Débat organisé suite à la sortie du film Permaculture La voie de l’autonomie (Jupiter Films) au Cinéma Vox le 13 juin 2019 à Strasbourg.
Intervenants :
Denis JUNG, ingénieur agronome ;
Jean Michel OBRECHT, maraîcher et chroniqueur sur France Bleu Alsace;
Arnaud SCHWARTZ, membre de l’association Permaculture partagée Saint Gall et administrateur d’ALSACE NATURE.
Animation : Denis JUNG, vice président ARBRES.
Voir ci-dessous la vidéo : Réalisation et montage : Denis JUNG et Richard Welter – ATA. Juin 2019.
En Europe, l’Allemagne est le pays où on retrouve le plus de Dicranum viride. En France, cette espèce est présente surtout en Alsace et en Franche-Comté.
Le Dicrane vert est une mousse qui se développe entre 200 et 1000 m d’altitude, elle forme des coussinets de quelques centimètres d’épaisseur. Comme toutes les mousses, le Dicrane est une bryophyte. Les bryophytes (ainsi que les algues) font partie des plantes non vasculaires : elles ne possèdent pas de xylème ou de phloème qui transportent respectivement la sève brute et la sève élaborée chez les plantes vasculaires.
Dicranum viride colonise les troncs d’arbres jusqu’à 15 mètres de haut ! Avec une préférence pour les écorces lisses et les substrats acides (plutôt que les écorces rugueuses et les substrats calcaires), cette espèce a besoin de « gros bois », des arbres d’un diamètre égal ou supérieur à 1.30 m, pour se développer. On retrouve cette mousse dans les vieilles forêts assez humides comme les hêtraies et les chênaies-hêtraies qui correspondent à ces exigences.
Aujourd’hui, le Dicrane vert est menacé par le rajeunissement et l’exploitation précoce des forêts qui entraînent la réduction du nombre d’arbres hôtes potentiels. En effet, pour assurer une rentabilité immédiate, les arbres peuvent être coupés à des stades submatures et récoltés en quantité trop importantes ce qui les empêche d’atteindre une taille suffisante pour que le Dicrane puisse s’y développer.
Pourtant le Dicranum viride fait partie de l’annexe II de la directive Habitats-Faune-Flore (1992) ce qui veut dire que c’est une espèce d’intérêt communautaire. On la retrouve également dans l’annexe I de la convention de Berne (1979) qui interdit la cueillette, le ramassage, la coupe ou le déracinage intentionnel des espèces listées. Pour finir, le Dicrane vert est classé vulnérable dans la liste rouge des bryophytes européennes.
Une gestion des aménagements forestiers compatible avec la conservation de cette espèce est donc nécessaire. Surtout sur le territoire français, limite ouest de l’aire de répartition de cette espèce, où il y a un réel besoin de protection. En effet, il est possible que des individus capables de vivre au niveau de cette frontière aient développés des particularités génétiques, des caractères intéressants pour l’espèce.
Comme chaque année depuis 2010, les naturalistes de la région se rassemblent sur un secteur donné et notent toutes les espèces qu’ils rencontrent, sur une période de 24h, qu’il s’agisse d’oiseaux, de mammifères, d’insectes, de plantes…
Ces inventaires permettent d’améliorer notablement notre connaissance de la biodiversité locale, d’élaborer un outil de planification urbaine et de sensibiliser aux enjeux de cette biodiversité.
Dans la famille des drôles d’animaux, voici Eubranchipus grubii, ou Le Branchipe de Grube ! C’est typiquement le genre de rareté que l’on ne croise pas souvent, à moins de regarder à la loupe dans une mare temporaire au milieu d’une forêt de feuillus ou d’avoir un ami aquariophile qui collectionne les petits crustacés d’eau douce. Si vous connaissez les triops, ils font partie de la même classe.
Tout petit, E.grubii mesure de 12 à 33 mm et nage sur le dos ! Il n’a pas de carapace, possède deux yeux, onze paires de pattes et la femelle se reconnait à son sac contenant les œufs en maturation. C’est un Branchiopode. Ce qui veut dire que ce sont ses pattes, qui lui servent autant à nager qu’à respirer, comme les branchies des poissons ! Elles servent aussi à filtrer l’eau et à ramener le plancton à sa bouche. Si la filtration est son mode principal d’alimentation, il est aussi capable de grignoter des têtards morts, des œufs d’amphibiens, etc.
Elle nage sur de dos
E.grubii vit sur terre depuis près de 500 millions d’années. Il est actuellement présent en Europe centrale et septentrionale ainsi qu’au nord de l’Asie. On peut le retrouver en Alsace et en Lorraine. Il y est considéré comme une espèce « quasi menacée ». Ce qui veut dire qu’il est proche du seuil des espèces vulnérables, selon les critères d’évaluation de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En Alsace, la première observation de ce petit animal eut lieu en 1930 entre Meistratzheim et Valff. Aujourd’hui, l’espèce est répertoriée dans plusd’une quinzaine de sites, essentiellement dans le Bas-Rhin. La flaque d’eau sur la photo se trouve dans le Ried Nord. Elle est connue pour abriter E.grubii depuis plus d’un demi-siècle !
Sa tête avec les deux antennes et un de ses deux yeux.
Il est typique des mares de sous-bois, alimentées par l’affleurement de la nappe phréatique et dont le fond est recouvert de feuilles mortes. Le milieu doit être régulièrement mis en eau. Mais pas nécessairement tous les ans. En effet, dans le fond d‘une mare asséchée, les œufs attendent, parfois pendant des années, leur éclosion. Comme des graines, ils résistent au gel et à la sécheresse. L’éclosion est synchronisée à la fin de l’hiver. Sous la glace, la hausse du taux de CO2 présent dans l’eau déclenche la naissance des larves. Elles auront alors tout l’hiver puis le printemps pour évoluer, effectuer 40 mues, devenir adultes et s’accoupler. La femelle pond ensuite une dizaine « d’œufs de résistance » qui tombent au fond de l’eau. Les adultes mourront à la fin du printemps, car la mare finira par s’assécher ou devenir trop chaude pour eux. Les œufs, parfois dispersés par le vent ou les oiseaux, attendront le retour de l’hiver, de l’eau, de la glace et du CO2. Et le cycle se poursuit.
Le sac contenant les œufs en maturation.
Les substances chimiques, comme les nitrates, ou un plancton trop rare nuisent à sa survie. En Alsace, les sites forestiers ne semblent pas particulièrement menacés, mais les populations actuelles devront être surveillées, notamment à cause du changement climatique. En effet, les œufs ont besoin d’une période de gel pour arriver à maturité. Alors, là où le gel aura déserté les mares, on ne verra plus éclore le petit Branchipe de Grube.
.MD
Crédit photo : Jean-François Cart
Sources :
– ODONAT – livre rouge des espèces menacées en Alsace
– UICN – International Union for Conservation of Nature
– faune-alsace.org
– doris.ffessm
Voici le Grand Tétras ou Coq de Bruyère ! 💡 Ce gallinacé sédentaire vit dans les forêts de conifères purs ou mélangés de feuillus. Il est exigeant. Pour l’accueillir, la forêt se doit d’être clairsemée et pourvue de vieux arbres de plus de 120 ans. Dans le massif Vosgien, on le retrouve dans les vieilles futaies composées de 50 à 70 % de sapins ou de pins, dont le sous-bois foisonne de myrtilles. Que mange-t-il ? Essentiellement végétarien, il mange des bourgeons, des baies, des feuilles et éventuellement des coléoptères et quelques fourmis. L’hiver, il se nourrit d’aiguilles de sapins et de pins. Pour mieux digérer, il ira jusqu’à avaler du gravier.
Aimant se tenir loin des hommes, il affectionne les forêts de plusieurs milliers d’hectares et celles qui ne sont pas perturbées par nos activités. Comme la sylviculture et les pratiques hors-piste, les randonnées en raquettes, ou le ski de fond. Et pour cause, à la fin de l’hiver, les grands coqs convergent vers une « place de chant » pour se mesurer chaque matin aux autres mâles et y retrouver les femelles. Ces arènes, du combat et de l’amour, demeurent le plus souvent au même endroit durant des années ! Très attentifs, ils connaissent par cœur les moindres recoins de leur territoire. S’ils remarquent que quelque chose n’est pas à sa place ou si leur place de chant est désorganisée, ils se dispersent. Le désordre et la confusion causés par une présence humaine suffisent alors aux Tétras pour déserter le lieu de la reproduction et faire capoter la saison des amours !
Historiquement présent du sud du massif jusqu’au Vosges du Nord et dans la forêt de la Haguenau, le Coq de bruyère se cantonne aujourd’hui aux derniers îlots de forêt vosgienne qui bénéficient d’une grande quiétude. En 2010, les effectifs sont estimés à 140 oiseaux adultes sur l’ensemble du massif. Aujourd’hui, l’espèce est en « Danger Critique » de disparition sur la liste rouge régionale. On n’en compte plus qu’une centaine. Imaginez, ils étaient plus d’un millier dans nos montagnes il y a seulement 80 ans !
En janvier dernier, l’Office National des Forêts (ONF), qui gère 75 % de la surface forestière d’Alsace, a renouvelé son partenariat avec le Groupe Tétras Vosges afin de protéger le bel oiseau. Jusque dans les années 70, la réduction de sa population était principalement causée par la destruction de son habitat, les arbres anciens et les clairières. Maintenant, c’est véritablement l’absence de tranquillité qui pourrait lui être fatale. L’hiver, lorsque la nourriture devient trop rare, le Tétras dépense plus d’énergie qu’il ne peut en acquérir en mangeant des aiguilles de conifères. Il économise alors les ressources mises de côté durant l’été en faisant le moins de mouvement possible. Or, il s’envole lorsqu’un promeneur en raquettes ou un skieur de fond passe près de lui. Et si cela se reproduit trop souvent, l’animal arrive largement affaibli à la période de reproduction.
Coup de grâce pour le Tétras, le nourrissage hivernal des sangliers fait grandir leurs hardes. Ces derniers, en trop grand nombre, dérangent le Coq et mangent les œufs pondus au sol par la poule. Pour y remédier, l’ONF compte agir pour interdire le nourrissage au-dessus de 800m d’altitude et canaliser le public hors des zones d’habitation du Grand Tétras. Samuel Audinot, président du Groupe Tétras Vosges, est optimiste : « On espère que tout ce travail permettra de maintenir, voire augmenter leur population, la situation n’est pas désespérée ! »
Dans le prolongement des balades nature de 2017, Alsace Nature propose de vous guider sur des itinéraires proches de ces circuits et d’y découvrir l’incroyable diversité des milieux, leur richesse faunistique et floristique, que nous côtoyons chaque jour sans vraiment y porter attention. – Durée des balades : environ 2h00 – Inscription obligatoire auprès du guide d’Alsace Nature au 06 08 62 69 71 ou par mail animation@alsacenature.org. – Se munir pour les balades de chaussures confortables et de vêtements de saison.
Neuhof-Illkirch – Réserve naturelle
Pénétrons une forêt du Rhin classée en réserve naturelle. Un espace forestier remarquable, à présent protégé. Pourquoi une réserve ? Partons à la découverte de ce milieu, ses habitants et leur équilibre. Mardi 31 juillett 2018 de 9h30 à 12h environ
Ostwald – Au cœur d’une forêt humide
Nous irons à la découverte des différents milieux que nous pouvons rencontrer. Au plein cœur de l’été, la nature est luxuriante est prend des aspects de jungle. Jeudi 31 aout 2018 de 9h30 à 12h
Robertsau – Au plein cœur d’une forêt rhénane
Nous partirons aux origines de ce milieu. Une lecture de paysage permettra de repérer les transformations de ce lieu au fil du temps. Mercredi 5 septembre 2018 de 9h30 à 12h environ
Lipsheim – Entre champs et bosquets
Nous partirons à la découverte des espèces végétale et animales qui peuplent nos campagnes. L’euro-métropole offre des lieux de nature de son hyper-centre à sa périphérie. Mardi 11 septembre 2018 de 9h30 à 12h
Vendenheim – Entre mares et clairières d’une forêt humide
De bonnes chaussures, des vêtements adaptés et c’est parti ! Venez découvrir une forêt humide, entre mares et clairières nous observerons les différents milieux qui composent ce territoire. Jeudi 20 septembre 2018 de 9h30 à 12h environ
Du Neuhof au Neudorf
Dans ces quartiers très denses, découvrez une coulée verte le long du Ziegelwasser et du Rhin Tortue. Une intéressante façon de découvrir ces quartiers au sud de Strasbourg et d’y rencontrer la vie dans tous ses aspects. Lundi 24 septembre 2018 de 9h30 à 12h
Les étangs de Schiltigheim
Au nord de Schiltigheim, autour des étangs et gravières bordant terres agricoles et îlots résiduels de forêt rhénane, prenez le temps d’un parcours bucolique, la tête dans les branches et les yeux à la surface de l’eau. Comme il est agréable d’observer cette nature diversifiée à deux pas de la ville. Pas besoin d’aller bien loin pour se sentir loin de tout… Vendredi 28 septembre 2018 de 9h30 à 12h
La wantzenau – Dans une forêt Rhénane
Nous partirons à la découverte des richesses que nous propose ce milieu. Au détour d’un chemin, ici une plante comestible, là une plante invasive, là un insecte… Découvrez la forêt sous un autre angle. Lundi 1 octobre 2018 de 9h30 à 12h environ
Mundolsheim – Sur la route des forts
Nous partirons à la rencontre des espèces végétales et animales qui peuplent ces vestiges du passé. Comment la nature se réapproprie nos constructions. Mardi 16 octobre 2018 de 9h30 à 12h environ
Wolfisheim – Entre champs et bosquets
Nous partirons à la découverte des espèces végétales et animales qui peuplent nos campagnes. L’Eurométropole offre des lieux de nature de son hyper-centre à sa périphérie. Vendredi 19 octobre 2018 de 9h30 à 12h environ
Eckbolsheim – Entre Bruche et canal, entre nature et culture
Venez découvrir les populations qui peuplent nos campagnes. Au fil de l’eau, la vie suit son cour. Lundi 22 octobre 2018 de 9h30 à 12h environ