Le samedi 26 mai, une dizaine de membres d’Alsace Nature ont pu découvrir le mode de gestion des forêts publiques Alsaciennes grâce à la sortie organisée par le réseau forêt. Guidés hors des sentiers par Marc-Étienne Wilhelm, animateur sylvicole à l’ONF, le groupe chemine entre les arbres.
Evrard de Turckheim et Marc-Étienne, tous deux membres fondateurs de l’association Pro Silva France, souhaitent présenter l’intérêt du mode de production durable prôné par Pro Silva. Pour y parvenir, l’intervenant a décidé de passer d’arbre en arbre, de parcelle en parcelle, afin de montrer à son auditoire « un maximum d’images ». Durant cette journée, il nous invitera à utiliser successivement nos cinq sens afin de comprendre par le ressenti, les différences entre les différents stades de maturité d’une forêt gérée selon les recommandations de « Pro Silva ». En effet, les 6000 forestiers du réseau Pro Silva Europe cherchent à atteindre un idéal. Cet idéal est désigné par l’acronyme SICPN ! Pour Sylviculture Irrégulière, Continue et Proche de la Nature.
Marc-Étienne WILHELM
Dès le 19e siècle, deux modes de gestion s’opposent dans la littérature forestière.D’un côté la gestion par « peuplement » et de l’autre, la gestion « individuelle » des arbres. Dans le premier cas, tous les arbres d’un même peuplement sont récoltés en même temps lorsque le diamètre moyen des arbres a atteint une valeur cible. Tandis que la gestion par individu après une phase d’amélioration par sélection de ceux qui ont la meilleure qualité, consiste à récolter les seuls arbres du peuplement qui sont arrivés à maturité, «sous forme de cueillette », en tenant compte, aussi, des interactions avec les arbres alentours. Pro Silva prône justement la gestion par individu. Une forêt gérée par peuplement est constituée d’arbres semblables, du même âge et de taille centrée autour d’une moyenne. La gestion arbre par arbre donne une forêt dite « irrégulière ». Irrégulière, car les arbres qui la composent sont dissemblables. Ils n’ont pas la même taille, ni le même aspect. La pratique de la « cueillette », parce qu’elle s’oppose à la radicale coupe rase, ne découvre pas brutalement le sous-bois. Cela permet de retenir l’humidité et la fraîcheur dans la forêt mais évite aussi aux jeunes arbres d’être soumis à la concurrence de la végétation herbacée et de pousser trop vite en faisant de grosses branches. C’est ce que les forestiers britanniques nomment la « forêt à couvert continu ». Marc-Étienne appelle aussi la sylviculture Pro Silva, « sylviculture invisible », car à la différence d’une coupe rase ou d’une récolte en quelques années d’une parcelle forestière, elle ne brise pas la continuité du paysage en faisant des « trous » à chaque récolte.
Pour désigner les deux grands modes de gestion, par arbre ou par peuplement, de façon plus imagée, il compare la sylviculture à l’agriculture. La gestion par peuplement est assimilée à la culture de céréales, tous les plants ont le même âge et sont récoltés en même temps. Alors que dans une forêt « irrégulière », les arbres n’ont pas le même âge et sont récoltés comme les tomates, en fonction de leur maturité. « On ne cueille jamais une tomate verte » dit-il en souriant. L’objectif de production de Pro Silva est d’obtenir des bois de gros diamètres et de bonne qualité, avec le moins de nœud possible.
Déjeuner face au Mont Sainte-Odile
« Comment reconnaitre une forêt gérée de cette manière ? »
Vous saurez que vous vous trouvez dans une parcelle gérée par des forestiers du collectif Pro Silva si :
– Les arbres autour de vous ne sont pas alignés et ont des tailles différentes.
Marquage des arbres hôtes pour la biodiversité
– Vous observez au sol des bois morts, ou des arbres morts sur pied. Ils servent d’hôtes aux oiseaux nicheurs, insectes, champignons et aux petits mammifères. Les arbres hôtes sont reconnaissables à leur marquage en triangle. Un tel arbre n’est pas destiné à être vendu, il sert d’habitat aux nombreux et divers êtres vivants de la forêt et alimentent la régénération des sols.
– Les essences sont diverses et mélangées.
– Il peut aussi y avoir de très gros arbres « patrimoniaux ».
Les forestiers qui suivent les recommandations de Pro Silva ne s’interdisent pas de planter mais n’en font pas une règle de gestion. Les forêts gérées de cette manière se régénèrent naturellement, les plus petits arbres prennent la relève des arbres récemment coupés. Jamais plus de 20% des arbres sont récoltés en même temps pour respecter la résilience de la forêt.
Et ce n’est pas tout, ils n’utilisent ni fertilisants ni produits phytopharmaceutiques, n’ont pas recours à l’OGM, prennent des mesures pour garantir l’équilibre forêt-gibier, ne franchissent pas les cours d’eau et les mares avec les machines d’exploitation, n’interviennent pas pendant les périodes de nidification, gèrent les lisères, pour qu’elles ne se ferment pas (car elles accueillent la biodiversité), et surveillent la santé et la vitalité des forêts.
Les dégâts causés par le labour des sangliers
Malheureusement la surpopulation des grands mammifères herbivores constitue, actuellement et depuis 40 ans, un obstacle à la réalisation d’une telle sylviculture. Les 2/3 des forêts alsaciennes sont dans l’incapacité de se régénérer naturellement en raison des abroutissements sur les semis naturels, suivis plus tard par l’écorçages des troncs de nombreuses essences forestières. Le sapin et le chêne sont les plus menacés.
Rappelons que l’Alsace possède un taux de certification PEFC de 74% en 2013. Ce taux est de 60% pour la Lorraine et 47% pour la Champagne-Ardenne. Soit 58% pour l’ensemble du territoire de la nouvelle région Grand Est. Il n’est que de 35 % au niveau national !
« La forêt n’est pas là que pour produire du bois. »
Le Grand Est est couvert à 34% par la forêt. Le taux de boisement est très inégal en fonction des
Pourcentage de la surface des forêts privées par région
régions allant de 19% pour la Marne à 50% dans les Vosges ! La forêt privée représente 41% de la surface contre 75% en France. En Alsace, ce chiffre tombe à 25%. Les forêts alsaciennes gérées par les forestiers de l’ONF, en phase avec Pro Silva, ne servent pas uniquement à la production. Elles accueillent de nombreux usagers. Qu’ils soient chasseurs, vététistes ou randonneurs, les forestiers tentent d’accorder une place à chacun. La conciliation des intérêts de tous n’est pas toujours simples. Les forestiers jouent souvent les médiateurs entre des acteurs dont les objectifs sont antagonistes et qui ne sont pas disposés à faire des compromis.
Enfin, les forestiers évoluent et travaillent sur une échelle de temps très étendue et doivent anticiper aussi les futures attentes. « La société actuelle reproche aux forestiers du présent la gestion des forêts que les anciens forestiers ont façonnées selon les désirs de la société du passé » déplore Marc-Étienne. Il a la volonté de s’occuper des forêts de manière durable, sans œillères, en prenant en compte les multiples attentes, économiques, écologiques et sociales. Il l’affirme, « L’harmonie est une question de curseur et de perception ».
Une annonce :
Le Colloque de Pro Silva France « La sylviculture à couvert continu, un passé lointain,
un présent certain, un futur serein » aura lieu à l’Hôtel de Région de Strasbourg les 11-12 octobre.
– 11 octobre : Conférences – 12 octobre : Excusions forestières –
Programme et inscription à https://www.colloque-prosilva.com
Bon à savoir :
Gainage : Augmenter la densité des arbres amène de l’ombre autour de l’arbre d’avenir ce qui évite une forte « branchaison ». Celle-ci diminuerait sa valeur marchande du fait de la marque des nœuds des branches dans le tronc.
Lisières : stade intermédiaire à favoriser entre forêt et découvert qui accorde aux animaux une zone refuge et protège les premiers arbres de la force du vent et diminue ainsi le risque de déracinement (chablis).
Lierre : pendant longtemps celui-ci a été perçu comme un parasite des arbres alors que la liane ne fait que s’attacher à l’écorce du tronc sans se nourrir à ses dépens. De nos jours le lierre est préservé car ses fruits (petites baies noires bleutées) représentant un intérêt pour les oiseaux jusqu’à la fin de l’hiver.
Rémanents : Branches en dessous de 7 cm de diamètre laissées au sol pour apporter du carbone à l’humus et offrir des possibilités de refuge à la faune. Les bourgeons apportent de la nourriture aux oiseaux.
Bois mort sur pied et au sol. Sur pied il présente un intérêt certain pour les oiseaux cavernicoles (les pics) mais ne sera pas laissé le long des chemins car il représente un danger potentiel. Au sol, il favorise la présence d’insectes saproxylophages, dont les larves aident à la décomposition de la lignine. Cet argument doit être porté par les naturalistes pour contrecarrer l’idée d’une forêt qui ne serait « pas propre ».
Protection des sols : les lignes d’exploitation sont indiquées avec des marques aux arbres pour que les engins de débardages n’empruntent que celles-ci et ne tassent pas le sol à l’intérieur des parcelles.
Forêt de Protection : classée en Conseil d’Etat pour en protéger la surface de l’urbanisation, la récolte de bois y est toujours d’actualité.
Forêt en senescence : ilot d’une superficie de 2 à 5 ha laissé en libre évolution (sauf à prélever un arbre pour sécuriser un passage). Les arbres à maturité ne sont pas exploités pour les laisser s’effondrer d’eux-mêmes.
Chasse et droit local : les chasseurs paient un loyer aux communes, qui en reversent une partie aux propriétaires. De ce fait la chasse est devenue un loisir de prestige : la pratique de l’agrainage instaurée au début pour protéger les récoltes de maïs est accentuée en vue d’augmenter la chance de tirer pour les chasseurs invités, d’ailleurs ceux-ci n’ont pas forcément de lien direct avec l’écosystème (comptage, suivi des hardes et des dégâts) au regard des chasseurs qui sont affiliés à une ACA (association de chasse autorisée hors Alsace-Moselle).
Abroutissement : quand l’extrémité des jeunes pousses d’arbres et d’arbustes sont croquées par les cervidés. Pour comparaison les chevreuils mangent moins que le cerf et le daim.
Sources :
Site Pro Silva France
Enquête de branche – Scieries, 2014 et INSEE – CLAP 2015
Site PEFC (Program for the Endorsement of Forest Certification Schemes)
Inventaire Forestier National, campagne 2008 à 2012. Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la forêt Grand Est
La commission d’enquête, après avoir reçu le public vient de rendre son rapport. Outre l’avis défavorable qu’il prononce, il met en perspectives, tout au long des 68 pages de l’avis, l’ensemble des failles de ce dossier si souvent dénoncées par les opposants.
Il faut louer le travail et le courage de la commission d’enquête qui, au-delà des aspects politiques du dossier et des pressions que l’ensemble des acteurs ont subi, a bien pris en compte l’ensemble du périmètre du dossier là où l’opérateur n’a vraisemblablement eu de cesse de tenter de restreindre ce dernier.
Ainsi, l’Intérêt public majeur du dossier est mis en questionnement.
Par ailleurs une large place est faite aux recommandations qu’avaient édictées l’Autorité environnementale et le Conseil National de Protection de la Nature et qui ne sont absolument pas traitées dans le dossier mis à l’enquête publique. On peut y lire « Aussi la commission d’enquête considère-t-elle qu’en l’état du dossier, se pose la question de sa recevabilité par le service instructeur, et par l’autorité organisatrice de l’enquête publique ».
C’est donc un véritable camouflet pour le gouvernement qui pensait que l’enquête publique allait être une simple formalité et qui avait annoncé dès le mois de janvier qu’il autorisera les travaux, en dépit des avis défavorables du CNPN et d’un avis au vitriol de l’Autorité environnementale.
A l’heure où le pétitionnaire accélère l’ensemble des procédures sur le terrain, où les réunions des instances de concertations sont menées au pas de course par des services de l’Etat qui semblent vouloir aller très vite, Alsace Nature ne peut que noter les lourdes défaillances de ce dossier et appelle à revoir le fondement même de ce dernier. L’Etat et le pétitionnaire se sont dotés d’une prorogation de la Déclaration d’Utilité Publique et rien ne justifie alors cet empressement.Passer outre cet avis serait une faute lourde portant à conséquences et ferait dérailler totalement le fonctionnement démocratique déjà plus que vacillant dans ce dossier et appellerait, de la part des associations de protection de la nature une réponse à la hauteur des enjeux.
La commission d’enquête permet de repositionner les problématiques strasbourgeoises dans une réelle perspective du futur et de remettre notre démocratie sur les rails. Ne ratons pas cette occasion !
Le Clitocybe poivré est un champignon appartenant au genre des Gerhardtia.
Son chapeau mesure entre 6 et 8 cm, de forme convexe à plat, avec la marge encore un peu enroulée, finement strié à l’extrême bord. Il a un revêtement glabre, mat, de couleur crème sale.
Les lamelles sont assez espacées, nettement plus serrées au bord (présence de nombreuses lamellules), adnées à subdécurrentes, peu larges, manifestement veinées sur l’un ou l’autre individu, brunâtre pâle.
Son stipe ou pied du champignon, mesure de 5 à 6 cm correspondant a peu de chose près au diamètre du chapeau, épais de 1 cm ou un peu moins, cylindracé, légèrement clavé à aminci à la base ; de la couleur du chapeau, lisse, à sommet un peu pruineux, à « moelle » blanche tranchant avec la zone corticale un peu colorée ou aqueuse.
Sa chair est blanche, a une odeur de fût de vin à la cueillette, et a une saveur piquante et au goût désagréable.
L’unique station alsacienne du Clitocybe poivré, une aulnaie-frênaie-chênaie alluviale, se situe dans le Haut-Rhin en forêt communale d’Ohnenheim sur le territoire de la commune d’Illhaeusern. Cette station se situe à une quinzaine de kilomètres seulement à vol d’oiseau du point de récolte de M. Bon, qui le découvrit en 1975 dans la forêt de Wasenweiler (Allemagne) dans le même habitat.
Ce champignon est déconcertant sur le terrain car les couleurs de ses sporophores peuvent rappeler Calocybe gambosa qui présente des poussées automnales, mais l’odeur et le goût de ces deux espèces sont totalement différents. Grâce à des publications, puis des concertations, la station où se situe ce champignon est désormais protégée par une convention entre la commune d’Ohnenheim et l’ONF qui gère cette partie de forêt alluviale.
La présence de cette espèce en une seule station est à l’origine du classement de l’espèce en catégorie « Vulnérable ». Si la station est unique en Europe, des spécimens y sont observés chaque année, et parfois en abondance.
Lepidurus apus est un grand branchiopode. Il mesure entre 4,2 et 6 cm de longueur. Son abdomen est divisé en 30 anneaux segmentés avec deux caudaux ou « queues » attachés au dernier anneau. Entre les queues se trouvent un appendice qui distingue le genre des Lepidurus du genre des Triops un autre grand branchiopode.
Sa carapace est plate avec une longueur moyenne de 1,9 cm. Elle est d’une couleur bigarré jaune/marron qui devient plus clair sur les bords. Lepidurus apus peut-être mâle, femelle ou hermaphrodite, ce qui lui permet de se reproduire en cas d’isolation.
Lepidurus apus est considéré comme un fossile vivant.
Lepidurus apus apprécie les mares temporaires d’eau douce mesurant entre 10 et 100 cm de profondeur. Elle se remplissent durant l’automne et l’hiver et s’assèche pendant la période estivale.
Le cycle de vie de Lepidurus apus lui permet « d’hiberner » si la mare gèle, est recouverte de neige ou s’assèche. Il peut survivre des conditions rigoureuses pendant plusieurs années jusqu’à la réapparition de la marre.
Lepidurus à un cycle de vie étonnant, il est capable de produire des kystes qui peuvent rester en sommeil pendant des années et résister à différents climats extrêmes comme ceux du Maroc ou du Danemark. Les kystes éclosent à la lumière et à une température entre 16°C et 20°C lorsqu’ils sont plongés dans l’eau.
Lepidurus apus est omnivore, il se nourrit de petits invertébrés aquatiques tel que Branchinecta et Daphnia et de plantes, particulièrement de détritus flottants.
Lepidurus apus a quelques prédateurs comme des oiseaux d’eau, parfois des poissons ou encore Nosema lepiduri qui est un parasite microscopique qui contamine Lepidurus apus avec des spores. Cela peut parfois entraîner la mort de l’hôte. Les Lepidurus apus infectés présentent une coloration blanchâtre sur leurs pattes et carapaces.
Lepidurus apus a été mentionné pour la première fois en Alsace en 2006 dans une mare temporaire en zone cultivée.
En France métropolitaine, Lepidurus apus est largement distribué, mais il se classe dans le catégorie des espèces « Quasi menacée » en raison du déclin de son biotope. Malgré ce constat, l’espèce ne bénéficie actuellement d’aucune mesure de protection dans son aire de répartition qui englobe une large part de l’Europe.
En Alsace, la population est génétiquement plus proche des populations allemandes et semble représenter la seule population française de Lepidurus apus stricto sensu.
Cette espèce, liée aux mares périodiques, est particulièrement menacée par la régularisation des cours d’eau, le drainage des terres agricoles, le comblement des fossés, et des mares temporaires.
A ce jour, une seule station de Lepidurus apus est connue sur le territoire régional. Elle se situe dans le Ried de l’Ill sur le territoire de la commune d’Epfig. C’est un site précaire, entouré de terres agricoles et menacé de comblement.
La population alsacienne de Lepidurus apus est donc particulièrement menacée. Elle devra être suivie, et le site préservé, pour éviter sa disparition.
Ce vendredi 15 juin, ALTEM, le centre de tri des déchets de l’Eurométropole a ouvert ses portes aux membres d’Alsace Nature. En 2015, la loi de transition énergétique a fixé l’objectif de 55% de recyclage d’ici 2020 et 60% pour 2025. Avec un taux de recyclage de 28,8% en 2016, l’Eurométropole a encore des progrès à faire pour tenir le cap.
Classé parmi les trois plus grands centres de tri français, ALTEM réceptionne annuellement 58 000 tonnes de déchets en provenance de l’Eurométropole et d’une grande partie du Bas-Rhin. Une fois acheminés par le service de ramassage de votre collectivité au centre de tri, les déchets mélangés seront catégorisés, séparés puis revendus aux différentes filières de recyclage. Cette revente des matières triées, au bénéfice de la collectivité permet d’alléger les coûts de gestion de nos déchets. Aujourd’hui, chaque habitant de l’Eurométropole de Strasbourg produit en moyenne 388 kg de déchets par an, soit deux fois plus qu’en 1960 ! Augmenter la part du recyclage est indispensable pour réduire le gaspillage de nos ressources naturelles, mais ne dispense pas d’agir pour diminuer notre production d’ordures.
Chaque matin, les camions de ramassage déposent ici des tonnes d’emballages métalliques, de briques alimentaires, de papiers, cartons, de bouteilles et de flacons en plastique. Entassés sur le sol de l’entrepôt, ils sont ensuite déposés sur les tapis de la chaîne de tri. Un aimant attire les emballages ferreux puis un séparateur à courants de Foucault récupère les métaux non-ferreux tel que l’aluminium. Un premier tamis rotatif sélectionne ensuite grossièrement les déchets par taille et par poids. Derrière, un séparateur optique souffle sur certains types de plastiques pour les conduire vers le tapis correspondant. Enfin, une poignée d’opérateurs font une dernière sélection manuelle. Tout ce processus vise à fournir aux filières de recyclage, une matière première la plus pure possible, sans intrus.
« À chaque ville, son taux d’erreurs de tri »
Régulièrement, un échantillonnage des matières livrées par les communes permet de caractériser précisément la composition des déchets de chaque ville. Ainsi, les bénéfices de revente sont adaptés à chaque commune. Les chiffres montrent que dans l’Eurométropole, plus d’un déchet sur 5 ne devrait pas se retrouver dans le bac jaune. La proportion d’erreurs de tri, supérieure à 20 %, est pourtant 10 % inférieure dans les communes de moins de 10 000 habitants. Les professionnels d’ALTEM sont formels, ces taux sont meilleurs dans les communes qui communiquent et sensibilisent leurs habitants aux bons gestes. Grâce, notamment, aux ambassadeurs du tri. C’est dans cet esprit de sensibilisation que de nombreuses écoles viennent en visite ici chaque semaine. L’accompagnateur le soutient : « Les enfants ramènent ensuite le bon geste de tri à la maison. »
Des erreurs qui coûtent cher !
En plus de la perte de ces matières à l’incinérateur et l’impact de cette perte sur l’environnement, les erreurs de tri représentent un manque à gagner non-négligeable pour les collectivités. Dans le Grand Est, si l’on additionne les coûts des refus de tri avec les matières recyclables qui se retrouvent dans l’incinérateur, le manque à gagner s’élève à 16 M d’Euros par an.
Dans un futur proche, le geste de tri sera prochainement simplifié. « L’extension des consignes », déjà présente dans certaines communes, permettra de recycler les pots de yaourt, les barquettes de polystyrène, les sacs et les sachets plastiques. Dans le même bac. Tous les emballages plastiques peuvent d’ores et déjà être jetés dans le bac de tri par les habitants des communes en vert sur la carte ci-dessous. Espérons que cette simplification fasse chuter les taux d’erreurs.
L’ensemble du territoire devrait passer sous ce régime simplifié d’ici 2023.
L’Alsace, en avance grâce à la redevance incitative.
La région Grand Est est connue pour son niveau de performance de tri élevée : 56 kg/an/Hab contre 50 kg pour la moyenne nationale. En vigueur dans de nombreuses communes alsacienne, la « redevance incitative » fonctionne selon le principe « pollueur-payeur ». Les usagers payent leur redevance de ramassage du bac, proportionnellement au poids de leurs déchets ménagers. Ce principe les incite à trier plus de déchets recyclables, et à réduire leur production d’ordures ménagères. Grâce à ce dispositif, certains centres de tri ont vu la masse des déchets recyclés augmenter de 6 % et les erreurs de tri diminuer de 46 %. Néanmoins, ce système de redevance ne peut pas être instauré à Strasbourg à cause de l’impossibilité de retracer les déchets qui se trouvent dans les bennes collectives.
En pratique :
Trier c’est changer le destin de nos déchets en leur permettant d’être recyclés plutôt que brûlés. Ainsi, le tri rime avec économies d’énergie, préservation des ressources naturelles et qualité de l’air. Chaque tonne de plastique recyclé fait économiser près de 800 kilos de pétrole brut et 1 tonne de briques alimentaires recyclées permet de préserver 2 tonnes de bois !
Déposez vos bouteilles dans le bac de tri bouchon vissé.
Compactez-les seulement dans la longueur.
Ne rincez pas vos emballages avant de les mettre au recyclage.
Ne déchirez pas les papiers avant de les jeter.
Et ne déposez pas les pots de yaourt, le polystyrène ou le papier aluminium dans le bac jaune.
En cas de doute, l’application « Guide du tri » vous permet de savoir ce que vous pouvez recycler ou non en fonction de votre lieu d’habitation ou de vacances.
« Parce que le meilleur déchet est celui qui n’existe pas. »
Suivez les conseils de Zéro Déchets Strasbourg sur https://zds.fr
M.D
Crédit photo: Gilbert Renninger et Matthieu Durey
En vidéo :
Sources :
RAPPORT ANNUEL 2016 SUR LA QUALITÉ & LE PRIX DU SERVICE D’ÉLIMINATION DES DÉCHETS, Strasbourg.eu
La Sterne pierregarin ou Goélette, ou encore, Hirondelle de mer, fait parti de la famille des laridés.
Cet oiseau mesure 31 à 35 cm de longueur pour une envergure de 82 à 95 cm et une masse de 90 à 150 g .
Sol vol rappelle celui d’une hirondelle, ce qui lui a valu le surnom d’hirondelle de mer.
Elle consomme de petits poisson (surtout éperlans et lançons en mer) et invertébrés aquatiques. Elle capture des insectes à la surface. Pour se nourrir, la sterne pierregarin repère les bancs de poissons et se positionne au dessus en faisant un vil stationnaire de quelques puis plonge en piqué pour saisir sa proie.
Elle présente une grande aire de répartition, qui s’étend de l’Europe à l’Asie ainsi que l’Amérique du Nord jusqu’aux Caraïbes. Mais l’espèce n’est présente que localement et n’est courante que sur les littoraux. Il lui arrive de nicher en colonies que sur quelques cours d’eau naturels.
Elle hiverne au large de l’Afrique, l’Australie et le Nouvelle Zélande.
En Alsace, la Sterne pierregarin ne niche qu’en plaine, en petites colonies dispersées le long du Rhin et dans quelques gravières. Au cours des dernières années, l’effectif nicheur a oscillé entre 100 et 135 couples, répartis en une quinzaine de colonies et des couples isolés.
Elle niche sur le substrat brut des îles et îlots constamment régénérés par les crues des fleuves. Historiquement, elle fréquentait les îlots sablo-graveleux du Rhin avant sa canalisation.
A partir du milieu des années 1980, des radeaux recouverts de graviers (« Les radeaux à sternes ») ont été installés sur certains plans d’eau, afin de favoriser sa nidification.
Migratrice au long cours, la Sterne pierregarin quitte la région en août-septembre pour rejoindre les côtes d’Afrique occidentale et revient en avril.
Lors de ses migrations, La Sterne pierregarin fréquente aussi bien les zones côtières que l’intérieur des terres, dans les habitats les plus divers. A l’intérieur des terres elle est liée au rivières et aux lacs, sur le littoral, elle niche de préférence sur des îlots rocheux, mais aussi sur des plages et au bord de marais. Le nid est un creux dans le sable ou la terre sèche. Une ponte de 2 à 4 œufs est effectuée puis couvée entre mai et juillet, les œufs sont couvés.
Par le passé, la pollution du Rhin constituait un problème majeur pour l’espèce : adultes et œufs étaient fortement contaminés par le mercure et des organochlorés. Grâce à un programme de lutte contre la pollution, 9° % de celle-ci a pu être résorbée entre 1976 et le début des années 1990. Cette amélioration de la qualité des eaux du fleuve a permis une reconstitution de l’effectif nicheur de la Sterne pierregarin : de 15-20 couples en 1976, sa population est passé à environ 210 couples en 2004.
De nos jours, la principale menace concerne la dégradation des sites de nidification : en l’absence de dynamique alluviale suffisante, la plupart des sites qui servaient à la nidification se sont végétalisés (herbacées denses et ligneux) et sont devenus défavorables. Des essais sont menés afin de concevoir des techniques d’entretien qui permettent de conserver un substrat nu sur les musoirs hydroélectriques, sans usage de produits phytosanitaires. Mais la tâche s’avère plus complexe que prévu et la solution idéale, à un coût raisonnable, n’a pas encore été mise au point. Dans l’immédiat, la sauvegarde de la Sterne pierregarin dans notre région passe par l’installation de « radeaux » à leur intention. Ceux-ci nécessitent toutefois un suivi et un entretien très réguliers.