Sauvons le Lynx dans les Vosges

Sauvons le Lynx dans les Vosges

Les effectifs de lynx sont au plus mal.

le 16 janvier 2020, la dépouille d’un Lynx sur la commune de Fellering a tristement grossi la liste des individus de cette espèce protégée détruits par arme à feu.

Un an plus tard, et alors que la cause de la mort ne fait aucun doute, l’enquête judiciaire n’a pas avancé.

S’interroger sur l’inertie du système judiciaire ? Nous ne cessons de le faire et l’absence de réponse pénale demeure très préoccupante.

Mais le plus inquiétant reste la faiblesse des effectifs. Actuellement la population estimée par l’Office des Carnivores Sauvages (OCS) est de 4 lynx dans le massif et sans doute majoritairement des mâles (aucune femelle détectée ces 6 dernière années). Sans une intervention rapide la population aura bien du mal à survivre.

Ainsi, Alsace Nature et le Groupe d’Étude et de Protection des Mammifères d’Alsace (GEPMA) venons d’interpeller Madame la Ministre de l’Ecologie et Monsieur le Garde des sceaux pour :

  • engager des lâchers en remplacement des animaux tués illégalement (nous demandons le lâcher de 2 femelles pour chaque lynx abattu)
  • que les moyens judiciaires soient déployés pour que la lumière soit faite sur le ou les auteurs du tir du Lynx de Fellering.

Unissons nos forces, pour permettre la sauvegarde de la population de lynx dans le massif Vosgien.

Pour ce faire, Alsace Nature et le GEPMA avons besoin de votre aide pour assurer les actions suivantes :

Faire cesser tout tir illégal de l’espèce en apportant des réponses pénales adaptées et dissuasives.
Relâcher des animaux en remplacement de ceux détruits pour soutenir la dynamique de population et éviter l’extinction.

SIGNER LA PÉTITION

Poursuivre nos actions en terme de sensibilisation du public, de préservation des habitats, de promotion des mesures de cohabitation et de restauration de la population.

FAIRE UN DON

Nos deux associations, Alsace Nature et le GEPMA, avons besoin du soutien du plus grand nombre de citoyens en faveur de la préservation urgente de l’espèce pour ne pas voir le Lynx s’éteindre dans les Vosges. Mobilisons-nous !

Manifeste – Redonnons de la place au vivant

Manifeste – Redonnons de la place au vivant

Face au constat du déclin alarmant de la biodiversité, plusieurs personnalités et associations se sont associées pour publier un manifeste intitulé : « Redonnons la place au vivant » et pour demander la création de zones de libre évolution naturelle sur 10% de notre territoire.

 

« La nature décline globalement à un rythme sans précédent dans l’histoire humaine – et le taux d’extinction des espèces s’accélère, provoquant dès à présent des effets graves sur les populations humaines du monde entier ».

C’est avec ces mots que l’IBPES (plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) a lancé l’alerte dans son rapport paru en 2019. Sur les 8 millions d’espèces animales et végétales sur Terre, le rapport estime qu’environ 1 million sont aujourd’hui menacées d’extinction (…), chose « qui n’a jamais eu lieu auparavant dans l’histoire de l’humanité ». Et parmi les 5,9 millions (estimation) d’espèces terrestres, plus de 500.000 ne bénéficient plus de l’habitat naturel nécessaire à leur survie à long terme ! Et la crise de la Covid-19 ne fait que renforcer nos craintes : le recul du monde sauvage face à la pression humaine favorise l’émergence de nouveaux pathogènes.

Un bilan de la biodiversité en France alarmant

La France n’échappe pas à ces menaces. La nature régresse du fait des activités humaines : artificialisation des sols et fragmentation des milieux naturels, surexploitation des ressources, pollutions de l’air, de l’eau et des sols, usage massif des pesticides en agriculture, chasse. Les forêts sont en grande partie exploitées, les zones d’agriculture industrielle artificialisées, les cours d’eau aménagés, les zones humides drainées, les prairies de montagnes usées en grande partie par le pastoralisme, les mers vidées par la surpêche. Il n’y a plus assez de très vieux arbres dans nos forêts, les oiseaux et les papillons se font rares dans nos campagnes. Certaines espèces d’animaux sauvages ont presque disparu. Les écosystèmes sont fortement perturbés et ne peuvent plus rendre les services qu’ils offrent habituellement aussi bien à l’humain qu’à la nature : purification de l’eau et de l’air, atténuation des crues et de l’effet des sécheresses, maintien de la pollinisation, régulation du climat, régulation de la dynamique des pathogènes et parasites, etc. Et pourtant… la variété des paysages et la richesse des écosystèmes de notre merveilleux pays nous confèrent une responsabilité réelle vis-à-vis du vivant : la France accueille plus de 160 000 espèces (1), soit environ 2% des espèces connues sur notre planète. Il s’agit de la plus grande biodiversité d’Europe

Aujourd’hui en France, moins de 1,54% du territoire métropolitain terrestre bénéficie d’une protection dite « forte » (2). Or à l’intérieur de ces espaces de protection « forte », l’exploitation forestière, le pastoralisme et la chasse sont encore bien présents. La chasse est autorisée dans 3 zones-cœurs de parc national sur 11 (Parc National des Calanques, des Cévennes et de forêts), dans une grande majorité des Réserves Naturelles nationales et dans la plupart des Réserves Naturelles régionales. En outre, la chasse et la pêche ne sont pas partout interdites dans les réserves biologiques. Les forêts et les pâturages sont exploités dans les zones cœurs des parcs nationaux de montagne et dans de nombreuses réserves naturelles. À ce jour, on peut estimer que seuls 0,6% du territoire terrestre métropolitain français assurent la libre expression des processus naturels

Offrons 10% de notre territoire à la nature, sans intervention humaine

Le Président Emmanuel Macron a déclaré en mai 2019 vouloir protéger 30% des espaces naturels sur terre et en mer, dont 1/3 « en pleine naturalité » (devenu entre-temps «en protection forte »), soit 10% à l’horizon 2030. Cet objectif est entériné dans la stratégie Biodiversité de la France et de l’Union Européenne 2020-2030.

Mais quelle définition donner à la pleine naturalité ou protection forte dont parle le Président Macron ?

Devant l’urgence de préserver la nature et les humains, nous nous réjouissons des déclarations faites, qui pourraient être une véritable révolution, tout en redoutant les artifices de langage. La protection forte ne doit pas être un consensus mou qui ne nous ferait en rien gagner la bataille de la biodiversité.

En février 2009 déjà, le Parlement européen avait adopté un rapport invitant les Etats membres à développer de vastes zones de nature « vierge ». La protection forte de l’Europe a été définie par l’initiative Wild Europe en 2012 : « Un espace à haute naturalité est une zone gouvernée par des processus naturels. Elle est composée d’espèces et d’habitats naturels et suffisamment grands pour le fonctionnement écologique effectif des processus naturels. Il est non ou peu modifié et sans activité humaine intrusive ou extractive, habitat permanent, infrastructure ou perturbation visuelle. » Ce qui signifie une zone sans chasse, sans exploitation du bois, des terres ou des minéraux, sans contrôle des espèces.

• Renforçons la protection forte française pour que les 10% promis le soient en libre évolution (en pleine naturalité) en adoptant la définition européenne des zones de nature vierge (3).

• Créons des zones de libre évolution à l’intérieur d’espaces encore trop mal protégés (Parcs Naturels Régionaux, zones Natura 2000, etc.) mais aussi là où cela sera profitable à de nouveaux territoires. Créons de nouveaux outils pour faciliter leur mise en place.

• Visons systématiquement la présence de toutes les composantes d’un écosystème laissé en libre évolution afin de garantir son fonctionnement optimal.

• Encourageons les propriétaires privés à rendre certaines de leurs parcelles à la nature sauvage avec une garantie sur le long terme.

• Inscrivons ces propositions dans la nouvelle stratégie des Aires Protégées 2020-2030 de la France. Arrêtons de vouloir maîtriser et exploiter la totalité des espaces et des écosystèmes, laissons, en certains lieux, la nature prendre la direction qu’elle souhaite ! Car la nature libre, autonome, spontanée et sauvage a des capacités de réparation étonnantes, à condition qu’on lui en laisse l’espace et le temps. Sans intervention humaine quelle qu’elle soit, la forêt se reconstitue, la faune revient et retrouve sa densité naturelle sans qu’il soit besoin de la réguler.

L’urgence démontrée de telles mesures appelle une volonté forte quant à leur mise en œuvre. Mais nous savons aussi que la garantie de vrais progrès en ce sens repose, au-delà même des moyens, sur la qualité des dialogues, des concertations qui les accompagneront. Créons donc les conditions d’un partage exigeant, fondateur de décisions claires et mieux susceptibles ainsi d’être partagées (4). Le déclin de la biodiversité n’est pas inéluctable. Redonnons de la place au vivant !

VOIR LA VERSION DU MANIFESTE EN PDF

 

 

 

 

 

 

 

Les signataires :

Personnalités:
Isabelle Autissier, navigatrice et écrivain
Jean-Michel Bertrand, photographe, cinéaste animalier et réalisateur
Gilles Clément, paysagiste, botaniste, entomologiste, biologiste et écrivain
Gilbert Cochet, agrégé, attaché au Muséum national d’histoire naturelle, expert au Conseil de l’Europe, expert au Conseil Scientifique régional du patrimoine naturelJe
Jean-Baptiste Dumond, naturaliste-photographe
Stéphane Durand, éditeur et auteur
Jean-Claude Génot, ingénieur écologue, écrivain
Marc Giraud, écrivain, naturaliste, chroniqueur
Francis Hallé, botaniste, biologiste et dendrologue
Nicolas Hulot, président d’honneur de la Fondation Nicolas Hulot
Béatrice Kremer-Cochet, agrégée, experte au Conseil Scientifique régional du patrimoine naturel
Virginie Maris, directrice de recherche au CNRS, spécialiste de la philosophie de l’environnement
Roger Mathieu, naturaliste, écrivain
Baptiste Morizot, enseignant-chercheur en philosophie
Vincent Munier, photographe animalier
Jacques Perrin, comédien, producteur
Matthieu Ricard, moine bouddhiste tibétain, essayiste et photographe
Sylvain Tesson, écrivain, voyageur

Associations
Animal Cross, ASPAS, FNE Auvergne Rhône-Alpes, Forêts sauvages, Association Francis Hallé, Alsace Nature, Mille traces, Faune sauvage, FNE Midi-Pyrénnées, Wild Europe, Bretagne Vivante, Ferus ..

 

Sources :(1) MNHN 2015 : 160 612 espèces (sur 8-10 millions estimées dans le monde), soit 2%(2) : Source INPN 30 octobre 2020 : Les coeurs de parc national (0,77% du territoire) – Les arrêtés de protection de biotope ou de géotope (0,32% du territoire) – Les réserves naturelles nationales, régionales et de Corse (0,36% du territoire) – Les réserves biologiques forestières dirigées et intégrales (0,09% du territoire)(3) Définition de l’initiative Wild Europe de 2012(4) Nous sommes pour notre part en discussion et convergence de réflexion avec les associations Francis Hallé pour une forêt primaire (qui a attiré l’attention d’E. Macron sur son projet qui a répondu favorablement à la démarche) (https://www.foretprimaire-francishalle.org/), ASPAS (https://www.aspas-nature.org/) et d’autres qui se positionneront dans les prochaines semaines

 

Agriculteurs et guerre des prix : FNE Grand Est accuse

Agriculteurs et guerre des prix : FNE Grand Est accuse

Les manifestations des agriculteurs devant les grandes enseignes de la distribution ciblent les négociations commerciales en cours. France Nature Environnement Grand Est (FNE Grand Est), de son côté, prend position et accuse les enseignes de conduire une guerre des prix irresponsable et cynique. En effet, la guerre des prix s’impose comme étant la première cause qui empêche chez les agriculteurs l’émergence de pratiques plus respectueuses du vivant. Même si les agriculteurs voulaient adopter de telles pratiques, c’est très difficile tant qu’ils ont le couteau sous la gorge. Les conséquences directes et indirectes de cette pression sur les prix sont l’immense détresse des animaux d’élevage, l’effondrement de la biodiversité, les tonnages de pesticides toxiques dans les campagnes, et la raréfaction des paysans eux-mêmes. C’est un massacre. Alsace Nature demande des prix justes et le respect du travail, mais pour des pratiques bienveillantes envers les animaux et réparatrices pour l’environnement.

La complicité politique avec la situation actuelle consiste à se satisfaire de l’idée que la guerre des prix serait bénéfique pour les personnes à faible revenu. Ainsi la guerre des prix remplace une politique volontariste et ambitieuse contre la pauvreté. Tout le monde devrait pouvoir se payer une alimentation saine et équilibrée, même avec 7 centimes de plus pour un œuf et 30 centimes de plus pour un litre de lait et le juste prix de fruits et de légumes biologiques de saison. Si ce n’est pas le cas le scandale ne se trouve pas du côté de prix honnêtes pour des producteurs qui créent de l’emploi, mais du côté des revenus insuffisants de nombreux ménages, et c’est là qu’il faut agir en priorité si on détient un pouvoir politique.

L’urgence est de limiter le dérèglement climatique au lieu de produire l’inutile et le gaspillage, de respecter les besoins des animaux au lieu de ne raisonner qu’en termes de performance, de reconquérir la biodiversité au lieu de l’anéantir, de sortir des pesticides au lieu de les défendre, et de créer des emplois. Faute de quoi, la guerre des prix devient un crime contre le vivant. La future Politique agricole commune (PAC), qui est en train de se préciser pour la période de 2023 à 2027, aura, elle aussi, une très lourde responsabilité. Tant qu’elle place en priorité la compétitivité, la modernisation et la digitalisation, les gains de productivité à la ferme seront une fois de plus absorbés par les investissements et par l’aval, qui en profite pour comprimer les prix. Ainsi, indirectement, pour quand même sauver des revenus agricoles, la PAC jette ses milliards dans le gouffre de la guerre des prix.

L’environnement, les animaux, la dignité du travail, sont sacrifiés. Il est temps de changer les règles du jeu.

Anne VONESCH – Responsable du réseau agriculture France Nature Environnement Grand Est

Confirmation de la création d’une nouvelle zone d’activités à Soultz – le groupe local Alsace Nature Florival réagit

Confirmation de la création d’une nouvelle zone d’activités à Soultz – le groupe local Alsace Nature Florival réagit

Le groupe local Alsace Nature Florival a découvert avec stupeur, dans l’édition de ce mardi 2 février 2021 de la presse locale, que le conseil communautaire maintenait, en dépit de tout bon sens, le projet de «création d’une zone d’activité rue Albert-Reinbold à Soultz», sur les terrains agricoles et humides du Weidhaeglen.

Les membres d’Alsace Nature du secteur avaient déjà interpellé les élus pour leur demander de ne pas poursuivre l’extension de la zone d’activités de la communauté de communes prévue à Soultz (voir infos ICI) en leur présentant les impacts environnementaux d’un tel projet. Le groupe local d’Alsace Nature a de nouveau essayé de convaincre les élus avant le vote du conseil de la communauté de communes prévu le 4 février 2021.

Extrait du courrier envoyé le 2 février au président de la Communauté de Communes de la Région de Guebwiller (CCRG) :

« Ces prétentions renouvelées d’extension urbanistique en zones naturelles vont assurément à l’encontre des impératifs de l’urgence climatique qui exigent la mise en œuvre du principe de «zéro artificialisation des terres» afin de préserver les espaces agricoles et de sanctuariser les milieux naturels.

Nous regrettons donc que la Communauté de Communes veuille s’engager délibérément à contresens de l’Histoire, tournant le dos à l’incontournable transition écologique qui nous impose humilité et responsabilité vertueuse. Aujourd’hui, absolument rien ne justifierait que la CCRG veuille continuer à mettre en œuvre des pratiques obsolètes d’urbanisation intensive, au détriment de la préservation des sols fertiles et de la biodiversité. Si par malheur cette nouvelle Aire d’Activité devait voir le jour, elle aurait un impact environnemental déplorable sur notre entrée de vallée : imperméabilisation des sols, bétonnage et bitumage, augmentation du trafic routier, pollutions atmosphériques, sonores et visuelles, dégradations paysagères…autant de perspectives catastrophiques, à l’opposé de ce qu’exigent aujourd’hui les enjeux climatiques.

Notre groupe local a toujours affirmé, à l’unanimité, son opposition ferme et définitive à tous ces projets déraisonnables qui ont un impact mortifère sur l’avenir de nos territoires. Alors que Météo-France vient de rappeler des perspectives très pessimistes qui pourraient atteindre une augmentation moyenne des températures de 6°C pour l’an 2100, nous vous demandons donc, Monsieur le Président, Madame, Monsieur, d’accepter de prendre vos responsabilités d’élus communautaires pour privilégier l’avenir de notre civilisation et ainsi de renoncer définitivement à la concrétisation de ce projet dévastateur.  »

Lire le courrier en entier

Malheureusement, le conseil a voté pour l’urbanisation sur 470 ares de terres agricoles inondables (et largement inondées !), après destruction de roselières. (à l’unanimité, moins quatre abstentions)

Nos élus d’une autre planète restent hélas dans le déni constant de l’urgence climatique !

 

 

 

[pétition] « Loi séparatisme » : les libertés associatives en danger !

[pétition] « Loi séparatisme » : les libertés associatives en danger !

Après la proposition de loi sécurité globale, le projet de « loi confortant le respect des principes de la République », dite « loi séparatisme », constitue une atteinte sans précédent au socle de notre République et menace nos libertés les plus fondamentales. Présentée par « le gouvernement comme une loi de liberté, elle n’impose en réalité que des interdits, de nouveaux délits pénaux et des contrôles de toute la population »*. Derrière une fausse justification sécuritaire se cache en réalité une véritable « loi anti-association » qui appelle une large mobilisation.

Contrairement à ce qui est avancé par ses promoteurs, ce nouveau texte liberticide ne concerne pas seulement les associations cultuelles et celles qui perçoivent des fonds publics, mais constitue une menace très grave pour l’ensemble des associations françaises. Nous, associations, collectifs et chercheur.es et avocat.es, organisés en coalition pour défendre et promouvoir les libertés associatives, tenons à alerter nos pairs, l’opinion publique et les parlementaires.

Le Conseil d’État l’a admis en premier : « les mesures du projet de loi concernent pratiquement tous les droits et libertés publiques » ! Ces libertés garantissent que, au delà du contrôle légitime de la légalité d’une association, l’État et ses représentants respectent l’indépendance d’action des associations. Un large pan de cette loi a pour objectif d’encadrer, contrôler et sanctionner davantage l’action associative, notamment en instituant un « contrat d’engagement républicain ». Ce contrat liste au moins dix « principes républicains » qui contraindraient uniquement les associations, sans aucune forme d’engagement réciproque comme l’a justement soulevé le Mouvement associatif.

Ce contrat liste au moins dix « principes républicains » qui contraindraient uniquement les associations, sans aucune forme d’engagement réciproque comme l’a justement soulevé le Mouvement associatif. Le Conseil d’État, en chœur avec la Défenseure des droits, soulignent que ce contrat comporte des « notions sujettes à interprétations antagonistes » et des « incertitudes » qui ne manqueraient pas d’introduire de sérieux risques d’arbitraire. Par ailleurs, la Défenseure des droits s’inquiète de ce que ce projet participe d’un « renforcement global du contrôle de l’ordre social ». Contrat d’engagement républicain : « comment éviter que les entraves institutionnelles aux activités associatives, déjà nombreuses ? »

Dans la droite ligne de la loi sécurité globale, qui élargit les prérogatives de police à de nouveaux acteurs, Gérald Darmanin et le gouvernement voudraient insérer dans le contrat républicain une clause de « respect de l’ordre public » dont l’appréciation est juridiquement laissée aux seules forces de l’ordre et leur hiérarchie (préfet, ministère de l’Intérieur). Dans un contexte d’urgence et aussi de surdité des autorités aux revendications citoyennes, de plus en plus d’associations ou groupes militants ont recours à la désobéissance civile non violente qui pourrait demain être considérée comme un « trouble à l’ordre public ». Ces actions militantes n’en restent pas moins légitimes et parfois reconnues comme telles par les tribunaux au nom de la liberté d’expression comme en attestent les relaxes de décrocheurs de portraits d’Emmanuel Macron, tout en revendiquant aussi les libertés d’opinion et de manifestation chères aux associations, mais qui se trouvent aujourd’hui directement menacées par plusieurs dispositions de ce projet de loi encore en débat.

Au-delà de ces nouvelles dispositions, se pose aussi la question de leur application. Comment éviter que les entraves institutionnelles aux activités associatives, déjà nombreuses, souvent abusives et méconnaissant le droit, ne se multiplient à l’encontre d’acteurs qui interviennent – souvent de manière critique – dans le débat public ? En octobre 2020, l’Observatoire des libertés associatives tirait déjà la sonnette d’alarme avec le rapport « Une citoyenneté réprimée » qui documentait cent cas de répression anti-association.

Le non respect d’un contrat républicain aux contours imprécis, entraînerait des sanctions telles que la suspension ou le remboursement des subventions, véritable mise à mort financière pour des associations déjà précarisées (perte des contrats aidés, etc.).

Cela entraînerait aussi la perte d’un agrément indispensable pour agir en justice au nom des Français et de l’intérêt général, voire plus quotidiennement pour intervenir en milieu scolaire ou extra-scolaire. Plus localement cela pourrait signifier le refus ou la perte d’accès aux espaces et équipements publics.

« L’expression d’une défiance généralisée à l’encontre des associations et groupements de citoyens »

Le projet de loi, dans son article 8, élargit aussi les conditions pour prononcer la dissolution d’une association en remplaçant l’organisation de « manifestations armées dans la rue » par des « agissements violents contre les personnes et les biens », le terme d’ « agissement » ouvrant là aussi un large champ d’interprétation. Certaines dispositions (art 18) censées mieux protéger les fonctionnaires et personnes dépositaires de l’autorité ne sont pas sans rappeler l’article 24 de la proposition de loi sécurité globale sur l’interdiction de diffuser des images des forces de l’ordre. D’autre part, les commentaires sur les réseaux sociaux d’adhérents de l’association pourraient être reconnus comme des éléments justifiant la dissolution d’une association, même si ces messages sont postés à titre personnel. Cette disposition fait peser des risques de « déstabilisation » sur des associations ciblées par des campagnes malveillantes en ligne, certaines personnes pouvant prendre la qualité de membres pour ensuite nuire à l’association.

Comment ne pas voir dans ces lois sécuritaires l’expression d’une défiance généralisée à l’encontre des associations et groupements de citoyens organisés pour faire entendre leur voix et agir pour l’intérêt général ?

Nous refusons que des associations soient arbitrairement dissoutes ou privées de financement sur des critères flous et infondés avec des possibilités de recours amoindries. Nous refusons également la stigmatisation que ce projet de loi fait peser sur des personnes de confession musulmane, en raison de leur croyance ou origines supposées, en laissant croire que ce texte de loi répondrait à des enjeux de sécurité ou de « vivre-ensemble ». Nous refusons qu’un pouvoir politique impose une interprétation moralisante et autoritaire des « principes républicains » déjà parfaitement exprimés dans notre devise nationale.

Le législateur français a construit au fil du temps des lois plus équilibrées qui ne demandent qu’à être appliquées. Nous surveillerons avec attention le débat parlementaire de ces prochaines semaines, tant sur le projet de loi séparatisme que sur la proposition de loi sécurité globale qui mobilise déjà largement, pour alerter les citoyennes et citoyens français sur cette dérive autoritaire que nous constatons avec effroi et inquiétude. Loin de contribuer à la sécurité et à la cohésion nationale, cette « loi séparatisme », si elle était votée, serait contre-productive et affaiblirait les principes républicains. Cette loi déstabiliserait l’ensemble des associations pourtant si essentielles face aux épreuves que nous traversons et pour notre démocratie.

Cet appel a été lancé à l’initiative des membres de la Coalition pour les libertés associatives.

SIGNER LA PETITION

 

Signataires

Associations

APPUII
Action Droit des Musulmans
Anticor
Alliance citoyenne
Attac France
Centre de Recherche et d’Information pour le Développement (CRID)
Collectif des Associations Citoyennes (CAC)
Combat Monsanto
Coordination nationale Pas sans Nous
Fédération des Arts de la Rue
France Nature Environnement (FNE)
Greenpeace
Groupe d’information et de soutien des immigré·es (Gisti)
IPAM
Immigration Développement Démocratie (IDD)
La Quadrature du Net
Mouvement Roosevelt France
ReAct !
Le réseau Sortir du nucléaire
Ritimo
Syndicat de la magistrature
Syndicat des avocats de France
VoxPublic

Universitaires

Julia Cagé – professeure adjointe au département d’Économie de Sciences Po Paris
Serge Slama – professeur de droit public, Université Grenoble-Alpes
Marie-Hélène Bacque – professeure d’études urbaines, Université Paris-Nanterre
Romain Badouard – enseignant et chercheur en sciences de l’information et en communication, Université Paris II Panthéon-Assas, CARISM et Institut Français de Presse
Guillaume Gourgue – enseignant et chercheur en science politique, Université Lyon 2, Laboratoire TRIANGLE
Marion Carrel – professeure de sociologie, Université de Lille-CeRIES
Karel Yon – chercheur en sociologie, CNRS, Université Paris Nanterre et CERAPS (Université de Lille
Marwan Mohammed – chercheur en sociologie, CNRS
Stéphanie Hennette-Vauchez, Professeure de droit à l’université Paris Nanterre et directrice du Centre de recherches et d’études sur les droits fondamentaux
Julien Talpin, chercheur en Sciences politiques, CNRS
Vanessa Codaccioni : Maîtresse de Conférence en science politique à l’université Paris 8
Jean-Louis Laville, Professeur du Conservatoire national des arts et métiers et chercheur au Lise (CNRS-Cnam)
Marie-Laure Basilien-Gainche – professeure de droit public, Université Jean Moulin Lyon 3 – membre honoraire de l’Institut Universitaire de France, membre de l’Institut des Migrations
Sébastien Milleville, Maître de conférences en droit privé, Université Grenoble Alpes
Charles-André Dubreuil, Professeur de droit public, Université Clermont-Auvergne
Diane Roman, Professeure à l’Ecole de droit de la Sorbonne

Avocat.es

Nabila Asmane
Nabil Boudi
Vincent Brengarth
William Bourdon
Emmanuel Daoud
Jérôme Karsenti
Raphaël Kempf
Adélaïde Jacquin
Stéphane Maugendre
Jeanne Sulzer