mercredi 15 Août 2018 | Nature

Vous la reconnaissez ? Voici l’animal totem de la déesse de la sagesse, Athéna. Avec ses 22 centimètres, la Chevêche d’Athéna fait partie des rapaces les plus petits de France. C’est un peu plus petit qu’un pigeon. Anciennement nommée Chouette chevêche, on compte 13 sous-espèces qui vivent tant en Europe Centrale et occidentale qu’en Asie, en Somalie ou au Moyen-Orient. Il n’est pas significativement possible de différencier la femelle du mâle à leur plumage, mais ce dernier est généralement plus petit. Vingt-deux chants différents composent son vocabulaire. Certains ressemblent étrangement à des miaulements de chaton. —> Écoutez-le !
Elle est sédentaire et territoriale. Très active au crépuscule, en journée, elle se positionne, sur des piquets, des bottes de foin ou des fils téléphoniques. Elle observe. À l’affût. Tantôt redressée, tantôt ramassée sur elle-même. Elle mange de 50 à 80 grammes de nourriture par jour pour un poids de seulement 200 grammes. Son régime alimentaire change en fonction des saisons. Que ce soit des petits mammifères, des insectes, des lombrics, et même d’autres oiseaux, elle capture ses proies au sol. Comme elle avale ses proies tout entières, son organisme doit faire une sélection durant la digestion. C’est pourquoi elle « vomit » des « pelotes de réjection ». Ce sont des boules de quelques centimètres contenant les matières non-comestibles : os, poils, carapaces etc.
Le mâle et la femelle vivent en couple, même en dehors de la période de nidification. Ils sont généralement unis toute leur vie, durant 10 à 15 ans. Ils fréquentent les mêmes reposoirs, rejoignent la même cavité et parcourent leur territoire ensemble. Les pontes ont lieu de mi-avril à mi-mai. La femelle pond 3 à 5 œufs dans une cavité, un œuf tous les deux jours, puis les couve environ 28 jours. Le mâle lui apportera de la nourriture pendant qu’elle couve. Après l’éclosion, les poussins restent au nid pendant 30 à 35 jours. Les jeunes quittent le nid, sans savoir voler. Pendant 5 semaines, ils resteront à proximité, au sol, nourris par les deux parents. La majeure partie des juvéniles s’installeront à moins de 10 km de leur lieu de naissance !
Publiée en juin 2017 dans la revue scientifique Folia Zoologie, une étude de l’académie des sciences de République tchèque apporte la preuve du déclin de cette petite chouette en Europe de l’Ouest. En seulement vingt ans, le nombre de Chevêche d’Athéna a diminué de 40 % en Slovaquie et de 90 % en République tchèque ! En Alsace, la Chevêche d’Athéna est considérée comme une espèce « vulnérable ».

Avec plusieurs couples dans la plupart des villages. Elle était commune à l’Alsace jusque dans les années 50. Progressivement, l’abandon des pâturages au bénéfice de l’élevage du bétail en « stabulation », (dans un espace restreint et clos), le désintérêt de produire des fruits locaux et l’urbanisation, ont fait disparaître son biotope naturel : les vergers traditionnels de haute tige. Et avec eux, disparaissent ses proies et ses nichoirs ! Et ce n’est pas tout. Les produits phytosanitaires utilisés par l’agriculture conventionnelle sont responsables de la disparition des insectes dont elle se nourrit. Enfin, les poteaux téléphoniques creux et les cheminées où elle reste coincée ainsi que les collisions avec les voitures, sont des causes de mortalité non-négligeables ! Et pas seulement pour cette espèce. Malheureusement la liste et bien longue et elles se noie aussi dans les abreuvoirs métalliques et le taux d’éclosion des œufs est abaissé par l’ingestion de métaux lourds et d’hydrocarbures par les animaux à la base de la chaîne alimentaire…
Depuis une dizaine d’années en Alsace, la situation s’est améliorée grâce aux actions de sauvegardes. Comme la pose de nichoirs spécifiques par les bénévoles de la LPO, et la plantation d’arbres fruitiers. La succession d’hivers plus doux en raison du réchauffement climatique peut aussi avoir aidé ses populations. Les communes de Benfeld et du Rhin en association avec la Maison de la Nature du Ried, la Fédération des Producteurs de Fruits du Bas-Rhin et la Ligue de Protection des Oiseaux Alsace, mènent aussi depuis 2011 « l’Opération Vergers » dans le but de maintenir et développer les vergers dans nos paysages !
Vous souhaitez créer, développer, vous former ou vous occuper d’un verger local ?
Rendez-vous sur http://vergers-benfeld-rhin.fr
Pour le plus grand bien de la petite chouette, des insectes, des abeilles et de nos papilles !
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Crédit photo : Tony Wills et Arturo Nikolai
Sources :
– ODONAT – livre rouge des espèces menacées en Alsace
– IUCN – International Union for Conservation of Nature
– INPN – Inventaire National du Patrimoine Naturel
– LPO – Ligue de protection des oiseaux Alsace et France
– Folia zoologica. Roč. 66, No. 2 (2017), pp. 106-116 ISSN 0139-7893
– Vergers-benfeld-rhin.fr
– bio-scene.org
mercredi 8 Août 2018 | Forêt, Nature

Dans la famille des drôles d’animaux, voici Eubranchipus grubii, ou Le Branchipe de Grube ! C’est typiquement le genre de rareté que l’on ne croise pas souvent, à moins de regarder à la loupe dans une mare temporaire au milieu d’une forêt de feuillus ou d’avoir un ami aquariophile qui collectionne les petits crustacés d’eau douce. Si vous connaissez les triops, ils font partie de la même classe.
Tout petit, E.grubii mesure de 12 à 33 mm et nage sur le dos ! Il n’a pas de carapace, possède deux yeux, onze paires de pattes et la femelle se reconnait à son sac contenant les œufs en maturation. C’est un Branchiopode. Ce qui veut dire que ce sont ses pattes, qui lui servent autant à nager qu’à respirer, comme les branchies des poissons ! Elles servent aussi à filtrer l’eau et à ramener le plancton à sa bouche. Si la filtration est son mode principal d’alimentation, il est aussi capable de grignoter des têtards morts, des œufs d’amphibiens, etc.

Elle nage sur de dos
E.grubii vit sur terre depuis près de 500 millions d’années. Il est actuellement présent en Europe centrale et septentrionale ainsi qu’au nord de l’Asie. On peut le retrouver en Alsace et en Lorraine. Il y est considéré comme une espèce « quasi menacée ». Ce qui veut dire qu’il est proche du seuil des espèces vulnérables, selon les critères d’évaluation de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En Alsace, la première observation de ce petit animal eut lieu en 1930 entre Meistratzheim et Valff. Aujourd’hui, l’espèce est répertoriée dans plusd’une quinzaine de sites, essentiellement dans le Bas-Rhin. La flaque d’eau sur la photo se trouve dans le Ried Nord. Elle est connue pour abriter E.grubii depuis plus d’un demi-siècle !


Sa tête avec les deux antennes et un de ses deux yeux.
Il est typique des mares de sous-bois, alimentées par l’affleurement de la nappe phréatique et dont le fond est recouvert de feuilles mortes. Le milieu doit être régulièrement mis en eau. Mais pas nécessairement tous les ans. En effet, dans le fond d‘une mare asséchée, les œufs attendent, parfois pendant des années, leur éclosion. Comme des graines, ils résistent au gel et à la sécheresse. L’éclosion est synchronisée à la fin de l’hiver. Sous la glace, la hausse du taux de CO2 présent dans l’eau déclenche la naissance des larves. Elles auront alors tout l’hiver puis le printemps pour évoluer, effectuer 40 mues, devenir adultes et s’accoupler. La femelle pond ensuite une dizaine « d’œufs de résistance » qui tombent au fond de l’eau. Les adultes mourront à la fin du printemps, car la mare finira par s’assécher ou devenir trop chaude pour eux. Les œufs, parfois dispersés par le vent ou les oiseaux, attendront le retour de l’hiver, de l’eau, de la glace et du CO2. Et le cycle se poursuit.

Le sac contenant les œufs en maturation.
Les substances chimiques, comme les nitrates, ou un plancton trop rare nuisent à sa survie. En Alsace, les sites forestiers ne semblent pas particulièrement menacés, mais les populations actuelles devront être surveillées, notamment à cause du changement climatique. En effet, les œufs ont besoin d’une période de gel pour arriver à maturité. Alors, là où le gel aura déserté les mares, on ne verra plus éclore le petit Branchipe de Grube.
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Crédit photo : Jean-François Cart
Sources :
– ODONAT – livre rouge des espèces menacées en Alsace
– UICN – International Union for Conservation of Nature
– faune-alsace.org
– doris.ffessm
mercredi 1 Août 2018 | Nature

Cette semaine, parlons d’une espèce qui ne se laisse pas facilement observer ! Le Chat forestier d’Europe ! 😻 Extrêmement farouche, il évite au maximum de s’approcher des humains. Ce qui le rend très difficile à observer. Ce chat ne doit pas être confondu avec les chats errants, car ce n’est pas un chat domestique qui serait retourné à l’état sauvage. Il est généralement plus grand et plus lourd que ces derniers. Il pèse en moyenne 5 kg et peut en atteindre 8 pour une longueur comprise entre 50 et 65 cm, plus une queue de 30 cm. Le chat forestier fait malgré tout partie de la même espèce que notre chat d’appartement, car ils sont capables de se reproduire ensemble. La seule technique de différentiation fiable est d’effectuer une analyse des variations génétiques.
Anciennement nommé chat sauvage, il vit en solitaire, caché dans la forêt et part chasser les rongeurs dans les prairies. Ce prédateur, aux mœurs principalement nocturnes, veille sur un territoire de taille variable, compris entre 9 et 1300 ha, en fonction de son sexe, son âge, de la structure du paysage et de la nourriture disponible. À l’aide de ses griffes, il marque les limites de son espace sur les troncs d’arbre à l’écorce fibreuse. L’écorce est lacérée sur une hauteur de 30 à 40 cm et s’effiloche au fil du temps, car il revient régulièrement au même endroit. En observant bien au pied de l’arbre marqué, on peut y trouver des morceaux de griffes !

Il est aujourd’hui présent sur la majeure partie de l’Alsace. Des régions boisées de plaines jusqu’aux basses et moyennes montagnes des Vosges et du Jura alsacien en passant par les collines du Sundgau, le piémont vosgien et l’Alsace Bossue. Cette dynamique positive est due à son classement en catégorie protégée dite de « Préoccupation mineure ». Notons que le lynx et de chat forestier sont les deux seuls félins sauvages présents en France et sont protégés tous les deux.
En Alsace, sa présence est très ancienne et l’espèce semblait encore répandue et abondante il y a un siècle. L’espèce a ensuite fortement régressé à cause de la chasse et du piégeage. C’est à partir de 1981 qu’il a pu réinvestir les territoires désertés, grâce à un arrêté ministériel qui lui offre une protection dans toute la France. Aujourd’hui, les menaces qui pèsent encore sur son espèce concerne la mortalité routière, la destruction des prairies à cause de l’intensification agricole et son hybridation avec les chats domestiques.

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Crédit photo : Thierry Spenlehauer – Alena Houšková – Michael Gäbler
Sources : – livre rouge des espèces menacées en Alsace, ODONAT
– UICN
– ONCF
mercredi 25 Juil 2018 | Forêt, Nature

Voici le Grand Tétras ou Coq de Bruyère ! 💡
Ce gallinacé sédentaire vit dans les forêts de conifères purs ou mélangés de feuillus. Il est exigeant. Pour l’accueillir, la forêt se doit d’être clairsemée et pourvue de vieux arbres de plus de 120 ans. Dans le massif Vosgien, on le retrouve dans les vieilles futaies composées de 50 à 70 % de sapins ou de pins, dont le sous-bois foisonne de myrtilles. Que mange-t-il ? Essentiellement végétarien, il mange des bourgeons, des baies, des feuilles et éventuellement des coléoptères et quelques fourmis. L’hiver, il se nourrit d’aiguilles de sapins et de pins. Pour mieux digérer, il ira jusqu’à avaler du gravier.
Aimant se tenir loin des hommes, il affectionne les forêts de plusieurs milliers d’hectares et celles qui ne sont pas perturbées par nos activités. Comme la sylviculture et les pratiques hors-piste, les randonnées en raquettes, ou le ski de fond. Et pour cause, à la fin de l’hiver, les grands coqs convergent vers une « place de chant » pour se mesurer chaque matin aux autres mâles et y retrouver les femelles. Ces arènes, du combat et de l’amour, demeurent le plus souvent au même endroit durant des années ! Très attentifs, ils connaissent par cœur les moindres recoins de leur territoire. S’ils remarquent que quelque chose n’est pas à sa place ou si leur place de chant est désorganisée, ils se dispersent. Le désordre et la confusion causés par une présence humaine suffisent alors aux Tétras pour déserter le lieu de la reproduction et faire capoter la saison des amours !
Historiquement présent du sud du massif jusqu’au Vosges du Nord et dans la forêt de la Haguenau, le Coq de bruyère se cantonne aujourd’hui aux derniers îlots de forêt vosgienne qui bénéficient d’une grande quiétude. En 2010, les effectifs sont estimés à 140 oiseaux adultes sur l’ensemble du massif. Aujourd’hui, l’espèce est en « Danger Critique » de disparition sur la liste rouge régionale. On n’en compte plus qu’une centaine. Imaginez, ils étaient plus d’un millier dans nos montagnes il y a seulement 80 ans !
En janvier dernier, l’Office National des Forêts (ONF), qui gère 75 % de la surface forestière d’Alsace, a renouvelé son partenariat avec le Groupe Tétras Vosges afin de protéger le bel oiseau. Jusque dans les années 70, la réduction de sa population était principalement causée par la destruction de son habitat, les arbres anciens et les clairières. Maintenant, c’est véritablement l’absence de tranquillité qui pourrait lui être fatale. L’hiver, lorsque la nourriture devient trop rare, le Tétras dépense plus d’énergie qu’il ne peut en acquérir en mangeant des aiguilles de conifères. Il économise alors les ressources mises de côté durant l’été en faisant le moins de mouvement possible. Or, il s’envole lorsqu’un promeneur en raquettes ou un skieur de fond passe près de lui. Et si cela se reproduit trop souvent, l’animal arrive largement affaibli à la période de reproduction.
Coup de grâce pour le Tétras, le nourrissage hivernal des sangliers fait grandir leurs hardes. Ces derniers, en trop grand nombre, dérangent le Coq et mangent les œufs pondus au sol par la poule. Pour y remédier, l’ONF compte agir pour interdire le nourrissage au-dessus de 800m d’altitude et canaliser le public hors des zones d’habitation du Grand Tétras. Samuel Audinot, président du Groupe Tétras Vosges, est optimiste : « On espère que tout ce travail permettra de maintenir, voire augmenter leur population, la situation n’est pas désespérée ! »
Pour entendre le chant du bel oiseau
et tout savoir sur lui 
– https://www.youtube.com/watch?v=uEj8O7KR5u0
– https://inpn.mnhn.fr/docs/cahab/fiches/Grand-tetras.pdf
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Crédit photo : Jari Peltomäki et Michel Munier
Sources : – ODONAT (Livre rouge des espèces menacées en Alsace)
– groupe-tetras-vosges.org
– salamandre.net
– lalsace.fr
mercredi 18 Juil 2018 | Groupe Jeunes
Le 1er juillet dernier 132 coureurs dont 27 enfants et près d’une vingtaine d’associations et autant de bénévoles du groupe jeunes d’Alsace Nature se sont réunis au CINE de Bussierre pour les Activ’été 2018. Depuis l’édition 2017, le festival a grandi s’est enrichi. Cette journée, dédiée au sport en pleine nature et à la sensibilisation aux causes environnementales, s’est déroulée dans une ambiance familiale et décalée.
Pedro, le speaker survolté, a su changer de d’uniformes pour chaque course ! Déguisé en minion pour les enfants, il a su faire face à un faux départ et relancer la course de 1 km pour les parents et leurs enfants. Déguisé en touriste hawaïen, il a ensuite animé l’échauffement des coureurs du 5 km puis en entraîneur de foot allemand pour la course des 11 km. Bien échauffés, quelques coureurs se sont néanmoins égarés dans la forêt de la Robertsau.
Valentin Sprauel ne s’est pas perdu et rafle tout, il remporte la course de 5 km puis de 11 km. Et comme si ça ne suffisait pas, il remporte un prix au tirage au sort des dossards et le remet en jeu. Le tirage a d’ailleurs été réalisé par les enfants qui ont couru. Un podium peu conventionnel attendait les vainqueurs. En effet, lors de son assemblage, un bénévole en a traversé le plancher et les autres marches étaient toutes aussi fragiles. Nous avons donc décidé de mettre les coureurs dans des boîtes en renversant les cagettes.
Autre surprise, le groupe du musique présent lors de l’évènement s’est uni à la démonstration de capoeira et à leurs musiciens de manière spontanée pour nous offrir une initiation enjouée.
Le classement des coureurs :

Les chiffres en bref :
– Nous avons accueilli, 132 coureurs, soit 45 de plus que l’an dernier, dont 27 enfants !
– Environ 2000 € de cadeaux ont été distribués grâce à nos partenaires.
– 30 litres de bière, 40 de jus de pomme et de citronnade et 15 litres de pâte à crêpes ont été engloutis…
– Tous comptes faits, grâce aux inscriptions des courses, aux ateliers et à la vente de boissons et de crêpes, et aux dons, cette journée aura permis de récolter environ 700 € pour la protection de la nature en Alsace ! Merci encore à vous tous d’avoir couru et participé aux ateliers.
Merci aux bénévoles d’avoir consacré autant de temps à l’organisation de cette journée.
Merci à toutes les associations et à Pedro et qui ont mis l’ambiance toute la journée et enfin, merci à tous les partenaires qui ont offert les lots avec lesquels vous êtes repartis !
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Les Activ’été en images :
Voici les albums photos complets des courses de 5 et de 11 km: