Extinction des feux !

Vous vous êtes peut être aperçus que des enseignes du centre ville de Colmar ont été éteintes cette nuit. Le Groupe Jeunes d’Alsace Nature est passé par là ! Leurs motivations ? Réduire la pollution lumineuse, économiser l’énergie et potentiellement faire éviter une amande aux exploitants.

Au total, ce sont une trentaine d’enseignes qui ont été éteintes. Mais une grosse proportion n’a pas pu l’être car « l’interrupteur pour pompier », dispositif obligatoire permettant d’assurer la sécurité des hommes du feu, fixé à l’extérieur des bâtiments, n’était pas installé. C’est le « Clan du Néon » qui a inspiré cette action au Groupe Jeunes d’Alsace Nature. Ce groupe, créé en 2010, multiplie les actions en faveur de l’environnement (entretiens de milieux, ateliers de fabrication de produits bio maison, concours photo…).

Sur l’ensemble des enseignes lumineuses, une bonne moitié n’était déjà plus éclairée avant leur passage, signe que le décret d’application de la loi Grenelle II est tout de même respecté. Mais pour les autres, attendez-vous à de prochaines visites ! Rappelons que ce décret (n°2012-118 du 31 janvier 2012) institue une obligation d’extinction des dispositifs lumineux dès cessation de l’activité signalée et à minima entre 1h et 6h du matin.

Les éleveurs et les agriculteurs s'y mettent aussi !

Episode 6 de l’émission RUND UM sur France 3 Alsace, consacrée aux gestes nature.
Cette semaine du 29 avril au 3 mai, RUND UM rencontre des particuliers, des entreprises et des communes qui se sont engagés dans des actions en faveur de la nature.
Cet épisode, montre des agriculteurs qui ont pris le parti de faire leur métier autrement et le travail de sensibilisation qu’opèrent les militants d’Alsace Nature comme Anne Vonesch auprès d’eux.
Voir les reportages de cette semaine « Gestes Nature » de l’émission RUND UM
 

"Citoyen Nature" n°19 – Rapport d'activité 2012

Notre nouveau « Citoyen Nature » est maintenant disponible à local d’Alsace Nature ou en téléchargement sur la page « Rapports d’Activités » de notre site internet.
Si vous êtes membre de l’association, il vous parviendra sous peu !

Pour ceux qui désire le consulter ou le recevoir, veuillez prendre contact avec le siège d’Alsace Nature Strasbourg ou Mulhouse.

En attendant, vous trouverez ci-dessous son édito, écrit conjointement par les Présidents des trois entités juridiques d’Alsace Nature.

Résistons, proposons, agissons pour une Alsace Nature !
Vous avez sous les yeux le dernier numéro du Citoyen Nature, qui retrace les principales activités d’Alsace Nature au cours de l’année 2012. Vous constaterez au fil des pages que les sujets de préoccupation n’ont pas manqué, à peine émaillés de quelques nouvelles plus réjouissantes. Ce compte-rendu de nos activités est finalement à l’image du contexte général dans lequel nous évoluons depuis quelques années et dont nous proposons quelques éléments d’analyse dans cet éditorial. Il ne nous est pas possible de citer ici tous les dossiers emblématiques qui ont marqué l’année passée, vous les découvrirez au fil des pages ; nous nous contenterons d’en évoquer quelques-uns pour illustrer notre propos.

En observant l’évolution récente de la question de l’environnement dans notre société, se dégage le sentiment d’une situation paradoxale. D’un côté, incontestablement, la culture écologique a progressé, la prise de conscience des problèmes environnementaux s’est développée chez le public et les acteurs socio-économiques, des dynamiques se sont mises en place et sont portées par des agents associatifs, mais aussi du monde économique, politique, législatif, administratif. Si nous comparons le paysage institutionnel et juridique des années 1970 à celui d’aujourd’hui, l’évolution positive est évidente. Des structures, des programmes s’institutionnalisent et finissent par avoir des effets concrets. Citons pour exemple, dans notre région, la création récente, en 2013, des réserves naturelles régionales des pelouses sèches du Bollenberg et du Luetzelthal à Rouffach, d’une partie de la colline du Buxberg à Tagolsheim, et de l’Illwald à Sélestat, suivant celles des collines sèches du Bastberg, de la forêt du Hartwald et des marais et landes du Rothmoos déjà classées en 2012.
D’un autre côté, et c’est cela le paradoxe, nous avons l’impression, en particulier depuis ces deux dernières années, d’assister à une sorte de retour de balancier. On perçoit comme une petite musique de fond sur l’air de « l’environnement, cela commence à bien faire ». La dynamique du Grenelle de l’Environnement appartient définitivement au passé, certains discours d’élus et de décideurs se font plus incisifs sur les « contraintes environnementales ». La crise financière et économique sert de prétexte à lâcher du lest sur l’environnement, comme si les crises économiques et écologiques n’étaient pas liées par les mêmes causes. L’une de ces causes est le fait d’une extrême concentration des pouvoirs économiques, scientifiques, techniques, politiques en une sorte d’oligarchie mondiale. L’entreprise, l’industrie sont des structures indispensables à notre société : elles fabriquent et distribuent des biens dont nous avons plus ou moins besoin et contribuent de ce fait à l’intérêt général. Mais quand elles se concentrent, au point de dépasser le poids de certains États, elles finissent par inverser le processus en transférant les richesses de la population vers quelques individus, en imposant des règles qui leur sont favorables, mais qui le sont de moins en moins au plus grand nombre et à l’écologie. La recherche du profit à tout prix transforme la nature en un vaste réservoir marchand dont les seul intérêts résident dans son exploitation et la gratuité de ses matières premières.

Nous devons résister à cette évolution pour redevenir des citoyens maîtres de leurs choix et de leur avenir. Pour cela, nous devons organiser des contre-pouvoirs, avec France Nature Environnement, avec l’économie sociale et solidaire, avec tous les acteurs qui mettent l’humain et la nature au cœur d’un projet viable et maîtrisable.

L’obsession de la croissance, idéologie scandée de manière incantatoire et sans aucun recul critique, se heurte d’une part à la crise, d’autre part aux limites écologiques qui se manifestent pour la plupart des acteurs par les règles ou interdictions liées à l’évolution du droit et des politiques environnementales. Par une remarquable cécité intellectuelle, ce sont donc ces règles et surtout ceux qui les défendent (essentiellement nous, les associations1) qui passent pour empêcher de se développer en rond et qu’il faut dénoncer comme des extrémistes !

Deux exemples ont illustré cette tendance en 2012 :

Le premier concerne les délibérations de 3 communautés de communes du Bas-Rhin qui visaient à obtenir la suppression des subventions accordées à Alsace Nature car nous introduirions des contentieux grâce à l’argent du contribuable, ce qui d’une part ralentirait des projets de développement, d’autre part coûterait doublement de l’argent public (celui pour l’introduction des recours et celui pour la défense des communes). On peut imaginer que des discours tenus pendant les dernières campagnes électorales par certains ténors politiques sur le thème déjà évoqué ci-dessus ont contribué à légitimer de telles attitudes « anti-écolo ».
La crise financière et économique met les élus locaux sous pression et les incite à privilégier les projets de développement. Par ailleurs, la situation très tendue et délicate des écosystèmes de la région fait que les projets d’aménagement s’attaquent la plupart du temps à des milieux déjà très fragilisés ou devenus rares (et donc souvent concernés par une procédure de protection ou qui devraient l’être). Du coup, les situations sont très crispées du fait de la superposition d’enjeux forts et divergents. Et les aspects environnementaux sont perçus comme autant de contraintes. On retrouve ici le mécanisme d’une lecture ancienne de la crise et des remèdes… qui ne fait au fond qu’aggraver les problèmes.

Le second exemple vient d’une partie du monde agricole. À l’occasion de la manifestation organisée par la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FDSEA) et les Jeunes Agriculteurs (JA) du Bas-Rhin le 13 novembre dernier, notre siège de Strasbourg a fait l’objet, de manière ciblée et non fortuite, d’un dépôt de matières agricoles en décomposition et malodorantes. Au courrier que nous leur avons adressé pour demander des explications, nous n’avons à ce jour obtenu aucune réponse… De deux choses l’une. Soit la FDSEA et les JA ne cautionnent effectivement pas ce genre d’action et il s’agit d’un acte incontrôlé d’une minorité comme ils le laissent entendre en privé. Mais dans ce cas, on s’excuse publiquement ou au moins on répond au courrier adressé. Soit, la FDSEA et les JA font la sourde oreille, ce qui est le cas, et cela signifie qu’au fond elles approuvent ce genre de démarche. Que penser enfin de l’attitude de la Chambre d’Agriculture, établissement public, à qui nous avions adressé copie du courrier en lui demandant de servir d’intermédiaire… et qui n’a pas non plus daigné nous répondre ?

La spécificité et la force d’Alsace Nature résident dans le fait que nous analysons les projets et les évolutions à travers le prisme de la nature et de leurs effets sur sa préservation à long terme. De ce point de vue, nous devons constater que de trop nombreux projets traitent la nature comme une zone de moindre résistance pour implanter des installations ou des infrastructures. Et, de toute manière, les mesures compensatoires permettront toujours, comme au temps des Indulgences, de justifier ou se faire pardonner n’importe quel impact destructeur, voire de mener quelques spéculations lucratives. Il ne s’agit pas de contester tout acte d’aménagement de la nature et de vouloir la figer dans une immuabilité factice, mais il ne s’agit pas non plus d’accepter la désinvolture avec laquelle, au nom du sacro-saint développement, on traite encore trop souvent nos milieux naturels. Qu’il s’agisse des pratiques de l’agriculture industrielle et concentrationnaire, de la très inquiétante industrialisation de la filière forestière2, de l’aménagement du territoire (voir l’exemple du projet de prison à Lutterbach) ou encore des énergies renouvelables, les illustrations ne manquent pas. Prenons le cas des infrastructures qui nous ont bien occupés ces derniers mois. Sans parler du Grand Contournement Ouest de Strasbourg (GCO), dont l’utilité même n’est pas démontrée et qui soulève un problème de stratégie d’aménagement, arrêtons-nous un instant sur des projets dont on pourrait admettre une certaine utilité, mais dont les principes d’aménagement illustrent parfaitement comment, pour ménager d’autres intérêts, on sacrifie délibérément des milieux naturels remarquables, malgré toutes les lois et textes de protection des espèces et des habitats naturels. Il s’agit du projet de liaison routière entre l’autoroute A4 et Lorentzen en Alsace Bossue et de la déviation de Châtenois au débouché de la vallée du Giessen. Que n’a-t-on reproché à Alsace Nature d’avoir osé critiquer ces projets ! Mais si nous ne l’avions pas fait, qui se serait soucié des pelouses sèches exceptionnelles du Morstberg ou de la remarquable coulée verte inondable du Giessen ? Les discussions en cours — rendons ici hommage à l’ouverture dont ont su faire preuve certains porteurs actuels de ces projets — permettront peut-être de réduire significativement les impacts de ces aménagements hérités et mal conçus dès le départ. Mais cela montre également combien la présence d’Alsace Nature est importante pour que des choses aussi élémentaires que la préservation de ce type de milieux naturels ne passent pas par pertes et profits.

Pour que nos actions en faveur de la protection de la nature soient les plus efficaces possible, deux conditions sont indispensables. D’une part, pouvoir s’appuyer sur un réseau de personnes, bénévoles et salariées, dévouées et compétentes et attachées à la défense de l’intérêt général. C’est heureusement le cas dans notre fédération, et qu’il nous soit permis de remercier très chaleureusement toutes celles et ceux qui ne ménagent pas leurs efforts au service des valeurs que nous défendons. N’hésitez pas à rejoindre ce réseau attachant, instructif et utile !

D’autre part, pouvoir compter sur le plus grand nombre pour soutenir nos actions et nous assurer notre indépendance politique et financière. Les membres d’Alsace Nature et de ses associations fédérées représentent l’équivalent d’une ville comme Haguenau ou de deux villes comme Illzach. C’est loin d’être négligeable ! Mais, nous devons être encore plus nombreux pour résister face aux tendances catastrophiques de notre évolution sociale et pour proposer des pistes vers une société plus respectueuse de la nature. Soyez les porte-parole de la nature et d’Alsace Nature.

En de Natur un em Elsass ze lieb !

Jean-Claude Claverie
Président Alsace Nature Bas-Rhin

Jean-Paul Lacôte
Président Alsace Nature Haut-Rhin

Maurice Wintz
Président Régional

Golf de la Sommerau : les associations avaient raison !

Le projet de Golf public de la Sommerau a déjà fait l’objet de nombreux débats, échanges et de participations écrites aux différentes étapes de la procédure d’instruction de ce dossier.
Malgré cette mobilisation d’Alsace Nature et des associations locales et notamment l’Association pour la Promotion de l’Environnement de la Sommerau (APES), la Déclaration d’Utilité Publique a été signée par le Préfet le 17 septembre 2010.

Suite aux discussions internes dans les Conseils d’Administration des différentes associations, il a été choisi de porter l’affaire devant le Tribunal Administratif de Strasbourg.

Le 13 mars dernier, nous étions à l’audience pour entendre les conclusions de Madame le rapporteur public qui, bien qu’à plusieurs reprises, spécifiait que sur des points soulevés par les associations le dossier d’enquête publique était “léger” et concluait que tout cela n’était pas de nature à remettre en cause la Déclaration d’Utilité Publique.

Après avoir repoussé la date de lecture du jugement, le Tribunal Administratif vient de rendre son jugement :
il annule intégralement la Déclaration d’Utilité Publique.

Les associations ont eu raison de persévérer dans l’opposition à ce projet qui impacte fortement les zones humides, pose des problèmes de santé publique au regard de la localisation de la ligne très haute tension qui surplombe le site, de consommation des terres agricoles, de destruction des milieux d’espèces protégées…

De l'ambition que diable !

Profitant de la venue du Commissaire Européen à l’Environnement Janez Potočnik à Paris, le député bas-rhinois Philippe BIES a posé une question à ce dernier sur la condamnation de la France pour insuffisance de protection du Grand Hamster. Retrouvez sa question sur son blog.

Cela ne peut qu’appeler quelques remarques de notre part. Fut un temps, nous l’aurions fait en réunion de concertation « hamster », mais vu qu’il n’y a plus de réunion de débat sur la question de la conservation du Grand Hamster, nous exportons ce dernier sur la toile. 20 ans que les associations se battent pour la protection de cette espèce, des milliers de fois nous avons répété, argumenté, proposé, écrit… des centaines d’heures de réunion pour en arriver à une telle position !? Attendre que les mesures fassent leurs effets et pendant ce temps là casser du Renard en pensant que cela protégera le hamster (cf. article) ? Si c’est la seule ambition de l’actuel gouvernement pour favoriser la biodiversité alors effectivement nous finirons en queue de peloton des pays ayant développé une réelle stratégie pour cet enjeu majeur (nous n’en sommes plus très loin, allez encore un effort !). De plus, cela coûtera des milliards pour tenter de remplacer les services rendus gratuitement par la biodiversité.

Lire « Le coût individuel d’un hamster préservé apparaît indécent à la grande majorité de nos concitoyens » :  j’aimerais connaitre la source de cette affirmation (éventuellement à mettre en perspective avec cette grande fête populaire qu’est le Rallye de france…) et surtout si aujourd’hui il existe un calcul du coût d’un hamster sauvé (je pose la division : nombre d’argent injecté tous domaines confondus ÷ nbr de hamster recensés) c’est surtout la deuxième partie de l’équation qui est inquiétante (du point de vue mathématique, la division par zéro a-t-elle un sens ?! nous tondons vers cela pourtant) plus que l’argent qui est mis dans la première partie. Ne voyons nous pas que reconstituer de la biodiversité coûtera toujours beaucoup plus cher que de la préserver ? Pourtant nous le clamions déjà il y a 20 ans… mais nous n’avons pas été entendus. Et nous ne le sommes toujours pas sur de multiples dossiers, où les associations sont assez rapidement catégorisées « d’anti-développement », où on nous sert l’éternelle litanie sur le chômage comme si la protection de la nature était la source de ce dernier.

Sinon, sur les soi-disant mesures ambitieuses que le gouvernement développerait dans le Plan National d’Action (PNA), je renvoie à la lecture de notre analyse de la situation (cf. dossier). Alors oui, cela ne fera plaisir à personne de voir arriver l’amende en question mais face à la cécité récurrente des gouvernements successifs il n’y a malheureusement pas beaucoup d’autres solutions (comme pour d’autres dossiers qui ne manqueront pas d’arriver sur la table : N2000, biomasse…). Ce n’est pas faute d’avoir tenté de trouver des consensus locaux pour essayer d’être « intelligent » dans la protection de cette espèce : mais à la cécité citée précédemment est associée la surdité. Cela n’aura abouti à rien par désengagement des partenaires (et pas les associatifs…) qui ont cru répondre à des enjeux plus « importants » en cédant petit à petit à une vision d’une protection par zonage le plus limitatif possible (pour ne pas gêner la sacro-sainte économie agricole et le développement outrancier de l’urbanisme et des réseaux de transports dans notre région).

Nous en arrivons à l’hérésie suivante : aire historique de présence de l’espèce (180 000 ha environ) ; aire actuelle dans laquelle, quand un projet d’aménagement se fait, il faut faire une analyse de son impact sur le hamster (9 000 ha). 5% de l’aire historique ! Effectivement, cela «renforce très sensiblement les mesures destinées à préserver l’habitat de cette espèce» ! Mieux ! Sur ces 9 000 ha, il est important de savoir combien de terres sont favorables au rongeur pour mesurer l’impact réel. Alors même en donnant acte à Philippe Bies des 25% (qui ne sont qu’un objectif et pas une réalité actuellement…) nous serons, aux termes du Plan d’Action si tout va bien, à 1,25% de l’aire historique. A cela, et pour compléter le tableau, il faut rajouter deux choses non anodines : les 9 000 ha ne sont pas d’un seul tenant mais en 3 zones distinctes. La continuité des milieux à l’intérieur des zones n’est pas assurée. Il eût été plus juste de présenter la situation de la sorte au Commissaire Européen…

Effectivement pour une espèce qui n’est présente qu’en Alsace et au seuil de l’extinction, l’ambition est folle et démesurée…

Si l’Alsace veut garder une image de région en tête des questions environnementales (ce qui était le cas fut un temps) il va drôlement falloir changer de paradigme et là tous les élus ont les cartes en mains, du maire de la petite commune au député… Dans une réelle vision ambitieuse (pas le cache misère du Plan National d’Action actuel) les associations seront des partenaires.