![Les 22 et 23 juin : Participez aux 24H de la biodiversité !](https://alsacenature.org/wp-content/uploads/2019/06/61176821_2293613497398920_2975317647748497408_n-600x675.jpg)
Les 22 et 23 juin : Participez aux 24H de la biodiversité !
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Dans la famille des drôles d’animaux, voici Eubranchipus grubii, ou Le Branchipe de Grube ! C’est typiquement le genre de rareté que l’on ne croise pas souvent, à moins de regarder à la loupe dans une mare temporaire au milieu d’une forêt de feuillus ou d’avoir un ami aquariophile qui collectionne les petits crustacés d’eau douce. Si vous connaissez les triops, ils font partie de la même classe.
Tout petit, E.grubii mesure de 12 à 33 mm et nage sur le dos ! Il n’a pas de carapace, possède deux yeux, onze paires de pattes et la femelle se reconnait à son sac contenant les œufs en maturation. C’est un Branchiopode. Ce qui veut dire que ce sont ses pattes, qui lui servent autant à nager qu’à respirer, comme les branchies des poissons ! Elles servent aussi à filtrer l’eau et à ramener le plancton à sa bouche. Si la filtration est son mode principal d’alimentation, il est aussi capable de grignoter des têtards morts, des œufs d’amphibiens, etc.
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Crédit photo : Jean-François Cart
Sources :
– ODONAT – livre rouge des espèces menacées en Alsace
– UICN – International Union for Conservation of Nature
– faune-alsace.org
– doris.ffessm
Voici le Grand Tétras ou Coq de Bruyère ! 💡 Ce gallinacé sédentaire vit dans les forêts de conifères purs ou mélangés de feuillus. Il est exigeant. Pour l’accueillir, la forêt se doit d’être clairsemée et pourvue de vieux arbres de plus de 120 ans. Dans le massif Vosgien, on le retrouve dans les vieilles futaies composées de 50 à 70 % de sapins ou de pins, dont le sous-bois foisonne de myrtilles. Que mange-t-il ? Essentiellement végétarien, il mange des bourgeons, des baies, des feuilles et éventuellement des coléoptères et quelques fourmis. L’hiver, il se nourrit d’aiguilles de sapins et de pins. Pour mieux digérer, il ira jusqu’à avaler du gravier.
Aimant se tenir loin des hommes, il affectionne les forêts de plusieurs milliers d’hectares et celles qui ne sont pas perturbées par nos activités. Comme la sylviculture et les pratiques hors-piste, les randonnées en raquettes, ou le ski de fond. Et pour cause, à la fin de l’hiver, les grands coqs convergent vers une « place de chant » pour se mesurer chaque matin aux autres mâles et y retrouver les femelles. Ces arènes, du combat et de l’amour, demeurent le plus souvent au même endroit durant des années ! Très attentifs, ils connaissent par cœur les moindres recoins de leur territoire. S’ils remarquent que quelque chose n’est pas à sa place ou si leur place de chant est désorganisée, ils se dispersent. Le désordre et la confusion causés par une présence humaine suffisent alors aux Tétras pour déserter le lieu de la reproduction et faire capoter la saison des amours !
Historiquement présent du sud du massif jusqu’au Vosges du Nord et dans la forêt de la Haguenau, le Coq de bruyère se cantonne aujourd’hui aux derniers îlots de forêt vosgienne qui bénéficient d’une grande quiétude. En 2010, les effectifs sont estimés à 140 oiseaux adultes sur l’ensemble du massif. Aujourd’hui, l’espèce est en « Danger Critique » de disparition sur la liste rouge régionale. On n’en compte plus qu’une centaine. Imaginez, ils étaient plus d’un millier dans nos montagnes il y a seulement 80 ans !
En janvier dernier, l’Office National des Forêts (ONF), qui gère 75 % de la surface forestière d’Alsace, a renouvelé son partenariat avec le Groupe Tétras Vosges afin de protéger le bel oiseau. Jusque dans les années 70, la réduction de sa population était principalement causée par la destruction de son habitat, les arbres anciens et les clairières. Maintenant, c’est véritablement l’absence de tranquillité qui pourrait lui être fatale. L’hiver, lorsque la nourriture devient trop rare, le Tétras dépense plus d’énergie qu’il ne peut en acquérir en mangeant des aiguilles de conifères. Il économise alors les ressources mises de côté durant l’été en faisant le moins de mouvement possible. Or, il s’envole lorsqu’un promeneur en raquettes ou un skieur de fond passe près de lui. Et si cela se reproduit trop souvent, l’animal arrive largement affaibli à la période de reproduction.
Coup de grâce pour le Tétras, le nourrissage hivernal des sangliers fait grandir leurs hardes. Ces derniers, en trop grand nombre, dérangent le Coq et mangent les œufs pondus au sol par la poule. Pour y remédier, l’ONF compte agir pour interdire le nourrissage au-dessus de 800m d’altitude et canaliser le public hors des zones d’habitation du Grand Tétras. Samuel Audinot, président du Groupe Tétras Vosges, est optimiste : « On espère que tout ce travail permettra de maintenir, voire augmenter leur population, la situation n’est pas désespérée ! »
Pour entendre le chant du bel oiseau et tout savoir sur lui
– https://www.youtube.com/watch?v=uEj8O7KR5u0
– https://inpn.mnhn.fr/docs/cahab/fiches/Grand-tetras.pdf
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Crédit photo : Jari Peltomäki et Michel Munier
Sources : – ODONAT (Livre rouge des espèces menacées en Alsace)
– groupe-tetras-vosges.org
– salamandre.net
– lalsace.fr
Dans le prolongement des balades nature de 2017, Alsace Nature propose de vous guider sur des itinéraires proches de ces circuits et d’y découvrir l’incroyable diversité des milieux, leur richesse faunistique et floristique, que nous côtoyons chaque jour sans vraiment y porter attention.
– Durée des balades : environ 2h00
– Inscription obligatoire auprès du guide d’Alsace Nature au 06 08 62 69 71 ou par mail animation@alsacenature.org.
– Se munir pour les balades de chaussures confortables et de vêtements de saison.
Pénétrons une forêt du Rhin classée en réserve naturelle. Un espace forestier remarquable, à présent protégé. Pourquoi une réserve ? Partons à la découverte de ce milieu, ses habitants et leur équilibre.
Mardi 31 juillett 2018 de 9h30 à 12h environ
Nous irons à la découverte des différents milieux que nous pouvons rencontrer. Au plein cœur de l’été, la nature est luxuriante est prend des aspects de jungle.
Jeudi 31 aout 2018 de 9h30 à 12h
Nous partirons aux origines de ce milieu. Une lecture de paysage permettra de repérer les transformations de ce lieu au fil du temps.
Mercredi 5 septembre 2018 de 9h30 à 12h environ
Nous partirons à la découverte des espèces végétale et animales qui peuplent nos campagnes. L’euro-métropole offre des lieux de nature de son hyper-centre à sa périphérie.
Mardi 11 septembre 2018 de 9h30 à 12h
De bonnes chaussures, des vêtements adaptés et c’est parti ! Venez découvrir une forêt humide, entre mares et clairières nous observerons les différents milieux qui composent ce territoire.
Jeudi 20 septembre 2018 de 9h30 à 12h environ
Dans ces quartiers très denses, découvrez une coulée verte le long du Ziegelwasser et du Rhin Tortue. Une intéressante façon de découvrir ces quartiers au sud de Strasbourg et d’y rencontrer la vie dans tous ses aspects.
Lundi 24 septembre 2018 de 9h30 à 12h
Au nord de Schiltigheim, autour des étangs et gravières bordant terres agricoles et îlots résiduels de forêt rhénane, prenez le temps d’un parcours bucolique, la tête dans les branches et les yeux à la surface de l’eau. Comme il est agréable d’observer cette nature diversifiée à deux pas de la ville. Pas besoin d’aller bien loin pour se sentir loin de tout…
Vendredi 28 septembre 2018 de 9h30 à 12h
Nous partirons à la découverte des richesses que nous propose ce milieu. Au détour d’un chemin, ici une plante comestible, là une plante invasive, là un insecte… Découvrez la forêt sous un autre angle.
Lundi 1 octobre 2018 de 9h30 à 12h environ
Nous partirons à la rencontre des espèces végétales et animales qui peuplent ces vestiges du passé. Comment la nature se réapproprie nos constructions.
Mardi 16 octobre 2018 de 9h30 à 12h environ
Nous partirons à la découverte des espèces végétales et animales qui peuplent nos campagnes. L’Eurométropole offre des lieux de nature de son hyper-centre à sa périphérie.
Vendredi 19 octobre 2018 de 9h30 à 12h environ
Venez découvrir les populations qui peuplent nos campagnes. Au fil de l’eau, la vie suit son cour.
Lundi 22 octobre 2018 de 9h30 à 12h environ
Evrard de Turckheim et Marc-Étienne, tous deux membres fondateurs de l’association Pro Silva France, souhaitent présenter l’intérêt du mode de production durable prôné par Pro Silva. Pour y parvenir, l’intervenant a décidé de passer d’arbre en arbre, de parcelle en parcelle, afin de montrer à son auditoire « un maximum d’images ». Durant cette journée, il nous invitera à utiliser successivement nos cinq sens afin de comprendre par le ressenti, les différences entre les différents stades de maturité d’une forêt gérée selon les recommandations de « Pro Silva ». En effet, les 6000 forestiers du réseau Pro Silva Europe cherchent à atteindre un idéal. Cet idéal est désigné par l’acronyme SICPN ! Pour Sylviculture Irrégulière, Continue et Proche de la Nature.
Dès le 19e siècle, deux modes de gestion s’opposent dans la littérature forestière.D’un côté la gestion par « peuplement » et de l’autre, la gestion « individuelle » des arbres. Dans le premier cas, tous les arbres d’un même peuplement sont récoltés en même temps lorsque le diamètre moyen des arbres a atteint une valeur cible. Tandis que la gestion par individu après une phase d’amélioration par sélection de ceux qui ont la meilleure qualité, consiste à récolter les seuls arbres du peuplement qui sont arrivés à maturité, «sous forme de cueillette », en tenant compte, aussi, des interactions avec les arbres alentours. Pro Silva prône justement la gestion par individu. Une forêt gérée par peuplement est constituée d’arbres semblables, du même âge et de taille centrée autour d’une moyenne. La gestion arbre par arbre donne une forêt dite « irrégulière ». Irrégulière, car les arbres qui la composent sont dissemblables. Ils n’ont pas la même taille, ni le même aspect. La pratique de la « cueillette », parce qu’elle s’oppose à la radicale coupe rase, ne découvre pas brutalement le sous-bois. Cela permet de retenir l’humidité et la fraîcheur dans la forêt mais évite aussi aux jeunes arbres d’être soumis à la concurrence de la végétation herbacée et de pousser trop vite en faisant de grosses branches. C’est ce que les forestiers britanniques nomment la « forêt à couvert continu ». Marc-Étienne appelle aussi la sylviculture Pro Silva, « sylviculture invisible », car à la différence d’une coupe rase ou d’une récolte en quelques années d’une parcelle forestière, elle ne brise pas la continuité du paysage en faisant des « trous » à chaque récolte.
Pour désigner les deux grands modes de gestion, par arbre ou par peuplement, de façon plus imagée, il compare la sylviculture à l’agriculture. La gestion par peuplement est assimilée à la culture de céréales, tous les plants ont le même âge et sont récoltés en même temps. Alors que dans une forêt « irrégulière », les arbres n’ont pas le même âge et sont récoltés comme les tomates, en fonction de leur maturité. « On ne cueille jamais une tomate verte » dit-il en souriant. L’objectif de production de Pro Silva est d’obtenir des bois de gros diamètres et de bonne qualité, avec le moins de nœud possible.
Vous saurez que vous vous trouvez dans une parcelle gérée par des forestiers du collectif Pro Silva si :
– Les arbres autour de vous ne sont pas alignés et ont des tailles différentes.
– Vous observez au sol des bois morts, ou des arbres morts sur pied. Ils servent d’hôtes aux oiseaux nicheurs, insectes, champignons et aux petits mammifères. Les arbres hôtes sont reconnaissables à leur marquage en triangle. Un tel arbre n’est pas destiné à être vendu, il sert d’habitat aux nombreux et divers êtres vivants de la forêt et alimentent la régénération des sols.
– Les essences sont diverses et mélangées.
– Il peut aussi y avoir de très gros arbres « patrimoniaux ».
Les forestiers qui suivent les recommandations de Pro Silva ne s’interdisent pas de planter mais n’en font pas une règle de gestion. Les forêts gérées de cette manière se régénèrent naturellement, les plus petits arbres prennent la relève des arbres récemment coupés. Jamais plus de 20% des arbres sont récoltés en même temps pour respecter la résilience de la forêt.
Et ce n’est pas tout, ils n’utilisent ni fertilisants ni produits phytopharmaceutiques, n’ont pas recours à l’OGM, prennent des mesures pour garantir l’équilibre forêt-gibier, ne franchissent pas les cours d’eau et les mares avec les machines d’exploitation, n’interviennent pas pendant les périodes de nidification, gèrent les lisères, pour qu’elles ne se ferment pas (car elles accueillent la biodiversité), et surveillent la santé et la vitalité des forêts.
Malheureusement la surpopulation des grands mammifères herbivores constitue, actuellement et depuis 40 ans, un obstacle à la réalisation d’une telle sylviculture. Les 2/3 des forêts alsaciennes sont dans l’incapacité de se régénérer naturellement en raison des abroutissements sur les semis naturels, suivis plus tard par l’écorçages des troncs de nombreuses essences forestières. Le sapin et le chêne sont les plus menacés.
Rappelons que l’Alsace possède un taux de certification PEFC de 74% en 2013. Ce taux est de 60% pour la Lorraine et 47% pour la Champagne-Ardenne. Soit 58% pour l’ensemble du territoire de la nouvelle région Grand Est. Il n’est que de 35 % au niveau national !
Le Grand Est est couvert à 34% par la forêt. Le taux de boisement est très inégal en fonction des
régions allant de 19% pour la Marne à 50% dans les Vosges ! La forêt privée représente 41% de la surface contre 75% en France. En Alsace, ce chiffre tombe à 25%. Les forêts alsaciennes gérées par les forestiers de l’ONF, en phase avec Pro Silva, ne servent pas uniquement à la production. Elles accueillent de nombreux usagers. Qu’ils soient chasseurs, vététistes ou randonneurs, les forestiers tentent d’accorder une place à chacun. La conciliation des intérêts de tous n’est pas toujours simples. Les forestiers jouent souvent les médiateurs entre des acteurs dont les objectifs sont antagonistes et qui ne sont pas disposés à faire des compromis.
Enfin, les forestiers évoluent et travaillent sur une échelle de temps très étendue et doivent anticiper aussi les futures attentes. « La société actuelle reproche aux forestiers du présent la gestion des forêts que les anciens forestiers ont façonnées selon les désirs de la société du passé » déplore Marc-Étienne. Il a la volonté de s’occuper des forêts de manière durable, sans œillères, en prenant en compte les multiples attentes, économiques, écologiques et sociales. Il l’affirme, « L’harmonie est une question de curseur et de perception ».
Le Colloque de Pro Silva France « La sylviculture à couvert continu, un passé lointain,
un présent certain, un futur serein » aura lieu à l’Hôtel de Région de Strasbourg les 11-12 octobre.
– 11 octobre : Conférences – 12 octobre : Excusions forestières –
Programme et inscription à https://www.colloque-prosilva.com
Gainage : Augmenter la densité des arbres amène de l’ombre autour de l’arbre d’avenir ce qui évite une forte « branchaison ». Celle-ci diminuerait sa valeur marchande du fait de la marque des nœuds des branches dans le tronc.
Lisières : stade intermédiaire à favoriser entre forêt et découvert qui accorde aux animaux une zone refuge et protège les premiers arbres de la force du vent et diminue ainsi le risque de déracinement (chablis).
Lierre : pendant longtemps celui-ci a été perçu comme un parasite des arbres alors que la liane ne fait que s’attacher à l’écorce du tronc sans se nourrir à ses dépens. De nos jours le lierre est préservé car ses fruits (petites baies noires bleutées) représentant un intérêt pour les oiseaux jusqu’à la fin de l’hiver.
Rémanents : Branches en dessous de 7 cm de diamètre laissées au sol pour apporter du carbone à l’humus et offrir des possibilités de refuge à la faune. Les bourgeons apportent de la nourriture aux oiseaux.
Bois mort sur pied et au sol. Sur pied il présente un intérêt certain pour les oiseaux cavernicoles (les pics) mais ne sera pas laissé le long des chemins car il représente un danger potentiel. Au sol, il favorise la présence d’insectes saproxylophages, dont les larves aident à la décomposition de la lignine. Cet argument doit être porté par les naturalistes pour contrecarrer l’idée d’une forêt qui ne serait « pas propre ».
Protection des sols : les lignes d’exploitation sont indiquées avec des marques aux arbres pour que les engins de débardages n’empruntent que celles-ci et ne tassent pas le sol à l’intérieur des parcelles.
Forêt de Protection : classée en Conseil d’Etat pour en protéger la surface de l’urbanisation, la récolte de bois y est toujours d’actualité.
Forêt en senescence : ilot d’une superficie de 2 à 5 ha laissé en libre évolution (sauf à prélever un arbre pour sécuriser un passage). Les arbres à maturité ne sont pas exploités pour les laisser s’effondrer d’eux-mêmes.
Chasse et droit local : les chasseurs paient un loyer aux communes, qui en reversent une partie aux propriétaires. De ce fait la chasse est devenue un loisir de prestige : la pratique de l’agrainage instaurée au début pour protéger les récoltes de maïs est accentuée en vue d’augmenter la chance de tirer pour les chasseurs invités, d’ailleurs ceux-ci n’ont pas forcément de lien direct avec l’écosystème (comptage, suivi des hardes et des dégâts) au regard des chasseurs qui sont affiliés à une ACA (association de chasse autorisée hors Alsace-Moselle).
Abroutissement : quand l’extrémité des jeunes pousses d’arbres et d’arbustes sont croquées par les cervidés. Pour comparaison les chevreuils mangent moins que le cerf et le daim.
Sources :
M.D
Enfin, nous y sommes ! Depuis 1988, Alsace Nature, avec ses 2000 adhérents directs et sa centaine d’associations fédérées, soutient le classement de la forêt de la Robertsau – La Wantzenau en réserve naturelle nationale.
C’est peu dire que, depuis le premier engagement de Marcel Rudloff, confirmé unanimement par ses successeurs Catherine Trautmann, Fabienne Keller et Roland Ries, le chemin fut long. Il le fut parce qu’un tel classement n’est évidemment pas neutre, c’est l’un des régimes de protection de la nature les plus forts en droit français.
L’enquête publique en cours sur ce projet de classement est l’ultime étape de ce long chemin et nous espérons qu’elle sera l’occasion d’une concertation large, ouverte à tous, dont nous appelons chacune et chacun à se saisir. C’est l’occasion de revenir aussi sur les enjeux de ce classement, qui, pour nous, dépassent largement les impacts qu’il aura sur les usages de cette forêt, appelés nécessairement à évoluer.
Le premier enjeu est local. Protéger cette forêt, c’est boucler enfin la protection des grandes forêts péri-urbaines de notre agglomération. Après le Rohrschollen, puis la forêt de Neuhof – Illkirch, la forêt de la Robertsau – La Wantzenau est la dernière à ne pas être protégée par un statut solide, édicté par un décret, pour échapper aux variations politiques ou économiques.
Engagée dans des politiques de retour de la nature en ville (telle que Strasbourg, ça pousse !) et dans l’élaboration d’un ambitieux plan climat 2030, notre agglomération trouvera dans ses forêts périurbaines désormais protégées les poumons de naturalité indispensables à ces politiques écologiques.
Le second enjeu est rhénan. Comme ses voisines, la forêt de la Robertsau – La Wantzenau est un vestige bien abîmé de la séculaire forêt alluviale, du temps où elle accueillait les méandres, les crues et les respirations d’un fleuve encore libre, d’un Rhin non encore bétonné et colonisé par les activités économiques et l’urbanisation. Elle fait ainsi partie de ce chapelet de bouts de forêts qui s’égrène des deux côtés du fleuve et qui tous font partie d’un ensemble remarqué, par des outils tels que Natura 2000, au plan européen, ou Ramsar, à l’échelle internationale.
Faire revivre la forêt de la Robertsau – La Wantzenau comme un écosystème à nouveau relié à sa rivière Ill et à son fleuve Rhin est un des défis de ce classement, qu’il nous importe collectivement de relever.
Le troisième enjeu est planétaire. Plus personne ne peut ignorer la grave crise que traversent nos ressources naturelles, de tous types (sols, eau, air, faune, flore), ni évidemment les dérèglements climatiques, qui bouleversent nos saisons et nos modes de vie. Face à ces crises, on peut se dire qu’elles sont trop éloignées de ce qu’on peut faire, que les Etats et les multinationales doivent agir d’abord, chacun ses responsabilités en effet. Mais on peut aussi, en citoyen engagé, chercher à agir localement, en commençant par préserver ici et maintenant ce qui nous reste de précieux et de vital.
Comme ses voisines, la forêt de la Robertsau – La Wantzenau nous est précieuse et vitale, parce qu’elle régénère notre air, tempère nos climats, calme nos stress. Protégée, gérée avec des moyens propres et nouveaux, elle remplira d’autant mieux ces fonctions, à notre bénéfice.
Enfin, le dernier enjeu est sociétal. Aux comportements individualistes qui poussent chacun à se croire propriétaire de la forêt où il court, cueille, se promène, randonne, pêche…, le classement substituera un mode de gouvernance partagé, où les pratiques seront équilibrées à l’aune des objectifs naturalistes définis par le classement. La forêt n’appartient à personne, c’est un bien commun, qui appelle une gestion collective. Cela sera exigé par le classement, qui, en ce sens, sera non une fin, mais un commencement. Dans la construction de cette intelligence collective, le CINE de Bussierre sera d’un apport crucial.
Nous appelons toutes celles et ceux qui se sentent concernés par ces enjeux majeurs à se mobiliser en faveur de ce classement, en envoyant leur avis positif aux commissaires-enquêteurs (contact : pref-enquetes-publiques@bas-rhin.gouv.fr). Notre association le fera très prochainement, comme nous espérons que vous serez nombreuses et nombreux à le faire, avant le 23 février prochain.
Plus d’informations seront mises en ligne au fur et à mesure sur http://localhost:8888/actu-alsacenature-hack