samedi 2 Mar 2013 | L'écho des terriers de Jojo le blaireau, Nos publications
En raison de l’opération des amours des anoures que vous trouverez en pièce jointe, je ferais preuve pour cet écho de retenue. Du moins vais je essayer, quand vagabonde la plume s’emballant la faconde !
Voici donc mes amis l’écho des terriers de mars 2013 !
Aujourd’hui je souhaite vous emmener sur les traces de l’un de ces auxiliaires peu connus du jardin : la « souris araignée » ! Spidermouse n’étant pas la petite souris de Spiderman, de qui parle t’on donc ?
Appelée « souris belette »chez nos amis grecs et « souris à bec » en suède, notre amie la musaraigne (et oui c’est elle!) se distingue en France par une dizaine d’espèces. En Alsace l’on peut rencontrer des espèces terrestres et aquatiques, diurnes ou nocturnes.
Musaraignes carrelet, pygmée, musette, bicolore, alpine, toutes afficheront de prime abord le même profil : celui d’une petite souris aux yeux minuscules, un long museau garni d’une moustache de « vibrisses », véritable tableau de bord sensoriel pour ce chasseur hors du commun.
Ce micro mammifère nullement granivore est en fait un insatiable carnivore !
Capable de chasser des proies plus grosses qu’elles, certaines musaraignes sont dotées d’une arme imparable. Elles sécrètent une salive pourvue de substances neurotoxiques : une morsure dans la nuque et le dîner est servi !
Pascal a construit à quelques mètres du potager, près des topinambours, un chouette duplex : un compost d’un mètre cube fait de paille, de foin, de papier journal, de fumier et de sciures recouvert d’une bâche et d’un épais manteau de branchettes de cyprès. La présence d’une nichée découverte avant l’automne l’ a encouragé à réitérer ce type de logement.
La musaraigne est un ogre !
Petits campagnols, souris, limaces, escargots, insectes, coléoptères, détritus, déchets de cuisine… Tout y passe. Pensez donc 16 grammes à tout casser qu’il faut maintenir à 38° par 1400 pulsations minutes !
Il en faut des barres énergétiques pour tenir le coup ! Pas d’hibernation, pas de repos, pas de sieste, pratiquement aucune torpeur journalière !
En fait la musaraigne mange tout le temps, quelques heures sans apports alimentaires sont pour elle chose mortelle ! Sa vie relativement courte, moins de deux ans, n’est qu’une succession de digestions !
En période de disette, lors d’un combat territorial, si décès il y a, le vaincu au menu figurera.
Rien ne se perd !
Et si le met est mal assimilé, il fera l’objet d’un second service !
Comme le lapin, elle pratique la caecotrophie : afin de ne rien gâcher, elle repasse à table les excréments protéinés !
Quand à ses prédateurs naturels, putois, renards, blaireaux et belettes ne l’apprécient guère.
La musaraigne pue ! Le bon Dieu l’a pourvu de glandes qui la rendent impropre à la consommation ! Le Chat qui la tue délaissera sa chair tendre mais nauséabonde sur votre paillasson préférant nettement votre ronron ou autre canigou.
Pas fou le Matou !
L’un des rares prédateurs ne faisant pas la fine bouche sera la chouette effraie. Faut dire qu’à sa naissance l’effraie est mise à bonne école : avoir été pouponné sur une couette de fientes vous forge le caractère !
Les musaraignes, curieuse spécificité, ont la faculté extraordinaire de pouvoir réduire leur taille lorsque les conditions de vie durant la mauvaise saison deviennent défavorables : le poids des organes se réduit, les vertèbres se raccourcissent, la boîte crânienne rétrécie…
Chez vous chers humains, par l’abondance de vos mets, c’est souvent précisément le contraire !
En hivers, breddalas, beraweckas, manalas, schangalas, scharwas, lamalas*, vous auriez plutôt tendance à vous étendre !
Le mot de la fin ?
Cette vive et nerveuse compagne est plutôt du type solitaire. Les cris aigus qui dénoncent sa présence sont souvent liés à des rencontres qui tournent mal ! Lorsque ça tourne « bien », pas de temps à perdre pour des flirts sans lendemain : Monsieur et Madame assureront la survie de l’espèce à raison de trois portée de 5 à 10 petits par an entre mai et septembre soumis à un fort taux de mortalité jusqu’au 4ème mois d’environ 25%.
En cette fin de l’hiver, les effectifs étant au plus bas, nous ne pouvons que dynamiquement encourager les rencontres printanières d’un : « Mars !… Et ça repart ! »
C’est mon dernier mot Jean Pierre, et, « Au mois prochain… Si vous le voulez bien » !
En direct du vordermeyersbuhl
Votre affectueux« poto »
Jojo le Blaireau !
samedi 2 Fév 2013 | L'écho des terriers de Jojo le blaireau, Nos publications
Vous pouvez chers humains, pour assurer votre descendance ou vous adonner à votre libido, utiliser presque toutes les semaines du calendrier.
Chez le renard, car c’est à lui qu’est consacré ce nouvel écho, il en est tout autrement, lisez plutôt :
La période des amours est concentrée sur trois semaine dont trois jours seulement permettent l’ovulation. Trois jours sur toute l’année à ne pas louper pour perpétuer l’espèce, c’est à cocher.
L’attente qui précède l’ébat, (un an!), explique peut être la longueur du « verrouillage » qui le suit : une heure et demie !
« HAou ! HAou ! HAou ! »
Parfois des aboiements, hurlements, glapissements, miaulements, hululements accompagnent ce jappement que l’on entendait encore il y a quelques jours aux abords du refuge.
A quoi rime ce tintamarre ?
A délimiter les territoires, instaurer « le » contact… et fredonner la sérénade !
Chez vous, chers humains, le bellâtre chantera ce que brame le Cerf en septembre et glapi notre ami après mi décembre :
Laisse moi t’aimer toute une nuit
Laisse moAAAAAA toute une nuiiieu
Faire avec toi le plus long le plus beau voyaaaaage
Oh who who veux tu le faire aussi ?
Etc…
Chacun le faisant avec grand succès.
« HAou ! HAou ! HAou ! »
Nous sommes fin Janvier. Mois du Rut. La vie nocturne du clan des renards est totalement chamboulée.
La notre aussi…
Continuons sur les comparatifs !
Vous usez de Guerlain, Channel, Azzaro, Armani et autre Dolce Gabana ?
Le goupil, le gorpil, le volpil (ainsi appelé jusqu’au Roman de Renard, XIIème siècle) a lui aussi ses « essences ».
Cela débute à l’automne.
Une violente odeur âcre et musquée s’installe au détours des haies, buissons et autre borne végétale. Un balisage fait entre autre d’urines et d’excréments.
Quelle élégance !
Vous pénétrez sur le territoire du «Canis Vulpes » ou « Vulpes vulpes » ainsi nommé par Linné !
Un premier message est répandu de façon odorante tel un carton d’invitation qui invite les cinq femelles du clan aux pâmoisons d’hivers.
Un second avertit tout rival susceptible de franchir la frontière olfactive : « attention chasse gardée » !
A lire cela, au vu de vos sourires, tout ceci paraît bien plaisant.
La réalité en vérité ne prête point à rire.
Aux semaines de neige et de glace qui ont un peu gelées les ardeurs de noceurs de mes roux compagnons viennent de s’ajouter soixante chasseurs.
Ils ont beau être là pour le sanglier, ils florent un peu trop le prototype «petits fils de John Wayne». Devant autant de carabines, il y a de quoi gémir, de quoi serrer les babines, de quoi claquer des dents…
Je n’invente pas ! Pascal a assisté à cela il y a deux ans demandez le lui. Perché dans une fourche d’érable, scrutant au loin la chasse, il vit un jeune renard affolé se bloquer au pied de son arbre, gémissant, claquant des dents, allant et de droite et de gauche, retroussant les babines par peur, ne sachant où aller…
Revenons à nos chasseurs.
Il faut savoir qu’une fois fécondée, après deux mois de gestation, Dame Goupil rejoindra pour quelques semaines les profondeurs de la terre. Qu’adviendrait il à ses petits si Maître Renard tombait sous la mire du fusil ? Il n’y aurait plus personne pour amener la pitance.
Madame pendant le premier mois ne peut s’absenter, les petits qui ont besoin de sa chaleur en mourraient.
Un accident malheureusement n’est pas impossible. Pour approvisionner sa nichée, Maître Renard prend des risques fous, surtout si l’hiver ne s’attarde plus qu’il sied. Le gibier n’est pas toujours facile à trouver.
Quand le campagnol se fait rare, l’appétit des petits l’oblige à se faire « Mandrin » dans les poulaillers. (Ce bandit populaire, robin des bois du Dauphiné, aimé du peuple et de Voltaire, roué vif par les condés était certainement roux de cœur!).
S’approchant des fermes, pénétrant dans les cours, Papa-Renard à la moindre occasion, chaparde poule ou chaton.
Que le chien ou le plomb le surprenne, c’est le drame pour sa femme.
Une sœur non reproductrice ou une fille de la portée précédente épaulera parfois, fort heureusement, Dame Renarde, une telle expérience permettant à l’assistante d’élever plus tard sa propre portée.
Il arrive aussi que deux femelles partageant le même terrier, élèvent ensemble leurs petits : si l’une venait à mourir, l’autre se chargerait alors des orphelins.
Merci mon Dieu de ne pas avoir réservé à l’homme seul le germe de la fraternité.
Sur une portée de 4 ou 5 petits, en général, seuls un ou deux jeunes survivent jusqu’au sevrage et en cas de manque de denrées, certains fœtus se résorbent et meurent in utero…
Comme je vous le disais plus haut, la vérité ne prête pas à rire.
Enfin, pour l’instant ne jouons pas les rabat joie. L’heure est à la passion, aux jeux, aux courses folles et aux étreintes procréatrices !
Pour nous autres habitants de la forêt cela marque un tournant dans l’hiver : Les jours doucement s’allongent faisant des clins d’œils au printemps ! Regardez bien les rouges gorges, écoutez bien les mésanges et vous verrez que les choses changent !
Bon pour clore, les « Canis vulpicides » m’accuseront dans ce courriel de parti pris : ce puant nuisible qu’est mon rouquin colocataire attitré ne pullule t’il pas ? Ne transporte t’il pas des germes malfaisants tel l’équinoccocose qu’il pisse partout…
Comprenez pour l’un mon attirance, pour les autres ma défiance ! Le loup et l’ours pratiquement disparus, le renard est désormais le seul prédateur qui survit – grâce à son intelligence et son adaptabilité – au massacre des animaux sauvages.
Pour le coup de la rage dont il devînt ,pauvre bouc émissaire, principal vecteur il y a moins d’un demi siècle, nous faillîmes nous autres blaireaux disparaître !
Battues, déterrage, plomb et poison, enfumage et gazage, chloropicrine et autre chimie du diable faillirent causer notre perte.
Aux chasseurs de trophées insensibles qui ne rêvent que d’une chose,
revenir à la bonne vieille période du monnayage des queues et des oreilles, outre le conseil biblique « n’endurcissez pas votre cœur », je voudrais faire écho à ce que prêche certaines autorités. Les voici en trois points :
Le renard puisqu’il prélève des animaux blessés, malades ou se nourrit d’animaux morts à un rôle régulateur.
A poulailler et potager bien clôturé, pas de danger.
En détruisant 6 à 10 000 rongeurs l’ami goupil est un allié précieux pour l’agriculteur.
Sur ce
L’aube pointant son museau
usant d’un classique phrasé adapté
pour habile entrechat
je m’estompe :
« Cela vaut bien un fromage sans doute ! »
vendredi 25 Jan 2013 | L'écho des terriers de Jojo le blaireau, Nos publications
Janvier.
Mois dédié au dieu romain Janus…
Bien que les souhaits formulés le 1er janvier n’aient pas de grandes significations pour qui délaisse le calendrier de Jules César (revu et corigé par Grégoire XIII) pour celui des 4 saisons, les habitants du refuge vous le disent poliment en breton :
« bleuvez mat ! » (bonne année)
Je vous propose trois saynètes pour ce premier écho 2013.
1ere saynète
Les vents de sibérie ont toussés sur notre belle Alsace leurs haleines gélifiantes. Faites de neiges et de froid, ils poussent dans leurs sillages vers nos prés et nos bois, pinsons scandinaves et grandes aigrettes de Russie…
Belles mais attristantes quand elles s’installent trop longtemps, deux couleurs prédominent : le blanc et le gris.
Le sol glacé craquelle sous la semelle rompant le silence d’un crissement déchirant.
Paroles et souffles s’accompagnent de brumes féériques.
C’est l’hivers…
Et ses contrastes !!!
Autour des mangoires, filets d’approvisionnement et autres bûches de graisses, le spectacle est fascinant. Jonglerie de couleurs vives et chaudes, gros becs, bouvreuils, verdiers, mésanges, tarins, (…), l’avifaune nous régale d’un ballet ou volte le vert, rouge, jaune, bleu, orange…
Fa-bu-leux ! Cap-ti-vant ! Di-vin !
(Sans parabole, décodeur et autre redevance annuelle, le moindre balcon pouvant faire figure de treteaux, n’hésitez pas, soyez « branché », balancez votre télé !)
2eme saynète
Autre scène, autre image !
Je voudrais vous partager une situation qui se renouvelle maintenant depuis quelques années à cette époque.
Le compost, au refuge, fait office de grand buffet garni. Protéines animales, fruits, épluchures diverses, pains, coquilles, restes de légumes, (…)
chacun peut y trouver sa subsistance.
Il y régne un tel esprit de partage que poules, canards et oies se restaurent en compagnie des passereaux, merles et corneilles.
Rien d’extraordinaire si ce n’est qu’au milieu des convives se dresse régulièrement la silhouette anachronique d’un prédateur ! Une buse !
« Le loup et l’agneau paisseront ensemble » n’est plus une parole vaine après cela !
Je sais, j’extrapole « un peu fort » !
Sur cette image d’épinal, permettez moi de nous susurrer cette strophe écrite pendant la guerre d’algérie par le pacifiste québecois Raymond Levesque :
« quand les hommes vivront d’amour
ce sera la paix sur la terre
les soldats seront troubadours
mais nous nous serons morts mon frère… »
A propos d’espérance, les probabilités pour que 2013 soit économiquement plus faste que 2012 sembleraient nulles. Se souhaiter prospérité apparaîtrait même incongru !
La tendance étant plutôt tournée vers une diminution générale des ressources, vous pouvez subodorer, hélas, en effet, plus de pauvres, plus d’affamés, plus d’estropiés de la vie pour 2014…
Et bien il résulte une étincelle joyeuse de ce prévisionnel peut réjouissant : la précarité, comme nous venons de le lire par l’exemple de la buse, étant un bon levain pour l’entraide et le réconfort fraternel, je nous souhaite de bons instants communautaires, toutes créatures confondues !!!
3eme saynète
En attendant le prochain écho, semaine prochaine, qui vous parlera des amours de Mme Renarde, ci joint un petit dessin de l’espiègle et hyperactive corneille qui entre deux bêtises enchaîne les facéties les plus inattendues !
Notre « craïa » adore les sports d’hivers. Elle s’est trouvée un nouveau jeu ! Grimpant le talus enneigé au dessus de la maison, elle se laisse choir la tête la première et dévale le dénivelé en roulant sur elle même.
Elle remonte puis recommence !
Très surprenant (et rigolo) à voir !