Décès de Jean-Jacques Rettig

Décès de Jean-Jacques Rettig

Nous avons eu la tristesse d’apprendre récemment le décès, lundi 19 février 2024, de Jean-Jacques Rettig, militant anti-nucléaire et membre du comité directeur d’Alsace Nature pendant de nombreuses années.

Il avait lutté contre la construction des centrales nucléaires le long du Rhin et avait fondé notamment le Comité pour la sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin (CSFR). Infatigable militant, il était ensuite de toutes les manifestations liées au nucléaire mais aussi actif au sein de notre mouvement associatif pour défendre tout ce qui est lié à la Nature et au Vivant.

Nous avons une pensée affectueuse pour sa famille et tous ses proches à qui nous présentons nos très sincères condoléances.

 

Voici le témoignage d’Axel Mayer, un de ses amis

« Jean-Jacques Rettig, né en 1937, était, avec Solange et Michel Fernex, l’une des grandes figures du mouvement écologiste et antinucléaire alsacien. L’ancien professeur de collège était déjà présent en 1974 lors de l’occupation du chantier contre l’usine chimique de Marckolsheim en Alsace, et il était également en première ligne lors de la protestation contre la centrale nucléaire de Wyhl. Le 17 juillet 1970, après la parution du premier article dans la « Dernière Nouvelle d’Alsace » sur la centrale nucléaire de Fessenheim, il a fondé avec trois familles une initiative citoyenne. En 1971, ils étaient déjà 1500, dont 150 Allemands. Quatre ans plus tard, ils étaient 15 000. Jean-Jacques milite depuis plus de 50 ans et il n’est « pas seulement » un opposant à la centrale nucléaire et un écologiste. C’était aussi un grand européen engagé et un humaniste. Depuis les premiers conflits écologiques dans le Rhin supérieur, il s’est engagé pour une Europe des hommes sans frontières.

Je me souviens de notre principal communiqué de presse commun de 2007, qui n’a été exploité nulle part par les journalistes. Ensemble, nous avions critiqué les projets très concrets du président français de l’époque, Sarkozy, d’exporter des centrales nucléaires françaises au président Kadhafi en Libye. Tout nouveau pays qui devient un État doté de l’arme nucléaire grâce à l’utilisation dite pacifique de l’énergie atomique est une catastrophe pour l’humanité. Il serait terrible qu’il y ait aujourd’hui des centrales nucléaires françaises en Libye, pays en guerre civile, et que les belligérants aient accès à des armes nucléaires et à des bombes sales.

Lorsque Jean-Jacques Rettig a participé à l’organisation de l’occupation du chantier contre une usine de plomb extrêmement polluante à Marckolsheim en 1974, c’était encore l’époque de la « bonne vieille destruction ouverte » et surtout visible de l’environnement et de son empoisonnement en France et en Allemagne. Les rivières étaient des cloaques malodorants, les enfants vivant à proximité des incinérateurs souffraient de pseudo-croup, les vaches mouraient de saturnisme dans les environs des usines d’eau de Javel. Les déchets nucléaires suisses étaient alors encore immergés dans la mer. C’était l’époque de l’après-guerre, ivre de technique et sans esprit critique, où l’on utilisait encore l’amiante sans retenue, malgré la connaissance des dangers par les entreprises.

Aujourd’hui, 50 ans après ces premiers conflits, l’air et l’eau sont devenus plus propres. On peut à nouveau se baigner dans nos ruisseaux. La centrale nucléaire de Fessenheim a enfin été arrêtée. L’électricité produite par le vent et le soleil est plusieurs fois moins chère que l’électricité produite par les nouvelles centrales nucléaires.
Ces succès pour l’homme, la nature et l’environnement ne sont pas tombés du ciel. Nous les devons à des personnes comme Jean-Jacques Rettig.

En ces jours de deuil, des jeunes et des moins jeunes manifestent avec Fridays for Future pour un monde durable et meilleur. Ils perpétuent son œuvre et son engagement. »

Axel Mayer, Mitwelt Stiftung Oberrhein, (ancien) directeur de BUND, comité directeur de TRAS
(connaît Jean Jacques depuis l’occupation du chantier en 1974 à Marckolsheim)

Témoignages sur Jean-Jacques Rettig : https://www.mitwelt.org/jean-jacques-rettig-antinuclaire-alsacien-et-militant-cologiste-ami-

Voir également : Fessenheim, de la lutte initiale à la fermeture, Article paru dans la revue Sortir du nucléaire n°85 – printemps 2020 : https://www.sortirdunucleaire.org/Fessenheim-de-la-lutte-initiale-a-la-fermeture

 

Projet de construction d’une centrale photovoltaïque à Lembach

Projet de construction d’une centrale photovoltaïque à Lembach

La mairie de Lembach a lancé récemment une consultation publique sur un projet de construction d’une centrale photovoltaïque, sur le site de la colline du Willerhoeh, véritable réservoir de biodiversité. Alsace Nature a envoyé, le 8 décembre 2023, un courrier au maire dans le cadre de cette concertation.

Dans ce courrier, nous avons rappelé notre avis favorable au développement des énergies renouvelables pour faire face aux impératifs de la transition énergétique, mais également notre engagement pour la sauvegarde des sites et des paysages dans toutes leurs composantes sol, sous-sol, eau, air, flore, faune, milieux naturels et sites bâtis, ainsi que la défense ou la réhabilitation du milieu de vie.

Afin de concilier ces deux enjeux majeurs – lutte contre le changement climatique et effondrement de la biodiversité – nous préconisons de prioriser la sobriété énergétique et d’avoir une vision globale sur l’aménagement du territoire, la préservation des espaces naturels et la reconquête de notre biodiversité. A l’heure où la question de l’autonomie alimentaire de notre pays fait l’actualité, il est forcément questionnant de voir émerger des projets qui vont diminuer la surface utile qui pourrait être dédiée à une agriculture nourricière. Ainsi, nous sommes persuadés qu’une installation de panneaux photovoltaïques devrait être prioritairement posée sur les sols déjà artificialisés. Nous regrettons l’absence de stratégie à grande échelle pour équiper prioritairement des sites dont l’artificialisation est déjà effective. Le potentiel solaire des ZAC, aires de stationnement, toitures des habitats et sites industriels devrait être prioritaire pour le développement des installations photovoltaïques et constitue un potentiel qui reste encore largement à exploiter.

Il apparait que le site de la colline du Willerhoeh est exploitée depuis de nombreuses années par un pâturage ovin ou des fauches. Il s’agit d’un véritable réservoir de biodiversité, un milieu de vie et corridor écologique essentiels pour bon nombre d’espèces emblématiques des Vosges du Nord. Un courrier avait déjà été envoyé par nos associations naturalistes fédérées, le 15 juin 2023, pour alerter la commune de Lembach sur l’impact d’un tel projet sur la biodiversité du site choisi. (Dans sa réponse, le maire avait estimé que la commune n’a pas d’autre site alternatif à proposer et que « la présence d’espèces rares constitue un enjeu et pas forcément un impact »; il avait renvoyé à une future étude environnementale précise du site pour étayer les observations effectuées sur le secteur.)

Alsace Nature a réaffirmé lors de cette concertation qu’il conviendrait d’avoir une stratégie de développement du photovoltaïque à l’échelle de la communauté de communes Sauer-Pechelbronn et de prioriser les projets sur des sites déjà fortement urbanisés ou sur des bâtiments.

Enfin, nous avons également déploré la forme adoptée par cette « consultation citoyenne ». L’information du public s’est limitée aux panneaux d’affichages de la commune. Aucune information n’était disponible sur le site internet de la commune ou de la communauté de communes.

 

Voir la contribution d’Alsace Nature – projet photovoltaïque Lembach

 

 

Avis d’Alsace Nature sur le projet de cartographie régionale des zones favorables au développement de l’éolien

Avis d’Alsace Nature sur le projet de cartographie régionale des zones favorables au développement de l’éolien

Contribution d’Alsace Nature – avril 2023

Notre contribution, rédigée avec l’appui de nos associations naturalistes fédérées, porte principalement sur le périmètre de l’Alsace (départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin). Le projet mis à la concertation appelle de notre part les remarques suivantes :

 

Remarques générales

Alsace Nature s’est de longue date engagée en faveur des énergies renouvelables, en substitution des énergies fossiles et fissiles, dans le cadre d’une société dont l’empreinte écologique globale reste, ou plutôt redevienne, compatible avec le maintien des fonctionnalités de nos écosystèmes. Nous estimons par conséquent que si le développement des énergies renouvelables est souhaitable, il ne peut se réaliser toutes choses égales par ailleurs car la question de l’énergie n’est qu’une des facettes du dérèglement écologique dans lequel nous a menés le modèle techno-économique actuel. Le développement des renouvelables n’a du sens que s’il s’inscrit dans une démarche de sobriété systémique collectivement assumée et de reprise en mains de la question de la
consommation et de la production d’énergie par les collectivités et les citoyens. Cette option permettrait de développer des projets inscrits localement et ne recherchant pas une rentabilité maximale comme c’est le cas des projets industriels. Ainsi, la question de la taille et de la localisation des projets pourrait se concevoir de manière plus souple et plus en adéquation avec les enjeux écologiques locaux.

Les instructions du gouvernement du 26 mai 2021 ne doivent donc pas faire oublier les engagements de l’état sur les espèces protégées :
– la Directive 79/409/CEE dite directive oiseaux (Annexe I),
– la Directive 92/43/CEE dite directive habitats (Annexe IV et/ou II),
– l’arrêté du 23 avril 2007 fixant la liste des mammifères terrestres protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection (article 2),
– l’arrêté du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l’ensemble du territoire et les modalités de leur protection (article 3),
– la Convention CITES (Annexe A),
– la convention de Berne (Annexes II et III), relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe,
– la convention de Bonn (Annexe II et accord EUROBATS) sur les espèces migratrices appartenant à la faune sauvage.

Dans le cas du projet de développement éolien soumis à consultation, et dans le contexte actuel du marché éolien, le développement de parcs éoliens se traduira par l’apparition d’une forme d’empreinte industrielle dans le paysage. Or, avant d’industrialiser ce qu’il reste de nature et de paysages peu ou moins anthropisés, surtout en Alsace avec 400 hab/km² en plaine, il serait plus judicieux d’équiper en premier lieu les surfaces de toitures industrielles ou commerciales, parkings, hangars, etc. en place ou à venir en solaire. Et pour l’éolien, de voir l’opportunité en Alsace de développer d’autres types d’éoliennes, moins impactantes pour l’environnement. On ne voit exclusivement, de par le monde, que l’installation d’éoliennes type moulin à vent,
dénommées éoliennes horizontales. Or il existe aussi des éoliennes dénommées verticales, voire qui combinent les deux fonctionnements à une vitesse réduite. Ces éoliennes ont de multiples avantages, notamment de ne pas avoir à s’orienter en fonction de la direction du vent (pour les éoliennes verticales), d’être plus faciles à entretenir (les équipements sensibles, transformateur,… sont au niveau du sol), de présenter une nuisance visuelle moindre pour l’habitant.

Mais surtout, et c’est ce qui nous intéresse, elles sont moins dangereuses pour l’avifaune car plus compactes, avec des mouvements de pièces « prévisibles » à contrario des extrémités des moulins à vent que les oiseaux ou chiroptères ne voient pas venir ! Ne devrait-on considérer cette alternative pour les zones densément peuplées comme c’est le cas en Alsace ? Le bien-être des habitants et la protection de la faune méritent bien une petite perte en efficacité énergétique si tel est bien le cas.
N’oublions pas non plus qu’en Alsace la nature a déjà payé un très lourd tribut aux énergies renouvelables avec la canalisation totale du Rhin sauvage pour la navigation et l’hydroélectricité (voir ci-dessous).

Enfin, cette cartographie de ZFDE devrait être accompagnée d’une cartographie des zones de mesures  compensatoires possibles, inhérentes au potentiel ainsi ouvert. Nous savons que trop souvent, ces schémas se reportent sur les projets, mais au final, ceux-ci ne présentent que très rarement de mesures compensatoires et au final, les impacts cumulés ne sont jamais réellement pris en considération. Il faudrait donc prévoir, dès maintenant, la création – et ses critères d’encadrement – d’un « pool » de mesures compensatoires, pour le paysage et la biodiversité, financier et foncier, qui intègrerait les effets cumulés des futurs projets éoliens, à l’échelle régionale.

Nos autres remarques s’articulent en 3 parties :
1. Remarques sur les critères d’exclusion
2. Priorisation des énergies
3. Remarques sur des zonages spécifiques.

 

1. Zones d’exclusion

Nous avons bien noté l’exclusion de tout le massif vosgien et des principaux massifs forestiers, nous l’approuvons au vu des enjeux environnementaux et tenons à vous en remercier. Mais les petits boisements (inférieurs à quelques hectares), les alignements d’arbres et les haies n’ont pas systématiquement été pris en compte. Or ces boisements sont en général des ilots de biodiversité au milieu de vastes zones pauvres en biodiversité. Les enjeux environnementaux justifieraient donc que ces boisements soient systématiquement exclus des ZFDE.

Ainsi, nous demandons fermement un recul de 200m en bout de pâle des ZFDE de toute zone boisée conformément aux recommandation d’Eurobats (RODRIGUES et al., 2015).

Par ailleurs, toujours concernant les forêts, il semble que la couche SIG utilisée pour délimiter les forêts ne soit pas très pertinente car nous relevons que de nombreux milieux boisés sont encore inclus dans la ZFDE. Quelle est la couche « source » utilisée ? Nous demandons d’utiliser une couche SIG plus précise, au moins pour l’Alsace ou la BD CIGAL d’Occupation des Sols est relativement fine. Nous constatons aussi quelques enclaves retenues favorables aux éoliennes au sein d’un massif boisé ou entre deux secteurs boisés. A éviter.

Non prise en compte du SRCE : le schéma régional de cohérence écologique n’a apparemment pas été pris en compte sur la cartographie. Les trames vertes et bleues (et noires) doivent de toute évidence ne pas être intégrées dans les ZFDE. Un faisceau d’exclusion d’une centaine de mètres de large (à débattre) nous paraît nécessaire.

Non prise en compte des accords Eurobats et du Guide de prise en compte d’espèces animales faisant l’objet d’un Plan régional d’actions dans les projets d’aménagements en Alsace – version 9 (DREAL Alsace 2015). Nous demandons la prise en compte de ces références.

La distance minimale des ZFDE par rapport aux zones bâties est de 300 m. Mais en plaine d’Alsace, les vents sont relativement faibles et seules les très grandes éoliennes (120m de hauteur minimum + 60m de pale) pourront espérer une rentabilité suffisante, bien que médiocre. Nous restons sceptiques sur l’acceptabilité de tels engins dans des zones où la densité des villages et de la population est forte.

Les fuseaux d’exclusion de 200m le long des autoroutes et routes express et de 75m le long des routes à grande circulation nous interrogent également. Si l’idée est de préserver la chaussée (et du coup les usagers) de l’effondrement d’un aérogénérateur, la distance ne sera souvent pas suffisante. Si tel est le but recherché, il serait plus logique d’imposer pour tout projet d’éolienne, un recul par rapport à la chaussée au moins égal à la hauteur maximale de l’éolienne, pale comprise. D’un autre côté, dans la perspective d’éviter l’artificialisation des milieux et des paysages encore relativement préservés, on pourrait imaginer au contraire d’étudier la possibilité de prévoir l’installation des éoliennes le long des axes de transports terrestres (hors forêt), sous réserve des enjeux de sécurité.

Passages de niveau de sensibilité « très fort » à « fort possible ». Nous sommes très réticents concernant ces modifications de classement. Déjà les passages de « fort » à « fort possible » sont souvent problématiques. Mais l’intégration dans les ZFDE de zones initialement classées à sensibilité « très fort », comme par exemple sur les enjeux chiroptères et couloirs de migration, ne nous paraît pas pertinent. Nous avons bien compris que dans tous les cas une étude d’impact devra être faite, mais projeter l’installation d’éoliennes dans des zones à très forte sensibilité risque d’amener davantage de problèmes (comme par exemple le bridage pour limiter la
mortalité des chiroptères) et d’incompréhensions entre les différents acteurs que de solutions énergétiques pertinentes. Malgré les souhaits d’étendre rapidement le parc éolien, il sera néanmoins impératif d’imposer la collecte des données bibliographiques et la réalisation d’inventaires sur 12 mois afin de prendre en compte les migrations, périodes de reproduction, périodes hivernales.

Le déclassement de certains sites ou critères n’est pas clairement expliqué dans le document et ne semble pas toujours pertinent au regard des enjeux écologiques.

Le déclassement des sites Natura 2000 de la Directive Habitats/Faune/Flore (ZSC) devrait être regardé au regard des espèces déterminantes qui ont conduit à la désignation du site. En effet, nous constatons que, par exemple, des ZSC dédiées en grande partie à la présence de Chiroptères, devraient être considérées comme étant à enjeux Très Fort TF et non déclassé en Fort possible. Nous ne partageons pas cette analyse et demandons le retrait de ces zones des ZFDE ainsi que l’exclusion d’une zone tampon de 200m autours de ces sites.

De même, pour les ZNIEFF 1, en Alsace, de nombreuses ZNIEFF 1 ont été désignées spécifiquement en raison de la présence de grands rapaces (Milan royal) ou de chiroptères (colonies de reproduction). Il est donc nécessaire de remonter en enjeu Très Fort (et non déclasser en Fort possible) les ZNIEFF 1 dédiées au Milan royal et aux chiroptères. Aussi, les grandes vallées alluviales désignées en ZNIEFF 1 devraient être considérées comme étant à enjeu Très fort (TF) et non comme Fort possible.

Des sites du Conservatoire d’Espace Naturel d’Alsace et des Espaces naturels sensibles classés ou acquis en raison d’enjeux avifaune ou de chiroptères sont présents dans la ZFDE. Nous demandons le déclassement de ces sites pour des raisons évidentes de prise en compte des actions de protection mises en œuvre localement par les associations et les collectivités et la définition d’une zone tampon de 200m autours de ces sites.

Des cours d’eau, zones inondables des Plans de Prévention des risques d’inondations (remblais interdits dans ces zonages), zones humides prioritaires des Schémas d’Aménagement et de Gestion des Eaux sont incluses dans le zonage ZFDE. Nous demandons le retrait de ces zonages compte tenue de l’important tribut qu’on déjà payés les zones humides, compte tenu des interdictions réglementaires dans le cas des PPRI et demandons l’utilisation de cartes de zones humides des SAGES à jour, ce qui n’est pas le cas sur la version soumise à consultation.

Dans un souci de cohérence et de respect des règles définissant le niveau de contrainte, la cartographie doit également prendre en compte les données extérieures à la région Grand Est dans le cas des éléments ciblés par une zone tampon : radar militaire, PPS, sites Seveso….

Nous avons en effet constaté la non prise en compte d’un site Seveso situé hors des limites de la région dans votre zonage et ce dysfonctionnement est probablement présent pour d’autres installations. Cette prise en compte devra également s’appliquer aux éléments écologiques décrits dans ce courrier (lisières, sites Natura 2000, proximité de colonies de parturition…).

Quelle est la prise en compte des couloirs migratoires des oiseaux, notamment à l’échelle locale ?

Concernant la restitution cartographique, il faudrait rectifier quelques erreurs sur la carte (toutes les zones boisées ne semblent pas évitées). Il serait également intéressant de distinguer, sur la carte, les zones à fort impact et les zones à impact modéré.

Enfin, il serait judicieux de prévoir dès à présent des procédures de révision régulière de cette cartographie pour ajuster certains critères (par exemple tous les 3 ans ?).

 

Sensibilité des espèces de chiroptères aux éoliennes et enjeux de conservation

11 espèces présentes dans le Grand Est ont un niveau de risque de collision avec des éoliennes évalué fort ou moyen d’après les derniers Accords Eurobats : Minioptère de Schreibers, Noctule commune, Noctule de Leisler, Pipistrelle pygmée, Pipistrelle de Nathusius, Pipistrelle commune, Pipistrelle de Kuhl, Sérotine bicolore, Sérotine commune, Sérotine de Nilsson, Barbastelle.

Le Grand Murin, le Petit Rhinolophe, le Murin à oreilles échancrées, le Murin de Bechstein, la Barbastelle d’Europe sont également des espèces à forts enjeux en raison de leur classement sur l’annexe II de la Directive « Habitats » et du statut vulnérable ou en danger dans la liste rouge des mammifères menacés en Alsace pour 2 d’entre elles.

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Nous demandons un rayon d’exclusion minimal autour des sites de reproduction ou des lieux de captures de juvéniles, de femelles lactantes ou post lactantes de 1 km pour différentes espèces de chauves-souris, étendu à la moitié du rayon d’action quotidien moyen pour les espèces identifiées pour définir des zones incompatibles, à enjeux très fort ou retenues pour identifier les sites Natura 2000 à prendre en compte dans le Schéma Régional Eolien Alsace ou considérées comme les plus susceptibles d’être affectées par le développement de l’éolien en Alsace dans le PRA chiroptère Alsace ou dont le niveau de risque de mortalité lié aux grandes éoliennes est considéré fort ou moyen d’après des lignes directrices Eurobats (Cf tableau précédent ;
Barbastelle, Grand Murin, Minioptère de Schreibers, Murin à oreilles échancrées, Noctules, Petit Rhinolophe, Pipistrelles, Sérotines). En effet, des secteurs actuellement classés ZFDE sont situés à moins de 700m d’importantes colonies de parturitions et sont situés entre les colonies de parturition de chiroptères décrits précédemment et des massifs forestiers sont actuellement classés en ZFDE. Les corridors étroits de migration et de transit des chauves-souris ainsi que des zones où elles se regroupent (gîtes, sites de swarming et terrain de chasse) devront également être exclus des ZFDE.

 

2. Priorisation des modes de production d’énergies renouvelables

Pour les raisons évoquées plus haut (faiblesse des vents, rentabilité possible bien que médiocre uniquement pour des grandes éoliennes, forte densité de population et de tissu villageois et donc problèmes d’acceptabilité, enjeux environnementaux importants et difficiles à maîtriser,…), l’Alsace ne nous semble pas le secteur le mieux adapté à un développement important de l’énergie éolienne. Même si on ne peut pas exclure quelques projets pertinents ici ou là, cette énergie ne peut être destinée à couvrir une part importante des besoins électriques de l’Alsace. Nous comprenons bien la nécessité de développer considérablement
les énergies renouvelables et d’arriver à terme à un mix de 100% d’énergies renouvelables. Mais il est important d’identifier les forces et faiblesses de chaque région (et de chaque secteur à l’intérieur d’une région) au regard des différents types d’énergie.

Dans le power point de présentation du projet de cartographie, les orientations du SRADDET sont rappelées en page 5 : entre 2012 et 2050 :
– baisse de 55% de la consommation globale d’énergie,
– multiplication par 3,2 des ENR (énergies renouvelables)
– multiplication par 5,1 de la production éolienne

La consommation d’électricité en Alsace est d’environ 13 TWh/an. La production des centrales hydrauliques du Rhin peut varier entre 8 Twh/an et 6Twh/an les années de forte sécheresse. L’hydro-électricité assure donc selon les années entre la moitié et les 2/3 des besoins alsaciens.

La production éolienne alsacienne (Bas-Rhin) est en 2021 de 43 GWh. Même en la multipliant par 5,1 (ce qui, comme vu plus haut, est problématique), on arrive à 215 GWh, soit 0.215 TWh, c’est-à-dire 1,6 % de la consommation. Il est donc très improbable que l’éolien assure un jour une part significative des besoins électriques alsaciens.

Par contre, l’Alsace, principalement le Haut-Rhin, bénéficie d’un ensoleillement plutôt correct par rapport à sa latitude. La satisfaction des besoins électriques alsaciens pourrait donc être assurée pour l’essentiel par l’hydraulique et pour une part significative par le photovoltaïque, corrélée à une baisse significative de la
consommation. Nous sommes bien conscients que la consommation électrique ne pourra pas baisser de 55% comme la consommation globale mais il faudra bien de la sobriété également dans ce domaine. Vouloir remplacer le parc automobile thermique par de l’électrique à puissance égale est un non-sens énergétique ! Il faut absolument profiter de cette transition pour mieux optimiser l’usage des mobilités (réduction drastique de l’autosolisme et des transports de marchandise longue distance par camions, etc…).

 

3. Remarques sur des points spécifiques de la cartographie en Alsace

IMPORTANT : compte tenu du peu de temps dévolu à la consultation, nous n’avons pas été en mesure de mener une analyse exhaustive du projet. L’absence de remarques sur certains secteurs ne vaut donc pas nécessairement acceptation formelle dans le cadre de cette consultation.

Certaines cartes sont reprises ci-dessous avec notification en rouge des zones problématiques.

Evitement du piémont vosgien
Le piémont vosgien a été écarté de la ZFDE, sauf localement à l’avant-vallée de la Doller entre Bourbach-le-Bas, Sentheim et Guewenheim.

 
Barrage de Michelbach
Les Réserves naturelles nationales (RNN) et régionales (RNR) sont considérées en enjeu TF et ont été sorties des ZFDE. Cependant, le lac barrage de Michelbach, ex-Réserve Naturelle Volontaire (qui devrait en toute logique être désigné en RNR) n’est pas pris en compte. Or, ce lac est un site d’hivernage de nombreux oiseaux d’eau, avec notamment la présence régulière du Balbuzard pêcheur (il y stationne au printemps et quelques semaines en fin d’été). Dans le secteur, le Milan royal niche également régulièrement.

 
Axe de migration Rhin
La vallée rhénane est un axe de migration majeur à l’échelle européenne, repris dans le SRCE.
Or, si les abords du Rhin ont été évités par la ZFDE, les zones d’implantation possibles d’éoliennes entre la Hardt et le Rhin contribuera à réduire la largeur de cet axe migratoire exceptionnel.

Or, cette rive gauche du Rhin est déjà fortement altérée par l’aménagement de zones industrielles qui réduisent les sites d’hivernage (nourrissage) possible des oiseaux d’eau. La vallée du Rhin bénéficie déjà d’usines hydroélectriques et désormais de quelques centrales solaires (Ottmarsheim).

Nous demandons l’évitement (= zone à enjeu Très Fort) une zone tampon d’1km à partir de la rive gauche du Rhin.

 
Secteur Zones Humides Colmar – Sélestat
Les Rieds alsaciens (Colmar, Sélestat) sont considérés comme ZFDE. Ces sites étendus, qui ne bénéficient d’aucune protection (en dehors de sites Natura 2000 qui sont évités), accueillent pourtant des populations relictuelles d’oiseaux en migration. C’est principalement le cas à Rustenhart où il convient et également d’éviter l’implantation d’éolienne au niveau du canal.

 
Secteur de Haguenau
Plus spécifiquement pour le secteur Haguenau/Bischwiller, nous notons très positivement que les zones naturelles sensibles (Natura 2000) ne sont pas concernées par l’implantation d’éoliennes. C’est le cas du massif forestier de Haguenau, du secteur pelouses sèches de l’aérodrome, etc.

Par contre certaines zones favorables aux éoliennes se trouvent en lisière directe avec la forêt ou d’autres secteurs naturels sensibles. Ceci doit être évité car il s’agit de secteurs très riches en biodiversité (nidification…) notamment pour l’avifaune.

Nous constatons aussi quelques enclaves retenues favorables aux éoliennes entre deux secteurs boisés. C’est le cas sur la route de Mertzwiller, D1062, en sortie de la zone commerciale de Schweighouse s/Moder. C’est là un secteur sensible puisque très certainement un point de passage très fréquenté de l’avifaune. A éviter. Nous recommandons de privilégier dans ce secteur l’installation de panneaux photovoltaïques sur les nombreux bâtiments commerciaux.

Même remarque le long de la D919 vers Pfaffenhoffen et aussi quelques enclaves isolées à l’ouest de Soufflenheim, au nord d’Oberhoffen s/Moder ou de Koenigsbrück, autant de petits secteurs situés en pleine zone boisée…

Ensuite quelques mesures faites au niveau des villages montrent des distances qui nous semblent faibles entre les zones habitées et le début des zones susceptibles de recevoir des éoliennes, souvent moins d’un kilomètre. Au-delà des nuisances que cela peut produire pour les habitants, il faut savoir sur un plan « nature » qu’il y a beaucoup de vergers autour de ces villages. Des vergers qui abritent une faune à préserver. Celle-ci sera donc très fortement exposée aux risques liés aux éoliennes.

 
Secteur de Wissembourg
Il existe une importante voie de migration printanière et automnale pour les milans royaux, apparemment non prise en compte. Voir carte ci-dessous.

 
Secteur de Gundershoffen
Présence, là aussi, d’un important couloir de migration (2 fois / an) de rapaces (dont milan royal) et passereaux. Voir carte ci-dessous.

 
Sundgau, région des étangs
Plusieurs étangs ZNIEFF 1, ENS, sites du conservatoire d’espace naturel d’alsace, Natura 2000, bordés de forêt, et d’autres étangs ont été classés en ZFDE (étangs Nérac à Altenach, étang du Milieu à Chavannes sur l’étang, …). Une partie du Sundgau abrite également de nombreuses colonies de parturition de Chiroptères et abrite une importante densité de Milan royal. Ces enjeux doivent être pris en compte. Il convient de se référer à la carte établie par le Pays du Sundgau avec la participation de la LPO (https://www.pays-sundgau.fr/transition-ecologique-2/energies-renouvelables/etudes-potentiel-eolien-sundgau/).

 
Jura Alsacien
Le Jura Alsacien constitue un important réservoir de biodiversité classé à très fort enjeux dans le SRCE. Ce territoire doit être exclu de la ZFDE.

 
Secteur de Mulhouse
Les 2 entités ZFDE au bord du marais Rothmoos à Wittelsheim, zone humide gérée par le Conservatoire des Espaces Natures Alsace, qui accueille de nombreux oiseaux hivernants, pourraient être exclues (voir carte).

Belle mobilisation à Nambsheim pour dire non au projet industriel et au défrichement de la forêt..

Belle mobilisation à Nambsheim pour dire non au projet industriel et au défrichement de la forêt..

A l’appel de l’association des villageois réunis de Nambsheim et environs, soutenue par Alsace Nature, le Chaudron des alternatives et des associations anti-nucléaires, une bonne centaine de personnes s’est mobilisée, sous la pluie, à Nambsheim ce samedi 1er octobre 2022, pour dénoncer le défrichage de la forêt et le projet d’implantation d’une zone industrielle près du village, prévue en compensation de la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim.

Les citoyens sont d’autant plus inquiets qu’un défrichement a déjà commencé alors même qu’aucune entreprise n’est prête à s’installer pour l’instant sur la zone d’EcoRhéna, et que, d’après les médias, la société d’économie mixte franco-allemande Novarhéna devrait être dissoute en octobre.

Pour rappel, le projet EcoRhéna est porté par le syndicat mixte ouvert (SMO), constitué de Voies navigables de France, de la Chambre de commerce et d’industrie Alsace Eurométropole, de la Région Grand Est, de Colmar agglomération et de la Communauté de communes Pays Rhin-Brisach. Au départ, Alsace Nature n’était pas contre l’idée d’une zone d’activités pour compenser les emplois perdus à la centrale nucléaire de Fessenheim, d’autant plus que la séquence Eviter-Réduire-Compenser avait été bien étudiée dans ce contexte.

Cependant, EDF projette d’installer un technocentre où seraient fondus des générateurs de vapeur et des réacteurs des centrales nucléaires françaises et européennes en fin de vie, de récupérer leurs métaux les moins radioactifs et de les réutiliser dans la filière nucléaire, ou dans des filières conventionnelles. EcoRhéna serait destinée notamment à accueillir une rampe roll on roll off (RoRo), destinée au transfert de matériaux irradiés pour le futur technocentre d´EDF. Des déboisements encore prévus visent à préparer le terrain pour l´installation de cette rampe, nous nous opposons fermement à ce projet, qui ne correspond plus à l´idée du post Fessenheim comme elle a été formulée au début.

 

Voir nos infos ici aussi : https://alsacenature.org/slider/mobilisation-ecorhena/

 

REVUE DE PRESSE

L’Alsace, le 02/10/22, Le défrichage sonne le rappel des opposants à EcoRhénahttps://www.lalsace.fr/economie/2022/10/02/le-defrichage-sonne-le-rappel-des-opposants-a-ecorhena

France Bleu Alsace, le 01/10/22, Projet de l’après-Fessenheim : 150 personnes disent non à la zone EcoRhéna https://www.francebleu.fr/infos/environnement/projet-de-l-apres-fessenheim-150-personnes-disent-non-a-la-zone-ecorhena-1664621574

Rue89Strasbourg, le 28/09/22, À Nambsheim, écologistes et habitants contre un projet industriel et l’arrivée de matériaux radioactifs
https://www.rue89strasbourg.com/nambsheim-ecologistes-habitants-contre-ecorhena-reacteurs-nucleaires-recycler-245945

DNA, le 21/09/22,  Fessenheim: le projet de reconversion du site prend l’eau      https://www.dna.fr/economie/2022/09/21/le-post-fessenheim-prend-le-bouillon

 

[Mobilisation] 1er octobre 2022 : Manifestation à Nambsheim contre le technocentre et le défrichement de la forêt

[Mobilisation] 1er octobre 2022 : Manifestation à Nambsheim contre le technocentre et le défrichement de la forêt

Le Syndicat Mixte Ouvert (SMO) Port Rhénan de Colmar / Neuf-Brisach veut déboiser plus de 10 hectares de forêt à côté de Nambsheim (Haut-Rhin) pour préparer une zone industrielle avec un label « Eco », la zone « Ecorhena ». La préfecture a donné l´autorisation pour ce déboisement et ce, alors qu´il n´y a pas de permis pour quelconque industrie déposé pour l´instant et que le PLUi n´est pas encore changé. Ce qui veut dire que la forêt serait rasée pour préparer le terrain, au cas où des entreprises seraient intéressées.

Alsace Nature soutient l’association des villageois réunis de Nambsheim et environs et appelle à une :

manifestation le 1er octobre 2022 – De 10H à 12H

Entre le rondpoint et lentrée de Dupont de Nemours

dans la « zone 2 » RD 52 à Nambsheim

Pour dire

NON au Défrichement
NON au Technocentre

NON à l
́industrialisation à outrance & trop proche du village

OUI aux énergies renouvelables
OUI aux entreprises propres

OUI à conserver les forêts et une
zone tampon
OUI à une vision transfrontalière
et durable pour notre région.

 

 

Rappel des faits

Après la fermeture de la centrale de Fessenheim, Alsace Nature s’était engagée dans le projet de territoire et notamment pour la création d’une zone d’activité (ECORHENA) parce que nous estimions nécessaire et responsable de participer à la revitalisation économique du secteur tout en préservant les richesses écologiques de la bande rhénane. Mais nous avions fini par quitter le Comité de Pilotage du Projet de Territoire de Fessenheim, car nous estimions que le projet d’EDF soutenu par l’Etat et les élus d’un Technocentre ou Val’m, c’est-à-dire d’une fonderie de déchets nucléaires, était totalement incompatible avec un projet de territoire novateur et ambitieux.

En-dehors des risques importants de pollution (rejets toxiques, pollution atmosphérique liée aux flux de transports, …), ce projet de technocentre, dégraderait la qualité de vie des riverains, s’il était réalisé.

Par ailleurs, ayant appris que le défrichement de la forêt allait être autorisé, Alsace Nature a adressé un courrier au préfet du Haut-Rhin le 31 août, en lui demandant de ne pas sacrifier ces pans de forêts rhénanes, tant que les travaux n’ont pas effectivement commencés. En effet, « même si ces méthodes ont été pratiquées durant des décennies, il nous apparait, au regard des semaines de chaleur et de sécheresse que nous venons de passer et des effets directs du changement climatique que nous vivons, que le prélèvement de forêts, qui conduit à la libération de carbone, à réduire la capacité de rétention d’eau des milieux, au développement d’espèces exotiques, etc. est une idée pour le moins passéiste. »

« Dans l’attente des potentiels preneurs de chaque lot, une conduite de projet permettant aux entreprises de venir positionner leur implantation au regard de la végétation existante nous parait bien plus opportune que de rester dans un modèle faisant table rase de la nature existante.« 

La forêt est une des forêts les plus riches du territoire, la Mission Régionale de l’Autorité environnementale (MRAe) décrit l´impact comme suit :
« La demande de dérogation porte sur 4 espèces floristiques, 4 espèces de mammifères terrestres (Chat forestier, Écureuil roux, Hérisson d’Europe, Muscardin), 12 espèces de chiroptères, 42 espèces d’oiseaux dont la Mésange boréale, le Pic cendré, la Pie-grièche écorcheur et la Linotte mélodieuse, 9 espèces d’amphibiens dont le Pélobate brun et 3 espèces de reptiles. […] 18,14 ha de formations arborées et arbustives (dont 11,82 ha d’enjeu moyen à très fort […]. »

Cette zone industrielle serait d´ailleurs destinée à accueillir une rampe roll on roll off (RoRo), destinée au transfert de matériaux irradiés pour le futur technocentre d´EDF prévu à Fessenheim. Le déboisement vise à préparer le terrain pour l´installation de cette rampe, nous nous opposons fermement à ce projet, qui ne correspond plus à l´idée du post Fessenheim comme elle a été formulée au début.

INFOS :
site de l’association des villageois réunis de Nambsheim et environs : https://www.nambsheim.com/

 

Nous avons appris récemment que : bien que la société d’économie mixte franco-allemande Novarhéna sera dissoute en octobre,

(cf article des DNA ICI )

le SMO a débuté le défrichage de la zone le 23 septembre !

Voir aussi l’article de Rue89Strasbourg : https://www.rue89strasbourg.com/nambsheim-ecologistes-habitants-contre-ecorhena-reacteurs-nucleaires-recycler-245945

Les habitants de Nambsheim et les défenseurs de l’environnement espèrent vous voir nombreux pour préserver les forêts et empêcher l’installation d’usines polluantes dans le secteur! 

 

Pollution lumineuse : un symptôme de nos égarements

Pollution lumineuse : un symptôme de nos égarements

Vincent Van Gogh, Nuit étoilée, 1889. Musée d’Art Moderne de New York.
Que peindrait aujourd’hui Van Gogh, à Saint Remy de Provence,
sous le halo lumineux orangé de la région PACA?

Au XXIe siècle, deux tiers de l’Humanité n’a plus accès au spectacle de notre galaxie, la Voie Lactée. Ce problème peut paraître négligeable, au vu de l’état de notre planète… Et pourtant, à bien y réfléchir, cette perte que nous inflige la pollution lumineuse est très symptomatique des errements de notre civilisation post-moderne. Elle peut être vue comme un révélateur de nombreux maux.

L’érosion de notre « expérience de nature » :

Le monde de la nuit fait partie intégrante du sauvage et nous l’avons nié en remplaçant la nuit naturelle par la nuit artificielle. L’expérience sensorielle de l’obscurité, des paysages baignés de la faible lueur des astres naturels, comme de l’émerveillement face à l’immensité de la voûte céleste, sont un bien immatériel que nous voyons s’étioler progressivement.

L’oubli de notre pleine appartenance à la biosphère :

Notre horloge interne, comme celle de tous les êtres vivants, est synchronisée sur l’alternance du jour et de la nuit. En effet, la vie s’est structurée, depuis ses origines, sur un phénomène aussi ancien que la Terre : elle tourne sur elle-même et autour du Soleil ! En faisant croire à notre cerveau (ce que fait la lumière artificielle, surtout dans le spectre du bleu) que la nuit n’est pas tombée, nous déréglons nos rythmes biologiques. L’éclairage nocturne favorise ainsi les troubles du sommeil et de l’humeur et affaiblit notre système immunitaire.

L’ignorance des besoins des autres espèces :

Si l’être humain est un animal diurne, la majorité des animaux, elle, vit la nuit ! Pensons aux papillons, indispensables à la pollinisation (qui se passe en grande partie la nuit) : 95% d’entre eux sont nocturnes. Ils ont développé des capacités étonnantes à se repérer par rapport aux étoiles. Placez un candélabre n’importe où: il va les attirer jusqu’à 300 m alentour, piéger plusieurs dizaines d’entre eux (jusqu’à 150) en une seule nuit et provoquer leur mort. En multipliant par les onze millions de lampadaires recensés en France, on comprend pourquoi l’éclairage artificiel constitue la seconde cause d’extinction des insectes…

L’augmentation des zones éclairées se produit au rythme de 2,2% par an dans le monde.
Le nombre de points lumineux a augmenté de 89% en 20 ans en France.
L’éclairage public représente 32% de la consommation d’électricité des communes et 670.000 t de CO2 par an.

Notre refus des limites naturelles :

La « fée électricité » nous a autorisés à repousser les frontières de la nuit, pour poursuivre nos activités en nous affranchissant de toute limite temporelle. Elle a accompagné notre emprise sur l’espace : à chaque nouvelle extension de ville, de route, de zone d’activité, s’ajoute l’illumination des nouvelles surfaces reprises à la nature.

Notre perception de l’énergie comme une ressource illimitée :

La lumière artificielle est venue au secours de besoins toujours nouveaux. Besoin de  sécurisation des rues et quartiers de nos villes, jusqu’à prétendre que toujours plus d’éclairage permettrait de faire reculer la délinquance. Besoin de sécurité de nos déplacements en voiture, jusqu’à justifier l’éclairage des autoroutes. Elle a aussi été mise au service du besoin de vendre, les vitrines devant attirer le client bien au-delà de la fermeture du magasin. Mais aussi de la recherche de prestige de la part des villes, rivalisant de « plans lumière » pour mettre en valeur leur patrimoine et leur image. Tout ceci en oubliant qu’au bout de chaque ampoule, il y a une centrale thermique ou nucléaire !

Notre foi en la technologie

Ayant été rappelés à l’ordre sur les économies d’énergie, nous avons cru trouver la solution à notre gabegie de lumière dans l’arrivée d’une nouvelle technologie, les LED. Leur performance énergétique est en effet remarquable. L’effet « rebond » ne s’est pas fait attendre : il était désormais possible d’installer des lampadaires sans compter… Si le « rendu des couleurs » était lui aussi bien meilleur, c’était oublier que le spectre des LED, très riche en lumière bleue, est particulièrement nocif pour la biodiversité comme pour la santé humaine.

Mais les choses sont peut-être en train de changer… écoutant enfin astronomes, naturalistes et médecins, les collectivités et la population commencent à comprendre que la lumière artificielle, si séduisante, a pris un autre visage, celui de la pollution lumineuse. La notion de « trame noire » pourrait ainsi devenir un nouvel outil d’aménagement du territoire : les extinctions en cœur de nuit sont pratiquées aujourd’hui par un tiers environ des communes en France.

Serait-on sur le point de redécouvrir notre besoin de nuit ?

La « trame noire » est un outil complémentaire à la « trame verte et bleue », destinée à prendre en compte les besoins des espèces nocturnes.
Elle vise à sauvegarder les espaces bénéficiant encore de l’obscurité et à rétablir les couloirs de circulation dans les zones affectées par l’éclairage artificiel.