Voici le dernier volet de cette trilogie printanière spécial anniversaire !

Vous l’attendiez fin Avril ne-te-découvres-pas-d’un-fil et le voilà en Mai fais-ce-qu’il-te-plait !

Classé comme le plus grand de nos mammifères insectivores bien qu’il soit plutôt omnivore, le « niglo » comme l’appelle les gitans – cela se traduit par piquant – est l’un de ces animaux que la convention de Berne à bien du mal à protéger.

A l’issue de cette lecture, les non initiés aux gestuels des « compagnons de la croix verte » auront, je l’espère, une approche moins basique de l’Erinaceus Europaeus, nom latin du hérisson, qui est, cela va sans dire, notre pelote d’épingle préférée ! Quelques spécialistes n’y apprendront rien puisqu’ils savent tout, aussi m’escrimerais je dans la langue de molière à les amuser à défaut d’ « inculquer » !

Ouf ! Fin du prologue !

Lançant ma plume versatile sur cet espace d’écriture tel un patineur sur la glace, je souhaiterais saluer l’habile Stéphane Giraud, le président d’Alsace Nature, pour sa dextérité dans l’art d’éconduire la bavure avant qu’elle ne soit !

Vous avez tous reçu dernièrement cette photo craquante qui annonçait ce courriel ?!

Et bien posséder le charmant petit hérisson de la photo sous nos latitudes relèverait a priori du pénal car l’animal est en effet non un européen mais un adapté des brousses et des déserts de l’Afrique. Ses oreilles surdimensionnées à l’instar des sonars du fennec, malodorant cousin du renard, sont des instruments d’écoute qui semblent caractériser certains chasseurs des sables.

Les organes auditifs de notre Erinaceus local sont beaucoup plus discrets.

Ils suffisent alimentairement à détecter le glissement d’un vers de terre dans l’herbe.

Il lui est inutile de pasticher Jumbo l’éléphanteau, le prince Charles ou l’interprète du « poinçonneur des lilas » pour se nourrir.

Puisque nous parlons équipement de détection, «anecdotons ».

Lorsqu’il chasse, notre ami promène sa truffe tel un chercheur de trésor sur le plages du littoral en période estivale.

Capacité de détection des aliments : 3 cm sous terre.

Nous admirons la performance.

Il en fait usage sans discrétion, aucune.

Ce n’est pas pour rien que nos voisins anglais l’appelle « hedgehog », le goret des haies !

Pour manger, notre bogue de châtaigne sur pattes fait un tel barouf qu’on ne l’imagine pas si petit !

Postez vous à l’affût en début de nuit près d’une rangée buissonnante, clôture ou autre chemin de passage et… vérifiez !

Ça grogne, renifle, renâcle, soupire, mastique ? Ça fouille en grommelant racinaires et feuillage épars ? Ça projette avec hargne quelques décigrammes de terre en trop sur vos chausses imperméabilisées vert kaki de pisteur « vieux campeur » ?

C’est lui !!!

Après plus d’un semestre de comas alternés par de courts sursauts d’activité, ceux qui ont survécu à l’hiver ont repris leur rythme biologique des beaux jours composé de 18h de sommeil pour 6h de chasse.

Deux objectifs en ce mois de mai où les fleurs volent au vent si mignonnement : assurer la descendance par portées de quatre à six petits et reprendre du bide, les stocks de graisses disponibles étant généralement au plus bas !

Notre ami brûlerait pendant sa période de léthargie 2 grammes de gras par jour. Faites le calcul. Plus de six mois de sommeil épuisent rapidement le stock de nutriments disponibles, d’autant que chaque semaine, ce ténor du dodo, doit impérativement s’ébrouer et deux trimestres à faire le yo-yo avec la régulation thermique, le cycle ventilatoire et le rythme cardiaque, ça creuse !

Et pourquoi notre ami doit il s’ébrouer ?!

Réponse : ses hypothermies entraînent une acidémie, c’est à dire une diminution du PH du sang, et ça, c’est pas bon pour l’organisme.

En clair, chaque année de nombreux hérissons succombent entre janvier et mars car ayant épuisés leurs réserves il leur faut sortir sur un sol gelé trouver une nourriture qui leur fera fatalement défaut.

Vous avez bien lu : ils meurent de faim.

Vous voulez jouer l’utilité et l’efficacité ?

OK ! C’est parrrti !

Prévoyez dès cette année un poste fixe de distribution de nourriture qui pourvoira au froid.

Si présence de chats vous couvrirez la gamelle. Le couvercle utilisé dépassera de quelques centimètres. Sieur Hérisson selon la Hulotte n’en doutez pas de son nez s’en jouera.

Quand approvisionner la gamelle ?

En été pendant les grandes sécheresses : limaces, escargots, vers de terre se mettent en effet hors de portée en s’enfouissant au frais.

Vous réitérerez en automne par un approvisionnement régulier puis, au besoin, en période gélive.

Vous l’aurez compris, un hérisson trop fluet (juvéniles de seconde portée, adultes malades ou vieillards séniles) en septembre sortira des effectifs des bons vivants au printemps.

Dans le doute, pesez.

Si votre peluche à puces fait moins de 450 gr à la Saint Adelphe, attention danger !

Un adulte normalement constitué devrait osciller entre 800 et 1200 gr !

Confinez notre mal portant provisoirement au calme dans un carton contre une bouillotte et contactez sans attendre le centre de soins ou le véto le plus proche qui devrait pouvoir vous conseiller, vous relayer ! Si ce n’est le cas voir plus bas les adresses fournies !

(Le carton n’est pas une cage ! Champion de l’évasion votre alité n’y restera pas longtemps !)

Que donner en pitance ?

Pour boisson, au lait de vache qu’il faut impérativement proscrire, vous préférerez l’eau, le fortol (aliment liquide hyper digestible et hyper appètent destiné à la réalimentation des animaux convalescents) ou le lait de chèvre.

Pour aliment solide, au pain, vous préférerez du pâté pour chat.

Achat-cadeau pour la mamie à hérisson du quartier ? Faites lui parvenir par un alsacien de l’igelfutter, c’est le corned beef spécial niglo commercialisé dans les animaleries allemandes.

Ils sont forts ces germains

Bad news from the stars… chantait Gainsbourg.

Des observateurs et scientifiques outre manche prédisent la disparition du hérisson sur le sol britannique pour 2025.

En 1950 il y en avait 30 millions.

En 1995 il en restait 1,5 millions seulement.

(95% de perte en 60 ans).

Le pays de Molière vaut bien la perfide Albion.

L’activité humaine y abaisse l’espérance de vie du « niglo » qui pourrait être d’une décennie à 2 ans !

Quels sont les principaux facteurs de ces chiffres accablants ?

Le trafic autoroutier

430 km de macadam suisse étudiés pendant 5 ans prouve qu’un hérisson meurt tout les 300 mètres chaque année !

Une étude effectuée par l’école vétérinaire de Nantes relèverait deux pics.

Mai-Juin. Ce sont surtout les mâles reproducteurs qui se feraient avoir en visitant les territoires des femelles fréquentables.

Août-octobre. Hécatombe chez les petits inexpérimentés et leurs mamans ralenties et affaiblies par la maternité.

L’empoisonnement alimentaire

Montré du doigt, les jardiniers adeptes de l’anti-création qui améliorent leurs rendements à coup de germicides, insecticides et désherbants font évidemment de gros dégâts. Le métaldéhyde molluscide étant l’ennemi public numéro un, tous les amoureux du beau, du bon, du merveilleux, vanteront le Ferremol de substitution quand les pièges à bières, barrages de cendres et d’ aiguilles d’épicéa s’avèrent inefficaces.

Je connais certains « puristes » qui utilisent les planches où les bâches à limaces sous entendant la récupération matin et soir des « baveux » qui s’y sont réfugiés.

A défaut d’avoir sous la main un laborantin qui en fasse de l’hélicidine, (eh oui ! le sirop antitussif !), il vous faudra si vous voulez les rejoindre – méthode dure – d’un coup de ciseau habile trancher, – méthode douce – vous en débarrasser dans un proche terrain vague (et non dans le jardin de votre funeste voisin !).

Le brûlage et débroussaillage

Chaque année, par milliers, ils sont brûlés vifs et déchiquetés.

Chaque année des agents d’ espaces verts, des agents communaux, des particuliers deviennent par ignorance, négligence ou malgré eux, des prédateurs-tueurs.

Au refuge du vordermeyersbuhl, nos belles âmes néo rurales jardinent gaiement dans l’amitié du bon Dieu et/ou de sa création : on ne brûle plus et comme rien ne se perd, on recycle.

Tout bois ou tas de feuilles non utilisé servira de matériaux de construction pour des abris adaptés.

Amies musaraigne et couleuvre, frère orvet et troglodyte, sœur salamandre, crapaud, hérisson et insectes divers, « oyez » le, nous assurons le gîte et le couvert !

Le parasitisme

Puces et tiques affaiblissent notre sympathique ami. L’infestation aboutit parfois sur des myiases : la multiplicité des piqûres engendre vite des plaies vives et purulentes où grouillent rapidement des colonies d’effroyables asticots affamés.

J’ai oui dire que certains jardiniers traitaient leur piquant ami contre le parasitisme leur assurant au passage quelques années de vie supplémentaires !

Bravo ! Excellent !

Si vous avez vous aussi, chanceux, un Hérisson à chérir, voici quelques dernières mentions glanées !

Vous utiliserez du frontline pour les puces, le retrait manuel pour les tiques, la moxidectine pour les acariens, la griséofulvine et l’énilcoazole pour les champignons suivant fidèlement les directives de votre ami vétérinaire.

Quand au tartre et gingivites, ils sont souvent le fruit d’une alimentation trop molle du type « j’ai familiarisé mon hérisson à ne manger que du Shebaa ! ».

Quelques sites qu’il est impératif de consulter si vous voulez parfaire vos connaissances : le sanctuaire des hérissons, l’Aspas, le Gorna Alsace-Lorraine et bien évidemment les associations de la rue Adèle Riton (Lpo – Gepma – Alsace Nature) !

Allez je vous balance la petite info qui agrémentera votre prochaine rencontre, votre prochaine photo !

Savez vous comment dérouler un hérisson qui s’est mis en boule ?

Faites comme moi, glissez votre main sous son ventre et de l’index chatouillez le !

Bon mois de mai à tous !

Votre mustélidé préféré : Jojo le rigolo