L’Assemblée Générale d’Alsace Nature qui s’est tenue le 30 avril dernier a renouvelé son Conseil d’Administration comme statutairement prévu tous les deux ans. Ce dernier, réuni le 9 mai à Muttersholtz, a élu son nouveau Bureau en portant Michèle Grosjean à la tête de la fédération. Elue à l’unanimité, elle devient la première femme présidente de l’association.
Michèle Grosjean, aujourd’hui retraitée, a consacré une grande partie de sa carrière aux questions de solidarité et de social.
Membre de l’association depuis une dizaine d’années, elle était vice-présidente en charge de l’agriculture lors du précédent mandat.
Les deux années de mandat qui s’ouvrent aujourd’hui se placent dans la continuité des actions jusqu’alors menées. Le projet porté par le nouveau Bureau s’articule autour d’une implication forte du Conseil d’Administration dans les divers dossiers que suit et suivra demain Alsace Nature.
« Face à la tâche considérable qui est devant nous en termes de lutte contre le changement climatique, de perte de biodiversité, de résistance au changement d’une grande partie des acteurs économiques, nous nous devons de mobiliser toutes les forces vives de notre association et toutes celles qui se préoccupent de ces questions et qui ne nous ont pas encore rejoints. Ne pas se rassembler, ne pas faire fédération aujourd’hui, serait une faute lourde de conséquences. » a déclaré Michèle Grosjean à l’issue du vote.
Les autres membres du Bureau qui ont été élus sont :
Christian Uhrweiller : vice-président délégué aux affaires courantes et en charge de la CoDé[1] 68,
Guillaume Christen : vice-président en charge de la CoDé 67,
Bruno Ulrich : vice-président en charge du lien fédéral,
Francis Dopff : vice-président en charge de la montagne,
Maud Kuntzmann : trésorière,
Joseph Baumann : secrétaire
Nadine Forestier : secrétaire adjointe.
[1] CoDé : Commission Départementale : commission rassemblant les groupes locaux et les membres des réseaux thématiques à l’échelle des ex-départements.
Dans un récent communiqué, les Mines de potasse d’Alsace (MDPA) ont annoncé que sur le site de Stocamine, «Les premiers travaux de construction du barrage numéro 1 par béton projeté commenceront ce mardi 10 mai 2022», ajoutant que «le chantier du barrage numéro 2 est conduit simultanément». La Collectivité européenne d’Alsace, ainsi qu’Alsace Nature ont déposé les 10 et 12 mai des référés suspension, pour demander l’arrêt des travaux effectivement engagés ce mardi.
Selon les MDPA, les travaux entamés mardi sont des travaux préparatoires de maintenance et de sécurisation, qui ne vont pas « compromettre la réversibilité potentielle du stockage des déchets situés» dans plusieurs blocs, mais «sont réalisés dans l’attente de la décision qui statuera sur la demande d’autorisation» de stockage illimité.
Entre maintenant et l’été 2023, est programmée la création de six barrages (sur les 12 prévus en cas de confinement définitif.), incluant le remblayage du «bloc 15» où s’était produit l’incendie. « Chaque barrage est constitué de plusieurs segments en béton et en sel, remplissant toute la largeur de la galerie à fermer (…), et totalisant une longueur d’un peu plus de cinquante mètres » , a précisé MDPA à l’AFP.
Dans l’attente des résultats de l’enquête sur la nature des déchets stockés et de l’examen des recours juridiques en cours par la justice, les opposants demandent l’arrêt des travaux
La Collectivité européenne d’Alsace (CEA) qui était prête à un compromis avec le gouvernement en acceptant la fermeture des zones les plus dangereuses et l’extraction des déchets situés dans les autres zones, a réagi vivement en déposant tout de suite mardi 10 mai un référé suspension contre les travaux engagés.
« Alors que la déformation et l’ennoiement des galeries progressent et fragilisent le site dont l’accès serait particulièrement dangereux après 2027 de l’aveu même de l’État, ce dernier engage une procédure longue qui finalement rendra la décision de confinement de plus en plus nécessaire car le site ne sera plus accessible ! », a critiqué la CEA.
Alsace Nature a également déposé dans la foulée un référé suspension le 12 mai.
Comme l’explique Me François Zind, avocat d’Alsace Nature, les travaux définitifs ne peuvent être réalisés qu’après la délivrance par la préfecture du Haut-Rhin d’une nouvelle autorisation, (suite à l’annulation de l’arrêté précédent par la Cour administrative d’appel de Nancy en octobre 2021) procédure nécessitant un nouvel avis de l’autorité environnementale, un rapport de la Dreal, une enquête publique, ce qui nous mènerait probablement à fin 2022.
Pour Me François Zind, si le remblaiement du bloc 15 se réalise, cela constituera une obstruction à l’enquête judiciaire en cours. En effet, Alsace Nature a déposé plainte contre X après les révélations de Rue89 Strasbourg et Reporterre sur la nature des déchets stockés dans la mine, et le parquet a mandaté la gendarmerie pour une enquête pénale.
La suite sera connue prochainement puisque l‘ audience est prévue le 19 mai au tribunal administratif de Strasbourg.
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Un nouveau décret est paru juste avant le week-end de Pâques, permettant à certaines installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) d’être exemptées de constituer des garanties financières si elles ont déjà une garantie par l’Etat. Même si ce n’est pas écrit noir sur blanc, il s’agit d’un décret de « simplification » écrit tout particulièrement pour faciliter les opérations d’enfouissement de déchets à Stocamine !
Ce texte vient contrer l’arrêt de la cour administrative d’appel de Nancy, qui avait annulé l’arrêté préfectoral autorisant le confinement des déchets enfouis par Stocamine à Wittelsheim, au motif que les MDPA, filiale à 100 % de l’État, n’avaient pas de leur côté constitué des garanties financières.
En novembre, le gouvernement avait déjà fait voté un amendement pour que l’État se porte garant de la société.Il vient de compléter le dispositif pour que les déchets puissent être enfouis rapidement !
Comme le souligne rue89 Strasbourg, « sur le front judiciaire, le dossier Stocamine a pourtant suscité l’ouverture d’une enquête de la gendarmerie nationale spécialisée dans les atteintes à l’environnement pour vérifier la nature des déchets entreposés. D’importants soupçons de dissimulation ont entrainé une plainte suite à des témoignages publiés sur Rue89 Strasbourg et la Badische Zeitung. L’association Alsace Nature espère que des enquêteurs puissent descendre au fond de la mine afin d’inspecter le contenu des sacs et barils avant les premiers barrages en béton, irréversibles, et programmés en juin. Un temps de la justice que le gouvernement n’a visiblement pas envie de respecter. »
La presse régionale s’est fait l’écho récemment de la création d’un « Collectif pour la compétitivité de l’économie alsacienne » composé notamment du Medef, des entreprises du transport, de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Alsace Nature constate que, malgré une dénomination passe partout, l’objectif de ce Collectif est clair : raboter le plus possible les mesures en faveur de l’environnement au nom de la sacro-sainte compétitivité. Où l’on constate une fois de plus comment les discours vertueux sur la transition écologique s’évaporent dès lors qu’il s’agit d’en assumer les implications concrètes.
Alsace Nature est consternée par cette attitude qui témoigne d’une remarquable obstination à ne pas prendre en compte la gravité et l’urgence des défis écologiques auxquels notre société est confrontée. Ces acteurs, qui se présentent volontiers comme responsables et rationnels, n’ont-ils pas lu le dernier rapport du GIEC qui nous donne en gros trois ans pour modifier radicalement notre modèle socio-économique ? Ces acteurs ne voient-ils pas que leurs plus fortes contraintes viennent d’une concurrence exacerbée dans un contexte mondialisé, et non pas des mesures environnementales qui protègent in fine leur cadre de vie et leur santé ?
Ils comprendront, peut-être trop tard, avec l’intensification des dérèglements climatiques et écologiques provoqués par le modèle économique actuel, que la nature, elle, ne négocie pas.
Les crises sanitaires et géopolitiques que nous sommes en train de vivre montrent pourtant la vulnérabilité de notre système, notamment quant à nos besoins matériels de subsistance (énergie, alimentation). Les réponses à ces vulnérabilités multiples ne sont pas dans une fuite en avant vers la compétitivité, mais dans une relocalisation, écologiquement et socialement soutenable, des productions essentielles. Or, dans ce contexte, les mesures environnementales n’ont jamais empêché de produire des biens essentiels, bien au contraire. Dans le domaine alimentaire par exemple, une agriculture écologique rend parfaitement compatible production et biodiversité, à l’inverse de l’agriculture industrielle dominante, destructrice et polluante. Ce sont bien la bétonisation pour des infrastructures inutiles, la pollution de l’eau et des sols par des décennies d’industrie et d’agriculture productivistes qui handicapent la production, pas les mesures environnementales.
Alsace Nature considère que la responsabilité sociale du monde économique est de s’engager enfin dans une transition écologique réelle et non pas de lutter contre des mesures d’intérêt collectif indispensables. Que cette transition comporte de nombreuses difficultés et de défis pour beaucoup d’acteurs, personne n’en doute. Alsace Nature est prête, dans le cadre d’un dialogue sincère, à s’impliquer dans la recherche de solutions, et soutient les efforts des collectivités dans ce sens.