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[Découverte de la semaine] La Chevêche d’Athéna (Athene noctua)

[Découverte de la semaine] La Chevêche d’Athéna (Athene noctua)

Chevêche d'Athena / Chouette Chevêche - Athene noctua.

Vous la reconnaissez ? Voici l’animal totem de la déesse de la sagesse, Athéna. Avec ses 22 centimètres, la Chevêche d’Athéna fait partie des rapaces les plus petits de France. C’est un peu plus petit qu’un pigeon. Anciennement nommée Chouette chevêche, on compte 13 sous-espèces qui vivent tant en Europe Centrale et occidentale qu’en Asie, en Somalie ou au Moyen-Orient. Il n’est pas significativement possible de différencier la femelle du mâle à leur plumage, mais ce dernier est généralement plus petit. Vingt-deux chants différents composent son vocabulaire. Certains ressemblent étrangement à des miaulements de chaton. —> Écoutez-le !

Elle est sédentaire et territoriale. Très active au crépuscule, en journée, elle se positionne, sur des piquets, des bottes de foin ou des fils téléphoniques. Elle observe. À l’affût. Tantôt redressée, tantôt ramassée sur elle-même. Elle mange de 50 à 80 grammes de nourriture par jour pour un poids de seulement 200 grammes. Son régime alimentaire change en fonction des saisons. Que ce soit des petits mammifères, des insectes, des lombrics, et même d’autres oiseaux, elle capture ses proies au sol. Comme elle avale ses proies tout entières, son organisme doit faire une sélection durant la digestion. C’est pourquoi elle « vomit » des « pelotes de réjection ». Ce sont des boules de quelques centimètres contenant les matières non-comestibles : os, poils, carapaces etc.

Le mâle et la femelle vivent en couple, même en dehors de la période de nidification. Ils sont généralement unis toute leur vie, durant 10 à 15 ans. Ils fréquentent les mêmes reposoirs, rejoignent la même cavité et parcourent leur territoire ensemble. Les pontes ont lieu de mi-avril à mi-mai. La femelle pond 3 à 5 œufs dans une cavité, un œuf tous les deux jours, puis les couve environ 28 jours. Le mâle lui apportera de la nourriture pendant qu’elle couve. Après l’éclosion, les poussins restent au nid pendant 30 à 35 jours. Les jeunes quittent le nid, sans savoir voler. Pendant 5 semaines, ils resteront à proximité, au sol, nourris par les deux parents. La majeure partie des juvéniles s’installeront à moins de 10 km de leur lieu de naissance !

Publiée en juin 2017 dans la revue scientifique Folia Zoologie, une étude de l’académie des sciences de République tchèque apporte la preuve du déclin de cette petite chouette en Europe de l’Ouest. En seulement vingt ans, le nombre de Chevêche d’Athéna a diminué de 40 % en Slovaquie et de 90 % en République tchèque ! En Alsace, la Chevêche d’Athéna est considérée comme une espèce « vulnérable ».

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Avec plusieurs couples dans la plupart des villages. Elle était commune à l’Alsace jusque dans les années 50. Progressivement, l’abandon des pâturages au bénéfice de l’élevage du bétail en « stabulation », (dans un espace restreint et clos), le désintérêt de produire des fruits locaux et l’urbanisation, ont fait disparaître son biotope naturel : les vergers traditionnels de haute tige. Et avec eux, disparaissent ses proies et ses nichoirs ! Et ce n’est pas tout. Les produits phytosanitaires utilisés par l’agriculture conventionnelle sont responsables de la disparition des insectes dont elle se nourrit. Enfin, les poteaux téléphoniques creux et les cheminées où elle reste coincée ainsi que les collisions avec les voitures, sont des causes de mortalité non-négligeables ! Et pas seulement pour cette espèce. Malheureusement la liste et bien longue et elles se noie aussi dans les abreuvoirs métalliques et le taux d’éclosion des œufs est abaissé par l’ingestion de métaux lourds et d’hydrocarbures par les animaux à la base de la chaîne alimentaire…

Depuis une dizaine d’années en Alsace, la situation s’est améliorée grâce aux actions de sauvegardes. Comme la pose de nichoirs spécifiques par les bénévoles de la LPO, et la plantation d’arbres fruitiers. La succession d’hivers plus doux en raison du réchauffement climatique peut aussi avoir aidé ses populations. Les communes de Benfeld et du Rhin en association avec la Maison de la Nature du Ried, la Fédération des Producteurs de Fruits du Bas-Rhin et la Ligue de Protection des Oiseaux Alsace, mènent aussi depuis 2011 « l’Opération Vergers » dans le but de maintenir et développer les vergers dans nos paysages !

Vous souhaitez créer, développer, vous former ou vous occuper d’un verger local ?
Rendez-vous sur http://vergers-benfeld-rhin.fr
Pour le plus grand bien de la petite chouette, des insectes, des abeilles et de nos papilles !

 

.MD

Crédit photo : Tony Wills et Arturo Nikolai
Sources :
– ODONAT – livre rouge des espèces menacées en Alsace
– IUCN – International Union for Conservation of Nature
– INPN – Inventaire National du Patrimoine Naturel
– LPO – Ligue de protection des oiseaux Alsace et France
– Folia zoologica. Roč. 66, No. 2 (2017), pp. 106-116 ISSN 0139-7893
– Vergers-benfeld-rhin.fr
– bio-scene.org

[Découverte de la semaine] Le Branchipe de Grube (Eubranchipus grubii)

[Découverte de la semaine] Le Branchipe de Grube (Eubranchipus grubii)

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Dans la famille des drôles d’animaux, voici Eubranchipus grubii, ou Le Branchipe de Grube ! C’est typiquement le genre de rareté que l’on ne croise pas souvent, à moins de regarder à la loupe dans une mare temporaire au milieu d’une forêt de feuillus ou d’avoir un ami aquariophile qui collectionne les petits crustacés d’eau douce. Si vous connaissez les triops, ils font partie de la même classe.

Tout petit, E.grubii mesure de 12 à 33 mm et nage sur le dos ! Il n’a pas de carapace, possède deux yeux, onze paires de pattes et la femelle se reconnait à son sac contenant les œufs en maturation. C’est un Branchiopode. Ce qui veut dire que ce sont ses pattes, qui lui servent autant à nager qu’à respirer, comme les branchies des poissons ! Elles servent aussi à filtrer l’eau et à ramener le plancton à sa bouche. Si la filtration est son mode principal d’alimentation, il est aussi capable de grignoter des têtards morts, des œufs d’amphibiens, etc.

Elle nage sur de dos

Elle nage sur de dos

E.grubii vit sur terre depuis près de 500 millions d’années. Il est actuellement présent en Europe centrale et septentrionale ainsi qu’au nord de l’Asie. On peut le retrouver en Alsace et en Lorraine. Il y est considéré comme une espèce « quasi menacée ». Ce qui veut dire qu’il est proche du seuil des espèces vulnérables, selon les critères d’évaluation de l’union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En Alsace, la première observation de ce petit animal eut lieu en 1930 entre Meistratzheim et Valff. Aujourd’hui, l’espèce est répertoriée dans plusd’une quinzaine de sites, essentiellement dans le Bas-Rhin. La flaque d’eau sur la photo se trouve dans le Ried Nord. Elle est connue pour abriter E.grubii depuis plus d’un demi-siècle !
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Sa tête avec les deux antennes et un de ses deux yeux.

Il est typique des mares de sous-bois, alimentées par l’affleurement de la nappe phréatique et dont le fond est recouvert de feuilles mortes. Le milieu doit être régulièrement mis en eau. Mais pas nécessairement tous les ans. En effet, dans le fond d‘une mare asséchée, les œufs attendent, parfois pendant des années, leur éclosion. Comme des graines, ils résistent au gel et à la sécheresse. L’éclosion est synchronisée à la fin de l’hiver. Sous la glace, la hausse du taux de CO2 présent dans l’eau déclenche la naissance des larves. Elles auront alors tout l’hiver puis le printemps pour évoluer, effectuer 40 mues, devenir adultes et s’accoupler. La femelle pond ensuite une dizaine « d’œufs de résistance » qui tombent au fond de l’eau. Les adultes mourront à la fin du printemps, car la mare finira par s’assécher ou devenir trop chaude pour eux. Les œufs, parfois dispersés par le vent ou les oiseaux, attendront le retour de l’hiver, de l’eau, de la glace et du CO2. Et le cycle se poursuit.
Le sac contenant les œufs en maturation.

Le sac contenant les œufs en maturation.

Les substances chimiques, comme les nitrates, ou un plancton trop rare nuisent à sa survie. En Alsace, les sites forestiers ne semblent pas particulièrement menacés, mais les populations actuelles devront être surveillées, notamment à cause du changement climatique. En effet, les œufs ont besoin d’une période de gel pour arriver à maturité. Alors, là où le gel aura déserté les mares, on ne verra plus éclore le petit Branchipe de Grube.

.MD
Crédit photo : Jean-François Cart

Sources :
– ODONAT – livre rouge des espèces menacées en Alsace
– UICN – International Union for Conservation of Nature
– faune-alsace.org
– doris.ffessm