Alsace Nature propose une démarche pour une refondation écologique
La plupart des pays du monde sont en prise avec une crise sanitaire de grande ampleur. Notre pays, malgré son haut niveau de vie et de technologie, n’y échappe pas. Il faut saluer toutes les personnes qui, souvent situées au bas de l’échelle sociale, investissent leur énergie et leur santé pour soigner les malades ou pour faire en sorte que nos besoins de base continuent à être assurés. L’heure est bien sûr aux soins des malades et à la solidarité, mais aussi à la réflexion sur les premiers enseignements que nous pouvons tirer collectivement de cette pandémie.
L’humanité va se diviser, et elle a déjà commencé… d’un côté ceux qui continueront comme avant et de l’autre ceux qui sont prêts à amorcer un tournant.
Alsace Nature, en toute modestie, souhaite contribuer à ce tournant, à cette réflexion, en portant le regard sur ses domaines de compétence qui sont loin de couvrir tout le champ des enjeux soulevés par le coronavirus. Après quelques constats, nous proposons des pistes pour envisager une « refondation » qui tienne compte des fragilités actuelles, dans certains domaines qui nous semblent cruciaux.
Quelques constats
La pandémie actuelle est une crise mais cette crise ne doit pas faire oublier qu’elle s’inscrit dans un processus beaucoup plus important qui est le changement global (climat, biodiversité, inégalités sociales et environnementales…). Certaines études semblent d’ailleurs montrer que la crise écologique et ses causes aggravent les risques de pandémie de ce type (ponts facilités entre espèces sauvages et humains, consommation d’espèces sauvages, ambiance polluée, élevages industriels et globalisation facilitant la propagation des germes).
Le Covid est une crise, ce qui signifie qu’après le passage de la pandémie on peut s’attendre à revenir à une situation proche de celle d’avant. Le changement global, lui, est au-delà de la crise : le processus engagé ne permet pas un retour en arrière. Il exige des modifications radicales et une adaptation rapide. Le confinement peut donner des pistes.
Cela a déjà été souvent constaté : depuis le confinement, un grand nombre d’indicateurs de pollutions ou de nuisances ont spectaculairement reculé. Ces indicateurs parlent d’eux-mêmes. Qui peut encore croire aujourd’hui que notre modèle économique de croissance dite verte n’est pas intrinsèquement générateur de nuisances à toutes échelles ? Qui peut encore imaginer que la relance de ce modèle ne reproduira pas immédiatement les mêmes effets délétères ?
Bien sûr, il ne s’agit pas de rejeter tous les aspects de notre modèle actuel. Certains développements techniques sont collectivement utiles et contribuent réellement au bien- être du plus grand nombre. Mais notre système est à ce point complexe et imbriqué (les techniques mortifères côtoient les bénéfiques, les intérêts privés sont mêlés aux intérêts collectifs…) qu’il nous faudra faire un effort collectif inouï pour faire le tri entre le désormais utile et le superflu. Car le confinement nous dit que nous pouvons vivre avec moins, que nous pouvons vivre autrement, redécouvrir des choses simples et fondamentales. Ce tri est indispensable.
Mais, nous nous heurtons au problème de la contrainte ou à notre incapacité à nous autolimiter sans menace immédiatement palpable. La crise climatique et écologique a provoqué bien plus de morts prématurées (sans parler des profondes injustices sociales et environnementales) que le coronavirus . Mais aucune des alertes rationnelles énoncées par les scientifiques et les associations depuis des décennies (sur des crises qui jusqu’ici nous touchent peu directement) n’ont été capables de provoquer dans nos pays des réactions aussi rapides et radicales que la peur de la pandémie. C’est dire combien nous sommes collectivement, nos dirigeants en tête, profondément immatures, et combien la refondation à venir doit être radicale.
Refondation ?
De refondation, il en est beaucoup question ces derniers temps. Du ministre de l’économie jusqu’au président de la République, tout le monde jure que « rien ne sera plus comme avant ». Vraiment ? Ce discours, nous l’avons déjà entendu après le Grenelle de l’environnement (2007) où l’on nous promettait d’entrer dans le monde d’après ; après la crise financière de 2008 où on allait domestiquer le capitalisme… Aujourd’hui ces refondations radicales annoncées ne sautent pas aux yeux. En tant qu’association de protection de la nature nous observons plutôt que la mégamachine à détruire au nom du profit a continué à fonctionner de plus belle. Les réglementations protectrices de l’environnement sont plutôt détricotées que renforcées, le GCO n’est pas vraiment un exemple de rupture avec le monde d’avant, l’agriculture industrielle est de plus en plus aux mains du capital mondialisé, la fuite en avant technologique se poursuit avec la 5G…
Pour Alsace Nature, une véritable refondation n’est imaginable qu’à au moins trois conditions :
- Une redéfinition collective de ce que sont les biens communs, c’est-à-dire indispensables, et la mise en place d’une gestion réellement commune de ces biens.
- Un rééquilibrage des rapports de force entre les acteurs. L’accaparement de tous les leviers de commande par une oligarchie (publique et privée) n’est pas compatible avec une gestion juste des biens communs.
- Une refonte radicale des processus de décision au niveau international, européen et local, y compris dans le domaine économique. Aujourd’hui, la plupart des grandes orientations techniques sont décidées en petit cercle et leur opportunité n’est jamais soumise à débat public en préalable.
Il n’y aura pas de refondation crédible tant que les mêmes types d’acteurs fonctionneront avec les mêmes priorités et les mêmes outils de pilotage ! Cela vaut au niveau national et au-delà, comme au niveau local.
Quelques pistes concrètes
Alsace Nature propose de mener collectivement un inventaire de la refondation, en deux temps.
Une première phase de réflexion collective au cours de laquelle Alsace Nature va mobiliser ses adhérents et les citoyens intéressés pour leur permettre d’exprimer leur point du vue sur les quelques thèmes qui nous paraissent cruciaux en fonction de notre objet statutaire.
Je souhaite exprimer mon point de vue !
Pour ce faire, remplissez le formulaire ci-dessous en cochant les thématique sur lesquelles vous souhaitez vous exprimer, indiquez votre mail, cochez « je ne suis pas un robot » et cliquez sur le bouton « envoyer ».
Vous recevrez en fonction de la ou des thématiques choisies, un ou plusieurs mails dans lesquel vous trouverez le lien du document partagé (PAD) ainsi que le mot de passe pour y accéder.
Dans une seconde phase, Alsace Nature propose la mise en place d’instances de concertation thématiques à l’échelle de l’Alsace. Cette concertation pourrait prendre la forme d’une Conférence permanente de la transition écologique, dont les Départements, dans la perspective de la Collectivité européenne d’Alsace, pourraient se saisir. Cette Conférence pourrait passer les politiques publiques et aides économiques au crible des nouveaux enjeux afin de mettre en place les modalités d’une refondation écologique avec les acteurs concernés.
Dans cette perspective, Alsace Nature remettra des propositions détaillées aux instances publiques dans les prochaines semaines.
Bonjour, malgré tout l intérêt porté à votre démarche, je ne trouve nul part le thème de l économie sociale et solidaire, qui si elle n est pas soulevée ne permettra aucun changement. Imaginons un revenu universel permettant a chacun de se nourrir et vivre décemment. A partir de la, les préoccupations de son environnement pourront être soulevées. Avant ça et malgré toute mes envies et rêves pour mes enfants, mes actions seront d abord de les nourrir de leur fournir un toit pour dormir et de leur permettre de s épanouir dans ce monde où tout est pollué.
Bonjour,
merci pour vos observations. Nous sommes d’accord sur la nécessité d’élargir à la thématique économique (solidaire). Comme ce n’est pas la compétence première d’Alsace Nature, nous sommes en train de travailler à une plateforme plus large intégrant des acteurs de cette thématique (ainsi que de l’éducation populaire). Plus d’informations bientôt.
excellente initiative !
Difficile pourtant de choisir entre les 5 thèmes proposés ,tant leur imbrication est évidente pour imaginer le changement indispensable et urgent face au délitement (effondrement) de notre civilisation ,de notre monde.
On peut cocher plusieurs choix, Yann 😉
Restons optimistes, les effets délétères de la mondialisation ne sont pas une fatalité, ce sont des choix politiques. La PAC favorise un modèle agricole toxique (emploi massif de fertilisants et pesticides) qui polluent l’air et l’eau, nous rendent malades… Un rapport sénatorial avait pourtant alerté en 2015 sur l’effet cocktail de toutes ces pollutions cumulées. L’élevage concentrationnaire : des animaux bourrés d’antibiotiques, gavés d’OGM ; c’est cela aussi la mal bouffe – avec quelles conséquences ? C’est dans les urnes qu’il faudra exprimer des choix clairs en faveur d’une politique « soutenable » et responsable.
Bonjour. Ce message juste pour exprimer mon souhait que la question de l education et sensibilisation au monde du vivant et de notre impact soit travaillée . Et ce vers toutes les populations toutes générations confondues. Car sans doute le 1er objectif que nous devrions poursuivre c est de gagner plus de monde. Pour un changement de modes de vie que nous imposerons aux decisionnaires.Nous restons une petite minorité à avoir pris conscience et à agir.
En tous cas merci de l initiative.
respectons la nature dans toutes ses formes au lieu de la détruire, sans elle pas d’avenir…
bonjour , il pourrait y avoir une thématique liée à l’éducation englobant la gouvernance , la citoyenneté , l’intelligence collective a moins que ces items ne soient des propositions au sein des thèmes proposés
La meilleure option et la plus efficace : limitation de la natalité !
Définir et lister les biens communs, hiérarchiser les métiers en fonction de leur utilité sociale, médiatiser toutes ces réflexions pour faire réfléchir le plus grand nombre et ne pas le laisser démuni face à la propagande des milieux économiques, enfin et surtout, AGIR!!
Très bien, cette initiative. C’est maintenant ou jamais ! Mais évidemment elle demande du temps. Ce fameux long terme !
Je pense qu’il serait, du coup, important de signifier tout de suite que « nous mettons le pied dans la porte » par rapport à ce « monde d’après » pour que le motif n’en soit pas détourné par les acteurs fébriles du système actuel !
Je suis bien d’accord avec Flory Yann pour la thématique de l’Econonmie sociale et solifaire.
Il s’agissait de Fischer Arnaud !
Il faudrait poursuivre avec ‘autres milieux associatifs. à commencer par les associations fédérées.
Les préoccupations sociales sont indissociables de la problématique environnementale si nous voulons embarquer et convaincre le plus de monde possible.
La démarche d’Alsace Nature me paraît opportune et indispensable. La force et le sérieux des propositions co-construites doivent interpeller localement.
Il s’agirait également de s’interroger sur quelle organisation économique et sociale s’appuyer pour organiser cette nécessaire mutation. Quels sont les biens et services nécessaires, comment arrêter de produire le superflus, qu’est-ce qu’il faudra abandonner pour arriver à une neutralité de nos émissions de Co2, comment répartir l’effort nécessaire entre les plus nantis et les moins pourvus…Je rejoins l’avis de Fischer Arnaud sur l’utilité d’avoir un thème sur ces questions
La réflexion de Monsieur Fischer Arnaud est essentielle, et on en parle que très rarement. Rien ne sera possible sans tenir compte des personnes qui souffrent déjà et souffriront encore davantage si nous optons pour une transition écologique.
Les erratiques vont-ils sauver la planète?
La terre est à celui qui la cultive, travailler la terre n’est pas une exploitation mais une communion. La Convention 1789.
Aviez-vous vu le film ou lu le livre de Naomi Klein « la stratégie du choc, vers un capitalisme du désastre » ? A lire/relire, à voir/revoir dans la crise que nous traversons, après l’état de choc dans lequel nous étions ces dernières semaines.
Les choix politiques qui sont faits après une crise dépendent des idées qui trainent dans l’air. C’est ce que Naomi Klein démontre très bien.
Alors maintenant, comment faire en sorte que ces « idées qui trainent dans l’air » ne soient plus centrées sur l’ultralibéralisme qui sévit sur la planète depuis 50 ans, mais sur le développement de l’Économie Sociale et Solidaire et des structures qui font la part belle à la coopération (SCIC, SCOP), sur la protection de l’environnement et en particulier la biodiversité dans tous les domaines du vivant, et sur la réduction des inégalités sociales qui – c’est encore plus criant depuis 2 mois – se répercutent lourdement sur la santé.
De quelle société voulons-nous ?
On parle de plus en plus de « GREEN NEW DEAL » : une voie prometteuse ?
En attendant d’y voir plus clair, ces 3 vidéos vous intéresseront peut être, vous aussi :
– l’appel de Vincent Lindon : https://www.youtube.com/watch?v=EdZBZUN2t-4&feature=youtu.be
– celui de Naomi Klein : https://www.youtube.com/watch?v=2k-5pCClt0o
– et une analyse de la situation mondiale au niveau de l’agriculture et de l’alimentation : https://www.youtube.com/watch?v=1uUAtUu3RCI
Bons visionnages.
Merci à Alsace Nature d’offrir la possibilité de ces échanges.
je soutiens l’ensemble de la dé
marche
Beaucoup de citoyens sont conscients qu’il est nécessaire de changer et beaucoup s’engagent. Mais il faut une volonté politique pour soutenir par exemple le passage à une agriculture respectueuse de l’environnement. C’est le contraire qui se passe !
La haute finance ne veut pas s’occuper d’écologie. Ils sont jusqu’au cou et plus dans leur système de performance déconnecté du réel. malheureusement l’école formate dans cette direction. Voir le film Alphabet pour ceux qui comprennent l’allemand.
difficile de choisir tant chaque thème est important et m’intéresse. Je suis impliqué au Conseil de développement du Petr PRVGB et référent de la commission mobilité, membre de Collectifs citoyens actif dans le développement des pistes cyclables et organisatrices de Vélorution. Impliqué également dans le Collectif d’associations du Conseil départemental toujours dans le cadre de la mobilité. Raisons du choix ci-dessus. Mais quid de la réfection du barrage de la Lauch, du recensement des sources de la vallée du Florival, de l’incitation (par les élus) à l’installation de maraîchers et de producteurs locaux (bio), protection des zones humides et agricoles (voir l’extension de la ZA Issenheim/Soultz/guebwiller etc