Lettre ouverte aux 13 élus demandant le report de l'arrêt de la centrale de Fessenheim à l'horizon 2021

Lettre ouverte aux 13 élus demandant le report de l'arrêt de la centrale de Fessenheim à l'horizon 2021

Le 7 février 2018
Lettre ouverte aux 13 élus demandant le report de l’arrêt de la centrale de Fessenheim à l’horizon 2021
Mesdames Brigitte Klinkert et Catherine Troendle,
Messieurs Jean‐Marie Bockel, Claude Brender, Jacques Cattin, René Danesi, Michel Habig, Gérard Hug, Fabian Jordan, Gilbert Meyer, Jean Rottner, Raphaël Schellenberger, Eric Straumann
Dans la lettre ouverte adressée ce 6 février à Monsieur Sébastien Lecornu, vous demandez de ne « pas procéder à la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim avant [..] juillet 2021 [..] et avril 2023 ».
Vous prenez pour argument la sûreté de l’EPR et les autorisations d’exploiter pour dix ans délivrées par l’Autorité de Sûreté Nucléaire en 2011 (réacteur 1) et
2013 (réacteur 2). Mais vous semblez oublier que la même Autorité de Sûreté Nucléaire a exigé la mise à l’arrêt du réacteur n°2 depuis le 13 juin 2016 en raison
d’irrégularités de fabrication et de falsifications mettant en cause « le vieillissement et les propriétés mécaniques » de l’un des générateurs de vapeur de ce réacteur. Vous envisageriez donc sans broncher le fonctionnement d’une centrale dont la sûreté n’est plus avérée ?
Dans votre lettre, vous semblez n’accorder plus aucune importance à l’utilité de cette centrale pour l’approvisionnement de l’Alsace. Il s’agissait pourtant de votre cheval de bataille favori durant ces dernières années… Nous ne pouvons que vous comprendre, lorsque l’on mesure que l’année 2017 a été la pire depuis le démarrage des réacteurs en 1977 et 1978 : 5700 GWh produits, et pourtant une trentaine d’incidents rapportés par la centrale. Vous envisageriez donc avec sérénité la présence sur notre sol d’une structure nucléaire inutile, dangereuse pour notre environnement, tant humain que naturel ?
Représentantes et représentants des électeurs, vous êtes censés faire les lois, et êtes aussi garants de leur respect. Auriez‐vous oublié la loi de Transition Energétique de 2015 (que certains d’entre vous ont votée) qui limite la capacité de production nucléaire dans notre pays ? Faites‐vous peu de cas du décret du 8
avril 2017 qui abroge l’autorisation d’exploiter la centrale de Fessenheim avec effet au premier jour de l’EPR ? A n’en pas douter, vous avez une étrange conception de la continuité de l’Etat…
Il y a quelques années, ce sont soixante –dix communes d’Alsace –représentant plus de 600 000 habitants – qui ont pris des motions exigeant l’arrêt définitif de la centrale de Fessenheim. Ce sont 422 élus alsaciens de tous bords qui ont signé une pétition avec la même exigence. Il est triste de voir que treize élus ont perdu toute idée du respect de l’engagement.
Dans votre lettre, vous invoquez le délai nécessaire à « définir collectivement et sereinement les projets et dispositifs nécessaires au maintien d’une ambition
industrielle en Alsace […] ». Oubliez‐vous la nomination dès 2012 de Monsieur Rol‐Tanguy, puis de Monsieur Malerba comme « délégué[s] interministériel[s] à la
fermeture de la centrale nucléaire et à la reconversion du site de Fessenheim ».
Lors des visites en Alsace de ces délégués, qu’avez‐vous fait pour l’ambition industrielle de l’Alsace que vous revendiquez aujourd’hui ? Vous n’avez rien proposé, rien demandé, refusant toute discussion. Et vous vous en vantiez, « sereinement »…
Aujourd’hui, alors que douze des treize signataires de votre lettre siègent (et à quel titre ?) au sein du Comité de Pilotage installé par Monsieur Lecornu, votre première initiative est donc de tenter de saboter ce comité avant même qu’il n’ait commencé à travailler ? Belle conception du dialogue et de la démocratie…
Depuis près de quarante ans, la centrale de Fessenheim a déversé sans compter une manne financière sur une partie du territoire alsacien. Et ceci quelles que soient les performances en terme de production. Et durant ces quarante ans, vous ne vous êtes visiblement pas préoccupés de l’avenir économique de la région de
Fessenheim. Vous n’avez rien fait pour attirer de nouvelles activités pourvoyeuses d’emplois au voisinage du site nucléaire, pourtant parfaitement inoffensif à vous entendre. Vous vous êtes assis sur une rente financière, pensant qu’elle allait durer toujours, au moins durant le temps de votre mandat. Vous ne pouviez ignorer que la centrale ne serait pas éternelle… Nous voudrions vous rappeler la phrase d’Emile de Girardin : « Gouverner, c’est prévoir ». Il serait bon que vous l’appreniez par coeur, cela pourrait bien vous resservir…
Mesdames et Messieurs les treize élus, par votre lettre vous incarnez une certaine classe politique toute entière tournée vers le passé, vous montrez votre incapacité d’être acteur de l’avenir de l’Alsace, vous ne pensez visiblement qu’à prolonger un état d’aveuglement et d’assistanat béat sans vous interroger sur l’image que vous donnez de notre région.
Mesdames et Messieurs les treize élus, vous ne faites pas honneur à votre mandat. Vous ne faites pas honneur à l’Alsace.
Sans attendre aucun retour de votre part, nous vous prions de croire, Mesdames et Messieurs les élus, en l’expression de notre engagement pour une Alsace tournée vers un avenir sans nucléaire.

Pour les Associations
Jean‐Marie Brom

P.S. Si d’aventure, poussés par votre engagement, vous envisagiez d’occuper la centrale de Fessenheim pour y créer une Zone A Défendre, permettez‐nous de
vous rappeler que le site présente de « légères » traces de radioactivité…
Jean‐Jacques RETTIG
Président du Comité pour la Sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin
Rémi VERDET
Président de l’association Stop Transports Halte au Nucléaire
André HATZ
Président de l’association Stop Fessenheim
Lucien JENNY
Collectif Les Citoyens Vigilants des environs de Fessenheim
Jean-Paul LACOTE
fédération Alsace Nature
Lettre ouverte 13 élus -7 février 2018 au format pdf

[Tribune] Forêt de la Robertsau – La Wantzenau : un bien commun à protéger

[Tribune] Forêt de la Robertsau – La Wantzenau : un bien commun à protéger

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Enfin, nous y sommes ! Depuis 1988, Alsace Nature, avec ses 2000 adhérents directs et sa centaine d’associations fédérées, soutient le classement de la forêt de la Robertsau – La Wantzenau en réserve naturelle nationale.
C’est peu dire que, depuis le premier engagement de Marcel Rudloff, confirmé unanimement par ses successeurs Catherine Trautmann, Fabienne Keller et Roland Ries, le chemin fut long. Il le fut parce qu’un tel classement n’est évidemment pas neutre, c’est l’un des régimes de protection de la nature les plus forts en droit français.
L’enquête publique en cours sur ce projet de classement est l’ultime étape de ce long chemin et nous espérons qu’elle sera l’occasion d’une concertation large, ouverte à tous, dont nous appelons chacune et chacun à se saisir. C’est l’occasion de revenir aussi sur les enjeux de ce classement, qui, pour nous, dépassent largement les impacts qu’il aura sur les usages de cette forêt, appelés nécessairement à évoluer.
Le premier enjeu est local. Protéger cette forêt, c’est boucler enfin la protection des grandes forêts péri-urbaines de notre agglomération. Après le Rohrschollen, puis la forêt de Neuhof – Illkirch, la forêt de la Robertsau – La Wantzenau est la dernière à ne pas être protégée par un statut solide, édicté par un décret, pour échapper aux variations politiques ou économiques.
Engagée dans des politiques de retour de la nature en ville (telle que Strasbourg, ça pousse !) et dans l’élaboration d’un ambitieux plan climat 2030, notre agglomération trouvera dans ses forêts périurbaines désormais protégées les poumons de naturalité indispensables à ces politiques écologiques.
Le second enjeu est rhénan. Comme ses voisines, la forêt de la Robertsau – La Wantzenau est un vestige bien abîmé de la séculaire forêt alluviale, du temps où elle accueillait les méandres, les crues et les respirations d’un fleuve encore libre, d’un Rhin non encore bétonné et colonisé par les activités économiques et l’urbanisation. Elle fait ainsi partie de ce chapelet de bouts de forêts qui s’égrène des deux côtés du fleuve et qui tous font partie d’un ensemble remarqué, par des outils tels que Natura 2000, au plan européen, ou Ramsar, à l’échelle internationale.
Faire revivre la forêt de la Robertsau – La Wantzenau comme un écosystème à nouveau relié à sa rivière Ill et à son fleuve Rhin est un des défis de ce classement, qu’il nous importe collectivement de relever.
Le troisième enjeu est planétaire. Plus personne ne peut ignorer la grave crise que traversent nos ressources naturelles, de tous types (sols, eau, air, faune, flore), ni évidemment les dérèglements climatiques, qui bouleversent nos saisons et nos modes de vie. Face à ces crises, on peut se dire qu’elles sont trop éloignées de ce qu’on peut faire, que les Etats et les multinationales doivent agir d’abord, chacun ses responsabilités en effet. Mais on peut aussi, en citoyen engagé, chercher à agir localement, en commençant par préserver ici et maintenant ce qui nous reste de précieux et de vital.
Comme ses voisines, la forêt de la Robertsau – La Wantzenau nous est précieuse et vitale, parce qu’elle régénère notre air, tempère nos climats, calme nos stress. Protégée, gérée avec des moyens propres et nouveaux, elle remplira d’autant mieux ces fonctions, à notre bénéfice.
Enfin, le dernier enjeu est sociétal. Aux comportements individualistes qui poussent chacun à se croire propriétaire de la forêt où il court, cueille, se promène, randonne, pêche…, le classement substituera un mode de gouvernance partagé, où les pratiques seront équilibrées à l’aune des objectifs naturalistes définis par le classement. La forêt n’appartient à personne, c’est un bien commun, qui appelle une gestion collective. Cela sera exigé par le classement, qui, en ce sens, sera non une fin, mais un commencement. Dans la construction de cette intelligence collective, le CINE de Bussierre sera d’un apport crucial.

Nous appelons toutes celles et ceux qui se sentent concernés par ces enjeux majeurs à se mobiliser en faveur de ce classement, en envoyant leur avis positif aux commissaires-enquêteurs (contact :
 pref-enquetes-publiques@bas-rhin.gouv.fr). Notre association le fera très prochainement, comme nous espérons que vous serez nombreuses et nombreux à le faire, avant le 23 février prochain.
Plus dinformations seront mises en ligne au fur et à mesure sur http://localhost:8888/actu-alsacenature-hack

[Découverte de la semaine] – Le Lérot (Eliomys quercinus)

[Découverte de la semaine] – Le Lérot (Eliomys quercinus)

lérot
Le lérot est un rongeur nocturne de la famille des Myosidae. Il mesure une quinzaine de centimètres sans la queue, et pèse environ de 60 à 140 grammes.
Il est facilement reconnaissable grâce à son pelage coloré. Notamment le noir autour de ses yeux, ainsi que son pelage ventral blanc et dorsal gris brun.
Le Lérot dors dans un nid caché dans un trou d’arbre ou un ancien nid d’oiseau. Il descend au sol la nuit pour se nourrir. Le lérot vit dans les vergers, les jardins et les parcs. Il fréquente facilement les greniers et bâtiments abandonnées. Il hiberne pendant l’hiver, il entre en complète léthargie.
La femelle a une seule portée par an, de 2 à 7 petits au bout d’une gestation de 3 semaines. L’accouplement à lieu entre avril et mai. Dans la nature, le Lérot vie entre 3 et 4 ans. A la naissance, les petits sont roses et aveugles (paupières closes), ils mesurent 4 cm. Il émettent des ultrasons comme cris. Un duvet gris-clair se développe rapidement, dont le contour des yeux, qui encore clos, s’ornent d’une traînée noire, caractéristique de l’espèce.
Le Lérot est capable de laisser la fourrure de sa queue quand il est attaqué par un prédateur, mais elle ne repousse pas.
On rencontre le lérot en Europe, principalement en France, Espagne, Italie, Allemagne. Ainsi qu’en Asie Mineure.
C’est une espèce en forte régression, dû aux pesticides et à la dégradation générale de ses habitats (bocages, prés, prairies, arbres creux ou morts, granges et greniers pour son hibernation). Il souffre aussi de la pollution lumineuse. Le lérot peut-être victime des fouines et des oiseaux nocturnes tels que les chouettes et hiboux, qui fréquentent le même habitat. Il souffre aussi de la prédation des chats, des empoissonnements et des tondeuses dans les jardins.
En Alsace, le Lérot fait partie de la Liste Rouge des Espèces Menacées.

[enquête publique] Classement de la forêt de la Robertsau en Réserve naturelle nationale

[enquête publique] Classement de la forêt de la Robertsau en Réserve naturelle nationale

 
La forêt de la Robertsau bientôt classée réserve naturelle nationale ?

Ce projet de classement vise à compléter le réseau de réserves naturelles existant le long du Rhin et a pour objectif de protéger durablement la faune et la flore locale via la mise en place d’une réglementation spécifique sur le massif forestier.
L’enquête publique sur le projet de création de la Réserve Naturelle Nationale et de son périmètre de protection se déroulera du 22 janvier au 23 février 2018 inclus.
L’ensemble du dossier est disponible sur le site de la préfecture du Bas-Rhin
Une réunion d’information publique aura lieu le lundi 5 février 2018 de 18h à 20 h au Foyer des loisirs 42, rue de l’Ill à Strasbourg
 
Nous vous invitons à soutenir ce projet de réserve naturelle qui fait suite à près de 30 ans de procédure en écrivant au commissaire enquêteur :
– soit par courrier à l’intention du président de la commission d’enquête au Centre administratif de la mairie de Strasbourg, 1 Parc de l’Etoile 67076 STRASBOURG cedex
– soit par message électronique avec la mention « enquête publique – Réserve Naturelle Nationale » à transmettre à l’adresse pref-enquetes-publiques@bas-rhin.gouv.fr
 

[Communiqué de presse] Carrière de Metzeral : Alsace Nature l’emporte après 10 ans de procédures !

[Communiqué de presse] Carrière de Metzeral : Alsace Nature l’emporte après 10 ans de procédures !

Après 10 ans de procédures, la Cour d’Appel de Nancy vient de donner raison à l’association Alsace Nature, soutenue par des riverains, dans son combat contre l’arrêté d’exploitation d’une carrière de granit sur le ban communal de Metzeral, dans le Haut-Rhin.
Alsace Nature se félicite de cette décision qui, nous l’espérons, met fin à des années d’allers et retours juridiques. L’entreprise Nouvelles Carrière d’Alsace peut, bien entendu, se pourvoir en cassation, mais il nous semble que cet arrêt clôt enfin ce long débat.
Il est important maintenant que le Préfet du Haut-Rhin veille au respect de la règlementation applicable en matière de carrière et, au Parquet de Colmar, d’enfin faire aboutir les nombreuses plaintes dont il est saisi sur ce dossier.
Daniel Reininger, Président d’Alsace Nature, déclare :

« Dans ce dossier, comme dans beaucoup d’autres, le juge vient de mettre en lumière le fait que la parole des associations n’est pas le fruit d’une idéologie quelconque, mais bel et bien une application de la volonté du législateur. Les représentants de l’Etat ferait bien de s’en rappeler, notamment au regard des décisions récentes sur certains gros dossiers en cours… »

HISTORIQUE DU DOSSIER
Deux procédures parallèles ont animé ce dossier depuis plus de 10 ans.
Ce dossier débute en 2005, quand la société Nouvelles Carrières d’Alsace (NCA) est autorisée par arrêté préfectoral à exploiter la carrière de Metzeral, ce qui nécessite d’étendre le périmètre de cette dernière. Pour se faire, une modification des documents d’urbanisme de la commune est engagée : une révision du Plan Local d’Urbanisme (PLU) est opérée le 23 février 2006. La société NCA sollicite alors une nouvelle autorisation de poursuivre l’exploitation et d’étendre ses activités pour 30 années supplémentaires, avec une capacité moyenne d’extraction de 55 000 tonnes, pour un gisement à exploiter de 1 680 000 tonnes. Or, la modification du PLU opérée ne permet pas une telle extension. La commune opère une seconde révision en octobre 2009. Cette dernière fait l’objet de procédures juridiques et est annulée par la Cour d’Appel de Nancy le 13 mars 2014.
Pour autant, le Préfet, en mai 2011, autorise la poursuite de l’exploitation de la carrière. Le 25 novembre 2011, Alsace Nature attaque cet arrêté devant le Tribunal Administratif de Strasbourg. Par un jugement en date du 19 décembre 2014, le Tribunal Administratif de Strasbourg rejette la requête d’Alsace Nature au motif que la commune de Metzeral a, entre-temps, révisé son document d’urbanisme, par une délibération du conseil municipal en date du 5 novembre 2014 – cette délibération sera annulée par le Tribunal Administratif de Strasbourg en juin 2017. Un arrêt de la Cour d’Appel de Nancy du 26 novembre 2015 donne raison à Alsace Nature et casse la décision du 19 décembre 2014.
Nouvelle Carrière d’Alsace se pourvoit en cassation contre cette décision. Le 30 décembre 2016, le Conseil d’Etat annule l’arrêté de la Cour d’Appel de Nancy du 26 novembre 2015, sur un motif de droit tout en renvoyant le dossier devant la CAA de Nancy pour réexaminer l’affaire au fond. L’arrêt de la CAA de Nancy du 30 janvier 2018 (en téléchargement ci-dessous) donne raison à Alsace Nature.
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