Une seule solution pour faire baisser
la pollution à Strasbourg : diminuer globalement le trafic routier !
Alsace Nature et le Collectif GCO Non merci ont pris connaissance de la pétition signée par une centaine de médecins strasbourgeois demandant aux décideurs politiques « d’agir concrètement » pour diminuer au plus vite la pollution atmosphérique dans la capitale alsacienne. Nous nous associons pleinement à cet appel et aux propositions développées par Strasbourg Respire, qui font écho à une préoccupation de santé publique que nous partageons. A ce titre, nos bénévoles ont par exemple participé à l’élaboration du Plan de protection de l’atmosphère (PPA) de l’Eurométropole.
Néanmoins, nous estimons que les pouvoirs publics ne vont pas assez loin pour protéger la population et faire face aux enjeux climatiques, voire, plus grave, agissent de façon contradictoire sur ces sujets. Au niveau national d’abord, nous déplorons que Ségolène Royal, ministre de l’écologie, ait enterrée l’écotaxe en 2014, après divers reports de la mesure que tous appellent pourtant de leurs vœux en Alsace depuis 2006 ! Alors que notre région subit un report de trafic poids lourds depuis 2005, date d’entrée en vigueur de la LKW Maut, elle en subira un nouveau, de voitures individuelles cette fois, à partir du 1er janvier 2016, date de la mise en place d’une vignette automobile côté allemand.
Nous nous désespérons surtout que les services de l’Etat aient validé une fois de plus en 2013, avec le rapport du CGEDD (Conseil général de l’environnement et du développement durable), le projet vieux de 30 ans de nouvelle autoroute à proximité de Strasbourg, soutenus, depuis peu, par l’exécutif strasbourgeois qui a cédé à la pression des lobbies. Avec leurs mesurettes annoncées en réaction à la pétition des médecins, celle de diminuer la vitesse au droit de Strasbourg (c’est déjà en partie le cas !) ou d’instaurer une circulation alternée, ces élus sont bien loin de répondre de façon ambitieuse et volontariste aux attentes de la population.
Le projet de GCO à 500 millions d’euros ne profitera qu’au secteur du BTP et ne permettra en rien de diminuer la pollution de l’air, ni à Strasbourg et encore moins dans la cuvette rhénane, puisque deux routes (voire trois, avec l’A5 allemande) pollueront toujours plus qu’une seule. Les projections de trafic avec GCO ne prévoient d’ailleurs aucune baisse significative du trafic sur l’actuelle A35 d’ici 2025 ! Seule option qui vaille, dans une logique d’efficacité sur le long terme, économique, écologique, sanitaire et éthique : la diminution globale de la circulation routière dans la vallée du Rhin, pour pouvoir, entre autres bénéfices, mieux respirer à Strasbourg.
Pour ce faire, les idées de manquent pas. Développées dans le livret « 10 solutions pour faire sauter les bouchons » publié en janvier 2015, ces solutions concrètes sont applicables, pour certaines, dès aujourd’hui et sans coût faramineux pour la collectivité. D’abord, pour réduire les bouchons (et donc la pollution de l’air), il est urgent de terminer le TSPO, ce bus en site propre qui va de Wasselonne à Strasbourg, et de créer des aménagements similaires ailleurs, à destination des automobilistes pendulaires, souvent « autosolistes ».
Ensuite, nous préconisons la création d’un vrai « RER strasbourgeois », utilisant les 13 gares de l’Eurométropole et celle de Kehl, sans rupture de charge en gare centrale. De même, l’aménagement de l’A35 doit dissocier les flux pendulaires (radiaux) des flux de transit, afin que cette autoroute conserve son rôle d’axe de transit nord-sud intra-agglomération (pour les artisans par exemple) sans être entravée par les trajets domicile-travail. « Requalifier » l’A35, comme l’envisage l’Eurométropole, serait au contraire organiser la congestion, que l’on imagine certes nécessaire à la rentabilité du GCO…
Enfin, Alsace Nature et le Collectif GCO Non merci souhaitent aussi pointer du doigt la pollution importée depuis tout le sillon rhénan et générée par le chauffage, les logements, l’activité industrielle et surtout l’épandage de produits phytosanitaires. Nous préconisons, outre la fin du diesel, et comme d’autres acteurs, l’amélioration de l’isolation des maisons et la diminution drastique de l’utilisation des pesticides, herbicides et autres fongicides.