Sorties Nature 2015 – Spécial 50 ANS

Sorties Nature 2015 – Spécial 50 ANS

couv_sn2015Le Sorties Nature 2015 est maintenant disponible à Alsace Nature !
Ce numéro spécial 50 ANS intègre les sorties conventionnelles d’Alsace Nature et son réseau d’associations fédérées sur toute l’année. Mais il vous propose aussi un TOUR D’ALSACE des sorties ou actions emblématiques qui ont fait l’histoire de notre réseau associatif durant ces 50 dernières années, accompagnées d’un article de fond sur le sujet.
Alors, puisez sans réserve dans les pages de cet ouvrage, partez à la découverte des écosystèmes, de la faune et de la flore, plongez dans cette nature alsacienne que nous aimons tant et partagez avec nous ce désir de la voir préservée.
ATTENTION : vous ne trouverez sur notre AGENDA que les sorties propres à Alsace Nature. La totalité des Sorties Nature sont uniquement disponibles dans notre guide papier !
 

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  • Programme disponible à Alsace Nature Strasbourg et Alsace Nature Mulhouse
  • Prix : 4,50 €
  • Ajouter les frais de port : 2,50 € en sus (tarif « ecopli »),
    Paiement par chèque à l’ordre :
    Alsace Nature – 8 rue Adèle Riton – 67000 Strasbourg

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Siège Région – Alsace Nature au 03.88.37.07.58 ou siegeregionalsacenature.org
 

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Mars 2015

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Mars 2015

Bonjour à tous, nous sommes le 20 mars 2015 : c’est le printemps !

Depuis un peu plus de deux semaines, voici le temps des rires et des chants pour qui aime se soustraire aux mauvaises nouvelles qui alimentent la presse mondiale de notre pauvre vieille planète : Frère soleil nous invite a fredonner Charles Trenet.

Ça fait du bien et je chante pour ma part du soir au matin !

Bercée, depuis la dernière lune ronde, par la caresse des astres, la création végétale discrètement nous materne ce qui demain sera de bien nourris bourgeons. Les pousses d’orties, le vol des premiers citrons, les « poup » sonores du micro-alyte-accoucheur – le seul crapaud qu’aime pas l’eau ! – l’ont annoncé clairement : c’est le retour mes amis du fameux : « Mars ! Et ça repart !!! »

Une énergie fabuleuse a foré silencieusement les sols de nos sous bois et forêts bravant les lois naturelles de la gravité terrestre. Pascal armé d’une chignole, d’une mèche de 8 millimètre, d’un embout alimentaire de même diamètre, d’une bouteille exempte de bios-phénol A, en bon amateur du bon, du beau, du bio, du fait, s’en est allé d’un pas alerte prélever l’élixir merveilleux que le bon Dieu chaque année donne bienfaisant sans compter : la sève du bouleau ! (ne pas confondre avec le jus de bouleau vendu à longueur d’année qui est une décoction de feuilles améliorée…)

Courte présentation de l’arbre :

Essence acclimatée à l’hémisphère nord, ce joyau argenté vénéré par les amérindiens, les peuplades celtes, scandinaves et slaves, se déclinent au travers du monde par plus de 40 cultivars. Le plus petit, le « betula alba nana » boréal, ne mesure que quelques dizaines de centimètres, le plus grand, le bouleau jaune américain, le préféré des indiens, tape, lui, dans les 30 mètres.

Le moins svelte est un original au vu du port plutôt « taillefine » de ses semblables, l’« himalayen » s’étend, aussi large que haut.

Chez nous, le bouleau ne vit guère plus longtemps qu’un homme (100 ans).

C’est un arbre « tzigane », un nomade. Les graines qui enfantent sa descendance, parachutées par les vents, s’essaiment ici et là, peuplant les espaces pauvres, esseulés, dégagés. Deux espèces fréquentent communément nos vallons : le bouleau verruqueux, (blanc, crevassé, noir à sa base, c’est le plus répandu), et le bouleau pubescent (habitant des marais, zones humides et tourbières).

Le bouleau figure sur la liste des arbres préférés des oiseaux insectivores. Adulte, c’est un superbe HLM à « bestioles ». Les multiples fentes verticales et exfoliations horizontales qui lui parcourent le tronc abritent généreusement chenilles et larves de toutes sortes. Pour vous le faire bref, les uns y dorment et d’autres y mangent ceux qui y dorment !!! Le bouleau blanc est une sorte d’auberge rouge sylvicole !

Les grands refuges « nature », voués à la protection animale, réserveront au bouleau un petit emplacement ensoleillé aux côtés du sorbier. Conçu pour redonner aux sols appauvris un humus riche et fertile, sa présence sera une bénédiction pour les essences plus gourmandes appelées à lui succéder. Le jardinier du lieu, louant le bon Dieu pour cette manne bienvenue, incorporera à son compost en automne prochain quelques brassées de feuilles.

Outre sa sève et ses feuilles, la boulaie, boulinière, bétulaie a de tout temps fourni aux hommes un bois précieux. Utilisé tour à tour pour la fabrication de farines alimentaires, de raquettes, de lunettes, de bobines à fil, de sabots, de filets et d’assiettes, de cordes, de corbeilles, de revêtements de toitures, de pâte à mâcher ou de pâte à papier, le bouleau fut bois de chauffe pour de nombreux boulangers.

Dans les jardins LPO – le vordermeyersbuhl n’échappe pas à la règle – cet arbre est couramment utilisé pour faire les bûches à graisse, mésanges et pics en raffolent.

L’écorce octroie un goudron dont on badigeonnait autrefois, pour éviter d’agaçants grincements, les roues des chariots. L’industrie alimentaire en extrait un sucre bien connu des diabétiques et diététiciens en herbe, le xylithol.

Voilà brièvement pour l’arbre, passons à la sève.

Comment Jojo choisit il son arbre pour ponctionner la sève ?

Jojo jette son dévolu sur un arbre bien branchu (plus il y a de bourgeons à ouvrir, plus il y aura de sève à monter). L’arbre n’est ni trop jeune ni trop vieux (30 à 80 ans – Diamètre minimum 30 cm). Les arbres isolés seront préférés aux arbres trop serrés. La qualité nutritive de la sève dépendra des richesses présentes dans le sol… L’arbre percé cette année ne sera pas revisité avant 4 ou 5 ans.

Quand ponctionner la sève ?

L’ortie qui pousse, le papillon citron qui vole, l’alyte qui chante le champs des amours des anoures sont d’excellents indicateurs du « bon moment ».

Après la lune de mars et le dégel, les grains d’amidons stockés dans les cellules du bouleau vont peu à peu se dissoudre et être assimilés. Les cellules de nouveau vides, par un mécanisme d’osmose et de pressurisation, vont se gorger de sève. Les radicelles de leurs côtés vont aspirer au sein des racines les nutriments nécessaires au débourrement des bourgeons. L’arbre jusqu’à l’ouverture des feuilles nous laissera le « perfuser » d’un peu de son « sang ».

Comment percer le bouleau (et refermer le trou créé) ?

Je perce sur le flanc le moins exposé à la pluie et aux vents à 0,50 cm du sol, un trou de 3 à 5 cm de profondeur selon l’arbre (diamètre du trou : 0,8 cm). Je me contente de quelques litres, puis pour ne pas épuiser l’arbre, change de « donneur ». Sur la centaine de litres que l’arbre puise par jour il me donnera mon litre quotidien.

Certains spécimens aspireraient 500 lt et pourraient donner jusqu’à 10 lt/jour ! Parfois l’arbre ne donne rien du tout ! Après une nuit gélive il faut parfois « ramoner » le trou pour réamorcer l’écoulement ! En Russie certains exploitants scient une branche de 6 à 7 cm de diamètre et récupèrent à même le seau les pleurs de l’arbre. Ce procédé n’est bien sur point conseillé ! Pour refermer le trou, j’utilise une cheville de même bois que j’enfonce et badigeonne la plaie de goudron de Norvège voir d’argile. La récolte se fait entre la mi mars et la mi avril.

Comment éviter la fermentation naturelle de la sève ?

La sève se conserve quelques jours au frigo.

A partir de 5° commence la fermentation. L’eau se trouble, un dépôt blanc se dépose sur le culot de la bouteille, c’est normal. Cela ne dégrade que le côté gustatif, la sève fermentée peut être rebutante mais serait encore plus stimulante !

Il est possible de retarder voir même apparemment d’annuler cette fermentation… Ajouter quelques clous de girofles (conservation théorique 1 mois). On peut aussi filtrer l’eau de bouleau via une membrane 0,22 microns (conservation 3 semaines). On peut stocker sous vide (conservation 1 an). En ajoutant 10 cl d’alcool de fruit à 50° pour un litre de sève on empêcherait la fermentation. Congeler n’est pas un bon procédé pour qui veut profiter de tous les bienfaits de cette eau de jouvence !

Comment faire la cure ?

Pendant 3 semaines boire hors repas en trois fois un petit « 15 à 25cl » de sève pure. Il est préconisé de pousser à 5 semaines s’il s’ensuit des urines chaudes et abondantes, des selles exceptionnellement malodorantes !

Certains refont une cure en automne, d’autres alternent 3 semaines de cure, 10 jours de repos, 3 semaines de cures, 10 jours de repos… (C’est pas très 4 saisons !)

Personnellement, je dédouble mon petit verre et semble très bien m’en porter !

Rappel : pour bénéficier des oligoéléments, il faut garder un peu en bouche chaque gorgée d’eau.

Quels sont les bienfaits de cette cure ?

(Reprenons l’écho des terriers de mars l’année dernière…)

La sève de bouleau drainera hors de vos rates, reins, poumons, foie, les toxines qui encombrent. La sève de bouleau riche en minéraux, oligoéléments, acides aminés, sucres, antioxydants, vitamines A, E, D3, C, B1, B2, B3, B5, B6, B8, B9, B12, K1 (…) permet à l’organisme d’évacuer toxines et déchets organiques, stabilise cholestérol et acide urique. Elle agirait en profondeur sur les troubles urinaires, elle est bénéfique pour la vésicule biliaire, la circulation sanguine, les problèmes de peau (eczéma, psoriasis, acné…). Elle éclaircit le teint, soulage certaines douleurs articulaires. On lui prêtent des valeurs amincissantes. Le silicium permet de lutter contre l’ostéoporose et contre les ravages de l’aluminium présente dans nos nutriments et qui selon des études britanniques serait responsable de la création de nombreux cancers…).

Le calcium et le phosphore interviendraient dans la solidité des os. Le potassium rééquilibrerait le rythme cardiaque. Le magnésium et le lithium permettraient d’améliorer l’humeur (états dépressifs). La vitamine C et le sélénium contreraient les méfaits du stress. La sève libère dans les intestins un antalgique anti-­inflammatoire et diurétique. (J’ai lu sur une publicité que la sève élimine les calculs ! Ne nous emballons pas, j’ai lu aussi qu’un certain Docteur Tétau prônait une cure pour ce faire de 300 jours – il y parlait d’ailleurs de réduire non de détruire !-).

Mot de la fin : n’oubliez pas que le bouleau est avant tout conçu pour régénérer les sols, prélevez avec respect et boycottez les faiseurs d’argent qui profitant de l’aubaine, en bons spolieurs, pillent nos sous bois pour s’en foutre pleins les poches, s’arrondir leurs fins de mois !

Allez je me lâche, l’utopie est thérapeute : puisse demain être un monde meilleur !

Imagine mon bon lecteur, l’humain valide (ou plus jeune) irait percer pour son voisin invalide (ou plus vieux) le bouleau de son jardin sans qu’il ne soit question d’argent ! La seule monnaie en cours serait l’amitié gratuite, et sans attente, que chacun se porterait l’un à l’autre !!! Un monde sans politique, géré non par la concupiscence mais par la sagesse ! L’on y savourerait enfin l’égalité, la fraternité et la paix ! Il n’y aurait plus besoin de gagner des sous, ils ne serviraient plus ! Plus de banquiers, ni d’hommes de guerres, plus d’industriels, ni d’hommes d’affaires, plus d’armateurs, ni militaires… Nul ne serait plus occupé à médire, convoiter, fomenter ou ourdir… Chacun se sentirait responsable de son semblable. La création entière vivrait sans peur du lendemain, ni du voisin !… Plus de télés, plus de portable, ni voleurs, ni serrures, ni alarmes. Plus de voitures, ni d’avions : chacun resterait chez soi ! Pourquoi aller ailleurs ? Un monde apaisé, dépollutionné, évangélique, bref joyeux !

Un monde bon, un monde charmant, un monde aimable, un monde aimant où chacun mettrait au service de son prochain son savoir faire, ses dons, ses talents !…

Aie ! Aie ! Aie !… Aurais je forcé sur mon eau de bouleau quotidienne ?

Allez, vous reprendrez bien encore un pt’it verre de sève pour la route !!!

A bientôt pour un autre écho !

Du FIN fond de la vallée de Munster votre ami Jojo !

Le "Sortie Nature 2015" est arrivé !

Le Sorties Nature 2015 est arrivé! Il est offert à tous les membres d’Alsace Nature (qui le recevront très bientôt),
mais vous pouvez aussi le commander, il contient plus de 300 sorties tout au long de l’année et ne coûte que 4,50€.
Il vous suffit de nous envoyer un chèque à l’ordre d’Alsace Nature (4,50 € + 2,75 € pour les frais de port) et de l’adresser au : 8, rue Adèle Riton 67000 Strasbourg. Vous pouvez également passer dans nos locaux pour le récupérer (même adresse).
Le Sorties Nature 2015 est arrivé! Il est offert à tous les membres d'Alsace Nature, mais vous pouvez d'ores et déjà le commander, il contient plus de 300 sorties tout au long de l'année et ne coûte que 4,50€
L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Mars 2015

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Mars 2015

chers lecteurs,

j’ai bien peur de m’être laissé un tantinet emporté lors de mon précédent envoi en faisant de l’hermine une tueuse de volaille ! A la date de ce jour, nul ne s’en étant ému, je le clame fort, à la manière du poète Jean Cocteau, grand ami des chats, l’erreur était intentionnelle !

« L’hermine, Dracula des poulaillers ? Vilenie, ineptie, pur ragot !!! »

C’est parti ! Je démarre cet écho au galop !

Certes l’hermine tout comme la belette, le putois et la martre partagent très certainement la même excitation face à un nid de proies terrorisées mais en ce qui concerne les carnages qui décimeraient dit on des poulaillers entiers, n’accusons pas trop vite mes quatre cousins, cousines : ils n’y sont généralement pour rien !

Ces brigandages, rares, je le souligne au passage, fruit, la plupart du temps, de la négligence de l’éleveur qui aura omis de fermer une porte ou colmater un trou, ne seraient en effet point l’œuvre, n’en doutons pas, de ceux là.

Cette confusion commence donc par une énigme digne d’un « cluedo » version LPO :

Mais qui a cassé les têtes des poules de Mme Pervenche ?

Allons, réfléchissons, comptons, recensons… Oublions le fringuant colonel Moutarde, la troublante Melle Rose et ce bon gros placide docteur Olive ! L’assassin était armé, non d’un chandelier, d’une crosse de revolver ou d’une clef à molette mais bel et bien d’une mâchoire puissante de mustélidé !!!

Si ce n’est ni la martre, ni la belette, ni l’hermine, ni Jojo, qui nous reste t’il ? Le putois ?!

Suivant l’éclat sherlockholmesque de mon encre qui de sa loupe nous emmène vers l’ombre furtive longiforme qui un peu plus loin, là bas, jamais bien loin de l’habitat humain, s’effile, se faufile, se profile, se défile, permettez moi de vous enluminer l’artiste :

Pleins phares sur la « martre citadine », ma frangine, Dame Fouine !

C’était élémentaire mon cher Watson !

A ma droite, 1,3 kg pour les dames ! A ma gauche, 2kg2 pour les messieurs !

Nous sommes loin des 60 gr de la belette et des 300 gr de papa hermine !

1er point, concentrons nous, comment distinguer une bonne fois pour toute la martre de la fouine ?!

Elles se ressemblent tant qu’il n’existe qu’un seul terme en alsacien pour désigner les deux et monsieur Linné lui même, célébrissime naturaliste, ne les différenciait point !

La fouine porte une bavette blanche divisée le plus souvent en deux sur le haut des pattes avant.

La martre à une bavette plus jaunâtre, elle s’arrondit voir s’achève triangulairement sur le torse.

La fouine à un nez couleur chair, la martre à une truffe couleur « chien ».

Le pelage de la fouine est brun grisâtre, celui de la martre vire vers le noir.

Les oreilles de la martre bordées d’un liseré clair sont un peu plus grandes que celles de la fouine.

Les callosités plantaires chez la fouine sont presque nues, elles sont plus poilues chez la martre.

Enfin, et surtout, la martre habite essentiellement en forêt, la fouine bien que parfaitement adaptée pour la vie sauvage sylvicole voir montagnarde est nettement plus anthropophile : elle apprécie la compagnie de l’homme qui lui procure, le plus souvent sans le savoir, le gîte et le couvert !

D’octobre à mai la fouine sera discrète. Elle passerait rarement, s’accordent mes sources suisses et wallonnes, plus de deux jours au même endroit et utiliserait sur un territoire plutôt spacieux une bonne dizaine de niches. Nous en avons repéré trois  au refuge du meyersbuhl : remise à foin, cabanon non utilisé et sous pente de l’ancienne soue à cochon. Tout juste peut on deviner son passage au vu des marqueurs territoriaux qu’elle laisse en évidence pour qui veut bien chercher : de petites crottes torsadées, crossées tel le bâton d’un évêque.

De mai à août, c’est une toute autre paire de manche ! Entre le rut, les mises bas, les premiers pas des petits, les cavalcades, les bousculades, les empoignades, pour qui vit avec la fouine à ses côtés l’animation nocturne est garantie ! La cohabitation est d’ailleurs chaudement recommandée pour les insomniaques qui la nuit au lit s’ennuient !

Le spectacle n’est accessibles que pour quelques privilégiés, la fouine n’étant guère invasive.

Cette bonne mère règne en moyenne sur l’équivalent surfacique de 40 stades de football, tantôt beaucoup plus, tantôt beaucoup moins, c’est selon l’abondance de ce que l’on y trouve à se mettre sous le croc. Les territoires d’individus de même sexe ne se superposant pas, votre maison, votre grenier, votre cabanon de jardin, seront l’exclusivité d’un ou deux individus pendant plus de la moitié de l’année, comme l’hermine, le domaine d’un mâle englobant les surfaces d’une ou plusieurs femelles…

Le Groupement d’Étude et de Protection des Mammifères d’Alsace comptabilise 1 individu au km2.

Une étude luxembourgeoise quand à elle révélerait qu’en milieu urbain l’on compterait 2 fouines par tranche de 1000 habitants soit, je le rajoute pour tous les automobilistes qui craignent de se faire dévorer quelques câbles, 1 fouine pour plusieurs centaines de voitures.

Ça vous est arrivé ? Ne hurlez pas trop vite comme le font certains : «  mais qu’ai je fais au bon Dieu pour mériter cela !… ». Il n’est point, lui, le concepteur de la durite au maïs !

Seul un génie humain pouvait inventer cela !

Les véhicules endommagés seraient plutôt du type « nomade » précisent mes feuillets, ils « dormiraient » hors garage et seraient estimés à 1%  seulement ! C’est peu… Il y a beaucoup plus de risques, croyez moi, de se faire vandaliser twingo, punto et polo, par un vandale à deux pattes que par un jeune mustélidé qui mâchonne pour goûter tout ce qui passe à sa portée !

La plupart du temps, en vérité, la fouine se contentera de pisser sur vos pneus histoire de masquer les effluves publicitaires d’un concurrent éventuel !

Nous sommes début mars, les effectifs de fouines sur vos possessions foncières vont doubler, tripler   voir peut être quadrupler, l’accouplement qui a eu lieu en juillet et août dernier va en effet porter ses fruits, les ovules vont s’implanter dans l’utérus et commencer leur développement embryonnaire. Deux à trois petits naîtront d’ici à peine un mois.

Nous attendons au meyersbuhl l’heureux événement des naissances avec impatience ! La mise bas à lieu le plus souvent entre deux palettes, sous le foin d’Ophélie, notre douairière jersiaise, qui vient de souffler sur ses 17 bougies !

Les piles de bois environnantes font d’excellentes aires de jeux et c’est très amusant d’entendre nos galopins se poursuivre. Ces petits fouineurs sont plutôt tapageurs ! Ça court, ça joue, ça glousse et ça pousse de rigolos trémolos ! Quand entre deux rondins la tête de maman Fouine, toute excitée, émerge et nous décèle, un seul sifflement strident suffit à stopper le chahut de la marmaille :

– « Chut, garnements ! Le silence, sachez le, seul, est gage de notre invisibilité ! »

Point très important si vous voulez réussir, sur votre propriété, votre colocation : n’oubliez surtout pas de mettre à la disposition de notre amie, à l’écart du domicile familial, quelques abris tranquilles voués à la néo-natalité. Si par malheur, oublieux que vous êtes, vous avez laissé sous votre toit notre maman fouine accoucher… oups ! A moins que vous n’ayez le sens olfactif d’une bébé chouette effraie habituée dès le plus jeune âge au matelas de fientes superposées la cohabitation va bientôt vous imposer une contrainte je le crains non souhaitée !

La fouine a la mauvaise habitude d’épandre dès la fin mai autour de son logis un arôme indélicat, un parfum nauséabond. Disons le tout de go, ça va bientôt sentir chez vous le cadavre qui fermente, la charogne qui se meut agitée par la masse grouillante d’asticots affamés !

Explication !

Les jeunes nés mi mars début avril vont en très peu de temps passer du lait maternel à un solide plus carné : souris, mulots, rats, oiseaux ramenés à domicile…

Le fait est que la fouine n’est point fée du logis. Inutile de l’inviter à débarrasser la table, faire la vaisselle, passer le coup de balais, épousseter, dépoussiérer, javeliser. Parlez lui, ménage, St Marc, O Cédar, M. Propre, elle vous répondra : « Je sais pas ! Connaît pas ! Comprend pas tout ça ! »

Je compatis. J’ai moi même  actuellement l’un de mes terriers secondaires occupé par un locataire peu soigneux : Émile Goupil ! Ces deux là, s’ils poétisaient ensemble, ferait rimer cuisine avec latrines. Le fruit de leur digestion n’est généralement éloigné que de quelques décimètres des restes de leurs repas. En matière de compostage et de TLB, ce sont des ignares ! Ah ils ne l’ont pas volés leur étiquette de « puants » !

(TLB = toilettes à litières bio-maîtrisée, si ça ne vous évoque rien rendez vous au prochain écho !)

Bon, je vous rassure, cette situation olfactive catastrophique ne va, en ce qui vous concerne, point durer ! Primo, en été, le régime alimentaire des martes foinas est en partie composé de fruits et de baies, secundo, en septembre la progéniture de maman fouine sera envoyée dans le vaste monde à la découverte de nouveaux horizons selon un principe digne d’un marin breton : les voyages forment la jeunesse ! Chacun devra conquérir son lot de terres et ce ne sera pas une mince affaire…

Avant de vous servir la louche finale qui vous amènera vers la fin de cette missive, je souhaiterais vous lire ce qui suit, j’en ai fais lecture aux habitants des forêts et sous bois, cela les a ravi.

« En forêt et en milieu rural la fouine agit comme élément intégral de l’écosystème. En tant que consommateur de souris et de rats, on peut, sans hésitation, la considérer comme espèce bénéfique pour l’agriculture. Ceci est une des raisons pour lesquelles la fouine n’est plus chassable

Considérant la destruction des habitats naturels et les efforts du Ministère de l’Environnement d’enrayer cette tendance et de mettre fin aux extinctions d’espèces, on devrait saluer le fait qu’un animal aussi sympathique que la fouine constitue toujours un élément intégral de notre environnement… »

C’était en 2007, déclaration d’un ministre européen qui paraissait écologiquement à la hauteur !

Ce n’était bien malheureusement pas un français, nos énarques bons enfants y prônent une écologie boursière plutôt tendance, semblerait il, « Bayer-Monsanto » !

Ce n’est pas Dupont de Nemours, deuxième marche du podium sur le marché mondial du panneau solaire, qui nous dira le contraire !!!

Du FIN fond de la vallée de Munster,

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Février 2015

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Février 2015

Cependant que les marchands mondialistes semblent préparer nos jeunes tambours à de funestes usages, loin d’épouser ces controverses dignes de Beckett dont on nous saoule à fortes louches (« Charlie or not Charlie »), dans le sillage de tous les retirés du monde qui au tumulte de l’irritabilité urbaine préfèrent la paix des « déserts », ma plume est heureuse de te servir, cher lecteur, une petite cuillère du distillat « homéopathique » de ses dernières élucubrations,

Bonjour à tous !

Pour continuer cette année déjà bien entamée, bravons l’enneigement et mettons nous à l’affût du boulimique campagnol. Ou trouverons nous ce ravageur redouté des amateurs de potagers ?

Si tu as, cher ami qui me lit, une bâche noire pliée en quatre posée au sol près de ton carré de topinambours, bingo, dégages la, inutile de le chercher plus loin ! Tu dénicheras sous cette épaisse couverture, reliés par un tas de galeries, des greniers remplis de tubercules délicatement dépiautés ! C’est le garde manger de notre gourmand à grandes quenottes !

Oui je sais, l’on à peine à croire que c’est là l’œuvre de rongeurs tellement c’est propret : pas la moindre trace de dent, les topinambours épluchés semblent fin prêts à être cuits et consommés !

Certains de nos aïeux devant cet ouvrage en conclurent d’ailleurs que c’était l’œuvre, non de rats ou de souris, mais très certainement de petits lutins très serviables qui habitaient dans des trous les dessous de la terre ! Ah les farceurs ! J’ignore si c’est ainsi que naquirent les trolles en Alsace mais c’ est certainement par l’une de ces facéties que prirent formes les korrigans au pays des bigoudènes, du cidre et du chouchen !

Examinons attentivement les alentours de notre bunker alimentaire.

Peut être trouverons nous au travers des traces que nous révèle le gel matinal les petites empreintes griffues à cinq doigts de celle qui de Brest à Nantes ornent les écus, les drapeaux et les blasons bretons.

Voici un écrit consacré à ma cousine l’hermine, la plus blanche de tous les mustélidés en cette période de l’année.

Que l’on ai rangé longtemps parmi les puants et nuisibles celle que les romains nommaient « rat d’Arménie » montre bien l’acuité de taupe qu’ont pour la création nos grands parents, arrières petits fillots d’Adam, père de Cain, saint patron des mauvais larrons.

En matière de gestion naturelle trop nombreux sont ceux qui, en bon désamoureurs, n’ont pour vision du monde que le bout du nez de la lunette qui équipe le canon de leur fusil !

Bon, il est vrai que l’hermine européenne, contrairement à sa frangine nord américaine beaucoup plus petite, se concocte de joyeux repas mitonnés à base de lièvres et de lapins or tu sais que les accrocs de la winchester ne sont guère partageurs : ils n’aiment point que l’on touche à ce qu’ils prédestinent pour la gibecière !

Le bon Dieu, créateur perspicace, à pour sa part imaginé et conçu l’hermine à des fins très utiles.

Ce symbole de la pureté qui octroya à mes ancêtres le dicton « »Kentoc’h mervel eget bezañ saotret », « plutôt mourir que d’être souillé ! », consomme mulots et souris, quelques petits oiseaux, accessoirement des musaraignes, taupes, invertébrés et reptiles, mais c’est dans les rangs des campagnols qu’elle puise l’essentiel de ses menus.

Règle de calcul étayant ces propos et prouvant la nécessité de préserver coûte que coûte la bestiole :

Une hermine adulte pèse en moyenne entre 200 gr et 360 gr, elle consommerait quotidiennement entre 70 et 230 gr de pâté carné soit l’équivalent de 3 à 8 campagnols par jour.

Le jardinier bio aura vite fait l’addition, la présence d’une hermine autour du potager représentera 1000 à 3000 rongeurs en moins par an !

Question : Comment inviter une hermine à venir camper près des carottes et panais ?

Règle de trois : Laisses faire la nature, bannis produits chimiques/raticides, plantes des haies !

Tous les milieux ou presque conviennent à notre amie pourvu que ce soit froid ou tempéré. Ne l’envoies pas se faire voir chez les grecs, elle ne s’y plairait pas : le régime crétois ne lui sied point ! Elle évitera les zones de cultures dépourvues de haies et les forêts denses mais appréciera champs, pierriers, prairies, lisières forestières, corridors écologiques, fossés, friches broussailleuses, vergers, parcs boisés et comme le muscardin, la proximité des ruisseaux ou d’un étang.

Contrairement au blaireau ou au loup qui vivent en clan, l’hermine est une solitaire qui n’aime pas la collocation et se complaît, seule, sur de larges espaces. Elle est représentatives des jeunes couples modernes qui vivent éloignés des luminaires évangéliques et devrait plaire aux inadaptés de la cellule familiale originelle : en dehors des devoirs conjugaux, c’est chacun chez soi !

Les mâles beaucoup plus gros que les femelles ont un territoire plus grand.

Madame n’a qu’une portée par an avec un taux de mortalité très fort.

Les effectifs seraient plutôt en baisse, l’on compte de 1 à 10 individus pour 100 hectares selon les ressources disponibles et l’état des biotopes.

Les territoires des individus du même sexe ne se chevauchent pas et les individus de sexes différents ont tendance à s’éviter mutuellement dans les zones de chevauchement : cher ami jardinier, si tu as engrillagé tes laitues et petits pois sur l’une de ces zones ne t’étonne point de voir chez toi les campagnols danser la carmagnole ! Une hermine sur cet espace si l’on suit ce qui est écrit sous entendrait « campagne de rut ! », période où l’animal a d’autres préoccupations, crois moi, que les simples plaisirs de l’estomac !!!

C’est toujours très rigolo de voir l’hermine en pleine action (de chasse j’entends !). Ça se faufile avec vivacité le long des sentiers, des fossés, des murets, des buissons. Chaque trou est inspecté et entre deux cavités, en position de lemming, droite comme un i, l’hermine inspecte à vue ! Si elle te vois et que tu ne te meus point, comme elle est curieuse et si tu es d’un naturel chanceux, elle s’approchera au plus près, venant, disparaissant, en poussant parfois des petits cris stridents intrigués…

L’hermine femelle peut, telle une belette, poursuivre ses proies sous terre. (Le mâle est trop gros !) Hors période de disette, lorsque l’hermine tombe sur tout un nid, elle pourra avoir tendance à s’emballer et à zigouiller tout ce qui bouge ce qui lui valu dans nos campagnes une triste réputation de monstre sanguinaire.

L’hermine fut longtemps considérée comme une buveuse de sang : la Dracula des poulaillers et clapiers !

Parlons métabolisme : le rythme cardiaque au repos de l’hermine est de 6 battements seconde et son rythme respiratoire atteint 100 ventilations par minute. Lorsqu’elle se retrouve par mégarde de la part de l’éleveur dans un cheptel de poules, les cris de paniques et la débandade générale lui cause une vive excitation. Lorsqu’elle s’excite, elle s’emballe, lorsqu’elle s’emballe, elle « crise », lorsqu’elle crise, madame pète les plombs : c’est le carnage !

En chaque hermine, mes agneaux, sommeille un Hannibal Lecter !

Au meyersbuhl nous avons appris à nos dépends qu’il est quasi impossible de lui porter secours. Le stress est tel qu’elle enchaîne incident cardiaque sur incident cardiaque et fini par vous claquer entre les doigts sans que vous puissiez rien n’y faire.

Intervenir auprès d’un adulte sans anesthésiant est peine perdue.

Le transfert vers un centre de soins semble tout aussi fatal.

Longévité et prédation :

Bien que les doyennes soufflent parfois leur 7 bougies, l’espérance de vie chez l’hermine n’est que d’un an et demie. L’hermine est prédatée par le hibou grand duc, les renards, les campagnes de dératisation et bien évidemment la chasse !

De quelle couleur est la peau tant convoitée ? L’hermine, on le sait, n’est pas blanche toute l’année.

Elle connaît deux périodes de mue. De mars à juin elle perd son pelage d’hiver et passe du blanc au brun. De septembre à Octobre, elle vire du brun au blanc. La mue du printemps débute par la tête et se termine par le ventre, inversement pour la mue d’automne, ça débute par le ventre et ça s’achève par la tête. A noter que toutes les hermines ne deviennent pas toutes blanches en hiver ! Selon la géolocalisation, l’altitude, le climat, certaines hermines restent brunes, d’autres prennent une robe fauve tacheté… En règle générale, plus on irait au sud, plus ce serait brun, plus on irait au nord, plus ce serait blanc ! La mue peut se faire en deux à trois jours !

L’ hermine ornait autrefois les robes des rois et des religieux. Elle bordure encore parfois celle des juges, des avocats, des magistrats chaleureusement orientés vers du poil plus synthétique. Les romains ont défilés interpellant leur pape pour que sur sa cape elle soit supprimée…

Cette fourrure aujourd’hui est essentiellement destinée aujourd’hui au marché de la mode et du luxe. Un marché qui ne connaît pas la crise si l’on en croit les déclarations d’ Herman Jansen, ex-exportateur canadien de fourrures de la baie d’Hudson.

Combien de cadavres d’animaux faut il pour réaliser un manteau de star capricieuse ?

Renards polaires : 15 à 24
Renards roux : près de 20
Ratons laveurs : 27 à 30
Loups : 3 à 10
Lynx : 12 à 15
Agneaux : plus de 30
Coyotes : une quinzaine
Loutres : 20 à 30
Opossum : près de 50
Visons : 30 à 80
Hermines : 150 à 240 !

Devant l’abondance et la richesse des tissus qui nous entourent ce commerce là ne devrait plus exister.

L’on ne chasse pas en France l’hermine pour sa peau. En France l’on chasse pour le plaisir. En France, la chasse est le sport le plus pratiqué après le football ! La France est le pays européens qui compte le plus de chasseurs ! Cocorico ! Cela nous fait 2 chasseurs au kilomètre carré !

Les évangiles chantent : « je vous donnerai un cœur de chair ! ». Pour pouvoir chasser, il faut justement se revêtir d’un cœur de pierre. Le chasseur en vérité ne serait il pas finalement, cher frère, chère sœur, un mutilé de l’amour ? Un « désamoureur » volontaire ? Les animaux de la forêt et des sous bois, eux en sont persuadés : chasser n’est pas réguler, chasser c’est tuer.

L’homme vaut mieux que cela.

Pour finir une info hors propos « tout sourire ».

En étalant devant moi plusieurs calendriers, j’ai constaté plusieurs dates pour la pleine lune de ce mois et cela vous aura très certainement échappé ! La plupart citaient mardi dernier, quelques uns mercredi. Le calendrier de la communauté des communes de la vallée de Munster frisait le décalage interstellaire : « La pleine lune ? C’était jeudi !!! ».

Je vous en serre cinq ! Fait à Sondernach le dimanche 08 février 2015

votre courtaud potto black and white,

L’écho des terriers de Jojo le blaireau – Janvier 2015

L’écho des terriers de Jojo le blaireau – Janvier 2015

Avant d’aborder ci dessous ma dernière note facétieuse, laissez moi vous souhaiter une « chouette » année 2015 !

« Chouette…» ?! Notifiez le sur vos agendas nature si ce n’est déjà fait, il y aura courant mars outre le sauvetage habituel des amphibiens, un événementiel devenu bisannuel chez les amis des oiseaux : une nuit consacrée aux ailes de la nuit, chats-huant, chevêche et autre effraie ! Nous en reparlerons !

Je vous le signale (et c’est un scoop qui ravira les naturalistes de la vallée), le hibou grand duc ferait peut être un come-back au pied des Vosges ! Il s’est fait entendre au Meyersbuhl il y a quelques nuits…

Sans plus tarder, par des rires ou sourires,

tout de go démarrons cet écho !

Le 23 décembre 2014 a lancé l’intoxication rituelle et cultuelle des organes digestifs. J’espère que vous vous en remettrez avant que n’adviennent les prochaines galettes de l’épiphanie !

Bien que la tendance soit à plus de frugalité, il nous est difficile d’échapper aux repas bien gras, copieusement arrosés de népenthès sucrés, d’alcoolats mielleux, de crémant et champagne. Même les plus pauvres d’entre nous quand ils le peuvent s’y adonnent : on bouffe, on s’empiffre, on se goinfre, on s’esquinte estomac, rate et foie, s’échangeant entre deux rots de contentement, un toast et trois truffes, de sempiternels cadeaux, de « joyeux noël », de merveilleux vœux de santé et de prospérité ! Dindes, saumons, esturgeons s’abstiennent bien évidemment de tout commentaire…

Cependant que les microbiens échanges qui sous le gui de la saint sylvestre auront rosi les joues de nos adolescents timides et essaimés les germes des dérèglements gastriques à venir, pimpant et guilleret hier encore, l’épicéa étoilé perdra demain inéluctablement de sa verve. Ses clins d’œils radieux cesseront d’enluminer le coin de votre salon. Au pied de son tronc, aiguilles, papiers, chaussettes, chérubins, boules et santons ne seront plus qu’un monticule à trier, à brûler, à ranger dans un casier cartonné du grenier jusqu’aux prochaines étrennes.

Votre Mistigri fait la gueule car cela dit en passant il n’avait jamais vu de si sympathique «arbre à chats » !

N’oubliez pas d’applaudir, chers ex-convives, les publicitaires du merchandising qui nous ont savamment orchestrés ces agapes pendant plus de deux mois. Ils ourdissent fort bien !

Entre les chapons, les œufs de lompes, le caviar, les rennes et la hotte du Père Noël ou de Saint Nicolas, il auront presque fait oublier à certains qu’il était pour d’autres une nativité à célébrer : il y a deux mille ans un sauveur nous naissait, désargenté, au sein d’un peuple opprimé, dans un pays militairement conquis.

Un enfant dans la paille sous le souffle d’un âne qui détenait en son sein le saint secret de la paix : « aimez vous les uns les autres ». Y’a du job !

De la Palestine à la Guinée, autres victimes, autres enjeux, autres occupants, cependant que les soldes de janvier et les prochaines hausses des prix sont d’ores et déjà ici annoncées, des parents réitèrent là bas sur les pas de Joseph et Marie le drame de la pauvreté, le drame de l’exclusion. Joyeux noël à tous.

Très, très loin de ce qui se joue sur le google-hearth-monopoly et la folie des hommes, enfoui et lové dans le creux de son arbre, blotti dessous l’étoffe douce de la queue touffue qui lui sert de couette, un rongeur échappe totalement aux étranges débordements de nos évanescences.

Il échappe au métronome du CAC 40.

Il échappe aux « néo-cultes » qu’imposent les villes-lumières.

Il semble échapper à l’histoire.

Le loir roupille.

Les pétards du jours de l’an fussent ils dans nos villages des plus bruyants l’ont à peine dérangé. 5° de température, 5 pulsations cardiaques toutes les soixante secondes, 2 respirations espacées de plusieurs minutes, l’on n’émerge pas de cet état paradisiaque d’un clignement de paupière sans préalablement réactiver la chaudière interne ! Il faut du temps.

Comme ses cousins lérots et muscardins, notre ami ne se réveillera véritablement qu’en mars-avril quand frère printemps houspillera ce : « debout les gars réveillez vous ! Il va falloir en mettre un coup ! » qui met la nature en émoi.

Dans les précédents échos nous avons vu que les hibernants n’abordaient pas ce retrait temporel à la légère. Le loir, qui ne pèse en été qu’entre 70 et 180 gr, affiche sur la balance en septembre jusqu’à 400 gr !

Les 5-7 petits qui naîtront en juin, ne pèseront que 2 gr ! Ils devront en moins de douze semaines gonfler leur poids de plus de 150 fois pour passer le cap de l’hiver ! Faines, noix, glands, châtaignes fourniront, nous l’avons lu, les huiles lipidiques nécessaires.

Un loir qui ne sommeille c’est joli, agile, enjoué et sacrément intrépide surtout lorsqu’il s’est habitué à votre frimousse !

Si comme Pascal et Viviane, vivant dans un champ d’arbres au pied d’une montagne, vous rêvez d’une cohabitation territoriale sympathique, ne rejetez pas ce conseil : plutôt que de tous vivre sous le même toit, optez pour « un logement chacun » !

Loir et lérot dans les soupentes sont souvent gages de dégâts ! Isolation bouffée, nuitées agrémentées de cavalcades dans les greniers, paquets de biscuits, cartons de fruits, entamés, éventrés, souillés…

Comment parvenir en six points au contentement de chacun ?

Vous veillerez à ne point toucher aux vieux arbres (chêne, châtaignier, hêtre, noyer…).

Vous favoriserez la présence des cavités naturelles.

Vous ne tronçonnerez pas les arbres morts.

Vous laisserez de hautes souches se dégrader naturellement.

Vous n’hésiterez pas à rajouter ici et là quelques abris artificiels et des haies dotées de noisetiers !

Important ! Le port d’une clochette pour tout ce qui ronronne sur vos genoux est fortement recommandé !

Si malgré les installations énumérées ci dessus vous vous faites toujours grignoter votre demeure, pas de panique ! En aucun cas ne faites intervenir les pourvoyeurs de raticides. Essayez plutôt ce qui suit…

Les gliridés ont l’odorat fort développé, l’astuce consistera donc à leur chatouiller le pif par des onguents répulsifs tels poivre, menthol, vinaigre, bâtons d’encens, eucalyptol, aminosol…

Ne souhaitant point me brouillez avez les pompiers qui me lisent, vous éviterez l’usage du gas-oil, de l’essence et de toute mise à feu du lieu de « non partage » !

Le piégeage et délogement territorial est fortement proscrit par les spécialistes. Ce qui est valable chez l’homme l’est aussi au pays des plus petits, l’expatrié apatride est le plus souvent condamné à être impitoyablement chassé, pourchassé, prédaté.

Certains tentent de se débarrasser chez leurs voisins de leur loir comme ils le font de leurs souris. Surprise ! Il semblerait que le loir rayonne de façon large. Aux pays des helvètes, des observateurs ont relevés qu’à moins de 10 km, ce croqueur de fruits secs retrouverait facilement son chemin !

Bon, n’oubliez pas que le loir est naturellement sylvicole. S’il occupe votre cabane c’est parce qu’elle se situe sur son territoire (évalué à 3-4 hectares). Tant que vous ne serez pas trop pollueur notre ami de votre présence sera ravi, il est très partageur de ce qui ne lui appartient point. Vous pouvez l’avoir chez vous 10 ans ! Facilement apprivoisable, rare, il est protégé par les conventions européennes. Si toutefois vraiment vous n’en pouvez plus, faites moi en un joli paquet enrubanné, je n’en ferais qu’une bouchée, parole de mustélidé !

Comme vos ancêtres les romains, je raffole du loir au gland !

Ils sont fous ces romains !