climatique. En effet, les œufs ont besoin d’une période de gel pour arriver à maturité. Alors, là où le gel aura déserté les mares, on ne verra plus éclore le petit Branchipe de Grube.

.MD
Crédit photo : Jean-François Cart

Sources :
– ODONAT – livre rouge des espèces menacées en Alsace
– UICN – International Union for Conservation of Nature
– faune-alsace.org
– doris.ffessm

[Découverte de la semaine] Le Chat forestier d’Europe

[Découverte de la semaine] Le Chat forestier d’Europe

Michael Gäbler

Cette semaine, parlons d’une espèce qui ne se laisse pas facilement observer ! Le Chat forestier d’Europe ! 😻 Extrêmement farouche, il évite au maximum de s’approcher des humains. Ce qui le rend très difficile à observer. Ce chat ne doit pas être confondu avec les chats errants, car ce n’est pas un chat domestique qui serait retourné à l’état sauvage. Il est généralement plus grand et plus lourd que ces derniers. Il pèse en moyenne 5 kg et peut en atteindre 8 pour une longueur comprise entre 50 et 65 cm, plus une queue de 30 cm. Le chat forestier fait malgré tout partie de la même espèce que notre chat d’appartement, car ils sont capables de se reproduire ensemble. La seule technique de différentiation fiable est d’effectuer une analyse des variations génétiques.

Anciennement nommé chat sauvage, il vit en solitaire, caché dans la forêt et part chasser les rongeurs dans les prairies. Ce prédateur, aux mœurs principalement nocturnes, veille sur un territoire de taille variable, compris entre 9 et 1300 ha, en fonction de son sexe, son âge, de la structure du paysage et de la nourriture disponible. À l’aide de ses griffes, il marque les limites de son espace sur les troncs d’arbre à l’écorce fibreuse. L’écorce est lacérée sur une hauteur de 30 à 40 cm et s’effiloche au fil du temps, car il revient régulièrement au même endroit. En observant bien au pied de l’arbre marqué, on peut y trouver des morceaux de griffes !

chat forestier Thierry Spenlehauer-2-01

Il est aujourd’hui présent sur la majeure partie de l’Alsace. Des régions boisées de plaines jusqu’aux basses et moyennes montagnes des Vosges et du Jura alsacien en passant par les collines du Sundgau, le piémont vosgien et l’Alsace Bossue. Cette dynamique positive est due à son classement en catégorie protégée dite de « Préoccupation mineure ». Notons que le lynx et de chat forestier sont les deux seuls félins sauvages présents en France et sont protégés tous les deux.

En Alsace, sa présence est très ancienne et l’espèce semblait encore répandue et abondante il y a un siècle. L’espèce a ensuite fortement régressé à cause de la chasse et du piégeage. C’est à partir de 1981 qu’il a pu réinvestir les territoires désertés, grâce à un arrêté ministériel qui lui offre une protection dans toute la France. Aujourd’hui, les menaces qui pèsent encore sur son espèce concerne la mortalité routière, la destruction des prairies à cause de l’intensification agricole et son hybridation avec les chats domestiques.

 
Alena Houšková

.MD
Crédit photo : Thierry Spenlehauer – Alena Houšková – Michael Gäbler
Sources : – livre rouge des espèces menacées en Alsace, ODONAT
– UICN
– ONCF