Ce jeudi 26 septembre 2024, le Tribunal correctionnel de Strasbourg a condamné sept personnes ayant violé la réglementation relative aux espèces protégées. À l’audience, les prévenus se présentent comme des “passionnés” qui se seraient laissés emportés. Récit.
Des envois massifs par colis de la Guyane à l’Hexagone
En septembre 2022, le service départemental de la Guyane de l’Office Français de la Biodiversité est contacté par le bureau des douanes de l’aéroport de Cayenne à la suite de l’identification de quatre colis contenant des arthropodes, principalement des mygales, envoyés vers l’Hexagone sans déclaration préalable. Ces envois contenaient 191 spécimens dangereux d’arthropodes, scorpions et scolopendres, pour une valeur totale à la revente estimée à 13 640 euros.
Au terme de plusieurs mois d’enquête, les investigations réalisées permettent d’identifier sept individus se rendant régulièrement en Guyane afin de faire du “herping” et de prélever illégalement des espèces réglementées. Le “herping” consiste à rechercher l’herpétofaune (reptiles et amphibiens), et plus généralement la faune rampante, en milieu naturel, impliquant nécessairement une perturbation des espèces.
De nombreuses espèces sont retrouvées, détenues de manière illégale, aux domiciles des mis en cause. L’enquête démontre également que plusieurs mis en cause vendaient illégalement ces animaux protégés en France, mais également à l’étranger par colis ou lors de bourses de vente d’espèces dans des pays comme l’Allemagne où la règlementation présente des différences d’application.
Un trafic aux conséquences désastreuses
Le trafic d’espèces protégées est le troisième trafic le plus lucratif au monde derrière le trafic de stupéfiants et d’armes, représentant jusqu’à 23 milliards de dollars par an. Il est également l’un des principaux facteurs d’érosion de la biodiversité. La France joue un rôle majeur dans ce phénomène, puisqu’elle est à la fois pays d’origine, de destination et de transit pour ce trafic. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) affirme que le pays figure « parmi les principaux Etats importateurs d’espèces sauvages destinées au marché européen, mais aussi l’un des principaux points de sortie ». Ainsi, avec plus d’un millier de saisies, la France figure en deuxième position dans l’Union européenne, derrière l’Allemagne.
L’ONG Traffic note qu’entre 2008 et 2017, plus de 28 millions de spécimens ont été importés en France, premier pays européen d’arrivées pour les coraux, les reptiles, les sangsues et les gastéropodes et 45 millions de spécimens ont été directement exportés depuis la France ou avaient la France pour pays d’origine. La Guyane, par sa situation géographique et son territoire couvert par 90% de forêt primaire hôte d’une biodiversité exceptionnelle avec plus de 350 000 espèces d’invertébrés, dont une grande partie en est endémique, est particulièrement vulnérable face à ce trafic.
Le trafic d’espèces représente plusieurs risques, au regard :
Du bon état de conservation des espèces : les prélèvements illégaux entraînent la diminution des espèces sur les secteurs à proximité des sentiers où leur observation est possible, mettant à mal leur conservation localisée et privant le public de leur intérêt patrimonial sur ces chemins fréquentés.
Des risques sur la santé humaine : le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) relève qu’environ 75 % des nouvelles maladies découvertes au cours de la dernière décennie sont des zoonoses (maladies infectieuses passant de l’animal à l’homme), et 72 % de ces maladies émergentes trouvent leur origine dans la faune.
Pour Nolwenn Rocca, juriste de Guyane Nature Environnement, «La biodiversité guyanaise tire sa richesse exceptionnelle de son territoire amazonien avec un fort taux d’endémisme. Aujourd’hui, elle est plus que jamais menacée. Le trafic d’espèces participe de ces pressions qu’elle subit et les réponses institutionnelles doivent être fermes pour endiguer ce phénomène qui neutralise les efforts de préservation mis en œuvre sur le territoire et qui met en danger cette biodiversité».
Un jugement pédagogique
Si les vendeurs en cause ne sont pas à la tête d’un réseau ni d’un trafic d’importance, ils participent à la mise en danger de ces espèces en ramenant des espèces endémiques et en les revendant à des acheteurs ne disposant pas d’autorisations. Quant aux détenteurs d’espèces sans autorisation, ce jugement rappelle que la détention d’espèces protégées est soumise à condition et que certains animaux sauvages présentent des risques nécessitant une formation adaptée.
En conséquence, les condamnés écopent de peines de prisons avec sursis, allant de 3 à 8 mois pour les principaux accusés, ainsi que de plusieurs peines d’amendes. Le préjudice de FNE, Guyane Nature Environnement (GNE) et Alsace Nature (AN) est quant à lui reconnu, les condamnés devant leur verser des sommes allant de 200 à 500 euros. Le principal accusé, qui revendait les espèces protégées, voit son passeport être retenu.
Pour François Zind, avocat d’Alsace Nature : “Une telle condamnation participe au travail nécessaire de dissuasion que nous ne pouvons que saluer. La passion des animaux ne doit pas passer par sa marchandisation, sa sortie du milieu naturel et le risque non contrôlé de perturbations des écosystèmes alsaciens.”
Pour Pia Savart, juriste de France Nature Environnement :
“Cette affaire est symptomatique des atteintes portées à la biodiversité : si les prévenus ne conscientisaient pas l’impact de leurs prélèvements, ils contribuent pourtant à un trafic d’ampleur. Ce jugement a une vertu pédagogique : il rappelle que toutes les atteintes portées aux espèces protégées font peser de graves pressions sur la biodiversité et doivent être sanctionnées de façon juste et systématique.”
Si le jugement est globalement satisfaisant, on regrettera toutefois, pour le principal prévenu, qu’à la peine de sursis ne soit pas associée une peine d’amende qui se serait mesurée à la hauteur des bénéfices réalisé par le condamné estimés à plusieurs milliers d’euros.
L’Animateur/trice éducation nature et vie associative contribue à la mise en œuvre d’un projet d’éducation des publics et participe au développement de la vie associative de la LPO.
Il ou elle conçoit, prépare et met en œuvre des actions de sensibilisation, d’éducation ou d’information, principalement dans le département du Haut Rhin.
Il ou elle participe à l’animation de la dynamique associative de la LPO en Alsace dans le Haut Rhin et contribue à la mobilisation des acteurs de l’association (adhérents, bénévoles, sympathisants) dans le cadre du projet associatif de l’association. Il ou elle est en particulier en lien régulier avec les groupes locaux de ce département.
Sous la responsabilité du Responsable de pôle éducation nature et vie associative et du Directeur, l’Animateur/trice éducation nature Vie associative aura en charge les missions suivantes :
Education à l’environnement
Assure l’accueil du public et sa sensibilisation lors des animations,
Réalise des animations thématiques et des sorties de terrain à destination de différents publics
Réalise des animations dans des écoles et établissements d’enseignement,
Participe à la préparation des programmes d’animation et des projets pédagogiques scolaires et extra scolaires.
Conçoit et réalise des supports d’information et des outils pédagogiques (plaquettes, BD, mallettes, panneaux, expositions, web…) adaptés aux différents publics,
Planifie ses activités en concertation avec le pôle animation de la LPO Alsace
Assure le suivi et l’évaluation des dossiers d’animation dont la rédaction des devis d’animation,
Fidélise les partenaires existants.
Vie associative
Assure l’accueil et l’orientation des bénévoles vers les missions qui les concernent ou qui sont susceptibles de les intéresser
Assure l’animation du réseau de bénévoles et le lien entre le réseau et l’équipe salariée
Développe l’organisation, la coopération et l’autonomie du réseau des bénévoles et l’animation de projets
Assure le contact avec les groupes locaux et répondre à leurs besoins techniques de fonctionnement
Participe au programme évènementiel grand public de la LPO de l’année (ateliers, conférences, journées thématiques, chantiers, formations…) en lien avec l’administrateur référent
Organise, mobiliser les bénévoles et participer aux événements grand public de la LPO et des partenaires (salons, stands, rencontres de salariés en entreprise…)
ACTIVITES COMPLEMENTAIRES :
Peut être amené(e) à :
Participer à des diagnostics refuges LPO
Contribuer au montage de dossiers de financement et à leur suivi,
Contribuer à la recherche de nouveaux partenaires publics et privés,
Participer à la rédaction d’une partie du rapport d’activité,
Participer à l’animation des outils de communications spécifiques (Articles LPO Infos Alsace, articles web, lettre d’informations…),
Ce poste implique une collaboration étroite avec les salariés travaillant en vie associative et dans l’éducation nature, les groupes locaux et administrateurs de l’association du Haut-Rhin.
PROFIL DE POSTE :
Formation de niveau bac +2 minimum ou BPJEPS ou diplôme de niveau 4 en animation
Aptitude au travail en réseau et en équipe
Qualités relationnelles, d’écoute et de dialogue
Maitrise les techniques de communication orale et écrite (dossiers techniques, courriers, document de communication)
Connaissance des outils bureautiques de base (word, Excel) et de travail collaboratif
CONDITIONS :
Contrat à durée déterminée temps plein de 18 mois (avec perspectives CDI)
Durée hebdomadaire du travail : 39 heures, (24 RTT annuels)
Rémunération brute base mensuelle 1 986,38 € – Groupe C, coefficient 285 de la Convention Collective Nationale ÉCLAT,
Mutuelle employeur pris en charge à 50%
Poste à pourvoir au 01/11/2024
Disposer d’un véhicule et permis de conduire, le lieu de travail n’étant pas accessible en transport en commun
CONTACT :
Merci d’adresser votre candidature (CV & lettre de motivation) avant le 05.10.2024, uniquement par courrier électronique à l’adresse suivante : christophe.herve@lpo.fr.
Le vert pour la végétation (les buissons, les arbustes, les arbres, les forêts, mais aussi les herbacés, prairies, pelouses…);
Le bleu pour l’eau (les rivières, les mares, bref tous les milieux aquatiques et zones dites “humides”);
La trame pour désigner quelque chose qui se tisse.
Disons-le donc ainsi : la TVB est un tissu dont les fils sont l’eau et la végétation, un ouvrage que l’on tisse, que l’on tricote, voire que l’on brode finement, non pas dans un atelier, mais dans un environnement à chaque fois particulier, tissé en fonction de cet environnement.
Vous souhaitez vous lancer dans ce projet de reconquête ?
Merci de prendre contact avec notre chargé de mission Corentin CALVEZ
par tel : 03.88.37.55.47
par mail : corentin.calvez@alsacenature.org
Pour quoi faire ?
La TVB est un outil de protection de l’environnement, utile notamment dans les documents de planification des projets d’aménagements et les questions d’adaptation au changement climatique. Elle permet de faire face à la fragmentation ou la perte des habitats, à l’érosion de la biodiversité, aussi bien « patrimoniale » (Grand hamster, Crapaud vert, Courlis cendré…) que « ordinaire » (Hérisson d’Europe, Chardonneret élégant, Écureuil roux, Pipistrelle commune, Vulcain, Marguerite commune…).
En plus des objectifs écologiques, la TVB rend un grand nombre de « services» à l’être humain : source de nourriture, régulation du climat, zones tampons, purification de l’eau, régulation des inondations et coulées d’eaux boueuses, production d’oxygène…
Pourquoi la protéger ?
Chaque écosystème a son équilibre : les forêts n’abritent pas la même biodiversité que les prairies, les espèces présentes en Alsace ne sont pas les mêmes qu’en Bretagne et ainsi de suite, donc leur conservation doit être spécifiquement adaptée.
Pour garder des milieux naturels, la gestion n’est pas toujours obligatoire. Dans certains cas, il n’est pas obligatoire d’intervenir, comme par exemple certains cœur de massifs forestier. C’est ce qu’on appelle le principe de non-gestion.
Est-ce le Renard qui traverse – à ses risques et périls – la route ? ou bien est-ce la route qui traverse le territoire du Renard ? Ainsi pour tenter de compenser certains impacts qu’il n’a pas été possible d’éviter, des techniques ou des aménagements peuvent être mis en œuvre.
Alsace Nature s’efforce de protéger ce qui nous reste de nature et de mener des chantiers de renaturation.
Alsace Nature et son programme Trame Verte et Bleue
Alsace Nature travaille activement depuis de nombreuses années à la reconquête de la biodiversité sur le territoire Alsacien.
En 2019, l’association débutait une campagne fédérale « Plus de biodiversité dans nos communes » en partenariat avec les villes de Schiltigheim, Bischheim et Lingolsheim pour les accompagner dans leur changement de pratiques. Le programme TVB était lancé !
Depuis, Alsace Nature a travaillé avec 7 autres communes sur ces questions de TVB, aboutissant à des chantiers de renaturation bénéfiques à la trame verte et bleue locale.
Depuis, chaque hiver Alsace Nature réalise plus d’une dizaine de journées de chantier de plantation de haies et de creusement de mares sur plusieurs communes.
Des projets « Trame verte et Bleue » adaptés à chaque commune
Dans chaque projet TVB lancé par Alsace Nature avec une commune, 3 actions spécifiques sont réalisées :
Un état des lieux, sous forme d’un diagnostic, d’une analyse fonctionnelle et de préconisations d’aménagements.
La réalisation de travaux de renaturation sous forme de chantiers participatifs, en particulier des plantations de haies, bosquets, arbres…
La coordination du projet à l’échelle communale / intercommunale et avec les associations du mouvement, la sensibilisation des citoyens, élus et agents des espaces verts.
Toutes ces actions amèneront Alsace Nature a réaliser lors de plusieurs chantiers participatifs tous les aménagements décidés en partenariat avec la commune sur l’ensemble des zones ou terrains favorables à la reconquête de de la biodiversité.
Vous souhaitez vous lancer dans ce projet de reconquête ?
Merci de prendre contact avec notre chargé de mission Corentin CALVEZ
Une histoire d’eau, de végétation, de bonnes volontés… et de crapauds verts
Venant de Strasbourg, on passe directement du quartier de la Montagne Verte à la ville d’Ostwald dans un paysage urbain continu. C’est lorsque les rails du tram quittent la rue du Général Leclerc et prennent sur la droite l’allée du Bohrie que l’on aperçoit deux petits bosquets de part et d’autre de la route, qui viennent interrompre la « minéralité » de la ville. De l’autre côté et dans le prolongement de cette allée, il y a la rue de l’Île des Pêcheurs dont le nom nous signale que l’on se rapproche de la rivière (l’Ill) formant deux beaux méandres qui bordent l’Est d’Ostwald. De ce côté-là, ce n’est plus un petit bosquet ou quelques arbres que l’on aperçoit bientôt sur la droite et de l’autre côté de la rivière, mais le début de la forêt d’Ostwinkel. Un peu plus loin, lorsque la route bitumée devient un chemin, on devine sur la gauche l’étang Gerig, une ballastière encore exploitée il y a deux-trois ans.
Aux abords de cet étang vit une population de crapauds verts. Les scientifiques nous apprennent, qu’avant de s’établir dans les parages de gravières, ce crapaud vivait à proximité de rivières comme la Bruche ou le Rhin, à une époque où les crues et décrues des cours d’eau favorisaient la présence de mares, nécessaires à sa reproduction. La dynamique de ces rivières favorisait aussi la présence d’un sol de sable et de gravier que cette espèce affectionne particulièrement. Il semblerait que le milieu que lui offrent les abords du Gerig lui réussisse bien : ni la proximité des constructions récentes d’immeubles juste à côté du plan d’eau, ni l’activité de la gravière ne l’auraient gêné. Cependant, des spécialistes du crapaud vert, à la suite de leurs observations, l’ont classé « en danger » sur la liste rouge des amphibiens menacées d’Alsace. Suite à l’assèchement de nombre de zones humides qui caractérisaient la plaine d’Alsace, il ne reste plus que deux zones dans lesquelles on trouve des populations de cette espèce, une dans le Haut-Rhin, une autre dans le Bas-Rhin, notamment sur la commune d’Ostwald.
Crapaud Vert – Dessin S.FERRY
A l’autre extrémité de cet axe qui va de l’étang Gerig à celui du Bohrie, se trouvent trois petites mares qui ont été créées, ou plutôt re-créées à l’occasion de la construction de l’écoquartier Les rives du Bohrie. Cette construction avait été autorisée sous condition de l’aménagement de ces mares pour préserver un environnement favorable à une autre population de crapauds verts observée non loin de là… Et cela a fonctionné.
C’est sur cet axe Gerig-Bohrie, qu’Alsace Nature a mis en œuvre la plantation d’une haie avec plusieurs objectifs et dans le cadre d’un programme national intitulé la Trame verte et bleue.
A Ostwald, la plantation de cette haie en décembre dernier a fait suite à d’autres projets en faveur de la biodiversité, déjà réalisés. Voici ce que m’en a dit Corentin Calvez, salarié d’Alsace Nature et qui a mis en œuvre et orchestré ce projet :
« Alsace Nature et la commune d’Ostwald ont créé un partenariat en 2020 sur le sujet de la Trame verte et bleue (TVB). Un premier travail de diagnostic a été fait à l’échelle de la commune pour identifier les éléments constructifs de cette TVB pour ensuite réaliser des actions concrètes en faveur de la biodiversité et de l’environnement. Plusieurs plantations ont déjà été réalisées au cours des dernières années, à différents endroits de la commune avec un objectif commun, créer ou recréer des habitats pour ramener de la biodiversité localement. Ces projets sont financés par l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse, la Région Grand-Est et la DREAL Grand Est. »
De quoi cette haie est-elle faite ?
Tout le monde sait ce qu’est une haie, mais celle qui a été plantée sur 275 m rue de l’Île aux Pêcheurs à Ostwald répond à des exigences précises, définies par ce réseau Trame verte et bleue, et à des préconisations soutenues par Alsace Nature. Mes échanges avec Corentin Calvez m’ont permis de saisir à quel point ce type de haie est pensé : on y trouve, du plus petit au plus grand, des buissons, des arbustes et des arbres. Lorsque les différents plants se seront développés, la haie présentera différents étages, différentes strates, disent les scientifiques, pour favoriser différentes espèces et donc un large spectre de biodiversité. Par exemple, certains oiseaux évoluent et nichent plutôt au « premier étage », celui des buissons – comme le pouillot véloce et le rossignol philomèle – et d’autres aux « deuxième ou troisième étage » – par exemple la mésange bleue et la grive musicienne. Il en va de même pour les insectes. La diversité des essences plantées fournira des espaces de vie intéressants et une variété de nourriture (pollen, fruits, etc.) utile à différentes espèces d’animaux.
Les végétaux plantés ont au maximum deux ans et répondent aux normes d’un label : Végétal local. Ce qui signifie qu’ils sont issus de graines produites par des végétaux qui ont poussé dans les milieux naturels de la région, donc bien « équipés » pour se développer dans cet environnement (sol, climat, etc.). Alsace Nature a fait appel à deux pépiniéristes alsaciens qui répondent à ce label, pour fournir les plants : la pépinière du Hanfgranva à Mussig et la pépinière Wadel-Wininger à Ueberstrass.
Quelles sont les essences de ces plants ? Parmi les arbustes, il y a par exemple le noisetier et le sureau noir, parmi les arbrisseaux la viorne lantane et le baguenaudier. En tout, 9 essences différentes. Pour se faire une idée de l’ampleur du chantier, 258 plants ont été mis en terre ce samedi-là, sur 275 m, et paillés avec des rouleaux de chanvre (produit compostable) permettant de maintenir l’humidité du sol nécessaire à la bonne évolution de chaque plant, et de limiter la concurrence avec les plantes herbacées.
En visitant le site du chantier de plantation, Corentin m’a rendu attentif à l’existence de noues entre de vieux et magnifiques saules sur le parcours de cette haie. Ces noues, c’est-à-dire des dépressions de quelques mètres de long dans le sol herbeux, permettent une accumulation d’eau lorsqu’il pleut, et favorisent donc une réserve naturelle d’humidité dans le sol. Elles ont donc été, bien-sûr, préservées, lors de ce chantier tout comme les vieux saules.
A terme, la mosaïque de milieux présents aux différents étages de cette haie le long de ce chemin constituera un environnement favorable à de nombreuses espèces avec des milieux plus ou moins humides, plus ou moins ouverts.
Et qui a planté cette haie ?
A propos d’humidité, les presque trente bénévoles qui étaient là ce samedi 9 décembre 2023 dès 9h30 pour concrétiser cette plantation pourraient vous en parler, puisqu’il s’est mis à pleuvoir à la mi-journée, une de ces pluies fines et régulières, de celles qui mouillent bien le sol (la terre était lourde et collait aux mains et aux bottes) et ceux qui sont en-dessous ! Il y avait aussi pas mal de vent, ce qui a rendu le fait d’être plusieurs heures dehors, un peu plus rude encore. Le repas de midi, offert par la commune d’Ostwald, au chaud dans les locaux de la mairie, était bienvenu ! Sans les bénévoles et leur persévérance (Corentin était stupéfait de leur efficacité), cette haie n’aurait pas vu le jour. C’est avec plaisir, et en ayant une pensée pour eux, que l’on pourra suivre son développement dans les prochaines années !
…et les crapauds verts dans tout ça ?
Dans trois ou quatre ans, la haie devrait s’être déjà bien développée avec certains plants qui dépasseront deux mètres. Elle deviendra dense et constituera une allée végétale favorable aux déplacements du crapaud vert. Elle devrait permettre, c’est un des objectifs, de faire se rencontrer les crapauds verts de l’étang Gerig avec ceux des mares du secteur Bohrie. Et ainsi favoriser un mélange génétique qui a tout son intérêt pour la conservation de l’espèce, un des objectifs forts fixés par le réseau Trame verte et bleue.
En se projetant dans le futur, on se représente plus concrètement cette notion de corridor écologique développée et soutenue par le réseau Trame verte et bleue. On imagine aussi plus d’ombre en été le long du trottoir et de la piste cyclable, une ombre dont profiteront le sol, les crapauds verts, de nombreuses autres espèces animales, et aussi les habitants du secteur qui auront le plaisir d’entendre plus d’oiseaux en se promenant, et même depuis leurs fenêtres.
Une question en suspens :
Lorsqu’on se représente cette haie dans quelques années et que l’on pense à ses fonctions écologiques, une question vient immanquablement à l’esprit. Cette réserve et ce vecteur de biodiversité, futur parcours de crapauds verts, est interrompu par des sorties de parking et par quelques routes, dont la rue du Général Leclerc, très passante. Ce qui présente un risque important d’écrasement des amphibiens par les véhicules (tram, voitures et deux-roues). Alors que faire pour éviter cela ? Il existe depuis de nombreuses années des tunnels à crapauds qui sont placés sous des routes ou des voies ferrées pour maintenir le passage habituel (saisonnier par exemple) des individus. C’est la mortalité, parfois très importante, constatée à ces endroits qui a fait concevoir ce type de solution.
Pour que cette trame verte et bleue que constituera cette haie d’ici quelques années puisse avoir tout son sens dans la préservation du crapaud vert, il pourrait paraître assez évident que l’on se penche sérieusement sur la question d’un tel aménagement.
A l’occasion du début du printemps, Alsace Nature et son réseau d’associations vous invite à agir pour la préservation des haies. Vous pouvez contribuer à un état des lieux du réseau de haies grâce à notre campagne « Sentinelles de la Haie » qui se déroulera du 4 mars au 30 avril 2024.
Toute l’action sera présentée dans le webinaire de lancement de la campagne le 4 mars de 18h à 19h. Vous pouvez dès maintenant vous inscrire ici à un ou plusieurs des 8 webinaires organisés tout au long de la campagne.
L’Alsace est historiquement caractérisée par des paysages agricoles très ouverts mais néanmoins les haies sont présentes le long des routes, des cours d’eau et des bords de villages.
Mais ces haies ont longtemps été impactées par les pratiques agricoles et l’artificialisation des espaces. Par exemple des centaines de kilomètres de haies ont disparu depuis les années 60. Les alignements d’arbres le long des routes ont également largement disparu.
Pour défendre le maillage de haies, Alsace Nature appelle les alsaciennes et alsaciens à devenir des « Sentinelles de la Haie ».
Sentinelles de la Nature, un outil pour faire l’état des lieux du réseau de haies alsacien.
Le projet participatif Sentinelles de la Nature permet de localiser et signaler sur le territoire des atteintes à l’environnement dans le but de les résorber, à partir du site Sentinelle de la Nature ou sur l’application mobile du même nom.
Avec la campagne « Sentinelles de la Haie », il est possible de recenser les atteintes portées aux haies comme par exemple, l’arasement ou le mauvais entretien d’une haie, l’annexion d’un chemin rural, la destruction d’un talus. Les alsaciennes et les alsaciens sont également invités à nous faire remonter les initiatives favorables relatives aux haies telles que les plantations, les bonnes gestions et leur valorisation.
Une réglementation qui n’empêche pas la régression du réseau de haies
Les enjeux de biodiversité sont tels qu’un arrêté préfectoral définit même une période de non-intervention. Du 15 mars au 31 juillet, tous travaux d’entretien, d’arrachage, d’élagage doivent être suspendus, afin de permettre à la faune sauvage de mener à bien sa saison de reproduction.
Mais à ce jour aucune réglementation ne permet une protection efficace des haies.
Cette campagne a donc pour objectif de démontrer que le linéaire de haie continue malheureusement à diminuer. Alsace nature espère ainsi sensibiliser les acteurs locaux cet enjeu et montrer la mobilisation massive de la société civile sur le sujet.