Le site du Tanet est un cirque glaciaire emblématique du Haut-Rhin, situé au pied de la Réserve naturelle nationale du Tanet – Gazon du Faing et du site Natura 2000, au sein d’une zone “Quiétude attitude” du du Parc Naturel Régional des Ballons des Vosges. C’est un refuge pour nombre d’espèces menacées comme  le Grand Tétras, le Lynx boréal, mais aussi des chiroptères ou des oiseaux qui profitent des parois rocheuses, de la flore et des milieux naturels qui s’y trouvent.
Le Tanet est sans doute l’un des sites vosgiens où la montagne pourrait retrouver une beauté sauvage et intacte, digne des grands cirques alpins… une fois les  installations de l’ancienne station de ski démontées. Il offre un paysage majestueux, déjà accessible à pied depuis les crêtes ou les refuges alentour, sans qu’aucun nouvel aménagement ne soit nécessaire. Les “visiteurs” viennent ici chercher le silence, la vue, l’immersion dans une nature préservée. On y trouve des tourbières, des chaumes d’altitude, des forêts relictuelles, refuges d’une biodiversité rare.

Le véritable besoin aujourd’hui, c’est d’effacer les traces humaines inutilisées, pas d’en ajouter de nouvelles. Ce site mérite une vision d’avenir fondée sur la sobriété, la protection du vivant et la transmission de sa beauté intacte aux générations futures.

 

Le Tanet : un site naturel majeur menacé

Or, le Syndicat mixte de la vallée de Munster ressort des cartons un dossier que tout le monde pensait abandonné : une  via ferrata. Ces parcours à flancs de falaise, nécessitent, pour la sécurisation et le divertissement des pratiquants, la pose de mains-courantes en filin tout au long du parcours, l’aménagement d’échelle métallique, de pont de singe etc. et tout cela  dans un secteur sensible, à l’heure où la biodiversité se meurt.

Le projet actuel compte deux itinéraires, qui entraîneront inévitablement :

  • une fréquentation accrue tout au long de l’année,
  • des nuisances sonores et visuelles,
  • une dégradation des habitats naturels,
  • une banalisation de l’espace naturel comme terrain de loisir.

 

Malgré un rejet préfectoral en 2015, le projet revient avec peu de modifications de fond. Le dernier avis de l’Autorité environnementale (mai 2025) pointe de nombreuses insuffisances : absence d’analyse d’alternatives, pas d’avis du CSRPN, faibles garanties sur le suivi ou la compensation écologique…

Bien qu’aucune enquête publique officielle ne soit lancée à ce jour, un questionnaire en ligne a été mis en place par les porteurs du projet pour sonder les réactions du public. Alsace Nature encourage à exprimer une opposition argumentée et appelle à la vigilance pour répondre à ce formulaire particulièrement orienté, qui enjolive la situation.

Il est crucial de montrer que les citoyens sont nombreux à défendre une autre vision de la montagne : sobre, respectueuse, et accessible sans artifices. Il ne s’agit pas de rejeter toute activité de pleine nature – il existe d’ailleurs au Tanet un site d’escalade qui ne pose pas de souci – mais de refuser la surenchère d’équipements dans les derniers bastions de biodiversité. Ce questionnaire permet de faire entendre votre voix. Vous pouvez y exprimer :

  • votre attachement au site du Tanet, ou au territoire, aux Vosges
  • votre opposition à la transformation de la montagne en parc d’attractions,
  • la nécessité de sanctuariser des zones naturelles, sans équipements permanents.

 

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Mais au-delà de ce cas précis, c’est une accumulation de projets touristiques non maîtrisés qui met en péril l’équilibre écologique de tout le massif vosgien.

 

Le piège de la fragmentation écologique

Ce projet ne peut être analysé isolément. Il s’ajoute à une série de micro-projets touristiques dans les Vosges, chacun modeste en apparence, mais cumulé à l’existant, particulièrement destructeurs :

  • la tyrolienne géante au Gaschney,
  • la zone de loisirs au lac Blanc,
  • les pistes de VTT de descente,
  • les aménagements “4 saisons” du Champ du Feu, dans un contexte de fonte accélérée de la neige,
  • le développement des randonnées en VTT ou trottinettes à assistance électrique
  • le développement des randonnées motorisées (voitures ou motos) sur les cols et routes du massif…

 

Vouloir substituer l’économie touristique du ski pour sauver les stations de montagne par un développement anarchique “d’activités ludiques” est une lourde erreur. Les enquêtes montrent que ce qui attire les touristes dans le massif sont bien les paysages grandioses, la nature préservée et la quiétude.

Les effets cumulatifs de ces développement sont déjà à l’œuvre  : morcellement des forêts, fragmentation des habitats, dérangement permanent des espèces… Toutes ces pertes de continuités écologiques réduisent les chances de survie des espèces les plus vulnérables et appauvrit durablement la richesse naturelle du massif vosgien. Ce dernier, comme tous les milieux naturels, doit s’adapter à un changement climatique qui lui est imposé par l’activité humaine. Pour ce faire, il a plus que jamais besoin d’espaces de libre évolution et de quiétude. Soyons les discrets observateurs de ces richesses naturelles plutôt que les consommateurs d’une nature qui ne sert que de support à des divertissements qui pourraient se trouver dans n’importe quel parc d’attractions.