Conte de Noël

Conte de Noël

L’histoire que je m’en vais vous conter aujourd’hui me fut chuchoté à l’oreille par une musaraigne carrelet, une nuit ou je m’étais assoupi au pied d’un grand chêne.
Elle se déroule à une époque où l’on pouvait encore traverser l’Alsace sans quitter l’ombre des arbres.
La plaine du Rhin n’était alors qu’une vaste forêt parsemée de grandes clairières et de friches inondables. Le grand gibier y régnait en maître.
Quelques bourgades plus ou moins fortifiées, distantes les unes des autres, reliées par des sentiers, témoignaient de la présence des hommes. Les pics à dos blanc et les pics tridactyles n’ayant pas disparus, leurs martèlements furieux creusaient encore les vieux hêtres morts et les écorces vermoulues
des sapins tombés depuis plus de cent ans !
En ce temps là, vivaient seuls au fin fond des bois de l’actuel Mittlach, en ce lieu que l’on dit réputé pour écouter en automne le brame du cerf, un pauvre homme et sa fille de huit ans, la mère était morte en couches.
L’homme avait fui la plaine suite à l’une de ces invasions violentes qui marquent l’histoire du couloir rhénan.
Trouvant au plus profond des sous bois sous le dôme des Vosges une quiétude inégalée, à la compagnie des hommes il avait choisi celle des loups.
La demeure qui consistait en quatre murs de pierres grossières non taillées recouvertes de deux pans de paille lestés par un amoncellement de branchages tenait plus du terrier que d’une maison !
Une étroite porte pour seule ouverture permettait d’accéder au lieu de vie.
Un espace réduit, vite chauffé, vite enfumé : les feux de bois verts enfument et fond tousser mais chassent la vermine.
Le dénuement du père et de l’enfant se résumait ainsi : un sol de terre battue, une table, deux bancs et un coffre taillés dans du bois brut, dans un recoin une hache, quelques cordes, en guise de lit, une vilaine paillasse qu’ils partageaient aux rongeurs…
Lui, petit et râblé comme le sont les montagnards, s’appelait Seppi.
Il parcourait tout le long du jour la forêt, cherchant bois, champignons, fruits, baies, tubercules et racines, tout ce qui se mange où se troque. La fillette, Meïla, gardait et entretenait le feu indispensable à leur survie.
Ne s’éloignant jamais du foyer, elle restait des journées entières assise sur le pas de la porte, jouant avec les oiseaux, les criquets, araignées et grillons, les musaraignes et mulots, les loirs et les lérots.
Elle prélevait toujours sur ses repas quelques miettes, quelques graines, quelques épluchures qu’elle distribuait tels des goûters ! Lorsque l’un d’eux se blessait, elle pansait et soignait comme l’on peut
panser et soigner lorsque l’on est toute petite : beaucoup de maladresse, énormément d’amour…
Le père rejoignait à la lune montante la communauté rurale qui s’était installée à l’embranchement des deux vallées. Il échangeait les produits de sa chasse ou de ses cueillettes contre farines et grains secs, outils et chandelles de cires. Il partait tôt le matin bien avant l’aube et revenait le soir entre chien et loup.
Un matin de décembre, le père chargé comme une mule de lourds paquets de racines, de gui et d’écorces pour l’apothicaire d’un grand village éloigné entreprit l’un de ces voyages qui laissait Meïla seule, un peu plus qu’à l’ordinaire. Dernière livraison de l’année avant mars.
Janvier et Février lorsqu’ils étaient très enneigés ne permettaient guère ces déplacements. Les bêtes sauvages affamées représentaient un réel danger, inutile de les tenter ! Le père préférait rester près de sa fille.
A trois kilomètres à peine de la chaumière, il n’avait point encore traversé la rivière, un ours porteur d’une grave blessure qui s’était infectée, fou de douleur et de fièvre, se jeta sur Seppi. Homme et bête luttèrent et roulèrent sur le sol, l’un grognant, l’autre hurlant, l’un griffant et mordant, l’autre poignardant. Dans ce combat inégal l’ours aurait du vaincre. Affaibli par la
blessure, c’est lui qui mourut.
L’homme lacéré de plaies béantes au visage, au thorax et aux cuisses abandonnant sa charge dut rebrousser chemin.
Il se traîna mètre par mètre, plus qu’il ne marcha, laissant une large empreinte rougie de sang sur tout le retour.
Sur le seuil de la porte, à bout de forces, il s’écroula lourdement aux pieds de la fillette.
Meïla le tira par les bras au plus près du feu, courut chercher de l’eau, pansa griffures et morsures. Lorsque cela ne saigna plus, réalisant devant ce corps déchiqueté, inerte, que seul un miracle pourrait désormais les sauver, elle se recroquevilla contre ce père tant aimé, pleurant toutes les
larmes de son corps, implorant Dieu.
Que faire ? Mon Dieu que faire ? Meïla se sentait tellement petite.
A huit ans que peut faire une enfant sinon en effet prier ardemment ?
Et voici ce qui se passa !
Les petites souris qu’elle nourrissait de miettes et d’épluchures et avec qui elle partageait sa mauvaise paillasse avait assisté à la scène. Se couinant discrètement quelques chuchotis, elles se précipitèrent au dehors, ameutèrent les oiseaux qui colportèrent aux quatre coins du vallon le
tragique accident de Seppi, le désespoir de Meïla.
Une grande assemblée fut aussitôt décrétée. Du lérot au mulot, du sanglier au chevreuil, tout s’y hâtèrent. Même le vieil hibou du pin sylvestre qui surplombe le trou d’eau où tout un chacun s’abreuve, vint. Le sort de la petite fut exposé à tous. L’on évoqua les jeux, les soins,
l’amitié qu’elle portait constamment envers ses nombreux amis.
Il fut décidé à l’unanimité de l’aider.
Les rouges gorges, roitelets, mésanges et grives visitèrent chaque feuillus, chaque buissons cherchant baies et fruits. Écureuils, martres et geais puisèrent dans leurs caches de stockages, noix, noisettes, pignons, glands, faines et châtaignes. Les dormeurs qui normalement hibernent, loirs,
lérots, muscardins, offrirent les restes de leur provisions. Les grands cerfs de leurs puissants sabots cassèrent les sols gelés, les sangliers remuèrent la terre mettant à jour bien des trésors enfouis : tubercules, bulbes et champignons des sous sols.
Des milliers de fourmis inspectèrent jusqu’à la plus haute des cimes ravitaillant en miellat et autres secrétions sucrées dont la forêt a le secret.
Résine, bois mâchés et d’autres ingrédients encore furent utilisés pour la confection de bougies.
Dans leurs serres les grands corbeaux, buses, autours et corneilles ramenèrent toutes les branchettes sèches qu’elles trouvèrent. Les blaireaux et renards tirèrent jusqu’au logis la dépouille de l’ours, provision de viande, de graisses et de fourrure !
Puis il fallut s’occuper de Seppi !
Les vers et larves qui connaissent l’art et la manière d’aseptiser assainirent les plaies après que les mouches eurent léché tous ce qui fut absorbable.
Pour suturer les chairs maintenues fermées par les puissantes tenailles des lucanes et staphylins odorants, les araignées à crochet utilisèrent en fils de couture leurs brins de soie solides comme l’acier.
Le vieil hibou qui sait à peu près tout sur tout envoya les pics épeiches et pics mars arracher de leurs puissants becs les écorces qui font baisser les fièvres. Il confia aux petits troglodytes et roitelets le soin de trouver les sèves et gommes antiseptiques, les sucs qui revigorent, les bourgeons
riches en vitamines. Il appela à lui les sittelles torchepots qui confectionnèrent aussitôt, sur ordre, des emplâtres à base d’argile et de fibres de bouleau bien imbibé par du mucus de limaces, de la bave d’escargots.
Le vieil hibou s’activait tel un vieux général, houspillant à droite, donnant des directives à gauche, faisant les gros yeux, gesticulant sur place, observant le tout du haut de sa branche, jaugeant, analysant, encourageant, ordonnant, se reprenant, et chacun courrait s’activant en tous sens sous ses
commandements.
Meïla pleurait de joie, ses yeux brillaient de larmes de reconnaissance. Les petites souris lui chatouillaient le cou et les oreilles, passant et repassant sans cesse, récupérant dans la paume de leurs mains chacun de ses sanglots.
Ils contenaient en effet le plus précieux des baumes, celui de l’espérance !
De mémoire de chênes, de châtaigniers et de tilleuls, l’on n’avait jamais vu les animaux de la forêt s’activer de la sorte, surtout pour un humain !
En trois jours, Seppi repris connaissance.
Une semaine plus tard, il se levait.
Février fut glacial, tout le monde resta blotti bien au chaud auprès du feu dans la chaumière, il y avait assez de nourriture pour tous et assez de bois pour entretenir les flammes.
En mars, Seppi repris sa charge et sans encombre cette fois alla troquer farines et grains secs, outils et chandelles contre écorces et racines.
Avec la fourrure, les griffes et les dents de l’ours il acheta pleins de cadeaux bon à manger…
Dès son retour, il accrocha ses présents sur un grand sapin blanc, isolé près du torrent, appelant tour à tour tout ses nouveaux amis, sous l’oeil ravi de l’enfant. De la base du tronc aux sommités de ses branches, l’arbre majestueux fut recouvert de couleurs et d’odeurs : des tranches de pommes
rouges, des carrés de fromages jaunes, des miettes imbibées de lait blanc, d’autres humectées de gras !
Bien vite aux présents de Seppi, chacun voulu ajouter son ornement, et ce fut un bel amusement de voir rouge gorges, roitelets, pinsons et verdiers, accrocher les rameaux de houx, les branchettes d’églantiers, les baies et les fruits secs, les guirlandes de lierres et de chèvrefeuilles que déposaient au pied de l’arbre, les rongeurs, les insectes, les petits mammifères et le grand
gibier !
Une grosse boule de plumes perchée telle une étoile sur la plus haute cime s’égosillait à la ronde en « Hou ! Hou ! » de bonheur ! C’était bien sûr le vieil hibou qui contemplait la scène de ses bons grands yeux ronds.
Hommes et bêtes tout en bas s’embrassèrent et dansèrent autour de l’arbre jusqu’à tard dans la nuit. De belles rondes de joie !
L’on dit du vieil hibou qu’il ne s’en remis jamais vraiment et bien longtemps après il le radotait encore : ce fut une belle fête ! Une très belle et grande fête ! La plus grande fête que ce bois est en vérité connu depuis que fut chanté plus de mille ans auparavant la naissance de l’enfant
Jésus !!!
Voilà mes amis. Je viens de vous conter cette histoire, telle qu’une musaraigne me la confia.un jour où je m’étais assoupi à l’ombre d’un grand chêne.
Chaque année à la dernière lune montante de décembre, Meïla et Seppi, décorèrent ainsi cet arbre. Il rappelait à qui passait, l’accident avec l’ours et la chaîne incroyable d’amitié qui s’était mis en place.
C’était il y longtemps maintenant…
Peut être cette histoire est elle, elles aussi, à l’origine de cet épicéa qui décore pour noël le coin de ton salon ?! Qui sait !
Il y encore aujourd’hui, on le dit en tout cas par ici, un grand sapin pectiné que les animaux ornent de fruits, de baies, de guirlandes de lierres et de chèvrefeuilles en souvenir de ce jour, mais je ne l’ai, pour ma part, encore jamais trouvé !
Fait à Sondernach le 16 décembre 2013.
– Joyeuses fin d’année à tous – Pascal !

L’écho des terriers de Jojo le blaireau – Octobre 2013

L’écho des terriers de Jojo le blaireau – Octobre 2013

Bonjour à tous !
Me revoici après presque deux mois d’absence !
L’automne est bien là paré de ces fabuleux coloris qui drapent d’or et d’orangé nos forêts. Les feuilles tourbillonnent tel un doux ballet de confettis sur l’euphorie des randonneurs.
Sont ce les hôtes des cimes qui sur les promeneurs ainsi les jettent ? Il est certaines douceurs végétales qui génèrent l’ivresse et lorsque j’en abuse je me plaît à le croire.
Les bois sont alors forts distrayants et les grappes de samares suspendus aux bois des charmes font serpentins de fêtes !
En montagne peu de noix, quelques châtaignes, des températures douces, des pluies peu présentes, des champignons abondants…
Un joli mois ma foi qui me ferait aborder sereinement l’hiver si n’était l’arrêté préfectoral applicable dans le Haut Rhin qui autorise à me chasser du 31 Août au 01 Février.
La beauté de l’automne, du coup, prend du plomb dans l’aile !
Pour contrer la maussaderie qui vous le devinez m’assaille, je musarderai dans le cocasse, l’ l’absurde, l’insane des nouvelles qui de la plaine me parviennent.
Prestement je hisse courtaud ma balourde stature délaissant momentanément ce plancher des vaches où paissent nos placides vosgiennes vers de plus hauts plateaux, des tréteaux.
Chaussant mes lunettes et relisant ces articles qui font de ce grand théâtre de la vie le régal des Beckett, je vous emmène en Angleterre direction Gloucester !
En Outre manche, le saviez vous, habituellement j’ai bonne presse ! La Grande-Bretagne fait partie des états qui me protègent tout comme le Luxembourg, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, le Danemark, le Portugal et… l’Irlande.
Mais ça, c’était avant le « mycobactérium bovis anglais » !
La bacille « mycobactérium bovis », maladie contagieuse proche de la tuberculose humaine ou aviaire, de nombreux animaux domestiques et sauvages peuvent la véhiculer après avoir été en contact avec des élevages de bovins infectés.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire française ne mentionne que trois animaux pouvant faire office de réservoirs en matière de dissémination : blaireaux, cerfs et sangliers.
La World Organisation For Animal Health présente une liste un tantinet plus longue : moutons, chèvres, chevaux, chats, chiens, ragondins, renards, furets, rats, lièvres, écureuils, loutres !!!
A défaut d’exterminer tout ces compagnons là, je ne vous vois qu’une solution : supprimer les élevages bovins et devenir végétariens !
Mais revenons à Gloucester !
38 000 vaches malades ayant du être abattues dans le sud ouest anglais en 2012, cet été, un progrom contre le blaireau anglais, the badger, tenu responsable de la propagation d’une maladie dont il est lui même victime, (vous admirerez au passage la subtilité de la situation) a été officialisé par le gouvernement Cameron.
Les agriculteurs et une partie de la population rurale électorale en furent très contents !
L’ancien batteur des Queen beaucoup moins.
Brian May est monté au créneau armé d’une pétition signée par plus de 250 000 personnes.
Des centaines de manifestants ont hurlés « stop the cull » (arrêtez l’abattage!).
Une chanson de soutien pour le blaireau à même été enregistrée.
Puis le culasses des fusils ont claqué…
Merci tout de même les gars !
L’ abattage éradique t’il la contagion ?
Après des années de tests, les scientifiques ont conclu dans un épais dossier remis au gouvernement britannique en 2007 que ce type d’abattage ne pouvait pas apporter une aide significative à la lutte contre la tuberculose bovine en Angleterre.
L’étude montre qu’elle ne réduirait au mieux que de 16% la contamination.
Le professeur Rosie Woodroffe, diplômée en écologie et épidémiologie, ajoute :
« la vaccination n’est pas une solution rapide mais ça revient moins cher qu’un abattage à raison de 429 livre sterling d’économie par kilomètre carré traité ! »
Par temps de crise ça sonne plutôt bien non ?!!!
Revenons dans le Bas Rhin où il n’y a pas d’épizootie de tuberculose bovine, le blaireau n’est pas chassable, les peuplements recensés n’ont pas l’extravagance du renard ou du sanglier…
Sauf a Lembach, canton de Wissembourg !
Une vingtaine de familles de mes cousins éloignés auraient, selon l’article d’un quotidien du 15 octobre dernier, décidées de prendre quartiers dans ce paisible village !
Et bien je vous le dis : Is very incroyable !
Alors que l’on dénombre pour toute l’Alsace moins d’un blaireau au km2, dans ce seul petit village de 1700 habitants vingt familles résideraient ?! Une famille comptant si je ne faille, un papa, une maman, un enfant minimum, voilà un village qui recense à lui tout seul… soixante individus !
Mais, nous dit un site du Conseil Général du Bas Rhin, Lembach est établi sur 48 km2…
Ceci explique peut être cela !!!
Et l’auteur de l’article, qui a du faire le plein en matière de citrouilles et de hochets de sorcières par ces jours qui précèdent novembre et Halloween, s’en donne à cœur joie !
« … et la nuit, ils se promènent dans les rues, leurs longues griffes cliquetant sur les pavés… !!! »
Voilà qui donne aux blaireaux locaux des allures du Freddy Krueger de Wes Craven, ce fictif cauchemardesque personnage des années 80-90 !
Carole-anne, je ne te le répéterais pas ! Si tu ne manges pas tes « spaetzle » je t’encorde dans la rue, dans la nuit noire, avec les méchants blaireaux !
Pour clore, après un :
«… Ils ont aménagé un terrier sous une habitation pour y passer l’hiver et s’y reproduire… »
qui dénote l’infestion pure, l’auteur suppute et impute :
« D’autres sont mêmes venus perturber le repos des morts au cimetière : ils ont creusé une galerie sous le marbre de plusieurs tombes, au point qu’un bout d’os humain a déjà été rejeté dans l’allée… »
Nous comprenons fort bien que c’est surtout le repos des vivants que le phrasé sous entend !
Enfin je pense.
Bon, ce déterrage bien entendu est indécent, comme l’est du reste celui des déterreurs en général, allusion vous l’aurez compris au sport préféré de certains chasseurs – je vous invite à prendre connaissance des pétitions qui circulent sur le net contre la vénerie sous terre si vous ne comprenez pas la teneur du propos ! –
Gageons le : les autorités du village ont certainement pris contact avec le Groupe d’Études et de Protection des Mammifères d’Alsace qui pourvoira très certainement à ce que cette paisible localité le redevienne au plus vite !
Quand à moi, Pascal, je te le dis, si ton âme avant la mienne se fait la malle, consécration ultime d’amitié pour ce dévouement qui te porta toutes ces années à ne pas oublier ma potée, il ne serait pas impossible que je m’en vienne par pur amour, avant renards et autres nocturnes errants, sur tes vieux os me ronger les crocs…
Et j’ose t’en croire infiniment heureux !!!
Allez, avant de rejoindre le fond de mon terrier, un dernier partage pour redonner l’éclat qu’il sied à ces courriels.
Je m’assoupirai tout à l’heure pensant à vous tous, chers lecteurs, qui faites triompher dans le quotidien de ce monde le bel amour du prochain et qui nous donnent quand à nous autres, « les bestioles », la fabuleuse espérance d’un monde meilleur !!!
Votre poto Jojo !
ceci est un extrait retravaillé, une plus longue version de cet article est sur notre site associatif (voir facebook « jojo le blaireau »…)

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Septembre 2013

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – Septembre 2013

Bonsoir à tous !

Il est 23:00.

L’encrier céleste disperse au sol une bruine fine, froide et noire. Flaques de tristesse et de mélancolie : mers de détresse pour les uns, océans de tendresse pour d’autres selon l’humeur blues ou jazzy du scribouillard qui s’y moire ondoyants.

C’est l’automne qui s’annonce

Sortant sans grand enthousiasme de la « gueule » de mon antre, sous une lune cachée tel cet ami pierrot dont je porte les couleurs, je vais de mon ursidé pas y tremper l’extrémité d’un coussinet, le bout d’une griffe et de ma plume-pinceau vous gribouiller quelques mots, un écho

Ah mes amis !

L’aube frissonnante va au cours des prochaines semaines revêtir les arbres des ces somptueux feux rouge et or-orangé : ces chatoiements qui rendent nos été si courts mais nos forêts si belles.

Eh oui, déjà !

Et cependant que se préparent en plaine et sur les coteaux les réjouissances des vendanges et du vin nouveau, certains de mes comparses, loirs, lérots, muscardins, prêts à s’enfouir le nez sous l’édredon de leur panache, dans le creux d’un terrier, la cavité d’un vieux tronc, l’anfractuosité d’un pierrier, vont se soustraire au temps, jusqu’au printemps.

La fleur rose de la colchique qui perce les sols détrempés a bel et bien donné le « la » !

Les feuilles qui légères rejoignent le sol vont enterrer, recouvrir d’une épaisse couverture molletonnée les « gnomes » des sous bois : les rampants qui froissent, qui fouillent, qui grouillent…

Hormis le sphinx colibri, ex papillon de nuit, dont le mode de réchauffement est particulier, les papillons du jour avec le soleil s’en sont allés !

L’un de ces noctambules reconvertis pompait hier encore, fébrile, dans les dernières corolles d’un phlox dépérissant.

Qu’il semblait solitaire ! Ils étaient cinq ou six il y a quinze jours à peine à s’enivrer goulûment de la sorte !

Au creux des vallons humides, surplombant les villages minuscules, toitures étroites, cheminées serrées frileusement les unes contre les autres, le grand cerf lancera cette nuit telle une corne de brume son brame puissant…

A mi hauteur niché entre frênes et tilleuls mon bistrot préféré, le refuge de Pascal et Viviane, tiendra compte des difficultés saisonnières, heureusement !

Voici à ce propos quelques fraîches nouvelles du lieu.

Un nouveau muret de pierres sèches se prépare à accueillir ces hôtes à qui l’hiver fait peur.

L’alyte minuscule et la salamandre tachetée s’y sont déjà installés !

(Un nouveau site de chant donc en perspectives pour nos amis crapauds accoucheurs !)

Les chrysopes ont hérités au jardin d’une nouvelle résidence : un simple bidon de 5lt de savon noir aménagé de fibres de bois et ouvert latéralement attend ses locataires suspendu dans l’abri à outils.

Nos deux « Sylvain, Sylvette » ont récolté leurs premières récoltes de morelles de balbis : excellentes petites tomates-cerises au goût de litchis acidulés et finement sucrés. (Qui veut des graines?).

Ce petit fruitier extraordinaire exerce un tel attrait sur les doryphores qu’il ne peut que rejoindre l’arsenal naturel de lutte active contre les ravageurs casqués-rayés jaune et noir de l’oncle Sam.

Elle secondera l’année prochaine la phacélie, cette dernière attirant les carabes qui en règle générale dévorent les espèces les plus nuisibles du jardin, comme les larves de hannetons (dont je me régale moi aussi!), les chenilles, les limaces, les escargots (maints autres espaces leurs étant dédiés !)…

Et c’est sur les carabes que je finirais ce courriel…

Véritables sérial killers, les carabus granulatus et carabus cancellatus intéressent plus particulièrement Pascal : ils sont spécialisés dans la traque aux larves de doryphores.

Si vous projetiez d’utiliser votre nouveau caméscope-microscope numérique pour filmer la scène d’un carabe qui se restaure, je vous préviens, c’est plutôt gore !

Les carabes ont pour la plupart une digestion « extra-corporelle » : ils projettent sur leur proie des sucs digestifs : les chairs de la victime (non étourdie ni anesthésiée !) vont se liquéfiées.

Au stade « yoplait », Monsieur est servi !

En raison des modifications des cultures cet auxiliaire dans les carrés de légumes se fait malheureusement de plus en plus rare. Les pesticides répandus sur les lieux de chasse ou ingérés par

les insectes chassés l’éliminent.

Vivant au sol, il est de plus très sensible aux outils rotatifs comme la fraise ou le motoculteur qui le transformant en soupe le réduit, chacun son tour me direz vous, à l’état de consommable prêt à boire.

Pour favoriser sa venue, il faut opter pour le bio, bannir labour et fraisage au profit de la grelinette ou de la fourche bêche et disposer quelques pierres plates ou une vieille souche de bois à défaut de pouvoir border les plates bandes potagères d’une haie enherbées, l’idéal !!!

Quoiqu’il en soit si vous vous décidez comme Pascal de faire appel à ces mercenaires pour sauver vos monalisas, pompadours ou autres charlottes, une petite visite en Loire atlantique s’impose. Le site d’André Lecquet, « insecte.net » vous ravira !

A bientôt !

Votre poto pataud, Jojo !

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – 01 Août 2013

L'écho des terriers de Jojo le blaireau – 01 Août 2013

Bonjour à tous !

Votre trublion poilu noir et blanc préféré est, comme vous pouvez le constater, de retour !

Ah, mes amis ! Si certains d’entre vous ont une aversion pour tout ce qui rampe et qui grouille, le carbonifère de notre préhistoire aurait été un véritable cauchemar ! L’air y était rempli du bruit assourdissant d’ insectes dont l’envergure vous aurait fait frémir !

Pensez donc ! Des libellules de 70 cm de diamètre, des mille pattes de 2 m de long, des scorpions de 75 cm, des puces XXL, des cafards méga rapides aussi longs qu’une bouteille de lizbeth !!!

Le manque de prédateurs favorisaient cette course au gigantisme !

Puis les vertébrés sortirent des mers pour coloniser les terres et réguler tout ça !

Pourtant, sachez le, il existe encore de par le monde des irréductibles de la goliathomanie !

En Nouvelle Zélande, en Australie, enAfrique, en Asie et en Amérique du sud, nichent des scarabées de 17 cm ! Des sauterelles deux fois plus grandes ! Des blattes, des perces oreilles et des punaises plus longues qu’un tube de dentifrice !

Cher lecteur, ami vacancier ! Toi qui a si longtemps suivi les conseils de Bison Futé, feras tu la sourde oreille aux recommandations de ton copain Jojo !?

Devant tant de dangers que vas tu prendre l’avion ?!

Viens plutôt chez nous élimer tesgore-tex de baroudeur urbain !!!

En rejoignant nos massifs, ne risquant plus rien, tu éviteras les morsures, les piqûres et autres meurtrissures qui te guettent si loin là bas !

En nos vallons vosgiens, pareils monstruosités, tu le penses bien, ne sauraient figurer !

Vraiment ?!!!

Que les amateurs de sensations fortes se rassurent !

Nous n’avons plus de lucane cerf volant, certes. Ces bestioles sont inféodées aux vieux chênes. Ceux ci après avoir été décimés par les bombardementsaméricano-germanique de 39-45 n’ont guère pu résister aux chants ronflants des tronçonneuses thermiques !

– Dommage, avec leur 9 cm et leurs grosses mandibules, les mâles savaient figurer ! –

Il nous reste pour les amateurs d’adrénaline au moins un insecte qui lorsqu’il vous vrombit aux oreilles évoque de lointaines terreurs !

Retour sur Jurassik-parc version micro-cosmos : revoici Madame « Sirex géant »que vous avez pu découvrir dans son élégante robe échancrée noire et jaune au travers du snapy de mon dernier courriel !

Allons pas de panique exagérée ! Je ne voudrais pas que le prude lecteur venu nous visiter par mes propos, soudains moins engageants, ne rebrousse chemin !

L’urocerus giga femelle habite les forêts de conifères, d’où chez nous sa présence.

Ses 4 cm en font l’une des plus grandeshyménoptère d’Europe. La reine des frelons locales, bien que déjà très impressionnantes n’en fait que 3 !

L’appendice inquiétant qui prolonge l’abdomen de notre sirex n’est en aucun cas un dard relié à une poche à venin mais un organe de ponte !

L’on appelle cette appendice pour être plus exact un ovipositeur !

Je vous sers l’anecdote croustillante du jour !

Notre géante maman et son époux, plus modeste de taille, ne sont prévus par le créateur que pour une chose : la procréation, l’œuvre de chair, le lutinageimpudique !!!

Allons donc !

Devançant tout lecteur qui porté par de sombres impulsions rêverait d’être sirex je me dois d’ajouter : n’enviez pas l’animal !

La vie de cet insecte est très courte, quasi-estivale, trois-quatre mois tout au plus entre juin et septembre.

C’est sans doute la raison pour laquelle le sirex n’est d’ailleurs pourvu pour s’alimenter, d’aucun article.

La plupart des ouvrages classifient les insectes en broyeurs, broyeurs-lécheurs, piqueur-suceurs, suceurs-lécheurs , oublieux de citer cette cinquième« caste » : ceux qui ne mangent pas !

Le sirex en fait partie, l’imago en effet ne mange pas, il se contentera de puiser dans les réserves accumulées en sa vie antérieure, les quelques trois années de vie larvaire !

Les larves se nourrissent, elles, à ce propos, de cellulose « modifiée ».

Voici la méthode de ponte que se transmettre instinctivement mères et damoiselles de l’espèce, de génération en génération !

Pour déposer par groupe de 4 à 8 quelques 300 œufs, ces dames vrillent dans le bois des épicéas et pins sylvestres non écorcés, tendres et humides, malades ou fraîchement abattus, la tarière de leur derrière et avant d’y loger progéniture injectent des spores de champignons !

Les spores germant, le mycélium tapisse les parois du berceau natal transformant ainsi le bois en un aliment consommable. Miam ! Miam ! Miam !

Au gré des mois, nos jeunes« urocerus » en vrais mineurs foreront des galeries vers le cœur de l’arbre pour ne revenir au plus près de l’écorce qu’à l’issue du stade nymphal.

Entre 40 et 80 galeries seront ainsi créées par ponte dépréciant le bois de tout un tas de petits trous et de tunnels !

Les techniciens sylvicoles formatéspar l’Office National de la rentabilité Forestières’apitoieront sur leur manque de deniers me direz vous !

Détrompez vous mignons, mignonnes !

Leurs enseignants supérieurs prônant la lutte écologique favorisent avec succès l’implantation de prédateurs dont la Rhysse noirâtre tachée de blanc qui n’est pasphytophage elle, mais carnivore !

Plus élancée et plus discrète dans les airs, ses 8 cm de long pour ceux qui n’en ont pas l’habitude ne laissent pas indifférent !

La Rhysse n’a pas son pareil pour repérer les nymphes des sirex et autres longicornes.

Dès la localisation de ces dernières, elle y colle ses œufs via son oviscapte (autre nom désignant l’ovipositeur comme quoi en français rien n’est simple !).

Dans chaque œuf sommeillera dès lors un véritable « alien » !

Pour les larves prédatées, pas d’autres issue possible que d’être dévorées !

Je vous conterais la suite… peut être… la prochaine fois !!!

A très bientôt !

Votre copain Jojo !

L’écho des terriers de Jojo le blaireau – Février 2013

L’écho des terriers de Jojo le blaireau – Février 2013

Vous pouvez chers humains, pour assurer votre descendance ou vous adonner à votre libido, utiliser presque toutes les semaines du calendrier.

Chez le renard, car c’est à lui qu’est consacré ce nouvel écho, il en est tout autrement, lisez plutôt :

La période des amours est concentrée sur trois semaine dont trois jours seulement permettent l’ovulation. Trois jours sur toute l’année à ne pas louper pour perpétuer l’espèce, c’est à cocher.

L’attente qui précède l’ébat, (un an!), explique peut être la longueur du « verrouillage » qui le suit : une heure et demie !

« HAou ! HAou ! HAou ! »

Parfois des aboiements, hurlements, glapissements, miaulements, hululements accompagnent ce jappement que l’on entendait encore il y a quelques jours aux abords du refuge.

A quoi rime ce tintamarre ?

A délimiter les territoires, instaurer « le » contact… et fredonner la sérénade !

Chez vous, chers humains, le bellâtre chantera ce que brame le Cerf en septembre et glapi notre ami après mi décembre :

Laisse moi t’aimer toute une nuit

Laisse moAAAAAA toute une nuiiieu

Faire avec toi le plus long le plus beau voyaaaaage

Oh who who veux tu le faire aussi ?

Etc…

Chacun le faisant avec grand succès.

« HAou ! HAou ! HAou ! »

Nous sommes fin Janvier. Mois du Rut. La vie nocturne du clan des renards est totalement chamboulée.

La notre aussi…

Continuons sur les comparatifs !

Vous usez de Guerlain, Channel, Azzaro, Armani et autre Dolce Gabana ?

Le goupil, le gorpil, le volpil (ainsi appelé jusqu’au Roman de Renard, XIIème siècle) a lui aussi ses « essences ».

Cela débute à l’automne.

Une violente odeur âcre et musquée s’installe au détours des haies, buissons et autre borne végétale. Un balisage fait entre autre d’urines et d’excréments.

Quelle élégance !

Vous pénétrez sur le territoire du «Canis Vulpes » ou « Vulpes vulpes » ainsi nommé par Linné !

Un premier message est répandu de façon odorante tel un carton d’invitation qui invite les cinq femelles du clan aux pâmoisons d’hivers.

Un second avertit tout rival susceptible de franchir la frontière olfactive : « attention chasse gardée » !

A lire cela, au vu de vos sourires, tout ceci paraît bien plaisant.

La réalité en vérité ne prête point à rire.

Aux semaines de neige et de glace qui ont un peu gelées les ardeurs de noceurs de mes roux compagnons viennent de s’ajouter soixante chasseurs.

Ils ont beau être là pour le sanglier, ils florent un peu trop le prototype «petits fils de John Wayne». Devant autant de carabines, il y a de quoi gémir, de quoi serrer les babines, de quoi claquer des dents…

Je n’invente pas ! Pascal a assisté à cela il y a deux ans demandez le lui. Perché dans une fourche d’érable, scrutant au loin la chasse, il vit un jeune renard affolé se bloquer au pied de son arbre, gémissant, claquant des dents, allant et de droite et de gauche, retroussant les babines par peur, ne sachant où aller…

Revenons à nos chasseurs.

Il faut savoir qu’une fois fécondée, après deux mois de gestation, Dame Goupil rejoindra pour quelques semaines les profondeurs de la terre. Qu’adviendrait il à ses petits si Maître Renard tombait sous la mire du fusil ? Il n’y aurait plus personne pour amener la pitance.

Madame pendant le premier mois ne peut s’absenter, les petits qui ont besoin de sa chaleur en mourraient.

Un accident malheureusement n’est pas impossible. Pour approvisionner sa nichée, Maître Renard prend des risques fous, surtout si l’hiver ne s’attarde plus qu’il sied. Le gibier n’est pas toujours facile à trouver.

Quand le campagnol se fait rare, l’appétit des petits l’oblige à se faire « Mandrin » dans les poulaillers. (Ce bandit populaire, robin des bois du Dauphiné, aimé du peuple et de Voltaire, roué vif par les condés était certainement roux de cœur!).

S’approchant des fermes, pénétrant dans les cours, Papa-Renard à la moindre occasion, chaparde poule ou chaton.

Que le chien ou le plomb le surprenne, c’est le drame pour sa femme.

Une sœur non reproductrice ou une fille de la portée précédente épaulera parfois, fort heureusement, Dame Renarde, une telle expérience permettant à l’assistante d’élever plus tard sa propre portée.

Il arrive aussi que deux femelles partageant le même terrier, élèvent ensemble leurs petits : si l’une venait à mourir, l’autre se chargerait alors des orphelins.

Merci mon Dieu de ne pas avoir réservé à l’homme seul le germe de la fraternité.

Sur une portée de 4 ou 5 petits, en général, seuls un ou deux jeunes survivent jusqu’au sevrage et en cas de manque de denrées, certains fœtus se résorbent et meurent in utero…

Comme je vous le disais plus haut, la vérité ne prête pas à rire.

Enfin, pour l’instant ne jouons pas les rabat joie. L’heure est à la passion, aux jeux, aux courses folles et aux étreintes procréatrices !

Pour nous autres habitants de la forêt cela marque un tournant dans l’hiver : Les jours doucement s’allongent faisant des clins d’œils au printemps ! Regardez bien les rouges gorges, écoutez bien les mésanges et vous verrez que les choses changent !

Bon pour clore, les « Canis vulpicides » m’accuseront dans ce courriel de parti pris : ce puant nuisible qu’est mon rouquin colocataire attitré ne pullule t’il pas ? Ne transporte t’il pas des germes malfaisants tel l’équinoccocose qu’il pisse partout…

Comprenez pour l’un mon attirance, pour les autres ma défiance ! Le loup et l’ours pratiquement disparus, le renard est désormais le seul prédateur qui survit – grâce à son intelligence et son adaptabilité – au massacre des animaux sauvages.

Pour le coup de la rage dont il devînt ,pauvre bouc émissaire, principal vecteur il y a moins d’un demi siècle, nous faillîmes nous autres blaireaux disparaître !

Battues, déterrage, plomb et poison, enfumage et gazage, chloropicrine et autre chimie du diable faillirent causer notre perte.

Aux chasseurs de trophées insensibles qui ne rêvent que d’une chose,

revenir à la bonne vieille période du monnayage des queues et des oreilles, outre le conseil biblique « n’endurcissez pas votre cœur », je voudrais faire écho à ce que prêche certaines autorités. Les voici en trois points :

Le renard puisqu’il prélève des animaux blessés, malades ou se nourrit d’animaux morts à un rôle régulateur.

A poulailler et potager bien clôturé, pas de danger.

En détruisant 6 à 10 000 rongeurs l’ami goupil est un allié précieux pour l’agriculteur.

Sur ce

L’aube pointant son museau

usant d’un classique phrasé adapté

pour habile entrechat

je m’estompe :

« Cela vaut bien un fromage sans doute ! »