mardi 5 Mar 2019 | Agriculture et Alimentation, Nature, Réseaux Thématiques
Tout le monde déplore la régression des pollinisateurs. Mais savez-vous que leurs habitats sont régulièrement détruits, alors qu’il est possible de l’éviter ? 10 principes de gestion des zones herbeuses à appliquer pour épargner la faune et la flore.
Cette brochure est le résultat d’un travail collaboratif entre Alsace Nature et ses associations fédérées. Il a été piloté et finalisé par Anne Vonesch sur la base des contributions rédactionnelles et de l’expertise d’André Astric, d’Eric Brunissen, de Nadine Forestier et de Marie-Magdeleine Leroy.
Ces 10 principes de gestion proposés dans cette brochure sont issus de recherches et d’expériences diverses et éprouvées. L’objectif est de montrer par le texte et par l’image les raisons qui conduisent à les adopter. Car il est possible de mieux prendre en compte la biodiversité dans la gestion des espaces herbeux à végétation spontanée. Cela nécessite de remettre en cause quelques (mauvaises) habitudes et d’adapter le planning des travaux et le matériel. Le défi est considérable. Mais les pollinisateurs et la nature le valent bien !
Au final, le résultat sera valorisant pour la biodiversité, pour les élus, les habitants, pour les enfants, mais aussi pour les entreprises engagées ainsi que pour les ouvriers communaux ou les prestataires de services, qui trouveront davantage de sens à leur travail.
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mardi 5 Mar 2019 | Eau et zones humides, Groupes Locaux, Nappe phréatique, Pollutions et santé, Presse, Réseaux Thématiques, Revue de presse, Risques industriels
Suite à l’entrevue des élus alsaciens avec François de Rugy, qui avait débouché sur la promesse d’une ré-étude du dossier pour déstockage partiel (voir ICI), le collectif destocamine continue la mobilisation pour interpeller les élus, la population et rappeler haut et fort le danger qui pèse sur la plus grande nappe phréatique d’Europe si on laisse les déchets au fonds de l’ancienne mine.
Le 2 mars 2019, des opposants du collectif ont participé à un rassemblement à Mulhouse avec un die-in pour alerter sur les risques élevés de pollution. Ils ont martelé leur message : déstockage total, déstockage intégral !
- Voir l’article des DNA du 2 mars 2019 « Le collectif Destocamine manifeste à Mulhouse » ; Lire l’article des DNA
Quelques jours avant, les militants de Destocamine avaient reçu le soutien du collectif ANV (Action Non-Violente) Cop21. Le vendredi 1er mars, ce collectif a décroché le portrait présidentiel d’Emmanuel Macron à la mairie de Wittelsheim (Haut-Rhin) , afin de « montrer le vide de l’action » de l’État pour le climat. Un militant a été placé en garde à vue en fin d’après-midi.
La mobilisation se poursuit …. à suivre ……
vendredi 1 Mar 2019 | Agriculture et Alimentation, Agriculture et nature vivante, Bien-être animal, Communiqués de presse, Presse, Réseaux Thématiques
Il faut réformer les procédures d’autorisation des élevages industriels.
Les cages-batteries devraient toutes être converties en élevages en plein air. Ce serait trop beau. Et ce serait encore mieux en l’absence de dérives.
En Alsace du Nord, 40 000 poules dites en plein air accèdent à l’essentiel de leur parcours… par une passerelle ! L’immense parcours présente quelques non conformités. Ni le législateur ni le consommateur ne peuvent se satisfaire d’un plein-air-de-façade qui bénéficie au mieux à un très petit nombre de poules (les plus téméraires), sans tenir suffisamment compte de la nature des poules.
Hélas, la procédure d’autorisation environnementale ne se prononce pas sur la protection animale. Les autorités pourtant compétentes ne semblent pas savoir si l’installation et l’étiquetage ‘plein air’ des œufs sont conformes, et demandent des instructions. Pourtant l’installation fonctionne avec l’accord du Préfet. Elle a été subventionnée. La distorsion de concurrence et la pression sur les prix sont dommageables pour les élevages qui pratiquent du plein air plus sincère.
Alsace Nature constate : les procédures d’autorisation et d’enregistrement des élevages industriels ont besoin d’être réformées.
DOSSIER
Plein-air-de-façade pour poules pondeuses. Comment des Préfets autorisent la dérive. Ce que la Région Grand Est soutient avec 1,35 M € et 99 999,89 €.
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Règles non respectées pour des oeufs de poules élevées en plein air
Comment de tels élevages industriels peuvent-ils encore exister au 21 ième siècle ? Comment la souffrance de millions d'animaux peut-elle être tolérée par nos institutions ?Voici quelques éléments de réponse qui montrent à quel point les autorités ne font pas le nécessaire, y compris pour réprimer des fraudes graves, pour améliorer les conditions d'élevage des animaux.En Alsace comme ailleurs, des tricheries existent en ce qui concerne le bien-être animal et les consommateurs sont trompés.
Publiée par Alsace Nature sur Vendredi 15 février 2019
mercredi 27 Fév 2019 | Agriculture et Alimentation, Bien-être animal, Communiqués de presse, Presse, Réseaux Thématiques
Un succès et des attentes
En novembre 2017, un colloque sur le bien-être des animaux d’élevage avait été organisé à Obernai par l’Etat dans le cadre de la Conférence du Rhin supérieur qui est une instance transfrontalière tripartite (FR, DE, CH). C’était un beau succès, avec un fort intérêt tant de la part des professionnels que des ONG, et des échanges qui mettaient bien le doigt sur les besoins.
Exclusion des ONG
Les propositions du colloque étaient sensées remonter au Ministère et peut-être même à Bruxelles ! et surtout, il devait y avoir une suite. Hélas, cette suite prometteuse s’est faite attendre. Les ONG qui pourtant avaient contribué dans un esprit très constructif, en insistant sur l’indispensable viabilité économique du bien-être animal, ont été exclues (pas les agriculteurs !) des éventuelles discussions au sein de la Conférence du Rhin supérieur.
Evincement des questions prioritaires identifiées et sensibles
Résultat : une nouvelle journée sur le bien-être animal a lieu hier en Allemagne le 26 février 2019, consacrée uniquement à l’attache des vaches. Cette journée a été préparée sans associer les ONG. Le thème choisi préoccupe surtout les Allemands, qui semblent être confrontés à une demande de la part de la distribution de ne plus garder les vaches à l’attache.
Que deviennent les autres questions prioritaires identifiées en 2017 ? Aujourd’hui, les truies passent encore couramment plusieurs mois par an dans une cage où elles ne peuvent même pas se retourner. Chez les petits veaux les bourgeons des cornes sont brûlés au fer chaud générant une douleur extrême, alors qu’une anesthésie locale est parfaitement faisable, l’éleveur pouvant se faire accompagner par son vétérinaire. Les porcelets, ruminants et chapons sont castrés à vif. Les critères pour les aides de la Politique Agricole Commune dans la Région Grand Est comme ailleurs permettent de financer le meilleur et le pire en termes de systèmes d’élevage.
Moins de mépris et plus d’efficacité !
Comment les ONG pourraient-elles cautionner cette débandade face aux problèmes à prendre en charge? En pleine phase de Grand Débat National, Alsace Nature met le doigt sur ce qui ressemble à un mélange de mépris et d’inefficacité de la part des pouvoirs publics et demande une réforme au niveau de la méthode, et de l’efficacité quant aux résultats sur le terrain. Assez de temps perdu !
vendredi 15 Fév 2019 | Aménagement du territoire, Nature, Transports
Suite à l’audience du 7 février 2019 (cf notre article ICI), le tribunal administratif de Strasbourg a rendu se décision vendredi 14 février 2019.
Il fait suite à la demande d’Alsace Nature et prononce l’annulation du permis d’aménager le viaduc de Kolbsheim.
Pour cela, il s’appuie sur l’argument selon lequel l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France n’était pas définitif, alors qu’il était requis.
Par contre, il ne retient pas le second argument évoqué par Alsace Nature et retenu par le Rapporteur public lors de l’audience, relatif à l’absence d’étude d’impact réévaluée dans le dossier de demande de permis.
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mercredi 13 Fév 2019 | Déchets, Eau et zones humides, Nappe phréatique, Pollutions et santé, Réseaux Thématiques, Risques industriels
Suite à l’annonce par François de Rugy le 21 janvier 2019, de privilégier la solution de l’enfouissement total des déchets dans l’ancienne mine de Wittolsheim, une délégation d’élus Haut-Rhinois ainsi que Jean Rottner, président de la région Grand Est, se sont rendus le 12 février, à Paris pour essayer de convaincre de revenir sur sa décision.
Au même moment, les citoyens, plus que jamais mobilisés, étaient sur le site de Stocamine dès le matin pour bloquer symboliquement l’accès à la mine et empêcher les travaux de confinement. Ils ont manifesté toute la matinée pour réclamer le déstockage total en attendant que la délégation des élus soient reçue par le ministre. (voir vidéo ci-après)
Après l’entrevue avec M. De Rugy, les élus se sont dit satisfaits de l’évolution positive de la situation. Le ministre a en effet promis qu’une réunion d’information sur site sera prochainement organisée à l’initiative du Préfet Laurent Touvet pour présenter les derniers travaux et avancées. Il a par ailleurs indiqué que la possibilité d’un destockage complémentaire des déchets allait être étudiée.
Contrairement aux élus reçus en délégation, les associations environnementales et les habitants de peuvent se contenter de ces belles paroles. Cela fait plus de 20 ans que les gouvernements successifs tergiversent sur l’issue de ce dossier.
Le Ministre joue la montre en demandant de nouvelles études alors que les travaux de confinement peuvent continuer. A l’heure du Grand Débat, on voit bien une fois de plus, que la volonté n’est pas d’écouter (ou écouter mais ne surtout pas entendre) les gens sur le terrain mais bien de prendre les décisions rentables économiquement quelque soit l’impact sur l’environnement et la santé des populations.
En attendant, le risque de pollution de la plus grande nappe phréatique d’Europe est bien réel et les citoyens restent déterminés pour obtenir le déstockage complet des déchets toxiques.
StocaMine, un déni démocratique et environnemental
La source d'eau de 7 millions de personnes en France, en Allemagne et en Suisse est menacée.L'entreprise Stocamine a placé 44 000 tonnes de déchets à l'amiante, au mercure ou encore au chrome, juste en-dessous de la nappe phréatique rhénane, qui est la plus grande réserve d'eau souterraine d'Europe.Celle-ci est donc maintenant menacée par la pollution. Impossible de dire à quel moment les conséquences seront visibles, mais des infiltrations d'eau auraient déjà lieu dans la mine. Les habitants locaux sont consternés par la décision de François de Rugy, qui projette d'enfouir définitivement les déchets, et de condamner ainsi la nappe phréatique rhénane.Une grande mobilisation a lieu en ce moment, pour pousser les autorités à prendre la décision de ressortir ces déchets toxiques.
Publiée par Alsace Nature sur Jeudi 14 février 2019
mardi 12 Fév 2019 | Aménagement du territoire, Eau et zones humides, Nature, Réseaux Thématiques, Transports
Ce Jeudi 7 février 2019, s’est tenue au tribunal administratif de Strasbourg, l’audience sur le recours déposé par Alsace Nature contre l’arrêté préfectoral autorisant l’aménagement du viaduc de Kolbsheim.
Rappel : (petit résumé des épisodes précédents)
Nous avions gagné le référé suspension, ce qui avait permis de stopper les travaux sur ce secteur. Le tribunal s’est réuni le 20 décembre pour juger le dossier sur le fond MAIS, à la surprise générale, a décidé de suspendre l’audience et la reporter au 7 février !! En prétextant que notre avocat avait remis ses conclusions tardivement mais surtout parce que ARCOS avait déposé un nouveau dossier de demande de permis d’aménager … Depuis, les services de l’Etat ont instruit le nouveau dossier d’ARCOS et le préfet a pris un nouvel arrêté d’autorisation pour le viaduc le 25 janvier.
L’audience de ce jeudi portait sur le recours au fonds de l’ancien arrêté MAIS le tribunal annulera-t-il en arguant du fait que ce l’ancien arrêté n’est plus valable puisqu’un nouvel arrêté a été pris par le préfet ?
Lors de son exposé le rapporteur public a demandé à ce qu’on examine le fonds même si un nouvel arrêté a été pris (ARCOS estime que l’Arrêté préfectoral initial n’existe plus puisqu’il y en a un nouveau). Il a demandé l’annulation de l’Arrêté préfectoral attaqué sur 2 arguments : le premier relatif à l’absence de prise de position de l’Architecte des Bâtiments de France (AFB) et l’autre sur l’absence d’étude d’impact réactualisée. S’en est suivi un débat sur le fait de savoir s’il devait y avoir examen au fond même si un nouvel arrêté a été pris, sur comment l’AFB devait intervenir et s’il fallait une étude d’impact réactualisée (et à l’intérieur de ce débat question de savoir si en l’espèce le maître d’ouvrage est le concessionnaire ou l’Etat). Bref des échanges très technico-juridiques…Le tribunal rendra sa décision dans 2 ou 3 semaines.
Réaction de François Zind, avocat d’Alsace Nature, à la sortie du tribunal (vidéo) :
GCO Grand Contournement Ouest de Strasbourg Tribunal Administratif Suite des recours déposés par rapport au Viaduc De Kolbsheim
Publiée par Denys Gass sur Jeudi 7 février 2019
réaction de Stéphane Giraud, directeur d’Alsace Nature (vidéo) :
(2)GCO Grand Contournement Ouest de Strasbourg Tribunal Administratif Suite des recours déposés par rapport au Viaduc De Kolbsheim
Publiée par Denys Gass sur Jeudi 7 février 2019
suite … (vidéo) ..
(3)GCO Grand Contournement Ouest de Strasbourg Tribunal Administratif Suite des recours déposés par rapport au Viaduc De Kolbsheim
Publiée par Denys Gass sur Jeudi 7 février 2019
Revue de presse :
télécharger l’article en version pdf
jeudi 31 Jan 2019 | Communiqués de presse, Presse
A l’heure précise où certains se félicitent, et remercient le Gouvernement de l’opportunité laissée au peuple de pouvoir s’exprimer dans le cadre du « Grand Débat National », les arbres continuent de tomber et le terrassement progresse sur le chantier du projet de Grand Contournement Ouest (GCO), la décision d’enfouir les 42 000 tonnes de déchets toxiques à StocaMine est arbitrairement prise d’en haut, des centaines de projets néfastes et fortement contestés par la population poursuivent leur petit bonhomme de chemin, en Alsace et ailleurs… Et si finalement le temps ne s’était pas suspendu pour laisser place au débat qui nous a été promis ?
Alors que le président de la République a précisé « je veux que cette consultation soit organisée en toute indépendance et soit encadrée par toutes les garanties de loyauté et de transparence » nous constatons amèrement, que les enjeux majeurs sont une fois de plus simplement omis. Pour commencer, le pilotage est réalisé par les membres du Gouvernement : exit l’indépendance. Ensuite, l’état des lieux n’est pas objectif et aucun sujet n’est réellement mis en pause le temps de recueillir les avis de nos chers concitoyens : auf wiedersehen la loyauté. Pour finir, dans la fiche de cadrage relative à la transition écologique, la formulation des questions n’est ni ouverte ni neutre : ciao transparence… Donc pour résumer, nous serions aujourd’hui exceptionnellement sollicités dans le cadre du Grand Débat National pour exprimer nos requêtes au gouvernement, mais surtout pas celles qui ont été écartées d’office du débat et de toutes manières sans ralentir la course effrénée des projets et réformes, qui en toute logique devraient attendre les conclusions de cette grande consultation… Et ce n’est là que la partie immergée de l’iceberg (qui en attendant, fond inexorablement, du fait des graves manquements de nos politiques, quels qu’ils soient, du Champion de la Terre jusqu’au niveau le plus local, devant le plus grand défi de notre époque : le dérèglement climatique !). Qui connait les modalités de réponses du gouvernement ? Vont-ils piocher dans la Grande Boite à dée Nationale ce qui leur semble juste et nécessaire pour l’humanité ? Malheureusement on ne connait que trop bien cette mélodie : c’est celle du « Cause toujours », où à la fin les mêmes décident pour les autres en faisant croire que le « débat » a trouvé consensus.
Ce Vaste Enfumage National suscite une certaine défiance chez une partie de la population, que nous partageons au sein de notre association. Mais comment une fédération comme Alsace Nature, qui rassemble avec son mouvement France Nature Environnement plusieurs centaines de milliers de sympathisants au niveau national, peut s’abstenir de participer à une telle consultation ? qui d’autre porterait la voix de la transition écologique sur notre territoire ? les risques de régression ne sont-ils pas trop forts ?
Alsace Nature a vu passer des gouvernements qui font, d’autres qui défont, les suivants qui font et qui défont dans la même année… toujours avec des manières de faire innovantes et pleines de promesses, pour au final piétiner toujours pareillement la représentativité citoyenne, augmenter les inégalités ou toutes autres formes d’injustices, au détriment des plus faibles, de l’environnement… et surtout du bon sens.
Sans garanties de bonne volonté de la part de l’Etat, Alsace Nature ne servira donc pas de faire-valoir dans le Grand Débat National, ni en tant qu’organisateur, ni en tant que participant. Avant tout positionnement de notre part et pour retrouver confiance dans toutes les formes d’instances de consultation du public, nous attendons un geste qui soit à la hauteur de ce qui est annoncé dans ce Grand Débat. Cela passe pour nous par la suspension des projets en cours très impactant pour l’environnement, et qui ont fait l’objet d’une expression citoyenne forte contre leur mise en œuvre, notamment un moratoire sur les projets de GCO et d’enfouissement à Stocamine. Nous attendons donc un message positif et tangible avant toute forme d’engagement et n’encourageons pas à répondre dans le cadre trop réducteur du formulaire mis à disposition.
Toutefois, nous nous engageons à poursuivre sans relâche les missions que nous confèrent nos statuts et plus que jamais à défendre l’environnement dans tous les lieux et à toute les occasions où notre voix pourra être entendue comme c’est le cas depuis près de 55 ans.
La situation planétaire et les enjeux qui sont face à nous, ne trouveront de solution que dans un sursaut démocratique et un changement profond de notre société. Les associations y sont prêtes et elles se tiennent à disposition, à ce dessein, de tous ceux qui souhaiteront prendre réellement en main le destin de l’homme sur cette planète.
mercredi 15 Août 2018 | Nature
Vous la reconnaissez ? Voici l’animal totem de la déesse de la sagesse, Athéna. Avec ses 22 centimètres, la Chevêche d’Athéna fait partie des rapaces les plus petits de France. C’est un peu plus petit qu’un pigeon. Anciennement nommée Chouette chevêche, on compte 13 sous-espèces qui vivent tant en Europe Centrale et occidentale qu’en Asie, en Somalie ou au Moyen-Orient. Il n’est pas significativement possible de différencier la femelle du mâle à leur plumage, mais ce dernier est généralement plus petit. Vingt-deux chants différents composent son vocabulaire. Certains ressemblent étrangement à des miaulements de chaton. —> Écoutez-le !
Elle est sédentaire et territoriale. Très active au crépuscule, en journée, elle se positionne, sur des piquets, des bottes de foin ou des fils téléphoniques. Elle observe. À l’affût. Tantôt redressée, tantôt ramassée sur elle-même. Elle mange de 50 à 80 grammes de nourriture par jour pour un poids de seulement 200 grammes. Son régime alimentaire change en fonction des saisons. Que ce soit des petits mammifères, des insectes, des lombrics, et même d’autres oiseaux, elle capture ses proies au sol. Comme elle avale ses proies tout entières, son organisme doit faire une sélection durant la digestion. C’est pourquoi elle « vomit » des « pelotes de réjection ». Ce sont des boules de quelques centimètres contenant les matières non-comestibles : os, poils, carapaces etc.
Le mâle et la femelle vivent en couple, même en dehors de la période de nidification. Ils sont généralement unis toute leur vie, durant 10 à 15 ans. Ils fréquentent les mêmes reposoirs, rejoignent la même cavité et parcourent leur territoire ensemble. Les pontes ont lieu de mi-avril à mi-mai. La femelle pond 3 à 5 œufs dans une cavité, un œuf tous les deux jours, puis les couve environ 28 jours. Le mâle lui apportera de la nourriture pendant qu’elle couve. Après l’éclosion, les poussins restent au nid pendant 30 à 35 jours. Les jeunes quittent le nid, sans savoir voler. Pendant 5 semaines, ils resteront à proximité, au sol, nourris par les deux parents. La majeure partie des juvéniles s’installeront à moins de 10 km de leur lieu de naissance !
Publiée en juin 2017 dans la revue scientifique Folia Zoologie, une étude de l’académie des sciences de République tchèque apporte la preuve du déclin de cette petite chouette en Europe de l’Ouest. En seulement vingt ans, le nombre de Chevêche d’Athéna a diminué de 40 % en Slovaquie et de 90 % en République tchèque ! En Alsace, la Chevêche d’Athéna est considérée comme une espèce « vulnérable ».
Avec plusieurs couples dans la plupart des villages. Elle était commune à l’Alsace jusque dans les années 50. Progressivement, l’abandon des pâturages au bénéfice de l’élevage du bétail en « stabulation », (dans un espace restreint et clos), le désintérêt de produire des fruits locaux et l’urbanisation, ont fait disparaître son biotope naturel : les vergers traditionnels de haute tige. Et avec eux, disparaissent ses proies et ses nichoirs ! Et ce n’est pas tout. Les produits phytosanitaires utilisés par l’agriculture conventionnelle sont responsables de la disparition des insectes dont elle se nourrit. Enfin, les poteaux téléphoniques creux et les cheminées où elle reste coincée ainsi que les collisions avec les voitures, sont des causes de mortalité non-négligeables ! Et pas seulement pour cette espèce. Malheureusement la liste et bien longue et elles se noie aussi dans les abreuvoirs métalliques et le taux d’éclosion des œufs est abaissé par l’ingestion de métaux lourds et d’hydrocarbures par les animaux à la base de la chaîne alimentaire…
Depuis une dizaine d’années en Alsace, la situation s’est améliorée grâce aux actions de sauvegardes. Comme la pose de nichoirs spécifiques par les bénévoles de la LPO, et la plantation d’arbres fruitiers. La succession d’hivers plus doux en raison du réchauffement climatique peut aussi avoir aidé ses populations. Les communes de Benfeld et du Rhin en association avec la Maison de la Nature du Ried, la Fédération des Producteurs de Fruits du Bas-Rhin et la Ligue de Protection des Oiseaux Alsace, mènent aussi depuis 2011 « l’Opération Vergers » dans le but de maintenir et développer les vergers dans nos paysages !
Vous souhaitez créer, développer, vous former ou vous occuper d’un verger local ?
Rendez-vous sur http://vergers-benfeld-rhin.fr
Pour le plus grand bien de la petite chouette, des insectes, des abeilles et de nos papilles !
.MD
Crédit photo : Tony Wills et Arturo Nikolai
Sources :
– ODONAT – livre rouge des espèces menacées en Alsace
– IUCN – International Union for Conservation of Nature
– INPN – Inventaire National du Patrimoine Naturel
– LPO – Ligue de protection des oiseaux Alsace et France
– Folia zoologica. Roč. 66, No. 2 (2017), pp. 106-116 ISSN 0139-7893
– Vergers-benfeld-rhin.fr
– bio-scene.org
mercredi 8 Août 2018 | Forêt, Nature
Dans la famille des drôles d’animaux, voici Eubranchipus grubii, ou Le Branchipe de Grube ! C’est typiquement le genre de rareté que l’on ne croise pas souvent, à moins de regarder à la loupe dans une mare temporaire au milieu d’une forêt de feuillus ou d’avoir un ami aquariophile qui collectionne les petits crustacés d’eau douce. Si vous connaissez les triops, ils font partie de la même classe.
Tout petit, E.grubii mesure de 12 à 33 mm et nage sur le dos ! Il n’a pas de carapace, possède deux yeux, onze paires de pattes et la femelle se reconnait à son sac contenant les œufs en maturation. C’est un Branchiopode. Ce qui veut dire que ce sont ses pattes, qui lui servent autant à nager qu’à respirer, comme les branchies des poissons ! Elles servent aussi à filtrer l’eau et à ramener le plancton à sa bouche. Si la filtration est son mode principal d’alimentation, il est aussi capable de grignoter des têtards morts, des œufs d’amphibiens, etc.
Elle nage sur de dos
E.grubii vit sur terre depuis près de 500 millions d’années. Il est actuellement présent en Europe centrale et septentrionale ainsi qu’au nord de l’Asie. On peut le retrouver en Alsace et en Lorraine. Il y est considéré comme une espèce « quasi menacée ». Ce qui veut dire qu’il est proche du seuil des espèces vulnérables, selon les critères d’évaluation de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En Alsace, la première observation de ce petit animal eut lieu en 1930 entre Meistratzheim et Valff. Aujourd’hui, l’espèce est répertoriée dans plusd’une quinzaine de sites, essentiellement dans le Bas-Rhin. La flaque d’eau sur la photo se trouve dans le Ried Nord. Elle est connue pour abriter E.grubii depuis plus d’un demi-siècle !
Sa tête avec les deux antennes et un de ses deux yeux.
Il est typique des mares de sous-bois, alimentées par l’affleurement de la nappe phréatique et dont le fond est recouvert de feuilles mortes. Le milieu doit être régulièrement mis en eau. Mais pas nécessairement tous les ans. En effet, dans le fond d‘une mare asséchée, les œufs attendent, parfois pendant des années, leur éclosion. Comme des graines, ils résistent au gel et à la sécheresse. L’éclosion est synchronisée à la fin de l’hiver. Sous la glace, la hausse du taux de CO2 présent dans l’eau déclenche la naissance des larves. Elles auront alors tout l’hiver puis le printemps pour évoluer, effectuer 40 mues, devenir adultes et s’accoupler. La femelle pond ensuite une dizaine « d’œufs de résistance » qui tombent au fond de l’eau. Les adultes mourront à la fin du printemps, car la mare finira par s’assécher ou devenir trop chaude pour eux. Les œufs, parfois dispersés par le vent ou les oiseaux, attendront le retour de l’hiver, de l’eau, de la glace et du CO2. Et le cycle se poursuit.
Le sac contenant les œufs en maturation.
Les substances chimiques, comme les nitrates, ou un plancton trop rare nuisent à sa survie. En Alsace, les sites forestiers ne semblent pas particulièrement menacés, mais les populations actuelles devront être surveillées, notamment à cause du changement climatique. En effet, les œufs ont besoin d’une période de gel pour arriver à maturité. Alors, là où le gel aura déserté les mares, on ne verra plus éclore le petit Branchipe de Grube.
.MD
Crédit photo : Jean-François Cart
Sources :
– ODONAT – livre rouge des espèces menacées en Alsace
– UICN – International Union for Conservation of Nature
– faune-alsace.org
– doris.ffessm