lundi 2 Mai 2016 | L'écho des terriers de Jojo le blaireau, Nos publications
Il était une fois, dans le ciel, un ange mauvais de coeur, un ange qui sans répit semait le trouble autour de lui, chérubin rebelle, querelleur et piaffeur. Ses pairs, usés de devoir supporter son « hyperactivité » malfaisante n’avaient qu’une hâte : retrouver la paix qui était leur, avant que celui ci ne vienne. L’ange félon fut chassé du ciel, jeté sur la terre, et bien mal nous en pris…
Bonimenteur de talent, ce démon aurait pu être avocat, chef de ventes, président, un excellent présentateur de météo à la radio. Mais ce tourmenteur avait d’autres vues.
Il connaissait les hommes, savait tout de leur fragilité au partage, n’ignorait rien des bas instincts de convoitise qui les piégeaient. Comme il souhaitait les gouverner, il s’intéressa de très près à leurs désirs. Il devint politicien. Un très, très grand politicien. Jamais il n’y eut, en vérité, de par le monde, un tel politicien !
Et en très peu de temps, il fut le leader de la terre. Ce mauvais diable – en est il un bon ?! – visita toutes les régions du monde. Il écouta patiemment les attentes des peuples
rencontrés, se plut à exaucer chacune de leurs doléances, se délectant de ce que tout cela pouvait laisser déjà prévoir.
Il privilégiait les meeting, les grands rassemblements.
On y clamait son nom, on le louait, et ça vraiment, il adorait !
Un beau jour, ce fut le tour de l’Alsace et des Vosges, après un long discours, il invita ses convoités sujets à exposer leurs voeux.
Trop heureux d’être écoutés, chacun voulut parler. L’on entendit d’abord les représentants d’un groupe de chasseurs et d’éleveurs. Ils s’étaient entendus, armés de fourches, faux, bâtons, fusils.
Ils s’écrièrent d’une seule voix :
« O prince du monde, débarrasse nous des loups ! Ils menacent nos campagnes ! Ces fléaux de soixante kilos qui hantent nos sommets s’apprêtent à dévaler les sentes de nos vallées. Laisseras tu le sang de nos moutons couler dans nos sillons ? Attendras tu qu’à cette supplique s’ajoute nos colères ? A coup sûr, s’ils subsistent, nous nous retrouverons, tôt ou tard, toi et nous, devant le corps sans vie d’un enfant égorgé, d’une compagne égarée, en partie dévorée… »
L’ange mauvais qu’amusait la tournure des phrasés, flatté par l’appellation choisie, feignit la surdité ! Il se fit par pur plaisir une seconde fois prier, puis les loups furent enlevés de la surface de la terre.
Voyant ce désir exaucé, les éleveurs ajoutèrent vite tout ce qui est puant et non rentable, qui gobe les oeufs, vole les poules, retourne la terre et pâture de façon éhontée ce qui n’est plus à eux depuis qu’existe l’impôt foncier. Renards, fouines, martres, blaireaux, campagnols, sangliers, cervidés, tout cela fut listé pour être exterminé.
Les jardiniers plébiscitèrent cet inespéré génie !
« Anéantit aussi les chats, O roi des rois, il grattent nos plates bandes, ils déterrent nos semences, défèquent sur nos plants leurs matières innommables ! Ils croquent nos mésanges qui de leurs chants joyeux égaient nos beaux jardins ! »
Ainsi fut fait, et l’on ne vit plus l’ombre d’un chat sur terre.
Puis vinrent les arboriculteurs et les buveurs de schnaps :
« Débarrassent nous de ces piaffeurs qui dévorent nos bourgeons, par la même occasion n’ai point pitié des insectes nuisibles, ils rendent malades nos arbres ! Nous t’en prions, Gloire à toi, hosanna… et Alléluia !»
Les mésanges et autres passereaux qui picoraient les arbres, les insectes qui y nichaient, tous furent détruits.
Ah vraiment, l’on acclamait cet enchanteur et sa divine sagesse. Notre usurpateur qui en riait aux larmes était aux anges !
Tous ceux qui se croient allergiques au pollen enchaînèrent :
« Nous t’en prions, O divin maître, enlève aussi les arbres, les fleurs et les plantes afin qu’enfin nous puissions librement respirer le bon air frais des Vosges ! »
Tout ce qui poussait et qui était végétal, arbres et plantes, fut déplanté, réduit, broyé en fine poussière de bois.
Cela continua, des jours, des semaines, des mois.
Chacun s’exprima et l’on ne cessait plus de psalmodier des louanges à l’attention de l’ange !
Alors vint un matin où n’ayant plus d’animaux, de minéraux ou de végétaux sur quoi se satisfaire, les hommes se retournèrent les uns contre les autres. Les riches se débarrassèrent des pauvres qui leur coûtaient trop cher à entretenir ! Les affamés appelèrent l’extermination des nantis qui se gardaient bien de partager le meilleur de leur pain. Les anti-écologistes se débarrassèrent des antinucléaires, et vice versa. L’on continua de s’anéantir mutuellement, dans la joie et la bonne humeur, chacun se débarrassa de son voisin !
Un matin, s’éveillant sous une aube sans lune, ni soleil, l’un dérangeant les dormeurs, l’autre les noceurs, un homme s’éveilla de lui même : il n’y avait plus ni de coq, ni de réveille matin.
Cet homme découvrit qu’il était seul sur la terre ! Elle lévitait dans un ciel désespérément vide, elle ne tournoyait plus dans l’espace. Elle était devenue un gros caillou tout nu, tout gris, figé.
« Salut Petit Prince ! » s’inclina, moqueur, le démon, vers ce dernier sujet. L’ange regardait satisfait ce qui restait de ce beau joyau qu’avait été autrefois la terre. Quel travail ! Quel bel ouvrage ! Quelle réussite ! De la jolie planète bleue dentelée de nuages qui tournoyait naguère, il ne restait plus rien. Le grand muséum d’histoire naturelle que le bon Dieu avait si généreusement conçu et offert aux hommes, n’était plus !
« Je n’ai plus grand chose à faire ici ! » rigola goguenard l’ange déchu. Quittant l’homme et son globe, il alla rôder ailleurs voir s’il n’était autre lieu planétaire à dévaster. Satan prit congé.
L’homme le regarda disparaître. A présent qu’il était abandonné, il pleura sur son triste sort. Devait il s’arracher les cheveux, se labourer les joues ? Se couvrir de sacs de cendre ? Se lamenter ?
L’homme s’agenouilla, scruta au dedans de sa mémoire, médita sur le mot lamenter. Ce mot lui évoquait quelque chose… Un mur ! C’est ça ! Le mur des lamentations Il se souvint vaguement qu’il y avait eu un vrai Dieu et un livre ! Que disait donc ce livre ? Si au moins il pouvait se souvenir d’un phrasé ! Peut être qu’un
seul phrasé suffirait à le sauver ?!
« Petit prince ! » l’ avait appelé le Diable… Alors il se souvint !
Levant haut les paumes de ses mains vers l’espace, il s’écria :
«…Dessine moi un mouton !!! »
Vous connaissez le reste de l’histoire…
« Apprivoise moi », dit le Renard,
ce proche parent du loup !
lundi 4 Jan 2016 | L'écho des terriers de Jojo le blaireau, Nos publications
Nous discutions placides, assis l’un à côté de l’autre, tels deux bons apôtres. Nous devisions tranquilles, sur tout et sur rien, le coeur fraternel, l’esprit étourdi, le cadavre du côte de bourg 2002 qui gisait à nos pieds n’y était pas étranger.
Il me parlait de sa lourde charge d’élu. Je lui causais nature. Etonnament familiers, l’oeil brillant, le sourire « chérubin », bras dessus, bras dessous, nous nous extasions charmés de tout ce que la lune belle, blonde, ronde, nous laissait deviner ! Je profitai de cette promiscuité pour l’entretenir d’une visite qui m’avait quelque peu attristé, la veille…
« J’ai un Pic Mar qui est venu me voir hier soir. Baluchon sur l’épaule, le bougre pleurait.
– Tu en fais une tête ! L’ai-je accueilli. C’est pourtant jours de fête !
– Pas pour moi. Hélas ! M’a répondu l’oiseau. Pour assurer ma survie il me faut un minimum de 20 bons gros chênes à l’hectare, tu le sais, et cela sur une bonne surface. Eh bien, je n’aurais bientôt plus de toit, les hommes vont raser le petit bois qui me logeait ; j’ai vu les marques sur les troncs…
Je suis venu te faire, mon vieux, mes adieux. Je vais m’exiler sur les pans escarpés du cirque glaciaire de la Wormsa, rejeté sur ces rochers, tel Prométhée, par les vagues de la vie et l’insouciance des hommes… Les hommes… Pfuitt… Thalassa ! Uschuaia ! Ils s’apitoient quand l’écran plat montre les dégâts d’une Huqsvarna dans la forêt amazonienne mais qu’une Stihl, ici, «déforeste », point de larmoiement… Pourtant quelle catastrophe ! Le bilan pour la faune est celui d’une guerre : l’on y compte les migrants et les tués, des familles entières anéanties par la douleur, l’appauvrissement soudain, brutal, total… »
Je l’ai retenu, tu penses bien ! Et lui ai fait boire un élixir qui n’a pas son pareil pour requinquer l’âme froide quand le vent souffle mauvais ! Nous avons causé, le reste de la nuit, de ce jour où une espèce de vieux curé, un capucin, s’était assis au pied du merisier, près du jardin ! L’ensoutané portait un pin’s, (deux grosses lèvres rouges barrées d’un « Jésus love révolution »), il nous avait conté, à sa façon, l’histoire du petit roi de Bethléem qui portait en son sein le secret de la paix : « Je vous donne un commandement nouveau, aimez vous les uns les autres ! ».
Tu connais l’histoire ! Les meneurs politiques et religieux querelleurs de cette époque, englués dans leurs petites traditions, ne souhaitèrent point changer, ne souhaitèrent point s’aimer. Ils continuèrent d’amasser fortunes, savoirs, pouvoirs, bercés par les aspirations de leurs coeurs mal inspirés. L’enfant en grandissant devint gênant, ils s’en débarrassèrent, le crucifièrent… (Bon, je sais, les biblistes trouveront ce résumé réducteur !).
Le message, avait ajouté notre curé, restait toujours d’actualité : le christ reviendrait, avec amour, instaurer, par la force, ce que les hommes s’obstinaient à ne point vouloir faire, la paix sur la terre ! Dieu nous laissait cependant du temps pour flêchir du genou : Dieu est patient.
Les animaux des sous bois et forêts ayant entendu cela s’en étaient écriés « hosanna !!! », et depuis attendaient…
Imaginez, vous qui me lisez, doux et humbles de coeur ! Une humanité sauvée du désamour ! Les jardins du monde peuplés de colocataires raisonnables, attentionnés !!! Des êtres humains occupés à s’aimer plutôt qu’à se voler, s’envier, se calomnier, se méfier, se défier, s’écraser ! Une humanité libre, égalitaire, fraternelle, (votre vieux rêve républicain ) !
En attendant ces beaux jours, sur les 176 types d’oiseaux actuellement nicheurs en Alsace, 39,8% sont inscrits sur la Liste rouge des espèces menacées ( soit 70), et 17 ont définitivement disparus : mon ami pic Mar a peur que si le retour de Jésus tarde, son tour ne vienne…
« Maranatha ! » S’écria mon comparse, l’élu, en se frappant très fort la cuisse ! « Je suis un homme de foi ! Tu diras à ton ami Pic Mar que désormais sur mon ban, lorsque les tronçonneuses chanteront, il sera laissé ici et là, les vieux chênes nécessaires pour manger, assez d’arbres morts sur pied pour nidifier ! J’en fait un devoir de mémoire : nous préserverons pour les générations futures les beautés du bon Dieu, cochon qui s’en dédit !»
Alléluia !!! Le coeur en joie, je traiterai dans le prochain écho des besoins existentiels du picidé bigarré au béret rouge ! Bonne Happy End 2015 à tous !
Votre mustélidé farfelu et dévoué.
lundi 2 Nov 2015 | L'écho des terriers de Jojo le blaireau, Nos publications
Bonjour à tous !
Plus souvent entendu que vu, l’oiseau, gros comme un geai, qui illustre cet écho, ricane plus qu’il ne tambourine, il appartient à la famille des « marteaux piqueurs ».
Certains ont déjà trouvé son nom ? Trop fort !!!
Vous rencontrerez, peut être, ce perforateur de volets pourris, pour peu que vous vous hasardiez sur le sentier forestier balisé qui grimpe vers notre refuge. Son chant fou et fuyant, répercuté dès 1940 sur les écrans TV des chaînes américaines, rendirent célèbre son pair, le célèbre Woodywoodpecker, (Piko le pivert en Français) !
Avez vous trouvé à qui cet écho fait référence ?!
Bravo ! C’est en effet le pic vert, espèce protégée par arrêté du 17 avril 1981 et inscrite à l’Annexe II de la convention de Berne !!!
Pic mâle (moustache rouge visible dans le prolongement du bec, sous l’oeil) victime d’une collision routière entre Muhlbach et Metzeral le 18/06/2014
transmis à la SNA d’Hunawhir via les brigades vertes le même jour, il décédera pendant son transport vers le centre de soin de la LPO de Rosenwiller
Les six « marteaux-piqueurs » qui nous sont les plus familiers, en Alsace, se distinguent facilement par leurs couleurs. Si le pic noir est, comme son nom l’indique, à 98%, noir. Les pics épeiche, épeichette et mar, que nous verrons dans le prochain écho, sont bigarrés, majoritairement noir et blanc, vêtus pour certains de petits effets rouge : béret, écharpe, short…
Le pic vert drapé d’une livrée jaune-vert-golden et d’un passemontagne rouge, use de la couleur noire pour mieux souligner ses jolis yeux dorés, le bout de ses ailes, l’extrémité de sa queue.
Le rouge et le noir permettent aussi de distinguer Monsieur de Madame : Monsieur aura la moustache rouge, Madame l’aura noire.
Pour ne point le confondre avec le pic cendré, j’ai retenu ceci : Monsieur Cendré n’a pas de lunettes et en guise de casquette n’a qu’une tache frontale rouge qu’il porte au dessus du bec. Madame Cendrée, pauvre cosette, n’a ni bonnet, ni lunettes.
Le pic vert est le seul pic que vous guetterez dans l’oeilleton de vos jumelles, au sol, puisqu’il se nourrit en grande partie sur terre !
A 90%, selon les spécialistes, ce joli représentant de l’avifaune française s’alimente de fourmis. Besoins quotidiens évalués par certains : 2000 fourmis !
Les 10% restant de sa nourriture sont prélevés sur les stocks de limaçons, escargots, cloportes, araignées, punaises, perce-oreilles et autres insectes rampants ou volants que le bon dieu généreux met à sa disposition !
Des graines, des baies, des bourgeons et un peu de ce cambium que cache les écorces complètent son nécessaire.
Chaque espèce de pic utilise une partie déterminée du milieu forestier. Le pic vert étant le moins arboricole de la famille, en matière de quête de nourriture, on le retrouvera principalement dans les vieux vergers, les prés de pâtures en lisière de forêt, dans les bocages, les paysages cultivés semi-ouverts, le long des chemins, fossés, talus, friches ceinturées de haies…
Les parcs agrémentés de pelouses rases, où foisonnent les ‘arbres vieillissants, les buissons, les fourmis, lui conviennent très bien. En revanche, l’herbe haute, humide, les sols azotés (épandage lisier et fumier), ne favorisent pas sa présence.
Le pic vert est un solitaire sédentaire, un diurne fidèle ! Ce bel oiseau s’il niche près de chez vous, peut y rester dix ans pour peu que vous preniez soin à ce qu’on lui sauvegarde son gîte, son couvert.
Quelques incidents peuvent modifier sa densité, il vous faudra les prendre en compte : l’appétit de la martre des pins, de la fouine, de l’autour des palombes, de l’épervier, les lacunes avicoles (parfois, hélas, volontaires !) du bûcheron, de l’agriculteur et des pouvoirs publics, lui sont préjudiciables. A cela il me faut vous ajouter une autre source de mortalité : la collision routière. (densité proche d’un couple pour 100 hectares… C’est pas beaucoup.)
Contrairement à ses confrères, véritable fêlés de la percussion, qui tambourinent le tam-tam de l’amour dans nos bois et forêts aux premiers mois de l’année, le pic vert ne se casse pas la tête : il ricane, parade, mais ne pétarade point !
Début 2016, faisant suite à cet envoi et aux deux échos à venir, Jojo nous invitera à procéder à une évaluation de nos acquis par une sortie découverte, thématique « pics ». Super !!!
Ce sera l’occasion peut être de prendre en photo l’esbroufe nuptiale de nos Woody locaux ! Les mâles voleraient en spirales entre les arbres et s’affronteraient les uns aux autres (quand l’effectif le permet !), déployant leurs ailes, étalant les plumes de leur queue, balançant leur tête, de droite et de gauche.
Le couple de l’année en février est formé, reste à creuser le nid douillet. Les Lepic auront choisi pour « cuisine Schmitt », un vieux feuillu. Bien campés sur les plumes de leur derrière comme sur un siège, les ongles-griffes de leurs souliers enfoncés dans l’écorce, Papa et maman, tour à tour, burineront le tronc à grands coups de bec. Un vrai ciseau à bois, ce bec ! Les travaux dureront, en gros, un mois ! Je vous laisse imaginer la joie qui nous animent, nous autres, les « nocturnes » qui tentons de pioncer la journée à leurs côtés !!!
Les Lepics couvent, en alternance, en avril-mai, les 5-7 oeufs de leur union. Durée d’incubation environ 16 jours. Pendant près d’un mois, les deux parents enchaîneront les allers-retours afin de nourrir leurs braves petits. Pâtée de fourmis prévu à chaque repas !
Prenant leur envol en mai-juin, nos bébés pic verts devenus grands égaieront le site par groupe de 2 ou 3, jusqu’aux abords de l’été.
Avis aux photographes animaliers et aux adeptes du birdwatching : c’est entre Janvier et Août que vous approcherez au mieux les représentants de cette charmante famille !!!
Reconnaître un nid de pic vert : l’orifice d’entrée d’un diamètre qui avoisine les 6 cm se situe, pour la LPO, entre 1 mètre et 5 mètres de hauteur (10m selon d’autres sources !). L’arbre, parfois sain, avoisinera l’aire de nourrissage. Les pics épeiches, épeichette et mar utilisent, eux, des bois dépérissant ou morts, souvent localisés plus profondément en forêt.
Reconnaître le vol d’un pic : c’est un vol ondulant qu’animent de brefs coups d’ailes. Le pic se méfie des grands vols à découverts.
Jouer à cache cache avec un pic : le pic aura tendance, lorsqu’il vous voit, à se cacher derrière le tronc d’un arbre. Tout en gardant
vos distances, tournez autour de l’arbre… il tournera aussi, genre : « Tu-me-vois, tu-me-vois-plus » ! Très rigolo !
(Se joue plus facilement cela dit avec les autres pics…)
Enfin le mot de la fin !
L’apiculteur sud européen verra parfois d’un très mauvais oeil la présence de ce picidé verdâtre à proximité de son rucher ! Il est vrai que pendant la période hivernale, quand le manteau neigeux recouvre les sols ou que les fourmilières font défaut, notre peinturluré animal se laisse aller à de bien polissonnes manières.
Une ruche qui arbore au printemps des perforations de 5 cm de diamètre désignera le coupable ! Il sera difficile pour le pic vert d’incriminer le frelon asiatique ou les menus rongeurs de ce forfait ! Très cher apiculteur, bonne nouvelle ! Il te suffit de grillager le devant de ton rucher ou d’entourer ta colonie d’un grillage maillé de 19mm sur 19mm et les alvéoles qui abritent les larves recherchées seront sauvées ! (longueur de la langue effilée gluante du pic vert : 10 cm !)
À très bientôt !!!
mercredi 23 Sep 2015 | L'écho des terriers de Jojo le blaireau, Nos publications
Bonjour à tous ! Je tenterai d’être bref !
Mes précédents échos vantaient la bardane et la bourrache indoeuropéennes, achevons cette trilogie florale par une simple venue
d’ailleurs !
Plantons le décor : C’est presque l’automne, le poêle est encore chaud, il est 22:00, dans la chaumière tout le monde dort.
Les ronflements des uns évoquent quelques cisaillements de bois, les bruissements des autres, de vieilles locomotives usées !
Sous la bruine légère et la lune voilée, là dehors, quelques noctambules s’activent…
La famille Blaireau au grand complet fouine dans le compost, émettant des petits grognements de satisfaction, un peu plus loin,
un renard couine de dépit. L’arrivée familiale aux abords de la mare a fait fuir les seize canards colverts qui, du fait, s’en sont allés dans
un caquètement de mécontentement.
Dans le jardin, les bractées buissonnantes de notre belle américaine agitent à la brise ,comme de légers « mouchoirs », leurs fleurs
âprement parfumées. Jusqu’au petit matin, la « primevère de la nuit » tentera de nous faire croire que c’est encore l’été.
Papillons et insectes, pour peu que les températures soient douces, voletteront, se grisant, puisant, prisant, leur manne quotidienne.
Voici,mes amis, du haut de ses 2 mètres, l’onagre bisanuelle !
Appelée herbes aux ânes, herbe de Saint Antoine ou belle du soir, l’onagre est native des colonies du « nouveau monde ». Elle aurait
débarquée au seizième siècle, selon la légende, en Hollande. Les marins, à cette époque, lestaient leurs fonds de cale par des
ballasts de terre qu’ils charriaient au port, débarquant au passage les passagères clandestines que cette terre en son sein couvait :
des semences !
En 400 ans, l’onagre aura colonisée la quasi totalité de la vieille Europe (près de 150.000 graines par plante, ça aide !).
Certains jardiniers l’exècrent et la considèrent comme une plante invasive. Ils la rangent, de ce fait, aux côtés de la berce du
Caucase, de la renouée du japon, de la balsamine de l’Himalaya.
(Notez le : ces trois plantes sont présentent au refuge aux seules fins d’enseigner : venez les découvrir et si vous les retrouvez
ailleurs, arrachez les !)
Produite et commercialisée pour son huile riche en acides gammalinoléniques, l’onagre serait plutôt « tendance »! Sa production de
graines mondiale annuelle actuelle dépasserait les 4 000 tonnes, soit plus de 20 fois ce qu’elle était il y a 20 ans.
Au temps de nos arrières grand-mères, cette merveille du bon Dieu avait d’autres emplois que le traitement de l’eczéma ou de l’arthrite
rhumatoïde ! Si l’on s’en servait pour soigner la gueule de bois, les troubles menstruels et apprivoiser les animaux sauvages, on la
cultivait surtout à des fins alimentaires, d’où son surnom de « jambon du jardinier » ! Dans sa récolte des racines automnales,
Pascal, sur les pas de nos arrières grands-mères et des indiens des grands lacs, en fera lui aussi un usage gustatif. Notons que les
objiwés, chippewas, pawnees, hurons et iroquois, utilisaient les feuilles en cataplasme pour soigner blessures et contusions.
L’onagre est bisannuelle. On la mange cru en juillet, cuite en septembre, elle se prépare à la manière des salsifis et scorsonères.
On lui prête une saveur proche des panais ou rutabaga.
C’est une plante à suivre : des tests sont en cours afin de démontrer son efficacité contre la sclérose en plaque.
Semences et plants sont au Vordermeyersbuhl à votre disposition !
A très bientôt pour un prochain écho !
Les prochains échos seront consacrés aux pics mars, pics épeiches, pics verts, pics noirs et aux arbres morts, véritables palaces
forestiers.
Rendez vous à ne pas manquer pour les habitants de la vallée :
Le 09 octobre à 20:00 à Munster, projection d’un documentaire sur le blaireau, « le terrassier de la nuit », et intervention de Gérard
Hommay du Gepma (Groupement d’Etude et de Protection des Mammifères d’Alsace)
lundi 3 Août 2015 | L'écho des terriers de Jojo le blaireau, Nos publications
Un rendez vous… trois sous articles… quelques photos ! :
J-6 !!!
Jojo vous donne rendez vous à Metzeral le 7, 8 et 9 août prochain pour la 4ème édition de Fest’âne, l’incontournable festival cadichonesque de la vallée de Munster ! Jeux, contes, ateliers, animation, restauration, balades et soirée bal folk, tout est prévu par les organisateurs d’An’art pour vous offrir un week-end familial « bon-enfant » :
le programme est consultable sur internet sous www.an’art.fr.
Plaisir de lire, plaisir d’offrir, plaisir de jouer, votre mustélidé « black and white » y sera avec quizz, abécédaire, deux histoires et son second écho des terriers spécial fest’âne.
Sous l’œil bienveillant de sa peluche poilue, il proposera de troquer sa première auto-édition papier : un recueil de cinq contes contre quelques deniers !
Cet argent permettra de financer en partie nos 10 sacs de 25 kg de graines de tournesol annuels (cela coûte à notre refuge approximativement 250 euros!!!)
Le Groupement d’Étude et de Protection des Mammifères d’Alsace s’installera aux côtés de Jojo le dimanche 09 août avec jeu, mascotte et doc sur la faune mammalienne locale.
(Si vous avez un jardin et êtes un inconditionnel du beau, du bon, du bio, n’oubliez pas pelle et seau : récupérée directement du producteur au consommateur, la merde de l’âne est le ferment idéal pour les potagers frais du grand-est ! (Ah il va être chouette le retour en bagnolle !!!)
News du refuge :
Nous croulons sous les « belles images », gentillesses du bon Dieu ! Je vous en partage 3 !
Les papillons sphinx-colibris peu nombreux l’année dernière sont cette année légion. Nous avons créé sur quelques mètres un couloir à lépidoptères.
Arpenté en aller-retours, ce couloir donne, je vous le dis, un avant-goût du Paradis.
L’une des dames colverts qui squattaient cette hiver notre mare, (ils étaient une dizaine de couples), est venue, il y a six jours, placer sa progéniture sous notre protection ! Neuf petits s’ébattent sous l’œil attentif de nos six oies !
Un peu plus loin, dans l’une de nos haies, niche sans doute de quoi les protéger un peu des éventuels prédateurs : Dame sanglier… Les marcassins, surtout deux, affectionnent notre verger et ne se formalisent pas trop de notre présence…
Les adultes qui les accompagnent restent, eux, prudemment en retrait.
Hier matin, marcassins et oies broutaient comme un seul troupeau ! (Comme le dit si bien Dominique, un ami chasseur : c’est comme chez les humains, « c’est si mignon quand c’est tout petit !!! »).
♪ Les cigognes sont de retour ♫
(vous savez qu’elles ont la réputation, ici, d’assurer les livraisons des nouveaux nés!)
Viviane est devenue la maman d’adoption de Vanille, un charmant lapereau qui nous a rejoint la semaine dernière. Elle doit une fière chandelle au chef toqué de l’hôtel restaurant les clarines d’argent. Ce maestro du piano l’a sauvé d’entre les pattes de deux pies !!!
Pour finir : l’invitée surprise et la recette gastro de cet écho !
Indice 1 : Il s’agit d’une plante.
De nombreux peintres ont utilisé la couleur de ses fleurs pour esquisser les robes de leurs madones. Les grecs l’appelaient Euphrosine, tant elle apaisait. Les soldats de Rome la consommaient infusée dans du vin pour se donner courage et certains montagnards d’Ukraine et de Pologne, les Lemko, l’utilisaient (et l’utilisent encore figurez vous !) en aphrodisiaque.
Indice 2 : Son huile régénératrice, riche en vitamines A, D, E, K et en oméga 6, fait le bonheur des pourvoyeurs d’eau de jouvence. Tour à tour diurétique, adoucissante, dépurative, laxative, sudorifique, cette cousine de la vipérine, véritable pain des abeilles, tant en nectar, qu’en pollen, est adulée par les apiculteurs.
Indice 3 : Ses fleurs auraient un goût d’huître, ses feuilles un goût de concombre…
– Personnellement je dirais plutôt d’artichaut – Elles constellent nos parcelles généralement d’étoiles bleu. Il lui arrive parfois de rosir ou blanchir selon la texture du sol ou la variété.
Indice 4 : Au jardin, elle enrichi le sol en potassium, elle est antifongique, donc bénéfique pour les pommes de terre, tomates, fraisiers… Elle éloignerait limaces, chenilles des choux et nématodes. La plante entière est un excellent activateur pour le compost.
Indice 5 : Aussi râpeuse qu’un coup de léchouille de bœuf, la plante mère disperse ses petits grâce aux fourmis, cela s’appelle la « myrmécochorie », un nom, vous en conviendrez, facile à oublier !!!
Si les oiseaux granivores, verdiers, mésanges et chardonnerets s’intéressent, eux, à l’akène, c’est l’excroissance blanchâtre collée au fruit qui attirent les besogneuses de nos sous bois, potagers, vergers et forêts. Dans cette excroissance se trouve l’huile réputée que consomment certains d’entre nous, le plus souvent, en gélules.
L’akène rejoint la fourmilière, l’huile est récupérée, la graine rejetée, parée à germer.
Eh !!! Quelques fins connaisseurs l’ont deviné, il s’agit de, borago officinalis, la bourrache !
Bien qu’elle contienne un alcaloïde qui a de très fortes doses pourrait être néfaste pour le foie, la bourrache, en soupe, en crème ou en salade, elle est fort consommée par nos voisins germains :
son mucilage est bénéfique pour le transit.
C’est beau, c’est bio, c’est bon !!!
Pour réaliser cette recette simple, compter 10 minutes de cueillette, ½ heure de préparation, 20 minutes de cuisson :
Je lave 300 grammes de belles feuilles fraîches, j’enlève la tige principale (concentration d’alcaloïdes pyrrolyzidiniques – je vous laisse chercher… -), j’ajoute trois pommes de terre, deux oignons, quelques épices et du sel.
Le tout est légèrement recouvert d’eau dans la cocotte-minutes.
15 mn de cuisson à feux doux après le sifflement d’usage, vous pouvez mains sur les hanches crier en bas de l’escalier : « à taaaable !!! ».
N’oubliez pas d’agrémenter l’image par quelques fleurs de capucines et deux, trois tartines de pain grillé !
Se mange chaud ou froid.
Bon appétit !
Votre copain,
…à vendredi, samedi, dimanche pour les plus proches !!!
samedi 23 Mai 2015 | L'écho des terriers de Jojo le blaireau, Nos publications
Chaque année les mêmes erreurs se répétant, les animaux des sous bois m’ont vivement interpellé afin que soit rediffusé ce qui suit et je nous laisse, cher lecteur, le soin d’en faire circuler la teneur dans nos propres réseaux d’alerte !
Un faon qui semble perdu, abandonné, en vérité, qu’on se le dise, ne l’est jamais !
Il ne faut donc surtout pas le RAMASSER !!
L’état d’abandon apparent n’est qu’une technique de survie !!!
EXPLICATIONS :
Dame chevreuil met au monde, entre début Mai et début Juin, 2 faons (Parfois 1, parfois 3).
Pendant les quinze premiers jours, chaque petit reste dans son « trou ». Prostrés, ils ne bougent pas, se laissent toucher, se laissent porter, semblent inertes et si leur respiration est haletante, c’est tout simplement du à un phénomène dangereux : notre ignorance, notre présence !
Un « Petit-frère », une « Petite-sœur », se cachent le plus souvent à moins de 50 m du rejeton trouvé. La maman, à moins de 200 m, revient six à dix fois dans la journée pour allaiter son petit monde. Bref, nos Bambis, malgré les apparences, ne sont pas seuls.
Bien sur tu n’as pas entendu la maman se planquer à ton approche !
C’est normal : tu n’as pas ses grandes oreilles !
Madame Chevreuil (que l’on appelle chevrette) a bon ouïe, bon « blair » !
Depuis un bon moment, un violent coup de sabot au sol et un petit bellement particulier a informé la marmaille d’une approche. Aussi invisibles qu’une tribu d’indiens kawahira dans la jungle amazonienne, la maman surveille l’intrus, les « bambis » écoutent, chacun se montrant attentif au moindre mouvement suspect.
Si l’humain était un prédateur-mangeur, Madame Chevreuil aboierait sans doute et détalerait afin d’aller semer ailleurs le gêneur, de nombreux animaux agissent ainsi… L’humain le plus souvent n’est pas un chasseur-tueur, juste un intrus maladroit.
Les deux bambins aussi figés que les statues de cire du musée Grévin font le
« mort », Madame Chevreuil, elle, ne bouge plus. Dans presque 100% des cas, le promeneur passera son chemin sans rien remarquer.
Pour se fondre dans la nature, les faons ont reçu à leur naissance le nec plus ultra en matière de pyjama-camouflage : le fameux gilet brun sombre moucheté de points blanc-crème qu’ils porteront jusqu’à la fin de l’été. Pendant les deux premières semaines de leur existence, les faons n’émettent quasiment aucune odeur.
Le bon Dieu a bien fait les choses : cette invisibilité olfactive leur donne une bonne chance d’échapper aux chasses de Papa et Maman Renard qui ont eux aussi des petits à nourrir !
A moins d’ 1 mètre, même les « Mirza », « Rambo » et autre « Médor » ne saurait les renifler !
COMMENT ÊTRE UN SAUVETEUR RESPONSABLE ET EFFICACE ?
- Regardez et partez le plus discrètement possible sans le toucher afin de ne laisser sur lui votre propre odeur, elle trahirait sa présence.
- Vous l’avez touché ? Laissez le tranquille, éloignez vous ! Contrairement aux idées reçues sa maman ne le rejettera pas. Elle le nettoiera minutieusement, plus tard, quand vous serez parti.
- Vous l’avez ramené chez vous et venez de lire ce message ? Ramenez le faon où vous l’avez trouvé, vous pouvez encore sauver ce petit : sa maman l’attend. N’oubliez pas qu’elle porte dans son sein le lait qui, s’il n’est pas bu, peut engendrer une mammite (inflammation de la tétine pouvant parfois avoir des conséquences mortelles).
- Enfin si vous avez le moindre doute malgré cette lecture, laissez le faon, localisez le, et prévenez l’association naturaliste la plus proche qui saura comment agir !
La création est un cadeau fragile
Soyez vous aussi un acteur de la saison 2015 : Parlez en autour de vous !