[découverte de la semaine] L’Alyte accoucheur (Alytes obstetricans) ou crapaud accoucheur

[découverte de la semaine] L’Alyte accoucheur (Alytes obstetricans) ou crapaud accoucheur

 

L’Alyte accoucheur est assez petit : il mesure environ 5 centimètre de long ! Son dos est tacheté de brun et de noir alors que son ventre est gris parsemé de blanc crème. Il possède un museau pointu et de gros yeux aux iris dorés percés de pupilles verticales.

L’Alyte accoucheur vit à proximité des points d’eau calme : flaques, mares, étangs ou encore rivières à très faible débit (et sans poissons car ceux-ci mangeraient ses têtards). On retrouve cette espèce à toutes les altitudes dans l’ensemble des régions de France métropolitaine.

Les adultes passent le plus clair de leur temps à l’affût dans un trou, sous des cailloux ou dans le tunnel qu’ils auront construit grâce à leurs puissantes pattes avant. Les pattes de ce crapaud sont courtes mais larges et sans palmures ce qui lui permet de creuser des galeries sans grande difficulté dans les sols meubles.

L’Alyte accoucheur évite la mauvaise saison en hibernant dans son terrier entre le mois d’octobre et le mois de mars. Pendant sa période d’activité, et lorsque les conditions sont propices (les jours de pluie ou la nuit), il part à la chasse ! Son repas peut se composer d’insectes, de petits invertébrés, de limaces ou d’araignées mais aussi parfois de têtards.

En montagne la période de reproduction commence fin juin – début juillet alors qu’en plaine, elle s’étend de la fin de l’hibernation, au mois de mars, jusqu’au mois d’août. Les mâles sont territoriaux et attirent les femelles avec leurs cris caractéristiques comparables à une note de flûte à bec !

La femelle peut pondre plus de cinquante œufs enveloppés d’une gangue externe. Le nom de « crapaud accoucheur » vient du fait que le mâle participe à l’accouchement en stimulant la femelle par la friction du cloaque : un orifice unique pour les excrétions (fèces, urine) et la reproduction. Une fois les œufs récupérés par le mâle, celui-ci va les féconder et les placer entre ses pattes arrière. Un mâle peut ainsi porter jusqu’à 3 pontes de femelles différentes !

Un autre trait caractéristique de cette espèce est que les œufs se développent hors de l’eau. Le père est particulièrement attentionné, il protège ses œufs de la déshydratation en les gardant dans son terrier en journée et les humidifie quotidiennement. Après 3 à 8 semaines de développement, les œufs sont prêts à éclore, l’adulte les place dans un point d’eau calme où les têtards pourrons sortir et trouver de quoi se nourrir : des algues et du biofilm (couche de micro-organismes recouvrant les cailloux dans l’eau).

La durée du stade larvaire varie fortement en fonction de l’altitude : en plaine, la métamorphose en petit crapelet se fait au début du printemps, environ 6 mois après l’éclosion. Pour les individus vivant en altitude (au-delà de 2000 mètres), cette transformation n’a lieu que 7 ou 8 ans après l’éclosion !! Il n’est pas étonnant de constater que les têtards de cette espèce sont les plus gros retrouvés en altitude au vu de cette période de développement extrêmement longue.

En montagne, une conséquence de la latence importante avant la métamorphose des larves est que les modifications du milieu (assèchement, pollution de l’eau ou introduction de prédateurs) influencent fortement la survie des têtards. De plus, les Alytes ne sont pas nombreux en altitude avec généralement moins de 10 mâles par population.

Cela explique que l’Alyte accoucheur est une espèce protégée en France, il y a donc une gestion piscicole adaptée dans les zones où elle est présente ainsi que des opérations de renaturation des milieux propices à son développement.

Depuis quelques années, un champignon pathogène du genre Batrachochytrium fait des ravages chez les amphibiens. Ce mycète perturbe la métamorphose des têtards de beaucoup d’espèces et occasionne de lourdes pertes chez l’Alyte (jusqu’à 80% des individus à certains endroits). L’apparition de ce champignon dans les régions où vit le crapaud accoucheur pourrait être liée au réchauffement climatique. Cela pourrait compromettre la survie de l’espèce, particulièrement en montagne (le pathogène est moins agressif en plaine). Comme tout être vivant, l’Alyte accoucheur souffre également de la fragmentation et de la destruction de ses habitats.

En plaine, les individus de cette espèce ont une espérance de vie faible avec une espérance de vie généralement comprise entre 5 et 10 ans. En altitude, leur rythme de vie est très lent : seulement 4 mois de vie active par an au-delà de 2300m. Cette vie « au ralentit » permet néanmoins aux individus vivant en montagne d’atteindre un âge considérable, certains tiennent jusqu’à 30 ans ! Mais l’espérance de vie moyenne des crapauds en altitude tourne plutôt autour des 15 – 16 ans.

 

Photo :

http://www.naturephoto-cz.com/common-midwife-toad-photo-14469.html  © Jiri Bohdal

 

https://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/197

http://www.pyrenees-parcnational.fr/fr/des-connaissances/le-patrimoine-naturel/faune/crapaud-accoucheur

https://www.myrmecofourmis.fr/Le-crapaud-accoucheur-Alytes-obstetricans

https://www.pratique.fr/crapaud-crapauds.html

https://www.ville-bourges.fr/site/environnement_crapaud-accoucheur-

https://fr.wikipedia.org/wiki/Alyte_accoucheur