Stocamine : le rapporteur public demande au tribunal de valider le stockage définitif des déchets toxiques

Stocamine : le rapporteur public demande au tribunal de valider le stockage définitif des déchets toxiques

Ce jeudi 15 mai 2025, le tribunal administratif s’est réuni une xème fois pour statuer sur le sort réservé aux 42 000 tonnes de déchets industriels toxiques enfouis à Stocamine. C’est devant une salle comble pleine de militants, d’élus locaux, de scientifiques que le rapporteur public a présenté ses conclusions aux magistrats du tribunal. Il a estimé, vu l’état dégradé de la mine, que l’enfouissement définitif était la seule solution actuellement. Les avocats d’Alsace Nature, de la CeA, des associations et des communes, ont proposé d’autres solutions. Le jugement a été mis en délibéré au 17 juin.

Ce même rapporteur a reconnu que : « Nous ne vous aurions certainement pas présenté les mêmes conclusions quelques années plus tôt, mais telle n’est plus ici la question posée au tribunal » et que les magistrats  se trouvaient devant « un fait accompli ».

Le confinement définitif consisterait à « remblayer les galeries vides, puis (d’)isoler le stockage de son environnement en mettant en place douze barrières de béton, de 12 mètres de long chacune, pour fermer l’ensemble des galeries menant à la zone de stockage, en remblayant les puits, en réalisant deux bouchons d’étanchéification destinés à limiter l’infiltration des eaux dans les puits, puis en recouvrant chaque puits d’une dalle de protection en béton armé« .

 

Alsace Nature, par l’intermédiaire de Me Zind son avocat, a dénoncé ce fait accompli….

« On évite d’engager les responsabilités en disant : “C’est trop tard.” C’est un mépris de classe avec des gens d’en haut qui décident pour ceux d’en bas. Pourquoi dépenser 200 millions d’euros s’il n’y a pas de risque« .  Or, l’Etat, qui dans les années 90 avait soutenu qu’un déstockage serait tout à fait possible, a laissé ensuite la mine se dégrader après l’incendie survenu en 2002.

 

… et estime que d’autres solutions existent

Deux experts, invités à intervenir par l’avocat, ont présenté leurs arguments pour le déstockage.

Marcus Buser, géologue suisse, membre du comité de pilotage sur Stocamine en 2011, a déjà piloté une opération d’extraction de déchets d’une mine à Sainte-Ursanne. « Les Allemands mettent en place des déstockages bien plus difficiles que Stocamine, avec par exemple la préparation de l’extraction de déchets radioactifs de la mine de Asse. » Et, , « Le sel (des parois de la mine) se prête bien au reprofilage, dans les situations où les galeries s’affaissent trop. »

Georges Walter, ingénieur hydraulique et ancien directeur du service environnement au Conseil départemental du Haut-Rhin a, quant à lui,expliqué avoir découvert « des erreurs majeures » dans les études du risque lié à un confinement définitif. Selon lui, l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris) est parti d’un postulat erroné    » Ils ont pris en compte l’épaisseur du cuvelage en 1910 dans leurs calculs, alors qu’il est déjà largement corrodé. J’ai trouvé ça tellement gros que je n’y ai pas cru, mais c’est bien confirmé. » Cela implique que la mine risque de se remplir de l’eau de la nappe phréatique beaucoup plus vite que prévu. et que le liquide pollué par les déchets va remonter vers la ressource en eau potable.

L’avocat d’Alsace Nature questionne les juges : « Nous avons hérité d’une nappe phréatique qui s’est formée en plusieurs millions d’années. Il a fallu une génération pour la polluer aux pesticides. Allons-nous en plus léguer ces produits toxiques aux générations futures ? »

Il demande également, en plus de l’annulation de l’arrêté préfectoral autorisant le confinement définitif,  le maintien des galeries en état pour permettre le déstockage des déchets, sous peine d’astreinte de 6,8 millions d’euros par trimestre.

 

Inclure les Allemands et les Hollandais dans les processus de décisions

Me Théophile Begel l’avocat de la CeA, de l’association Consommation logement et cadre de vie 68, ainsi que des communes de Wittenheim et d’Ungersheim,  a insisté sur la nécessité d’inclure l’Allemagne et les Pays-bas dans le processus de décision sur Stocamine, comme leurs populations profitent également de la nappe phréatique rhénane : « Eux aussi risquent une pollution, d’autant plus au vu des insuffisances dans les études d’impact relevées par Georges Walter. »

 

Les avocats de l’Etat ont essentiellement minimisé les risques de pollution de la nappe, en se basant sur d’anciennes études réalisées par des scientifiques, mais qui ne portaient pas sur la réversibilité ou non de l’enfouissement des déchets.

 

La décision des trois juges du tribunal administratif, présidé par Stéphane Dhers, a été mise en délibéré au 17 juin.

A suivre …

 

 

 

REVUE DE PRESSE :

 

Stocamine, un nouveau rebondissement

Stocamine, un nouveau rebondissement

Stocamine : nouvelle enquête publique (98 % des avis sont contre l’enfouissement définitif). Nouvel arrêté préfectoral (28/09/23) ordonnant l’enfouissement définitif ! Nouvelle décision de suspension de l’enfouissement par le TA (7/11/23) au nom du « droit des générations futures », une première en France. Mais l’Etat s’obstine et saisit le Conseil d’Etat pour demander la cassation de cette décision. Mais quels types de déchets (non avouables ?) se trouvent donc là-dessous pour justifier un tel acharnement ?

A l’initiative d’Alsace Nature, un courrier est adressé par FNE GE aux élus régionaux pour les alerter (une nouvelle fois) sur les enjeux de l’élevage et du bien-être animal (Lettre MOINS et MIEUX).

Publication de la brochure « Retrouvons le ciel étoilé » consacrée aux enjeux et solutions concernant la pollution lumineuse et les trames noires.

Participation du Réseau Energie, avec les associations fédérées et les groupes locaux, à la cartographie régionale des zones favorables au développement de l’éolien (ZFDE) à l’échelle de l’Alsace. L’idée était d’exclure le plus de zones sensibles possibles, notamment les zones de chasse et de migration des oiseaux et chiroptères.

Ultime farce dans le dossier GCO : le TA valide les arrêtés préfectoraux d’autorisation et les raisons impératives d’intérêt public majeur (difficile de faire autrement, le GCO est déjà en service depuis plus d’un an), mais accorde des dommages et intérêts à Alsace Nature ! Si ce n’est pas un aveu…

Le collectif GCO NON MERCI, auquel Alsace Nature participe activement, marque ses 20 ans d’existence au « spot » de Kolbsheim et promet de poursuivre la lutte contre les projets routiers inutiles.

Contournement de Châtenois : le TA annule cette fois-ci les autorisations environnementales du projet (12/05/23), mais là encore, les travaux sont déjà presque terminés. Surprise inédite : la Cour d’appel de Nancy propose une médiation entre Alsace Nature, l’Etat et la CeA (porteuse du projet).  Compte tenu de l’état d’avancement du chantier, Alsace Nature accepte et négocie 42,5 ha de mesures compensatoires supplémentaires.

Le groupe local Florival intensifie sa mobilisation contre le projet de zone d’activité de la Daweid à Issenheim (région de Guebwiller). 17 ha de terres agricoles et 10 ha de zones humides sont menacées.

L’Etat passe en force avec le GCO et joue la montre pour Stocamine

L’Etat passe en force avec le GCO et joue la montre pour Stocamine

GCO : année noire pour la nature et la démocratie. Malgré 6 avis d’experts défavorables (CNPN, Autorité environnementale,  Agence française de la biodiversité, Commission locale de l’eau), 2 avis défavorables suite aux 2 enquêtes publiques, malgré  3 manifestations réunissant à chaque fois plus de 2 000 personnes, une grève de la faim de 10 membres d’Alsace Nature, une demande de moratoire signée par 200 élus locaux, 70 parlementaires et 70 scientifiques des universités d’Alsace, 3 recours non purgés, l’Etat imposera la réalisation du projet, y compris en envoyant 550 (!) gendarmes mobiles évacuer la ZAD de Kolbsheim. Les forêts de Kolbsheim et de Vendenheim seront détruites. Le GCO sera construit mais aucun de ceux qui en ont été les promoteurs ou qui ont tourné leur veste par opportunisme n’en sortira grandi.

L’Etat, qui passe en force avec le GCO, joue la montre pour Stocamine en cherchant à éviter à tout prix un déstockage des déchets toxiques enfouis dans la mine. Y aurait-il quelque chose à  cacher ?

Mise en place en Alsace de l’outil « Sentinelles de la nature », créé par  la FRAPNA (fédération régionale de protection de la nature et de l’environnement en Auvergne-Rhône-Alpes) et déployé par FNE. Le site internet dédié permet à chacun de signaler et localiser un enjeu environnemental.

Alsace Nature participe activement, à travers ses groupes Locaux, à l’opération « Nous voulons des coquelicots » demandant la sortie des pesticides agricoles.

Publication de la brochure « 10 principes de gestion des zones herbeuses ».

Les carrières de Saint Nabor, dont l’exploitation a cessé au début des années 2 000, sont protégées par un Arrêté préfectoral de protection de biotope (APB) du 12 décembre 2018. Le règlement de l’APB sera édulcoré suite à un recours introduit par le PETR du Piémont des Vosges…

Un déstockage partiel démarre à Stocamine et première cabane anti-GCO à Kolbsheim

Un déstockage partiel démarre à Stocamine et première cabane anti-GCO à Kolbsheim

Stocamine : le déstockage (partiel) a enfin démarré, 12 ans après l’incendie.

GCO : sur fond de ZAD (Zone à défendre) qui s’installent pour contrer certains projets « inutiles et imposés » (Notre Dame des Landes, Sivens), une première cabane anti-GCO pérenne est installée à Kolbsheim sur le tracé du GCO. La contestation ne faiblit pas, malgré l’acharnement de la Chambre de commerce et le retournement de certains élus.

Incendie de Stocamine

Stocamine prend feu et l’ultime refait surface (les déchets ultimes enterrés dans les anciennes mines des MDPA à Wittelsheim) : il fallait écouter Alsace Nature…

Le CODEVER (« Collectif de défense des loisirs verts », il faudrait ajouter motorisés) manifeste bruyamment à Strasbourg le 27 avril 2002, puis plus tard dans les vallées vosgiennes, traitant les défenseurs de l’environnement d’écolos fachos et demandant la libre circulation des véhicules à moteur sur tous les chemins et milieux naturels.