vendredi 15 Jan 2021 | Communiqués de presse, Déchets, Nappe phréatique, Presse, Risques industriels
Jusque dans les années 80, il semblait normal de rejeter directement et impunément des produits chimiques (acides, mercure…) dans les cours d’eau et d’enterrer le reste dans les nombreux trous résultant des exploitations de granulats ! L’État complice ou pour le moins myope, ne voyait rien…
Stocamine devait être un progrès, un stockage sécurisé, contrôlé, réversible…
l’État s’était engagé et avait affirmé par la voix d’un ingénieur des Mines que l’incendie, l’inondation et les affaissements des galeries étaient impossibles et que de toute façon il serait toujours possible de récupérer les produits… en cas de problème. Nous connaissons la suite….
L’État a failli !
A cette époque, à notre demande d’assainir les décharges historiques et les sols pollués, un haut fonctionnaire, à la sortie d’une réunion nous a répondu « assainir l’Alsace coûterait le prix d’un porte-avions !….
La France a eu son porte-avions et l’Alsace a gardé ses déchets !
Lorsque l’État est juge et partie et n’est pas capable de respecter ses propres règles, il sape ses propres fondements. Si en plus, il ne respecte pas ses engagements, sa parole, et participe à la diffusion de contre-vérités, c’est la Démocratie qui vacille !
L’Alsace a un trésor, sa nappe phréatique. Elle nous abreuve et alimente toutes les activités économiques. Avec une valeur de 0.1 cts/l elle vaudrait 35 milliards d’euros, mais en réalité elle est inestimable !
Le Comité de Bassin, l’Agence de l’Eau, les collectivités, les industriels, les agriculteurs, tous les usagers et bénéficiaires ont pris conscience de son importance. Il s’agit de la transmettre en bon état chimique et quantitatif et d’arriver à ce bon état avant 2027 échéance de la DCE. L’objectif étant une eau potable SANS TRAITEMENTS !
Chacun s’est engagé à faire sa part…il serait incompréhensible que l’État ne fasse pas la sienne et continue de jouer la montre !
Nous ne sommes pas ici pour marchander, mais pour demander à l’État le déstockage maximal sur le site de Stocamine et le déstockage total et l’assainissement de tous les dépôts ayant ou pouvant avoir à moyen ou à long terme un impact sur notre ressource en eau ! Ce n’est pas une question de moyens, mais une question de volonté politique. Même si la destination des déchets est une vraie question, nous préférons 1000 fois des déchets stockés en surface ou subsurface à la situation actuelle. Il va sans dire qu’il faut également assurer la sécurité des personnels. Notre système étatico-industriel a produit ces déchets, c’est à lui de les assumer, et pas aux générations futures !
Nous le devons à nos petits-enfants, arrière-petits-enfants…
jeudi 14 Jan 2021 | A la une, Communiqués de presse, Nature, Presse
Il y a un an, le 16 janvier 2020, l’année s’ouvrait sur la découverte de la dépouille d’un Lynx sur la commune de Fellering. Les causes de la mort étaient vites identifiées : tir par balle !
La longue liste des individus de cette espèce protégée détruits par arme à feu venait donc une nouvelle fois de s’allonger. On se souvient de la mobilisation spontanée et citoyenne qu’avait provoqué cette découverte, on se souvient des propos de la procureure de la République de Mulhouse retranscrit dans un article de France 3 Alsace « Une enquête judiciaire a été ouverte. L’autopsie a démontré qu’il était mort d’une balle dans la tête. C’est un acte de braconnage grave commis contre une espèce protégée, dans une
réserve naturelle, constituant une infraction pénale réprimée par un article du code de l’environnement » .
Dès lors, Alsace Nature ne comprend pas le silence qui depuis s’est installé autour de l’enquête judiciaire. Tous les moyens ont-ils été mis en œuvre pour trouver le ou les responsables ? Devant de tels délais peut-on encore parler de réponse pénale adaptée et dissuasive ?
A l’heure où conjointement la Ministre de l’écologie et le Garde des sceaux imaginent des nouvelles mesures pour « accélérer » les procédures (en écartant les parties civiles au passage) force est de constater que l’appareil judiciaire semble être un goulet d’étranglement dans le domaine de la protection de l’environnement.
Par ailleurs, au-delà de la réponse pénale, la préoccupation première est bel et bien celle de la conservation de l’espèce dans le massif des Vosges. La réponse de l’État qui était attendue au travers du Plan National d’Actions a refroidi les attentes des citoyens et des associations de protection de la nature. Aucun renforcement n’est programmé. Par inaction, l’État signe la disparition du Lynx dans le massif vosgien et donne raison aux braconniers qui poursuivent leur travail de destruction à l’image de ce qui vient d’avoir lieu en Franche-Comté.
Les destructions illégales ont suffisamment fait de dégât et la population vosgienne est à l’asphyxie aujourd’hui. Plus que des sommets mondiaux sur la biodiversité, les associations et les citoyens attendent des actes concrets et tangibles.
Nous demandons à Madame la Ministre de mettre tout en œuvre pour que le remplacement des animaux détruits soient opérés sur le massif des Vosges dans les plus brefs délais et à Madame la Procureure de mettre l’ensemble des moyens nécessaires (service d’investigation, moyens techniques et matériels,…) à l’aboutissement de la procédure pour apporter une réponse dissuasive aux actes de braconnage et de destruction d’espèces protégées.
mardi 12 Jan 2021 | Energies Climat, Pollutions et santé, Réseaux Thématiques
Alsace Nature est co-signataire de ce communiqué aux côtés des Amis de la Terre et de plus de 30 ONG
11 janvier 2021
Ce 11 janvier 2021 expire le délai de six mois donné par une décision du Conseil d’Etat à l’Etat français (le Premier ministre et le Ministère de la transition écologique) pour agir et respecter les normes de qualité de l’air, sous peine d’une astreinte de 10 millions d’euros par semestre de retard.
De son côté, l’Etat continue dans l’inaction, n’a même pas transmis les justifications demandées et est, en parallèle, visé par une procédure d’infraction par la Commission européenne.
Le 12 juillet 2017, à la suite d’un premier recours des Amis de la Terre France, le Conseil d’Etat a ordonné au gouvernement d’agir en élaborant et mettant en œuvre des plans relatifs à la qualité de l’air afin de respecter les normes de concentrations en particules fines et en dioxyde d’azote fixées par directive européenne depuis 2008. Ces normes étaient en effet encore régulièrement dépassées dans plusieurs grandes agglomérations françaises.
Constatant l’inexécution de cette décision, 77 associations environnementales et citoyens ont saisi le Conseil d’Etat en 2018 afin de faire constater l’absence de mise en œuvre des mesures par le gouvernement et prononcer une astreinte.
Dans une décision du 10 juillet 2020, la plus haute juridiction administrative a ainsi enjoint de nouveau l’Etat à agir contre la pollution en prononçant une astreinte d’un montant historique de 10 millions d’euros compte tenu “de la gravité des conséquences en matière de santé publique et de l’urgence particulière qui en résulte”.
Au 11 janvier 2020, alors qu’expire le délai accordé par le Conseil d’Etat, ces normes ne sont toujours pas respectées. La France est d’ailleurs également dans le viseur des instances européennes sur ce sujet. Concernant les émissions de dioxyde d’azote, la France, déjà condamnée par la Cour de justice de l’Union européenne le 24 octobre 2019 à agir pour respecter les valeurs, a fait l’objet d’une nouvelle mise en demeure le 2 décembre 2020 en raison de l’insuffisance de son action pour remédier à la situation dans les douze agglomérations concernées. La France a jusqu’au 3 février pour prouver qu’elle met en oeuvre toutes les mesures nécessaires pour respecter au plus vite ces valeurs, et pourrait se voir imposer des sanctions financières d’au moins 240 000 euros par jour de retard. Concernant les émissions de particules fines (PM10), la France a également été traduite devant la Cour de Justice de l’UE le 30 octobre dernier.
Pour autant, le gouvernement ne semble toujours pas avoir pris toute la mesure de l’enjeu alors que des mesures structurelles sont nécessaires, notamment dans le secteur des transports. Par exemple, en matière de lutte contre la pollution automobile, qui affecte tout particulièrement nos grandes villes, les mesures annoncées ces derniers mois ne sont pas au niveau. Le gouvernement a récemment annoncé un renforcement du cadre réglementaire accompagnant la mise en œuvre de zones à faibles émissions dans les villes polluées, mais qui ne prendrait effet qu’en 2023 alors qu’il y a urgence et qui ne propose pas de perspective de sortie des véhicules diesel puis essence ; et le dispositif est lacunaire en termes de mesures d’accompagnement social.
Le Gouvernement a également entériné une réforme à minima de la fiscalité automobile via la Loi de Finances, refusant de pénaliser significativement les véhicules les plus polluants, et de mieux cibler les aides pour les ménages les plus précaires, pour lesquels le reste à charge pour s’équiper d’un véhicule réellement moins polluant reste trop élevé. Les niches fiscales accordées au transport routier, mais aussi au transport aérien, continuent également de pénaliser le report vers les modes moins émetteurs.
Enfin, les enveloppes budgétaires annoncées restent très en-deçà des besoins pour le développement des alternatives à la voiture, comme le train, le vélo, ou les transports en commun, et le soutien aux collectivités locales pour la transition reste limité.
Cette stratégie de l’inaction est alarmante alors même que les seuils limites de pollution fixés aux niveaux français et européen sont déjà moins sévères que ceux recommandés par l’Organisation Mondiale de la Santé (qui pourraient encore être durcis en 2021). Face à l’immobilisme étatique, le conseil d’Etat doit s’assurer de la bonne exécution de sa décision et de l’application de l’astreinte.
Liste des co-signataires :
- Actions Citoyennes pour une Transition Énergétique Solidaire
- Alertes Nuisances Aériennes
- Alofa Tuvalu
- Alsace Nature
- Amis de la Terre Côte d’Or
- Amis de la Terre France
- Amis de la Terre Paris
- Amis de la Terre Val de Bièvre
- Association de défense contre les nuisances aériennes (ADVOCNAR)
- Association de protection des collines peypinoises
- Association pour la sauvegarde du patrimoine et de l’environnement à Antony (ASPEA)
- Association Vexinoise de Lutte Contre les Carrières Cimentières
- CAN Environnement
- Cap au Nord
- Champagne-Ardenne Nature Environnement
- Chaville Environnement
- Collectif Inter-associatif du Refus des Nuisances Aériennes (CIRENA)
- Collectif contre les nuisances aériennes de l’agglomération toulousaine
- Crâne Solidaire
- Défense des Intérêts des Riverains de l’Aérodrome de Pontoise-Corneilles en Vexin
- Défense des riverains de l’aéroport de Paris-Orly
- Environnement 92
- Fédération des associations de défense de l’environnement de l’agglomération lyonnaise (FRACTURE)
- France Nature Environnement Bouches-du-Rhône
- France Nature Environnement Bourgogne Franche-Comté
- France Nature Environnement Ile-de-France
- France Nature Environnement Paris
- Greenpeace
- Nord Ecologie Conseil
- Notre Affaire à Tous
- Réseau Action Climat
- Respire
- SOS Paris
- Union des Calanques Littoral
- Union Française Contre les Nuisances des Aéronefs
- Val de Seine Vert
>> Voir le communiqué sur le site des Amis de la Terre : https://www.amisdelaterre.org/communique-presse/pollution-de-lair-inaction-persistante-de-letat-malgre-des-condamnations/
lundi 21 Déc 2020 | Aménagement du territoire, Forêt, Groupes Locaux, Nature, Réseaux Thématiques
EXTENSION ENTREPRISE KUHN SAVERNE
Historique
Fondé en 1828, Kuhn est une entreprise familiale alsacienne, productrice de machines agricoles qui a su s’adapter et se développer pour devenir l’un des leaders mondiaux dans son domaine. Aujourd’hui l’entreprise, pour étendre son activité, est entrée dans un processus administratif pour acquérir près de 34 hectares de forêt. L’industriel annonce dans son projet qu’il compte raser la quasi-totalité, alors que celle-ci avait été protégée en compensation de la précédente extension de Kuhn à Monswiller, et -fait unique et choquant – déclassée par la suite. Seuls quelques arbres qui ont le mérite d’être dans un îlot de vieillissement, ou sur un corridor de circulation de la faune, pourraient être épargnés !
Cette extension nécessite conjointement, la mise en compatibilité du schéma de cohérence territoriale de la région de Saverne (SCOT) et du plan local d’urbanisme (PLU) de la commune de Monswiller.
Position d’Alsace Nature
Nous ne pouvons que réagir vivement, car il semble d’ores et déjà acté que ce projet d’extension se fera en détruisant cette forêt, et nulle part ailleurs. Une forêt ne saurait être sortie de sa protection, et rasée, au gré des aspirations d’une entreprise sans que la séquence « éviter-réduire-compenser » ne soit étudiée et analysée de près dans chacun de ses principes, ce qui n’est pas le cas dans l’étude d’impact.
Une concertation publique est mise en place dont vous trouverez les informations ci-dessous.
Questions à se poser et à poser au regard du dossier
Alsace Nature a transmis un certain nombre d’interrogations à l’organisme en charge de la concertation. Elles concernaient les alternatives envisagées, l’optimisation des sites existants, les mesures d’évitement et de réduction, le prévisionnel des constructions, les mesures de compensation au titre du défrichement, les liens avec les PLU et le SCOTT, la préservation des lieux de reproduction des chauves-souris, de l’îlôt de sénescence… Les réponses apportées, disponibles sur demande à Alsace Nature, n’ont pas toutes été claires.
Nous considérons que toute proposition qui permettrait de préserver la forêt doit être explorée ! Et, si aucune n’aboutit, des mesures de compensation doivent être scrupuleusement étudiées afin qu’elles soient exclusivement environnementales et locales et non financières.
Notre démarche actuelle reste dans le dialogue. Est-il possible de repenser le projet, de façon à prévenir ou réduire l’impact sur l’environnement ?
Informations pour participer à la concertation
Les éléments du dossier d’enquête, sont consultables ici : https://concertationprojetkuhn.paysdesaverne.fr/blog-post/1
Initialement prévues en novembre-décembre, la consultation et les réunions publiques ont été décalées en raison du 2e confinement.
Quatre réunions publiques sont prévues en janvier – février :
- Réunion publique d’ouverture : le mercredi 13 janvier 2021 à 18h
au Zornhoff de Monswiller (3, rue de la Gare)
- L’atelier « Aménagement, développement économique et social du territoire »
le mardi 19 janvier 20201 à 18h, à la salle Marie-Antoinette du château des Rohan de Saverne (Place Charles de Gaulle)
- L’atelier « aménagement, urbanisme et environnement » : le mercredi 27 janvier à 18h
à la salle Marie-Antoinette du Château des Rohan de Saverne (Place Charles de Gaulle)
- Une réunion publique de clôture : le jeudi 11 février 2021 à 18h
au Zornhoff de Monswiller (3, rue de la Gare)
Nous invitons l’ensemble des membres et proches d’Alsace Nature à participer à ces rencontres ou à contribuer à la concertation. N’hésitez pas à consulter les documents.
Merci d’avance de votre soutien
vendredi 18 Déc 2020 | GL EMS, Groupes Locaux, Nature, Réseaux Thématiques
Après les études de diagnostics écologiques réalisées par Alsace Nature sur le territoire des communes partenaires pour le projet de reconquête de la Trame Verte et Bleue (TVB), nous sommes maintenant passés à la phase concrète des premières plantations.
Bien que chamboulé par la crise sanitaire (les chantiers n’ont pas pu être ouverts au public), le programme a pu se poursuivre grâce à la participation des équipes salariées des communes, d’Alsace Nature sous l’encadrement de Haies Vives d’Alsace.
Ainsi plusieurs centaines d’arbres et arbustes ont été plantés à Schiltigheim, Lingolsheim, Holtzheim et Ostwald.
Le 24 novembre à Schiltigheim
Les plantations ont été réalisées sur 3 sites : Place de l’hôtel de ville, rue St Charles et square des Malteries

Le 3 décembre 2020 à Lingolsheim
C’est près du stade Joffre que s’est effectuée la plantation sur un ancien parking transformé en espace vert. Mme la maire de Lingolsheim et des adjoints ont également participé à la plantation.
Tout le chantier a été réalisé, plants, paillage et protections mises en place. Les 6 fruticées prévues autour des arbres présents le long de la route n’ont pas été mises en place afin de préserver la prairie fleurie présente; les arbustes et buissons ont donc complété les autres bosquets. Le panneau pédagogique sera mis en place lors d’un prochain chantier en 2021 (Trame des Prés). Au total, 440 arbres/arbustes ont été plantés.

Le 8 décembre 2020 à Schiltigheim
Nous avons planté au Parc de la Roseraie et au Parc Léo Délibes. Mme Dambach, maire de Schiltigheim est venue planter avec nous.

Le 14 décembre 2020 à Holtzheim
Les plantations ont été réalisées sur 2 sites. Plusieurs élus ont participé aux plantations et Mme Pia Imbs, maire de Holtzheim, est venue rejoindre les planteurs à la pause de midi.
Le premier : Rue d’Entzheim, où 30 arbres fruitiers ont été plantés.

Le second : près du stade Wembley où 160 arbustes ont été plantés en haie double sur une longueur de 80 mètres.

Tout le chantier a été réalisé, plants, paillage et protections mises en place. Les panneaux pédagogiques sont encore en cours de conception, ils seront fixés sur les poteaux par la suite.
Le 16 décembre 2020 à Ostwald
Rives du Bohrie et jardins partagés du Kirchfeld


vendredi 18 Déc 2020 | A la une, Communiqués de presse, Forêt, Presse, Réseaux Thématiques
Les consultations en cours sur l’avenir de nos forêts qui sont menées actuellement visent entre autres à ouvrir la porte à des plantations d’essences venues des quatre coins du monde, au prétexte d’adaptation des forêts au changement climatique.
Ces plantations (appelées « diversification des essences » ou « migration assistée »), financées dans le cadre du Plan de relance de l’État, peuvent représenter jusqu’à 3 % de la surface des forêts domaniales (soit plus de 2 200 ha) et sont susceptibles d’intervenir rapidement.
Alsace Nature s’inscrit en faux contre cette logique qui mérite pour le moins de pouvoir être mise en question et réclame un large débat fondé sur des observations et des expérimentations sans a priori.
Monsieur Descartes disait que le bon sens est la chose au monde la mieux répartie ; sans contester de façon générale la nécessité d’expérimentations reposant sur des protocoles scientifiques rigoureux, nous sommes obligés de constater que l’absence d’études sert parfois de prétexte pour nier l’évidence, les budgets étant réservés aux travaux qui vont dans le sens souhaité par leurs financeurs.
Sur des centaines d’hectares de la montagne vosgienne, des agriculteurs sont soutenus financièrement depuis des décennies pour défricher des espaces regagnés par la forêt suite à la déprise agricole de l’après-guerre et pour couper les arbres et arbustes qui poussent sur les pâturages. Une enquête rapide auprès des signataires des contrats « espaces ouverts » donne bien l’impression qu’il y a encore beaucoup d’arbres capables de pousser tout seuls.
Ce qui s’appelle enfrichement dans un pâturage abandonné s’appelle régénération naturelle dans la forêt d’à côté.
Même si beaucoup de bouleversements ont faussé la donne depuis la tempête de 1999, c’est sur l’étude de ce processus naturel qu’Alsace Nature souhaite que l’on s’appuie prioritairement pour préparer l’avenir de nos forêts.
Or on a l’impression que la politique de plantation et replantation lancée actuellement sans vrai débat contradictoire est une course de vitesse pour imposer un fait accompli avant que les premières conclusions liées à la régénération naturelle ne soient validées.
Que demande au contraire Alsace Nature en termes de recherche scientifique ?
Qu’en prenant en compte la diversité de stations forestières, soient mises en place, dans tous types de forêts, des surfaces d’observation de taille suffisante pour que les résultats puissent être validés ; que ces surfaces soient partagées pour moitié en enclos-exclos, c’est-à-dire qu’en protégeant une partie des zones expérimentales contre l’accès des grands herbivores, on puisse avoir une idée précise de l’influence du gibier sur le fonctionnement de la régénération naturelle et la diversité biologique produite.
Par ailleurs, Alsace Nature demande aux financeurs publics un juste équilibre entre les fonds dédiés à la recherche sur la régénération naturelle et les autres solutions proposées ; nous considérons que les aides dédiées hâtivement à la plantation de toutes sortes d’essences exogènes faussent totalement le débat. Une telle politique ne pourrait selon nous être activée que par défaut, lorsque toutes les autres solutions auraient échoué. Et après avoir démontré son innocuité en termes d’effets écologiques et de risques sanitaires et génétiques.
Enfin, Alsace-Nature n’oublie pas plus que d’autres le rôle économique de la forêt, mais se permet de rappeler que tout le monde peut se tromper, et qu’il est difficile de prévoir les évolutions des besoins et usages du bois à moyen terme. Beaucoup des champs d’épicéas hors station qui tombent aujourd’hui sous la faux du réchauffement climatique ont été plantés avec l’aide financière du Fonds Forestier ; s’il y a encore dans certaines forêts des hêtres non destinés au sciage, ils y ont été maintenus dans les belles années du pétrole pas cher malgré l’idée dominante que l’on n’aurait plus jamais besoin de bois de chauffage et le douglas lui-même, produit vedette aujourd’hui, avait été introduit pour stabiliser les peuplements d’épicéas et n’était guère côté en scierie jusqu’il y a quelques années.
Qui peut donc savoir, dans une forêt mélangée issue de la régénération naturelle, quels seront les produits recherchés dans seulement cinquante ans ?