Avant d’aborder ci dessous ma dernière note facétieuse, laissez moi vous souhaiter une « chouette » année 2015 !
« Chouette…» ?! Notifiez le sur vos agendas nature si ce n’est déjà fait, il y aura courant mars outre le sauvetage habituel des amphibiens, un événementiel devenu bisannuel chez les amis des oiseaux : une nuit consacrée aux ailes de la nuit, chats-huant, chevêche et autre effraie ! Nous en reparlerons !
Je vous le signale (et c’est un scoop qui ravira les naturalistes de la vallée), le hibou grand duc ferait peut être un come-back au pied des Vosges ! Il s’est fait entendre au Meyersbuhl il y a quelques nuits…
Sans plus tarder, par des rires ou sourires,
tout de go démarrons cet écho !
Le 23 décembre 2014 a lancé l’intoxication rituelle et cultuelle des organes digestifs. J’espère que vous vous en remettrez avant que n’adviennent les prochaines galettes de l’épiphanie !
Bien que la tendance soit à plus de frugalité, il nous est difficile d’échapper aux repas bien gras, copieusement arrosés de népenthès sucrés, d’alcoolats mielleux, de crémant et champagne. Même les plus pauvres d’entre nous quand ils le peuvent s’y adonnent : on bouffe, on s’empiffre, on se goinfre, on s’esquinte estomac, rate et foie, s’échangeant entre deux rots de contentement, un toast et trois truffes, de sempiternels cadeaux, de « joyeux noël », de merveilleux vœux de santé et de prospérité ! Dindes, saumons, esturgeons s’abstiennent bien évidemment de tout commentaire…
Cependant que les microbiens échanges qui sous le gui de la saint sylvestre auront rosi les joues de nos adolescents timides et essaimés les germes des dérèglements gastriques à venir, pimpant et guilleret hier encore, l’épicéa étoilé perdra demain inéluctablement de sa verve. Ses clins d’œils radieux cesseront d’enluminer le coin de votre salon. Au pied de son tronc, aiguilles, papiers, chaussettes, chérubins, boules et santons ne seront plus qu’un monticule à trier, à brûler, à ranger dans un casier cartonné du grenier jusqu’aux prochaines étrennes.
Votre Mistigri fait la gueule car cela dit en passant il n’avait jamais vu de si sympathique «arbre à chats » !
N’oubliez pas d’applaudir, chers ex-convives, les publicitaires du merchandising qui nous ont savamment orchestrés ces agapes pendant plus de deux mois. Ils ourdissent fort bien !
Entre les chapons, les œufs de lompes, le caviar, les rennes et la hotte du Père Noël ou de Saint Nicolas, il auront presque fait oublier à certains qu’il était pour d’autres une nativité à célébrer : il y a deux mille ans un sauveur nous naissait, désargenté, au sein d’un peuple opprimé, dans un pays militairement conquis.
Un enfant dans la paille sous le souffle d’un âne qui détenait en son sein le saint secret de la paix : « aimez vous les uns les autres ». Y’a du job !
De la Palestine à la Guinée, autres victimes, autres enjeux, autres occupants, cependant que les soldes de janvier et les prochaines hausses des prix sont d’ores et déjà ici annoncées, des parents réitèrent là bas sur les pas de Joseph et Marie le drame de la pauvreté, le drame de l’exclusion. Joyeux noël à tous.
Très, très loin de ce qui se joue sur le google-hearth-monopoly et la folie des hommes, enfoui et lové dans le creux de son arbre, blotti dessous l’étoffe douce de la queue touffue qui lui sert de couette, un rongeur échappe totalement aux étranges débordements de nos évanescences.
Il échappe au métronome du CAC 40.
Il échappe aux « néo-cultes » qu’imposent les villes-lumières.
Il semble échapper à l’histoire.
Le loir roupille.
Les pétards du jours de l’an fussent ils dans nos villages des plus bruyants l’ont à peine dérangé. 5° de température, 5 pulsations cardiaques toutes les soixante secondes, 2 respirations espacées de plusieurs minutes, l’on n’émerge pas de cet état paradisiaque d’un clignement de paupière sans préalablement réactiver la chaudière interne ! Il faut du temps.
Comme ses cousins lérots et muscardins, notre ami ne se réveillera véritablement qu’en mars-avril quand frère printemps houspillera ce : « debout les gars réveillez vous ! Il va falloir en mettre un coup ! » qui met la nature en émoi.
Dans les précédents échos nous avons vu que les hibernants n’abordaient pas ce retrait temporel à la légère. Le loir, qui ne pèse en été qu’entre 70 et 180 gr, affiche sur la balance en septembre jusqu’à 400 gr !
Les 5-7 petits qui naîtront en juin, ne pèseront que 2 gr ! Ils devront en moins de douze semaines gonfler leur poids de plus de 150 fois pour passer le cap de l’hiver ! Faines, noix, glands, châtaignes fourniront, nous l’avons lu, les huiles lipidiques nécessaires.
Un loir qui ne sommeille c’est joli, agile, enjoué et sacrément intrépide surtout lorsqu’il s’est habitué à votre frimousse !
Si comme Pascal et Viviane, vivant dans un champ d’arbres au pied d’une montagne, vous rêvez d’une cohabitation territoriale sympathique, ne rejetez pas ce conseil : plutôt que de tous vivre sous le même toit, optez pour « un logement chacun » !
Loir et lérot dans les soupentes sont souvent gages de dégâts ! Isolation bouffée, nuitées agrémentées de cavalcades dans les greniers, paquets de biscuits, cartons de fruits, entamés, éventrés, souillés…
Comment parvenir en six points au contentement de chacun ?
Vous veillerez à ne point toucher aux vieux arbres (chêne, châtaignier, hêtre, noyer…).
Vous favoriserez la présence des cavités naturelles.
Vous ne tronçonnerez pas les arbres morts.
Vous laisserez de hautes souches se dégrader naturellement.
Vous n’hésiterez pas à rajouter ici et là quelques abris artificiels et des haies dotées de noisetiers !
Important ! Le port d’une clochette pour tout ce qui ronronne sur vos genoux est fortement recommandé !
Si malgré les installations énumérées ci dessus vous vous faites toujours grignoter votre demeure, pas de panique ! En aucun cas ne faites intervenir les pourvoyeurs de raticides. Essayez plutôt ce qui suit…
Les gliridés ont l’odorat fort développé, l’astuce consistera donc à leur chatouiller le pif par des onguents répulsifs tels poivre, menthol, vinaigre, bâtons d’encens, eucalyptol, aminosol…
Ne souhaitant point me brouillez avez les pompiers qui me lisent, vous éviterez l’usage du gas-oil, de l’essence et de toute mise à feu du lieu de « non partage » !
Le piégeage et délogement territorial est fortement proscrit par les spécialistes. Ce qui est valable chez l’homme l’est aussi au pays des plus petits, l’expatrié apatride est le plus souvent condamné à être impitoyablement chassé, pourchassé, prédaté.
Certains tentent de se débarrasser chez leurs voisins de leur loir comme ils le font de leurs souris. Surprise ! Il semblerait que le loir rayonne de façon large. Aux pays des helvètes, des observateurs ont relevés qu’à moins de 10 km, ce croqueur de fruits secs retrouverait facilement son chemin !
Bon, n’oubliez pas que le loir est naturellement sylvicole. S’il occupe votre cabane c’est parce qu’elle se situe sur son territoire (évalué à 3-4 hectares). Tant que vous ne serez pas trop pollueur notre ami de votre présence sera ravi, il est très partageur de ce qui ne lui appartient point. Vous pouvez l’avoir chez vous 10 ans ! Facilement apprivoisable, rare, il est protégé par les conventions européennes. Si toutefois vraiment vous n’en pouvez plus, faites moi en un joli paquet enrubanné, je n’en ferais qu’une bouchée, parole de mustélidé !
Comme vos ancêtres les romains, je raffole du loir au gland !
Ils sont fous ces romains !