Conte pour la St Valentin

Conte pour la St Valentin

Il y a peu de contes contemporains constatait en décembre Marie Flore qui est conteuse. Marie Flore et Jean Marc, son époux, sont des amis de la première heure. J’ai ouvert mon bossoir magique sur trois ingrédients indispensable : une date, un drame contemporain, le petit coup de griffe de « Jojo », et voilà…
 
M’octroyant l’une de ces ballades qui force l’inspiration de tout poète breton, j’ai fait il y a une quinzaine de jours dans le petit square du tribunal d’instance l’une de ces rencontres qui donne le la aux clés de sol des partitions de mes « échos ». Je me suis entretenu plutôt longuement avec l’une des créatures ailées du bon Dieu, un oiseau petit, farouche, d’ordinaire solitaire, un grimpereau des jardin…
De cet oiselet arqué, je tiens ce qui suit et ce que j’ai écrit, ainsi l’ai je entendu, Nous sommes un 14 février…
Elle, c’est Valérie, c’est du moins le prénom qu’elle donnerait si vous le lui demandiez. Ne jamais donner son vrai prénom est l’une des innombrables règles qu’elle a apprise dans la rue. Elle s’appelle en fait Sophie, Valérie étant son deuxième prénom. Trente cinq ans, joli visage, longue chevelure auburn, de grands yeux couleur « huître » qui naviguent selon l’humeur entre le vert des eaux turquoises et le gris des mers agitées. Valérie aime des mers qu’elle n’a encore jamais vues. Quand elle rêve c’est en blanc-écumes, c’est en bleu-océans, c’est en rose rougeoyant, Valérie rêve de soleils couchants.
Valérie c’est avant tout un sourire qui habituellement s’étire XXL lorsqu’un passant prend le temps de croiser son regard.
Les éclats des sourires et regards perdent encore un peu de leur intensité lorsqu’une pièce tombe dans l’accessoire indispensable : le petit panier d’osier.
Le sourire se crispe, le regard s’assombrit, Valérie balbutie un merci embarrassé. Valérie n’a pas encore touchée le fond. Elle reçoit résignée.
Assise sur une couverture rêche volée dans un hôtel de gare miteux, elle fait la manche à l’angle de la rue St Nicolas et la rue des têtes.
A côté du panier elle a affiché à même le sol le poème d’un inconnu trouvé dans une corbeille à papier près de la gare. Le poème lui a plu, il lui ressemble.
Quelque chose de tristement beau, chiffonné, froissé, jeté à la poubelle. Ce poème gît à ses pieds un peu comme une bouteille lancée à la houle mais que
les flots renvoient. Un peu comme une bouteille lancée à la foule qui ne s’en émoi.
Comment peut on se retrouver sur le bitume à 35 ans ?
Les parcours bien qu’ils soient multiples et complexes se rejoignent sur deux points communs. Le manque d’affection et le jeté d’éponge. Je n’ai plus la force, je ne veux plus jouer, je déclare forfait, je rend mon ticket. Statistiquement, plusieurs dizaines d’ados disparaissent chaque jours en France, un grand nombre sont des fugueurs de courtes ou moyennes durées. Ils sont de plus en plus jeunes. Ils s’affranchissent. La « liberté » les attend à bras ouverts. Parfois l’enfer.
Elle a 11 ans la première fois qu’on la chiffonne, qu’on la froisse et qu’on la jette.  « Il » est entré dans sa chambre tard dans la nuit, saoul comme d’habitude. La maman est couchée abrutie de médocs, c’est la solution qu’elle a trouvée pour éviter les tabassages en règle depuis que le papa n’est plus là, incarcéré à Fleury. « Il », c’est son demi- frère, 16 ans, culturellement déficient, un molosse ultra violent désoeuvré, abonné aux jeux vidéos, aux sites, films et revues qu’un ado ne devrait pas voir, pas lire, mais que les jeunes se refilent dans les dédales des « couloirs » qui relient les tours de la cité entres elles. Une violence « trasch » qu’une société d’ailleurs, à bien réfléchir, ne devrait ni produire, ni consommer, mais interdire. Certains responsables politiques ont osé chercher la censure, ils s’y sont cassés les dents, brisés les reins. Cette industrie influente qui génère énormément de profits est malicieusement implantée. Les pressions sont très fortes et les réseaux puissants. Au plus haut lieu, au vu des implications de certains, on préfère prudemment fermer les yeux, les scandales font désordres et déstabilisent les voix électorales… Omerta…
Les petites victimes ? On ne les oublie pas. Des structures sont mises en place, ça fait partie du prix à payer.
C’est ainsi qu’après avoir été intimement brutalisée pendant huit mois, Valérie, en miettes, brisée, est récupérée par la Dass, placée dans la ronde des foyers et des familles d’accueils. Quelques écarts de conduites l’attendent, il y aura les fratries « rebeu rebelles » puis le grand amour dans une association de banlieue parisienne, son bel éducateur…
Mais Valérie cumule sur le grand jeu de l’oie de la vie les mauvais jets de dés : le prince charmant ne l’est pas. L’animateur social indélicat est interpellé un matin à l’aurore par la Brigade de Protection des Mineurs. L’on parle de vidéo saisies, des personnalités seraient impliquées. En deux temps, trois mouvements le type est incarcéré, le dossier bouclé, le scandale évité. Les commentaires, commérages, murmures et oeillades qui lapident plus sûrement que des pierres vont cependant bon train. Valérie est salie, Valérie a 15 ans…
Première tentative de suicide.
Hospitalisation, l’évasion, la rue de nouveau, les bandes, les galères, vols, arrestations, mal être, TS, centres, squats, addictions, un petit tour chez les
« Emmaus » après une désintox sévère…
Valérie gagne le gros lot : une clochardisation précoce.
Paris, Nancy, Strasbourg, Colmar…
A 35 ans, elle ressemble au poème de son magasine, Valérie.
Quelque chose de beau chiffonné, froissé, jeté…
En cet après midi du 14 février, Valérie a le cafard. Chaque pore de sa peau exhale les relents acides symptomatiques de la parano et du désespoir. Son cerveau coule à pic dans les déclinaisons de conjugaison de verbes. Pas n’importe lesquels. Mourir, périr, vomir, partir…
Les propositions avilissantes du passant de tout à l’heure qui voulait la « croquer » n’ont rien arrangé. C’est pas le premier, c’est pas le dernier. Fonctionnaires, cadres, ouvriers, chômeurs désoeuvrés, mateurs amateurs, photographes du tordu, gros, maigres, bruns, roux. Elle collectionne les prédateurs, les désaxés, les délinquants de la chair. Des jeunes s’y mettent aussi parfois, histoire de rigoler. Une fille de la rue, c’est de la fille facile, ça « chauffe » les malades du vice. Elle devrait se réjouir d’intéresser encore les « ogres » la rassura une copine qui défendait probablement son propre statut de racoleuse.
Quand on ne te fera plus des propositions de trottoir, ma vieille, c’est que t’auras rejoint le dernier étage, celui du caniveau. Tu seras mure pour concourir à l’élection « miss France des cloches ».
Bon sang ce que vivre lui fait mal aujourd’hui.
Elle aimerait bien voir débouler ce jeune homme apaisant aux yeux bleus, cheveux blonds, lunettes rondes, malhabile et timide. Toujours fagoté d’un velours élimé, d’une écharpe démodée, d’un sempiternel pull-over vert, l’on dirait un prof de philo ou de lettres des années 70. Il n’a d’autres sujet de conversation que celui des oiseaux. Elle a appris à distinguer à ses côtés les différents passereaux des villes. Elle sait à présent reconnaître quelques chants… Il lui a surtout appris, en les regardant, à échapper à l’emprise trop grise, trop noire, de sa morosité quotidienne. Mentalement elle sait grimper sur leurs ailes, elle sait monter sur leur dos, elle sait se soustraire au monde des hommes. Le jeune homme sympa lui a montré comment procéder, comment en pensée s’installer, comment leur parler pour les chevaucher au dessus des toits. Comment les aimer pour qu’ils vous trimbalent hors de là… Même le plus minuscule d’entre eux, l’hyper actif troglodyte mignon, l’a plus d’une fois fait quitter le béton !
Le troglodyte c’est le Géronimo local, impossible de le confondre avec un autre. Sa queue est dressée presque en permanence verticalement telle une plume d’aigle. Son oeil est barré d’un bandeau jaunâtre ou blanchâtre, c’est sa peinture de guerre. Son chant belligérant sonne avec une clarté peu commune, nul intrus n’a le droit de pénétrer son terrain de chasse ! Je crois que le troglodyte est un Chef Apache qui s’est exilé des Amériques ! Tu notera que tous ses cousins sont amérindiens … !
Sympa et un peu toqué ce jeune homme qui vient ainsi chaque jour tous les matins depuis Noël s’asseoir quelques minutes tel un bon copain. Il parle plumes, il cause nids, il l’embrouille à coups de trilles et vocalises avec une implacabilité évidente !
Et ça marche, elle « kiffe » ! D’où sort il ce gars ? Pourquoi vient il ainsi, que veut il au juste ? Elle n’en sait rien. Où vit il ? Que fait il ? Elle ne le lui a jamais demandé.
Elle a peur de rompre le charme…
Peut être vient il par compassion ? Qu’importe, ça lui fait du bien d’avoir le sentiment de ne pas être perçue pour ce qu’elle est devenue.
…Contrairement à ce que l’on pense, le Condor des Andes n’est pas le plus grand oiseau du monde, la palme d’or revient à l’Albatros Hurleur, 3 mètres 70
d’envergure. Le seul oiseau capable de voler en continu ! Le meilleur planeur de l’avifaune ! Le voilier céleste le plus calme au monde ! Un seul bruit dans tes oreilles : la caresse du vent qui te porte vers l’infini !…
Aujourd’hui il n’est pas passé. Aujourd’hui, il ne passera plus.
En cette fin d’après midi du 14 février, jour de la St Valentin, Valérie est seule. Ça lui fait un mal de chien, là, au dedans, dans l’âme. Valérie a envie de se foutre en l’air. La foule autour d’elle, indifférente comme d’habitude, semble ne pas la voir. Comme d’habitude, la foule s’affaire avec l’empressement des gens qui ont une vie, le stress de ceux qui mènent une existence.
Mieux que d’habitude : c’est la saint Valentin ! Le jour des amoureux ! Les hommes bien sapés et les femmes bien parfumées ont fait le bonheur des
restaurateurs, fleuristes et vendeurs de bijoux.
Rubis et diamants pour les plus aisés, pacotilles pour les moins munis. Qu’ils soient très vieux, vieux, moins vieux, voir jeunes, leur présent a un avenir
conjugué à deux.
Son encyclopédique jeune homme ne viendra pas aujourd’hui. Lui aussi bien entendu doit être pris…
Elle, elle n’est rien. Elle n’a rien. Elle ne ressemble à rien. Un passé pour présent.
Pas d’avenir…
C’est du moins ce qu’elle croit.
Ce qu’elle ignore en cette après midi du 14 février, il est 15 heures, c’est qu’en s’emboîtant les uns aux autres plusieurs éléments circonstanciels vont remédier à cela.
Le premier c’est le passage d’un monsieur endimanché dégarni et rondouillard qui lui remet une brochure bleue ciel intitulée « les souffrances cesseront-elles un jour ? ». Elle accepte la brochure parce que le quinquagénaire semble doux et bienveillant. On a beau être au bout du rouleau, on se prête encore parfois le luxe de faire plaisir. Bon, en matière de bon Dieu, cela fait longtemps qu’elle y croit autant qu’au père Noël. Le bon Dieu s’il existe doit être d’une autre sphère. Le monde où elle vit, elle, est sale et sans pitié. Tu tombes, tu crèves…
L’homme s’attarde un peu raisonnant sur « pourquoi Dieu permet il les souffrances… ». Il s’est accroupi pour se mettre à sa hauteur, au plus près de la
misère, peu le font. Il cherche les paroles qui réconfortent, distille cette paix qu’il dit tenir de l’évangile du christ. Il se redresse, les jambes lui font mal, c’est l’âge lui a dit le toubib, il rouille… Finalement il s’en va lui promettant de prier pour elle. Ne perd jamais totalement espoir, crie, appelle, tempête, pleure, mais surtout je t’en supplie, ne perd pas l’espoir… L’amour triomphe toujours, je veux croire en cela… L’amour est triomphant.
Elle le regarde disparaître, il s’en va, la conscience nette, tant mieux pour lui.
Elle pose la brochure derrière elle. Dieu, elle y croit pas.
Pourtant moins d’une heure plus tard, on la retrouve dissimulée derrière un pilier de la collégiale Saint Martin priant ce « père » inconnu de la secourir et pleurant toute l’amertume qui empoisonne son coeur et emprisonne sa vie : une carapace lourde de rancoeur. Une vieille dame lui donne des kleenex. Ce sera la seule qui se souciera d’elle. Les autres font des photos, commentent en toutes les langues telle sculpture, tel tableau, tel relief. Deux gamins s’engueulent. Un téléphone portable sonne. Les flashs crépitent. C’est pas une église, c’est un musée, la prochaine fois j’irais dans un cimetière ça sera plus calme. Personne ne lui prend la main, personne ne lui tapote amicalement l’épaule, le miracle qu’elle attendait peut être n’a pas lieu, elle s’en effondre de plus belle. Lorsqu’elle ressort de là un peu plus tard, c’est à dire une éternité, à défaut d’être libérée, elle se sent « zombi », totalement vidée. Sur le parvis un vieillard tout ratatiné et voûté l’interpelle, sa voix est calme et claire, son oeil est vif, il se dit capucin. Un petit frère de Saint François
d’Assise qui était pauvre parmi les pauvres et aimait lui aussi les oiseaux. Il lui confie un écrit du fondateur de l’ordre qu’il recopie rapidement sur un billet avant de s’éclipser : Père saint, roi du ciel et de la terre, ne t’éloigne pas de moi car l’épreuve m’accable et personne pour me secourir… Le vieux a du charisme, les mots pénètrent son coeur, se gravent en sa chair.
Elle marche au hasard des rues, hagarde, errante, vannée. Elle doit avoir une sale gueule, pour une fois on la regarde. Le rimmel bon marché a du couler et doit lui barbouiller les joues. Mais qu’est ce que tu foutais dans cette église ma vieille, tu débloques ? T’es cinoque ou quoi ? Il t’a bien retourné l’autre cinglé rondouillard
avec ces prêches de cureton. Les pensées s’entrechoquent dans son crâne. Elle tient serrée entre ses doigts le billet du capucin. Drôle de confident. Elle longe la rue des augustins, passe le Tribunal d’instance, suit la petite Venise, remonte la rue de blés. Son corps continue de déverser par hoquets des éruptions de pleurs. Un vrai volcan de douleurs.
Une pensée incongrue au travers de deux flots de larmes : sur les 60% d’eau que contient notre corps combien de litres peut on pleurer ?
Lui arrachant un cri de surprise, deux bolides bruns roux, hymne à la joie inattendu, lui passent au raz du nez pour aller se coller sur le tronc crevassé d’un arbre dans un jardin en contrebas. Dotés de becs effilés et légèrement incurvés, cramponnés tels des pics en une allure arquée bien calés sur leur queue, ils remontent le tronc et se poursuivent en spirales. Elle ne se souvient pas d’avoir vu auparavant pareils oiseaux. A bonne hauteur, les deux boules de plumes se laissent tomber dans une trajectoire verticale vers la base d’un autre arbre se redressant au dernier moment pour reprendre une ascension effrénée du bas vers le haut.
Elle les suit des yeux de branche en branche puis marche à leurs côtés de tronc en troncs, accélère le pas lorsqu’il s’échappent plus loin… Pas facile de les pister ces avatars de « fées clochettes », ils se confondent aux aspérités du bois. L’on dirait deux petites souris dissimulées sous un camouflage d’écorces ! La pétulance des deux passereaux exerce un effet subjuguant, énergisant, presque dopant. Mais voilà que tout à coup, passant au dessus d’un muret, ils disparaissent dans l’espace verdoyant d’un grand jardin de la rue voisine. Valérie court, contournant rapidement les deux dernières demeures. Son coeur bat la chamade. Sa propre existence, elle le sent, est suspendue à ces deux petits êtres. Dieu soit loué, elle retrouve ses voltigeurs charmeurs sur le tronc tourmentée d’ un vieux résineux. Le jardin est un vrai paradis. Pierres, lierres, lianes, haies entourent une quinzaine de bosquets où s’entremêlent astucieusement les essences. Çà et là quelques feuillus et conifères de belle taille veillent protecteurs. La façade de la demeure, une massive maison de maître, disparaît entièrement sous les charmilles d’une vigne vigoureuse. Une allée d’autobloquants lézarde paresseusement du perron d’entrée au portail d’accès sur lequel s’appuie sur la pointe des pied une Valérie qui chavire. Mon Dieu, ne t’éloigne pas de moi car l’épreuve m’accable… L’auteur de la création lui décoche de plein fouet dans le bide ce fameux crochet du droit qui terrasse les dragons, ça ne s’explique pas. Celui qui a la foi parle de conversion, libération, réconciliation. Celui qui ne l’a pas, n’en parle pas, hausse les épaules.
Deux oiseaux, deux anges, regardent cette fille qui s’effondre la bouche grande ouverte sur un cri muet. L’amour est triomphant.
C’est reparti, elle chiale…
Lui, c’est Vincent Zimmerman. Bibliothécaire de formation, historien par passion et traducteur. Il intervient dans le cadre d’expertises et travaille essentiellement pour des collectionneurs. Il gère de son domicile un petit commerce d’achat vente, philatélie, pièces anciennes, vieux manuscrits. Il a 42 ans on en lui donne 30. La vie ne l’a guère marqué. Il promène sa dégaine d’éternel étudiant ébaudi et rêveur avec une nonchalance insouciante. Dissimulé derrière de petits verres ronds façon John Lennon, s’efforçant de ne pas attirer l’attention, il observe le monde qui l’entoure en scrutateur attentif.
Vincent mène une vie dorée. Il en est conscient. Son père, ex industriel, ayant fait fructifier son capital dans l’investissement immobilier le laisse à la tête de quelques pavillons bien situés aux locataires très recommandables. Vincent est donc rentier. Un cabinet comptable le déleste moyennant un cachet confortable de toute la tracasserie administrative. Vincent observe cela avec humilité. Bien que menant une vie très sociale, il se complaît solitaire, le relationnel fusionnel reste un sujet où il fait figure de contemplatif distant, du fait on ne lui compte que très peu de vrais amis. Il n’est pas sur Facebook ! Ses parents ont quitté l’hexagone. Ils séjournent à présent toute l’année dans leur pied à terre marocain. Il aimeraient bien voir leur fils unique se marier et leur donner des petits enfants mais ce grand garçon est terriblement timide. Flirter, courtiser lui est chose impossible ! Il n’est pas de taille, « elles » sont inaccessibles. Du fait, la seule fille que Vincent ose côtoyer avec presque assiduité est cette pauvre femme de la rue des clefs.
Quand il l’a vue la première fois peu avant Noël, il s’est demandé ce qu’elle faisait  là. Il l’a regardée, l’a observée, a essayé de la décrypter. Souvent les demandeurs d’aumônes ont un parcours qui marquent leur visage : rides, poches, plis soucieux, peau froissée, usée, grêlée, ravagée, cheveux mal entretenus, gras, broussailleux, ensauvagés, l’oeil fuyant… Rien de tout cela chez elle. Elle semble ne pas être. Son invisibilité lui plaît : elle regarde la foule qui ne la regarde pas.
Fin décembre, malmenant sa timidité naturelle, il s’est assit à ses côtés, ineffable et attentif. Que dire ? Il s’est contenté de partager un sujet passionnel, les oiseaux ! Elle s’est prêtée au jeu. Il est revenu le lendemain, puis le surlendemain et ainsi de suite chaque matin. Aujourd’hui il voulait l’inviter à dîner ou boire un café, bref, il souhaitait l’inviter à partager un peu plus leur solitude. Elle lui plaît.
Il n’a pas osé brusquer la quintessence de cette amitié étrangement complice… Il aurait du. Il se sent un peu lâche. La peur d’être mal jugé l’a emporté. Quel empoté !
Il est confortablement installé à sa table de travail face aux deux ordinateurs constamment allumés qui lui bombardent mails, dossiers, copies, demandes
diverses, d’achat, vente, authentifications… Il feuillette distraitement une traduction biblique parcheminée, reliée et joliment gravée trouvée dans un grenier que l’on lui a déposée la veille.
La fenêtre est ouverte sur les cèdres, le pin sylvestre, le séquoia, l’épicéa. Son doigt souligne quelques phrasés jaunis… Ce qui fait le charme d’un homme c’est sa bonté… défends le malheureux et l’indigent… Une femme vertueuse ? Elle a bien plus de valeur que les perles…
Une légère trille capte son attention.
Il se lève et recherche l’auteur du chant. C’est un grimpereau des jardins qui s’égosille ainsi, un jeune mâle, ses tituti roïti sont destinés à madame.
Ah !!! La Saint Valentin il est vrai touche aussi le monde des passereaux !!!
Le couple s’adonne à ces courses poursuites autour de l’écorce tourmentée du pin qui caractérisent selon toute probabilité l’approche d’un accouplement rapide !
Vincent espère qu’ils choisiront pour la nidification l’un des recoins étroits et abrités qu’offrent les aspérités du grand séquoia ou l’enchevêtrement des lianes de la vignes vierge ! La densité du peuplement de cette espèce étant relativement faible il suit amusé l’ascension des tourtereaux ! On dit qu’ils peuvent visiter entre 200 et 300 arbres par jours, leur territoire est vaste, l’on dénombrerait, croit il se souvenir, 1 couple à l’hectare dans les meilleurs des cas.
Il n’a jamais eu l’occasion de voir un départ du nid. Il a lu dans ses vieux grimoires sur l’avifaune que les petits grimpereaux contrairement à leurs congénères ne s’élancent pas dans le vide mais arpentent instinctivement le tronc vers le haut… Le nid étant construit généralement entre 2 et 5 m du sol, ce doit être repérable… Il se souvient aussi que les parents peuvent abandonner couvée et oisillons s’ils sont trop dérangés. Il se promet d’être attentif et de fureter dès la fin mars afin de déceler une installation probable. Si nid il y a, nid il protégera ! En attendant, la boite d’approvisionnement en crins mousses et poils qui permettent des nids plus douillets est en place, c’est un bon indicateur de présence. Généralement ce sont surtout les mésanges qui s’y ruent.
Un mouvement sur la gauche détourne son attention. Une silhouette qui s’effondre. Le temps d’un instant tout s’arrête et se fige.
– Valérie ?
Le reste, vous vous en doutez, tenant du conte de fée plus que de la nouvelle, se termine forcément en beauté !
Vincent récupère Valérie, ils dînent ensemble, ils veillent discutant jusqu’à l’aube.
Elle s’installe dans la chambre d’amis, ils s’apprivoisent, s’amourachent, se marient, s’aiment tendrement et à défaut d’avoir de nombreux enfants gardent durant toute leur vie une vraie passion pour les grimpereaux charmants. Nos passereaux ne furent ils pas dans cette histoire (avec un certain petit bonhomme rondouillard et un vieux capucin) les petits soldats du bon Dieu ?!
Est il moralité à tirer de cette histoire ?
Je ne crois pas que nos dirigeants puissent nous mener paître sur les chemins du bonheur. Les bergers, leaders businessmen’s de ce monde, plus enclins à amasser gains et pouvoirs qu’à ménager notre confort semblent nous destiner pour 2014 à des près toujours plus secs, toujours plus salés.
Résultat : les drames seront autour de nous de plus en plus nombreux.
Positivisme dans tout ça : nos vies, sous le joug de nos exploitants, sont pleines d’ébauches de contes modernes.
A nous d’en faire les délices de nos quotidiens.
Je nous souhaite pour cette année 2014 d’être le plus souvent possible les petits coups de baguettes magiques qui permettent à l’autre d’aller mieux !
A très bientôt ! (le prochain conte sera une fable consacré au loup de Mulbach!)
Echo des terriers Janvier 2014
Fait à Sondernach le 25 janvier
Pascal !

Conte de Noël

Conte de Noël

L’histoire que je m’en vais vous conter aujourd’hui me fut chuchoté à l’oreille par une musaraigne carrelet, une nuit ou je m’étais assoupi au pied d’un grand chêne.
Elle se déroule à une époque où l’on pouvait encore traverser l’Alsace sans quitter l’ombre des arbres.
La plaine du Rhin n’était alors qu’une vaste forêt parsemée de grandes clairières et de friches inondables. Le grand gibier y régnait en maître.
Quelques bourgades plus ou moins fortifiées, distantes les unes des autres, reliées par des sentiers, témoignaient de la présence des hommes. Les pics à dos blanc et les pics tridactyles n’ayant pas disparus, leurs martèlements furieux creusaient encore les vieux hêtres morts et les écorces vermoulues
des sapins tombés depuis plus de cent ans !
En ce temps là, vivaient seuls au fin fond des bois de l’actuel Mittlach, en ce lieu que l’on dit réputé pour écouter en automne le brame du cerf, un pauvre homme et sa fille de huit ans, la mère était morte en couches.
L’homme avait fui la plaine suite à l’une de ces invasions violentes qui marquent l’histoire du couloir rhénan.
Trouvant au plus profond des sous bois sous le dôme des Vosges une quiétude inégalée, à la compagnie des hommes il avait choisi celle des loups.
La demeure qui consistait en quatre murs de pierres grossières non taillées recouvertes de deux pans de paille lestés par un amoncellement de branchages tenait plus du terrier que d’une maison !
Une étroite porte pour seule ouverture permettait d’accéder au lieu de vie.
Un espace réduit, vite chauffé, vite enfumé : les feux de bois verts enfument et fond tousser mais chassent la vermine.
Le dénuement du père et de l’enfant se résumait ainsi : un sol de terre battue, une table, deux bancs et un coffre taillés dans du bois brut, dans un recoin une hache, quelques cordes, en guise de lit, une vilaine paillasse qu’ils partageaient aux rongeurs…
Lui, petit et râblé comme le sont les montagnards, s’appelait Seppi.
Il parcourait tout le long du jour la forêt, cherchant bois, champignons, fruits, baies, tubercules et racines, tout ce qui se mange où se troque. La fillette, Meïla, gardait et entretenait le feu indispensable à leur survie.
Ne s’éloignant jamais du foyer, elle restait des journées entières assise sur le pas de la porte, jouant avec les oiseaux, les criquets, araignées et grillons, les musaraignes et mulots, les loirs et les lérots.
Elle prélevait toujours sur ses repas quelques miettes, quelques graines, quelques épluchures qu’elle distribuait tels des goûters ! Lorsque l’un d’eux se blessait, elle pansait et soignait comme l’on peut
panser et soigner lorsque l’on est toute petite : beaucoup de maladresse, énormément d’amour…
Le père rejoignait à la lune montante la communauté rurale qui s’était installée à l’embranchement des deux vallées. Il échangeait les produits de sa chasse ou de ses cueillettes contre farines et grains secs, outils et chandelles de cires. Il partait tôt le matin bien avant l’aube et revenait le soir entre chien et loup.
Un matin de décembre, le père chargé comme une mule de lourds paquets de racines, de gui et d’écorces pour l’apothicaire d’un grand village éloigné entreprit l’un de ces voyages qui laissait Meïla seule, un peu plus qu’à l’ordinaire. Dernière livraison de l’année avant mars.
Janvier et Février lorsqu’ils étaient très enneigés ne permettaient guère ces déplacements. Les bêtes sauvages affamées représentaient un réel danger, inutile de les tenter ! Le père préférait rester près de sa fille.
A trois kilomètres à peine de la chaumière, il n’avait point encore traversé la rivière, un ours porteur d’une grave blessure qui s’était infectée, fou de douleur et de fièvre, se jeta sur Seppi. Homme et bête luttèrent et roulèrent sur le sol, l’un grognant, l’autre hurlant, l’un griffant et mordant, l’autre poignardant. Dans ce combat inégal l’ours aurait du vaincre. Affaibli par la
blessure, c’est lui qui mourut.
L’homme lacéré de plaies béantes au visage, au thorax et aux cuisses abandonnant sa charge dut rebrousser chemin.
Il se traîna mètre par mètre, plus qu’il ne marcha, laissant une large empreinte rougie de sang sur tout le retour.
Sur le seuil de la porte, à bout de forces, il s’écroula lourdement aux pieds de la fillette.
Meïla le tira par les bras au plus près du feu, courut chercher de l’eau, pansa griffures et morsures. Lorsque cela ne saigna plus, réalisant devant ce corps déchiqueté, inerte, que seul un miracle pourrait désormais les sauver, elle se recroquevilla contre ce père tant aimé, pleurant toutes les
larmes de son corps, implorant Dieu.
Que faire ? Mon Dieu que faire ? Meïla se sentait tellement petite.
A huit ans que peut faire une enfant sinon en effet prier ardemment ?
Et voici ce qui se passa !
Les petites souris qu’elle nourrissait de miettes et d’épluchures et avec qui elle partageait sa mauvaise paillasse avait assisté à la scène. Se couinant discrètement quelques chuchotis, elles se précipitèrent au dehors, ameutèrent les oiseaux qui colportèrent aux quatre coins du vallon le
tragique accident de Seppi, le désespoir de Meïla.
Une grande assemblée fut aussitôt décrétée. Du lérot au mulot, du sanglier au chevreuil, tout s’y hâtèrent. Même le vieil hibou du pin sylvestre qui surplombe le trou d’eau où tout un chacun s’abreuve, vint. Le sort de la petite fut exposé à tous. L’on évoqua les jeux, les soins,
l’amitié qu’elle portait constamment envers ses nombreux amis.
Il fut décidé à l’unanimité de l’aider.
Les rouges gorges, roitelets, mésanges et grives visitèrent chaque feuillus, chaque buissons cherchant baies et fruits. Écureuils, martres et geais puisèrent dans leurs caches de stockages, noix, noisettes, pignons, glands, faines et châtaignes. Les dormeurs qui normalement hibernent, loirs,
lérots, muscardins, offrirent les restes de leur provisions. Les grands cerfs de leurs puissants sabots cassèrent les sols gelés, les sangliers remuèrent la terre mettant à jour bien des trésors enfouis : tubercules, bulbes et champignons des sous sols.
Des milliers de fourmis inspectèrent jusqu’à la plus haute des cimes ravitaillant en miellat et autres secrétions sucrées dont la forêt a le secret.
Résine, bois mâchés et d’autres ingrédients encore furent utilisés pour la confection de bougies.
Dans leurs serres les grands corbeaux, buses, autours et corneilles ramenèrent toutes les branchettes sèches qu’elles trouvèrent. Les blaireaux et renards tirèrent jusqu’au logis la dépouille de l’ours, provision de viande, de graisses et de fourrure !
Puis il fallut s’occuper de Seppi !
Les vers et larves qui connaissent l’art et la manière d’aseptiser assainirent les plaies après que les mouches eurent léché tous ce qui fut absorbable.
Pour suturer les chairs maintenues fermées par les puissantes tenailles des lucanes et staphylins odorants, les araignées à crochet utilisèrent en fils de couture leurs brins de soie solides comme l’acier.
Le vieil hibou qui sait à peu près tout sur tout envoya les pics épeiches et pics mars arracher de leurs puissants becs les écorces qui font baisser les fièvres. Il confia aux petits troglodytes et roitelets le soin de trouver les sèves et gommes antiseptiques, les sucs qui revigorent, les bourgeons
riches en vitamines. Il appela à lui les sittelles torchepots qui confectionnèrent aussitôt, sur ordre, des emplâtres à base d’argile et de fibres de bouleau bien imbibé par du mucus de limaces, de la bave d’escargots.
Le vieil hibou s’activait tel un vieux général, houspillant à droite, donnant des directives à gauche, faisant les gros yeux, gesticulant sur place, observant le tout du haut de sa branche, jaugeant, analysant, encourageant, ordonnant, se reprenant, et chacun courrait s’activant en tous sens sous ses
commandements.
Meïla pleurait de joie, ses yeux brillaient de larmes de reconnaissance. Les petites souris lui chatouillaient le cou et les oreilles, passant et repassant sans cesse, récupérant dans la paume de leurs mains chacun de ses sanglots.
Ils contenaient en effet le plus précieux des baumes, celui de l’espérance !
De mémoire de chênes, de châtaigniers et de tilleuls, l’on n’avait jamais vu les animaux de la forêt s’activer de la sorte, surtout pour un humain !
En trois jours, Seppi repris connaissance.
Une semaine plus tard, il se levait.
Février fut glacial, tout le monde resta blotti bien au chaud auprès du feu dans la chaumière, il y avait assez de nourriture pour tous et assez de bois pour entretenir les flammes.
En mars, Seppi repris sa charge et sans encombre cette fois alla troquer farines et grains secs, outils et chandelles contre écorces et racines.
Avec la fourrure, les griffes et les dents de l’ours il acheta pleins de cadeaux bon à manger…
Dès son retour, il accrocha ses présents sur un grand sapin blanc, isolé près du torrent, appelant tour à tour tout ses nouveaux amis, sous l’oeil ravi de l’enfant. De la base du tronc aux sommités de ses branches, l’arbre majestueux fut recouvert de couleurs et d’odeurs : des tranches de pommes
rouges, des carrés de fromages jaunes, des miettes imbibées de lait blanc, d’autres humectées de gras !
Bien vite aux présents de Seppi, chacun voulu ajouter son ornement, et ce fut un bel amusement de voir rouge gorges, roitelets, pinsons et verdiers, accrocher les rameaux de houx, les branchettes d’églantiers, les baies et les fruits secs, les guirlandes de lierres et de chèvrefeuilles que déposaient au pied de l’arbre, les rongeurs, les insectes, les petits mammifères et le grand
gibier !
Une grosse boule de plumes perchée telle une étoile sur la plus haute cime s’égosillait à la ronde en « Hou ! Hou ! » de bonheur ! C’était bien sûr le vieil hibou qui contemplait la scène de ses bons grands yeux ronds.
Hommes et bêtes tout en bas s’embrassèrent et dansèrent autour de l’arbre jusqu’à tard dans la nuit. De belles rondes de joie !
L’on dit du vieil hibou qu’il ne s’en remis jamais vraiment et bien longtemps après il le radotait encore : ce fut une belle fête ! Une très belle et grande fête ! La plus grande fête que ce bois est en vérité connu depuis que fut chanté plus de mille ans auparavant la naissance de l’enfant
Jésus !!!
Voilà mes amis. Je viens de vous conter cette histoire, telle qu’une musaraigne me la confia.un jour où je m’étais assoupi à l’ombre d’un grand chêne.
Chaque année à la dernière lune montante de décembre, Meïla et Seppi, décorèrent ainsi cet arbre. Il rappelait à qui passait, l’accident avec l’ours et la chaîne incroyable d’amitié qui s’était mis en place.
C’était il y longtemps maintenant…
Peut être cette histoire est elle, elles aussi, à l’origine de cet épicéa qui décore pour noël le coin de ton salon ?! Qui sait !
Il y encore aujourd’hui, on le dit en tout cas par ici, un grand sapin pectiné que les animaux ornent de fruits, de baies, de guirlandes de lierres et de chèvrefeuilles en souvenir de ce jour, mais je ne l’ai, pour ma part, encore jamais trouvé !
Fait à Sondernach le 16 décembre 2013.
– Joyeuses fin d’année à tous – Pascal !

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Décembre 2013

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Décembre 2013

Intro

Avant de me lancer sur cette feuille telle une bille d’acier entre les bornes électroniques d’un flipper, je requiert votre participation : à l’issue de cette lecture pourriez vous me renvoyer un mail vous localisant géographiquement ?

L’écho de Jojo étant envoyé à près de 500 destinataires répartis sur l’hexagone, de Cherbourg à Ajaccio, je vais tenter de lister par groupes !

L’objectif est de ne pas surcharger les boîtes mails inutilement du type envoyer une sortie « ried alsacien » à mes copains bretons.

Allez hop c’est parti sans plus tarder en trois parties !!!

Part one

Goguenard, je débuterais ce nouvel écho par cette ineptie récupérée sur un site associatif de piégeurs agréés savoyards.

« … Le blaireau est un prédateur de volaille et oiseaux de parc. Il laboure les jardins, les champs, les prés ou terrains de golf. Il déconsolide les talus par ses terrassements. Il cause de nombreuses collisions avec des véhicules routiers. Abîme les arbres fruitiers… »

Trop fort !!! Permettez moi de « buzzer » des deux paluches laissant à la foule hilare des sous bois le soin de scander à l’auteur de ces mots « Hou ! Hou ! Hou ! ».

Par Voltaire et Mandrin, j’octroyais aux raboliots, luparis, attrapeurs et autres oiseleurs plus d’instruction !!!

J’ose espéré les piégeurs des autres régions plus instruits des choses de la nature, ou moins plaisantins !

Au besoin, qu’on se le dise, l’association « les baladins… » de Sondernach se fait un plaisir de partager ses sources ! La thèse de Nicola Ferari de l’université de Neuchatel, le dossier CICONIA 34 de 2010 résumant le travail effectué par le Groupement d’Étude des Mammifères de Lorraine, le dossier de 2011 du Groupement Mammalogique d’Auvergne complété par les données du Groupement d’Études de Protection des Mammifères d’Alsace devraient suffire !

Échange de procédés.

L’écho des terriers est offert en lecture à de nombreux naturalistes confirmés : rien ne vaut le regard d’un Pro et d’un Stéphane Giraud pour rectifier les bourdes ! (J’espère que M. Daske acceptera ce rôle de superviseur !)

Un appel est lancé aux ténors et mentors qui me lisent : afin d’étoffer les connaissances de, visons haut, notre futur « comité de surveillance faune sauvage » (en phase constitutive – 1ère étape : quadrillage des différents terriers principaux, annexes et secondaires des blaireaux), Pascal récupère tout écrit spécialisé disponible dans vos tiroirs sur le mustélidé masqué !

Appel plus général ! Vous habitez Metzeral, Sondernach, Mittlach, Mulbach, Breitenbach ? Cette action vous intéresse ? Hop la ! Envoyez moi un mail je vous retourne date de réunion et blason !

Cela étant dit et fait ! Retour sur la conférence de Virginie Boyaval du samedi 16.

Part two

L’expo photos, les commentaires de Virginie, les images de la vénerie sous terre et l’impassibilité de Benji auront marqué tous les esprits. La salle était comble. Les articles dans la presse éloquents.

Plutôt que de me lancer dans une litanie de remerciement individuel qui vous userai, ô lecteurs, je ferais sobre : Merci à tous !

Une question à été posée.

Qui prévenir lorsque l’on trouve un animal blessé ?

L’équipe de sauvetage animalier du Haut Rhin est contactée, j’attends la réponse.

Un courriel suivra.

Une question n’a pas été posée.

Le blaireau est il, dans le Haut Rhin, en voie de disparition ?

Yann Lebecel et Christian Braun estiment la densité des Terriers Principaux sur la Lorraine et l’Alsace à respectivement 0,15 et 0,28 au km2. Comptez 2 à 3 blaireaux maximum par TP, vous aurez un chiffrage approximatif. Il n’y a pas péril en la demeure me direz vous…

Doucement. Pas trop vite. Procédons avec logique.

Les terriers Principaux utilisés par les Blaireaux sont tous en terrain boisé et éloignés des grandes agglomérations. Ça on le sait, une exception ne ferait que confirmer la règle.

M’appuyant sur la lecture d’un des bulletins édités par la société industrielle de Mulhouse en 1978 qui stipule que les forêts et bois disparaissent à hauteur de plus de 700 ha par an, m’appuyant sur un article paru dernièrement dans les DNA dans lequel Alsace Nature montre du doigt le grignotage foncier annuel qui reste strictement inchangé, je le crie haut et fort, à ce rythme, oui, le blaireau peut concevoir sa disparition programmée et le Massif Vosgien dernier bastion paisible de l’animal l’enterrera si nous n’y prenons garde…

Triste exemple : le Keifeil.

La montagne éventrée entre Mulbach et Metzeral sous les crocs des bulldozers agonise. La plaie continue de s’élargir dans l’indifférence quasi générale. Les banderoles de protection nature officielles sont absentes. L’état fait loi. Le Terrier Principal du blaireau ne se trouvant pas à moins de 300 m de toute exploitation humaine je vous laisse à vos calculs : pour un hectare exploité quel est la superficie condamnée ?

Je te propose, cher lecteur, une vision d’ensemble : Additionne les projets d’exploitation cadastrale actuels et à venir de chaque commune présente sur les flancs vosgiens et tu auras de la cartographie IGN de demain le dessin peu reluisant d’une sangle péri urbaine qui serrera, étouffera, mutilera le peu qui restera des Vosges côté Alsace.

Soupirs et gros cafards. Se laissant dépossédé de ses bois moyennant quelques piécettes qui au cours monétaire de demain ne vaudront plus triplette, le « natif » montagnard ne semble guère s’en émouvoir.

Bref à défaut de pouvoir stopper en plaine les promoteurs immobiliers, les négus du béton, les cimentiers qui nous coffrent la terre, saurons nous quitter notre ordinateur pour sauvegarder notre célébrissime Massif ou nous contenterons nous de siffler avec nostalgie, tout en continuant de tapoter du clavier, La maison près de la fontaine de Nino Ferrer ?

Part three

Jonglant bucoliquement sur les mots entre info et humour d’une pirouette je passe, je glisse, esquisse, cette note amusante. Certains garçons ont remarqués – ils n’étaient pas tous célibataires ! – que notre jolie conférencière – petit a – n’avait pas le doigt bagué – petit b – qu’elle était bien jeune !

Sachez tout d’abord mes amis qu’en ce qui concerne petit a lorsque l’on manipule des petites bêtes armées de griffes longues de 3 cm, les parures, boucles, colliers, anneaux ne font pas de vieux os !

Quand a petit b je m’en vais vous confier un secret, peu le savent, la demoiselle est génétiquement marquée !

Je m’explique !

Elle est la fille d’Alain et Isabelle Boyaval, photographes, reporters naturalistes et pisteurs d’Ursidés ! Fondateurs du centre de réhabilitation pour Oursons orphelins implanté au Quebec, ses parents sont à la tête de l’association « Protect Bear ».

La protection des « ursidés » serait donc une constante familiale.

Taille mis à part il n’y a qu’un pas, une seule empreinte entre l’association « Meles Meles » de Compiègne et l’association « Protect Bear » Québecquoise : une éponge, cinq pelotes et cinq griffes!!!

Je passerai par l’ex Kougelhofp d’or Jean Marc Champeval pour revenir de l’ours Baribal à Metzeral.

Jean Marc avait son pied à terre au bout de la rue de la gare. Avant de quitter l’Alsace pour Québec, le boulanger de la place St Joseph confiait à Pascal son extase de voir des ours dans son jardin. Aujourd’hui installés dans le Yukon, au plus près du pays des grizzlis, Jean Marc et Christiane son épouse, propriétaires d’un lodge aux consonances indiennes, accueillent dans un site extraordinairement sauvage et pur les amoureux des grands parcs naturels.

Retour à Metzeral. A l’opposé du champs de l’ours près de Mittlach où le dénommé Bill suspecté d’inimitié envers les créations du bon Dieu tua notre dernier plantigrade. A 1 km très exactement du chalet qu’occupait Jean Marc cité ci dessus. Les 2 hectares 5 de Pascal et Viviane consacrés à la protection faune et flore semblent au fur et à mesure des années avancer dans le bon sens.

L’haleine hivernale soufflant ses premières « giflures », contraction de « gifles » et « gelures », l’avifaune du Meyersbuhl retrouve avec joie sa station refuge. Pics épeiches, pics mars, mésanges nonnettes, pinsons, sittelles torchepots (…) et corneilles reviennent se mêler aux plus sédentaires merles et moineaux. Avec eux, la « buse blanche ».

Si l’est un oiseau victime de l’ignorance de ceux qui savent tout mieux que les autres, et ils sont nombreux, le voici !

Dame Autour s’est jetée sur une poule ? Maître épervier sur une fauvette ? Sieur Pélerin sur un pigeon ? C’est la buse que l’on accuse, que l’on matraque et que l’on traque. Contrairement aux trois premiers merveilleusement doués pour poursuivre leurs proies, la buse, de par ses bouts d’ailes arrondis et sa queue courte plus disposée à planer qu’à poursuivre, est un charognard indolent. Le fond de sa nourriture est constituée de campagnols, petits rats et mulots. Si elle chasse à l’affût, c’est du haut d’un piquet. Les autres ont la capacité de fondre tels des bombes d’entre les feuillages des arbres. Notre « buse blanche » plus fainéante que les autres ou plus finaude se mélange aux poules et canards qui lui partagent leur potée. Elle semble à la compagnie de ses pairs préférer celle de notre basse cour !

Je finirais cet écho par cette info

Notre Gépéto céleste (et bien aimé créateur) a doté les mustélidés d’une drôle de particularité. Fouine, Martre, Hermine, Belette, Blaireau et Glouton pour procréer use d’un stratagème appelé pompeusement ovo implantation différée !

Le principe est simple, l’ovule fécondé est bloqué.

La gestation reprendra plus tard au moment tenu opportun par le bel auteur de la vie.

Chez Dame Blairelle, par exemple, les ovules fécondés en février dernier par votre serviteur après dix mois de repos se sont enfin fixés dans l’utérus. Il suffira à présent de deux mois seulement pour porter au monde les deux ou trois cents grammes de progéniture conçue !

Comptez 100 gr par petit. Deux, trois petites boules qui naîtront nues et aveugles. Bon… Patience… je vous en reparlerais en temps et en heure ! Laissons les pour l’instant bien au chaud dessous la doudoune adipeuse qui ceint Dame Blairelle de 10 bons kilos de gras et de surpoids !

(N’oublions pas que le Meles Meles n’hiberne pas. Contrairement au muscardin, écolo avant l’heure, pas de chute de température, aucune économie d’énergie. Cette doublure de lipides concentrés est donc gage de pérennité, de sécurité, de survie.)

L’ovo implatation différée n’est pas l’apanage des mustélidés, on retrouve ce processus chez les ours (encore eux!), les chevreuils, les chauves souris…

Bon j’ai assez fait mon « cake » pour cette nuit, le temps tournant à la neige, il est temps d’aller me caler dans le creux de la couette ! Pour le prochain écho je vais tenter de vous concocter un essai de derrière les fagots vous m’en direz des nouvelles !

En attendant cette surprise, Toujours un seul désir, celui de divertir, Écologiquement, cela s’entend !!!

Signé : Jojo !

L’écho des terriers de Jojo le blaireau – Octobre 2013

L’écho des terriers de Jojo le blaireau – Octobre 2013

Bonjour à tous !
Me revoici après presque deux mois d’absence !
L’automne est bien là paré de ces fabuleux coloris qui drapent d’or et d’orangé nos forêts. Les feuilles tourbillonnent tel un doux ballet de confettis sur l’euphorie des randonneurs.
Sont ce les hôtes des cimes qui sur les promeneurs ainsi les jettent ? Il est certaines douceurs végétales qui génèrent l’ivresse et lorsque j’en abuse je me plaît à le croire.
Les bois sont alors forts distrayants et les grappes de samares suspendus aux bois des charmes font serpentins de fêtes !
En montagne peu de noix, quelques châtaignes, des températures douces, des pluies peu présentes, des champignons abondants…
Un joli mois ma foi qui me ferait aborder sereinement l’hiver si n’était l’arrêté préfectoral applicable dans le Haut Rhin qui autorise à me chasser du 31 Août au 01 Février.
La beauté de l’automne, du coup, prend du plomb dans l’aile !
Pour contrer la maussaderie qui vous le devinez m’assaille, je musarderai dans le cocasse, l’ l’absurde, l’insane des nouvelles qui de la plaine me parviennent.
Prestement je hisse courtaud ma balourde stature délaissant momentanément ce plancher des vaches où paissent nos placides vosgiennes vers de plus hauts plateaux, des tréteaux.
Chaussant mes lunettes et relisant ces articles qui font de ce grand théâtre de la vie le régal des Beckett, je vous emmène en Angleterre direction Gloucester !
En Outre manche, le saviez vous, habituellement j’ai bonne presse ! La Grande-Bretagne fait partie des états qui me protègent tout comme le Luxembourg, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, le Danemark, le Portugal et… l’Irlande.
Mais ça, c’était avant le « mycobactérium bovis anglais » !
La bacille « mycobactérium bovis », maladie contagieuse proche de la tuberculose humaine ou aviaire, de nombreux animaux domestiques et sauvages peuvent la véhiculer après avoir été en contact avec des élevages de bovins infectés.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire française ne mentionne que trois animaux pouvant faire office de réservoirs en matière de dissémination : blaireaux, cerfs et sangliers.
La World Organisation For Animal Health présente une liste un tantinet plus longue : moutons, chèvres, chevaux, chats, chiens, ragondins, renards, furets, rats, lièvres, écureuils, loutres !!!
A défaut d’exterminer tout ces compagnons là, je ne vous vois qu’une solution : supprimer les élevages bovins et devenir végétariens !
Mais revenons à Gloucester !
38 000 vaches malades ayant du être abattues dans le sud ouest anglais en 2012, cet été, un progrom contre le blaireau anglais, the badger, tenu responsable de la propagation d’une maladie dont il est lui même victime, (vous admirerez au passage la subtilité de la situation) a été officialisé par le gouvernement Cameron.
Les agriculteurs et une partie de la population rurale électorale en furent très contents !
L’ancien batteur des Queen beaucoup moins.
Brian May est monté au créneau armé d’une pétition signée par plus de 250 000 personnes.
Des centaines de manifestants ont hurlés « stop the cull » (arrêtez l’abattage!).
Une chanson de soutien pour le blaireau à même été enregistrée.
Puis le culasses des fusils ont claqué…
Merci tout de même les gars !
L’ abattage éradique t’il la contagion ?
Après des années de tests, les scientifiques ont conclu dans un épais dossier remis au gouvernement britannique en 2007 que ce type d’abattage ne pouvait pas apporter une aide significative à la lutte contre la tuberculose bovine en Angleterre.
L’étude montre qu’elle ne réduirait au mieux que de 16% la contamination.
Le professeur Rosie Woodroffe, diplômée en écologie et épidémiologie, ajoute :
« la vaccination n’est pas une solution rapide mais ça revient moins cher qu’un abattage à raison de 429 livre sterling d’économie par kilomètre carré traité ! »
Par temps de crise ça sonne plutôt bien non ?!!!
Revenons dans le Bas Rhin où il n’y a pas d’épizootie de tuberculose bovine, le blaireau n’est pas chassable, les peuplements recensés n’ont pas l’extravagance du renard ou du sanglier…
Sauf a Lembach, canton de Wissembourg !
Une vingtaine de familles de mes cousins éloignés auraient, selon l’article d’un quotidien du 15 octobre dernier, décidées de prendre quartiers dans ce paisible village !
Et bien je vous le dis : Is very incroyable !
Alors que l’on dénombre pour toute l’Alsace moins d’un blaireau au km2, dans ce seul petit village de 1700 habitants vingt familles résideraient ?! Une famille comptant si je ne faille, un papa, une maman, un enfant minimum, voilà un village qui recense à lui tout seul… soixante individus !
Mais, nous dit un site du Conseil Général du Bas Rhin, Lembach est établi sur 48 km2…
Ceci explique peut être cela !!!
Et l’auteur de l’article, qui a du faire le plein en matière de citrouilles et de hochets de sorcières par ces jours qui précèdent novembre et Halloween, s’en donne à cœur joie !
« … et la nuit, ils se promènent dans les rues, leurs longues griffes cliquetant sur les pavés… !!! »
Voilà qui donne aux blaireaux locaux des allures du Freddy Krueger de Wes Craven, ce fictif cauchemardesque personnage des années 80-90 !
Carole-anne, je ne te le répéterais pas ! Si tu ne manges pas tes « spaetzle » je t’encorde dans la rue, dans la nuit noire, avec les méchants blaireaux !
Pour clore, après un :
«… Ils ont aménagé un terrier sous une habitation pour y passer l’hiver et s’y reproduire… »
qui dénote l’infestion pure, l’auteur suppute et impute :
« D’autres sont mêmes venus perturber le repos des morts au cimetière : ils ont creusé une galerie sous le marbre de plusieurs tombes, au point qu’un bout d’os humain a déjà été rejeté dans l’allée… »
Nous comprenons fort bien que c’est surtout le repos des vivants que le phrasé sous entend !
Enfin je pense.
Bon, ce déterrage bien entendu est indécent, comme l’est du reste celui des déterreurs en général, allusion vous l’aurez compris au sport préféré de certains chasseurs – je vous invite à prendre connaissance des pétitions qui circulent sur le net contre la vénerie sous terre si vous ne comprenez pas la teneur du propos ! –
Gageons le : les autorités du village ont certainement pris contact avec le Groupe d’Études et de Protection des Mammifères d’Alsace qui pourvoira très certainement à ce que cette paisible localité le redevienne au plus vite !
Quand à moi, Pascal, je te le dis, si ton âme avant la mienne se fait la malle, consécration ultime d’amitié pour ce dévouement qui te porta toutes ces années à ne pas oublier ma potée, il ne serait pas impossible que je m’en vienne par pur amour, avant renards et autres nocturnes errants, sur tes vieux os me ronger les crocs…
Et j’ose t’en croire infiniment heureux !!!
Allez, avant de rejoindre le fond de mon terrier, un dernier partage pour redonner l’éclat qu’il sied à ces courriels.
Je m’assoupirai tout à l’heure pensant à vous tous, chers lecteurs, qui faites triompher dans le quotidien de ce monde le bel amour du prochain et qui nous donnent quand à nous autres, « les bestioles », la fabuleuse espérance d’un monde meilleur !!!
Votre poto Jojo !
ceci est un extrait retravaillé, une plus longue version de cet article est sur notre site associatif (voir facebook « jojo le blaireau »…)

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Septembre 2013

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Septembre 2013

Bonsoir à tous !

Il est 23:00.

L’encrier céleste disperse au sol une bruine fine, froide et noire. Flaques de tristesse et de mélancolie : mers de détresse pour les uns, océans de tendresse pour d’autres selon l’humeur blues ou jazzy du scribouillard qui s’y moire ondoyants.

C’est l’automne qui s’annonce

Sortant sans grand enthousiasme de la « gueule » de mon antre, sous une lune cachée tel cet ami pierrot dont je porte les couleurs, je vais de mon ursidé pas y tremper l’extrémité d’un coussinet, le bout d’une griffe et de ma plume-pinceau vous gribouiller quelques mots, un écho

Ah mes amis !

L’aube frissonnante va au cours des prochaines semaines revêtir les arbres des ces somptueux feux rouge et or-orangé : ces chatoiements qui rendent nos été si courts mais nos forêts si belles.

Eh oui, déjà !

Et cependant que se préparent en plaine et sur les coteaux les réjouissances des vendanges et du vin nouveau, certains de mes comparses, loirs, lérots, muscardins, prêts à s’enfouir le nez sous l’édredon de leur panache, dans le creux d’un terrier, la cavité d’un vieux tronc, l’anfractuosité d’un pierrier, vont se soustraire au temps, jusqu’au printemps.

La fleur rose de la colchique qui perce les sols détrempés a bel et bien donné le « la » !

Les feuilles qui légères rejoignent le sol vont enterrer, recouvrir d’une épaisse couverture molletonnée les « gnomes » des sous bois : les rampants qui froissent, qui fouillent, qui grouillent…

Hormis le sphinx colibri, ex papillon de nuit, dont le mode de réchauffement est particulier, les papillons du jour avec le soleil s’en sont allés !

L’un de ces noctambules reconvertis pompait hier encore, fébrile, dans les dernières corolles d’un phlox dépérissant.

Qu’il semblait solitaire ! Ils étaient cinq ou six il y a quinze jours à peine à s’enivrer goulûment de la sorte !

Au creux des vallons humides, surplombant les villages minuscules, toitures étroites, cheminées serrées frileusement les unes contre les autres, le grand cerf lancera cette nuit telle une corne de brume son brame puissant…

A mi hauteur niché entre frênes et tilleuls mon bistrot préféré, le refuge de Pascal et Viviane, tiendra compte des difficultés saisonnières, heureusement !

Voici à ce propos quelques fraîches nouvelles du lieu.

Un nouveau muret de pierres sèches se prépare à accueillir ces hôtes à qui l’hiver fait peur.

L’alyte minuscule et la salamandre tachetée s’y sont déjà installés !

(Un nouveau site de chant donc en perspectives pour nos amis crapauds accoucheurs !)

Les chrysopes ont hérités au jardin d’une nouvelle résidence : un simple bidon de 5lt de savon noir aménagé de fibres de bois et ouvert latéralement attend ses locataires suspendu dans l’abri à outils.

Nos deux « Sylvain, Sylvette » ont récolté leurs premières récoltes de morelles de balbis : excellentes petites tomates-cerises au goût de litchis acidulés et finement sucrés. (Qui veut des graines?).

Ce petit fruitier extraordinaire exerce un tel attrait sur les doryphores qu’il ne peut que rejoindre l’arsenal naturel de lutte active contre les ravageurs casqués-rayés jaune et noir de l’oncle Sam.

Elle secondera l’année prochaine la phacélie, cette dernière attirant les carabes qui en règle générale dévorent les espèces les plus nuisibles du jardin, comme les larves de hannetons (dont je me régale moi aussi!), les chenilles, les limaces, les escargots (maints autres espaces leurs étant dédiés !)…

Et c’est sur les carabes que je finirais ce courriel…

Véritables sérial killers, les carabus granulatus et carabus cancellatus intéressent plus particulièrement Pascal : ils sont spécialisés dans la traque aux larves de doryphores.

Si vous projetiez d’utiliser votre nouveau caméscope-microscope numérique pour filmer la scène d’un carabe qui se restaure, je vous préviens, c’est plutôt gore !

Les carabes ont pour la plupart une digestion « extra-corporelle » : ils projettent sur leur proie des sucs digestifs : les chairs de la victime (non étourdie ni anesthésiée !) vont se liquéfiées.

Au stade « yoplait », Monsieur est servi !

En raison des modifications des cultures cet auxiliaire dans les carrés de légumes se fait malheureusement de plus en plus rare. Les pesticides répandus sur les lieux de chasse ou ingérés par

les insectes chassés l’éliminent.

Vivant au sol, il est de plus très sensible aux outils rotatifs comme la fraise ou le motoculteur qui le transformant en soupe le réduit, chacun son tour me direz vous, à l’état de consommable prêt à boire.

Pour favoriser sa venue, il faut opter pour le bio, bannir labour et fraisage au profit de la grelinette ou de la fourche bêche et disposer quelques pierres plates ou une vieille souche de bois à défaut de pouvoir border les plates bandes potagères d’une haie enherbées, l’idéal !!!

Quoiqu’il en soit si vous vous décidez comme Pascal de faire appel à ces mercenaires pour sauver vos monalisas, pompadours ou autres charlottes, une petite visite en Loire atlantique s’impose. Le site d’André Lecquet, « insecte.net » vous ravira !

A bientôt !

Votre poto pataud, Jojo !

CONFERENCE tout public SUR LE BLAIREAU

CONFERENCE tout public SUR LE BLAIREAU

CONFERENCE tout public SUR LE BLAIREAU
avec
l’éthologue Virginie Boyaval

Virginie est au blaireau ce que fut Brigitte Bardot au phoque : Elle symbolise mieux qu’aucune femme en France la protection de notre mustélidé préféré.

Salle des fêtes à Metzeral le samedi 16 novembre 2013 de 15:00 à 18:00
(Enfants et Ados bienvenus !!!)

  • Présentation de l’association MELES MELES dont l’élevage des blaireautins (élevage au biberon, lâchage en milieu naturel et suivi …)
  • Projection du film « Esprit honani, le blaireau ». Découverte par le ressenti de l’animal des mystères et les drames des sous bois. Mode de vie, relations entretenues avec les autres membres du clan…
  • Présentation après la projection d’ossements, crânes, poils, crottes, livres et vidéos…

Entrée payante : 4 euros

En raison des frais représentés par cette intervention nous ne maintiendrons la
conférence qu’à réception, avant le 10 septembre, d’un minimum de promesses
de présence !
A vos « plumes » !!!
Envoyez vos mails de réservation à reseaubaron@gmail.com en précisant le
nombre de personnes et l’âge des enfants vous accompagnant.
Une afterwork signé : Jojo le blaireau 0658114777 association « les baladins du meyersbuhl » de Sondernach
en partenariat avec la section nature de l’association «sports et loisirs de Metzeral »