Justin Vogel, Président de la Communauté de Communes Kochersberg-Ackerland a dit « le GCO est un fléau pour le Kochersberg, c’est un projet d’un autre âge, une aberration stratégique et écologique qui créera les conditions favorables au trafic de transit européen ». On ne saurait être plus lucide et la mise en service prochaine montrera à tous à quel point il avait raison. Nous appelons donc élus et responsables à ne pas participer à l’inauguration d’un « fléau ».
Roland Ries, quant à lui, avait dit, avant de se renier et de permettre tout le processus qui a abouti à la réalisation du GCO : « le transfert de nuisances n’est plus possible dans des territoires comme le nôtre ». Il semblerait qu’une partie de l’exécutif actuel de l’Eurométropole de Strasbourg (EMS), bien que s’étant battu contre le GCO, s’en accommode aujourd’hui, en réduisant la vitesse et la circulation sur la M35, entérinant ainsi un principe de « régulation par la saturation » (pour que des usagers consentent à emprunter le GCO, il faut que la M35 soit saturée) et d’exportation des nuisances.
Le GCO ne se contentera pas d’accueillir les camions de transit de la M35, mais il en attirera des milliers en plus en Alsace, et la pollution générée pas tous ces poids lourds, sous l’effet des vents dominants, reviendra vers l’agglomération strasbourgeoise, comme l’a démontré l’association « Strasbourg Respire ». Avec une concession de 54 ans, toute future politique de baisse des flux routiers visant à réduire les nuisances pour tous plutôt que de les transférer ailleurs, entrera en contradiction avec les intérêts de Vinci et de ses actionnaires.
En ajoutant à cela que le contournement ne soulagera pas la circulation pendulaire domicile-travail des zones périurbaines vers l’EMS, au contraire, il aggravera la congestion sur l’axe Ittenheim-Strasbourg (+14 000 véhicules jour /semaine), les invités à l’inauguration ont donc là de bonnes raisons d’y renoncer et de ne pas se rendre complices d’un fiasco prévisible et annoncé. Nous saurons rappeler aux alsaciens en temps utile à qui on doit cette aberration.
Alsace Nature rappelle également que cette autoroute reste, à la date d’aujourd’hui, construite avec un arrêté largement litigieux comme l’a souligné le Tribunal administratif. Voir le chef du gouvernement venir inaugurer une autoroute, autorisée par ses services, mais dont les estimations des dégâts et les évaluations de la plus-value font largement griefs selon le jugement (non contredit) du Tribunal, ne manque pas de rappeler les grandes heures des républiques bananières …
Afin de rappeler à monsieur Castex et au gouvernement que le GCO est inutile et incompatible avec la lutte contre le dérèglement climatique, nous appelons à un rassemblement le samedi 11 décembre à 10 h, à Ittenheim, dans un champ proche du lieu de l’inauguration (même lieu que le rassemblement du 13 novembre dernier).
Le collectif GCO NON MERCI
APPEL A MANIFESTATION :
SAMEDI 11 DECEMBRE 2021, 10 H – I T T E N H E I M –
à proximité de la gare de péage.
Parcelle où se déroulera le rassemblement. En venant de Strasbourg, au rond-point juste avant l’entrée d’Ittenheim, vous prenez la 3e sortie et suivre le chemin jusqu’au chemin qui mène vers la parcelle.
La consultation sur le Plan Stratégique National pour la future PAC est ouverte jusqu’au 12 décembre 2021
« La programmation actuelle 2015-2020 de la PAC a été exceptionnellement prolongée de deux ans en raison de la crise sanitaire et de la durée des négociations européennes. C’est pourquoi la nouvelle programmation commencera au 1er janvier 2023, après la validation par la Commission européenne des Plans stratégiques nationaux que les 27 États-membres doivent rédiger. Le PSN de la France correspond à un document de planification stratégique, encadré par la réglementation européenne. Son élaboration est confiée à une autorité de coordination unique pour chaque État-membre. En France, au niveau national, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation est chargé du pilotage de ces travaux.
Celui-ci travaille en étroite collaboration avec les autres ministères concernés (ministère de la Transition écologique, ministère de la Cohésion des territoires, ministère des Outre-mer etc.), mais également de manière étroite avec les Régions, en charge de la gestion de certaines mesures du FEADER, le second pilier de la PAC. Il s’agit donc d’une construction conjointe entre l’État et les Régions, où la concertation avec les parties prenantes et les citoyens joue un rôle central. Pour construire le PSN PAC de la France, l’État et les Régions devront s’appuyer sur un diagnostic partagé du secteur agricole, alimentaire, forestier et des zones rurales, tout en tenant compte des attentes de la société »
« Il s’agit désormais de consulter les citoyens sur cette première version du Plan stratégique national, avant sa transmission à la Commission européenne, le 31 décembre 2021 au plus tard. »
Alsace Nature vous invite à participer. On contribue des textes libres, mais très limitées en longueur (3000 respectivement 1000 signes). Il est donc bon que différentes personnes focalisent sur différents thèmes. Vous trouvez des évaluations du projet de PSN sur le site de la consultation.
Comme les sujets sont assez techniques nous vous proposons quelques pistes.
Premièrement vous trouvezICIles propositions deFrance Nature Environnement (avec la Plateforme pour une autre PAC).
Deuxièmement, vous trouvezICI les réflexions rédigées par Anne Vonesch, pilote du Réseau « Agriculture et Alimentation » d’Alsace Nature ciblées sur l’élevage et le bien-être animal. Anne vous serait particulièrement reconnaissante de bien vouloir demander qu’il y ait des aides couplées et non couplées pour améliorer le bien-être des veaux de boucherie laitiers.
Compte–rendu de la sortied’automne dans leNiederwald Jeudi 21 Octobre2021
Cette sortie était organisée par le groupe local d’Alsace Nature – Colmar et environs.
En compagnie de Mr Muckensturm , forestier de l’ONFchargé du site, et de Daniel Reininger , président d’honneur d’ Alsace Nature et représentant de FNE Grand Est à l’agence Rhin–Meuse, les membres d’Alsace Nature se sont retrouvés sur le site de Natura 2000 Ried Colmar, pour cette sortie consacrés à son espace forestier.
Le Niederwald est une RBD, réserve biologique dirigée incluse dans la Zone Natura 2000 du Ried de Colmar, un rare espace français en protection forte. Forêt de 545 ha, le Niederwald appartient à la commune de Colmar depuis le Moyen Âge . Entre les cours de la Fecht et de l’Ill, elle estparcouruepar de nombreux ruisseauxphréatiques. La nappe phréatique est à l’étiage à 1,5 m de la surface limoneuse. Les débordements de l’Ill affectent sa partie Est. Elle appartient aux écosystèmes alluviaux entre Colmar et Strasbourg des Rieds gris et bruns.
Sa population forestière
Les essences de feuillus ont été évolutives.L’orme très présent (15% en 1920) a été décimé fin du XXe par la graphiose (mycose disséminée par un scolyte), permettant la progression du frênequi s’est imposé comme essence principale (40% en 1999) et qui, à son tour, est victime de la chalarose, mycosed’origine asiatique qui s’est propagéeau nord de la France depuis2005.
Les arbres atteints seront abattus, lebois de cœur (duramen)étant toujours utilisable.La sécurisation delaforêt est aussi en question.
Les essences majoritaires sont le frêne, l’aulne glutineux,les érables sycomores et champêtres, chênespédonculés. Deuxespèces exogènes,remarquables et bien adaptées ont été introduites au XIXe s.: le noyer noir d’Amérique et le Hickory (Carya)qui pourraient s’étendre sans la contrainte règlementaire.
Elle esttraitée en futaie irrégulière permettant la régénération naturelle par bouquets.
Réserve Biologique Dirigée (RBD) et Zone Natura 2000: une double protection
La gestion de laforêtest confiée à l’ONF qui établit des plans d’aménagements quinquennaux.
Depuis 2013 elle a été classée en RBD qui doit concilier des enjeux àla fois de préservation patrimoniaux et économiques. Une RBD confère un statut de protection forte, spécifiqueaux espaces relevant du régime forestier c’est–à–dire, les forêts de l’Etat (domaniales), les forêts des collectivités ou d’établissements publics (communes, départements, Conservatoire du littoral…)
Rappelons que la France est à la traine en Europe avec moins de 2% de son espace en protection forte.Les ambitions présidentielles affirmées en 2019 sont de 10% en 2030.
Unpremier plan de gestion 2009–2015 duNiederwalda été établi. Il a été choisi de maintenir une sylviculture permettant de guider la tendance évolutive.La dynamique de croissance du frêne et de l’érable étant la plus forte elle aurait dominé la croissance d’autres espèces plus héliophiles. L’objectif est de garder la résilience de la forêt en favorisant des mélanges d’essencespar une mise en lumière favorable,et développerune structure étagée laissant de la place aux espècesde 2eordre (chênes) ou arbustives (noisetiers,fusains, sureau). Le niveau de protection de la RBD va au–delàdu plan d’action de la Zone Natura 2000par la surface plus importante d’arbres définitivement laissés en place : 2/ha (arbres biologiques),de 2 îlots de senescencede 28,3 ha au total soit 5 % de la surface de la forethaen «libre évolution» parabandon définitif des bois pendant 30 ans, permettant aux arbres d’accomplir la totalité de leur cycle de vie et offrant des habitats propices aux espèces patrimoniales (pics , chauve-souris)
Faune (inventaire de 2001)
6 espèces de batraciens (2de grenouilles,2 de crapauds, absence du sonneur au ventre jaune,2de tritons,) 47 espèces d’oiseaux nicheurs,dont les 6 espèces de pics de l’avifaune alsacienne (ex le rare Pic cendré) 9 espèces de chauve–souris 13 espèces de poissons dans les eaux pures (mais peu oxygénées) des ruisseaux phréatiques La loutre a été réintroduite en 1998,son suivi a été arrêté en 2003. Les ongulés: 30 chevreuils /100 ha en 1999, quelquess dizaines de daims (lâchésau XIX e s dans la forêtde l’Illwald), grosse population de sanglier. Lièvres, chats sauvages,renards,blaireaux,putois,rats musqués,ragondins complètent le cortège.
Flore(2001)
120 espèces ont été inventoriées, dont 4 en liste rouge Alsace.
Les ruisseaux phréatiques
Face au risque d’envasement par suite des inondations moins puissantes qui exerçaient un «effet de chasse», plutôt que de curer il a été choisi de creuser au niveau des exsurgences de la nappe .
La sylviculture: planter sans se planter.Questions à propos de la chasse.
Comme nous l’avons vu,la forêt est victime d’agressions fongiques telles que la chalarose du frêne ou la graphiose des ormes,ou d’invasion par les plantes exotiques envahissantes telles que la renouée du Japon ou la balsamine de l’Himalaya et doit pouvoir se renouveler pourassurer du bois d’œuvre de qualité (objectif secondaire ).Ainsi l’ONF prévoit de planter 2500 jeunes chênesde pépinières de la vallée de la Saône (dans quelques années nous aurons le climat de la vallée de Lyon selon les prévisions climatiques),qui devront être protégés de l’abroutissementpar les ongulés, en installant de clôtures de 2 m de hauteur sur 1 Ha.
Nous avons abordé la problématique de la chasse et de la question de la régulation des ongulés en l’absence de prédateurs naturels (plan de chasse pour les chevreuils avec des quotas maxi/mini, absence de plan pour les sangliers ). Pourquoi ne pas faire effectuer une régulation efficace par des agents? comme cela se pratique dans des cantons de Suisse?Citons au passage la déclaration récente du distingué président des chasseurs de France: «Les régulations ,je m’en fous!» Les pesanteurs sociologiques (leplaisir de chasser,les relations sociales etc..) ou économiques par le revenu assuré à la commune d’environ 23.000 €/an ne permettront pas une remise en cause prochaine ….
Toujours sur le plan économique laforêt rapporte bon an mal an environ 150.000 € à la ville de Colmar.Des grumes partent directement en conteneur vers la Chine …
Mr Muckensturm et Max son chien devant le «Gros chêne» abattupar la tempête
Après avoir visité un ilot de sénescence,nous avons renduvisite aux arbres remarquables classéspar le département du Haut Rhinet l’ONF tellegros chêne abattu par la tempêtedu 27/02/2020(25m3 au sol)ou le noyer noir et les caryas centenaires et hauts de plus de 35 m tout proches.
Dans le cadre du débat en cours autour du projet de VLIO, Alsace Nature souhaite faire part des observations suivantes.
Le projet de VLIO se présente comme une réponse unique à un questionnement complexe et évolutif. Personne ne nie qu’il y ait un problème de saturation de certains axes de circulation pendant des périodes limitées, et de nuisances pour les riverains, ni que des solutions doivent être trouvées. Mais avant de s’engager dans une réponse ancienne, il s’agirait d’objectiver et de comprendre les besoins et pratiques réelles en termes de mobilités ainsi que leurs enjeux afin de pouvoir concevoir des réponses adaptées et inscrites dans un contexte en évolution.
Tout d’abord, les études justifiant le projet ont été faites dans un contexte qui a évolué depuis (pandémie, options politiques…) : par conséquent les prévisions de trafic prises en compte dans les études initiales méritent aujourd’hui d’être réinterrogées.
Par ailleurs, et plus important, divers dossiers de mobilité alternative sont annoncés :
le tram vers l’ouest qui va améliorer les capacités de desserte de l’ouest de l’EMS
le transport en site propre ouest (TSPO) qui vise à proposer une alternative à l’usage de la voiture individuelle
la prise en charge de la compétence mobilité par les collectivités voisines de l’EMS, qui ouvre des perspectives d’amélioration de l’offre en transports collectifs
le développement du transport à la demande (TAD)
la mise en place des zones à faibles émissions (ZFE)
le développement des pistes cyclables
Enfin, la crise sanitaire a été l’occasion de développer massivement l’usage du télétravail. La pérennisation au moins partielle de ce fonctionnement permettra de réduire la mobilité et donc la congestion et les émissions de CO2 (Etude ADEME de juin 2020).
La question n’est pas simplement d’absorber le trafic en créant une nouvelle route car il est apparu à de nombreuses reprises, et notamment dans les zones denses, qu’une nouvelle route générait aussi un nouveau trafic. Alors que l’amélioration significative de l’offre en transports « doux » favorise le transfert vers ces modes.
Ainsi, dans une logique purement routière, la VLIO pose un certain nombre de questions :
elle sera un barreau reliant le nord au sud de l’agglomération strasbourgeoise (Schiltigheim – Illkirch par exemple), rôle que tient aujourd’hui la M35. Plutôt que de simplement répartir le trafic existant localement, elle risquerait d’attirer un trafic nouveau lié à l’aménagement de la M35.
comme le GCO n’assurera pas ce barreau nord-sud (péage, détour), la VLIO risquerait aussi de tenter un certain nombre d’usagers qui voudront éviter le péage.
En résumé, sur la VLIO, comme d’ailleurs sur la M35, la régulation du trafic se fera par la saturation – et du coup la VLIO remplira mal son rôle de désengorgement des rues principales des villages de la deuxième couronne,
ce qui montre bien l’incohérence des logiques purement routières.
L’enjeu pour Alsace Nature est donc, sur la base d’une connaissance fine des motifs et circuits de déplacement sur le secteur concerné, de développer significativement les offres alternatives à la voiture, dont notamment les plans de déplacements dans les entreprises, les voies cyclables et leurs accessoires, le covoiturage…
Un impact trop important sur les milieux naturels
Par ailleurs, le tracé prévisionnel impacterait de nombreuses zones humides voire inondables classées ainsi que le Ried de la Bruche dans sa partie basse.
La route passerait à proximité directe d’un des méandres les plus actifs de la Bruche (Korngrutt) et à moins de 300 m d’un site du Conservatoire des Sites Alsaciens : le Brischaltarm (ancien bras mort de la rivière encore en eau et véritable refuge pour la faune aquatique).
Par ailleurs, le tracé impacterait les espaces forestiers et les prairies mésohygrophiles remarquables entre Eckbolsheim et Wolfisheim habitat d’espèces animales et végétales remarquables (Agrion de Mercure, Couleuvre helvétique, Lézard des murailles, Pulicaire vulgaire, Cerfeuil bulbeux, Isnardie des marais, Léersie faux riz, Erysimum fausse giroflée, Pesse d’eau…).
A l’heure où de plus en plus de communes de l’EMS se lancent dans la reconquête des corridors écologiques, il serait pour le moins paradoxal de prévoir un projet qui mettrait ainsi à mal des éléments de trame verte et bleue encore existants.
C’est avec beaucoup d’émotion et de tristesse que nous avons appris le décès de Rémy Specker le 27 octobre dernier.
Lui qui a été de part sa nature, d’un optimisme à toutes épreuves dans sa vie, a su nous montrer la voie de la résilience lors de son engagement ces 20 dernières années pour Alsace Nature. Il a rejoint notre association en tant que membre du Groupe Local Jura alsacien, et a suivi la formation des Guides Nature (promotion 2003/2004), formation pour laquelle il est devenu intervenant régulier. Rapidement, il est devenu administrateur au sein du comité directeur 68 (2004) puis Secrétaire Départemental de la section Haut-Rhinoise de 2008 à 2010.
Il a démontré par sa persévérance positive, qu’il est possible de vivre activement jusqu’aux frontières du possible.
Merci Rémy pour cette leçon de vie.
Quelques photos de Remy, lors d’une visite guidée de son verger le 13 octobre 2019 ((c) Dominique Oesterlé)