Le Tanet : un joyau naturel à préserver, pas à rééquiper

Le Tanet : un joyau naturel à préserver, pas à rééquiper

Le site du Tanet est un cirque glaciaire emblématique du Haut-Rhin, situé au pied de la Réserve naturelle nationale du Tanet – Gazon du Faing et du site Natura 2000, au sein d’une zone “Quiétude attitude” du du Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges. C’est un refuge pour nombre d’espèces menacées comme  le Grand Tétras, le Lynx boréal, mais aussi des chiroptères ou des oiseaux qui profitent des parois rocheuses, de la flore et des milieux naturels qui s’y trouvent.
Le Tanet est sans doute l’un des sites vosgiens où la montagne pourrait retrouver une beauté sauvage et intacte, digne des grands cirques alpins… une fois les  installations de l’ancienne station de ski démontées. Il offre un paysage majestueux, déjà accessible à pied depuis les crêtes ou les refuges alentour, sans qu’aucun nouvel aménagement ne soit nécessaire. Les “visiteurs” viennent ici chercher le silence, la vue, l’immersion dans une nature préservée. On y trouve des tourbières, des chaumes d’altitude, des forêts relictuelles, refuges d’une biodiversité rare.

Le véritable besoin aujourd’hui, c’est d’effacer les traces humaines inutilisées, pas d’en ajouter de nouvelles. Ce site mérite une vision d’avenir fondée sur la sobriété, la protection du vivant et la transmission de sa beauté intacte aux générations futures.

 

Le Tanet : un site naturel majeur menacé

Or, le Syndicat mixte de la vallée de Munster ressort des cartons un dossier que tout le monde pensait abandonné : une  via ferrata. Ces parcours à flancs de falaise, nécessitent, pour la sécurisation et le divertissement des pratiquants, la pose de mains-courantes en filin tout au long du parcours, l’aménagement d’échelle métallique, de pont de singe etc. et tout cela  dans un secteur sensible, à l’heure où la biodiversité se meurt.

Le projet actuel compte deux itinéraires, qui entraîneront inévitablement :

  • une fréquentation accrue tout au long de l’année,
  • des nuisances sonores et visuelles,
  • une dégradation des habitats naturels,
  • une banalisation de l’espace naturel comme terrain de loisir.

 

Malgré un rejet préfectoral en 2015, le projet revient avec peu de modifications de fond. Le dernier avis de l’Autorité environnementale (mai 2025) pointe de nombreuses insuffisances : absence d’analyse d’alternatives, pas d’avis du CSRPN, faibles garanties sur le suivi ou la compensation écologique…

Bien qu’aucune enquête publique officielle ne soit lancée à ce jour, un questionnaire en ligne a été mis en place par les porteurs du projet pour sonder les réactions du public. Alsace Nature encourage à exprimer une opposition argumentée et appelle à la vigilance pour répondre à ce formulaire particulièrement orienté, qui enjolive la situation.

Il est crucial de montrer que les citoyens sont nombreux à défendre une autre vision de la montagne : sobre, respectueuse, et accessible sans artifices. Il ne s’agit pas de rejeter toute activité de pleine nature – il existe d’ailleurs au Tanet un site d’escalade qui ne pose pas de souci – mais de refuser la surenchère d’équipements dans les derniers bastions de biodiversité. Ce questionnaire permet de faire entendre votre voix. Vous pouvez y exprimer :

  • votre attachement au site du Tanet, ou au territoire, aux Vosges
  • votre opposition à la transformation de la montagne en parc d’attractions,
  • la nécessité de sanctuariser des zones naturelles, sans équipements permanents.

 

Répondre au questionnaire

En savoir plus

 

Mais au-delà de ce cas précis, c’est une accumulation de projets touristiques non maîtrisés qui met en péril l’équilibre écologique de tout le massif vosgien.

 

Le piège de la fragmentation écologique

Ce projet ne peut être analysé isolément. Il s’ajoute à une série de micro-projets touristiques dans les Vosges, chacun modeste en apparence, mais cumulé à l’existant, particulièrement destructeurs :

  • la tyrolienne géante au Gaschney,
  • la zone de loisirs au lac Blanc,
  • les pistes de VTT de descente,
  • les aménagements “4 saisons” du Champ du Feu, dans un contexte de fonte accélérée de la neige,
  • le développement des randonnées en VTT ou trottinettes à assistance électrique
  • le développement des randonnées motorisées (voitures ou motos) sur les cols et routes du massif…

 

Vouloir substituer l’économie touristique du ski pour sauver les stations de montagne par un développement anarchique “d’activités ludiques” est une lourde erreur. Les enquêtes montrent que ce qui attire les touristes dans le massif sont bien les paysages grandioses, la nature préservée et la quiétude.

Les effets cumulatifs de ces développement sont déjà à l’œuvre  : morcellement des forêts, fragmentation des habitats, dérangement permanent des espèces… Toutes ces pertes de continuités écologiques réduisent les chances de survie des espèces les plus vulnérables et appauvrit durablement la richesse naturelle du massif vosgien. Ce dernier, comme tous les milieux naturels, doit s’adapter à un changement climatique qui lui est imposé par l’activité humaine. Pour ce faire, il a plus que jamais besoin d’espaces de libre évolution et de quiétude. Soyons les discrets observateurs de ces richesses naturelles plutôt que les consommateurs d’une nature qui ne sert que de support à des divertissements qui pourraient se trouver dans n’importe quel parc d’attractions.

Victoire pour Alsace Nature : le tribunal annule un défrichement illégal à Fort-Louis

Victoire pour Alsace Nature : le tribunal annule un défrichement illégal à Fort-Louis

Le 29 juillet 2025, le Tribunal administratif de Strasbourg a donné raison à Alsace Nature dans un contentieux concernant un défrichement illégal sur la commune de Fort-Louis, dans le Bas-Rhin. Malgré les dégâts subis par la nature, cette décision marque une victoire juridique et symbolique pour la protection de l’environnement, et rappelle que le droit s’impose à tous, même aux collectivités publiques.

 

Une destruction sans autorisation dans une zone naturelle sensible

En septembre 2022, la commune de Fort-Louis a procédé à des travaux de défrichement dans une zone boisée d’environ 4 000 m², sans autorisation légale. Or, ce secteur se situe à proximité immédiate de zones protégées, notamment le site Natura 2000 du Ried de la Moder, un espace d’une richesse écologique remarquable, abritant une biodiversité exceptionnelle.

Le maire de l’époque avait justifié les travaux par des « aménagements touristiques », sans étude d’impact ni procédure de dérogation. Alsace Nature, alertée par des citoyens, a rapidement saisi la justice pour faire reconnaître l’illégalité de ces travaux, menaçant gravement l’équilibre écologique local.

 

Le droit de l’environnement ne se contourne pas

Le tribunal a jugé que :

  • aucune demande d’autorisation de défrichement n’avait été déposée auprès de la DREAL (Direction régionale de l’environnement),
  • la zone concernée relevait bien du régime forestier, et était donc soumise à une réglementation stricte,
  • les travaux portaient atteinte à des habitats naturels d’intérêt communautaire,
  • aucune évaluation des incidences Natura 2000 n’avait été menée, contrairement aux exigences du Code de l’environnement.

En conséquence, le tribunal a annulé rétroactivement l’arrêté municipal autorisant les travaux et reconnu la responsabilité de la commune dans une atteinte caractérisée à l’environnement.

 

 

Une jurisprudence précieuse pour la suite

Ce jugement est un rappel fort : les atteintes à la nature, même locales et prétendument mineures, sont encadrées par la loi. Les collectivités ne peuvent se soustraire à leurs obligations environnementales. La vigilance associative paie, et la justice peut – et doit – protéger notre patrimoine naturel.

Au-delà du cas de Fort-Louis, cette affaire envoie un signal clair à tous les acteurs : la nature n’est pas un « espace vide » à aménager à loisir. Chaque intervention doit être pensée, encadrée, justifiée.

Alsace Nature continuera de veiller, d’alerter et d’agir chaque fois que la biodiversité est menacée. Ce jugement conforte notre rôle de vigie juridique et citoyenne, et montre que chacun peut agir, à son échelle, pour défendre les équilibres naturels.

 

 

Des discussions à venir pour l’avenir du site concerné

Contacté récemment, suite à la décision de justice, le maire actuel de Fort-Louis nous a confirmé que les travaux d’aménagement avaient été stoppés suite à notre recours. Des discussions seront sans doute engagées pour voir comment sera géré ce site à l’avenir. A suivre …

 

 

MARCHE & REVE – Retour en images sur la grande traversée de l’Alsace à pied

MARCHE & REVE – Retour en images sur la grande traversée de l’Alsace à pied

ÉTAPE 01 – Niederlauterbach > Wissembourg

Une étape de plaine entre champs et bords de rivière (la Lauter), entre France et Allemagne.

Dimanche 29 juin, un groupe de 7 marcheurs français et allemands se lançait à l’assaut des chemins de randonnée alsaciens depuis le village de Niederlauterbach. A l’issue d’une conférence de presse rassemblant nos amis d’outre rhin (BUND Rheinland-Pfalz et RegioConsult) pour évoquer nos luttes associatives communes, ils rejoindront dans la soirée Wissembourg puis le col du Pigeonnier pour y passer la nuit.

Ce début de randonnée sera caniculaire… Stéphanie, l’une de nos aventurières nous aura fait peur en subissant une insolation, néanmoins repérée suffisamment tôt pour ne pas avoir de conséquences graves. Par sécurité, elle passera tout de même les prochains jours de fortes chaleurs chez elle et rejoindra le groupe un peu plus tard.

ÉTAPE 02 – Wissembourg (Col du pigeonnier) > Liebfrauenthal (Woerth)

Entrée dans les Vosges du Nord

Pour cette 2e étape, nos marcheurs ne seront que 3, les conditions pour rejoindre le circuit à la journée étant difficiles en transports en commun. L’occasion de constater que nous avons encore quelques beaux paysages reculés. Dans le secteur de Lembach par exemple Alsace Nature et ses associations fédérées se battent contre un projet de centrale photovoltaïque. Lors de notre passage nous avons pu faire quelques belles observations naturalistes sur le pré-verger ciblé par le projet. Des espèces sensibles et menacées comme la pie-grièche écorcheur et le bruant jaune ainsi que quelques papillons plus communs Robert le diable et Paon du jour.

A Gundershoffen, nous découvrons un écolieu (La Mironde), une résidence vivante qui organise des soirées, des bals, des ateliers… Nous y rencontrons Mickael et Lucille de l’association HERON, fédérée à Alsace Nature, pour un repas partagé, avant de rejoindre pour la nuit le super refuge de Reipertswiller.

ÉTAPE 03 – Reipertswiller > Reipertswiller

Une boucle en forêt sur le thème des chouettes

Le président de la LPO Alsace Yves Muller a rejoint les 4 aventuriers du jour pour présenter les petites chouettes des forêts des Vosges du Nord. Un grand moment et une réelle chance de partager cette connaissance ! Chevêchette d’Europe ou chouette de Tengmalm, ces deux espèces sont rares et menacées en Alsace. D’autres observations vont égayer cette journée : Un lucane cerf-volant mâle et un caloptéryx vierge mâle

ÉTAPE 04 – Reipertswiller > La Petite Pierre

Chaleur caniculaire, mais aussi chaleur humaine au rendez-vous

Pour cette dernière étape de canicule, nous avons décidé de ne pas accueillir le public. C’est donc Lucie, Corentin et Gilbert qui prendront seuls la route de La Petite Pierre. Nous avons traversé quelques prairies ouvertes où l’alouette lulu se fait entendre près de Wimmenau. A Wimmenau la pause au frais chez Monique était la bienvenue. Cette charmante dame ouvre généreusement sa cour aux randonneurs de passage pour se rafraîchir, grignoter des biscuits ou simplement discuter avec elle, une belle rencontre ! Une fois à destination, une visite du château et de la boutique Parc Naturel Régional des Vosges du Nord s’improvise.

ÉTAPE 05 – La Petite Pierre > Saverne

Dernière étape dans les Vosges du Nord et soirée riche en émotions

Enfin la pluie ! Après plusieurs jours sous un soleil de plomb, la pluie pointe le bout de son nez. Des conditions beaucoup plus adaptées pour la marche à pied. Fabien rejoint l’étape pour la journée et Christian rejoint le groupe Aventurier pour les 10 jours de randonnée restants. C’est aussi l’étape la plus longue (22 km) avec de forts dénivelés positifs et négatifs ! Les Vosges Gréseuses abritent ici des maisons troglodytes. Dans la forêt, nous croisons quelques arbres morts, éléments naturels indispensables pour les espèces et pour le cycle de la forêt. Certains d’entre eux sont marqués avec un triangle avec la pointe en bas, ces marquages sont réalisés par l’ONF pour signaler leur présence.

Le midi, nous retrouvons les bénévoles du groupe local de Saverne pour un pique-nique au lieu-dit Oberhof. Merci à Benoit, Sybille et Fabienne ! Arrivés à destination, une soirée conviviale au port de Saverne nous permet de profiter des belles lueurs de la fin d’après-midi. Belle surprise que ces 25 personnes réunies pour nous accueillir. Notre Présidente Michèle Grosjean était de la partie et les membres du groupe local Saverne en ont profité pour souffler la première bougie de la constitution de leur groupe. Quelques tartes flambées partagées et un bon gâteau fait maison ont été savourés pour l’occasion ! On ressent bien ce dynamisme à Saverne et la nuit s’est faite chez l’habitant pour nos 4 randonneurs itinérants de choc.

ÉTAPE 06 – Marmoutier > Wangenbourg-Engenthal

Transition vers le piémont avec météo de rêve pour une grosse troupe de marcheurs

Stéphanie rejoint à nouveau le groupe des Aventuriers et Marc, Julie, Sophie feront l’étape à la journée entre Marmoutier et Wangenbourg-Engenthal. 3 membres du groupe local Mossig : Michèle, Rolande et Benoit, nous accompagneront à travers des paysages qu’ils connaissent bien. Des projets délétères pour l’environnement ont été contrés par Alsace Nature ici. C’est le cas à la Sommerau où des collines et prairies étaient ciblées pour accueillir un golf… Ces aménagements qui semblent plutôt “verts” avec leurs étendues de gazon sont en fait des gouffres financiers, une gabegie d’eau d’arrosage à la sauce intrants et d’énergie pour la tonte. Tout cela pour une poignée de privilégiés au détriment d’une biodiversité riche qui ne peut pas survivre dans ces conditions.

Dénouement plus tragique sur les hauteurs de Wangenbourg-engenthal, où la destruction de 8 ha de prairies a démarré pour accueillir un “trail center”. Devant les grilles du chantier, rencontre fortuite avec le maire de Wangenbourg. Nous ne sommes évidemment pas d’accord avec lui sur le bien fondé de ce projet. La journée se finit sur un apéro avec les pilotes du groupe local.

ÉTAPE 07 – Wangenbourg-Engenthal > Oberhaslach

La barre symbolique des 100 km est dépassée

Trois marcheurs seulement au départ de l’étape 7, puisque Lucie et Stéphanie ont des obligations pour le week-end, notamment le dernier temps de formation des Guides Nature, dispensée par Alsace Nature. Nous quittons le refuge du Grand Tétras, pour arpenter les chemins en direction d’Oberhaslach, Grand Tétras qui était présent sur ce massif il y a quelques dizaines d’années… Le Schneeberg est le point culminant de l’étape du jour (868 m). Pour ceux qui marchent depuis le départ, Corentin, Gilbert, la barre des 100 km vient d’être dépassée ! Nous évitons un feu de forêt dans le secteur et arrivons à l’incontournable cascade du Nideck pour finir cette belle journée à Oberhaslach.

Jour de repos au sentier pieds nus, l’occasion d’enlever enfin les chaussures…

Aujourd’hui, c’est jour de pause à Oberhaslach pour les marcheurs. Ou presque ! Une vingtaine de personnes participeront à l’animation au sentier Pieds nus avec JC Rodriguez, président de la maison de la nature Bruche Piémont.

ÉTAPE 08 – Urmatt > Rosenwiller (LPO) > Ottrott

Un pique-nique-barbecue interassociatif pour midi

Après un court transfert, 8 marcheurs  quittent Urmatt pour rejoindre le siège de la Ligue de Protection des Oiseaux d’Alsace à Rosenwiller où un grand rassemblement associatif a lieu sur le temps de midi. Des salariés et bénévoles d’une dizaine d’associations se sont donné rendez-vous pour accueillir les marcheurs et casser la croûte avec eux lors de cette étape symbolique de mi-parcours.

Quelques-uns d’entre eux ont d’ailleurs réalisé une balade instructive entre la gare de Rosheim et Rosenwiller en passant par le site de la toute nouvelle Réserve Naturelle Régionale du Holiesel, guidés par Marc Brignon, directeur du CEN Alsace. Un grand buffet rassemblant une cinquantaine de personnes est ouvert ! Mais attention, pour les Aventuriers il reste d’ascension du Mont Sainte Odile dans l’après midi, un verre de trop et c’est la sortie de route assurée… La nuit au cloître aura marqué les esprits par la singularité et la beauté des lieux.

ÉTAPE 09 – Mont-Sainte-Odile > Champ du Feu

Une étape montagneuse pour rejoindre le point culminant du Bas-Rhin

Nos Aventuriers Gilbert, Christian, Maurice, Stéphanie et Denis sont accompagnés de Juliette et Martine comme guide, en bonne “locale de l’étape”. Des points de vue sur la plaine à couper le souffle sur cette première demi-journée… un peu humide.

Pour la pause de midi, Ludovic Lemaire le conservateur du CEN Alsace nous attend pour nous présenter le site de La Soutte. Il abrite la source de l’Ehn dans la forêt de Bernardswiller et Obernai. La route se poursuit ensuite jusqu’au Champ du Feu. Encore un petit effort, ca monte un peu !

ÉTAPE 10 – Champ du Feu > Thanvillé

Descente dans la vallée de Villé, ça chauffe les cuissots quand on a sa maison sur le dos !

10e jour de marche, on apercevrait presque l’objectif en ligne de mire. Le matin, visite de la Réserve Biologique Dirigée du Champ du Feu avec des agents de l’ONF.

C’est un groupe conséquent qui rejoindra Thanvillé depuis le Champ du Feu. Gilbert, Christian, Maurice, Stéphanie, Denis, Martine, Juliette, Emilien et Virineia seront guidés par Hubert et des membres de la LPO et des groupes locaux Val de Villé et Taennchel. Nous entamons la descente vers Breitenbach pour la visite d’un site “écotouristique” en compagnie du maire, Jean-Pierre Piela, qui offre le couvert à nos marcheurs. Gäelle Imbert, chargée de mission Trame Verte et Bleue fera une intervention avant la reprise. L’arrivée au château de Thanvillé marque aussi les esprits par sa beauté, par chance nous pourrons y passer la nuit ! Mais avant, une soirée tarte flambées bien méritée.

ÉTAPE 11 – Thanvillé > Châtenois

Les papillons d’Hubert et la série de châteaux forts

Nos 7 aventuriers sont accompagnés par Pascale et Jean-Pierre du groupe local Taennchel. Passage obligé dans le jardin d’Hubert, le paradis des papillons. Mais pas n’importe lesquels, des Azurés des paluds, papillon menacé en Alsace. Sa présence dépend de la présence d’une seule plante ! la sanguisorbe officinale (Sanguisorba officinalis) et de fourmis du genre Myrmica qui gardent les jeunes chenilles dans leur fourmilière. Quand on parle de fragilité des écosystèmes, cette symbiose là est un bon exemple.

Des journalistes de BFM Alsace qui font un reportage visible ici, nous rejoignent. Nous cassons la croûte au rocher du Falkenstein, passons aux châteaux du Ramstein et de l’Ortenbourg où nous parlons batraciens avec Christian Madenspacher (LPO) et botanique avec Francis Bick (SBA), Arnaud Schaal et Michel Klein (Gerris) avant de rejoindre Chatenois pour cette dernière étape Bas-Rhinoise. Le soir, à Sainte-Marie-aux-Mines l’association Val Avenir organise une soirée publique autour d’un magnifique documentaire photo et vidéo sur la faune et la flore de la vallée.

ÉTAPE 12 – Sainte-Marie-aux-Mines > Lapoutroie

Arrivée dans le Haut-Rhin pour l’étape la plus redoutée

Depuis Sainte-Marie-aux-Mines, nos Aventuriers sont 6 pour une étape longue (18 km) et difficile (920 D+ et 877 D-) jusqu’à Orbey. Lucie a réintégré le groupe après une petite bronchite. La pause de midi est prise au lieu-dit de la Pierre des trois bans. Nous croisons sur notre route quelques espèces emblématiques (sur la photo Gilbert, Hubert, Christian, Stéphanie, Lucie et Eliane). A l’arrivée à la ferme du Busset la seule énergie qui nous reste est pour admirer le coucher de soleil.

ÉTAPE 13 – Station du Lac Blanc > Gaschney

De la tranquillité au vroum vroum des automobiles

Nous sommes 14 marcheurs ce matin entre le Lac Blanc et le col du Gaschney. Le beau temps est au rendez-vous, nous surplombons les différents lacs de montagne vers la Schlucht et croisons quelques espèces d’altitude, la gentiane et l’arnica, allègrement butinées par un machaon ; l’anémone à fleur de narcisse protégée par des filets contre l’abroutissement par une surpopulation de chamois. Sur les crêtes, nous pouvons observer le cirque glaciaire du Frankenthal avec à son pied la tourbière ainsi que le Grand Hohneck.

Arrivés au col du Gaschney c’est changement d’ambiance et de décor puisque la route a été réservée pour une course automobile et une faune d’un autre genre…

ÉTAPE 14 – Gaschney > Maison du Rothenbach

C’est bientôt la fin… après 250 km de marche !

Une étape courte pour Gilbert, Christian, Stéphanie, Hubert, Lucie, Maurice, Arnaud et Claude. Depuis le Gaschney, après une bonne montée en direction du Hohneck, passage en bordure de la Réserve naturelle de Frankenthal-Missheimle. Nous avons profité de la présence d’Arnaud Foltzer, salarié du Parc et personnage engagé dans la protection de l’environnement sur le secteur et qui nous fait profité de ses grandes compétences naturalistes et historiques sur la démarche de classement en réserve à laquelle Alsace Nature a contribué. La première pause est prise au col du Wormspel. Le constat de la fréquentation intensive des crêtes se fait sentir. Que de monde sur les sommets !
Nous seront suivis ensuite, sur les prochains kilomètres, par une équipe de France 3 dont le reportage est visible–ICI–.

Nous suivons les crêtes sur les Hautes Chaumes en direction de l’Auberge de la chaume du Firstmiss et du Rainkopf pour une arrivée triomphante au Centre Permanent d’Initiation à la Nature et à l’Environnement (CPIE) du Frankenthal. Accueillis par les bénévoles de Atouts Hautes-Vosges, nous avons pu profiter d’un fabuleux moment convivial et festif, grâce au goûter gargantuesque confectionné par C’Passiflora et au son du bandjo, harmonica, basse et guitare d’un groupe de musique local.

Que de souvenirs inscrits en nous ! Une belle aventure qui n’aurait pas été possible sans tous ces bénévoles qui animent, façonnent, et dynamisent Alsace Nature et son tissu associatif. Un grand merci surtout à tous ces marcheurs qui ont pris le temps de partager avec nous cette passion pour la nature qui guide nos pas chaque jour.

« Faut qu’on s’bouge » 2025 : édition spéciale anniversaires « Faut qu’on s’cause »

« Faut qu’on s’bouge » 2025 : édition spéciale anniversaires « Faut qu’on s’cause »

 

Samedi 24 mai 2025 de 13h30 à 19h

Fêtons ensemble les 60 ans d’Alsace Nature, les 50 ans de la FDCSC, les 45 ans d’Alter Alsace Energie, les 25 ans d’Emmaüs Mundo et les 25 ans de SINE.

Fort·es ensemble : Soyons nombreux·ses à porter haut la voix du monde associatif et citoyen !

Face aux restrictions des libertés qui se manifestent, à la marchandisation de l’action associative, au droit d’interpellation qui est remis en cause, comment reprendre en main notre territoire et notre vivre ensemble ? Et si on commençait par identifier en quoi nous représentons un terreau de mobilisation, et construire ensemble, dans un espace libre d’expression citoyenne, une feuille de route pour imaginer un futur désirable ?

Nous, acteur·ices associatif·ves, citoyen·nes engagé·es, militant·es, salarié·es, appelons toutes celles et ceux qui voudront nous rejoindre à une journée d’échanges et de construction collective pour ni plus ni moins changer le monde à notre échelle !

 

Au programme :

  • Conférence  « Quel monde associatif demain ? » de Jean-Baptiste Jobard, Coordinateur général du Collectif des Associations Citoyennes
  • Ateliers participatifs : ouverts aux militants citoyens et associatifs
  • Table ronde « Du local au national : les associations comme leviers d’actions pour traverser les crises de notre siècle » avec Claire Thoury, Présidente du Mouvement Associatif, Thierry Kuhn, Directeur d’Emmaüs Mundo, Maurice Wintz, administrateur d’Alsace Nature
  • Mur des solutions : espace d’expression libre ET de MISE EN Réseau
  • Buvette
  • Petite restauration
  • Concert

 

Retrouvez le programme complet de cette 5ème édition en cliquant ici !

 

 

 

 

Retour sur la mobilisation pour le Courlis dans le Ried

Retour sur la mobilisation pour le Courlis dans le Ried

À l’appel d’Alsace Nature, de la LPO Alsace, de La Bulle du Ried et avec le soutien de la Commune de Herbsheim, près de 300 personnes se sont rassemblées le 5 avril 2025 pour défendre les Rieds d’Alsace et le courlis cendré, un oiseau emblématique des prairies humides, aujourd’hui gravement menacé d’extinction.

 

Rappelons-le, il y a 50 ans, plus de 300 couples nichaient encore dans nos prairies humides. Aujourd’hui, ils ne sont plus que cinq… à peine. À ce rythme, dans 2 ou 3 ans, il ne restera plus qu’un souvenir.
Les associations de protection de la nature n’ont cessé d’alerter sur cette disparition imminente. Malheureusement aucune action d’ampleur n’a été mise en place pour sauver cet oiseau et les mesures pour préserver son habitat restent insuffisantes. Pourtant les causes sont connues et les solutions possibles. Sauver les Rieds, spécificité alsacienne et joyaux de notre patrimoine naturel, passe uniquement par la reconquête des milieux prairiaux.

Ce samedi 5 avril, les associations présentes à la salle polyvalente « Le Courlis » d’Herbsheim,  à travers leurs stand, ont présenté leurs actions en faveur de la préservation de la nature.

Après l’accueil fait par le maire de la commune d’Herbsheim, les responsables associatifs ont ensuite pris la parole à la tribune pour rappeler les enjeux liés à la préservation des rieds. Interpelant les élus locaux et régionaux, ils ont proposé la création d’un parc naturel éclaté, national ou régional, qui rassemblerait et protégerait les Rieds de la plaine d’Alsace.

Alors que dans la salle étaient projetés des films du Dr. Pierre Schmidt, défenseur des Ried alsaciens et des forêts du Rhin, à l’extérieur, l’association La Bulle du Ried a procédé au gonflage de sa mongolfière pour attirer les passants et les sensibiliser à cette mobilisation.

Les stands de buvette et petite restauration tenus par l’association locale ont également contribué à apporter un caractère festif à ce moment militant.

REVUE DE PRESSE

  • DNA, le 07/04/25, Herbsheim : une mobilisation inédite pour sauver le courlis cendré dans le Ried : Voir la VIDEO des DNA
  • France3 Alsace, le 01/04/25 : Cet oiseau est menacé d’extinction définitive à cause de l’homme, des associations se mobilisent : voir l’article de france3

 

 

 

Commémoration : à Marckolsheim il y a 50 ans, une « ZAD » pour sauver la forêt – retour en images

Commémoration : à Marckolsheim il y a 50 ans, une « ZAD » pour sauver la forêt – retour en images

Une centaine de personnes se sont réunies à Marckolsheim le 15 février dernier, près de la forêt du Rhin. Alsace Nature organisait un moment de commémoration pour les 50 ans de la lutte contre la destruction de la forêt et l’implantation d’une usine chimique de fabrication de stéarates de plomb.

 

En septembre 1974, des militants écologistes, des habitants, des paysans, des élus ont occupé le terrain pour éviter l’implantation de cette usine très polluante, prélude à la destruction de plusieurs centaines d’ha de forêt rhénane. Fin février 1975, le terrain occupé a été évacué par les opposants eux-mêmes. En effet, l’Etat venait de renoncer au projet d’implantation des Chemische Werke München (CWM), et même de Bayer, dans la forêt du Rhin.

De l’autre côté du fleuve, la lutte contre le projet de centrale nucléaire de Whyl sera aussi un succès. Sous la pression militante, l’Etat produira en 1978 un Plan (partiel) de protection des forêts du Rhin qui restera lettre morte. Pire, au début des années 1980, le site prévu pour les CWM sera finalement transformé en un immense site (40 ha) de stockage de voitures pour l’entreprise GEFCO.  En 1990, nouvelle poussée d’industrialisation avec le projet Jungbunzlauer, une usine de fabrication d’acide citrique. La mobilisation sera forte mais n’empêchera pas l’implantation de l’usine au nord de GEFCO sur une surface d’environ 20 ha. Mais les manifestants obtiendront la protection définitive des forêts alluviales rhénanes restantes, y compris celles encore classées en zones industrielles (sauf la forêt de Nambsheim). C’est ce qu’on appellera “les accords de Marckolsheim”.

 

Ce 15 février 2025, sur le site de cette ancienne “ZAD”, anciens opposants, habitants de Marckolsheim et militants d’aujourd’hui se  sont réunis pour célébrer l’anniversaire de cette victoire populaire contre l’industrialisation et la destruction des milieux naturels. Plusieurs personnes ayant participé à l’occupation, “les anciens de Marcko”, ont pris la parole pour témoigner de la lutte. L’occasion de rappeler le rôle qu’ont joué ces mobilisations dans la mise en place des programmes de restauration actuels et l’importance toujours actuelle de l’engagement associatif et de la désobéissance citoyenne.

Maurice Wintz, ancien président d’Alsace Nature, (qui n’était pas présent  en 1975) évoque l’évolution du regard sur les forêts rhénanes. Il rend hommage aux femmes et hommes qui ont bravé les autorités, le froid, la boue et les sarcasmes pour porter une autre vision du monde. “Les événements de Marckolsheim montrent que les engagements citoyens sont efficaces et nécessaires. C’est cette occupation, et les manifestations qui ont suivi, qui ont conduit à transformer le regard sur les forêts rhénanes, qui sont passées du statut de réserve foncière à industrialiser à celui de patrimoine écologique à protéger et à restaurer. “. Marckolsheim témoigne du changement de regard, porté notamment par les « nouveaux mouvements sociaux », quant aux enjeux démocratiques et écologiques dans le contexte d’un modèle social marqué par le productivisme.

Badois et alsaciens, de part et d’autre du Rhin, ont unis leurs forces face à cette problématique commune, partageant alors leurs similitudes culturelles, 30 après la fin de la guerre. Axel Mayer, ancien directeur de l’association allemande Bund, témoigne : “Nous avons occupé la place à l’époque. Nous, les Allemands, nous vous avons soutenus, vous les Français. Plus tard, à Wyhl, vous nous avez aidés. C’était froid, boueux, sale, fatigant, laborieux, romantique, beau et important. La lutte et l’occupation illégale ont payé. Ces succès ne sont pas tombés du ciel. Cela a valu la peine de se battre”.

Les femmes ont joué un rôle primordial dans les luttes contre l’installation de la CWM. Des mères de familles, des grands-mères, fichus sur la tête, occupaient le site, parfois en tricotant,” raconte Andrée Buchmann, étudiante à l’époque et aujourd’hui membre du parti écologiste. Le terrain a été défendu par des paysans, des étudiants, des personnes âgées, des enfants, des ouvriers, des universitaires, des artistes. La lutte contre la CWM a fédéré des alsaciens de tous horizons.

Au micro d’Alsace Nature, Raymond Schirmer raconte comment l’engagement dans la lutte était un vecteur d’épanouissement. Il souligne aussi que la non-violence était le mot d’ordre des deux luttes de Marckolsheim et de Wyhl. Pour lui, la  mémoire des événements de Marckolsheim doit être une mémoire vivante, et saisie comme un exemple de désobéissance civile effective et joyeuse. Une leçon face aux défis actuels.

Marckolsheim, c’est aussi un bouillonnement artistique/culturel. Au sein de la Frendschaft’s Huss, la maison de l’amitié, construite en dur sur le site, on joue de la musique et on partage des poèmes en français, en allemand et en alémanique. 50 ans plus tard, le groupe entonne le chant Wacht am Rhein  au son de la guitare de Roland Burkhart.

Antoine Waechter, qui a été, avec Solange Fernex, l’un des premiers  à franchir les barrières pour occuper le chantier rend compte du contexte politique de l’époque et d’une conjonction d’événements et de prise de position de personnalités (l’évêque de Strasbourg, le préfet, le président du Port Autonome…) qui ont finalement joué en faveur des occupants.

Armand Peter évoque à son tour la belle convergence, dans les années 1970, entre les culturels alsaciens et le mouvement écologique en gestation. André Weckmann, auteur de poèmes en dialecte dont la Fahrt nach Wyhl, ou les musiciens comme  Edouard Bauer, François Brumbt ou Sylvie Reff sont engagés dans la lutte. Les événements de Marckolsheim ont lancé des dynamiques culturelles, militantes écologistes et politiques en Alsace à cette période.

Jean de Barry, quant à lui, met cette lutte en perspective en articulant les processus d’industrialisation centralisés et destructeurs et les résistances locales et légitimes de défense des lieux de vie.

Pour finir, Aline Martin a lu Aliénation de André Weckman, ainsi que Fahrt nach Wyhl.

 

 

 

A la suite des témoignages, le groupe s’est baladé dans la forêt rhénane, aujourd’hui préservée pour observer les pertes et les perspectives de restauration. Le milieu a perdu son fonctionnement naturel, lié aux divagations du fleuve, au moment de la canalisation du Rhin. Si les espèces végétales pionnières sont moins présentes, ce milieu forestier humide garde un grand intérêt écologique. Une richesse pour l’Alsace, dont nous devons la préservation aux mobilisations de la population.

 

 

 

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