mercredi 27 Sep 2017 | Agriculture et Alimentation, Communiqués de presse, Pollutions et santé

Photo du Tribunal International Monsento – 15/10/2016
Source : Flickr
Alsace Nature soutient Nicolas Hulot pour que la France vote contre une nouvelle autorisation du glyphosate en Europe. Ce cancérigène probable est partout : dans nos rivières et nappes phréatique, dans nos aliments, dans l’air que nous respirons et même dans nos urines.
Mais en aucun cas la solution est de remplacer le glyphosate par un autre désherbant qui tôt ou tard se révélera être tout aussi toxique sinon plus pour la santé et pour les milieux naturels. Par exemple, l’isoproturon, cancérigène, a été retiré en 2017. Le métolachlore a été interdit et remplacé par le S-métolachlore dont les métabolites sont aujourd’hui charriés par les cours d’eau du Grand Est et présents dans les nappes phréatiques. L’AMPA, métabolite du glyphosate, est omniprésent.
Alsace Nature comprend qu’il peut être difficile d’arrêter, d’un jour à l’autre, l’usage des herbicides. C’est pour cette raison qu’il faut des aides à la conversion en agriculture biologique et à son maintien. Mais le gouvernement supprime les aides au maintien alors que la demande en produits biologiques augmente tous les jours ! Le ministre de l’agriculture choisit ainsi de décourager tous ceux qui seraient prêts à se lancer dans la révolution d’une agriculture bonne pour la santé publique, bonne pour la fertilité des sols ! Il préfère alimenter l’agro-industrie en finançant l’agriculture chimique et diluer les aides au détriment de la survie des paysans.
Les techniques alternatives aux désherbants existent, (faux semis répétés, rotation, mélanges d’espèces, inter-cultures, destruction mécanique des couverts,….) sans qu’il faille revenir à du labour profond. C’est uniquement dans l’intérêt de l’industrie des pesticides de faire croire qu’une agriculture respectueuse des sols aurait besoin d’herbicides. L’avantage des herbicides est l’économie de temps de travail, et donc une diminution de la main d’œuvre.
Les agriculteurs qui revendiquent le droit au glyphosate défendent les intérêts de Monsanto. Or le 18 avril 2017 le « Tribunal International Monsanto », composé d’éminents juristes du monde entier, a conclu dans un avis consultatif que Monsanto s’est engagé dans des pratiques qui ont un impact négatif sur les droits à un environnement sain, à l’alimentation, à la santé, à l’accès à l’information. Le Tribunal conclut aussi que, si un crime d’écocide existait en droit international, alors les activités de Monsanto pourraient relever de cette infraction. Enfin, Monsanto a fourni l’Agent Orange utilisé au Vietnam, ce qui justifie l’allégation de complicité de crime de guerre.
Tous les pesticides sont testés sur les animaux pour déterminer la dose (la DL50) qui en tue la moitié. Pour un groupe de chèvres femelles, elle est de 3,53 g de glyphosate par kilo. Brûlure des yeux de lapins par application du produit ou mort des rats par inhalation, rien n’arrête celui qui veut vendre un poison. L’omniprésence de substances hautement toxiques sur notre planète est la conséquence directe de ces méthodes toxicologiques primitives, cruelles et irresponsables. L’agriculture biologique n’a besoin ni de ces produits, ni de ces tests cruels.
Des liens indispensables
mercredi 16 Août 2017 | Communiqués de presse
Le scandale des œufs contaminés au fipronil est une mise en garde qui s’adresse aux Etats Généraux de l’alimentation (EGalim) organisés par le gouvernement. EGalim démarre et son ambition affichée, ô combien justifiée, est de répartir la valeur ajoutée plus équitablement en faveur des agriculteurs.
En quoi ce dernier scandale doit alerter la démarche EGalim ?
D’abord il révèle une fois de plus où mène l’idéologie de la compétitivité dans les productions animales, une idéologie qu’EGalim est pourtant susceptible de défendre. Or les millions d’œufs contaminés sont la conséquence directe de la course internationale pour produire toujours plus, toujours plus vite et toujours moins cher, exporter à tout prix, et importer les produits d’un dumping polluant et immoral pour lancer sur le marché des produits transformés moins chers. Des non-conformités graves et la détresse des poules dans de grands élevages néerlandais et allemands, y compris « bio », sont parfaitement connues.1 Mais les pouvoirs publics souscrivent à l’objectif de « compétitivité ».
Ensuite, ce scandale révèle la manipulation par le langage, qui règne dans l’agro-alimentaire. Les entreprises en question s’appellent « chickfriend » (ami des poulets) et « poultry-vision » (production de volailles visionnaire… ). Les pouvoirs publics mettent régulièrement en affiche les « normes rigoureuses » des productions animales européennes, alors que la seule chose qui est rigoureusement garantie est le commerce et la distorsion de concurrence qui va avec.
Enfin, ce scandale prouve une fois de plus que le gaspillage alimentaire est directement lié à ce système agro-alimentaire délirant. Des millions d’œufs détruits, des centaines de milliers de poules pondeuses tuées, des poulets couvés, engraissés et maltraités pour rien… Et tout cela pour réduire encore plus le nombre d’agriculteurs*.
Alsace Nature et le Collectif Plein Air attendent des Etats Généraux de l’alimentation une remise en question claire et courageuse de l’idéologie de la compétitivité appliquée à l’agriculture2.
1 Emission Le mensonge des œufs (Die Eierlüge), 31/07/2017 http://www.daserste.de/information/reportage-dokumentation/dokus/videos/exclusiv-im-ersten-die-eierluege-video-102.html
2 La prospective de la Commission européenne (2016) prévoit que de 2015 à 2026 le nombre d’emplois agricoles tombera de 9,6 millions à 7,9 millions.
https://ec.europa.eu/agriculture/sites/agriculture/files/markets-and-prices/medium-term-outlook/2016/2016-fullrep_en.pdf
Site du Collectif Plein Air
Facebook du Collectif Plein Air
mercredi 1 Mar 2017 | Agriculture et Alimentation, Nature, Presse, Revue de presse
Alsace Nature, la LPO et l’ANAB (Association Nature Alsace Bossue) organisaient vendredi 24 février 2017, une conférence de presse en Alsace Bossue, pour dénoncer les destructions de milieux naturels dans le cadre des opérations d’aménagements fonciers liés au contournement routier de l’A4-Lorentzen.
Le site du Morstberg notamment, exceptionnel du point de vue de la biodiversité, a subi ces derniers mois des dégradations (retournement de prairies, arrachage de haies …) d’autant plus inacceptables qu’il venait de faire l’objet d’un arrêté de protection de biotope.

Le site avant sa destruction, avec ses haies et ses prairies – Photo Eric Brunissen
Historique du dossier
Pour rappel, ce projet de connexion routière de 6 kilomètres, évalué à environ 16 millions d’euros à la charge du Conseil départemental, était dans les cartons depuis la construction de l’autoroute A4 entre Paris et Strasbourg. Cette route avait pour vocation initiale de soulager les traversées de villages et de renforcer les liaisons avec le pays de Bitche (Moselle).
Les premières études environnementales menées en 2005 étaient largement insuffisantes quant à la prise en compte des enjeux naturalistes, notamment sur le Morstberg. Le Conseil départemental du Bas-Rhin a fait procéder à de nouvelles études en 2010 et 2011 ; celles-ci ont mis en lumière pas moins de 11 habitats naturels et de 90 espèces d’intérêt patrimonial inscrites sur les listes rouges qui ont été observées en une seule campagne de prospection.
En raison de la richesse biologique exceptionnelle du site impacté par le projet de liaison routière entre l’A4 et le village de Lorentzen en Alsace Bossue, Alsace Nature avait déposé des recours devant le tribunal administratif pour faire annuler la Déclaration d’Utilité Publique du projet. Cela avait conduit le Conseil départemental à essayer de mettre en place une médiation. De leur côté, certains élus ont très vivement réagi contre Alsace Nature, qualifiant les militants associatifs de « terroristes environnementaux » dans une lettre ouverte et allant jusqu’à menacer de détruire des milieux naturels – menaces en partie concrétisées par la destruction de haies et du surpâturage programmé dans certaines prairies…
En dépit de la tension forte sur ce dossier, un protocole d’accord assurant une meilleure prise en compte de l’environnement a finalement été signé par les différentes parties en 2013 (Conseil départemental, élus locaux, Alsace Nature). Une modification du tracé a été concédée, ainsi que le maintien des bonnes pratiques de gestion agricoles et l’élaboration d’un Arrêté Préfectoral de Protection de Biotope (APPB) concernant les zones à enjeux dans le secteur. À l’issue de ces discussions, Alsace Nature s’est désistée de son recours et le tribunal en a pris acte le 6 août 2013.
Ainsi, depuis 2013, ce projet a fait l’objet d’un important travail de la part des associations naturalistes rassemblées sous l’égide d’Alsace Nature afin d’évaluer justement les impacts. Malgré tous ces efforts, nous constations dès 2013 et de manière régulière des destructions de milieux naturels (arrachage de haies, destruction de prairies,…). Le 4 août 2016 verra la publication de l’APPB qui devait permettre, comme nous l’avions imaginé au moment du protocole de 2013, la protection de ces mêmes milieux naturels, donc l’espoir de voir ces destructions sauvages cesser.
Pourtant en août 2016 nous constations à nouveaux des destructions de haies.
Début novembre 2016, de nouveaux arrachages de haies ont été constatés dans le lieu dit Witterholz sur la commune de Thal-Drulingen. En février 2017, les destructions prennent une tout autre dimension avec non seulement l’arrachage de haies mais aussi le retournement de prairies dans des secteurs où ces pratiques sont totalement interdites.

Le même site après les travaux – Photo Sébastien Didier
Illégalité des travaux
Pourtant deux textes interdisent ces pratiques :
• l’APPB qui stipule que sont interdits «toute exploitation forestière », « tout abattage d’arbres fruitiers », « tout retournement de prairies »,
• l’arrêté du Président du Conseil départemental qui instaure l’Aménagement Foncier Agricole et Forestier (AFAF). Cette procédure destinée à redistribuer les
parcelles agricoles et forestière lors d’un projet d’aménagement tel que celui de la RD18 a pour effet, du jour de l’ouverture de la procédure jusqu’à se fermeture, de figer le paysage.
Impacts des dernières destructions
La destruction de vergers paturés avec la destruction d’arbres fruitiers et de haies, et le retournement de prairies sur plusieurs hectares à Lorentzen est dramatique pour la conservation entre-autre de trois des espèces les plus menacées d’Alsace et de France : le Pie-grièche à tête rousse, le Pie-grièche grise, et le Milan royal. Ces 3 espèces bénéficient d’un Plan national d’actions décliné au niveau régional et financé par l’Etat français.

Pie Grièche à tête rousse – photo Nicolas Hoffmann
Les Pie-grièche à tête rousse et Pie-grièche grise comptent moins de 6 couples nicheurs en Alsace et étaient observées sur ce secteur.
Le Milan royal chassait sur ce secteur.
De plus, près d’une trentaine d’espèces protégées étaient recensées sur ce secteur dont la Chevêche d’Athéna qui bénéficie d’un programme de mise en place de nichoirs. Un nichoir a d’ailleurs été retrouvé dans une benne alors que l’arbre porteur était abattu…
Avis des associations
Les associations de protection de la nature sont d’autant plus révoltées qu’elles sont les seules à avoir respecté les engagements pris lors des différentes phases de concertation depuis 2013.
Le Conseil départemental s’était engagé à associer étroitement les associations aux travaux d’évaluation environnementale, de définition des mesures d’évitement de réduction et de compensation. Cela n’a pas été suivi des faits. Il doit par ailleurs veiller au bon respect des textes qui régissent les AFAF. Pourtant, l’ensemble des destructions de haies et de prairies qui ont déjà eu lieu et qui lui a été rapporté n’ont jamais fait l’objet de poursuite, excepté un simple courrier de rappel à la Loi. De plus, il n’y a eu dans le cadre de l’AFAF aucune demande de dérogation pour la destruction ou la perturbation d’espèces protégées !
Au moment de la mise en place de l’APPB, la profession agricole s’est rapprochée des associations de protection de la nature pour faire évoluer un des éléments du règlement. Là encore, les associations, partant du principe du partenariat et de la confiance dans la parole donnée, ont accepté de faire évoluer la situation pour ne pas pénaliser inutilement des exploitants agricoles.
Les destructions qui sont actuellement menées sur ce secteur d’Alsace Bossue montrent qu’il n’est finalement pas possible de travailler dans la concertation avec des acteurs qui ne respectent pas les engagements pris.
Les associations ne peuvent que faire le constat que le Conseil départemental du Bas-Rhin est actuellement en train de remettre à plat les décennies de partenariat construit entre les associations et la collectivités : suppression des subventions et non respect des engagements pris avec les partenaires associatifs sont de très mauvais signes actuellement envoyés aux citoyens qui donnent de leur temps pour le bien commun.
Les associations en appellent au Préfet pour qu’il fasse respecter les textes en vigueur sur les espèces protégées, au Président du Conseil départemental pour qu’il applique la règlementation liée aux aménagements fonciers et à la profession agricole pour qu’elle intègre, dans ses pratiques, la question environnementale.
Seul un travail conjoint respectant les engagements pris par le passé permettra de sortir de l’affrontement stérile. La politique des «terres brulées» n’a pas
sa place en 2017.
VOIR l’ARTICLE DES DNA du 25/02/17 intitulé : Alsace Bossue – Liaison A4-Lorentzen : « destructions illégales de milieux naturels »

Extraits :
Alsace Nature, la Ligue pour la protection des oiseaux et l’association Nature Alsace Bossue constatent « des destructions illégales » de la nature en marge du projet de connexion routière entre Lorentzen et l’autoroute A4, dans le nord de l’Alsace.
Alors même que les travaux de construction de cette liaison n’ont pas encore commencés, « on a déjà tous les dégâts connexes relatifs au démembrement », s’insurge Daniel Reininger, président d’Alsace Nature.
Depuis 2013, « six parcelles » de vergers, prairies et haies, pour « un total de 50 000 m2 », accordées à des propriétaires fonciers pour compenser la perte de terres cédées pour permettre la construction de cette liaison routière ont été « illégalement détruites », dénoncent les associations de protection de la nature.
…
De tels faits auraient, selon les associations, des conséquences dramatiques sur la biodiversité, le paysage et la faune. Notamment pour trois espèces parmi les plus menacés d’Alsace et de France. Sur le secteur concerné par l’arrêté préfectoral de protection du biotope, « une trentaine d’espèces protégées d’oiseaux ont été recensées dont trois font partie du plan national d’actions : la pie-grièche à tête rousse, la pie-grièche grise, dont il ne reste plus que quatre couples en Alsace Bossue, et le milan royal qui avait l’habitude de chasser ici », témoigne Cathy Zell, chargée de mission vie associative-communication à la Ligue pour la protection des oiseaux.
Par ailleurs, « sur la colline du Morsberg se trouvent 65 espèces de papillons sur les 130 possibles en Alsace dont 13 figurent sur liste rouge », fait savoir Roland Gissinger, président de l’association Nature Alsace Bossue. « Ce site est d’une richesse exceptionnelle », ajoute-t-il.