lundi 26 Avr 2021 | Communiqués de presse, Eau et zones humides, Energies Climat, Presse
Menace pour la nappe phréatique
En 1997, le Préfet du Haut-Rhin avait rejeté par arrêté préfectoral l’autorisation d’exploiter une porcherie à Munchhouse sur le site du projet actuel de méthaniseur porté par la société Kaligaz, en considérant la sensibilité et la vulnérabilité de la nappe phréatique, notamment à cause de sols particulièrement perméables. Depuis, les sols n’ont pas changé, le projet de méthanisation menace à nouveau la qualité de l’eau destinée aux consommateurs locaux.
Entre temps, la Directive Cadre Européenne sur l’Eau (DCE) a institué un principe de non dégradation, ce qui veut dire que l’Etat ne peut autoriser de nouvelles activités susceptibles de dégrader la qualité de l’eau. Comme nous le savons la nappe phréatique alsacienne est déjà lourdement impactée par les nitrates et les pesticides (mais aussi les pollutions industrielles), elle est classée zone vulnérable aux nitrates et a pour objectif dans le nouveau Schéma Directeur d’aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE Rhin) d’atteindre le bon état chimique en 2027 (de l’eau potable sans traitements). Rappelons également que l’eau est un bien commun et sa protection d’intérêt général.
Ce projet est aujourd’hui très controversé et le syndicat intercommunal d’adduction d’eau potable y est unanimement opposé.
Procédures administratives contournées
Afin de pouvoir aboutir, ce projet nécessite 2 procédures administratives : un permis de construire (PC) et une déclaration de l’installation qui suivant son classement sera soit soumise à déclaration uniquement (D), à enregistrement (E) ou à autorisation (A).
Pour le permis de construire, dans le PLUI soumis à approbation le terrain est inconstructible et il est nécessaire de réaliser une procédure de modification du PLUI pour l’inscription de la zone agricole en terrain constructible. La commune ne peut donc pas délivrer de PC, seul le préfet pourrait délivrer ce dernier sur la base du Règlement national d’urbanisme ( RNU)… mais cela constituerait une façon contestable de contourner la consultation du public et la possibilité d’expression de l’opposition locale !
Concernant la procédure de classement de l’installation, du fait du dimensionnement du projet tel que présenté à l’administration, la catégorie de l’exploitation nécessitera une simple déclaration et non une autorisation. Cela signifie que la règle de base est alors l’autocontrôle par l’exploitant de l’installation. Pourtant le pétitionnaire a déjà clairement dit qu’il comptait très vite passer dans une catégorie supérieure qui serait elle soumise à enregistrement ou à autorisation si le projet déclaré aujourd’hui recouvrait cette taille future. Or le passage d’une installation déjà existante en une catégorie supérieure ne présente pas les mêmes contraintes environnementales. C’est donc un moyen inacceptable destiné à minimiser la prise en compte des enjeux environnementaux !
Par ailleurs, nous sommes très surpris de constater que la responsabilité financière de la société se limite à 10.000 €. Avec un tel capital, la société serait dans l’impossibilité de financer les conséquences d’une pollution importante en cas d’accident.
Dossier d’impact incomplet
et avec de sérieuses menaces environnementales
Le dossier est largement incomplet et contient beaucoup d’imprécisions, tant sur le site d’installation que sur l’épandage.
Les fosses prévues sont des fosses semi enterrées, sans double cuves et avec un stockage des digestats à l’air libre. Qu’en sera t´il en cas de fuite ? Et quid du traitement des eaux usées pluviales et des lixiviats ?
Ce dossier reste sur des généralités sans mesures d’impacts. Une étude préalable d’épandage doit pourtant préciser l’innocuité des digestats notamment en prévoyant les caractéristiques des digestats à épandre. Les épandages sur les sols caillouteux tel qu’on les rencontre dans la HARDT ne sont pas comparables avec des épandages dans le Sundgau sur des sols limoneux. Les risques et impacts sur l’eau sont incomparables (dans un cas la nappe et dans l’autre les cours d’eau). Or l’analyse obligatoire des sols a été faite seulement sur 10 des 45 parcelles ! De plus, sur certaines parcelles des plans d’épandage différents se superposent et aucune donnée sur l’impact global n’est présentée.
Le plan d’épandage présenté par le porteur de projet concerne des communes très éloignées et certaines parcelles y figurent alors que exploitants et propriétaires ne sont pas au courant. Toutes les parcelles sont en zones vulnérables Nitrates et certaines parcelles sont situées à l’intérieur de périmètres de protection du captage d’eau. En cas de contamination et par conséquent de non atteinte des objectifs de la Directive Eau Potable, le projet risque de créer un nouveau contentieux européen pour la France.
Le bilan carbone en question
Aucune étude d’impacts des transports ni pour les intrants ni pour les digestats n’a été faite. Or ces derniers vont circuler sur de grandes distances. Quel est le solde positif de production d’énergie après avoir déduit toutes les consommations nécessaires au fonctionnement ? et quel en sera le bilan carbone ? Étant donné que l’installation est sans lien direct avec une exploitation agricole périphérique, sa place ne serait-elle pas dans une zone industrielle (usine à gaz…) et une localisation qui minimiserait les trajets ?
Plus globalement, Il existe une forte sensibilité environnementale des zones géographiques susceptibles d’être affectées par ce projet, une évaluation d’impact environnemental est donc nécessaire sur l’ensemble des zones concernées.
Alsace Nature est favorable aux énergies alternatives et renouvelables, mais pas n’importe comment et n’importe où ! En l’état actuel, ce projet est inacceptable. Il comporte de nombreuses lacunes et approximations avec des risques de pollution et une surconsommation d’énergie. Dans un contexte de transition écologique et de reconquête de la qualité de l’eau, il convient donc de s’assurer que ce projet ne se fasse pas au détriment de la qualité d’eau, de la biodiversité, et que les circuits d’approvisionnement et de transport ne compromettent pas les efforts de réduction de l’empreinte carbone.
mardi 16 Mar 2021 | Groupes Locaux, Nature, Presse, Réseaux Thématiques, Revue de presse
Un loup a été observé, la semaine dernière, dans le Kochersberg, jusqu’à une douzaine de kilomètres de Strasbourg. Selon les informations diffusées dans la presse régionale, il aurait vu plusieurs fois près des villages de Saessolsheim, Berstett et Ingenheim, de part et d’autre de la ligne du TGV .
Ce loup est probablement un jeune loup qui, après avoir quitté sa meute, est maintenant « en recherche d’un territoire et d’une partenaire« . Pendant cette période, il est susceptible de « parcourir une grande distance ».
Que faire si vous tombez nez-à-nez avec l’animal ?
Actu Strasbourg a posé la question à Stéphane Giraud, directeur de la fédération d’associations Alsace Nature.
Le laisser tranquille
Si jamais vous croisez le loup, il faut « en profiter pour l’observer de loin et lui foutre la paix la plus totale », explique Stéphane Giraud. « On a vu trop de gens lui courir après pour essayer de faire la plus belle photo ou vidéo à publier sur Facebook », insiste-t-il.
Se faire discret et ne pas perturber l’animal
« Plus on se fait discret, plus on favorise une cohabitation sereine avec l’animal », « Il faut le laisser faire sa vie tranquillement » résume Stéphane Giraud.
Le fait de s’approcher « perturbe l’animal, dans tout ce qui constitue sa vie biologique« .
Stéphane Giraud utilise le parallèle suivant : « Une fouine qui squatte le grenier d’une maison perturbe notre vie quotidienne et les gens trouvent ça intolérable. A l’inverse, les gens ne trouvent pas intolérable le fait de s’approcher d’un chevreuil. Ayons cette réciprocité de distance et de cohabitation ».
Le loup n’est pas dangereux pour l’homme
Stéphane Giraud souligne par ailleurs que « le loup n’est pas dangereux pour l’homme ». « C’est un animal qui garde une distance extrêmement importante avec l’homme et qui ne présente aucun danger pour les gens qui font un jogging, se promènent à vélo ou font une promenade le dimanche » .
Voir l’article complet d’Actu Strasbourg : https://actu.fr/societe/le-loup-apercu-a-une-dizaine-de-kilometres-de-strasbourg-que-faire-si-vous-le-croisez_40229128.html
mercredi 24 Fév 2021 | Agriculture et nature vivante, Communiqués de presse, Presse
Les manifestations des agriculteurs devant les grandes enseignes de la distribution ciblent les négociations commerciales en cours. France Nature Environnement Grand Est (FNE Grand Est), de son côté, prend position et accuse les enseignes de conduire une guerre des prix irresponsable et cynique. En effet, la guerre des prix s’impose comme étant la première cause qui empêche chez les agriculteurs l’émergence de pratiques plus respectueuses du vivant. Même si les agriculteurs voulaient adopter de telles pratiques, c’est très difficile tant qu’ils ont le couteau sous la gorge. Les conséquences directes et indirectes de cette pression sur les prix sont l’immense détresse des animaux d’élevage, l’effondrement de la biodiversité, les tonnages de pesticides toxiques dans les campagnes, et la raréfaction des paysans eux-mêmes. C’est un massacre. Alsace Nature demande des prix justes et le respect du travail, mais pour des pratiques bienveillantes envers les animaux et réparatrices pour l’environnement.
La complicité politique avec la situation actuelle consiste à se satisfaire de l’idée que la guerre des prix serait bénéfique pour les personnes à faible revenu. Ainsi la guerre des prix remplace une politique volontariste et ambitieuse contre la pauvreté. Tout le monde devrait pouvoir se payer une alimentation saine et équilibrée, même avec 7 centimes de plus pour un œuf et 30 centimes de plus pour un litre de lait et le juste prix de fruits et de légumes biologiques de saison. Si ce n’est pas le cas le scandale ne se trouve pas du côté de prix honnêtes pour des producteurs qui créent de l’emploi, mais du côté des revenus insuffisants de nombreux ménages, et c’est là qu’il faut agir en priorité si on détient un pouvoir politique.
L’urgence est de limiter le dérèglement climatique au lieu de produire l’inutile et le gaspillage, de respecter les besoins des animaux au lieu de ne raisonner qu’en termes de performance, de reconquérir la biodiversité au lieu de l’anéantir, de sortir des pesticides au lieu de les défendre, et de créer des emplois. Faute de quoi, la guerre des prix devient un crime contre le vivant. La future Politique agricole commune (PAC), qui est en train de se préciser pour la période de 2023 à 2027, aura, elle aussi, une très lourde responsabilité. Tant qu’elle place en priorité la compétitivité, la modernisation et la digitalisation, les gains de productivité à la ferme seront une fois de plus absorbés par les investissements et par l’aval, qui en profite pour comprimer les prix. Ainsi, indirectement, pour quand même sauver des revenus agricoles, la PAC jette ses milliards dans le gouffre de la guerre des prix.
L’environnement, les animaux, la dignité du travail, sont sacrifiés. Il est temps de changer les règles du jeu.
Anne VONESCH – Responsable du réseau agriculture France Nature Environnement Grand Est
lundi 8 Fév 2021 | Communiqués de presse, Eau et zones humides, GL Ried Centre Alsace, Groupes Locaux, Nappe phréatique, Nature, Presse, Réseaux Thématiques, Rhin et Milieux alluviaux, Rieds
Alsace Nature, partage évidemment les préoccupations des agriculteurs alsaciens de la FDSEA 68 sur la gestion de l’eau exprimées dans l’article des Dernières Nouvelles d’Alsace du samedi 6 février : « Constituer des réserves d’eau pour ne pas en manquer l’été« ).
Le sujet fait généralement la une de l’actualité lors de situations d’excès ou de manque d’eau, alors que c’est bien toute l’année que nous devons porter une attention particulière à l’eau.
Il faut aussi rappeler que les crues sont un phénomène naturel et nécessaire au bon fonctionnement des cours d’eau et des zones humides. Elles font partie des services gratuits fournis par la nature.
De même, on ne peut pas parler d’eau sans lier quantité et qualité. La Directive Cadre Européenne sur l’Eau impose que la nappe phréatique d’Alsace soit déclarée en bon état qualitatif et quantitatif d’ici 2027 et que son eau soit potable sans traitement, et notre devoir nous impose de la transmettre ainsi à nos enfants et petits-enfants. Nous mesurons l’enjeu que cela représente dans un délai très court et c’est donc bien l’engagement de l’ensemble des acteurs du territoire qui sera nécessaire pour y parvenir.
Le Ried dont il est question, a toujours été un lieu important pour l’alimentation de la nappe phréatique d’Alsace et son système de rivières phréatiques participe de l’équilibre entre alimentation et drainage. Historiquement les prairies, devenues rares, jouaient un rôle majeur dans la rétention d’eau (en fonctionnant comme des éponges) et contribuaient à la filtration des eaux, nous fournissant ainsi gratuitement une eau potable.
Heureusement, comme le disent les agriculteurs, l’Alsace ne manque pas d’eau, et comme ils le proposent, il faut optimiser son utilisation.
Alors, oui favorisons l’alimentation de la nappe en période de crues par infiltration, mais partons d’un état des lieux objectif (quantitatif et qualitatif) pour proposer des actions d’adaptation et d’atténuation des effets du changement climatique et des pratiques agricoles. Mais méfions-nous des fausses bonnes solutions.
Si un entretien mesuré des rivières phréatiques est possible, augmenter leur capacité d’écoulement pour ressuyer plus vite les inondations, diminuerait d’autant les volumes infiltrés et augmenterait le drainage de la nappe phréatique. Ces cours d’eau très fragiles, souffrent aujourd’hui d’apport de sédiments fins provenant des eaux ruisselantes sur des sols nus, colmatant les fonds, nuisant ainsi à leur fonctionnalité écologique. Il convient donc de traiter le problème à la source (les sols nus) et non de tenter « d’évacuer » le problème en aval.
Enfin, le « en même temps » ayant toujours une limite, vouloir un meilleur ressuyage et une meilleure rétention, n’est-ce pas demander le beurre et l’argent du beurre ?
La piste évoquée de profiter des canaux plus en amont pour diriger une partie des eaux vers la forêt (pour les gravières c’est moins évident) est une proposition intéressante et mérite un examen. Évidemment cela ne peut avoir de sens que dans la création de milieux alluviaux fonctionnels. De nombreuses forêts connaissaient des phases d’inondation dans le passé. Revenir à cela ne peut être que bénéfique pour les milieux naturels, la biodiversité et la qualité de l’eau.
Enfin, comment ne pas évoquer la reconquête des champs d’expansion des crues, notamment par le déplacement de certaines digues en amont sur l’Ill et de ses affluents. Ces travaux, destinés à retrouver des fonctionnalités historiques des systèmes fluviaux sont réalisables partout où les digues ne protègent pas directement des parties urbanisées.
Si nous voulons aborder de la manière la plus sereine possible les effets du changement climatique et préserver notre ressource en eau que ce soit en terme qualitatif ou quantitatif, le retour à des fonctionnalités plus naturelles est aujourd’hui indispensable. Nous y intègrerons aussi le retour à une couverture permanente des sols, et à des sols vivants qui sont des solutions largement éprouvées.
jeudi 28 Jan 2021 | Communiqués de presse, Forêt, Nature, Presse, Réseaux Thématiques, Revue de presse, Transports
Rhénanie – Palatinat
Projet d’autoroute (B10) à travers une forêt protégée par l’UNESCO : Les associations françaises et allemandes solidaires.
Elles réclament un moratoire pour le bien des humains, de la nature et des deniers publics (cf communiqué ci-dessous)
INVITATION à une TABLE RONDE (visioconférence) – Aménagement de la B10
Jeudi 25 février 2021, 18h30
Le lien vers l’événement sera communiqué via le site: www.bund-rlp.de/b10
La Table ronde mettra en présence les candidats aux élections régionales du Land de Rhénanie-Palatinat qui répondront aux questions des associations et du public.
Seront présents les candidats suivants :
Alexander Schweitzer (SPD)
Peter Lerch (CDU)
Heiko Drieß (FDP)
Lea Heidbreder (Grüne)
Frank Eschrich (Die Linke)
Kaycee Hesse (Klimaliste)
Plus d’informations:
https://www.bund-rlp.de/b10
http://bi-queichtal.de/
https://alsacenature.org/slider/revue-de-presse-alsace-nature-oppose-au-projet-dautoroute-b10
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Communiqué de presse du BUND Rheinland-Pfalz, de la BI Queichtal et d’Alsace Nature
Rhénanie – Palatinat
Projet d’autoroute (B10) à travers une forêt protégée par l’UNESCO : Les associations françaises et allemandes solidaires.
Elles réclament un moratoire pour le bien des humains, de la nature et des deniers publics
Mayence. « La réserve de Biosphère transfrontalière Vosges du Nord – Pfälzerwald est encerclée au Sud et au Nord par deux autoroutes de transit européen. Une bétonisation supplémentaire en plein dans ce massif forestier remarquable, le plus important d’Europe de l’Ouest, n’est pas acceptable. » C’est le constat partagé par Alsace Nature, la BI Queichtal et le BUND Rheinland-Pfalz. Les associations sont solidaires pour lutter contre le projet de mise au gabarit autoroutier de l’actuelle B10 entre Pirmasens et Landau qui serait non seulement destructeur mais inutile. Il s’agit de défendre l’inviolabilité de ce massif caractérisé par le grès rose avec ses rochers pittoresques et ses châteaux insérés dans la roche, là où l’Alsace et le Palatinat se rencontrent par-delà la frontière. Il s’agit de préserver la forêt de la Vasgovie imprégnée d’histoire et de légendes, où s’est joué le destin de Walther et Hildegund, notamment retracé par un moine bénédictin de Wissembourg dans la Chanson de Walther.
Ce projet a été intégré dans l’actuel schéma fédéral des transports (Bundesverkehrswegeplan), sans tenir compte des enjeux cruciaux du changement climatique, ni de la nécessité de préserver la biodiversité encore présente dans les secteurs concernés. Et ceci en dépit de la non pertinence économique du projet, mise en évidence lors de la première procédure de concertation. La réalisation de ce projet ne pourra être mise en conformité avec le statut de Réserve de la Biosphère, compte tenu de ses impacts sur la nature, le paysage, les pratiques de randonnée et le vignoble. On ne voit pas comment la zone protégée concernée pourrait supporter une armada de 10 000 poids lourds journaliers censés croiser entre Mer du Nord et Sud de l’Allemagne, selon les données du ministère des transports de Rhénanie-Palatinat.

B10 entre Pirmasens et Landau
Les associations, qui ont déjà travaillé ensemble ces dernières décennies, ont décidé d’intensifier leur coopération afin d’obtenir, dans le cadre de cette année à élections législatives et régionales, un moratoire contre la mise à gabarit autoroutier en continu de la B10 entre Pirmasens et Landau. Ce projet n’a plus sa place dans le prochain schéma des transports. Les associations espèrent que le prochain réexamen du schéma permettra de retirer ce projet, d’autant que la crise du COVID 19 nécessitera une réorientation des crédits vers des priorités plus essentielles.
Concernant la question financière, il faut noter que de 1935 aux années 1980, il y eut au moins 7 tentatives de réalisation de ce projet, qui ont toutes été refusées par les décideurs, au motif que les contraintes géologiques et géographiques conduiraient à des coûts de réalisation non supportables. Un argument supplémentaire était lié à la richesse écologique du massif forestier. Les protecteurs de la nature des deux côtés de la frontière se demandent pourquoi ces arguments ne devraient plus compter aujourd’hui.
C’est pour cette raison que les opposants au projet, parmi lesquels le Bureau expert RegioConsult, s’appuyant sur le droit européen, critiquent fermement le fait que le schéma des transports de 2016 n’ait pas intégré une évaluation environnementale stratégique pour le projet d’aménagement de la B10 conformément à la directive 2001/42/CE. Cette lacune doit impérativement être comblée dans le cadre de la procédure d’autorisation.
Une telle nouvelle évaluation ne devrait pas poser de problème dans la mesure où, d’une part, une partie de l’aménagement réclamé par les promoteurs du projet a déjà été réalisée à l’ouest de Pirmasens. D’autre part, la procédure de planification de la partie de loin la plus importante et impactante du projet est loin d’être aboutie. Cela est particulièrement vrai pour le gigantesque projet de tunnel sous la ville d’Annweiler.
Cette situation différencie le projet B10 d’autres projets contestés, car en l’espèce, il existe encore des marges de manœuvre légales. D’autant que ce projet fait partie des plus contestables au plan fédéral. Un élément en faveur d’une nouvelle évaluation du projet existe à travers la proposition de compromis, qui a été élaborée à l’issue de la concertation de 2013 et qui reste d’actualité, bien qu’elle ait été négligée à l’époque.
Le caractère superflu de ce projet apparait clairement du fait de l‘existence de deux autoroutes (A4 en France et A6 en Allemagne) qui suffisent pour le transit européen, comme le constate également l’UE.
Il faut remarquer que le comité MAB responsable de la Réserve de Biosphère, qui avait formulé un avis très critique sur le projet en 2013, n’a pas donné signe de vie depuis, sans doute sous forte pression de la part des promoteurs publics du projet. Ce silence est perturbant, tout comme celui d’autres acteurs en vue.
Au contraire, les opposants au projet considèrent qu’il est temps de se prononcer clairement pour un arrêt de la destruction du Pfälzerwald. Les politiques doivent enfin prendre leurs responsabilités en termes de climat, de protection de la biodiversité et de générations futures.
Le groupe de travail transfrontalier a programmé un forum en visioconférence le 25 février 2021 ainsi qu’un séminaire d’experts à l’été 2021. Pour le forum, les premières confirmations de candidats aux élections régionales sont d’ores et déjà intervenues, faisant de cet événement un moment fort dans la lutte contre le projet.
— REVUE DE PRESSE —
- Article des DNA paru le 28/01/21, intitulé : « Alsace Nature opposée au projet d’autoroute B10«
« Une bétonisation supplémentaire en plein coeur de ce massif forestier remarquable, le plus important d’Europe de l’ouest, n’est pas acceptable », affirment dans un communiqué Alsace Nature, la BI Queichtal et le Bund Rheinland.
D’autant qu’il est déjà « encerclé au sud et au nord par deux autoroutes de transit européen ». « On ne voit pas comment la zone protégée concernée pourrait supporter une armada de 10 000 poids lourds journaliers censés croiser entre mer du Nord et sud de l’Allemagne, selon les données du ministère des Transporte de Rhénanie-Palatinat », expliquent les défenseurs de l’environnement.
Voir l’article en entier : https://www.dna.fr/environnement/2021/01/27/alsace-nature-oppose-au-projet-d-autoroute-b10
mardi 19 Jan 2021 | Communiqués de presse, Déchets, Nappe phréatique, Presse, Risques industriels
La Ministre vient d’annoncer qu’elle mettait une chape de béton sur le dossier de Stocamine en prononçant le confinement immédiat sans aucun retrait complémentaire de déchets.
Une nouvelle fois nous renvoyons aux générations futures nos excès, nos déchets, nos responsabilités !
Si sur la méthode la Ministre s’est plu à souligner qu’elle était la seule à s’être « bougé les fesses et à venir sur place » sur le fond nous assistons à un ukase parisien supplémentaire. Quel sens la « consultation du public » a-t-elle si l’écoute n’est pas au rendez-vous. Les alsaciens ont désormais l’habitude de ce genre de procédures puisque c’est devenu la règle de fonctionnement d’un État schizophrène. On annonce prise de conscience et mesures « inédites » mais on poursuit dans la lignée des décisions imposées et illégitimes.
Pensant sans doute faire un cadeau à la nappe d’Alsace la Ministre annonce le déblocage de 50 millions d’euros pour dépolluer des sites. Convient-il de rappeler qu’en l’état la décision de dépollution n’est que la stricte application de ce que l’État aurait du faire depuis bien longtemps.
Il n’y a pas de cadeau dans cette annonce : juste un respect des règles pour la dépollution des sites en surface, et une réelle bombe à retardement pour les générations futures en ce qui concerne Stocamine.
Après le Grand Contournement Ouest, la Contournante de Châtenois, les annonces présidentielles de téléphériques et de complexes hôteliers dans le Ried, et maintenant Stocamine. L’État se décrédibilise de plus en plus en Alsace, et légitime de fait la poursuite de projets destructeurs. Espérons que les collectivités locales sauront se montrer plus responsables envers notre environnement.
Le signal donné est terrible : pour Stocamine comme pour d’autres projets, la concertation n’est qu’une façade. Faut-il s’étonner que le citoyens aient de moins en moins confiance dans leurs « représentants » ?