[Pétition] La redevance poids lourds “R-Pass” : une mesure de justice écologique, sociale et solidaire

[Pétition] La redevance poids lourds “R-Pass” : une mesure de justice écologique, sociale et solidaire

Après l’échec de la mise en œuvre de l’Ecotaxe en 2014, pourtant négociée avec toutes les parties prenantes, le débat sur une redevance d’usage des routes par les poids lourds est relancé au travers du projet R-Pass.

Les acteurs économiques entretiennent une farouche opposition en brandissant les arguments de l’emploi, de la compétitivité, de l’inflation de leurs charges, etc.

Rappelons que les poids lourds, qui comptent pour seulement 5% de l’ensemble de la flotte de véhicules au niveau européen, représentent le plus gros facteur de dégradation des infrastructures routières et 25 % des émissions de CO2 du transport routier. Ces émissions, comme celles de l’ensemble du secteur des transports, sont par ailleurs en nette augmentation avec 10% prévus par l’Union Européenne entre 2010 et 2030.

C’est donc bien l’absence totale de redevance d’usage, faisant reposer l’entretien des routes, les projets de développement de nouvelles mobilités et la santé des citoyens, sur les finances publiques (donc l’impôts), qui constitue une anomalie. Cela est d’autant plus vrai depuis l’apparition, en 2005, de la LKV-Maut côté allemand (leur taxe poids lourd) induisant le report du transit Nord-Sud sur nos routes. Rappelons que depuis le 1er juillet 2024 cette redevance allemande a été élargie aux camions de 3,5 tonnes.

Dans ce contexte, il est absolument nécessaire que nous entrions rapidement dans une phase opérationnelle et ambitieuse du dispositif R-Pass si nous ne voulons pas connaître une nouvelle vague de report venant d’Allemagne. Or,  il apparaît au travers des diverses communications presse, que la Collectivité européenne d’Alsace (CeA), voulant ménager la chèvre et le chou s’enferme dans une stratégie qui pourrait terriblement réduire les bénéfices tant attendus par ce dispositif.

Ainsi, sur les 540 km taxables, il ne serait retenu que 200 km au final. Nous demandons expressément que l’ensemble du réseau soit taxé sous peine de faire peser le report de trafic sur l’ensemble des routes secondaires. Dans le même esprit, l’annonce d’un coût kilométrique à 0,15 €/km ne permet pas d’aligner le coût de la traversée de l’Alsace sur celui de la LKV-Maut et n’aura donc qu’un effet anecdotique sur le report des poids lourds. Il est impératif que le cout de la traversée de notre région par les poids lourds soit au moins équivalent à celui côté allemand. Enfin, il est nécessaire de veiller à n’accorder de dérogations que pour les services d’urgence, pas pour des activités économiques. Ces sociétés doivent prendre leur part à la résorption de ces aménités négatives dans le contexte d’adaptation aux enjeux climatiques actuels.

A l’heure où des efforts conséquents sont demandés aux citoyens en termes mobilités (Zone à faible émission, etc.), où de nombreuses régions ont les yeux tournés vers la mise en œuvre de cette mesure en Alsace, les citoyens que nous représentons ne comprennent pas que le Président de la Collectivité Européenne d’Alsace ait la main qui tremble face à ce rendez-vous attendu depuis bien trop longtemps maintenant.

Nous appelons tous les citoyens qui souhaitent que cette mesure de justice sociale ait l’ambition nécessaire face aux enjeux qui nous font face à apporter leur soutien en signant la pétition

Signer la pétition en ligne sur CHANGE.ORG

 

[Communiqué de FNE] L’Europe affaiblit la protection du loup : un coup dur pour la science et la biodiversité

[Communiqué de FNE] L’Europe affaiblit la protection du loup : un coup dur pour la science et la biodiversité

Mercredi 25 septembre, le Conseil de l’UE a adopté la proposition de la Commission européenne visant à abaisser le statut de protection du loup dans le cadre de la Convention de Berne. Ce changement ouvre la porte à l’abattage des loups comme fausse solution à la prédation du bétail, ce qui va à l’encontre de l’engagement de l’Europe à sauvegarder et à restaurer la biodiversité. La décision a été adoptée après que l’Allemagne a changé de position à la dernière minute, passant de l’abstention au soutien.

Avec cette décision, les États membres ont choisi d’ignorer l’appel de plus de 300 organisations de la société civile et de centaines de milliers de personnes les exhortant à suivre les recommandations scientifiques et à redoubler d’efforts pour favoriser la coexistence avec les grands carnivores par des mesures préventives.

Cette décision ne sape pas seulement des décennies d’efforts de conservation, mais représente également un revers important pour ce qui a été salué comme l’un des succès les plus notables de l’Union européenne en matière de conservation de la faune : le retour du loup après sa quasi-extinction.

Les loups sont strictement protégés par la convention de Berne et la directive européenne “Habitats”. Ils constituent une espèce clé, indispensable à la santé des écosystèmes et à la biodiversité dans toute l’Europe. L’affaiblissement de leur protection entravera la reconstitution en cours des populations de loups et compromettra les efforts visant à promouvoir la coexistence entre l’Homme et les grands carnivores, en optant plutôt pour l’approche à court terme du contrôle létal.

 

LIre l’article sur FNE.ASSO.FR

[Communiqué de FNE] Un trafic d’espèces protégées entre l’outre-mer et l’Alsace démantelé

[Communiqué de FNE] Un trafic d’espèces protégées entre l’outre-mer et l’Alsace démantelé

Ce jeudi 26 septembre 2024, le Tribunal correctionnel de Strasbourg a condamné sept personnes ayant violé la réglementation relative aux espèces protégées. À l’audience, les prévenus se présentent comme des “passionnés” qui se seraient laissés emportés. Récit.

Des envois massifs par colis de la Guyane à l’Hexagone

En septembre 2022, le service départemental de la Guyane de l’Office Français de la Biodiversité est contacté par le bureau des douanes de l’aéroport de Cayenne à la suite de l’identification de quatre colis contenant des arthropodes, principalement des mygales, envoyés vers l’Hexagone sans déclaration préalable. Ces envois contenaient 191 spécimens dangereux d’arthropodes, scorpions et scolopendres, pour une valeur totale à la revente estimée à 13 640 euros.

Au terme de plusieurs mois d’enquête, les investigations réalisées permettent d’identifier sept individus se rendant régulièrement en Guyane afin de faire du “herping” et de prélever illégalement des espèces réglementées. Le “herping” consiste à rechercher l’herpétofaune (reptiles et amphibiens), et plus généralement la faune rampante, en milieu naturel, impliquant nécessairement une perturbation des espèces.

De nombreuses espèces sont retrouvées, détenues de manière illégale, aux domiciles des mis en cause. L’enquête démontre également que plusieurs mis en cause vendaient illégalement ces animaux protégés en France, mais également à l’étranger par colis ou lors de bourses de vente d’espèces dans des pays comme l’Allemagne où la règlementation présente des différences d’application.

Un trafic aux conséquences désastreuses

Le trafic d’espèces protégées est le troisième trafic le plus lucratif au monde derrière le trafic de stupéfiants et d’armes, représentant jusqu’à 23 milliards de dollars par an. Il est également l’un des principaux facteurs d’érosion de la biodiversité. La France joue un rôle majeur dans ce phénomène, puisqu’elle est à la fois pays d’origine, de destination et de transit pour ce trafic. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) affirme que le pays figure « parmi les principaux Etats importateurs d’espèces sauvages destinées au marché européen, mais aussi l’un des principaux points de sortie ». Ainsi, avec plus d’un millier de saisies, la France figure en deuxième position dans l’Union européenne, derrière l’Allemagne.

L’ONG Traffic note qu’entre 2008 et 2017, plus de 28 millions de spécimens ont été importés en France, premier pays européen d’arrivées pour les coraux, les reptiles, les sangsues et les gastéropodes et 45 millions de spécimens ont été directement exportés depuis la France ou avaient la France pour pays d’origine. La Guyane, par sa situation géographique et son territoire couvert par 90% de forêt primaire hôte d’une biodiversité exceptionnelle avec plus de 350 000 espèces d’invertébrés, dont une grande partie en est endémique, est particulièrement vulnérable face à ce trafic.

Le trafic d’espèces représente plusieurs risques, au regard :

Face au constat de l’effondrement de la biodiversité, souvent qualifié de 6ème extinction de masse, ce trafic doit être endigué.


Pour Nolwenn Rocca, juriste de Guyane Nature Environnement,
«La biodiversité guyanaise tire sa richesse exceptionnelle de son territoire amazonien avec un fort taux d’endémisme. Aujourd’hui, elle est plus que jamais menacée. Le trafic d’espèces participe de ces pressions qu’elle subit et les réponses institutionnelles doivent être fermes pour endiguer ce phénomène qui neutralise les efforts de préservation mis en œuvre sur le territoire et qui met en danger cette biodiversité».


Un jugement pédagogique 

Si les vendeurs en cause ne sont pas à la tête d’un réseau ni d’un trafic d’importance, ils participent à la mise en danger de ces espèces en ramenant des espèces endémiques et en les revendant à des acheteurs ne disposant pas d’autorisations. Quant aux détenteurs d’espèces sans autorisation, ce jugement rappelle que la détention d’espèces protégées est soumise à condition et que certains animaux sauvages présentent des risques nécessitant une formation adaptée.

En conséquence, les condamnés écopent de peines de prisons avec sursis, allant de 3 à 8 mois pour les principaux accusés, ainsi que de plusieurs peines d’amendes. Le préjudice de FNE, Guyane Nature Environnement (GNE) et Alsace Nature (AN) est quant à lui reconnu, les condamnés devant leur verser des sommes allant de 200 à 500 euros. Le principal accusé, qui revendait les espèces protégées, voit son passeport être retenu.


Pour François Zind, avocat d’Alsace Nature :
“Une telle condamnation participe au travail nécessaire de dissuasion que nous ne pouvons que saluer. La passion des animaux ne doit pas passer par sa marchandisation, sa sortie du milieu naturel et le risque non contrôlé de perturbations des écosystèmes alsaciens.”


Pour Pia Savart, juriste de France Nature Environnement :
“Cette affaire est symptomatique des atteintes portées à la biodiversité : si les prévenus ne conscientisaient pas l’impact de leurs prélèvements, ils contribuent pourtant à un trafic d’ampleur. Ce jugement a une vertu pédagogique : il rappelle que toutes les atteintes portées aux espèces protégées font peser de graves pressions sur la biodiversité et doivent être sanctionnées de façon juste et systématique.”


Si le jugement est globalement satisfaisant, on regrettera toutefois, pour le principal prévenu, qu’à la peine de sursis ne soit pas associée une peine d’amende qui se serait mesurée à la hauteur des bénéfices réalisé par le condamné estimés à plusieurs milliers d’euros.

Article de France Nature Environnement

TOUT SAVOIR SUR… La trame verte et Bleue

TOUT SAVOIR SUR… La trame verte et Bleue

Qu’est-ce que la Trame verte et bleue ?

Le vert pour la végétation (les buissons, les arbustes, les arbres, les forêts, mais aussi les herbacés, prairies, pelouses…);

Le bleu pour l’eau (les rivières, les mares, bref tous les milieux aquatiques et zones dites “humides”);

La trame pour désigner quelque chose qui se tisse.

Disons-le donc ainsi : la TVB est un tissu dont les fils sont l’eau et la végétation, un ouvrage que l’on tisse, que l’on tricote, voire que l’on brode finement, non pas dans un atelier, mais dans un environnement à chaque fois particulier, tissé en fonction de cet environnement.

Vous souhaitez vous lancer dans ce projet de reconquête ?

Merci de prendre contact avec notre chargé de mission Corentin CALVEZ

par tel : 03.88.37.55.47

par mail : corentin.calvez@alsacenature.org

Pour quoi faire ?

La TVB est un outil de protection de l’environnement, utile notamment dans les documents de planification des projets d’aménagements et les questions d’adaptation au changement climatique. Elle permet de faire face à la fragmentation ou la perte des habitats, à l’érosion de la biodiversité, aussi bien « patrimoniale » (Grand hamster, Crapaud vert, Courlis cendré…) que « ordinaire » (Hérisson d’Europe, Chardonneret élégant, Écureuil roux, Pipistrelle commune, Vulcain, Marguerite commune…).

En plus des objectifs écologiques, la TVB rend un grand nombre de « services» à l’être humain : source de nourriture, régulation du climat, zones tampons, purification de l’eau, régulation des inondations et coulées d’eaux boueuses, production d’oxygène…

Pourquoi la protéger ?

Chaque écosystème a son équilibre : les forêts n’abritent pas la même biodiversité que les prairies, les espèces présentes en Alsace ne sont pas les mêmes qu’en Bretagne et ainsi de suite, donc leur conservation doit être spécifiquement adaptée.

Pour garder des milieux naturels, la gestion n’est pas toujours obligatoire. Dans certains cas, il n’est pas obligatoire d’intervenir, comme par exemple certains cœur de massifs forestier. C’est ce qu’on appelle le principe de non-gestion.

Est-ce le Renard qui traverse – à ses risques et périls – la route ? ou bien est-ce la route qui traverse le territoire du Renard ? Ainsi pour tenter de compenser certains impacts qu’il n’a pas été possible d’éviter, des techniques ou des aménagements peuvent être mis en œuvre.

Alsace Nature s’efforce de protéger ce qui nous reste de nature et de mener des chantiers de renaturation.

Alsace Nature et son programme Trame Verte et Bleue

Alsace Nature travaille activement depuis de nombreuses années à la reconquête de la biodiversité sur le territoire Alsacien.

En 2019, l’association débutait une campagne fédérale « Plus de biodiversité dans nos communes » en partenariat avec les villes de Schiltigheim, Bischheim et Lingolsheim pour les accompagner dans leur changement de pratiques. Le programme TVB était lancé !

Depuis, Alsace Nature a travaillé avec 7 autres communes sur ces questions de TVB, aboutissant à des chantiers de renaturation bénéfiques à la trame verte et bleue locale.

Depuis, chaque hiver Alsace Nature réalise plus d’une dizaine de journées de chantier de plantation de haies et de creusement de mares sur plusieurs communes.

Des projets « Trame verte et Bleue » adaptés à chaque commune

Dans chaque projet TVB lancé par Alsace Nature avec une commune, 3 actions spécifiques sont réalisées :

  1. Un état des lieux, sous forme d’un diagnostic, d’une analyse fonctionnelle et de préconisations d’aménagements.
  2. La réalisation de travaux de renaturation sous forme de chantiers participatifs, en particulier des plantations de haies, bosquets, arbres…
  3. La coordination du projet à l’échelle communale / intercommunale et avec les associations du mouvement, la sensibilisation des citoyens, élus et agents des espaces verts.

Toutes ces actions amèneront Alsace Nature a réaliser lors de plusieurs chantiers participatifs tous les aménagements décidés en partenariat avec la commune sur l’ensemble des zones ou terrains favorables à la reconquête de de la biodiversité.

Vous souhaitez vous lancer dans ce projet de reconquête ?

Merci de prendre contact avec notre chargé de mission Corentin CALVEZ

par tel : 03.88.37.55.47

par mail : corentin.calvez@alsacenature.org

Illustrations réalisées par Caroline KOEHLY

[TVB] Plantation d’une haie à Ostwald

[TVB] Plantation d’une haie à Ostwald

Une histoire d’eau, de végétation, de bonnes volontés… et de crapauds verts

Venant de Strasbourg, on passe directement du quartier de la Montagne Verte à la ville d’Ostwald dans un paysage urbain continu. C’est lorsque les rails du tram quittent la rue du Général Leclerc et prennent sur la droite l’allée du Bohrie que l’on aperçoit deux petits bosquets de part et d’autre de la route, qui viennent interrompre la « minéralité » de la ville. De l’autre côté et dans le prolongement de cette allée, il y a la rue de l’Île des Pêcheurs dont le nom nous signale que l’on se rapproche de la rivière (l’Ill) formant deux beaux méandres qui bordent l’Est d’Ostwald. De ce côté-là, ce n’est plus un petit bosquet ou quelques arbres que l’on aperçoit bientôt sur la droite et de l’autre côté de la rivière, mais le début de la forêt d’Ostwinkel. Un peu plus loin, lorsque la route bitumée devient un chemin, on devine sur la gauche l’étang Gerig, une ballastière encore exploitée il y a deux-trois ans.
Aux abords de cet étang vit une population de crapauds verts. Les scientifiques nous apprennent, qu’avant de s’établir dans les parages de gravières, ce crapaud vivait à proximité de rivières comme la Bruche ou le Rhin, à une époque où les crues et décrues des cours d’eau favorisaient la présence de mares, nécessaires à sa reproduction. La dynamique de ces rivières favorisait aussi la présence d’un sol de sable et de gravier que cette espèce affectionne particulièrement. Il semblerait que le milieu que lui offrent les abords du Gerig lui réussisse bien : ni la proximité des constructions récentes d’immeubles juste à côté du plan d’eau, ni l’activité de la gravière ne l’auraient gêné. Cependant, des spécialistes du crapaud vert, à la suite de leurs observations, l’ont classé « en danger » sur la liste rouge des amphibiens menacées d’Alsace. Suite à l’assèchement de nombre de zones humides qui caractérisaient la plaine d’Alsace, il ne reste plus que deux zones dans lesquelles on trouve des populations de cette espèce, une dans le Haut-Rhin, une autre dans le Bas-Rhin, notamment sur la commune d’Ostwald.

Crapaud Vert – Dessin S.FERRY

A l’autre extrémité de cet axe qui va de l’étang Gerig à celui du Bohrie, se trouvent trois petites mares qui ont été créées, ou plutôt re-créées à l’occasion de la construction de l’écoquartier Les rives du Bohrie. Cette construction avait été autorisée sous condition de l’aménagement de ces mares pour préserver un environnement favorable à une autre population de crapauds verts observée non loin de là… Et cela a fonctionné.
C’est sur cet axe Gerig-Bohrie, qu’Alsace Nature a mis en œuvre la plantation d’une haie avec plusieurs objectifs et dans le cadre d’un programme national intitulé la Trame verte et bleue.

Une haie pour la Trame Verte et Bleue ?

A Ostwald, la plantation de cette haie en décembre dernier a fait suite à d’autres projets en faveur de la biodiversité, déjà réalisés. Voici ce que m’en a dit Corentin Calvez, salarié d’Alsace Nature et qui a mis en œuvre et orchestré ce projet :

« Alsace Nature et la commune d’Ostwald ont créé un partenariat en 2020 sur le sujet de la Trame verte et bleue (TVB). Un premier travail de diagnostic a été fait à l’échelle de la commune pour identifier les éléments constructifs de cette TVB pour ensuite réaliser des actions concrètes en faveur de la biodiversité et de l’environnement. Plusieurs plantations ont déjà été réalisées au cours des dernières années, à différents endroits de la commune avec un objectif commun, créer ou recréer des habitats pour ramener de la biodiversité localement. Ces projets sont financés par l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse, la Région Grand-Est et la DREAL Grand Est. »

De quoi cette haie est-elle faite ?

Tout le monde sait ce qu’est une haie, mais celle qui a été plantée sur 275 m rue de l’Île aux Pêcheurs à Ostwald répond à des exigences précises, définies par ce réseau Trame verte et bleue, et à des préconisations soutenues par Alsace Nature. Mes échanges avec Corentin Calvez m’ont permis de saisir à quel point ce type de haie est pensé : on y trouve, du plus petit au plus grand, des buissons, des arbustes et des arbres. Lorsque les différents plants se seront développés, la haie présentera différents étages, différentes strates, disent les scientifiques, pour favoriser différentes espèces et donc un large spectre de biodiversité. Par exemple, certains oiseaux évoluent et nichent plutôt au « premier étage », celui des buissons – comme le pouillot véloce et le rossignol philomèle – et d’autres aux « deuxième ou troisième étage » – par exemple la mésange bleue et la grive musicienne. Il en va de même pour les insectes. La diversité des essences plantées fournira des espaces de vie intéressants et une variété de nourriture (pollen, fruits, etc.) utile à différentes espèces d’animaux.

Les végétaux plantés ont au maximum deux ans et répondent aux normes d’un label : Végétal local. Ce qui signifie qu’ils sont issus de graines produites par des végétaux qui ont poussé dans les milieux naturels de la région, donc bien « équipés » pour se développer dans cet environnement (sol, climat, etc.). Alsace Nature a fait appel à deux pépiniéristes alsaciens qui répondent à ce label, pour fournir les plants : la pépinière du Hanfgranva à Mussig et la pépinière Wadel-Wininger à Ueberstrass.

Quelles sont les essences de ces plants ? Parmi les arbustes, il y a par exemple le noisetier et le sureau noir, parmi les arbrisseaux la viorne lantane et le baguenaudier. En tout, 9 essences différentes. Pour se faire une idée de l’ampleur du chantier, 258 plants ont été mis en terre ce samedi-là, sur 275 m, et paillés avec des rouleaux de chanvre (produit compostable) permettant de maintenir l’humidité du sol nécessaire à la bonne évolution de chaque plant, et de limiter la concurrence avec les plantes herbacées.

En visitant le site du chantier de plantation, Corentin m’a rendu attentif à l’existence de noues entre de vieux et magnifiques saules sur le parcours de cette haie. Ces noues, c’est-à-dire des dépressions de quelques mètres de long dans le sol herbeux, permettent une accumulation d’eau lorsqu’il pleut, et favorisent donc une réserve naturelle d’humidité dans le sol. Elles ont donc été, bien-sûr, préservées, lors de ce chantier tout comme les vieux saules.
A terme, la mosaïque de milieux présents aux différents étages de cette haie le long de ce chemin constituera un environnement favorable à de nombreuses espèces avec des milieux plus ou moins humides, plus ou moins ouverts.

Et qui a planté cette haie ?

A propos d’humidité, les presque trente bénévoles qui étaient là ce samedi 9 décembre 2023 dès 9h30 pour concrétiser cette plantation pourraient vous en parler, puisqu’il s’est mis à pleuvoir à la mi-journée, une de ces pluies fines et régulières, de celles qui mouillent bien le sol (la terre était lourde et collait aux mains et aux bottes) et ceux qui sont en-dessous ! Il y avait aussi pas mal de vent, ce qui a rendu le fait d’être plusieurs heures dehors, un peu plus rude encore. Le repas de midi, offert par la commune d’Ostwald, au chaud dans les locaux de la mairie, était bienvenu ! Sans les bénévoles et leur persévérance (Corentin était stupéfait de leur efficacité), cette haie n’aurait pas vu le jour. C’est avec plaisir, et en ayant une pensée pour eux, que l’on pourra suivre son développement dans les prochaines années !

…et les crapauds verts dans tout ça ?

Dans trois ou quatre ans, la haie devrait s’être déjà bien développée avec certains plants qui dépasseront deux mètres. Elle deviendra dense et constituera une allée végétale favorable aux déplacements du crapaud vert. Elle devrait permettre, c’est un des objectifs, de faire se rencontrer les crapauds verts de l’étang Gerig avec ceux des mares du secteur Bohrie. Et ainsi favoriser un mélange génétique qui a tout son intérêt pour la conservation de l’espèce, un des objectifs forts fixés par le réseau Trame verte et bleue.
En se projetant dans le futur, on se représente plus concrètement cette notion de corridor écologique développée et soutenue par le réseau Trame verte et bleue. On imagine aussi plus d’ombre en été le long du trottoir et de la piste cyclable, une ombre dont profiteront le sol, les crapauds verts, de nombreuses autres espèces animales, et aussi les habitants du secteur qui auront le plaisir d’entendre plus d’oiseaux en se promenant, et même depuis leurs fenêtres.

Une question en suspens :

Lorsqu’on se représente cette haie dans quelques années et que l’on pense à ses fonctions écologiques, une question vient immanquablement à l’esprit. Cette réserve et ce vecteur de biodiversité, futur parcours de crapauds verts, est interrompu par des sorties de parking et par quelques routes, dont la rue du Général Leclerc, très passante. Ce qui présente un risque important d’écrasement des amphibiens par les véhicules (tram, voitures et deux-roues). Alors que faire pour éviter cela ? Il existe depuis de nombreuses années des tunnels à crapauds qui sont placés sous des routes ou des voies ferrées pour maintenir le passage habituel (saisonnier par exemple) des individus. C’est la mortalité, parfois très importante, constatée à ces endroits qui a fait concevoir ce type de solution.
Pour que cette trame verte et bleue que constituera cette haie d’ici quelques années puisse avoir tout son sens dans la préservation du crapaud vert, il pourrait paraître assez évident que l’on se penche sérieusement sur la question d’un tel aménagement.

S.FERRY