Alsace Nature a participé à deux réunions préparatoires pour l’élaboration d’un projet de charte initiée par l’Association des Viticulteurs d’Alsace et a soumis ses réflexions et revendications. Lors de la dernière réunion (5 décembre 2019), Alsace Nature a estimé que les contenus et les conditions du dialogue avec les associations environnementales et de la protection des riverains n’étaient pas réunis pour valider le texte de la charte.

Si Alsace Nature reconnait que la viticulture alsacienne s’est engagée dans une voie du progrès notamment par un nombre respectable et en augmentation des exploitations en bio – biodynamie et agroforesterie et qu’il n’y a pas aujourd’hui de solution miracle de traitement des végétaux, nous affirmons clairement que le danger des pesticides de synthèse pour la santé humaine et pour la biodiversité n’est plus à démontrer et que l’enjeu de la santé publique devait primer sur les enjeux économiques.

Alsace Nature soutien le déploiement d’une viticulture biologique et, dans l’intervalle des ZONES DE NON TRAITEMENT d’au moins 150 mètres des habitations.

Même avec des techniques plus appropriées, les produits de traitement se propagent dans l’air, au sol, dans l’eau, dans le potager des riverains, sur leurs mobiliers de jardin…. Les
riverains méritent mieux qu’une simple information sur les horaires d’épandage ou les techniques d’application des produits. Nous demandons une transparence totale sur la liste des produits répandus et les risques sanitaires encourus. Un dialogue ne pouvant s’établir qu’à la condition que celui-ci soit engagé d’égal à égal. Revendications qui n’ont pas été retenues.

Et qui représente les riverains ? Le Maire de la commune qui a délivré les permis de construire et rédige les Plans d’Urbanisme sans prévoir des zones tampons de protection et de développement de la biodiversité ? Est-ce aux riverains d’adapter leur cadre de vie et de se calfeutrer pour ne pas respirer et toucher les produits répandus ? Est-ce aux espaces naturels et à la biodiversité de faire les frais de l’urbanisation et du développement du vignoble ?

Parmi les solutions préconisées par la profession, la réduction des quantités de produits, le ciblage précis et la maîtrise de la dérive et de la volatilisation par des moyens techniques de récupération sont louables, mais ne peuvent pas légitimer la poursuite de l’usage de produits dangereux. Alsace Nature affirme que l’usage du soufre et du cuivre (dont il faudra savoir se passer demain), en réduisant les doses, est préférable à l’usage de pesticides de synthèse.

L’ambition d’une charte ne serait-elle pas de donner une réelle impulsion aux viticulteurs pour accompagner les évolutions attendues par les citoyens, d’aller bien au-delà de l’application stricte de la réglementation qui autorise encore la dispersion de tonnes de produits chimiques nocifs ?

L’ambition d’une charte ne serait-elle pas d’encourager la recherche et l’usage de produits non dangereux fut-ce au détriment de quelques grandes multinationales ?

L’ambition d’une charte ne serait-elle pas d’aller au-delà d’un simple outil de communication et de tentative d’apaisement ?

En cette période de pandémie du Covid-19, n’est-il pas urgent de prendre au sérieux les préconisations de nombreux scientifiques et d’ONG qui appellent à cesser immédiatement l’épandage des pesticides ? Sous prétexte de négociations de chartes en cours, le gouvernement a publié des instructions et communique sur les possibilités de réduction des distances des zones de non traitement. Selon ATMO France, une exposition chronique à la pollution de l’air est considérée comme un facteur aggravant les conséquences d’une infection par le Covid-19.

Alsace Nature appelle les riverains à ne pas se laisser piéger par un « pseudo » dialogue qui n’apporte aucune garantie de protection et aucun changement au système de production actuel.