Quand les associations de protection de la nature réaffirment leur opposition ferme contre toute artificialisation des Rieds du Centre-Alsace
Depuis 2018, Alsace Nature alerte sur les dangers du projet EuropaVallée, porté par la famille Mack (Europa Park), et qui revient aujourd’hui dans l’actualité. Derrière les slogans d’un développement « en harmonie avec la nature », ce projet d’infrastructures lourdes et d’hôtels n’est rien d’autre qu’un plan d’artificialisation massive des zones naturelles, agricoles et humides du Ried. Il est impossible de concilier ce projet avec la préservation des écosystèmes rhénans.
Nous, associations de protection de la nature, réaffirmons notre opposition ferme à toute nouvelle destruction des milieux naturels en Centre-Alsace. Si la volonté de la famille Mack est réellement de « faire avec la nature », alors il n’y a qu’une chose à faire : laisser ces espaces tranquilles, préserver ce qui reste, arrêter de vouloir les transformer.
Car c’est bien là que se joue un enjeu crucial : les Rieds du Centre-Alsace, avec leurs prairies inondables et leurs forêts alluviales rhénanes, constituent un patrimoine naturel d’une valeur inestimable. Ces habitats, essentiels à la biodiversité, sont les derniers refuges du Courlis cendré, oiseau emblématique dont la population a dramatiquement chuté. Face à cette situation dramatique, l’opération « Courlis, revient », lancée au printemps dernier, a rassemblé plusieurs centaines de personnes, élus compris, venues manifester leur attachement à ces paysages et à cette espèce menacée. Cette mobilisation citoyenne a montré combien nos concitoyens sont sensibles à la sauvegarde des Rieds et à la beauté fragile qu’ils abritent.
L’ironie de la situation est cruelle : alors que des zones entières ont été sanctuarisées de l’autre côté du Rhin pour permettre au Courlis de survivre, c’est une entreprise allemande qui envisage aujourd’hui de détruire ses dernières terres françaises.
Soyons clairs : EuropaVallée et préservation des habitats du Courlis ne peuvent pas coexister. Le premier condamnerait les seconds. L’artificialisation de ces milieux signerait l’arrêt de mort des dernières prairies à Courlis en Alsace, alors même que nous essayons d’offrir une ultime chance à cette espèce. Nous en appelons donc au bon sens et à la responsabilité des élu·es, qu’ils ne s’y trompent pas sur ce projet dévastateur. Protéger la nature ne consiste pas à verdir des projets de béton, mais à préserver et reconquérir ce qui reste, avec respect, humilité et vigilance. Puisque la famille Mack appelle à la volonté politique des élus français, nous associations de citoyens, vous demandons de choisir de protéger les Rieds, d’accompagner les agriculteurs qui les entretiennent, et de garantir à nos enfants que ce patrimoine naturel unique pourra encore vivre demain.
Yves Muller – Président de la LPO Alsace
Frédéric Deck – Président du Conservatoire d’Espaces Naturels d’Alsace
Michèle Grosjean – Présidente d’Alsace Nature