vendredi 3 Juin 2016 | Agriculture et Alimentation, Communiqués de presse, Eau et zones humides, Nature, Presse
Comment les coulées de boues pourraient être évitées !
Suite à de gros orages localisés ces derniers jours, un ensemble de phénomènes additionnés les uns aux autres a engendré des dégâts importants. Ces fortes pluies sont arrivées à une des époques les plus délicates de l’année : après une période pluvieuse, pendant laquelle les sols sont déjà gorgés d’eau, les précipitations ne pouvant pénétrer en profondeur et s’écoulant ainsi au plus court. Un temps aussi où les parcelles agricoles, cultivées en betteraves ou en maïs, ont un taux de couverture du sol très faible. De fait, elles ne retiennent pas l’eau et ajoutent les coulées boueuses aux inondations.
Si personne n’est directement responsable de ces épisodes pluvieux, certaines pratiques contribuent à en aggraver considérablement les conséquences :
- les pratiques agricoles : appauvrissement du sol en matières organiques, favorisant ainsi l’érosion ; augmentation de la taille des parcelles monoculturales ; suppression de taillis et de haies sur les pentes,
- une urbanisation qui s’est faite dans l’ignorance du fonctionnement des écosystèmes, en particulier dans ou à proximité des zones humides,
- des réseaux d’assainissement non séparatifs, qui oblige l’eau de pluie à suivre le même cheminement que l’eau domestique, produisant une saturation et un débordement des réseaux et des stations d’épuration.
Des mesures simples, peu coûteuses et efficaces peuvent être mises en place pour limiter les coulées de boue, en faisant appel au « bon sens paysan ».
En amont, pour éviter le départ des coulées boueuses :
- reconstituer des sols plus riches en matières organiques et développer les cultures sans labours,
- maintenir et reconstituer des prairies, mettre en œuvre des assolements concertés dans les zones à risques en panachant cultures d’hiver et cultures de printemps,
- développer l’agroforesterie (arbres dans les champs) pour réduire le lessivage et améliorer la structure du sol,
- maintenir les zones humides.
En aval, pour tenter de réduire les risques :
- reconstituer des réseaux de haies vivantes, beaucoup plus efficaces que les fascines,
- découvrir les ruisseaux là où ils ont été busés (canalisés sous terre) et sous calibrés,
- maintenir les fossés enherbés et les entretenir de façon légère, éviter leur comblement, causes majeures de l’aggravation de ces phénomènes,
- penser les remembrements à l’aune de ces événements, en ne créant plus de grandes zones de culture en forte pente et en conservant les petites parcelles avec leurs réseaux de haies.
Il s’agit là de mesures réclamées par certaines communes mais souvent repoussées par les organisations agricoles. Il est temps que l’intérêt général l’emporte, mais il faut pour cela une réelle volonté politique ! L’humain ne maîtrise pas totalement la nature, il ne fait pas (encore) la pluie et le beau temps : la météo lui résiste toujours, et c’est heureux ! Mais les choix d’aménagement sont de notre compétence.
Avec le changement climatique, il est très probable que des épisodes pluvieux de ce genre se multiplient à l’avenir, voire s’intensifient. Il est de la responsabilité des pouvoirs publics, mais aussi du monde agricole, de prendre la mesure des ces évolutions et de les prendre en compte de manière sérieuse dans les futurs projets d’aménagement fonciers (remembrements) et documents d’urbanisme. Alsace Nature continuera à le rappeler systématiquement et avec encore plus de force !
Daniel Reininger,
Président d’Alsace Nature
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samedi 23 Avr 2016 | Communiqués de presse
L’assemblée générale annuelle d’Alsace Nature s’est tenue ce samedi 23 avril, exceptionnellement à huis clos.
Lors de l’assemblé générale de 2015, à l’issue d’une réflexion stratégique menée pendant plusieurs mois, Alsace Nature avait adopté le principe de changements statutaires,. Notre constat était le suivant : après 50 ans d’existence, la vie de notre association, les dossiers que nous gérons, les problématiques sur lesquelles nous nous exprimons sont de plus en plus complexes. Cela conduit à une forme d’engorgement dans l’action. Par ailleurs, la réforme des collectivités territoriales se devait d’être prise en compte dans cette nouvelle démarche.
Fidèles au mandat donné par nos 2000 adhérents et notre centaine d’associations fédérées, les administrateurs de notre fédération ont imaginé les contours de la nouvelle organisation d’Alsace Nature. Lors de l’assemblée générale de 2016, ce samedi 23 avril, l’association a entériné sereinement ces nouveaux statuts.
Cette refonte statutaire prévoit plusieurs grandes évolutions :
- les 20 groupes locaux, correspondant aux territoires des communautés de communes alsaciennes, et l’échelon régional d’Alsace Nature sont renforcés, les réseaux thématiques et les associations fédérées sont intégrés dans ces deux échelons organisationnels.
- Les sections départementales sont juridiquement supprimées. L’échelon départemental restant pertinent dans notre action, nous substituons à ces sections des Coordinations départementales qui assureront la synergie.
- Le Comité directeur régional devient un Conseil d’administration, composé de 30 membres (10 issus des membres individuels, 10 des membres associatifs et 10 représentants des groupes locaux).
L’assemblée générale a également voté une motion autorisant Alsace Nature a devenir membre fondateur de la coordination Grand Est des associations de protection de la nature, qui rassemblera, entre autres, les trois fédérations (Alsace Nature, Lorraine Nature Environnement et Champagne – Ardennes Nature Environnement) représentant FNE (France Nature Environnement) sur le territoire. Objectif de cette coordination : devenir l’interlocuteur privilégié des institutions dans la région Grand Est.
vendredi 22 Avr 2016 | Agriculture et Alimentation, Agriculture et nature vivante, Alsace, Communiqués de presse
Face à la dangerosité et au vide juridique concernant les pesticides, les pouvoirs publics français ont fait un premier pas dans l’élaboration d’une réglementation : l’arrêté préfectoral du 30 mars 2016 pris dans le Haut-Rhin réglemente les épandages de produits phytopharmaceutiques sur les cultures de vignes et arboricoles à proximité des établissements accueillant des enfants et des personnes vulnérables. Un arrêté similaire est imminent dans le Bas-Rhin. Alsace Nature salue cette remarquable prise de conscience du danger des pesticides.
Néanmoins, l’association a écrit au Préfet du Bas-Rhin pour souligner l’insuffisance de l’arrêté pris dans le Haut-Rhin, pour les raisons suivantes :
• les personnes vulnérables sont partout, et pas seulement dans les écoles : femmes enceintes ou susceptibles de l’être, personnes vulnérables par leur génétique ou des antécédents médicaux, fœtus…
• Arrêter les épandages une heure avant l’école ne suffit pas, vu que les produits sont volatiles, et qu’il est même déconseillé de rentrer dans une zone traitée avant 6 à 48 heures.
• Les distances d’interdiction sont inefficaces, vu le transport à distance et la redéposition des pesticides.
• La vigne et les arbres fruitiers sont particulièrement traités, mais d’autres cultures reçoivent elles aussi des doses importantes de pesticides, comme les betteraves ou les pommes de terre.
• Certaines molécules dangereuses pour l’environnement ont été exclues de l’arrêté, sans explication aucune.
Nos enfants doivent pouvoir jouer dans l’herbe des jardins sans être contaminés par les pesticides des voisins !
Alsace Nature demande à tous les acteurs de se mettre autour d’une table pour mettre en place des ceintures non traitées ou en agriculture biologique autour des villages [1]. C’est tout aussi important que de protéger les captages d’eau potable. Pour les agriculteurs et les particuliers, le message est le même : les traitements par les pesticides ne sont pas banaux !
Les pesticides utilisés couramment en agriculture, mais aussi dans les communes, les jardins et même à l’intérieur des maisons, ont des effets inquiétants sur la santé. Ces impacts sont clairement démontrés au niveau des cellules du corps. Ces produits touchent les systèmes sanguins et immunitaires, le cerveau, la régulation métabolique (diabète) et hormonale, le contrôle de la prolifération cellulaire (cancers)[2]. L’effet sur la santé peut devenir visible 30 ans après l’exposition !
L’impact des pesticides sur la santé ressemble donc à une loterie. Nous ne savons pas qui parmi nous sera malade, qui est génétiquement fragile et nous ne connaissons pas l’interaction des cocktails de molécules qui nous impactent dès la vie fœtale.
[1] C’est une des recommandations du rapport de Dominique Potier : Pesticides et agro-écologie. Les champs du possible page 161 – http://agriculture.gouv.fr/ministere/pesticides-et-agro-ecologie-les-champs-du-possible
[2] Expertise collective de l’INSERM, 2013
lundi 7 Mar 2016 | Aménagement du territoire, Communiqués de presse, Transports
Il y a un mois, l’Etat donnait à Vinci les clés de 300 hectares de terres agricoles dans le Kochersberg pour construire et exploiter pendant 54 ans une autoroute inutile. Dans ce contrat de concession, publié au Journal officiel et mis en ligne fin janvier 2016, ne figurait aucune information de nature a éclairer réellement les citoyens sur ce dossier. Péage, financement, emprises ou calendrier étaient renvoyés en annexes, inaccessibles sur internet.
Conformément à la mission qu’elle s’est donnée, Alsace Nature a fait une demande auprès de l’Etat pour se voir communiquées ces annexes. La fédération, qui rassemble 2000 adhérents directs et 130 associations, soit 35 000 personnes en Alsace, a pu constater, une fois les annexes reçues, que de larges pans en étaient « occultés pour les éléments couverts par le secret industriel et commercial », selon les mots du chef du département PPP Infrastructures et transports du ministère de l’Environnement.
Est-ce à dire que les citoyens ne doivent rien savoir des tripatouillages financiers entre Arcos, filiale de Vinci à laquelle l’Etat a accordé la concession, et Vinci Finance international, autre filiale de Vinci, financeur du groupe et basée en Belgique ? Est-ce à dire encore que les Alsaciens doivent ignorer que le fameux « tour de table financier », qui avait fait défaut au même géant du BTP en 2012, n’est toujours pas bouclé en 2016, alors que la concession est désormais accordée les yeux fermés par nos représentants ? Est-ce à dire enfin que les Bas-Rhinois vont rembourser, avec leurs péages, voire avec leurs impôts, plus de 600 millions d’euros injectés par les diverses filiales de Vinci, dont on ne sait d’où elles tirent l’argent, et ce pendant 54 ans, dans le seul but d’enrichir plus encore les actionnaires de cette multinationale ?
Oui, c’est ce que l’Etat souhaite ne pas ébruiter. En choisissant l’opacité de l’information pour le citoyen sur un marché public pourtant déjà attribué, l’Etat met le pouvoir aux mains d’entreprises privées dont l’objectif est l’affairisme et le profit et non pas l’intérêt collectif. Nous, associations qui nous battons pour la préservation de l’intégrité du territoire, pour sa résilience, à l’heure de la crise climatique, du pic pétrolier et de l’extinction massive des espèces sur la planète, nous dénonçons avec force l’opacité dont font preuve l’Etat et les élus locaux, complices de cette gabegie, en acceptant d’hypothéquer pour longtemps notre territoire au bénéfice d’une entreprise qui n’a, elle, aucun compte à rendre devant les citoyens.
Cette autoroute ne doit pas se faire. Nous ne laisserons pas l’Etat et les collectivités, désormais armés d’un bras destructeur, celui de Vinci, saccager la campagne strasbourgeoise sans réagir. Nous ne discuterons pas avec Vinci l’exécutant. Nous en appelons à un vrai débat public, à l’échelle de la nouvelle région, pour permettre aux citoyens de prendre la vraie mesure de l’impact environnemental de ce projet, qui s’inscrit à contre-courant de tous les engagements de la COP21 et qui n’a plus fait l’objet de la moindre consultation publique depuis 10 ans.
Inauguration de la cabane anti-GCO #6 à Stutzheim-Offenheim, samedi 12 mars 2016 à 10h30.
mardi 1 Mar 2016 | Aménagement du territoire, Communiqués de presse, Energies Climat, Nature, Presse, Transports
GCO : la défense de l’intérêt privé prime sur l’intérêt public
Après deux ans de travail souterrain, sans aucune communication, ni sur le cahier des charges de cette autoroute à péage ni sur les conditions d’attribution de la concession au géant du BTP Vinci, l’Etat donne les clés de cet ouvrage destructeur et inutile à une multinationale dont le seul objet est de faire fructifier son investissement de 700 millions d’euros, et ce, pour 54 ans.
FNE et Alsace Nature ainsi que leurs associations fédérées regrettent amèrement le choix des pouvoirs publics de persévérer dans la mauvaise voie. Ces derniers préfèrent une vieille vision du tout routier plutôt que de développer les alternatives à la voiture individuelle pour les déplacements domicile/travail autour de Strasbourg. Au lieu de créer une voie dédiée sur l’A351 pour le Transport en Site Propre de l’Ouest strasbourgeois ou encore de sortir des cartons les projets d’extension de tramway vers l’ouest et le nord de la ville, les pouvoirs publics se fourrent dans une impasse en créant une nouvelle autoroute, en supprimant l’écotaxe…
Pourtant, les solutions à la pollution atmosphérique, au sacrifice de 300 hectares de terres agricoles, à la destruction de la biodiversité, au cauchemar des automobilistes coincés dans les bouchons aux heures de pointe, existent. Nous les avons maintes fois développées, avec, à nos côtés, des associations d’usagers des transports collectifs, des agriculteurs, des élus et des riverains des vingt communes impactées.
Malgré de multiples appels au débat public et ces propositions concrètes, les pouvoirs publics ont choisi l’autisme et l’affairisme. Adieu cohérence politique. Ici, ils ont pris fait et cause pour le lobby du BTP, au détriment des citoyens.
Une démocratie du « cause toujours… »
Face à ce mépris, nous ne baisserons pas les bras. Lors de l’ouverture de la troisième conférence environnementale (en 2014) et au lendemain de la mort du jeune Rémi Fraisse sur le site de Sivens, le chef de l’Etat avait assuré que le débat public « est la seule manière de garantir dans la transparence et la responsabilité, aussi bien la préservation de la nature que les poursuites de nos projets de développement économique ». Il donnait six mois alors au gouvernement pour dresser les conditions de ce renouveau du dialogue démocratique tout en simplifiant les procédures.
Ces « simplifications »désormais menées ne désignent en réalité qu’une vaste dérèglementation qui bafoue les mesures de protection de la nature, les droits sociaux et les procédures démocratiques chèrement acquis. Pas dupes, les citoyens attendent toujours le débat démocratique qui aurait dû être le préambule à tout changement.
Le choix fait aujourd’hui, sur ce projet vieux de plus de 40 ans qui fait l’objet d’une vive contestation, va à l’encontre des belles paroles de François Hollande. Imposer ainsi la violence d’Etat et le mépris du citoyen à la place de la démocratie n’est pas selon nous la meilleure des solutions.
Pour Denez L’Hostis, président de FNE « Alors que tous les acteurs régionaux de la société civile ont réussi à animer un véritable débat démocratique expliquant l’inutilité totale du projet de GCO, les responsables politiques continuent à promouvoir les projets routiers des années 1960. Quand donc des solutions adaptées au 21ème siècle, dans la droite ligne de la COP 21, donnant plus de place aux transports collectifs seront elles enfin mises en place ? »
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jeudi 21 Jan 2016 | Communiqués de presse, Nature, Presse
Des lynx qui tournent en rond dans un minuscule enclos bétonné, des dizaines d’oiseaux exotiques enfermés dans des cages très petites, dont certaines en verre, des rapaces captifs dans des espaces qui leur permettent à peine de déployer leurs ailes, des primates exposés dans un enclos sans arbres ni herbe, des mouflons évoluant sur un sol bétonné : voici le tableau qu’offre aujourd’hui encore le zoo de l’Orangerie à Strasbourg, pour ne citer que ces quelques espèces. Les conditions dans lesquelles vivent ces animaux sauvages contreviennent de manière évidente à leurs besoins physiologiques élémentaires et ne leur permettent d’exprimer aucun de leurs comportements naturels de base, tels que courir, voler ou s’isoler.
Aussi les associations signataires de ce manifeste apprécient-elles particulièrement la volonté de la municipalité de reconsidérer le zoo de l’Orangerie au niveau du concept même et des aménagements à faire, et se réjouissent de la démarche de concertation qui est engagée, car ce zoo ne correspond plus aux connaissances et aux attentes modernes. Les enclos sont beaucoup trop petits, inappropriés, l’apport éducatif largement insuffisant et dépassé.
Aujourd’hui, pour que ces animaux ne soient plus les victimes de l’impasse dans laquelle la direction du zoo continue de les maintenir, les associations signataires demandent de manière conjointe et solidaire la fermeture du zoo et le replacement des animaux dans des sanctuaires, tels que ceux que les associations ont d’ores et déjà proposés.
Ces mêmes associations craignent que l’association des Amis du Zoo, présidée par un ancien marchand de singes, ne soit pas favorable à une évolution nécessaire et crédible de ce zoo. Pourtant, tous les partis se sont accordés sur le fait que la structure était vétuste et inadaptée. Le bien-être des animaux devrait être la priorité.
Soyons partisans d’un concept dépoussiéré et innovant de notre relation au vivant afin d’aider la jeune génération à relever les défis qui l’attendent et à faire face aux responsabilités qui lui incombent.
Les Présidents de
Alsace Nature, la LPO Alsace, le GEPMA, Code Animal, Animalsace